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Critiques de Herta Müller (153)
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La bascule du souffle

J'ai toujours un peu de mal à me souvenir qu'avant la seconde guerre, les pays n'étaient pas habités que de nationaux. Les Allemands étaient répartis sur différents pays dont la Roumanie, pays qui s'associa à Hitler. Quand la guerre fut terminée, la Roumanie étaient du mauvais côté du manche et tomba dans l'escarcelle de l'URSS. Pays traitre , les Allemands de Roumanie- traitres parmi les traitres- devaient payer.



Le régime soviétique et son grand chef ont fait ce qu'ils savaient faire très bien, des camps de travail forcé. Des camps, encore des camps, des prisonniers, usés,exploités, sous-nourris ,malades ....de quoi a été fait l'essor de l'URSS....



L'auteur nous offre, dans une très belle écriture, le témoignage d'un jeune homme, qui au travers de courts chapitres, dévoile la réalité, la misère, la petitesse et la dureté de ces années de camp.
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La convocation

Roman haletant, pourtant, sans action: c'est justement cela qui tient en haleine, la répétition d'une convocation sans objet, purement bureaucratique, sous la dictature de Ceausescu. Herta Müller décrit merveilleusement l'angoisse de la protagoniste.
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La bascule du souffle

«  Tout ce que j’ai , je le porte sur moi ».

«  Je sais que tu reviendras. »

Deux extraits de ce récit sombre qui évoque le quotidien de Léopold , jeune roumain germanophone , 17 ans, soupçonné avec ses parents d’avoir soutenu l’Allemagne nazie pendant la guerre.



«  Ma mère et surtout mon père croyaient à la beauté des nattes blondes et des chaussettes blanches, au rectangle noir de de la moustache d’Hitler..... ».



Il a préparé sa petite valise , des affaires chaudes, quelques livres.

Il reçoit les mots de sa grand - mère , évoqués plus haut, comme un viatique ...



Construit à l’aide de chapitres très courts ce récit nous conte le quotidien terrifiant de ces années de froid , de faim, de découragement qui tuent au sein de ce camp de travail en Russie..

L’auteure dans un style très particulier:

marquant , à la fois poétique et réaliste , son écriture ciselée , sèche, puissante , maîtrisée et surprenante , ses images symboliques fortes donne corps à l’usine de charbon, la cimenterie , la tuilerie ,la coke, les terrils, la toxicité des substances chimiques, les travaux forcés , le combat de chaque jour , la sous alimentation, le piège du pain, la faim inexorable qui ne lâche pas prise, les rêves éveillés , la faculté de transcender le réel, l’illuminer de l’intérieur , «  La faim voyage dans le corps d’un ange » , le corps qui réclame, l’esprit qui déraille parfois , les parasites, les maladies consécutives à la faim.:

«  Dépendance aux substances chimiques : Je me convainquais de l’existence de rues odorantes’, ce qui était agréable, c’était d’avoir des «  Mots » pour y échapper , comme il y avait des Mots de la faim ou de la nourriture , à la fois , une nécessité et une torture ... »

C’est une narration subtile à portée universelle qui décrit de façon magistrale , par la force de son écriture si singulière une horreur de notre histoire, celle de la condition humaine , jusqu’où peut aller l’horreur ...



«  Mon crâne est un terrain , celui d’un camp , je ne peux pas en parler autrement .Impossible de se protéger , que ce soit par le silence , ou le récit.

On pourrait dire : «  J’y ai été » .

«  Mon retour à la maison est un bonheur rabougri, une toupie de survie ... »

On lit ce livre , on reste sans voix, le souffle coupé...



Je l’avais déjà lu en 2010, sans en mesurer la portée ...ni la magie du style.



A ne pas lire peut - être en cette période festive ....



La première de couverture est jolie et le titre de même .

Pas facile de commenter un tel livre.....





