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Critiques de Henryk Sienkiewicz (113)
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Bartek le Victorieux

Bartek le victorieux est une nouvelle de 80 pages racontant l'histoire d'un paysan polonais partant combattre pour les Allemands qui ont envahi depuis des décennies son pays. Malgré l'asservissement de ses compatriotes, il va se battre avec férocité contre les Français, accumulé des victoires pour les Allemands. Revenu au pays avec une mentalité de héros de guerre il va vite déchanter.

Une nouvelle courte mais suffisante pour refléter le patriotisme polonais à une époque où les Allemands avaient la main mise sur ce pays considéré par eux comme inférieur. Un dur rappel que malgré tous les exploits lors de la guerre franco prussienne, un polonais était toujours inférieur. Sienkiewicz a beaucoup combattu pour l'indépendance de la Pologne qu'il ne verra jamais hélas libre. Un récit très fluide, assez rythmé dans sa tournure de phrase, presque résonnant comme un chant patriotique pour la première partie.
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Bartek le Victorieux

Bartek, c est un homme un peu simple mais gentil et travailleur. Polonais réquisitionné de force par les Allemands pour aller se battre contre les Français dont il ne sait rien ni ce qu'on leur reproche.

Héros de guerre, il se retrouvera pourtant maltraité et avec aucun respect de ceux pour qui il a risqué sa vie.

Victorieux mais sans avenir, sans argent pour avoir suivi les ordres.

Une nouvelle qui éclaire sur la condition du peuple polonais durant cette période de l'Histoire.
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Hania

C'est en 1905 que Henrik Sienkiewicz reçoit le prix Nobel de littérature. Ce recueil propose 3 nouvelles parues entre 1876 et 1882 représentatives de l'oeuvre de cet écrivain polonais.

Hania est sans aucun doute la plus connue des trois. Nous sommes non loin de Varsovie dans les années 1850. Deux jeunes nobles,Henri et Sélim, amis de longue date, condisciples dans leurs études, complices dans leurs jeux tombent amoureux de la douce et jolie Hania, la pupille d' Henri. Quand on a 17 ans, que la vie s'offre à vous dans toute sa beauté et sa munificence, l'amour fou avive les sens et les exacerbe au risque de commettre l'irréparable.

Hania est avant tout un roman d'amour, un roman de la passion et de ses ravages, un roman où une jeune fille se retrouve prise en otage ..

Hania est aussi un roman sur le monde de l'aristocratie , un monde qui vit selon des règles qui lui sont propres, un monde aisé où il est bien difficile de trouver sa place si vous n'y êtes pas née.

Si Sienkiewicz décrit sans concession et même avec un oeil critique cette aristocratie terrienne, il sait laisser parler le coeur de ses personnages, les laisse libres de se laisser aller aux pires extrémités. Et même si le drame arrive inéluctablement à chaque ligne où presque surgit la beauté, beauté de la nature environnante, beauté du geste d'amitié, beauté de l'affection des siens. Si le tableau du monde qui l'entoure est bien présent, Sienkiewicz refuse le naturalisme dans ce qu'il se complait à décrire des situations trop noires oubliant la beauté de la vie.

Allons à lui, la seconde nouvelle, est un texte plus engagé religieusement puisque Cinna et son épouse adorée Anthéa sont à Jérsalem lors de la cruxifiction du Christ .

Ianko le musicien est la nouvelle qui a propulsé Sienkiewicz sur le devant de la scène , une pure merveille.





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Hania

Prix Nobel de littérature en 1905, Henryk Sienkiewicz est surtout connu pour "Quo Vadis" qui est déjà une romance entre une jeune femme et un Romain. Dans "Hania", c'est une histoire à trois, qui commence par une amitié entre adolescents et se termine dans un bain de sang. Sentiments cachés, non avoués, démentis, transforment cette histoire d'amour qui aurait pu être simple en trois destins brisés. Un roman dont le thème n'est pas d'une originalité transcendante, mais qui se lit facilement d'une traite.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Hania

Hania a quinze ans. Le décès de son grand-père, serviteur très apprécié d'une famille de la noblesse polonaise, la laisse seule mais il a pris soin de partir en la confiant au jeune Henri, le fils aîné de cette famille.

