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Critiques de Hugues Pagan (185)
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Le carré des indigents

Un roman noir exigeant, il faut s'accrocher, s'armer de patience pour en saisir toute la substance. Je me suis souvent ennuyé, j'ai parfois jubilé sur des passages très forts, imagés poétiques, sombres. Mais le résultat global est quand même moyen, ça manque de rebondissements, et ce culte de la personalité de Shneider m'a un peu agaçé.
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Le carré des indigents

Je trouve que le polar français contemporain se porte bien.Et celui-ci illustre parfaitement cette constatation.

Une jeune fille vient d'être retrouvée morte égorgée,le lieutenant Claude Schneider et son équipe vont devoir élucider ce crime.

Tout est réussi,l'intrigue bien menée, la psychologie des personnages en finesse avec bien sûr une mention pour Schneider,froid et tourmenté,loyal et indifférent aux pressions de la hiérarchie et aux compliments, intransigeant et romantique,luttant contre les fantômes de son passé.Le personnage d'Hoffmann, père de la victime a aussi une véritable épaisseur intrigante.

L'ambiance est morose,brumeuse avec la misère des indigents dans cette grande ville de la fin de l'ère pompidolienne.Le style est particulièrement soigné avec une écriture poétique traversée par des dialogues peu châtiés et un vrai talent dans la description des portraits .

On dépasse largement l'intérêt d'un polar classique, je vous le recommande chaudement !
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Le carré des indigents

Pour un roman noir, c'est un roman noir mais un magnifique roman qui restera longtemps en moi en résonance. Hugues Pagan nous entraîne dans la vie quotidienne d'un commissariat au sein du ville et d'une région jamais nommée mais souvent grise et pluvieuse dans les années soixante-dix. Nous suivons une enquête, le meurtre sordide d'une adolescente de quinze ans ainsi qu'au fil du roman les agissements douteux de certains policiers. D'abord, ce qui fait le charme de ce roman, c'est l'ambiance que l'auteur a su créer, grise, noire, mélancolique, ensuite c'est un superbe portrait de flic, Schneider, avec qui le lecteur est immédiatement en empathie totale. Il charrie avec lui les blessures profondes de la guerre d'Algérie qui est présente en arrière-plan tout au long du roman comme une plaie qui ne se refermera jamais. Il est sombre solitaire et a vécu un drame personnel qui l'a laissé brisé. C'est aussi des descriptions des lieux et des personnages très détaillées dans un style littéraire parfois poétique et émaillé de mots d'argot qui plonge le lecteur dans la vie quotidienne des flics et des pauvres gens que Schneider est amené à côtoyer et à qui il voue une empathie sincère. C'est une tristesse poignante qui nous étreint tout le long de ce roman, c'est la vraie vie qui peut se révéler aussi dure que ce qu'elle peut être belle. Ce sont les échos des lecteurs qui m'ont amenée vers ce livre, et je dois dire que je ne le regrette pas et je n'ai qu'un mot à vous dire, si vous aimez les romans noirs, procurez-vous ce roman sans perdre une minute.
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Le carré des indigents

Gros coup de cœur pour ce roman policier. Ambiance bien particulière dans la France d'après guerre. On imagine sans problème les policiers et leurs impers kaki ou beige a la Maigret. Le fait qu'il s'agisse d'un très bon polar comme on les aime ne tient pas tant à l'intrigue en elle-même qu'aux personnages, à l'ambiance si bien retranscrite. On comprend les "tout le monde se connaît", "pas faire de vague",... Et au milieu, un policier sort du lot, rien ni personne n'a de prise sur lui. Il souhaite juste que la vérité éclate.