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La convocation

Nous sommes en Roumanie, pendant la dictature communiste de Ceausescu. Une jeune femme, la narratrice, monte dans un tramway. Pour la énième fois, elle est convoquée par la police politique. Elle rêvait de partir à l'Ouest et de trouver un homme qui l'y emmènerait. Comme elle travaillait dans une usine de confection, elle a glissé, dans les poches des pantalons destinés à l'exportation vers l'Italie, des bouts de papier avec le message "Ti aspetto" (je t'attends), comme des SOS dans des bouteilles à la mer. Dénoncée par un collègue, elle a perdu son travail et gagné le droit d'être harcelée par la Securitate, qui la convoque sans cesse pour des interrogatoires aussi absurdes qu'inquiétants. Dans le tramway, angoissée, elle laisse dériver son esprit pour se protéger de ce qui l'attend "à 10 heures précises". Dans un flux de conscience chaotique, ses pensées vagabondent entre passé et présent : son enfance, l'échec de son premier mariage, sa rencontre avec Paul qui noie son mal de vivre dans l'alcool, son amie Lilly abattue alors qu'elle tentait de passer la frontière. Une litanie de pensées sombres et morbides, et des petits rituels pour conjurer le sort se mélangent peu à peu en une sorte de prière incantatoire. Elle s'accroche au passé pour former un rempart de souvenirs et résister à un futur sans avenir, mais la peur est telle qu'elle attire la folie comme un vautour...

L'auteure (Prix Nobel de littérature 2009) a voulu montrer l'emprisonnement des corps et des esprits dans un pays fermé et une pensée unique, l'oppression, la répression et la dépression qui en résulte, les trahisons, les manipulations et l'instrumentalisation des êtres dépossédés d'eux-mêmes.

Le thème est respectable et légitime, et ça me gêne donc un peu de dire que j'ai trouvé ce livre terriblement ennuyeux. J'ai rarement dû m'accrocher autant pour arriver au bout, à cause du personnage principal au caractère fade et inconséquent, et surtout à cause de la narration décousue (même si elle reflète sans doute parfaitement l'état d'esprit de la narratrice), lourde, onirique, malsaine (les comportements des femmes vis-à-vis des hommes m'ont laissée perplexe). On ne me reprendra plus à répondre aux convocations à lire Herta Müller...
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La bascule du souffle

Un récit poétique, très bien écrit, mais beaucoup trop abstrait pour moi! J’aurais aimé en savoir plus sur la façon dont ces hommes ont vécu dans le camp.
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Le renard était déjà le chasseur

Le choc des mots, la roumanie de caucescu mais pas de politique, les gens, les lieux, l'Ambiance, noir austère, grise, la misère, tout ceci décrit par des tableaux visuels et émotionnels, ou du moins non il n'y a plus d'émotion. Ecriture magnifique, un tout petit livre d'une grande puissance. Lisez le
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Tous les chats sautent à leur façon

Avec cette série d'entretiens Herta Muller revient sur sa vie et son œuvre. Des paysages de l'enfance aux journées bornées aux travaux domestiques et agricoles à l'hostilité du climat elle se livre avec délicatesse. Si tout commence plus ou moins par une fascination pour les plantes, qu'elle étudie en autodidacte, très vite l'écriture entre dans le quotidien de la jeune fille. Son enfance en Roumanie, sous la dictature, va laisser de nombreuses traces et déterminer son comportement pour toujours. Les notions de solitude et d'angoisse qui lui pèsent alors ne la quitteront jamais... Herta Muller, habituée à s'autocensurer en permanence, commence à écrire pour oublier l'usine, son village natal, la maladie de son père et la surveillance constante des services secrets. Entre les interrogatoires, les accusations farfelues et les arrestations arbitraires la jeune femme se sait surveillée, mais n'imagine pas alors que des micros ont été installés dans son propre domicile. Son témoignage est en ce sens effarant, elle explique ainsi comment les services secrets poussaient les opposants au suicide, s'ils ne les faisaient pas disparaitre dans la nature tout bonnement. Cette surveillance constante et le culte de la personnalité voué à Ceausescu iront chez elle jusqu'à l’écœurement et la convaincront du bien fondé de sa résistance.
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La convocation

C'est l'histoire de l'héroine qui reçoit une lettre de convocation après avoir glissé un papier dans la poche d'un pantalon à son travail - d'ouvrière en couture- L'auteure nous parle de deux hommes misogynes deux supérieurs hiérarchiques, l'inégalité des sexes, des passages et messages sur la dictature. Son héroine a connu beaucoup d'enterrements dont sa meilleure amie, et son grand-père humilié et ce fameux cheval qui revient en fin de roman,

c'est un beau livre mais les flash back rendent la lecture compliquée surtout à lire dans le calme
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La convocation

On m’en avait dit du bien. J’en ai retenu et éprouvé des images glauques, angoissantes, et stressantes. De la tristesse et une envie moi aussi de fuir cette vie et cette histoire m’ont fait refermé le livre avant la fin. Une belle écriture mais l’histoire est trop dure pour moi.