C'est justement Henri qui, alors qu'il nous annonce que « beaucoup d'eau depuis a coulé dans la rivière, beaucoup de nuages ont sillonné le ciel » revient sur son rôle de tuteur à l'âge de seize ans avec toute la fougue qui l'habitait alors. Il se voyait protéger à vie cette pauvre orpheline sans défense. Dans ces premières pensées, il désire garder Hania comme une soeur mais la dérive vers un tout autre sentiment est inévitable.

Chez ces nobles, le fils aîné est le prochain seigneur des lieux donc il ordonne que la jeune fille mange désormais avec la famille et demande pour elle une instruction comme celle prodiguée à ses jeunes soeurs. Il faut dire que dans cette existence de nobles, à côté de tous les serviteurs, un prêtre vit à demeure ainsi qu'une gouvernante française madame Ives. En principe une instruction se doit d'être complète uniquement chez les jeunes filles de la noblesse puisqu'Hania trouvera sûrement un honnête employé pour mari d'après les dires du paternel d'Henri.

Puis, pour que les nuages qui sillonnent le ciel obscurcissent la vie de notre amoureux, il faut composer avec son meilleur ami Sélim de race tatare et mahométane et vivant non loin de là. Un jeune intrépide, d'une beauté typée, plein de joie et d'audace qui ne peut qu'attirer l'attention d'Hania.

Henri devient alors un amoureux profondément malheureux qui finit par perturber toute la maison de part son exaspération de tout et de tous.



Notre narrateur était alors un grand sentimental et n'enjolive aucunement son attitude de l'époque et ses maladresses d'amoureux malheureux. Sa franchise qui nous livre toutes ses impressions d'alors ne tait pas son orgueil et ses colères déplacées.

L'orgueil est d'ailleurs prépondérant dans ce milieu riche et pas seulement chez le jeune Henri. Son père ne voit pas d'un bon oeil que l'on puisse surpasser son fils et ne cache pas son ressentiment envers Salim, vu comme un rival en arme et en amour.

D'ailleurs les ordres donnés par ces nobles m'ont choqué, ils claquent et font ressortir toute leur supériorité vis-à-vis de ceux qui les servent.

Vous devinerez aisément que ce triangle amoureux ne peut finir dans un ciel bleu car les offenses ne sont pas pardonnables chez ces gens-là.



Ce roman sentimental d'Henryk Sienkiewicz est l'un de ses premiers écrits nullement connu dans sa biographie. La qualité de l'écriture est son atout majeur et nous fait finalement avaler rapidement les pages. Les tourments d'Henri s'unissent à de beaux aperçus d'éveil de la nature, de colonnes de fumée s'élevant des cheminées, de rosée scintillante sur les épis de blés.

Loin de son immense succès Quo vadis ?, ce petit roman nous fait prendre en pitié celle qui lui donne son nom, Hania, relativement passive, et qui est la proie de deux amoureux dans un monde de nobles qui n'est pas le sien.

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Hania

Henri, jeune seigneur de 16 ans, devient le tuteur d'Hania, 15 ans, à la demande du grand-père de la jeune fille qui vient de mourir.

Sélim est le meilleur ami d'Henri. Cette amitié pourra-t-elle résister à la passion des deux jeunes hommes pour Hania ?

Une histoire d'amour, la première, pour les 3 jeunes gens avec son lot de passion, d'espoir, de décisions irréfléchies.

Lecture agréable dans le train m'emmenant en vacances.

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Hania

C'est toujours intéressant de lire un livre paru il y a 140 ans ! D'autant plus d'un auteur polonais.

L'histoire est simple, deux jeunes hommes bien nés, tombent amoureux de la même jeune fille.

Celle-ci sans fortune mais très belle, a récemment perdu son père et l'un des deux est devenu son tuteur.

Cela va ruiner leur amitié ! Et ça se termine forcément pas très bien !

Ce qui m'a passionné, c'est la place des femmes à cette époque, celle de la religion, et du rang de naissance. L'honneur, tout ça, tout ça...

Je m'épate toujours du chemin parcouru en si peu de temps dans nos civilisations.

