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Critiques de Herta Müller (154)
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Le renard était déjà le chasseur

Un groupe d'amis, des intellectuels progressistes, tente de survivre sous la surveillance de la police politique, dans la Roumanie totalitaire de Ceausescu.

Beaucoup ont écrit sur la dictature. Personne ne l'a fait comme Herta Müller.

Dans une interview elle parlait de "...la langue de bois du régime qui avait détourné le langage à son profit. D'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par le politique. Ils renvoyaient à une réalité qui n’était pas la nôtre."

Elle a donc inventé elle-même un langage qui nous rende perceptible la vie dans un régime totalitaire : un langage de dénuement, de contrainte, de censure.

Des phrases courtes et descriptives, qui nous enferment aussi efficacement qu'une geôle.

Un langage dénué d'émotion, froid, qui fait naître la terreur aussi sûrement que de se voir suivi par un agent du régime.

Un texte ciselé, qui nous oblige à être attentif au moindre détail, à la moindre trace, comme dans un logement surveillé par la Securitate.

Ça n'est pas facile d'entrer dans ce roman. Tout y est hostile : "Les peupliers découpent l'air brûlant. Les peupliers sont des couteaux verts."

C'est puissant.

C'est très difficile à lire.

C'est magistral.

C'est ardu.

C'est exceptionnel.



Traduction de Claire de Oliveira.

Challenge Globe-Trotter (Roumanie)

Challenge Nobel

LC thématique de juin 2022 : "Titres à rallonge"
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L'homme est un grand faisan sur terre

Née en Roumanie, au sein de la communauté germanophone, et émigrée en Allemagne, Hertha Müller a reçu le Nobel de Littérature en 2009.

Je pense alors à Patrick Modiano, Toni Morisson, Mario Vargas Llosa, Doris Lessing, ou Camus, Hemingway, Steinbeck... et je me dis que je n'ai jamais été déçu par les Prix Nobel dont j'ai lu des œuvres. Hertha Müller est parvenue à briser cet a priori positif.

L'Homme est un grand faisan sur terre est, comme son titre l'indique sans ambiguïté, un roman rural à tendance poétique et totalement incompréhensible.

En réalité on comprend bien qu'il s'agit de l'histoire d'un village roumain, du temps de Ceaucescu que les germanophones veulent quitter ; ce qui les contraint à soudoyer les autorités qui fournissent les documents nécessaires, en l'occurrence le curé et le policier. Et pour soudoyer, il faut donner des stocks d'objets ou de produits alimentaires, ou encore sacrifier sa femme ou sa fille aux deux notables précités, aussi lubriques l'un que l'autre.

Je ne doute pas que ça s'est passé et ça se passe encore comme ça en de multiples endroits de notre planète, mais cette ignoble utilisation du corps des femmes comme monnaie d'échange ne gagne rien à être présentée dans les tentatives poético-surréalisto-oniriques dont Hertha Müller les enrobe.

J'en reviens donc au titre, pas plus compréhensible quand il est déclamé par un vieux veilleur de nuit un peu timbré, et dont le style se retrouve dans les cochons volants de la voisine ou le cerisier qui mange ses propres fruits à la nuit tombée.

Je n'ai rien contre un peu de loufoquerie (Vian, Dac, Desproges, Fabcaro ou Groucho Marx ont leur place dans ma bibliothèque), mais dans ce livre, ce n'est ni drôle, ni beau sur le plan du langage. Ça dessert plutôt le thème central et ça noie les 2 ou 3 pages, poignantes, où les femmes victimes se remémorent les moments où des hommes de pouvoir les ont violées pour des papiers ou de la nourriture.

Deux pages qui auraient mérité d'être imprimées à part. Ou alors je n'ai vraiment rien compris.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Il y a quelque chose là-dedans des courts romans de Garcia Marquez se déroulant à Macondo, le village de "Cent ans de solitude", où les personnages regardent leurs vies leur échapper par des petits orifices de lenteur, de surnaturel et d'averses... avec une énorme différence : le style. Dans ce roman de Herta Müller, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des phrases, au bas mot, sont de la forme sujet (unique) - verbe - complément (unique). Pas d'adverbes. Des adjectifs réduits au strict minimum (grand, petit, des couleurs...). On dirait du Chagall, certes, mais en noir et blanc : le tableau s'en trouve complètement aplati, tout se vaut, donc rien n'a de valeur, et très vite j'ai éprouvé des difficultés à fixer mon attention sur l'histoire.

