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Critiques de Hervé Bougel (28)
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Belladone

A dix ans, le gamin qui nous confie ses craintes vit dans un univers violent, rude, et sa vie de tous les jours se décline entre les éclats avinés de son père, lorsqu’il n’est pas ivre au point de ne pouvoir se lever, ou suicidaire, et la brutalité de l’instituteur. Quant à son frère, le futur ex-champion, l’enfant devine sans en mesurer totalement la gravité que ce qui se passe la nuit, entre lui et sa jeune soeur, appartient à ce qui ne doit pas se dire.







Roman noir, qui traduit une réalité sociale des années 60, alors que s’élèvent des barres d’immeubles dont les minces parois sont moins efficaces que le silence pour cacher l’indicible.



Pas d’étiquettes sur les faits, restitués par l’enfant : alcoolisme, inceste, violences, tout cela transparaît sans être dit. Reste l’angoisse, les peurs diffuses, de celles qui créent pour l’avenir le meilleur ou le pire.



L’écriture restitue avec réalisme les confidences d’un enfant qui perçoit sans naïveté le mal qui ronge sa famille et doit malgré tout se construire sans pouvoir intervenir, démuni comme on peut l’être à cet âge.



Le récit d’une enfance volée.
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Belladone

"Il ne faut pas chanter, il ne faut pas lire, il ne faut rien dire. Je dois me taire, nous devons faire silence pour protéger des secrets connus de tous. Ça doit être ça un bon secret : chacun le connaît, personne n'en dit rien. "



Des mots qui résonnent en moi.

La fin des années 60, en juin, un garçon quittera bientôt l'école primaire pour rejoindre le collège. Dans son cartable tous les chemins de l'espoir. Et de l'espoir il lui en faudra, il lui faudra tailler ses crayons de couleur pour repeindre le gris du HLM, où derrière les cloisons grouillent les fantômes. Ils réveillent le silence de la nuit, celui qui fait battre le coeur et tordre le ventre.



Violence, alcoolisme, inceste, folie, tout cela ligoté dans une boule de secret.



Mais le garçon observe, il apprend la vie ou plutôt la vie lui apprend. Il ne se laissera pas prendre au piège. Il grandira avec ses rêves d'ailleurs, s'évadera loin de sa famille, secouera cet univers étouffant pour se donner des ailes.



L'écriture de Hervé Bougel retrace avec justesse et beaucoup de pudeur les moments douloureux, on est dans la tête du garçon, il n'a pas tous les mots mais il comprend, il ressent les ombres. Il ne peut pas encore se défendre, pourtant il s'arme déjà pour combattre, pour ne pas devenir comme ses parents, ou comme son frère, faible et violent. Il ne laissera pas la vie pencher du mauvais côté, il grimpera sans retomber.



Un roman noir qui remue et se lit d'une traite.
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Belladone

Ma dernière semaine au CM2



Dans son nouveau roman Hervé Bougel retombe en enfance. Son narrateur est à une période charnière de sa vie, il va entrer au collège et essayer de s’imaginer un avenir, même si de la fenêtre de son HLM de Voiron les perspectives ne sont pas très gaies.



Nous sommes en juin, juste avant les vacances scolaires. En cette fin des années 1960, le narrateur va quitter le CM2 pour entrer en sixième. Une perspective qui le réjouit plutôt, car il n’aime guère son instituteur, même si ce changement s’accompagne aussi de craintes. Sera-t-il à la hauteur? Conservera-t-il sa bande de copains? Et son père sera-t-il encore là pour l’accompagner? Autant de questions qui le hantent et l’angoissent, car jusqu’à présent les choses se sont plutôt mal passées. Sa famille a quitté Tullins pour s’installer au troisième étage d’un immeuble de Voiron, au pied des Alpes, car son père avait déniché un travail dans une usine à papier. Mais encore une fois ça n’a pas duré: «Il ne travaille pas, il ne travaille plus. Au fil des journées, il reste assis dans son fauteuil, face à la télévision qu’il n’allume pas. Il ne lit pas, à part son journal, Le Dauphine libéré, qu’il m'envoie acheter au bureau de tabac». Souvent aussi, une bouteille fait partie de la liste des courses. Car l’alcool est devenu le compagnon d’infortune de son père, l’alcool qui lui a fait perdre non seulement son travail, mais aussi sa dignité. Aux oreilles de son fils, le témoignage de son ami fait mal. Très mal: «Ton père, je l’ai vu remonter l’avenue Jules-Ravat un soir, il faisait froid. Il ne tenait plus sur ses jambes tellement il était soûl. Mon père à moi, il dit que c’est malheureux, que c’est un pauvre type, comme un clochard, quoi! Il paraît qu’au travail, ses copains l'ont assis dans une poubelle, un jour où il avait trop picolé, c'est pour ça qu’on l’a foutu à la porte de l'usine. Ton père, alors, c’est le Roi des Ordures.»