Petit lecture bien sympa.

Voilà, et c'était pour le challenge solidaire 2021 :D

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Janko le musicien

Doit-je avouer que je ne connaissais pas le nom de Sienkiewicz jusqu’à il y a peu. Ecrivain semble-t-il majeur puisqu’il a obtenu le prix Nobel en 1905, auteur de Quo Vadis (je connais l’œuvre de nom, je n’aurais pas pu citer son auteur), un livre qui ne m’attire pas du tout… Difficile début pour entrer dans l’œuvre de cet auteur… Alors j’ai profité d’une nouvelle glanée sur le site de la Bibliothèque Russe et Slave, et présentée comme l’œuvre qui l’a fait connaître, pour apprendre à connaître cet auteur.

C’est une jolie surprise que cette nouvelle, dans un style mêlant réalisme et mélancolie. Ianko, fils d’une fille-mère, enfant pauvre et difficilement aimé, n’a pour lui que son oreille musicale, et il peut se perdre des heures dans une prairie à écouter la musique de la brise dans l’herbe. Mais quel destin pour une âme d’artiste dans un coin déshérité de la campagne polonaise ?

J’ai pensé au Mozart assassiné de Saint-Exupéry dans Terre des Hommes en lisant cette nouvelle, un texte qui m’avait beaucoup marqué et qui est peut-être beaucoup dans ce que je suis devenue. Mais ici, Sienkiewicz se place dans un registre beaucoup plus bucolique et fataliste, faisant un tableau de ce frêle enfant, et non une fable dont on pourrait tirer un enseignement. Cela donne une lecture au goût doux-amer, un peu de tristesse dans les doigts qui tournent les pages en sachant que rien de bon ne peut attendre Ianko.

Une jolie nouvelle qui se lit en quelques minutes seulement mais qui m’a transporté bien loin de l’avion dans lequel je me trouvais pour rentrer enfin chez moi, et j’ai laissé longtemps errer mes yeux sur les nuages en-dessous de moi après avoir refermer ce petit opuscule, rêveuse et un peu triste.
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Janko le musicien

Pas facile de trouver , pour le Challenge solidaire, une oeuvre de Sienkiewicz autre que Quo vadis, que j'ai lu il y a longtemps et dont les plus de 500 pages me rebutent un peu ( surtout que je sors à peine d'un roman qui m'a paru bien long ). Je vais donc moi aussi découvrir cette nouvelle qui a fait connaître l'auteur ( merci à Bidule62 !)



Courte nouvelle mais pleine de poésie et de mélancolie tournant à l'infinie tristesse.... Ce petit garçon mal aimé, malingre , battu, qui trouve malgré tout de la joie dans la Nature et toutes les musiques qu'elle engendre est très touchant et comme on aimerait qu'il puisse en jouer de ce violon qui l'attire tellement ! Mais « Le chemin de la vie était trop plein d'épines » pour petit Jean le musicien ...

Cela m'a fait penser à La petite fille aux allumettes, le conte d'Andersen , pour la peinture de la misère sociale et de l'enfant innocent maltraité. Jolie découverte.

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Janko le musicien

Cette nouvelle ultra-courte (douze pages) a rendu immédiatement son auteur très populaire en Pologne. Et ce n’est pas étonnant : c’est une histoire triste, et d’une infinie tendresse en même temps. Nous découvrons un peu de la vie villageoise dans un coin de campagne pauvre de la Pologne de la deuxième moitié du XIXème siècle. Les paysages bucoliques et sylvestres sont remarquablement rendus avec les yeux ou plutôt les oreilles d’un enfant chétif et attiré par la musique, Ianko. La fin est terrible, et la chute du récit nous laisse entrevoir le gouffre qui sépare les propriétaires terriens de la vraie vie villageoise. Une petite perle, vraiment très différente de Quo vadis, plutôt dans l'esprit des nouvelles de Maupassant.
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Janko le musicien

Petit conte qui fit découvrir Henryk Sienkiewicz, auteur de Quo vadis, prix Nobel de littérature en 1905.

Petit conte sur le monde paysan de la Pologne du 19e siècle.

