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Critiques de Hubert Nyssen (34)
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A l'ombre de mes propos : Journal de l'année ..

Cet petit recueil m’a été ramené directement de la librairie Actes Sud en Arles. A une époque, je me suis beaucoup intéressée à Hubert Nyssen, car ce fut le mentor de Sabine Wespieser dont il est inutile de répéter ici encore que c’est une de mes maisons d’édition préférée. C’est de Nyssen et de sa belle maison d’édition que Sabine Wespieser s’est en effet inspirée pour construire la sienne, après avoir fait ses armes à Actes Sud. Par la suite, j’ai découvert le très bon « La Sagesse de l’Editeur » aux éditions J.C. Béhar par ce même Nyssen, qui y creuse ce qui fait un bon éditeur, et surtout un bon passeur de littérature, lui qui a publié Paul Auster, Nina Berberova, Nancy Huston, entre tant d’autres. En tant que future bibliothécaire, son petit texte m’avait beaucoup parlé, et beaucoup apporté.



Enfin, lorsqu’il est décédé en novembre 2011, je m’étais replongée dans sa vie. Je savais qu’un documentaire avait été tourné en 2009, et qu’il devait repasser sur Arte en 2011, en hommage, mais je l’ai raté.



Quand j’ai ouvert ce recueil, qui retrace l’année 2009 du point de vue de Nyssen, jour après jour, j’ai tout de suite fait le lien avec tout ça : c’est cette année justement que fut tourné le documentaire ! Après l’avoir refermé, j’ai donc sérieusement cherché ce film, et je l’ai trouvé ! Ce fut comme si j’avais un aperçu des carnets en image : la Provence, Actes Sud, ses premières armes, ses collaborateurs, toutes ces images étaient éclairées par les propres phrases d’Hubert Nyssen, que je venais de lire :



« On ne laisse plus aux idées le temps d’aller au bout de leur croissance, de leur efflorescence. Nous nous faisons illusion par quelques-unes que nous disposons, telles des fleurs coupées, dans un vase sur la table du salon. »



Parsemé de bouts de vie commune avec la traductrice Christine Le Boeuf (qui a en particulier traduit tout Paul Auster, Alberto Manguel et bien d’autres); de morceaux ensoleillés de Provence; de déjeuners entre amis (plus ou moins connus) sur la terrasse au son des cigales; et de souvenirs de ses combats éditoriaux, ce petit carnet se dévore et permet de dévoiler une face intime mais essentielle de cet homme intelligent, sensible mais si serein.



A chaque phrase, une citation littéraire, une réflexion, une contemplation des paysages, transposés par sa langue poétique. A chaque phrase, je me précipitais sur mon ordinateur pour comprendre de qui il parlait, ou de quel ouvrage. A chaque phrase, une douce nostalgie se dégageait, mais nul regret. Car tout comme Colette – qu’il cite – il est resté jeune, et c’est ce qui lui importe : « N’allez pas vous plaindre de ce que la soixantaine me trouve encore étonnée. S’étonner est un des plus sûrs moyens de ne pas vieillir trop vite. »



Ces carnets sont donc une merveilleuse manière de nous projeter directement dans son monde. Je ne résiste pas à l’envie de vous copier une citation de son dernier carnet, datant de janvier 2011 :



« Mon dernier livre, À l’ombre de mes propos, est arrivé hier ou avant-hier par la poste. Douce illusion que la fin n’est pas pour demain. Nous ne sommes encore qu’à la mi-janvier et je griffonne devant la fenêtre ouverte, conversant avec la ramure du platane dont les bourgeons imprudemment se gonflent. »



J’espère que je vous ai donné envie d’en savoir plus à votre tour … Vous pouvez lire l’intégralité de ses carnets sur son site, de 2004 à 2011 : http://www.hubertnyssen.com/carnets.php#



De mon côté, il me reste maintenant à découvrir les propres œuvres de Nyssen (16 romans et autant d’essais, des poèmes, du théâtre, souvent couronnés par de grand prix littéraires), pour compléter mon parcours et connaître encore mieux ce grand homme …
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Du texte au livre, les avatars du sens

Ce livre parle du tout premier maillon (le maillon zéro?) de la chaîne du livre: du manuscrit qui parvient à la maison d'édition au livre qui peut en sortir. Son postulat est que le texte est le réceptacle du sens, et la conclusion est que les multiples altérations que le texte subit, et notamment l'accumulation de tous les éléments du paratexte modifient de plus en plus le sens. Il s'agit donc, de la part du célèbre éditeur, d'une mise en évidence des multiples processus concrets, souvent occultes pour le profane, qui interviennent à l'intérieur et autour d'une maison d'édition, ainsi que d'un discours plus abstrait sur l'influence sournoise de l'argent, du carcan médiatique, critique, éditorial, ainsi que des idées reçues sur le temps, le langage, la modernité, etc.