Au-delà de ça, je m'interroge tout de même sur ce parti-pris d'écriture. Ca peut faire penser à de la paresse, car je pense que ce n'est quand même pas très difficile (à défaut d'être intéressant) d'écrire comme ça. On peut même y soupçonner le cynisme de l'auteure installée ("pas besoin de me fouler, je vais écrire ça vite fait, la critique glosera et se chargera de l'habillage"), sauf qu'il faudrait avoir des nerfs d'acier pour ne pas trembler dès les premières pages devant le vide du texte... Je préfère croire l'auteure sincère, me dire qu'il y a quelque chose dans son geste qui fait sens pour elle. Comme ne pas faire de concession pour séduire le lectorat ; exiger qu'il fasse sa part du chemin, voire tout le chemin ; peut-être enfin, à l'extrême, ne pas vouloir de lui.
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La convocation

La Convocation est la description effarante des effets des décisions absurdes d'un régime totalitaire, celui de la Roumanie de Ceausescu. Chacun épie son voisin, le moindre geste est susceptible de mettre son auteur en danger. Que faire : rester dans cette grande secte paranoïaque au reste d'y perdre sa santé mentale ou tenter de fuir au péril de sa vie ? Entre peste et choléra, a-t-on vraiment le choix ?
Lien : https://www.bookaholic.paris..
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L'homme est un grand faisan sur terre

Un peu maso de ma part de repiquer à Herta Muller et son univers froid comme la mort, oppressant, désespérant. Mais cet univers est si singulier, le rendu du réel si saisissant que j'ai pris sur moi de me refaire mal (d'autant que le roman est court), pour mon bien.

Nous sommes toujours sous le régime glauquissime de Caeaucescu, cette fois-ci l'homme dans le titre n'est plus un renard mais un faisan, on est toujours dans une périphérie urbaine mal définie entre masures de campagne et banlieue sale, et l'on attend. On attend le départ, la délivrance du passeport toujours repoussée, papier pour le lequel il faut donner toujours plus de sacs de farine, toujours plus d'argent, toujours plus de son corps pour les femmes. En attendant on erre, on s'épie, on se tait, on s'adonne à des étreintes froides.

Les personnages, même ceux qui arrivent à partir, sont prisonniers du livre, seul le lecteur peut quitter cet univers en refermant les pages.
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L'homme est un grand faisan sur terre

L'homme est un grand faisan sur terre de Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009



Du même auteur, j'avais bien aimé "L'animal du cœur", mais je n'ai pas accroché avec "L'homme est un faisan sur terre" qui est beaucoup plus difficile à comprendre, même si l'intrigue est simple. L'écriture est très imagée, par moments complètement incompréhensible. L'intrigue quant à elle se focalise sur Windisch, un Roumain de langue Allemande qui veut émigrer mais les passeports sont chers et longs à venir, malgré les "cadeaux" (sacs de farine et autres) que Windisch est obligé de donner. Sa fille Amélie sera sacrifiée elle aussi, elle devra coucher avec le policier et le curé. L'ensemble m'a semblé très glauque, comme si l'auteur en rajoutait pour nous dégoûter exprès.

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Animal du coeur

La narratrice,toute jeune fille, rapporte les faits et les comportements des adultes tels quels et le lecteur comprendra plus tard de quoi il s'agit, ce qui rend l'entrée dans ce roman assez difficile . Elle est avec sa famille originaire du Banat roumain au sein de la minorité germanophone. Son père a été SS.

On s'intéresse d'abord avec elle à Lola, une camarade de chambre retrouvée pendue dans son placard : suicide ou assassinat ?

On suit ensuite ses amis Edgar, Kurt et Georg, étudiants puis jeunes adultes entrés dans la vie professionnelle, et toujours poursuivis par la police de Ceaucescu : surveillance de chaque déplacement, fouilles de leurs affaires, interrogatoires sous le regard cynique de Piel et de son chien, prêt à en découdre. Quand ils sont licenciés, ils fuient le pays, pas pour longtemps. Pour communiquer entre eux, ils utilisent des stratagèmes et des messages codés.

La jeune fille et sa mère n'échappent pas à ces représailles. Sa peur la renvoie souvent à ses souvenirs d'enfance et passé/présent se confondent dans le récit.

Et puis il y a Téréza son amie qui a une "noix" sous les aisselles et dont elle aurait dû se méfier !

Quant aux autres personnages, ils vivent aussi dans la misère et s'adaptent ou pas à la dictature.

L'auteure a un style très particulier, procède souvent par images, par métaphores et utilise des expressions en leitmotiv : animal du coeur, prunes vertes, collants d'une finesse aérienne, cimetière...

J'ai beaucoup aimé l'écriture et la composition de ce roman et apprécié la façon dont est décrit le fonctionnement d'une dictature. Utilisons ce terme à bon escient...
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La bascule du souffle

Leopold est embarqué dans un camp de travail en Russie en 1945. Nous suivons par petites tranches de vie son quotidien. C'est dur et froid.

Nous ne nous attachons pas au personnage principal qui se déshumanise et survit juste. Il n'y a plus d'affect seulement l'ange de la faim et le mal du pays.