Bref, un bon polar qu'on lâche difficilement !!
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Le carré des indigents

LE CARRÉ DES INDIGENTS de Hughes Pagan



Schneider

Doudounes nota qu’il avait de très beaux yeux incolores, mais étrangement vides qui lui faisaient un regard aveugle. P.23

Il y avait dans les yeux morts braqués sur elle … p24

Il y avait eu cet étrange regard machinal et livide … p47



Hoffmann

… des yeux d’un bleu très délavé presque transparent… p33



Élisabeth- Anaïse

Ses yeux étaient ouverts et poussiéreux p47



Cynthia

Ses yeux couleur d’ambre luisaient, transparents et froids … p.89



Doudounes

Elle avait vingt-trois ans et une volumineuse poitrine ferme et dure qu’elle arborait avec flegme et sang-froid p.21

Ainsi, il ne semblait pas avoir noté sa poitrine… p.24



Laura Traven

Elle avait pas mal de poitrine p55



Mauvais. Très mauvais. Mal écrit et rempli de clichés d’hommes peu loquaces et de femmes à forte poitrine, un chef vociférant. On est loin d’un Pierre Lemaître. Je m’arrête à la page 100.

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Le carré des indigents

Schneider n'est pas un type marrant. Regard gris d'étain et moue indéchiffrable derrière ses lunettes noires. Il ne s'en laisse pas conter. Un flic, dur, sans trop d'émotions visibles, et avec lui, une équipe soudée, un brin hétéroclite (on a les boulets qu'on mérite) avec comme point commun de ne pas trop aimer la hiérarchie.



A priori intègre et droit, a priori incorruptible, pas le genre qu'on amadoue ou qu'on émotionne..jusqu'au meurtre sordide de Betty, gamine qui lui renvoie des flashes de ses amours algériennes, du temps où il était légionnaire.



Drôle de polar.



Polar d'ambiance, d'abord dans cette France des 30 Glorieuses, avec moultes clopes grillées dans les bureaux de la Police Judiciaire, avec ratonnades et cars de ramassage des SDF. Ça bastonne dans les couloirs.



Polar lent, très lent. Avec les méthodes d'investigation des années 1970, les enquêtes piétinent, hésitent..



Polar triste. Parce que si Schneider n'est pas un marrant, si son ressenti n'est pas lisible, dans la narration, il plombe l'ambiance. Et toute la narration s'en ressent, lente, cafardeuse, comme voilée d'une brume opaque.



Pourtant, ça fonctionne ! Ce Schneider, vraiment à part, désenchanté, finit par en être attachant, presque plus humain qu'il ne le laisse transparaître, et on s'attache à résoudre l'affaire, à savoir qui a fait du mal à Betty.
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Le carré des indigents

Le carré des indigents répond parfaitement au standard des romans noirs américains.

La sombritude est partout. Dans cette petite ville posée au milieu de nulle part, entre forêt et lac, où le vent s'engouffre ne laissant derrière lui que tristesse et désolation. Les personnages y traînent leur mal de vivre sans beaucoup d'espoir d'en sortir. Hugues Pagan dessine avec une grande perfection ce petit monde à l'écart de tout où les classes sociales ne se mélangent pas. Il y a ceux qui tiennent le haut du pavé avec leur certitude et leur incompétence, et puis il y a ceux qui n'ont rien ou très peu. Il y a Schneider, le personnage principal, qui navigue entre les deux. C'est un homme étrange, un écorché vif hanté par ses fantômes et avide de vérité.

Le carré des indigents est un blues douloureux dont chaque note vous imprègne.



Hugues Pagan s'inscrit dans la lignée des James Ellroy. Une écriture ciselée dans le détail.

Une très belle découverte.
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Le carré des indigents

Dans ce roman noir on suit une tranche de la vie d'un inspecteur de la criminelle. Vie assez sombre faite de regrets sur le passé et d'un avenir qu'il bâtit sur des bases peu propices à l'éclosion d'une vie de famille. L'enquête est en fait un prétexte pour le voir évoluer au sein d'un monde interlope, corrompu qui écrase les petites gens dont il se sent proche. On sent que Pagan en sa qualité d'ancien flic maîtrise son sujet . Son personnage est crédible même si les dernières pages l'accablent un peu trop et versent dans le pathos facile. Une bonne lecture même si l'enquête elle même peut décevoir . A priori à l'époque la notion de mois sans alcool relevait de l'utopie.
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Le carré des indigents

Le carré des indigents d’Hugues Pagan fait partie des dix romans en lice pour le prix Audiolib 2023.