Petit conte sur un enfant maladif qui aimait trop le violon.

Petit conte qui incite à aider ceux qui sont à proximité avant de chercher plus loin.



Mais l'intérêt réside sans doute dans l'omniprésence de la musique, notamment dans le chant de la nature.



Un petit exemple pour l'illustrer : « Les pins, les hêtres, les bouleaux, les merles dorés, la forêt toute entière jouait, chantait. Et quelle musique merveilleuse ! … le moindre brin d'herbe avait sa chanson ; les moineaux qui pépiaient dans le griottier, près de la cabane, avaient une mélodie particulière. le soir, il écoutait les mille bruits de la campagne, dans le sommeil de la terre. Si on l'envoyait dans les champs épancher le fumier, le vent lui-même s'amusait à siffler et à gronder dans les fourches ».

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Janko le musicien

Ma recette pour m'aerer d'un livre exigeant: l'entrecouper d'une courte nouvelle. Surtout ne pas se lancer dans un recueil de nouvelles, cela peut devenir envahissant. Non, non, une seule et unique nouvelle, de celles que nous offre en ligne La Bibliotheque Russe et Slave. Vous m'objecterez qu'on ne peut pas s'attaquer au genre de nouvelles que ce site propose sans preparation. Vous avez raison. Avant d'entamer ce Ianko musikant de Sienkiewicz je me suis donc arme d'un petit verre de Luksusowa, cette populaire vodka polonaise a base de pommes de terre.





Triste destin que celui de Ianko! Pourtant, bien qu'on l'ait baptise a peine sorti du ventre de sa mere, si peu de chances on lui donnait de survivre, il a reussi a atteindre ses dix ans. Maigre et tristounet il est vrai, a force de faim et de froid. Mais plein d'espoir de jouer un jour du violon, pour ajouter sa musique a celles des oiseaux, du vent sur les arbres , des grenouilles dans la mare, des gouttes de pluie, de l’orgue a l'eglise, des pieds dansant a l'auberge.



Mais si l'espoir fait vivre, l'espoir peut aussi faire mourir. Pauvre Ianko! D'autres chanteront: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Et un autre violon, de sa voix grele et gaie: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Et la basse repondra, de sa voix grave: Nous mangerons, et nous boirons, et nous nous amuserons ! Mais pas lui. Pauvre Ianko!





Ianko repose sous les bouleaux blancs qui bruissent au vent. Heureusement que j'ai laisse la bouteille de Luksusowa a portee de main. Encore un verre pour pleurer Ianko. Allez, un autre pour chanter Ianko!

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Janko le musicien

À sa naissance, Ianko est un enfant si chétif que personne ne compte qu'il vivra assez longtemps ne serait-ce que pour être baptisé dans les règles. Cependant, contre toutes attentes, Ianko survit. Il reste néanmoins un enfant malingre, un enfant de paysanne sans éducation et relégué au plus bas de l'échelle sociale. Mais Ianko, malgré ses humbles origines, développe une passion viscérale pour la musique.



Cette nouvelle d'Henryk Sienkiewicz est celle qui l'a fait connaître, semble-t-il, bien avant Quo Vadis, son plus célèbre roman. C'est une nouvelle plutôt réaliste même si elle glisse doucement vers le mysticisme. À travers l'histoire de ce petit garçon mélomane, elle souligne que si l'amour de la musique peut se développer dans n'importe quel coeur humain et transcender n'importe quelle existence, le milieu social peut ou faciliter ou entraver cette passion.



Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2021
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Janko le musicien

C’est l’histoire d’un jeune garçon malingre, enfant de paysanne, sans éducation. Malgré tout Ianko développe une passion pour la musique, le chant des oiseaux, le son d’un violon… Très belle nouvelle mais avec une conclusion triste.

J’ai apprécié la lecture de cette nouvelle de Henryk Sienkiewicz, même si cette nouvelle laisse un goût un peu amer à la fin de la fin de la lecture.
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Janko le musicien

Le challenge solidaire propose Henryk Sienkiewicz, j'avoue qu'en dehors de "Quo vadis" que j'ai lu ado, je ne connais pas les textes de cet auteur. Deux commentaires sur le fil de ce challenge et je me lance dans la lecture de cette très courte nouvelle.