J'ai eu beaucoup de mal à finir ce "roman " sans intrigue qui nous relate le quotidien de ces déportés dans des camps que nous connaissons moins bien que les camps de travail allemands. L'atmosphère est lourde et nous ne pouvons qu'être tristes de savoir que ça a existé.



Des termes allégoriques voire oniriques mais redondants, et en même temps 5 ans de travaux forcés difficiles cest indéfinissable.



Un livre pour ne pas oublier.
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La convocation

« La convocation », Herta Muller (Métaillé 200p)

Hélas ! Je suis passé très à côté de ce roman, qui ne manque pourtant pas d’intérêt au niveau de son sujet. Mais quelle prose inaccessible, pour une prix Nobel de littérature !

Roumanie, aux pires années de la dictature Ceausescu.

La narratrice, « Je » (dont on ne saura jamais le nom), prend le tram pour se rendre à la Nième « convocation » d’un officier de la sinistre Securitate, aussi manipulateur que pervers, jouissant de son pouvoir sans limite. On ne saura qu’au premier quart du livre le motif de ces convocations (ce qui n’est pas très important, puisque le principe de ces régimes policiers c’est de mettre dans l’insécurité toute une population, que chacun se sente coupable, même si on ne sait pas de quoi).

Le récit, minimaliste au possible, se déploie à travers les pensées, les souvenirs plus ou moins autobiographiques, parfois les rêves de cette narratrice, et fourmille donc d’anecdotes souvent sans suite, mais qui dévoilent assez bien et par touches pointillistes une atmosphère, une ambiance étouffante. Ce roman nous fait bien sentir tout le gris d’une vie enfermée, la lourdeur d’un régime policier aussi féroce et menaçant qu’ubuesque dans le quotidien, le climat constant de délation qui peut venir du premier voisin ou collègue de travail, l’absence totale de perspectives pour une majorité de la population qui ne rêve que de fuir de l’autre côté du rideau de fer. A la crainte permanente se mêle la pauvreté, les files d’attente, d’autant que les personnages de ce roman, outre la narratrice, sont des gens modestes, ouvriers, chauffeurs, ou de familles paysannes. Dans cette société déliquescente, on navigue entre l’alcool à très hautes doses, la débrouille individuelle, la bureaucratie malade et kafkaïenne, la dérive mentale qui va jusqu’à l’inceste, le repli (pour ne pas dire la claustration) sur soi.

Mais j’ai eu beaucoup de mal à faire avec une écriture très spéciale, complexe, ennuyeuse. D’abord l’absence de découpage en chapitres nous livre 200 pages sans structure, quasiment au kilomètre, ce qui n’en facilite pas l’accès. Ensuite, Herta Müller change sans cesse de niveau et de modalité d’écriture, passant d’un récit de rêve à un souvenir douloureux, de la description d’une scène dans le tramway d’une banalité déroutante à l’angoisse qui étreint la convoquée face au policier. Parfois, on ne sait plus qui est « Je » qui se raconte, deux ou trois personnages s’exprimant à tour de rôle, d’autant que les guillemets ou tirets censés marquer les prises de paroles sont absents, qu’il n’y a souvent aucun lien apparent entre les situations successives. Plusieurs fois j’ai dû revenir en arrière dans le texte pour comprendre où j’en étais, et parfois sans y parvenir, et j’ai dû me forcer pour aller au bout. Le récit est aussi fluctuant que les pensées erratiques de « Je ». Perdu dans cette littérature très particulière, je n’ai vraiment pas aimé cette prose-là, malgré un sujet fort.



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Le renard était déjà le chasseur

Une langue déroutante jusqu'au malaise, construite de phrases comme : "La lampe du plafond regarde au lieu d'éclairer", ou "Son oeil agrandit les entrailles sous la peau jusqu'à ce qu'elles soient froides".

Un monde où tout est gris, sans lumière ni chaleur ni perspective, et où la vie semble venir des choses, pas des hommes.

Un climat d'oppression latente, de vide désespérant.

Pas de repères, peu de points d'appui narratifs, une succession d'images glauques, ternes et froides, que domine l'omniprésente photo de l'oeil noir et la mèche du dictateur.



J'ai failli arrêter cette lecture plusieurs fois, tant était épuisant ce sentiment de s'y mouvoir comme dans la vase. Mais c'est à la moitié du roman, quand un semblant "d'action" apparait, que toute cette première partie très déstabilisante a pris tout son sens pour poser le décor profond et contribuer à faire ressentir ce qu'a été le quotidien des Roumains sous le régime de Ceausescu, le dénuement organisé, les passe-droits, l'ombre permanente de la Securitate, la peur, la résignation, l'absence de perspectives.