Néanmoins, au fil des pages, l'oeuvre de dévoilement de ces mécanismes se transforme en réquisitoire amer et implacable contre l'autorité arbitraire du paratexte:

"[...] l'un des aboutissements que l'exploration des actes du paratexte met en évidence, c'est bien celui-là, c'est bien la banalisation de l'acte de lecture, au péril du sens qu'il prétend découvrir. A vouloir donner pour chaque livre de trop vaines, trop immédiates ou trop futiles raisons de le lire, [...] on en arrive à dégrader la nécessité initiale [...]" (p. 178).

Et pourtant, dans le marché actuel dans lequel Nyssen évolue lui aussi comme éditeur, l'on sait que sans paratexte, sans toute la "valeur ajoutée" qui crée le produit livre et qui essaie d'optimiser sa promotion et sa distribution, le texte lui-même ne pourrait même pas voir le jour, ou serait condamné à l'agonie dès sa naissance. Actes Sud ne se défend pas d'utiliser des couvertures voyantes, de gigantesques affiches y compris dans le metro parisien, des quatrièmes de couverture au paratexte aguichant. Pour tout dire, Actes Sud n'est pas non plus José Corti... Et il en est bien comme ça.

En bref, j'aurais préféré une approche théorique qui ferait du paratexte, comme d'ailleurs de son cas emblématique qu'est la traduction, un procès qui modifie le sens, certes, mais pas uniquement pour aboutir à un appauvrissement, souvent même pour l'enrichir, dans une négociation donnant-donnant entre acteurs multiples qui apportent tous leur savoir et leur intelligence (parfois aussi leurs mauvaises intentions) au service du texte, et dont le nom de certains apparaît sur la couverture en compagnie de celui de l'auteur; sans quoi on risque de trop tirer sur ses confrères sans assez indiquer en quoi on prétend s'en distinguer. Et d'autre part j'aurais aimé lire davantage de cas concrets de modifications, outre le cas ancien de Le Diable au corps, maintes fois réutilisé comme exemple; des cas qui n'ont certainement pas dû manquer dans la longue carrière de notre auteur-éditeur.
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Eléonore à Dresde

Imaginez un film, une actrice qui porte ce film qui a des accents d’un scénario de Duras, un rôle qui l’a tellement marquée qu’elle sera toute sa vie associée à celui-ci. Imaginez un homme bouleversé par ce film qu’il a vu il y a vingt ans. Imaginez maintenant leur rencontre à Bruxelles, les fils qui se tissent et se démêlent pour l’un comme pour l’autre. Imaginez une improbable histoire d’amour sur une plage de la mer du Nord où l’une se met à nu devant celui qui voudrait lui donner vie. Imaginez tout ça. Puis, entrez dans Éléonore à Dresde, un magnifique roman signé Hubert Nyssen sur les apparences. Et laissez-vous raconter cette histoire. Vous aimerez. Je n’en dis pas plus et vous laisse avec cet extrait :



« Pourquoi personne ne la voulait donc telle qu’elle était : changeante certes - mais un nuage dont la forme se modifie sous la poussée du vent cesse-t-il pour autant d’être un nuage? - et toujours pareille à elle-même. » (p.136)
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Éloge de la lecture - Lecture d'Albert Cohen

"Éloge de la lecture" est l'édition d'une conférence qu'a donné Hubert Nyssen, successivement à la Bibliothèque nationale de France à Paris en mai 1995 et à la Villa Médicis à Rome en février de l'année suivante.



Le propos de l'auteur est émaillé de souvenirs d'enfance (la présence bienveillante de sa grand-mère tourangelle qui lui fit aimer la toute première la lecture), de savantes et plaisantes digressions et de belles citations d'écrivains, toutes sur la lecture et sur le liseur.



Entre autres propos argumentés, j'ai apprécié celui précisant que pour donner pleine vie au livre, il devait, à la part d'écriture réalisée par l'écrivain, s'y ajouter celle des lecteurs.

Ainsi, dans l'acte même de lire, les lecteurs se font co-auteurs du livre, ils donnent substance à l'oeuvre littéraire en soi. Cette multiplicité de regards, de manières de lire, d'appréhender le roman, le poème, la pièce de théâtre etc. donnent à l'oeuvre non pas une mais plusieurs vies.