D'après la préface, il s'agirait du premier texte de l'auteur, texte qui va le faire connaître.



Une très jolie nouvelle poétique, douce et très dure à la fois. C'est ce mélange qui fait l'incroyable talent de l'auteur.

Un jeune enfant malingre, maladif qui se découvre la passion des sons en général (bruit du vent, chant des oiseaux....), de la musique en particulier. Cette passion va nous entraîner vers la conclusion de la nouvelle, difficile et cynique à la fois.... Une réussite qui tient en une 15aine de pages !

Un très joli texte à découvrir !
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Janko le musicien

Ianko, Petit Jean, est un enfant si chétif qu'il est miraculeux qu'il est survécu à sa naissance. Il grandit peu mais développe une passion dévorante pour la musique, d'abord celle qui l'entoure, c'est-à-dire les sons de la Nature et de ceux qui la peuplent et ensuite plus particulièrement pour le violon.

Mais dans ce coin de Pologne rurale il n'est pas compris,  il est moqué, repoussé,  puni.

Ce petit conte est le texte qui a rendu célèbre Henryk Sienkiewicz, en si peu de pages j'ai découvert le génie de cet auteur, la beauté de sa plume et l'intense émotion qui s'en échappe.

Très beau et émouvant texte.
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Le Déluge, tome 1

*** Merci à Babelio et aux éditions Trakt pour m’avoir adressé cet ouvrage dans le cadre d’une opération « Masse critique Littératures » ***

Les lecteurs français connaissent bien Henryk Sienkiewicz pour son roman des temps néroniens Quo vadis?, un livre magnifique qui a valu à son auteur le Prix Nobel de littérature en 1905. Le reste de l’œuvre abondante de l’écrivain polonais est en revanche beaucoup moins bien connu chez nous. Et pour cause : une grande partie de sa production n’a été publiée en France qu’au tout début du XXe siècle et était indisponible depuis. Au sein de cette production, la Trilogie, cycle de trois romans se déroulant en Pologne au XVIIe siècle, faisait un peu figure d’exception puisque le premier volume au moins, Par le fer et par le feu, avait été republié, dans une traduction revue et complétée, par les éditions Phébus en 1992. Les deux autres volumes de la Trilogie, Le Déluge et Messire Wołodyjowski, étaient en revanche introuvables depuis longtemps.

Il existe bien, pour qui voudrait chercher un peu, une édition récente en français du Déluge, d’un éditeur peu scrupuleux, un éditeur qui prétend pourtant « œuvrer pour la sauvegarde de la littérature catholique », et qui propose, sans la moindre précision, une version expurgée du Déluge, taillé à merci, réécrit, résumé ici et là, amputé des deux tiers, défiguré : 593 pages pour un roman qui en compte plus de 2 000 !

Il aura donc fallu plus d’un siècle pour que parvienne jusqu’à nous, dans son texte authentique, l’un des grands classiques du roman historique ! On peut en effet espérer qu’après Le Déluge les éditions Trakt auront l’heureuse idée de proposer l’ultime volume du cycle, Messire Wołodyjowski. Mais on peut d’ores et déjà les remercier de nous en offrir le deuxième, et ce dans une traduction nouvelle, dont je suis incapable de juger de la fidélité au texte mais que j’ai trouvée particulièrement soignée. Les notes de bas de page qui mettent en perspective le texte sont bien choisies et très éclairantes, sans jamais alourdir la lecture. L’édition est également très soignée, la pagination suffisante pour aérer le texte, ce qui est très agréable. Il y a même une carte pour nous aider à situer l’action.