Ce roman de la plus pure tradition du roman policier, a été récompensé par le grand prix de littérature policière, le prix noir de l’Histoire et le prix Landerneau polar. De quoi garantir une certaine qualité. Je me suis sentie en confiance en découvrant que je venais de croiser la voix de Cyril Romoli lors de mon écoute d’Entre fauves de Colin Niel – il a d’ailleurs une très belle voix, comme j’aime. Bref, les astres étaient réunis.



Et pourtant ! Quatre fois ! Je m’y suis reprise à quatre fois pour entrer dans ce roman. La préface signé du romancier ex-journaliste Michel Embareck m’a complètement perdue – deux écoutes pour comprendre quand même ! Ensuite, je n’ai pas réussi pas à situer géographiquement l’intrigue – j’ai donc pensé que j’avais loupé un truc, et ça m’a déstabilisée (je n’arrêtais pas de me dire que j’avais sans doute loupé un truc et que c’était peut-être super important). Et l’ambiance est vraiment particulière.



L’histoire se déroule en 1973 quelque part en France dans une ville de province moyenne (qui n’est jamais citée, je n’avais rien loupé finalement). L’inspecteur principal Claude Schneider, ex-para, a quitté Paris pour revenir dans sa ville natale après l’Algérie. Nommé patron du Groupe criminel, il va enquêter avec son équipe sur un meurtre d’une rare violence. Betty une gamine de quinze ans, qui rentrait chez elle après avoir fait un tour à la bibliothèque, a été retrouvée décapitée. Bien sûr, il va y avoir d’autres affaires, mais impossible pour Schneider de se sortir de l’esprit cette ado et son « air de chaton ébouriffé ».



Le carré des indigents est un roman d’ambiance. S’il était adapté au cinéma, j’imagine le film en noir et blanc avec un acteur charismatique pour jouer Schneider. Il y aurait une voix off, le monologue intérieur du flic, qui le soir boirait un whisky, fumant en cigarette en regardant la pluie tomber par la fenêtre. Il serait beau et les femmes feraient tout pour se retrouver dans ses draps. Et lui vivrait avec le fantôme d’une femme qu’il a jadis aimée. Bienvenue dans ma tête.



Claude Schneider est un personnage récurrent d’Hugues Pagan, qui l’a fait apparaître pour la première fois en 1982 dans La Mort dans une voiture solitaire. Avec Le carré des indigents, l’auteur le fait revivre et rajeunir en le ramenant en 1973. En novembre. Le mois le plus déprimant de l’année. Un mois qui correspond bien au patron du Groupe criminel, plutôt taiseux et aux pratiques aussi borderline que les hommes qui travaillent dans son équipe. Lorsqu’il créa son personnage, Hugues Pagan était flic. Peut-être faut-il voir en Claude Schneider un alter ego de l’auteur ?



Schneider est taciturne, c’est un bel homme, un électron libre qui se fiche bien de la politique et de l’avancée de sa carrière. Et qui est désillusionné. Alors s’il peu remettre un peu d’ordre dans le monde, il le fait et là, ce qui le tient, c’est le meurtre de Betty.



Le rythme de la narration est lent, presque lancinant, et c’est assez hypnotisant. Bien écrit, bien lu. On est loin du thriller ou du roman d’action, mais on découvre de nombreux personnages bien campés, pas parfaits, humains. Ça n’a pas été un coup de cœur, mais un vrai retour aux sources du polar.
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Le carré des indigents

Quand ce matin j’ai tourné la dernière page du roman noir de Hugues Pagan « Le carré des indigents » j’ai laissé s’incruster dans mon cerveau les derniers mots qui clôturent ce petit bijou :

« Ainsi, nos vies sont-elles comme un long sommeil éveillé, où les rêves seuls tiennent lieu de mémoire »

Un roman noir, une atmosphère sombre et triste à la fois mais une écriture tellement puissante et belle !

Pourquoi n’ai-je donc pas croisé plus tôt les nombreux romans de Hugues Pagan et son inspecteur Claude Schneider ? Mais pas de soucis j’ai la chance de pouvoir rencontrer très prochainement l’auteur sur le Festival des littératures Policières de Libourne (3 et 4 Juin 2023) et je ne rentrerai surement pas les mains vides!