La chose paraît-elle si évidente qu'elle ne vaille pas la peine que l'on s'y arrête un peu ? Ici, Hubert Nyssen défait l'évidence et instruit avec bonheur.

Je conseille vraiment cette intéressante lecture.





Je n'ai pas pris soin d'évoquer la seconde conférence retranscrite dans ce petit volume, celle dédiée à la lecture d'Albert Cohen. Non qu'elle ne présente pas d'intérêt en soi (c'est tout le contraire) mais j'ai choisi de privilégier ici la seule partie consacrée à l'éloge de la lecture.
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L'éditeur et son double

Lu peu après sa parution, en 1989----Relecture avril avril 2019



Cela faisait déjà quelques années que j'avais débuté mon métier de libraire... j'ai suivi la naissance de cette maison d'édition avec un bonheur sans égal: tant par l'originalité du format et des couvertures que par les traductions de pays, peu représentés dans le paysage éditorial français....à l'époque !!





"Après tout, se fût-elle faite, cette Europe, les miens seraient peut-être morts un peu plus vieux, un peu moins tristes.



Alors j'ai décidé, un beau matin, de me la faire, cette Europe qu'on ne me faisait pas. Et, dans cette maison décentralisée (comme on dit avec si peu d'élégance), je me suis mis à accueillir des textes allemands, scandinaves, italiens, espagnols, russes, grecs, autrichiens, belges, d'autres encore. Et aujourd'hui elle est là, sensible, vivante et vraie, mon Europe communautaire : dans ces livres publiés, dans ces textes, dans ces pages qui m'emmènent aux quatre vents, dans cette ineffable communion du regard et de la mémoire." (p. 18)



Ces carnets nous offrent des instantanés du métier d'éditeur, de

multiples anecdotes, les rencontres d'Hubert Nyssen avec d'autres

écrivains, ses choix éditoriaux, ses différentes facettes d'éditeur, d'écrivain, de traducteur, ses voyages dont celui très mouvementé à la Havane autour d'un colloque littéraire, sous haute surveillance des "bons révolutionnaires, communistes"... jusqu'à l'extrême difficulté de l'éditeur pour aller se recueillir sur la sépulture d'Alejo Carpentier !



"[Arles, 19 octobre 1983 ]



En Afrique du Sud, ils ont pendu le poète Benjamin Moloise. A Paris, le Pen, à la télévision, lave plus blanc que blanc et poursuit sa mussolinienne offensive en faveur de l'ordre moral. Au Nicaragua ils ont supprimé les libertés individuelles au nom de la sécurité démocratique...Et dire qu'on trouve encore des gens pour demander quelle nécessité il y a d'éditer des livres ! "(p. 137)





Tour à tour amusant, cocasse, grave et bouleversant de revisiter cette extraordinaire aventure éditoriale...l'histoire des écrivains qu'Hubert Nyssen a fait découvrir aux lecteurs français... dont Paul Auster, Jean Hugo, Nina Berberova, et tant d'autres , son indépendance qu'il a toujours vaillamment préservée...!



Hubert Nyssen aborde tous les aspects, toutes les contraintes auxquelles un éditeur est confronté, dont l'argent, qui reste le "nerf de la guerre" !!



"Nombre de nouveaux éditeurs, comme on les appelle, se sont cassé la figure pour avoir méprisé l'argent. D'autres ont disparu pour n'avoir pensé qu'à ça. Et de vénérables maisons ont terni leur image en montrant que du côté de l'argent elles plaçaient désormais leur absolu. (...)

On sait cela : il faut de l'argent pour acquérir des oeuvres, de l'argent pour

fabriquer des livres, de l'argent pour les diffuser, de l'argent pour convaincre, et de l'argent pour obtenir de l'argent." (p. 82)



Je redis mon admiration pour le catalogue exceptionnel des éditions Actes Sud, et pour la continuité réussie et assumée par Françoise Nyssen, la fille de son fondateur !...

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L'éditeur et son double

Livre de confidence du fondateur des éditions Actes sud (maison de grande qualité pour son travail éditorial ).

Il faut aimer l'histoire de la littérature (les éditeurs en font naturellement partie) pour en apprécier la lecture.

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L'éditeur et son double Tome 3 : 1989-1996

J'aime bien associer un livre marquant à un cap symbolique, en l'occurrence, ma 550ième chronique sur Babelio.

Mon regard a élu le troisième volume des carnets d'Hubert Nyssen, fondateur de la maison Actes Sud, en Provence. Où sont passés les deux premiers tomes ? Mystère.