Et quand il joint de la belladone à son traitement, alors la peur gagne toute la famille. «Nous savons simplement que tout peut basculer, à tout instant. Notre ordinaire est fragile, suspendu. Les cris dans la nuit, les disputes, les coups échangés dans la salle à manger. Le marteau qu’il brandit un soir, l’écran de télévision fracassé: Regarde ce que j'en fais de ta saloperie de télé!

La peur, à tout instant, la peur même au sommet de la joie, quand elle survient. La peur incessante, celle qui poigne le cœur. La peur qui enserre, la peur qui réduit, la peur qui diminue la vie. La peur qui harcèle. La peur qui tord le ventre et monte à la tête.»

Hervé Bougel a parfaitement su trouver les mots, à hauteur d’enfant, pour dire ce quotidien difficile. Sa mère qui fait des repassages, sa sœur qui joue à des jeux de fille et son frère aîné qui rêve d’être champion cycliste tout en déversant sa morgue sur le petit dernier ne laissent guère de place aux rêves. Fort heureusement, il y a les copains et même une fille qui pourrait l’aimer…

Dans cette France où l’on mange le poulet aux olives en regardant La séquence du spectateur, il demeure un fragile espoir de vie meilleure. L’espoir fait vivre!




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Belladone

8 chapitres pour les 8 derniers jours de CM2 de ce garçon de Voiron, zébrés de souvenirs tous aussi sinistres les uns que les autres : l'abattoir de l'ancien voisin boucher qui jouxtait le mur du salon de l'ancienne maison, les activités nocturnes douteuses de son frère et les cris assortis de sa soeur, les pleurs de sa mère dans la nuit, les injures du père, les humiliations de camarades, de voisins, de l'instit, les coups, encore les coups, les dettes d'alcool à l'épicerie… Un tableau bien sombre, qui, s'il n'est pas dénué de style, reste peu nuancé.



Je n'ai pour ma part trouvé aucun plaisir à assister à ces humains qui se déchirent sur fond de misère sociale, sans qu'aucune lueur ne vienne redorer l'ensemble. Je n'ai pas cru au soupçon d'espoir du narrateur qui apprécie un bouquet de boutons d'or au cours d'une promenade, seule couleur dans ce livre noir... Je n'y ai pas cru parce que rien n'est fait pour que l'on ait envie, ni d'y croire, ni de rester un instant de plus avec ces gens sinistres et malheureux voire méchants. Trop de tristesse, trop de cruauté pour moi, même si le roman est bien écrit...

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Belladone

Hervé Bougel nous raconte avec beaucoup de talent, de tendresse et de pudeur huit journées douloureuses et poisseuses de la vie d'un gosse de 11 ans.

Alors que les années 70 pointent leur nez, l'histoire se déroule dans une petite ville ouvrière du Dauphiné située au débouché de la cluse de l'Isère et au pied du massif de la Chartreuse. Il est en Cours-Moyen et rentrera en septembre au collège mais bien d'autres préoccupations l'empêchent de rêver aux vacances scolaires. Quand bien même le soleil de juin tape fort, la chaleur ne parvient plus à sécher les multiples plaies familiales.