Dans ce « Carré des indigents » nous évoluons dans les années 70, la guerre d’Algérie n’était pas loin et l’inspecteur Schneider qui vient d’être muté récemment à sa demande dans sa région d’origine va devoir enquêter sur la disparition de Betty, adolescente sans histoire. Schneider est un flic seul, bourru mais droit et intraitable et le visage de la jeune fille, un petit visage de chaton, affiché dans son bureau va le tourmenter jusqu’à devenir obsessionnel.

Tout dans ce roman est puissant, les mots, les expressions, l’intrigue et les personnages qui sont finement décrits. J’ai été complètement subjuguée par cette lecture percutante et je ne manquerai pas de lire rapidement les précédents romans de Hugues PAGAN.

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Le carré des indigents

Après avoir servi et combattu lors de la guerre d’Algérie qui le hante toujours, Claude Scheider, inspecteur de police, retourne dans sa ville d’origine. Le quotidien est plutôt tranquille dans cette petite ville de province, sauf qu’à son arrivée, le nouveau chef du groupe criminel reçoit une affaire sordide : la disparition de Betty, une adolescente de quinze ans. Touché par les origines modestes de la jeune fille, Schneider s’entête plus que de raison dans l’enquête, n’acceptant pas le sombre destin de Betty.



Hugues Pagan dépeint parfaitement la France des années 70, les violences post-traumatiques laissés par la guerre d’Algérie, les déchirements que ces combats ont provoqué. Sans prendre parti, l’auteur explique, tantôt avec tendresse, tantôt avec violence. Son protagoniste, Claude Schneider, a tout de l’antihéros, traumatisé, fonctionnaire désenchanté mais toujours empli d’une grande humanité.



La plume de l’auteur est précise et captivante. Ses descriptions qui paraissent longues au premier abord, deviennent indispensable pour décrire avec minutie les décors, les personnages et leur psychologie.



La voix de Cyril Romoli correspond parfaitement à l’image que l’on peut se faire de Schneider. Grave, réservée, comme le personnage qu’il incarne. Je n’ai pas vu défiler les plus de 13 heures d’écoute, bercée que j’étais par la voix de ce comédien.
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Le carré des indigents

Claude Schneider n’est pas un inspecteur de police banal. Il a fait l’armée et a connu l’Algérie, l’amour et cette guerre dont il ne s’est jamais remis. Aujourd’hui il revient chez lui, dans cette ville de province qu’il avait quitté depuis des années.



C’est le nouveau patron du groupe criminel. Si le quotidien est plutôt tranquille, à son arrivée il écope d’une affaire sordide, la jeune Betty, 15 ans, a disparu. Mais Schneider n’est pas un flic comme les autres, et cette famille, cette victime trop ordinaire m’émeut au plus haut point. Il n’est pas homme d’apparat au contraire, ceux qui l’émeuvent sont tous ces sans grade, ces pauvres, ces gueux de la France de Pompidou dont se désintéressent les élites, ceux qui souffrent au quotidien sans rien dire et sans oser protester pour qu’on les prennent en compte.



Hugues Pagan écrit avec minutie et talent, usant de descriptions qui rendent vivants ceux dont il parle, pas seulement par leurs actes ou par le rôle qu’il leur fait endosser, mais par les sentiments qu’il nous fait ressentir à leur égard en les rendant aussi présents sous nos yeux attentifs.



L’Algérie, la guerre et ses déchirements, ses effets délétères et ses violences post traumatiques que l’on n’a jamais soignées prennent ici toute leur place dans cette France des années 70.



La plume d’Hugues Pagan n’est jamais moralisatrice, elle est au contraire explicite, tendre ou violente, réaliste et froide parfois, son flic n’a rien du héros, fonctionnaire désenchanté qui va au bout de sa mission, humain parmi les humains, un des seuls à voir la misère autour de lui et à considérer qu’un clochard est un homme comme un autre. Un polar à l’écriture soignée et ciselée au cordeau.