Je me souviens d'une rencontre avec l'éditeur, décédé en 2011, belge de naissance, à la librairie Point-Virgule (Namur). L'homme était affable, pétillant, l'oeil souvent malicieux. J'ai acheté ses "mémoires" après cette rencontre mémorable.

En commençant ce texte, je vois que les souvenirs d'un homme de lettres n'a séduit que trois personnes et n'a aucune citation. Quel dommage !

J'ai lu à l'époque (2002 ou 2003) 516 pages délicieuses, avec plaisir et admiration. Hubert Nyssen raconte simplement l'ordinaire d'une vie extraordinaire, faite de découvertes, d'amitiés, d'excitation, de petits et grands noms, de doute aussi. La narration fluide va de pair avec la qualité littéraire, inattendue chez un écrivain occasionnel, avant tout homme de goût.

Une de mes connaissances avait eu le culot de lui remettre un de ses textes lors de sa venue à Namur. Hubert Nyssen a réagi quelques jours plus tard. Sa note commençait ainsi : Que de mots... Vous les aimez un peu trop...

Je suis heureux de rendre hommage à l'artisan. Je me demande ce qu'il penserait de l'évolution de sa "maison", devenue conglomérat aux assises incertaines, si l'on en croit la presse.









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L'éditeur et son double Tome 3 : 1989-1996

Je suis un admirateur de la trajectoire d'Hubert Nyssen et de sa famille depuis que je m'intéresse au monde de l'édition, c'est-à-dire depuis mes deux ans de master dans les métiers du livre et de l'édition. Actes Sud est devenue en quelques années une de mes maisons d'édition préférées. La lecture des carnets d'Hubert Nyssen nous révèlent un homme d'une grande culture, engagé, extrêmement humain, un très grand lecteur évidemment, un homme très proche de ses auteurs. On s'attache à lui et à ses proches qui sont très présents dans les trois volumes, que ce soit sa deuxième épouse, la traductrice et illustratrice Christine Le Boeuf ou ses trois enfants, en particulier Françoise et Louise. J'aime tout particulièrement tous les passages qui concernent sa relation avec Nina Berberova car c'est lui qui a été son éditeur attitré en France, qui s'est occupé d'énormément de choses la concernant. Il a surtout été un de ses amis les plus proches et l'a suivi dans les dernières années de sa vie, l'a accompagné pour qu'elles les traversent le plus sereinement possible. Les Auster sont également très présents dans ces livres. François Mitterand et Jacqueline Kennedy Onassis sont d'autres figures marquantes que Hubert Nyssen a cotoyé. Ces carnets permettent de remonter 14 ans de l'histoire de la maison d'édition située à Arles, les combats de son fondateur. Hubert Nyssen nous révèle ses convictions et sa manière de faire de l'édition. Ce sont de très grands livres.
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L'Etrange guerre des fourmis

Petit roman pour la jeunesse qui explique le pouvoir des mots. Superbement illustré ce livre permet de montrer aux plus jeunes que l'usage de la parole et surtout le choix des mots utilisés peut faire naître des situations désagréables, néfastes et même catastrophiques.
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L'Etrange guerre des fourmis

Les fourmis vertes et les fourmis bleues coexistaient sans aucun souci jusqu'à ce qu'une fée un peu stupide s'en mêle.



Avec ce court roman, Hubert Nyssen nous montre l'importance des mots et de leur utilisation. L'interprétation est propre à chacun et si l'impulsivité s'en mêle, bonjour les dégâts. Évidemment, la couleur des fourmis va aussi jouer un rôle dans le conflit naissant et la différence va aussi être un thème abordé.

J'avoue que je n'ai pas été spécialement enthousiaste face à cette histoire et face à l'écriture de l'auteur mais les thèmes abordés amènent à une réflexion utile. C'est déjà pas mal.
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La femme du botaniste

« Mourir, dormir,



Dormir, et pourquoi pas rêver » (Hamlet, III, I, exergue de La Femme du Botaniste)



La Femme du Botaniste est une histoire de conquête amoureuse, racontée avec poésie et panache, un conte époustouflant qui commence par une interrogation sur le temps qui passe, ou qui ne passe pas selon que Shéhérazade saura ou non le retenir.
Lien : http://salon-litteraire.lint..
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La Sagesse de l'Éditeur

[...]Hubert Nyssen est, pour moi, l’un des rois de l’édition. Sa sensibilité, son goût du risque ont fait des éditions Actes Sud un bijou sans pareil de la littérature mondiale.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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La Sagesse de l'Éditeur

Un court essai-témoignage très intéressant pour qui veut approcher la passion qui anime un éditeur, et pas n’importe lequel, Hubert Nyssen, le fondateur en 1978 des éditions Actes Sud, une des plus belles maisons d’édition de littérature actuelles selon moi grâce à un fonds, des nouveautés et une diversité qui comptent souvent dans mes choix personnels de lectrice.