Un travail d'écriture prodigieux au service d'un témoignage indispensable tel que seule la littérature peut en offrir, sous la plume d'une auteure que l'Académie des Nobel a bien fait de récompenser.
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Animal du coeur

Animal du coeur est un roman écrit par Herta Müller (Nobel 2009) sur les conditions de vie en Roumanie sous le régime Ceaușescu. Le roman met en scène l'amitié de 4 jeunes gens et les suit dans leurs espoirs et leurs épreuves.



L'écriture est très étrange, opaque, surréaliste, et ne facilite pas la compréhension du récit. Mais on comprend vite de quoi souffrent les jeunes gens sous ce régime totalitaire: arrestations, fouilles, menaces, intimidations de la famille, licenciements politiques. Toutes ces épreuves les conduiront à l'exil, mais certains auront une fin tragique.
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La bascule du souffle

J'ignorais totalement que la population germanophone de Roumanie avait été contrainte d'intégrer des camps de travail russes après la guerre. C'est l'histoire qui nous est contée ici, violente, une histoire de froid et de faim, de cruauté, de solitude pour un jeune homme arraché à sa famille.

Avec une écriture poétique et onirique, l'auteure montre le lent basculement dans la folie.

Un récit hypnotique et dur.
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Animal du coeur

J'avais découvert, au moment de l'attribution du Prix Nobel de Littérature en 2007, cette autrice, roumaine mais de la minorité germanophone, qui a fui la Roumanie du dictateur Ceaucescu pour vivre en Allemagne.



C'est le troisième roman que je lis d'elle, après L'homme est un grand faisan sur la terre et surtout La bascule du souffle, un roman extraordinaire qui transforme en un merveilleux récit poétique la vie cruelle et inhumaine d'un jeune roumain germanophone dans un camp de travail forcé en Union Soviétique, après la deuxième guerre mondiale.



Dans cet animal du coeur, dont je laisse au lecteur le soin de deviner ce qu'il est, j'ai retrouvé cette façon de raconter, cette composition et ce style incomparables, bref cette beauté extraordinaire qui transforme une réalité dure et cruelle en un récit poétique.



C'est un pan de la vie terrible des gens sous la dictature de Ceaucescu qui est la toile de fond du roman. La narratrice, de la communauté germanophone, dont on ne saura pas le prénom ni le nom, étudiante au début du récit, est confrontée au suicide de Lola, une camarade de chambrée, à son « procès » posthume en exclusion du Parti, et à sa propre lâcheté, ainsi que celle de ses camarades, qui en Assemblée Générale, n'auront pas le courage de contester cette décision.

Mais elle gardera le journal de Lola, et avec ses amis, Edgar, Georg et Kurt, le cachera, ainsi que des livres et des poèmes.

La suite que je ne développe pas en détails, est faite de la vie de ces jeunes, d'abord étudiants puis entrés dans la vie professionnelle, des interrogatoires policiers suite à la découverte du carnet, des vexations, du tabassage de l'un d'eux par des « mercenaires » du pouvoir, du licenciement de la narratrice, puis celui d'Edgar, de l'émigration de Georg en Allemagne où il se défenestrera (ou sera défenestré?), du suicide de Kurt (selon le même mode opératoire qu'avait employé Lola) et du départ de la narratrice et d'Edgar en Allemagne. Mais il y a aussi le bonheur de l'amitié, dont on sent qu'elle est au bord de l'amour, de la narratrice avec Teresa, la fille d'un sculpteur proche du pouvoir, de la relation affectueuse avec sa mère, et de tant d'autres choses qui font la vie des petites gens dans ce climat oppressant de dictature.



Mais mon commentaire ne serait pas du tout complet s'il n'évoquait pas façon unique dont le roman est fait.

D'abord la trame narrative.Elle fragmente souvent l'ordre des événements, des souvenirs d'enfance surgissent parfois. J'ai lu que cela déconcerte et irrite des lecteurs. Ce n'est pas mon cas. Je trouve que ce ce mode de narration « impressionniste », par « touches » , fait partie de sa beauté. Mais c'est là la limite de l'inévitable subjectivité que tout un chacun peut avoir dans la critique d'une oeuvre, que ce soit roman, poésie, musique, peinture.

Et puis, le style. Un style merveilleux, où le trivial est porté par des phrases si poétiques. Il faut le lire pour s'en rendre compte.



Vous l'avez compris, j'aime énormément Herta Müller, et au passage, je trouve que ces femmes Nobel de Littérature, ces Toni Morrison, Herta Müller, Svetlana Alexeivitch, Elfrid Jelinek, etc…partagent, en plus de leur engagement politique ou sociétal, une façon de raconter hors du commun.