La narratrice, roumaine sous le régime de Ceausescu, subit des convocations à répétitions par un inspecteur de Police. Depuis qu’elle a glissé un petit papier « SOS » dans la doublure d’un vêtement de luxe pour l’Italie, elle ne sait pas quel sera le jour de la nouvelle convocation. Elle craint les manipulations du commissaire. Elle angoisse de le voir s’amuser avec elle comme d’un objet dont il a le pouvoir de la détruire moralement, de la toucher des ses lèvres baveuses au cours de son baisemain d’avoir une nouvelle convocation.

Elle ne se sort pas de cette vie de galères. Elle a fuit un mari et rêvait d’un mariage avec un étranger de l’ouest pour fuir le régime.

Sa meilleure amie et collègue qui lui donnait le souffle, et du bonheur dans ce régime totalitaire, s’est faite assassinée au cours de la traversée de la frontière. Son métier dans l’usine de confection n’est plus aussi supportable depuis la mort de son amie. Son patron devient de plus en plus pervers. C’est lui d’ailleurs qui l’a dénoncé. Elle ne le supporte plus. Son compagnon actuel, boit plus qu’il ne cherche du travail, ment, ne lui donne pas l’espoir de se sortir de cette vie triste, angoissante. Les décors, les situations sont glauques et ne permettent pas de fuir pour nous n’ont plus.

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La bascule du souffle

Janvier 1945, Léopold a 17 ans lorsqu’il lit son nom sur la liste. Celle des roumains d’origine allemande qui sont condamnés par les russes à aller dans un camp de travail. Pour combien de temps ? Nul ne le sait.

Son crime et celui de ses codétenus : être allemands et donc voir soutenu Hitler. La Roumanie vient de capituler et, en attendant la fin de la guerre, est « sous autorité » russe.

Léopold ne se révolte pas et semble « presque » content de quitter son environnement familial (il est homosexuel et doit se cacher en permanence de sa famille et de tous : être homosexuel en Roumanie en 1945 est puni de mort alors être déporté dans un camp russe lui semble bien peu de chose…)

Pendant cinq ans, il va rester dans ce camp de travail.

Ce livre est dur, mais aussi très poétique.

Heureusement, l’histoire nous est racontée par Léopold 60 ans après : on sait donc qu’il a survécu à ces 5 années horribles où la faim est permanente, le travail harassant , les hivers glaciaux et les étés étouffants.

L’écriture d’Herta Muller est tout simplement somptueuse et réussit à transcender le sort de Léopold…et des autres …

Il s’agit à travers les yeux de Léopold de s’accrocher à la vie : Le camp n’est pas un camp « fermé » mais perdu dans la steppe, au milieu de nulle part : toute évasion à pied est impossible. Les « internés » peuvent aller mendier au village voisin ou troquer un peu de charbon contre de la nourriture.

Léopold y rencontre une vieille dame qui lui offre un joli mouchoir blanc (à lui l’ennemi) : elle a cru voir son fils (déporté en Sibérie).

Les chapitres sont courts, oscillant entre menus faits du camp et réflexions sur les changements provoqués par la vie du camp : Léopold s’émerveille d’un rien : un outil, « une pelle en forme de cœur », son travail à la mine « chaque tranche est une œuvre d’art », L’ »ange de la faim » revient harceler Léo, encore et encore. La faim dépouille cette misérable assemblée de toute humanité…

Leo sera libéré mais devenu un étranger parmi les siens (et pas vraiment libre puisque être homosexuel reste passible de la peine de mort…)
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La bascule du souffle

Quoi ajouter à la critique précédente.

Un style très poétique pour découvrir l'hoeeur de la vie dans les camps de déportés.

Le héros de ce roman trouve refuge dans la poésie la contemplation de la nature et devient philosophe aucune haine.