Mais revenons à l’histoire ! La Pologne de l’époque n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Alliée avec la Lituanie sous la dynastie des Jagellons, la Pologne formait aux XVe et XVIe siècles un immense ensemble catholique et était alors à son apogée. L’« âge d’or » polonais se prolonge pendant la première moitié du XVIIe siècle. Cas unique à l’époque, une sorte de fédération avant la lettre réunissait officiellement, depuis 1569, le royaume de Pologne proprement dit et le Grand-duché de Lituanie sous le nom de « République des deux nations », un bien curieux nom pour une monarchie, bien qu’elle fût élective. C’était alors le plus vaste État d’Europe. Il couvrait le territoire polonais actuel, moins la Poméranie et la Silésie, à quoi il fallait ajouter les terres baltes, biélorusses et une grande partie de l’Ukraine jusqu’au Dniepr. Depuis la mer Baltique jusqu’à la mer Noire, c’est toute l’Europe orientale qui était alors sous domination polono-lituanienne.

Ce trop grand État suscitait naturellement la convoitise de ses voisins. Les Polono-lituaniens devaient lutter contre les protestants de Suède ou d’Allemagne, les orthodoxes de Russie et les « infidèles » ottomans et tatars. Une série de plusieurs grands conflits militaires débute en 1648, l’année même où les puissances de l’Europe occidentale mettaient un terme à la guerre de Trente Ans par les traités de Westphalie. Ces trois guerres qui ont ravagé la Pologne au XVIIe siècle et affaibli progressivement la République constituent la toile de fond de la Trilogie. Bien que je sois féru d’histoire, j’avoue que je ne connaissais strictement rien de ces guerres, pas même leur nom. Le premier conflit est une guerre civile : le soulèvement des Cosaques d’Ukraine, qui marque le début de l’ingérence russe dans les affaires polonaises, traité dans Par le fer et par le feu. La guerre polono-turque est le sujet de Messire Wołodyjowski. Elle voit le roi de Pologne, venu au secours des Habsbourg et de la chrétienté, écraser les Turcs sous les murs de Vienne en 1683.

Le Déluge a pour thème la Première guerre du Nord (1655-1660) qui débute par l’invasion suédoise de 1655, avec le soutien initial de la Prusse. Comme ce billet, Le Déluge est long, très long ! Après ce premier volume, le deuxième tome doit paraître au printemps, puis le troisième à l’automne. On ne lit donc ici qu’un neuvième de la Trilogie !! Malgré cela, j’ai beaucoup apprécié ce premier tome. Si vous aimez les romans historiques, vous allez adorer celui-ci. Il raconte l’histoire de la Pologne comme si vous y étiez, avec la participation de personnages historiques réels et d’autres inventés. Si on n’est pas polonais, cela permet de s’intéresser à ce pays et à son histoire.

Il est vrai qu’il aurait mieux valu lire d’abord Par le fer et par le feu, puis enchaîner avec celui-ci, mais ce qui est fait est fait. J’ai cru comprendre que chaque volume était relativement indépendant. Bien sûr, il faut savoir apprécier le style d’écriture, qui peut paraître désuet par moment, mais c’est mon cas ! La prose est riche, les pensées et les sentiments des personnages sont bien rendus. Les intrigues amoureuses sont tissées dans l’histoire des batailles et des intrigues politiques de l’époque. C’est de la littérature divertissante comportant de nombreux rebondissements, on se croirait chez Dumas parfois. L’auteur crée des personnages hauts en couleur et donne vie à l’époque et aux événements historiques réels. La seule difficulté est qu’il faut s’adapter aux noms propres polonais qui sont bien difficiles à mémoriser.
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Le Déluge, tome 1

Ouvrage reçu dans le cadre d'une "Masse critique Littératures" (épreuve non corrigée)

Merci, donc, à Babelio et à Trakt Editions.



"Le Déluge" est un roman historique, un roman d'aventures de Henryk Sienkiewicz, auteur classique Polonais.



Le lieu : la république des Deux Nations (Pologne/Lituanie), vaste pays européen.

L’époque : 1655. Le début de l’invasion suédoise. Le Déluge.



Époque troublée s’il en est, puisque la république fait déjà face à un soulèvement cosaque en Ukraine (soulèvement de Khmelnytsky), ainsi qu’à une attaque Russe.

Elle doit en plus prendre garde aux trahisons en son sein de la part de puissants personnages, revanchards, jaloux, ou simplement ambitieux. (Opalinski, Radziwiłł, Radziejowski,etc…)

Pour la petite histoire, il faut dire que la Roi Jean II Casimir Vasa a fait plus que courir le guilledou avec la femme de ce dernier, donc il est un peu irrité quand même.)