Pour finir, une digression, peut-être hors sujet, tant pis. Alors que je lisais ce livre, j'ai vu aux informations TV défiler dans les rues de nos villes françaises des énergumènes, femmes et hommes de tous âges, et même des soignants, ce qui est un comble, portant des pancartes contre la «dictature sanitaire », et d'autres avec ce mot que je chéris tant, «Liberté». Franchement, je trouve que c'est une insulte à toutes celles et ceux qui ont vécu ou vivent de nos jours dans de vraies dictatures. En effet, qu'y a-t-il de comparable entre ces contraintes auxquelles nous devons nous soumettre: vaccination, respects des gestes barrières, etc…., en vue de préserver collectivement notre santé, surtout celle des plus fragiles, et d'avoir une vie sociale la moins mauvaise possible, et tous ces régimes politiques, tel celui de Ceaucescu, où l'être humain est soumis à des contraintes insensées, est contrôlé dans ses moindres faits et gestes et voit sa vie menacée en permanence?

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L'homme est un grand faisan sur terre

Des phrases courtes. Parfaitement ciselées.

Des phrases courtes qui font des chapitres courts.

Des chapitres courts qui peignent un tableau.

Un tableau sombre et mystérieux.

Dans un ouvrage court. Mais intense.



Entre prose et roman, une histoire se dessine.

Par petites touches, on suit Windisch.

Son présent. Son passé. Ses aspirations...

Le passé complique le présent.

Le futur est un horizon nuageux.



Et la chouette vole au dessus du village.

Elle entraîne avec elle la mort.

La mort et les inquiétudes.

La mort et l'incertitude.



Partir. C'est le rêve de cette famille germanophone.

Quitter la Roumanie. Tel est l'enjeu.

Mais la quête des passeports est ardue.

Corrompre et se compromettre.

Perdre sa dignité au présent.

Et revenir un jour. Après. Comme une revanche.



Un livre dur. Une écriture belle. Et âpre.

Un livre marqué par l'expérience.

L'expérience d'Herta Müller dans la Roumanie de Ceaucescu.

L'expérience de l'attente.

De la frustration. Des désillusions.

Et au bout du chemin.

L'émigration.
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La convocation

Titre original : heute wär ich mir lieber nicht begegnet

J'aurais préféré ne pas me rencontrer aujourd'hui

Allons à la rencontre de cette narratrice plutôt mystérieuse qui petit à petit au cours des pages se dévoile et nous fait partager ses délires et son nième voyage pour répondre à la convocation...



Pour se rapprocher d'elle quelles choses faut il faire ?

Il faudrait enfiler l'un de ses chemisiers ... vous avez le choix, soit "le corsage vert qui pousse encore avec son gros bouton de nacre"... ou le corsage gris qui "s'appelle le corsage qui attend encore",

Et à l'usine, il faudrait essayer d'atteindre les objectifs du plan tout en sachant que si "on arrive à les atteindre, ils augmentent dès le lendemain." Le plan étant "une maladie d'État",

Il faudrait savoir faire la différence entre un musicien, celui qui joue d'après les notes, et un musicien ambulant, celui joue d'après son âme,

Il faudrait avoir avec elle des conversations où on dirait n'importe quoi, une histoire de souris, une histoire de cornichon avec ou sans souris, une histoire de facture d'électricité à payer aujourd'hui ou demain, puis respecter le silence pour pouvoir "continuer de parler d'une chose qu'on ne dit pas" et ne pas oublier de "regarder ni à gauche ni à droite, mais toujours droit devant soi, tout en restant souple".



Et les choses qu'il ne faut pas faire

Ne plus aller à l'église car maintenant la messe commence par une prière pour le chef de l'état !



La vie dans ce temps là ...

Ramasser des tessons de verre rouge, car ce sont en vrai des rubis ...

Écouter tous les mercredis les résultats du loto "dans sa robe du dimanche à fleurs rouges", avec "ses chaussures vernies marron prêtes à être enfilées quand le monsieur du loto sonnera à sa porte" et le soir venu il ne reste plus qu'à pleurer en rangeant la robe du dimanche dans l'armoire jusqu'à la semaine suivante ....

Une vie simple ...

Où l'on apprend que les "noyaux de cerises, avant d'être mis dans la terre, doivent sécher au soleil pour que des arbres puissent pousser"

Où l' on peut acheter à l'alimentara "des bonbons rouges avec des guêpes mortes collées dessus", des lames de rasoirs rouillées au sucre, des biscuits cassés, des boites d'allumettes, "des bonbons verts collés et beaucoup de guêpes"



Une lecture en demi teinte ... difficile de suivre les délires de cette jeune femme dans un pays dévasté économiquement ...Tout manque ... la morale a foutu le camp il y a bien longtemps et ce qui semble inconcevable comme l'inceste, la fornication, est une règle si commune ...