J'ai beaucoup aimé la façon de nommer les sentiments les choses avec des noms se rapprochant de l'humain

J'espère ne jamais faire connaissance avec "l'ange de la faim"
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L'homme est un grand faisan sur terre

J'espère que le jury Nobel n'a pas choisi Herta Müller juste parce qu'elle représentait une minorité opprimée. Comme dans plusieurs de ses livres, elle décrit ici l'exil, et surtout l'attente de l'exil, dans une communauté germanophone en Roumanie.

Décrit ? Il s'agit d'une évocation, dans une prose poétique et surréaliste, entremêlée de moments d'une crudité difficile à supporter.

La situation de ces familles sous le régime de Ceaucescu, sous la corruption et les abus de pouvoir de l'administration et de l'église, l'exil comme seule solution, les souvenirs de guerre, les rancunes accumulées (justifiées ou non), les superstitions résiduelles, mais aussi des visions inexplicables, des images incompréhensibles... La prose d'Herta Müller est tout le contraire de ma phrase précédente. Tout est dit sèchement. En des phrases courtes. Sans sentiments. Avec des répétitions. Mais aussi des fulgurances.



Un livre extraordinaire par le style et par les images, qui coupe le souffle, à la limite de l’écœurement par moments, et avec des moments qui me sont restés hermétiques mais que j'ai admirés. Vraiment une expérience (dure pour moi dans un moment difficile) choquante mais stupéfiante ; chacun décidera s'il tente l'aventure, je ne regrette pas du tout d'avoir embarqué.
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Tous les chats sautent à leur façon

"Tous les chats sautent à leur façon" montre comment l’œuvre de Herta Müller se nourrit de l’existence réelle, de la violence infiltrée partout.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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Dépressions

Les chouettes dévorent les baisers oubliés sur les bancs



Dix neuf nouvelles dont un presque petit roman qui donne le titre de ce recueil.



La Roumanie rurale, une minorité de langue allemande, les regards lucides d’une enfant sur les mensonges et les violences, les mots contre l’oppression.



La mort, les rêves, l’eau glacée d’un bain, la haine des autres jusque dans la plus grande proximité, « Quand la nuit la peur avait chassé le sommeil », l’hypocrisie, la mort présente et cachée, « Et on dit que le dernier trépassé garde le cimetière jusqu’à la mort du suivant », les mensonges familiaux, « Les mains de mon père s’emparaient des mots du mensonge et rendaient convaincant tout ce qu’elles faisaient », les ensorcellements, le sommeil, « Le sommeil presse son odeur de renfermé sur mon visage », les grenouilles, « Je me mords les lèvres en silence pour ne pas perdre ma bouche dans la nuit », les poires, et l’obscène, « Toute la plaine est remplie de lits noirs et de poires pourries », l’homme à la boîte d’allumettes…



Un village, les expropriations nommées nationalisations, un cimetière et ce qu’au village « on appelle se reposer », l’effacement du nom du village et la simple plaque « gare », des souabes et des tziganes, des valises « pleines d’objets du foyer, pleines du quotidien », les marionnettes, « il est fadasse ton sentiment, il sent le moisi »…



La force d’une poésie abrupte, les mots d’un quotidien voilé par la violence.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Tous les chats sautent à leur façon

Ce livre est une série d’entretiens entre Herta Müller et son éditrice allemande.

Les questions sont précises, intelligentes. L’ecrivaine se raconte et décrit avec lucidité et minutie

son enfance pauvre dans la campagne roumaine

le quotidien angoissant de la minorité germanique, en pays souabe,

la peur continuelle, à Timisoara, sous la surveillance des services secrets de Ceausecu

Son arrivée douloureuse, vers 1980, en Allemagne de l’ouest.

Pas un mot de trop, pas une phrase à supprimer, dans ces dialogues profonds et réfléchis entre les deux femmes.

Un ouvrage qui, grâce au talent du prix nobel de littérature, rappelle à nous lecteurs, les heures terrifiantes et les années sombres vécues par les peuples de l’Europe de l’Est.

Un « Monde d’hier » à ne pas oublier.
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La bascule du souffle

La bascule du souffle

(Gallimard) Herta Müller 2018 Roumanie, janvier 1945. La population germanophone de Transylvanie vit dans la peur de la déportation. En effet, le régime stalinien, lancé dans sa chasse aux sorcières, décide de «faire payer » les populations qui auraient soutenu le régime nazi. La seule « faute » pour cette minorité roumaine : parler allemand.

