Citations de Honoré de Balzac (6961)
Dans un coin, près d’une des fenêtres donnant sur la galerie, sombre, l’œil fixe, les membres immobiles, le prince offrait une horrible image du désespoir.
— Ce fou, dit en français le médecin à Vendramin, ne sait pas ce qu’il veut ! Il se rencontre au monde un homme qui peut séparer une Massimilla Doni de toute la création, en la possédant dans le ciel, au milieu des pompes idéales qu’aucune puissance ne peut réaliser ici-bas. Il peut voir sa maîtresse toujours sublime et pure, toujours entendre en lui-même ce que nous venons d’écouter au bord de la mer, toujours vivre sous le feu de deux yeux [...] et cet homme n’aspire qu’à barbouiller cette poésie ! Par mon ministère, il réunira son amour sensuel et son amour céleste dans cette seule femme ! Enfin il fera comme nous tous, il aura une maîtresse. Il possédait une divinité, il en veut faire une femelle ! Je vous le dis, monsieur, il abdique le ciel. Je ne réponds pas que plus tard il ne meure de désespoir. O figures féminines, finement découpées par un ovale pur et lumineux, qui rappelez les créations où l’art a lutté victorieusement avec la nature ! Pieds divins qui ne pouvez marcher, tailles sveltes qu’un souffle terrestre briserait, formes élancées qui ne concevront jamais, vierges entrevues par nous au sortir de l’enfance, admirées en secret, adorées sans espoir, enveloppées des rayons de quelque désir infatigable, vous qu’on ne revoit plus, mais dont le sourire domine toute notre existence, quel pourceau d’Epicure a jamais voulu vous plonger dans la fange de la terre !
L'égalité peut être un droit, mais aucune puissance humaine ne saurait la convertir en fait.
La bêtise a deux manières d'être : elle se tait ou elle parle. La bêtise muette est supportable.
En examinant les hommes, il devina souvent que le courage était de la témérité ; la prudence, une poltronnerie ; la générosité, finesse ; la justice, un crime ; la délicatesse, une niaiserie ; la probité, une organisation : et, par une singulière fatalité, il s'aperçut que les gens vraiment probes, délicats, justes, généreux, prudents et courageux, n'obtenaient aucune considération parmi les hommes.
- L'influence et le pouvoir du journal n'est qu'à son aurore, dit Finot, le journalisme est dans l'enfance, il grandira. Tout, dans dix ans d'ici, sera soumis à la publicité. (...)
- Elle flétrira tout, dit Blondet. (...)
- Elle fera des rois, dit Lousteau. (...)
- Aussi, dit Blondet, si la Presse n'existait point, faudrait-il ne pas l'inventer ; mais la voilà, nous en vivons.
Il est dans la nature de l’homme de se défier de ce qu’on le supplie de faire quand la chose demandée est contre ses intérêts ou contre son devoir, souvent même quand elle lui est indifférente.
Troisième partie : Où mènent les mauvais chemins.
Il y a des femmes qui aiment l'homme déjà choisi par une autre, comme il y a de pauvres bourgeoises qui en prenant nos chapeaux, espèrent avoir nos manières. Vous aurez des succès. À Paris le succès est tout, c'est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l'esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez ce qu'est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns ni parmi les autres. Je vous donne mon nom comme un fil d'Ariane pour entrer dans ce labyrinthe
Charmante à l'égard des stupidités et des niaiseries , la critique ne prend son fouet à lanières, elle n'embouche sa trompette à calomnies, elle ne met son masque et ne prend ses fleurets que des qu'il s'agit des grandes œuvres. Elle n'est pas dénaturée., elle aime son semblable : elle caresse et choie la médiocrité
J'ai accompli de délicieux voyages embarqué sur un mot.
Rastignac vit le monde comme il est: les lois et la morale impuissantes chez les riches, et vit dans la fortune l'ultima ratio mundi. "Vautrin a raison, la fortune est la vertu!" se dit-il.
"Dans les grandes circonstances de notre vie, notre âme s'attache fortement aux lieux où les plaisirs et les chagrins fondent sur nous."
Rien n'est plus mortifiant pour des jeunes filles, comme pour tout le monde, que de voir une méchanceté, une insulte ou un bon mot manquant leur effet par suite du dédain qu'en témoigne la victime.
Tous les membres de cette famille parlaient l'italien, le français, l'espagnol, l'anglais et l'allemand, avec assez de perfection pour faire supposer qu'ils avaient dû longtemps séjourner parmi ces différents peuples. Étaient-ce des bohémiens? Étaient-ce des flibustiers?
Quand bien même ce serait le Diable! disaient de jeunes politiques, ils reçoivent à merveille.
- Je ne suis pas assez belle pour lui.
Telle était la pensée d’Eugénie, pensée humble et fertile en souffrances. La pauvre fille ne se rendait pas justice ; mais la modestie, ou mieux la crainte, est une des premières vertus de l’amour.
N'y a-t-il pas prescription ? Où en serions-nous tous, s'il fallait rechercher l'origine des fortunes !
Nous trouvâmes les Chattes de la Pairie qui venaient me féliciter et m'engager à entrer dans leur Société Ratophile. Elles m'expliquèrent qu'il n'y avait rien de plus commun que de courir après les Rats et les Souris. Les mots "shocking", "vulgar", furent sur toutes les lèvres.
Les jeunes gens ont presque tous un compas avec lequel ils se plaisent à mesurer l’avenir ; quand leur volonté s’accorde avec la hardiesse de l’angle qu’ils ouvrent, le monde est à eux. Mais ce phénomène de la vie morale n’a lieu qu’à un certain âge. Cet âge, qui pour tous les hommes se trouve entre vingt-deux et vingt-huit ans, est celui des grandes pensées, l’âge des conceptions premières, parce qu’il est l’âge des immenses désirs, l’âge où l’on ne doute de rien : qui dit doute, dit impuissance. Après cet âge rapide comme une semaison, vient celui de l’exécution. Il est en quelque sorte deux jeunesses, la jeunesse durant laquelle on croit, la jeunesse pendant laquelle on agit.
Le bonheur est une bulle de savon qui change de couleur comme l'iris et qui éclate quand on la touche.
C'était une de ces filles qui, soit par la misère la plus profonde, soit par défaut de travail ou par l'effroi de la mort, souvent aussi par la trahison d'un premier amant, sont poussées à prendre un métier que la plupart d'entre elles font avec dégoût, beaucoup avec insouciance, quelques-unes pour obéir aux lois de leur constitution.
Un homme est bien fort quand il s’avoue sa faiblesse.