Si on en doutait .. il ne faisait pas bon vivre dans le pays des Ceausescu !
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Dépressions

Sombre dimanche, celui où j'ai lu "Dépressions", dix-neuf nouvelles d'inégale longueur, celle ayant donné son titre au recueil représentant à elle seule la moitié de l'ouvrage. Sombre dimanche, pour venir à bout des souvenirs émiettés d'une enfance hallucinée au sein d'une petite communauté germanophone dans la Roumanie de Ceaușescu. Un univers étrange, où minéral et vivant se mêlent, où intérieur et extérieur ne forment qu'une seule et même entité, où la frontière entre rêve et réalité n'existe plus, où les croyances et superstitions les plus absurdes sont toujours vivantes et nous rappellent qu'on est en Transylvanie, au cœur du pays des vampires. Sans doute cette auteure renommée, pourvue de la plus haute distinction internationale qui soit, le Nobel, a-t-elle voulu transcrire à sa façon les sentiments de répulsion qu'elle éprouvait, au cours de son enfance puis de son adolescence et de sa vie de jeune adulte, à l'égard de ce régime politique qu'elle hait au plus profond de son cœur. Transcrire une fois arrivé à l'âge adulte la vision du monde de l'enfant qu'on a été est un exercice difficile. Certains s'y sont essayés avec bonheur. On pense bien sûr à Jerzy Kosinski ("L'oiseau bariolé"), plus près de nous à Robert Sabatier ("Les allumettes suédoises"), mais j'avoue que je n'ai pas réussi à ressentir la moindre empathie à la lecture de ce pensum dont les étrangetés, souvent scatologiques, peuvent à la rigueur passer pour de la poésie, mais une poésie sans beauté même si l'on sait que, pour certains, le laid c'est le beau. Seule pépite au milieu de ce lac de désespérance, une petite, toute petite nouvelle, "L'opinion", une critique pleine d'humour de la bureaucratie toute puissante d'un régime totalitaire, que n'aurait pas reniée Kafka. Heureusement, il y aura d'autres dimanches, occupés par des lectures mille fois plus réjouissantes…
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L'homme est un grand faisan sur terre

Ca y est, je viens de recevoir l’œuvre quasi complète de Herta Müller, Prix Nobel de Littérature 09, soit en tout 3 romans « La Convocation » (01, Métaillé, 210 p.), « Le renard était déjà le chasseur » (rééd. 09, Seuil, 238 p.) et « l’homme est un grand faisan sur terre » (88, Maren Sell, 106 p.). A vrai dire sur les 23 livres qu’elle a publié en allemand, soit à peu près 1 par an depuis 82, seuls ces 3 ont été traduits en français (6 en suédois, (pourquoi ?) 5 en anglais, 4 en espagnol, 3 en portugais et 3 en italien). Ce qui fait peu…

On a presque tout dit sur elle ; à défaut de le dire de ses livres. Elle fait partie de la cinquième littérature allemande (en plus des deux Allemagne, Suisse et Autriche), son enfance en Roumanie dans une partie germanophone (vie qu’elle décrit dans « Niederungen » (« Dépressions », annoncé en 88 chez Maren Sell, mais jamais édité)

J’ai donc attaqué par « l’homme est un grand faisan sur terre » qui date de 86. A l’époque cela était sorti dans la petite collection rouge, excellente collection de littérature européenne en fait Petite Bibliothèque Européenne du XX siècle). Je me souviens de « Du rouge à lèvres sur l'hostie” de AC Matthews, de « Café de l’Europe » de A Kuh (ah ces délicieux cafés de Prague, pas ceux de la place de la vieille vile, les autres), de « Yossel Rakover s’adresse à Dieu » de Z Kolitz (un court récit sur la Shoah. Bref, revenons au grand faisan. Une suite de petites histoires courtes (1-2 p.) avec Windisch comme fil conducteur, qui parcourt le village (roumain) avec son vélo. Depuis deux ans (et deux cent vingt et un jours), Windisch attend (« le temps n'a plus d'aiguilles » ) surtout son passeport car il veut émigrer, (naturellement que le maire ne lui donne pas, mais encaisse ses sacs de farine). Un jour, ils partiront cependant, par l'ornière grise et lézardée que Windisch empruntait pour rentrer du moulin. Mais plus tard, ils reviendront un jour d'été avec des objets de l'Ouest, revêtus des vêtements qu'on porte à l'Ouest, de chaussures qui les mettent en déséquilibre dans l'ornière de leur village. Pas simple de tout laisser.

Il y a aussi Rudi, qui lui a pu aller en Russie, et en ramène des souvenirs qui émerveillent Windisch. Et aussi les parents de Rudi (arrière et grands parents), ces derniers ont été enrôlés par les allemands (histoires tenaces dans le village). Et le curé ou le policier qui « cherchent avec les femmes » les documents (certificat de baptême ou passeport) que leurs maris demandent.