La lecture par Cedric Romoli correspond parfaitement à l’idée que je me faisais de Schneider, ce taiseux qui aime les gens sans le montrer, soucieux de bien faire son métier sans obéir systématiquement aux désidératas parfois contradictoires de sa hiérarchie. Il incarne son personnage à la perfection et porte parfaitement ce texte précis, travaillé au mot près.



https://domiclire.wordpress.com/2023/04/22/le-carre-des-indigents-hugues-pagan/
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Le carré des indigents

Le fond : au début des années 1970, une adolescente est sauvagement assassinée. L’enquête est confiée à un jeune officier de police hanté par la guerre d’Algérie pas si lointaine. Bientôt, d’autres affaires tout aussi sordides se greffent à l’histoire principale.

La forme : les dialogues sonnent juste et les descriptions sont glaçantes. Quelques phrases imagées allègent l’atmosphère.

Pour conclure, un roman policier noir bien écrit qui est une radiographie de la police et de la société de l’époque.

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Le carré des indigents

Dans une ville moyenne de l’est de la France, début des années 70, nous suivons le quotidien de Schneider, inspecteur, et de ses collègues.



Au début du roman, le père d’une jeune fille de 15 ans vient déclarer sa disparition. Très vite, l’inspecteur, le père de la victime pressentent le drame.



Dans ce roman noir j’ai aimé l’ambiance, le plongeon dans l’époque où on fume dans les bureaux et où on prend le premier ricard avant midi. J’ai aussi apprécié les dialogues façon Audiard, et le récit que j’ai trouvé très cinématographique. Et puis on s’attache à ce flic, Schneider, marqué par son passage en Algérie, plutôt taiseux mais empreint d’une véritable humanité.

Un voyage dans une époque passée mais finalement pas si lointaine.
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Je suis un soir d'été

Simon est un drôle de numéro : tueur à gage et ancien flic, homme à femme au visage meurtri. On lui a mis sur le dos le meurtre de son amie, Cora, ce qui lui a valu d’être sorti de la Police. Cette fois, il doit mettre la main sur Verlaine, un comptable qui en sait trop sur certaines affaires où argent et politique s’entre-mêlent. L’homme s’est évaporé pour sauver sa peau. Comme Verlaine peut aussi lui être utile pour braquer un camion transportant un laboratoire de stupéfiants, Simon met tout en oeuvre pour le retrouver au plus vite.



L’histoire est un ensemble de tableaux qui souffrent d’un air de déjà-vu. Hommage volontariste aux hard-boiled américain, le récit tombe dans une intrigue très noire où les protagonistes se succèdent de façon artificielle, ne présentant pas assez d’épaisseur psychologique pour accrocher le lecteur.



Deuxième défaut de ce court récit : à trop ancrer les descriptions et les dialogues dans son époque (1983), Pagan emploie un vocabulaire daté, caricatural même, et ses références ne diront malheureusement rien à beaucoup de lecteurs d’aujourd’hui.



Troisième défaut : la construction du récit. Le coup de théâtre dans les dernières pages laisse penser que l’auteur est passé à côté de son sujet. Pagan avait un splendide salaud au bout du crayon, mais à force de rester flou sur son passé, cette fin – mal amenée – tombe comme un cheveu sur la soupe.



Dommage, car l’écriture a son charme, avec des phrases courtes, mordantes, économes et très expressives. Je pense qu’elle aurait pu être être sans doute mieux exploitée en se démarquant de références qui ont noyé l’essentiel de ce livre.



Peu convaincu par Je suis un soir d’été (titre énigmatique et que je ne m’explique toujours pas) malgré la renommée de cet auteur, j’y ai trouvé un bon contre-exemple des règles d’écriture de Stephen King. Une écriture authentique et la focalisation sur une thématique auraient sans doute permis de renforcer l’intérêt pour le personnage trouble que représente Simon.



T. Sandorf.
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Dernière station avant l'autoroute

Un très bon polar noir. quand je dis noir, c'est vraiment noir. Le ton est totalement désespéré. Le personnage principal, le flic, ne croit plus en rien, la vie pour lui n'a plus aucune saveur et quand arrive le suicide du sénateur, il va encore plus s'enfoncer dans un désespoir sans fond.