Pour s'évader, on rêvait alors des aventures des Compagnons de la Croix-Rousse de Paul-Jacques Bonzon ou, pour les plus sportifs, des beaux vélos de Jean Pinsello. Lorsqu'on le pouvait, le vélo s'était la liberté, le moyen de se frotter aux autres et d'affronter la vie. Un sport exigeant, le plus difficile sans doute. On s'imaginait remontant les routes du Vercors ou avalant les routes sinueuses des Chambarans sur des cadres Mercier ou Libéria-Reynolds, des Paletti équipés de pédaliers et d'étriers Campagnolo, de dérailleurs Duret, de roues Mavec… Nostalgie crasse de ces années où il fallait encore demander la permission aux parents pour regarder La Séquence du Spectateur ou La Une est à Vous sur la Première chaîne de l'ORTF et supporter tout en serrant les dents des refus réguliers pour d'obscures raisons.

Sont abordés les douloureux sujets de l'inceste – celui d'un frère ainé envers sa sœur - et de la faiblesse des hommes qui ne se montrent pas à la hauteur. Voici un petit roman sombre qui explore méthodiquement le dédale des chemins qui permettent de franchir le pas entre l'enfance, naïve, et l'adolescence.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération masse critique. Parfois ou souvent, le hasard fait si bien les choses !
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Belladone

Une année indéterminée. La fin des années 60, à Voiron en Isère. Le narrateur a 10 ans. Le texte aéré, couplé à une écriture vive et acérée, compte huit chapitres correspondant chacun à une journée : du dimanche 24 juin au dimanche 1er juillet. Le récit s’étend ainsi sur une semaine, pendant les derniers jours de l’année scolaire et au tout début des « grandes vacances ».

L’été. Sa lumière, sa chaleur. La belle saison, synonyme d’insouciance, à plus forte raison quand on est si jeune. Dans cette histoire, le gamin ne craint pas les morsures du soleil. Il les espère même car il est maigrichon et ses « os ont besoin de ce feu ».

Le découpage chronologique étaye un crescendo de sensations avec en filigrane un voyage à fleur d’émotion dans les méandres des souvenirs.

Tout commence en douceur dans l’innocence de jeux d’enfants, gars et filles mélangés, en bas d’un immeuble en béton, fleur d’HLM poussée dans la verdure – verdure façon de parler, le gazon est déjà grillé – et les airs un rien bravache que les garçons cherchent toujours à se donner.

Mais pour ce garçon de 10 ans, l’été a-t-il vraiment commencé ? Alors que la cloche de l’école primaire (non mixte) va bientôt sonner la fin de la classe, on assiste à son quotidien. Et bien vite, émerge la certitude que, pour certains, l’enfance n’a rien d’un plat pays.



Aux yeux de tous, ce jeune garçon est le fils du poivrot. Un père alcoolique, revenu de tout pour qui « apprendre la vie » est une obsession alors qu’il n’a de cesse de vouloir se l’ôter. Une mère qui trime pour subvenir aux besoins de la famille mais par ailleurs incapable de combler les manques affectifs de ses enfants.

De plus, le gamin grandit aux côtés de Lucien, un grand frère violent, féru de boxe et de cyclisme, et d’une sœur, Brigitte, qui, nuit après nuit, sert de jouet sexuel à l’aîné. Dans l’indifférence et le déni. Avec les moyens psychologiques que lui permettent son âge, le gamin réussit néanmoins à comprendre ce qui se trame. Or l’omerta est la règle et le silence oppressant. « C’est ce qui fait peur : le silence de mon père durant la journée, le bruit des autres pendant la nuit. Ça nous enferme dans le vide. »



L’avenir :



La perspective de son entrée en sixième apporte toutefois une étincelle d’espoir. Au collège, une nouvelle vie se profile. Ce serait en effet un moyen d’échapper à un décor qui n’a rien d’affriolant. « La maison n’est pas belle, la maison n’est pas propre, la maison n’est pas rangée. » De surcroît comme la serrure est cassée, vestige d’un mémorable excès de boisson du père, depuis, la porte est bloquée avec un bout de carton replié. Mais « ça tient. » Tant bien que mal et plutôt mal que bien, probablement. En tout cas le tableau restitue au mieux l’ambiance de ce foyer cabossé.



Si l’on n’a qu’une vie, par la force des choses, on n’a aussi qu’une seule enfance. Qui marque à tout jamais. Il n’y a plus qu’à souhaiter au jeune narrateur que ce lourd passé ne condamne pas définitivement l’avenir.