Et puis aussi ces ragots et histoires fantasmatique, comme ce « pommier qui dévorait ses propres pommes » et que l’évêque (« L’évêque avait écrit une lettre au curé. En latin. Le curé du haut de la chaire lut la lettre. A cause du latin, la chaire semblait très haute ») condamne à être « brulé vivant » et dont la fumée ou « brouillard de pomme » va rester sur le village « jusqu’à la première pluie ». ce genre de phrases, on le retrouve tout au long des textes «La nuit le village est très grand, se dit Windisch, et le bout du village est partout» ou encore « Le veilleur de nuit dort sur le banc devant le moulin. Le chapeau noir rend son sommeil doux et lourd, comme du velours ».

Le petit livre est très bien écrit. Des phrases brèves souvent d’une seule tenue (sujet, verbe, complément). On pourrait comparer cela à de brefs coups de pinceaux, qui s’ajoutent, dessinent le personnage puis finalement le cadre. Le titre est parait il tiré d’un proverbe roumain, mais je n’ai pas réussi à en savoir plus, et ce n’est pas la suite du livre qui pourrait aider. La seule piste un proverbe polonais « le loup qui invite un faisan à diner n’aura pas besoin d’un petit déjeuner »

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La convocation

« La convocation », qui date de 97 dans la collection allemande de Métaillé (avec de bons titres tels que « A tire d’aile » de Angela Kraus, ou « Chroniques du roi David » de Stephan Heym). Bref. L’histoire est relativement simple et se passe en Roumanie sous Ceausescu, Conducator de son état. HM est roumaine de naissance, de cette minorité germanophone du Banat, à la frontière avec la Hongrie et la Serbie (province de Voïvodine, dont on retrouve souvent le nom voïvode, ou gouverneur dans les littératures d’Europe Centrale).

Donc une femme (je n’ai pas retrouvé son nom, si toutefois elle est nommée), mariée à un Paul, qui boit (de l’alcool de prune « Deux Prunes » local), et qui travaille pour une maison de couture italienne, va glisser un message (Ti aspetto, avec [s]on nom et [s]on adresse ») dans une poche de pantalon. Peu de communication entre les deux époux « Hier, ton ivresse était plus grande que cette cuisine » (ou alors l’appartement est trop petit). Mais rassurons nous « [il] ne boit pas pour oublier, mais parce que [il] aime ça ». Pour avoir donc glissé ce message, elle est convoquée à la Securitate « jeudi à dix heures précises» ou « mardi à dix heures précises», « samedi à dix heures précises» ou encore « mercredi ou lundi à dix heures précises ». On juge de la ténacité de l’administration. Là, elle rencontre le commandant Albu, qui lui fait un baisemain, mouillé, en lui écrasant les ongles. Et en plus il se parfume à « Avril, une eau de toilette française », « que [son] beau-père, communiste de pacotille, utilisait aussi » (ah, c’était au temps de Georges Marchais, Liliane devait aussi lui en acheter).

Donc, cette femme se rend à la convocation du commandant Albu, en tramway. Cela vaut un long descriptif, avec les différents passagers du tramway, le conducteur qui prend son temps car « le tramway n’a pas d’horaires fixes » et grignote des bretzels. Le tramway revient tout au long des 200 et quelques pages. Il est intercalé avec des souvenirs (en fait tout ce qui fait qu’il y a maintenant cette convocation, les souvenirs avec Paul ou Lilli, sa meilleure amie qui a fini en charpie lors d’une tentative d’" évasion "

Ses petits billets dans lesquels elle attend une réponse lui valent d’être poursuivie pour « prostitution sur le lieu de travail » (et en plus elle n’est pas membre du parti). Ses collègues en profitent également pour glisser des petits billets « meilleures salutations de la dictature ». Mais bon, elle se fait renvoyer et ne trouve pas d’italiens qui lui répondent « en fait d’italiens, [elle eut] le commandant ». au total une humiliation permanent et des tracasseries de petits chefs " L’humiliation, comment appeler cela autrement lorsque tout le corps se sent pieds nus ". Tout est bon pour à son tour essayer d’influencer ses espions. A monsieur Michu, un voisin chargé de l’espionner, elle offre un cahier d’arithmétique, « moitié par malignité parce qu’il notait mes allées et venues et sans doute encore bien d’autres choses, moitié par gratitude parce qu’il m’avait mise dans la confidence » « l’idée étant de lui faire perdre son assurance quand il noterait ». Manque de chance, ce cahier est trop grand « parce qu’il fut que ça entre dans une poche de veste ».

Le livre évoque aussi l’idée de partir et d’émigrer. Cependant l’idée reste très vague. On pense plutôt « besoin d’un ailleurs », si bien que « tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, on tente le coup ». Par opposition c’est plutôt le fait de rester dans cette ville qui est important, avec ce que cela comporte de peur, d’angoisse et d’humiliation.