Paru dans la collection Sagesse d’un métier, l’auteur revient sur son parcours et ses moments décisifs, et tente de dégager les éléments-clés du « métier ».

En vrac, je retiens surtout qu’il faut : un zeste de folie, des rencontres déterminantes, un talent de découvreur, un goût immodéré et sans limite pour la lecture ET l’écriture…une détermination sans faille - les obstacles sont nombreux - pour accomplir cet artisanat de passeur de mots, d'histoires et d’émotions.



Un témoignage qui ne veut surtout pas être une recette du succès, mais plutôt une réflexion d’un homme passionné qui écrit que « S’il est une " sagesse de l'éditeur ", elle est non seulement dans la folie qui le pousse à rompre avec les idées reçues et les contraintes autant qu'avec les mirages mercantiles, mais qu'elle est aussi - qu'elle est d'abord - dans son propre accomplissement, ou si l'on préfère : son épanouissement. »

Pour le plus grand plaisir du lecteur, finalement.

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La Sagesse de l'Éditeur

Ce livre vient de la collection “la sagesse d’un métier” qui parle de différents métiers avec toujours ce même titre “la sagesse de…”.





Je possède “la sagesse du bibliothécaire” que j’avais trouvé – évidemment – très intéressant et j’espère lire un jour “La sagesse du professeur de français”.



J’aime beaucoup lire des témoignages qui ont trait à la lecture, qui racontent comment les gens en sont venus à la lecture, pourquoi, comment ils lisent …

Tout d’abord parce que j’arrive facilement à m’identifier, ensuite, parce que souvent ils citent un tas de livres et d’auteurs que je ne connais pas et que je retiens pour les découvrir. J’adore quand un livre me donne plein d’idées de lecture !





Hubert Nyssen est le fondateur d’une maison d’édition que j’aime beaucoup, qui m’a fait découvrir de très beaux livres : Actes Sud.

Une des seules maisons d’édition qui se trouve en Provence et qui a énormément de succès. Je trouve le format et les couvertures plutôt sobres et élégantes.





Il nous parle donc de son métier et dans la multitude d’anecdotes et de conseils et d’explications voici ce que j’ai retenu :



1. L’édition c’est de la folie. C’est des paris. Parfois, cela marche, parfois c’est un succès, parfois c’est une catastrophe.

Il faut avoir les fonds pour maintenir la maison à flot. Il faut oser se lancer, avoir une sorte de sixième sens et voir ce qui est un chef d’œuvre et ce qui ne l’est pas.





(Ce qui l’a lancé, ce fut la découverte de Nina Berberova, inconnue en France alors qu’elle avait écrit ses romans plus de 40 ans auparavant. Leur rencontre a été le début et le succès pour les deux .

De même pour Paul Auster qu’Actes Sud a lancé en Europe. Quand les Etats-Unis ont vu son succès, ils ont alors commencer à l’éditer.)







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2. La plupart des éditeurs ont été attiré par l’écriture. :



Etre éditeur, c’est un autre moyen d’être proche de l’écriture, d’être son “protecteur” son “dépositaire” en quelque sorte.



D’ailleurs, le monument de l’éditeur, son œuvre, – son chef-d’œuvre devrais-je dire – est son catalogue. Tous ses auteurs qui se côtoient, qu’il a rassemblé dans sa maison, certains se ressemblant, d’autres ne pouvaient être plus différents…



A propos de cela, j’ai beaucoup aimé une citation de Pierre Assouline sur Gaston Gallimard « Il ne fut l’auteur d’aucun livre, mais il les a tous signés »



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3. C’est un métier, où la passion pour la découverte est essentielle. Le rôle de l’éditeur est de protéger l’écriture et de la perpétuer. D’éviter que les textes ne tombent dans l’oubli (ce qui ne semble pas très évident dans notre société de “maintenant” et de ”tout de suite”)



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4. Ce métier est entrain d’évoluer, hélas dans une direction un peu douteuse : Maintenant certains éditeurs n’hésitent plus à le dire “il faut faire du chiffre!”