Lien : http://scambiculturali.over-..
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Belladone

Les années 60 sont à leur crépuscule, la fin de l'année scolaire approche. Bientôt l'entrée en 6ème. le narrateur l'aborde comme un espoir de renaissance. Peut-être qu'au collège, il ne sera plus le rejeton de l'alcoolique qui ne tient pas debout pour rentrer chez lui. Tandis qu'il rêve d'avenir et d'indépendance, nous découvrons sa vie.



L'appartement sale dans lequel il vit et qui lui colle la honte. Son père, certes porté sur la boisson, oppressant, mais qui ne supporte pas sa déchéance, dépressif, complètement à bout de souffle. Son grand frère, passionné de cyclisme dans lequel il voit une porte de sortie, tyran invétéré, pervers tout puissant. Sa soeur, étouffée par une chappe de silence imposée à coups de gifles. Sa mère, autoritaire, téméraire, qui tient ce petit monde à bout de bras en travaillant d'arrache-pied mais qui n'a pas un grain de bon sens. Et lui, petit bonhomme sensible qui absorbe les malheurs de chacun comme une éponge, à la fois lucide et refusant de l'être, tentant de se rassurer comme il peut, quitte à se persuader d'autres réalités. Il semble progresser en apnée, profite des éclaircies pour absorber l'air nécessaire à sa survie.



Il n'a qu'une vie, qu'une famille, à quoi d'autre se raccrocher? Alors il songe à ce petit garçon dans le coma, non loin de chez lui, qui a perdu tous les siens dans un accident. Ce frère de coeur et d'âge qui s'ignore, qui ne connait même pas son existence, mais qui occupe ses pensées parce qu'il faut bien trouver des raisons d'avancer.



Hervé Bougel a su trouver le ton juste, le ton de l'enfance qui sort de la naïveté et s'inquiète de son avenir, qui ressent le besoin de sa famille autant que celui de la fuir. Un endroit très particulier où les angoisses n'ont pas de hiérarchie, où la réalité est brouillée par les choses auxquelles on voudrait croire. C'est à la fois un anti roman feel good mais aussi un anti roman d'apprentissage. le père parle d'ailleurs souvent d' "apprendre la vie", ce qui laisse tout le monde bien dubitatif. L'auteur nous offre un roman taillé dans le vif dans lequel il s'agit surtout de se débattre avec les mauvaises cartes qui nous sont données. De fait, un quotidien bien réel pour beaucoup de personnes.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.
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Tombeau pour Luis Ocaña

Petit livre, vite lu, même pas cent pages, et certaines de quelques lignes seulement, 71 chapitres. Bref, un vrai parti pris artistique et littéraire.



Et ce parti pris peut déranger. Évidemment, ce qui m'intéressait dans cet ouvrage c'était le nom de Luis Ocana (excusez l'absence de la tilda), un grand cycliste des années '70, vainqueur du Tour de France et surtout grand rival d'Eddy Merckx.



Le jour de sa mort, tragique, Luis reconstruit par petites touches, les éléments de sa vie. Point de biographie, mais des compositions, des impressions, une lumière poétique qui éclaire le bonhomme, qui le donne à voir sous un jour particulier. On aperçoit sa jeunesse, sa gloire et sa vieillesse.



Il est assez difficile d'accrocher à cette écriture. Les mots se succèdent, les phrases sont travaillées, mais le lecteur n'est pas transporté. On aimerait en savoir plus, que le fond de l'homme apparaisse, que ce qui en fait un champion, un être hors norme soit révélé.



Bref, en dépit des qualités évidentes de ce texte, je n'ai pas ressenti l'émotion vécue lors de la lecture de "Courir" d'Echenoz, ni, dans un genre différent, lors de la lecture des chroniques journalistiques d'Antoine Blondin.



Toutefois, je remercie les éditions de la table ronde et Babélio pour ce livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Belladone

L'enfance, fin des années soixante,  au début de l'été. Mais pas celle de l'insouciance des jours sans fin, des jeux entre amis et des joyeuses réunions familiales,  non.