Léopold, 17 ans, sait qu’il est sur la liste. Il prépare consciencieusement sa petite valise : des affaires chaudes, quelques livres ... Et quand la police roumaine vient le chercher, sa grand-mère lui dit « je sais que tu reviendras ». Et cette phrase l’habitera et le soutiendra tout au long de ces années de captivité.

Le roman est en fait une succession de confidences, pas réellement un journal ou un récit au jour le jour.

Pendant cinq années Léopold va endurer l’enfer : des travaux forcés, de jour comme de nuit, le froid, les parasites, les maladies liées à la sous alimentation mais aussi les travaux dans la cimenterie, le goudron, la tuilerie, le charbon ... et la faim, omniprésente dans ce roman.

Chaque jour est un combat. Il y a le corps qui réclame la nourriture, et il y a l’esprit qui déraille parfois ... Et c’est grâce à son esprit, à sa faculté à transformer le réel que Léopold s’en sortira.

Roman fort, sur un sujet terrible. De magnifiques passages à l’écriture poétique. Un récit poignant.

Citation :

« Après la douche, nous attendions debout dans le vestibule. Une fois nus, avec nos silhouettes déformées et pelées, nous avions l'air d'être du bétail de rebut. Personne n'avait honte. De quoi avoir honte, quand on n'a plus de corps. Mais c'était à cause de ce dernier que nous étions au camp, pour des travaux physiques. Moins on avait de corps, plus on était puni par lui. Cette dépouille appartenait aux Russes. »

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Tous les chats sautent à leur façon

La romancière allemande d'origine roumaine, prix Nobel 2009, retrace ses engagements, l'oppression du régime de Ceausescu, son exil dans les années 1980. Une grande leçon de résistance et de littérature.




Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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La convocation

Herta Mueller nous livre une plongée dans l'obsession, la perte des repères, la dépossession de soi.



Obsession de la personnage principale qui se rend à une énième convocation de la police politique. Perte de repères car la réalité et l'imaginaire vont se mélanger, s'entremêler. Notamment à la fin où elle mélange les lieux, les personnages... montrant l'angoisse qui monte à mesure qu'elle se rapproche du lieu de l'interrogatoire. Dépossession de soi, car elle ne saura plus qui elle est, si elle est saine d'esprit, de corps, ce qu'elle veut.



L'interrogatoire est mené par un homme qui joue au chat et à la souris avec elle, il joue le registre de la compréhension, de la séduction, des menaces. Tout cela concourt à lui faire perdre la tête. Mais il ne faut pas perdre la tête. Herta Mueller le lui fait dire à plusieurs reprises.



Elle est obnubilée par la mort de sa meilleure amie, exécutée. Ce qui lui pend au nez, à elle aussi.



Son compagnon perd pied, renvoyé de son propre boulot pour des broutilles. Elle aussi risque cela pour avoir mis quelques messages dans des pantalons qu'elle confectionne et qui partaient vers l'Italie. Et leurs connaissances sont aussi convoquées de temps à autre... c'est le régime de la terreur, qu'Herta Mueller connaît bien et qu'elle décrit simplement, à la perfection.



Le livre prend place sur le chemin de la convocation. Certain.e.s peuvent juger le livre décousu... le lecteur suit le fil des pensées de la personnage principale. Pensées angoissées, mortifères, noires... qui dénotent la persécution permanente, le lavage de cerveau, le doute de tout, et qui mélangent le passé et le futur, les vivants et les morts... en une sorte de prière pour que tout se passe bien (comme si les choses pouvaient bien se passer dans les locaux de la police politique).



C'est lourd, à sens unique, sans espoir, sans rayon de soleil, et cela m'a -quand même- gêné à la longue. Les seules échappatoires sont des variations sur la mort, finalement: alcool, suicide, folie... Cette folie qui monte petit à petit dans le cheminement des pensées de la personnage principale.
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Tous les chats sautent à leur façon

Herta Müller se livre dans "Tous les chats sautent à leur façon". Elle lève un coin du voile sur son écriture, imprégnée du passé de la Roumanie.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Tous les chats sautent à leur façon

Herta Müller se livre dans "Tous les chats sautent à leur façon". Elle lève un coin du voile sur son écriture, imprégnée du passé de la Roumanie.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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