Il s’est déjà retrouvé devant des jeunes éditeurs, qui avouaient tranquillement qu’ils n’avaient pas le temps de lire, sans qu’ils remarquent le comique de la situation : Un éditeur qui ne lit pas ? Comment est-ce que c’est possible ?



Il nous parle aussi des auteurs qui tentent de copier les styles qui ont du succès, ces auteurs qui écrivent ce qu’on attend qu’ils écrivent et les éditeurs qui finissent par préférer les livres ”performants” aux livres révélateurs.



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5. L’éditeur de nos jours, se retrouve devant deux choix :

Ou il reste un passeur d’idées et d’émotions où l’écriture est la reine ou bien il devient une sorte de commerçant et fait plus facilement de l’argent.



(Et je suis tout à fait d’accord avec lui, quand il dit que le livre ressemble à une marchandise maintenant : un papier souvent de mauvaise qualité, où on prend le plus d’espace possible, donnant des textes tout ratatinés, des couvertures criardes avec des appréciations et des incitations à la lecture, qui sont plus grandes que la police du titre et de l’auteur)



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6. Pour Hubert Nyssen la sagesse de l’éditeur réside dans l’alliance entre l’éditeur et l’auteur, une alliance qui va bien plus loin que la simple relation “contrat d’édition”.

Le rôle de l’éditeur, c’est, en partie, de montrer à l’auteur ce qu’on voit quand on lit son texte, ce qui est souvent différent de ce que l’auteur voulait dire en fait.



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7. Pour lui, l’écriture est le lieu de rencontre de trois folies, celle de l’auteur, celle de l’éditeur et celle de la lecture. Les trois s’investissent certes à des nouveaux différents, mais ils essayent de se rassembler .



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Il rend un bel hommage aux lecteurs aussi :



“Et s’il est avéré qu’on ne saurait écrire sans lire, il n’en est pas moins certain que lire est une manière que lire est une manière d’écrire ou de récrire et que partant, le lecteur est une espèce d’auteur.”



On a envie de citer tout le livre, c’est terrible! En tout cas, j’ai beaucoup aimé lire ce petit livre, qui m’a appris beaucoup de choses et qui m’a conforté dans plusieurs de mes idées!
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Le monologue de la concubine

Un monologue que j'ai vraiment aimé dès les premiers mots, les premières phrases. Les mots sont crus, nets et précis. Les phrases sont captivante on croirait entendre la voix de plus d'un personnage. Une pièce de théâtre très vivante avec un langage de femme déchirée qui clame sa révolte contre un amour mortel. L'amour d'un homme qui a chamboulé sa vie entière.

Elle s'appelle Irma, elle crie des tas de merdes sur cet homme déjà mort, Bruno Bonopéra. Celui là qui, trente plutôt lui ramène sur pieds sa Juliette de son Roméo à lui, ensuite lui informe qu'il est mariée avec deux enfants et qu'elles devraient se rappliquer. Celui-là qui, après la mort de sa femme Fernande, au lieu de l'épouser elle, puisqu'il est redevenu célibataire. Non il décide d'épouser Paulina, une veuve dont il a été très épris dans sa jeunesse...

Irma en a beaucoup à cracher r!!! Par la voix de Irma, on croirait entendre la voix de toutes les femmes duper en amour. Et s'il faut aller au delà on dira de l'homme tout court c'est-à-dire la voix d'Irma est la voix de tous les désespérés en amour.
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Les belles infidèles

Hubert Nyssen (1925-2011) n'était vraiment pas n'importe qui : un Belge qui s'était installé en Avignon, le fondateur des Éditions Actes Sud et le père de l'actuelle ministre française de la Culture, Françoise Nyssen. Et subsidiairement : membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et docteur honoris causa de l'université de Liège. Pour situer le personnage, je cite l'écrivain argentin, Alberto Manguel, qui lui a rendu hommage en ces termes : "Ce qui était toujours déconcertant chez Nyssen, c'était sa capacité de rassembler un groupe de gens divers sans jamais se placer au centre, telle une force gravitationnelle invisible qui prête mouvement et grâce aux autres corps..." (source : Wiképedia).



Comme néerlandophone, je lui dois une fière chandelle pour tous les auteurs qui ont écrit en néerlandais - Hollandais comme Flamands - que sa maison d'édition, sous son impulsion, a fait connaître en France et dans le monde francophone, en publiant leur oeuvre en version française.

Ce fut le cas de Hugo Claus, Harry Mulisch, Hella S. Haasse, Anna Enquist, Cees Nooteboom ... et tant d'autres écrivains et poètes.