Celle du HLM, où l'on rentre le dimanche midi après des jeux avec la frangine au bas de l'immeuble, pour trouver son père encore couché, abruti par une tentative de suicide, si ce n'est par l'alcool, le réalisme sec de la mère, qui tient le ménage à bout de bras en travaillant à l'usine, Lucien, le frère aîné, mécano, fan de vélo, jovial la journée, qui brutalise sa sœur la nuit.

La peur, chevillée au corps, compagne de chaque instant, face au despotisme alcoolisé du père, ou qui se heurte aux silences nocturnes du foyer, troublés par les pleurs de la sœur, malmenée par Lucien.

Quand on est intelligent,  chez les prolos, la souffrance se dissimule, car on n'est accepté ni par l'extérieur, ni par les siens.

Pour échapper à cela, puisque le silence est la règle, il n'y a que la possibilité de grandir, l'espoir de ne plus être catalogué comme le fils de l'ivrogne, à la prochaine rentrée au Collège.



Hervé Bougel a la force de rendre ses personnages tellement vivants et de nous émouvoir à ne pouvoir les aider.

Un livre dur, noir, qui se termine en serrant les dents, face à cette misère sociale, rehaussée de cruauté. Touchant aussi, car vu à hauteur d'enfant, et habillé d'espoirs, malheureusement vite bafoués. Petit, avec ses 144 pages, mais costaud!

Merci #netgalleyfrance pour l'envoi de ce roman !


Lien : https://instagram.com/danygi..
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Clandestine

Tout d'abord, un grand merci à masse critique et aux éditions le Réalgar pour l'envoi de cet ouvrage ! Je découvre cette maison d'édition et vraiment j'adore le format, très particulier, qui tient dans la poche arrière de mon pantalon ; la qualité et le grammage du papier ; le texte aéré. C'est un format idéal pour une lecture rapide, salles d'attente, trajets, une lecture sans encombrement (dans tous les sens du terme).

Pour en venir à ce texte, que je ne saurai qualifier, ni roman, ni nouvelle, il nousplonge dans les tourments d'un homme qui n'a su éviter (mais le voulait-il vraiment ?) le suicide d'une de ses collègues de boulot. Cette mort le hante, jusqu'à ce qu'un beau jour de juin il se décide, plusieurs années après, à se rendre sur sa tombe. Le lecteur oscille donc entre ses souvenirs de l'époque où Patricia était vivante, et le temps présent avec la rencontre du narrateur et des parents de la défunte. Le texte est trop court pour qu'on s'attache aux personnages, nous ne sommes ni dans l'empathie ni même dans la compréhension "profonde" du narrateur ou de cette Patricia. Nous avons juste cette parenthèse de vie, ce cheminement qu'il faut faire pour tourner une page, peut être se pardonner, passer à autre chose.

Le style est poétique, la syntaxe est maîtrisée, c'est la construction du récit qui me pose plus problème. J'ai plus eu l'impression d'un témoignage ou d'un texte exorciste que d'un texte purement littéraire qui donnerait au lecteur quelque chose à réfléchir et à digérer. Mais cela donne envie de découvrir d'autres œuvres de l'auteur !
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Belladone

Fin des années 60, la petite ville de Voiron abrite son lot de HLM. Un petit garçon y observe sa famille et leurs problématiques. Son père est alcoolique et avale des boîtes entières de Belladone, sa mère est peu aimante et froide, son frère aîné est violent et pervers, quant à sa petite sœur, le mutisme est devenu son maître-mot. Cet univers est étouffant, comment grandir dignement dans cette spirale destructrice ?



J’ai été intriguée par ce roman assez rapidement. Premièrement car le sujet m’intéresse, et deuxièmement car j’apprécie particulièrement les intrigues qui se passent dans les années 60. J’éprouve pour ces années-là l’étrange nostalgie d’une époque jamais vécue. Particulièrement quand cela se passe l’été. Ici, ce fût immédiat. Très psychologique, ce roman fait évoluer le narrateur dans un milieu malsain où il est impossible de se référer à un modèle parental ou fraternel pour grandir. Sa solitude est omniprésente malgré ses quelques copains. Incapable de se lâcher réellement et très nerveux, ses pensées fusent autour de sempiternelles questionnements sur la mort.