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Le renard était déjà le chasseur

« Le renard était déjà le chasseur », dans sa réimpression 09 au Seuil, donc apparemment une nouvelle traduction (Claire de Oliveira) alors que l’édition 97 était de Nicole Bary (comme l’homme est un grand faisan). On est toujours dans la campagne Banat de la Roumanie du Conducator. Adina est une jeune enseignante proche de dissidents. (On retrouve l’histoire de Herta Müller dans les années 60-65, membre du Aktiongruppe Banat, un groupe d'écrivains qui défendait la liberté d'expression).

C’est un livre dans lequel il n’est pas facile d’entrer, au sens habituel d’un roman. Le 4 de couverture (ainsi que d’autres critiques) résume ainsi le livre : Adina s’aperçoit que des inconnus découpent la fourrure de renard qui décore son appartement, et ce jour après jour en son absence. Elle est donc espionnée par la Securitate et elle découvre de plus qu'une de ses amies fréquente justement un officier de la Securitate.

L’histoire du renard commence p.135, soit à la moitié du livre, et on retrouve sa trace par bribes jusqu’à la fin du livre. En fait, même si « le renard est le chasseur », je ne crois pas que ce soit vraiment l’histoire (ou plutôt un fragment de l’histoire). En fait, il y a de mystérieux visiteurs (aux marques de graines de tournesol ou de mégots dans les toilettes). Le renard voit ses pattes coupées, et on se doute qu’après la quatrième, ce sera au tour des visités d’avoir des ennuis. Que se passe t’il à la fin du livre ? Assiste t’on à la chute du dictateur et de sa femme (est ce ainsi passé à la télévision ?). Que changera cette chute ?

Le livre rappelle souvent « le faisan ». Il ne s’agit pas vraiment d’un roman (même au sens de « la Convocation »). C’est plutôt un suite de petits tableaux, chacun d’entre eux brossé avec beaucoup de minutie. Le style adopté, par phrases très brèves, ou paragraphes courts se prête magnifiquement à ce genre de tableaux. Mais il y a d’autres histoires qui se coupent et se déroulent dans le livre, ou dont on retrouve les personnages. Ainsi les pécheurs ou l’histoire du ferblantier. « Le huitième jour, Dieu n’a gardé d’Eve et d’Adam qu’une touffe de cheveux. Il en a fait la volaille. Et le neuvième jour, Dieu, face au vide du monde, a fit un rot. Il en a fait la bière »

Au final, c’est sans doute des trois, le livre le plus élaboré. C’est sans doute aussi un style bref, incisif, qui change des romans traditionnels. « En août, dans cette ville, il y a des jours où le soleil est un potiron épluché » Est ce que cela « révolutionne » le genre ? Sûrement pas au sens de Joyce ou même de Lobo Antunes (qui n’a pas eu le Nobel, donné cette année là à Saramago). Pas non plus de la classe de Orhan Pamuk pour ce qui est de dénoncer la torture (ou du moins cela est fait dans un registre très différent, et tout aussi intéressant). Il fut donc espérer que ce prix accélèrera la traduction des autres œuvres de HM.



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Le renard était déjà le chasseur

Je ne sais pas si c'est le confinement qui me tape sur le système ou non mais là, franchement, je n'ai plus la patience avec ce roman. J'en suis presque à la moitié et je n'ai plus vraiment envie de lire. Il est pourtant court.

Et c'était pourtant bien parti, car j'aime les auteurs qui ont une écriture bien à eux et là, il est évident que c'est le cas. Au départ je me suis dit "c'est original, poétique", puis de moins en moins, puis plus du tout.

C'est un récit qui ressemble à un long poème en prose. J'ai déjà lu des romans poétiques que j'ai appréciés mais là, c'est un long poème en prose très hermétique. Bien sûr on finit par comprendre les phrases, mais quand il faut en relire une sur trois deux fois de suite, ça devient énervant. C'est très descriptif, avec des phrases courtes et tranchantes. Remplies de comparaisons et métaphores parfois naïves. Comme si les habitants ne pouvaient que décrire leur vie qu'ils subissent, sans pouvoir avoir un regard réflexif dessus, simplement la décrire, sans pouvoir vraiment réfléchir, englués qu'ils sont dans une vie de misère et de peur. La moindre chose prend donc une résonance poétique car ils n'ont justement pas grand chose pour vivre heureux. À ce titre, je comprends ce style, il transmet une ambiance difficile et pesante, celle de la vie sous Ceausescu.

Mais au bout d'un moment, c'est franchement éreintant pour le lecteur et ça frise l'exercice de style pur. Et l'intrigue n'a toujours pas commencé vers la moitié du roman, et l'on se perd dans les nombreux personnages. Alors non, je n'ai plus la patience. Peut-être une autre fois qui sait ?
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