Que ce romancier, poète ("Eros in Trutina") et essayiste (entre autres sur l'Algérie, Albert Cohen, Pierre Alechinsky etc.), se lançait également, à ses heures, dans les thrillers a sûrement de quoi surprendre et c'est cependant exactement ce qu'est : "Les belles infidèles", paru dans la collection Polar Sud, en 1991.



En linguistique, l'expression "belles infidèles" est réservée pour les libertés prises dans la traduction d'un texte.



La fille unique du riche et puissant promoteur Gaston Charmasson, Ludivine, 28 ans et ethnologue, épouse Ivan Jalabert, coopérant en Afrique, et qui manque à la cérémonie de mariage à l'hôtel de ville d'Avignon ? Justement... Le père Gaston !

Louis Renoir, commissaire de la P.J. de Lyon à la retraite et témoin de Jalabert s'étonne, mais ne s'inquiète pas trop et essaie de rassurer l'épouse Carmen, qui elle panique. Il est vrai que Gaston mène une vie des plus actives : il y a ses affaires commerciales et extra-conjugales, entre autres avec sa "vamp" de secrétaire, Geneviève Brunetti.

Il est vrai également qu'à Louis Renoir les enquêtes policières ne l'emballent pas des masses. L'unique violon d'Ingres de ce veuf sans enfants est la traduction des livres. En passionné, il se procure des oeuvres traduites plusieurs fois et s'amuse à en faire des lectures comparatives.



Gaston, un prédateur qui adore le rouge-pourpre des lupanars, a surpris son futur gendre, dont il ne raffole pas du tout, le matin même du mariage à son hôtel pour avoir avec lui une conversation plutôt insolite. C'est du moins, ce que raconte Jalabert à Ludivine et Renoir. En réalité, il y a eu entre les 2 une altercation et une empoignade dans la boîte de nuit de Gaston "Apocalypse Now", qui ont forcé Pavel, un gorille à double colonne vertébrale et gardien des lieux, ainsi que Hassan Moktar, l'homme à tout faire de Gaston, à intervenir pour les séparer.

Renoir, le parrain de Jalabert, se sent obligé de mener sa petite enquête, bientôt rejoint, officiellement, par l'inspecteur avignonnais, Raoul Dutry, baptisé "le Capucin", à cause de sa coiffure.

Entretemps, le corps de Gaston est découvert dans sa bagnole : tué à coups de couteau dans le ventre.

Le duo Dutry et Renoir ont déjà 3 suspects : Jalabert, Pavel et Hassan. Auxquels il faut ajouter l'associé de Gaston, Luigi Rinaudi de Milan, qui a investi dans ses affaires, qui lui a prêté de l'argent et qu'il avait souhaité que Ludivine épouse.



Si vous croyez qu'il s'agit d'une simple énigme policière, vous vous trompez. C'est mal connaître les vastes connaissances littéraires de l'auteur et dans ce bref polar, Hubert Nyssen se montre digne de la citation d'Alberto Manguel. Non pas qu'il affiche ses connaissances à la façon d'un Yannick Haenel dans "Tiens ferme ta couronne" par exemple, mais au contraire avec modération et sagesse. Ainsi, l'inspecteur Dutry est un fanatique des syllogismes de Lewis Carroll dans "La chasse au Snark" et surtout "Alice au pays des merveilles", tandis que Renoir passe par Valery Larbaud et le seul Nobel belge, Maurice Maeterlinck.



Pour tout vous dire, j'avais choisi ce livre en hommage à Hubert Nyssen en reconnaissance de ses efforts pour notre littérature et j'ai été captivé par l'intrigue policière, la richesse littéraire, le style et l'humour. Un exemple de ce style : à Ludivine qui parle de son séjour en Sierra Leone, Renoir murmure, en passant, "À (Joseph) Conrad je préfère (Claude) Lévi-Strauss."

Mon dernier mot est pour Avignon, dont Mérimée a écrit : "En arrivant à Avignon, il me sembla que je venais de quitter la France." Indépendamment de la boutade de notre Prosper, j'espère pouvoir y retourner cet été.