Existence miroir de l’auteur, c’est avec beaucoup de justesse que les deux voix se rencontrent pour se demander à l’unisson : comment se construire alors ? Ce petit garçon semble être réduit à l’observation plus qu’à la parole. Il immerge totalement son lecteur dans son existence meurtrie par la pauvreté, un appartement sordide, une honte persistante et l’inceste. Mitigé entre l’envie de vivre une vie de famille épanouie et fuir, le personnage touche grâce à une écriture très portée sur les émotions. Indéniablement, ce récit pudique et très sombre est marqué par la fièvre d’une naïveté enfantine avortée. Il faut s’accrocher.
Lien : https://troublebibliomane.fr..
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Belladone

Un récit noir , violent , empli de pudeur également et représentatif de ce que nos sociétés nomment pudiquement le quart-monde. Un père alcoolique et dépressif , une mère qui se tue à la tâche , un relent d'inceste entre le grand frère et la petite soeur et le narrateur un presque ado et plus tout à fait un gamin qui traine son mal-être entre l'école et l'appartement sordide . Un récit teinté d'espoir malgré même si il est ténu . Un récit qui se passe dans les années 60 mais qui à quelques détails prêts est à l'image de beaucoup de nos concitoyens malheureusement .

Une lecture bouleversante .
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Tombeau pour Luis Ocaña

Ça n'est surtout pas une biographie, et il faut connaître un peu le Tour et l'histoire d'Ocaña pour s'y retrouver [et, honnêtement, je n'ai sans doute pas tout compris ^^].

Le parti-pris le plus intéressant de ce livre, c'est celui qui consiste à s'intéresser davantage aux chutes qu'à la gloire. Le Tour 1973 est esquissé, mais c'est le combat presque à mort de 1971 entre Luis Ocaña et le Cannibale qui est le plus travaillé. Mais ce livre, c'est aussi la chute d'un immense champion un peu solitaire qui voit ses forces se réduire juste avant son suicide.



71 courts chapitres, 71 souvenirs dans le désordre, ce qui provoque une incontestable difficulté pour se repérer, mais c'est aussi ce qui permet de se laisser porter par l'écriture, évidemment très marquée par Albert Londres (dont il reprend notamment l'expression de forçats de la route).



Sans me dire qu'il s'agit là d'un très grand livre, j'ai vraiment hâte de savoir comment ce texte va grandir en moi. Je pense qu'il faut vraiment lui laisser du temps de maturation, le relire quelques fois, avant de vraiment apprécier jusqu'au bout :-)
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Tombeau pour Luis Ocaña

Jeudi 19 mai 1994. Luis Ocaňa s'apprête à prendre son dernier départ. Il va s'échapper définitivement, d'un coup de pistolet. En ces instants terribles, Hervé Bougel imagine les images qui lui ont peut-être traversé l'esprit ainsi que les sensations et émotions associées. Via de très brefs chapitres, le lecteur dans l'âme du coureur cycliste espagnol qui a voulu vaincre l'ogre Eddy Merckx, celui que l'on surnommait « Le Cannibale » tant son appétit de victoire semblait insatiable.



Insatiable, insatisfait, Ocaňa le fut aussi ; Hervé Bougel nous le dépeint comme tel, brûlant du désir de prouver sa valeur, de porter un grand coup, de laisser une trace. Tout cela il l'a accompli, avec courage, passion, déraison, folie, et malchance aussi. Sa terrible chute dans l'orage qui, le 12 juillet 1971, est au centre de son drame : ce soir-là, il doit abandonner face au Cannibale alors qu'il l'a dominé comme peu de coureurs de l'époque peuvent prétendre avoir simplement tenté de le faire.



Ce livre est très intéressant ; Hervé Bougel relate en filigranes quelques épisodes de la vie d'un homme, qui fut un champion. Lyrisme et retenue s'entremêlent au fil des quelque 71 « chapitres » : le lecteur entend Ocaňa ; il le « ressent ». Et il a mal pour lui, au moment où la dernière ligne arrive.