Et là, bim ! Les suédois débaroulent !



Les protagonistes :

Andrzej Kmicic, banneret d’Orsza, jeune homme fougueux, qui malgré sa bonne foi et son grand cœur, n'est pas le dernier à faire n'importe quoi, juste parce qu'il en a envie. N’est pas d’une fiabilité à toute épreuve. C’est un fan d’action plutôt que de réflexion approfondie. Il est raide dingue de la belle Aleksandra.

Aleksandra Billewicz, en pince aussi pour ce grand écervelé d’Andrzej, mais sait conserver ses principes moraux et ne succombe pas si facilement aux avances de cet hurluberlu aux yeux gris et malicieux.

Michal Wolodyjowski, Colonel, fin bretteur, défenseur inconditionnel de la république. Est plus heureux dans ses combats militaires que sur le front amoureux.

On trouve aussi les amis de Wołyjowski, Zagłoba vieux roublard et les Skrzetuski, ainsi que son ennemi Janusz Radziwiłł, l'Hetman du Grand duché de Lituanie, auquel s’est lié Kmicic.

Les routes de Michal et Andrezj vont forcément être amenées à se croiser tout au long de ce 1er tome.

On enchaîne donc actions, évènements historiques, romance pendant 500 pages.



Je ne suis pas forcément fan de ce genre de livre, mais j’ai appris pas mal de choses sur cette période et sur cette région (en faisant des incursions sur le net). J’avoue mon inculture sur cette période charnière et sur l’histoire de la Pologne, ainsi que sur celle de la république des Deux Nations. C’est donc avec plaisir que je me suis plongé dans cette histoire.



A qui s’adresse ce livre ? Aux lectrices et lecteurs aimant les classiques étrangers peu connus en France, aux amoureux des romans d’aventures, aux romantiques à l’ancienne, à ceux qui aiment les pavés (il y a 3 tomes).

Attention, il ne faut pas lire ce bouquin avec les yeux de quelqu’un du 21ème siècle, ça date quand même de 1886.

Les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la géographie de ces régions, Pologne, Lituanie, Ruthénie, Biélorussie, etc...pourront être un peu perdus avec les noms des divers lieux.



Challenge « A travers l’histoire 2024 »
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Le Déluge, tome 1

Bon..Voici pour moi une rencontre ratée...Je pensais pourtant avoir quelques atouts pour apprécier ce roman.

D'abord, j'avais été enthousiasmée par le célébrissime "Quo Vadis ?" du même Henryk Sienkiewicz et j'ai toujours aimé les romans de cape et d'épée d' Alexandre Dumas, auquel la quatrième de couverture fait référence.

Ensuite, j'ai beaucoup d'intérêt par ces pays du Nord et leur histoire tumultueuse. J'ai lu, avec passion, le pavé "Pologne" de James Michener et Je me suis rendue dans ce pays. J'ai aussi visité l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie , dits "Pays baltes" même s'ils sont très différents par leur mentalité, leur religion, leur histoire.

En revanche, j'ai éprouvé vraiment des moments de solitude, d'ennui et de désintérêt devant ce livre dés le début et je n'ai ensuite que rarement éprouvé du plaisir à sa lecture.J'en ai été navrée car j'aime lire et en tirer de la satisfaction et j'ai beaucoup d'empathie pour le contexte de ce roman

J'ai trouvé le style (la traduction ?) sans envolée, les personnages assez ridicules , voire grotesques, les péripéties inintéressantes, la construction du livre ( avec la présentation successive de nos héros) mal bâtie.Et pour moi, la grande Histoire malheureusement compliquée et les noms bien difficiles à enregistrer.