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Les déchirements

On suit un homme qui cherche la vérité sur son frère disparu en écoutant sa veuve. Très vite, pour l'un comme l'autre ces rencontres ont un autre but, catharsis, réécriture de l'histoire familiale, début de relation... le narrateur navigue entre ses sentiments et ceux de son frère, il lutte contre l'inclination qui le pousse vers Colette et regrette de lutter. Une plume douce qui déroule ces histoires entremêlées et nous laisse avec un délicieux sentiment d'inachevé.
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Les déchirements

Valentin Cordonnier cherche à comprendre pourquoi son frère Victor, victime d’un accident de la route, s’est toujours désintéressé de lui. Pour en savoir plus, il se rapproche de sa veuve, Colette, qui lui distille, anecdote après anecdote, la réalité de la vie et des amours de son mari. Celui-ci n’a pas pu aller au-delà d’une histoire d’amour impossible qui s’est terminée tragiquement et qui l’a hanté toute sa vie. « Il a aimé au-dessus de sa condition ». Au fil des rencontres, Valentin s’aperçoit que Colette est attirée par lui. Mais rien ne se concrétise. Colette a beaucoup de charme, mais elle se trouve également « au-dessus de sa condition »…

Long roman de facture classique, bien écrit, mais un peu trop « verbeux » à mon goût. Nyssen, éditeur et fondateur d’Actes Sud, se révèle un homme cultivé et ne craignant pas de le montrer ainsi qu’un amoureux du beau langage. Malheureusement, même une prose de cette qualité finit par lasser quand l’intrigue ne repose que sur des situations aussi improbables que cette lamentable histoire d’amour entre un homosexuel et une femme d’âge mûr un peu frustrée. Etalage et délayage de sentiments et d’états d’âme ramènent de grandes ambitions littéraires au niveau de la production « Harlequin », la prétention en plus…
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Les déchirements

Hubert Nyssen, né en 1925 était écrivain, essayiste, poète et éditeur. Il est le créateur des éditions « Actes Sud » que j'affectionne particulièrement.En 2005, il est décoré de la légion d'honneur et en 2011 est fait Chevalier de l'Ordre du Mérite Wallon.

Son roman « Les déchirements » sort en 2008.

La famille Cordonnier compte trois fils dont le prénom débute communément par la même lettre « V ». Victor est l'ainé, Valentin le second et Vincent le cadet. A l'âge adulte, les frères ont peu de contact. C'est à la mort de Victor survenue dans un accident de voiture que Valentin éprouve le besoin de comprendre pourquoi cette distance s'est installée et ce qui a meublé la vie de Victor qui lui échappe. Il se rapproche de sa veuve Colette qu'il connait à peine afin qu'elle l'éclaire sur ses lacunes.Leurs multiples rencontres les installent dans un huis clos où Colette conte des séquences de la vie de Victor et notamment la présence du spectre de Julie Devos entre elle et son époux. Ce dernier a été éperdument amoureux de Julie, jeune enseignante alors qu'il était encore étudiant. Malheureusement le destin de Julie s'achève dans un camp de concentration où elle déportée en ce temps de guerre.Victor aura des liaisons avec d'autres femmes après la perte de Julie mais aucune, même pas Colette, ne réussira à dissiper les contours enveloppants de la toile tissée autour de son âme par le spectre de Julie. Valentin décide d'écrire le récit de Colette autour de son frère, de sa famille qu'elle connait dans des détails qui lui ont échappé. Entre eux, soi-disant aucune ambiguïté n'existe puisque Valentin est homosexuel, néanmoins le trouble le gagne face à cette femme désirable. Valentin comprendra pourquoi son frère ne s'est jamais remis de son amour impossible pour Julie en rencontrant Barbara à Genève qui apportera la pièce manquante au puzzle entrepris par Colette. Ce qui nous laissera entrevoir la symbolique quant au choix du titre de ce roman envoutant « Les déchirements ».

Une très belle écriture transmet parfaitement l'ambiance du huis clos ainsi que le malaise présent en constante toile de fond, ce qui nous empêche de reposer ces pages à découvrir avec lenteur.
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Les déchirements

Valentin Cordonnier aimerait comprendre pourquoi Victor, son frère aîné, mort dans un récent accident de la route, l'a toujours tenu à l'écart.

Valentin a donc entrepris Colette qui, sur son défunt époux, sur elle-même et sur leur famille, lui révèle peu à peu des choses si singulières qu'il s'empresse de les écrire pour n'en rien perdre. Il est, en particulier, fasciné par un spectre qui n'a cessé de perturber le couple et d'attiser la jalousie tardive de Colette, spectre ou ombre de Julie Devos, une jeune enseignante dont Victor était ingénument amoureux et que la guerre a envoyée dans un camp de concentration dont elle n'est pas revenue.

Et puis, un jour, le hasard conduit Valentin à rencontrer Barbara. Ce témoin inattendu lui révèle le drame qui a sans doute mis un terme à la vie de Julie, qui a bouleversé celle de Victor et qui donne son titre au livre : Les déchirements.


Lien : http://www.passiondulivre.co..
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