Merci aux Éditions La Table Ronde ainsi qu'à Babelio.
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Belladone

Voiron, petite ville maussade des Alpes, la dernière semaine d'école déploie son rituel fade. Une famille occupe un appartement d'une tour HLM où personne ne vient, hormis le médecin quand le père a avalé tous les cachets de Belladone lors d'une xième tentative de suicide. Le reste du temps, il fume des clopes à la suite les unes des autres ou écluse des bouteilles d’alcool, vautré dans le fauteuil, les orteils en éventail. Difficile pour la famille de vivre avec un poivrot. Tous en souffrent mais se taisent. Un drame moderne sur la désolation, l’enfermement et l’addiction avec en mire un avenir meilleur pour une partie des gosses. Un livre dur comme un coup de poing, qui parle d’une addiction, de la misère mais également de la violence intrafamiliale, des hurlements, des pleurs et des cous qui partent tous azimuts.
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Belladone

Contre le déterminisme social, le poète Hervé Bougel signe un roman ramassé, sur l'os, contre la mécanique du secret et les cicatrices de l'enfance malmenée. Avec la peur et la honte qui le tiennent, le petit dernier recompte les mauvais jours, trop nombreux. Ici, on n'élève pas les enfants, on les dresse, avec des gifles pour tuer les mots. Peut-on vivre sans les parents? Comment s'échapper? Apprendre la vie ce n'est pas apprendre à vivre. Un livre dur et poignant qui fait l’effet d’un cri.
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Belladone

Noir c'est noir

Il n'y a plus d'espoir

Oui gris c'est gris

Et c'est fini, oh, oh, oh, oh

Ça me rend fou j'ai cru à ton amour

Et je perds tout

Je suis dans le noir

J'ai du mal à croire

Au gris de l'ennui

Et je te crie, oh, oh, oh, oh

Je ferai tout pour sauver notre amour

Tout jusqu'au bout



Si un mot peut tout changer je le trouverai

Il ne faut plus en douter, il faut essayer

Noir c'est noir.

J. Halliday



Une histoire très triste qui m'a fait penser à cette chanson...
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Belladone

Hervé Bougel nous offre un roman noir d’une grande sensibilité, écrit au cordeau, qui nous transporte en l’espace de quelques jours au milieu de cette vie tellement sombre que même le soleil brûlant de cet été caniculaire a bien du mal à trouver sa place.



Difficile de croire en l’avenir en grandissant dans un climat familial si torturé, et pourtant encore aujourd’hui de nombreux enfants connaissent une enfance similaire.



Impossible de ne pas être touché par ce court roman, cette écriture poétique, cette histoire dramatique qui nous donne envie de prendre cet enfant par la main pour l’emmener là où la joie illuminera enfin sa vie.



Un roman bouleversant qui vous mettra le cœur en miette.



Ma chronique complète sur mon blog Dealerdeligne sur WordPress via le lien ci-dessous :
Lien : https://dealerdeligne.wordpr..
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Travails suivi de Arrache-les-Carreaux

Plongée poétique dans le milieu ouvrier des années 70-80-90. On y parle de conditions, de fer, d'errance, de labeur, de technique, de personnages, de rencontres, de tranches de vie et de tronches de l'emploi. C'est riche, très rythmé, vraiment bien mené. Qui a dit que la poésie était nécessairement déconnectée de la réalité ?
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Belladone





Hervé Bougel nous conte ici peut être son enfance (spéculation de ma part, nulle part il en est question)à la fin des années soixante. On suit le narrateur, un jeune de garçon de 10-11ans, sur un temps très court de quelques jours, les derniers de son année scolaire de CM2. Des sauts dans le temps nous dévoilent un passé qui n’a pas toujours été malheureux, mais nous fait entrevoir un avenir, une vie adulte bien morne. Cet enfant nous montre l'influence que peut avoir notre enfance sur nos choix (ou les non-choix) de notre vie d’adulte. Qui plus est quand cette enfance a été maltraitée, insécurisante, violente. Certaines scènes sont assez éloquentes de pudeur et de tristesse. J’ai été très rapidement en empathie avec ce garçon que j’ai eu plusieurs fois envie de câliner, de rassurer.



Le roman aborde différents thèmes tel que l’enfance bien entendu, la fraternité, la jeunesse, l’innocence, mais aussi la dépression, l’alcoolisme, la violence verbale et physique, la misère sociale et intellectuelle.



C’est un court roman, extrêmement bien écrit, qui nous parle d’une époque révolue, mais qui aborde des thèmes on ne peut plus actuels.



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