Toutefois, je ne voudrais pas décourager d'autres lecteurs. Je dois avoir l'humilité de reconnaitre que si ce livre est un monument de littérature dans les pays concernés, c'est que je suis passée à côté.Les meilleurs best sellers ont leur lot de détracteurs...Faites vous votre propre jugement..
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Les Chevaliers teutoniques I

Henryk Sienkiewicz (1846-1916), prix Nobel de littérature en 1905, est un écrivain polonais connu universellement pour « Quo vadis ? » (1896) … et c’est à peu près tout. Pourtant, dans le domaine du roman historique, il est l’auteur de deux œuvres marquantes qui méritent notre attention : « Les Chevaliers Teutoniques (1900) (en deux parties : « Les Chevaliers Teutoniques » et sa suite « Les Remparts de Cracovie ») et « Par le fer et le feu » [une trilogie composée de « Par le fer et le feu » (1883), « Le Déluge » (1886) et « Messire Wolodyjowski » (1888)].

Nous sommes en Pologne, à la fin du XIVème siècle et au début du XVème. Le royaume de Pologne et son voisin le Grand-Duché de Lituanie font face aux velléités hégémoniques des Chevaliers Teutoniques qui occupent le nord des deux pays. Zbyszko (45 points un scrabble, qui dit mieux, zut, c’est un nom propre !) et son oncle Mathieu, deux chevaliers polonais, rencontrent la belle Danusia, fille du terrible Jurand, terrible pourfendeur de Teutoniques. Et c’est le début des embêtements. Parce que notre ami joli cœur fait à sa belle le serment pour le moins téméraire de lui ramener les plumes qui ornent les casques ennemis (un peu comme Obélix qui ramenait les casques, avec ou sans plumes). Vous pensez que les Teutoniques peu comiques renâclent un tantinet à accéder à sa demande, l’emprisonnent et s’apprêtent même à l’exécuter. Il est sauvé in extremis par Danusia qui invoque une vieille coutume polonaise qui tombe, ma foi, fort à propos. Ce pourrait être la fin, mais non, ce n’est que le début. Une autre jeune fille, Jagienka, tombe amoureuse de Zbysko. Jurand continue à combattre les Teutoniques qui par représailles, enlèvent Danusia. A partir de là nous sommes emportés dans un maelström de scènes épiques pour l’époque, de guerres et de combats (dont la fameuse bataille de Grunwald (ou Tannenberg) en 1410), alternant avec de touchantes scènes d’intimité, mais aussi de coups de théâtre, de complots et de trahisons, dans la plus pure tradition du roman historique classique.

Sienkiewicz est un conteur-né. A la manière d’Alexandre Dumas il tisse une toile immense, celle de l’émergence de la Pologne qui cherche son indépendance face à un envahisseur potentiel (c’est aussi le cas de la Pologne du XIXème siècle) au travers de personnages qui, s’ils ne sont pas historiques, ont une dimension et une épaisseur romanesque incontestable. Pas tellement du point de vue psychologique (ils se caractérisent essentiellement par leur amour ou leur haine, avec très peu de nuances) mais par leur présence, et l’enchaînement de leurs actions, héroïques pour les uns, pathétiques pour les autres, et terribles de cruauté pour les Teutoniques. Le lecteur, ou la lectrice, ne peut se détacher de cette histoire d’amour et de sang, très romantique dans le sujet, mais assez réaliste dans la description, en tous cas très attachante. On se prend à aimer ces jeunes gens touchants dans leur naïveté et leur amour, à ces adultes figés presque malgré eux dans la haine de l’occupant, on s’émeut quand les tragédies arrivent (car il y en a, ce n’est pas un roman à l’eau de rose), et le style de l’auteur reste fluide (l’intrigue n’est jamais embrouillée), et fort agréable.

J’ai découvert le roman après avoir vu le magnifique film réalisé par Alexander Ford en 1960. Que le nom du réalisateur ne vous trompe pas, c’est un Polonais. Le film, bien qu’un peu long, est fidèle au roman, et en constitue une belle illustration.

Edition conseillée : pour les deux romans (« Les Chevaliers Teutoniques » et « Les Remparts de Cracovie ») : Presses-Pocket, Collection « Les Grands Romans historiques », cette édition bénéficie d’une introduction très pertinente et d’un dossier complet en fin de volume (repères historiques, notices historiques, cartes, vie et œuvre de Sienkiewicz, filmographie, bibliographie et index des personnages) (N.B. Cette collection, malheureusement interrompue après une quinzaine d’ouvrages, est incontournable, pour tout amateur de roman historique).



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