Ma première grande claque de 2011 et le pire c'est que j'en redemande...
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Le carré des indigents

C’est le premier livre que je lis de Pagan, c’est un roman noir de noir, dans le style des grands auteurs nord-américains, non tant par les histoires policières que par le descriptif de cette société française des laissés pour compte, les vrais prolétaires. Je dois avouer que j’ai eu du mal au début, mais peu à peu le style de Pagan m’a séduit et embarqué; à la fin, cette lecture m’a laissé finalement une chape de plomb sur les épaules, un relent de désespoir si fort, que 24 heures après je suis encore KO.



Je reste admirative par le descriptif de Pagan, que ce soit sur les humains ou sur les lieux. Quelque part j’ai lu que ce sont de véritables tableaux qu’il nous fournit, à lire et à évaluer avec tous les petits détails offrant des atmosphères incroyables de réalisme. A noter aussi, des touches d’un humour assez triste, quelque peu désespéré.



On sent aussi chez l’écrivain une grande mansuétude pour ses personnages de classe modeste; il les décrit sans concession mais toujours sur leur version la plus humaine. Pour les classes plus aisées, il est plus mordant, nettement moins bienveillant.



L’intrigue a lieu en France dans les années 1973, la fin des années de G. Pompidou dans un endroit qui n’est pas bien précisé. Claude Schneider, la trentaine est un ancien de la Guerre d’Algérie. Il est nommé patron du Groupe Criminel. C’est un beau spécimen de mâle, mais taciturne, taiseux, intègre. Il protège bien ses hommes, il ne s’épargne aucun risque et il est très apprécié par les équipes. Il ne gêne que ses supérieurs car eux ils sont là pour faire carrière, scier des planchers, et se maintenir au pouvoir, qu’ils exercent en pure subjectivité.



Claude Schneider et son équipe doivent résoudre l’assassinat d’une jeune fille plutôt sage de 15 ans, Betty Hoffmann, la fille d’un modeste cheminot. D’autres cas suivront, toujours menés à bien par l’équipe de Schneider, lequel se bat contre des attaques internes. La vie privée du policier Schneider est vide. Il rumine encore une histoire d’amour en Algérie avec une jeune fille autochtone égorgée par son propre frère qui ne tolérait pas qu’elle se mélange avec un roumi. Même si le policier reste impassible en gestes et paroles, il sera présent et imperturbable devant chaque cas.



Je ne comprenais pas toujours le vocabulaire du roman, parfois argotique, parfois celui de la pègre. Et cela me sidère de constater à quel point les gens fumaient à cette époque, c’est le même effet quand je regarde un film de Claude Sautet, on éteignait une cigarette pour en allumer la suivante.
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La mort dans une voiture solitaire

Pagan Hugues (1947-) – "La mort dans une voiture solitaire " – Payot/Rivages-noir, 2016 (ISBN absent, EAN 9782743641337)

– première édition en 1982

– préface "Le chevalier, la mort et le diable" signée par Jean-Pierre Deloux probablement datée de 1992 (cf première phrase du texte)



La préface indique que ce roman fut tout d'abord publié en 1982, certes dans la collection "engrenage" (qui fut une référence dans le domaine du polar) mais dans une version tronquée : la présente édition restitue le texte original complet.

Cette précision est utile pour comprendre le récit : ordinateurs, web, internet, réseaux dits sociaux sont bien évidemment absents, c'était l'époque d'avant le grand désastre, marquée en France par le septennat du "grand déplumé", le Giscard (qui se disait) d'Estaing, celui-là même qui fit entrer massivement les technocrates et énarques dans l'appareil d’État d'où ils et elles s'appliquent consciencieusement à ruiner le pays à grands coups d'idées géniales.

Autre précision d'importance : l'auteur Hugues Pagan est né en 1947, en Algérie dans l'ancienne Orléansville ; sa famille est "rentrée" en France en 1962 pour s'installer à Vesoul. Comble de l'étonnement : après avoir vécu les années post-mai-68 en exerçant divers petits boulots, il entre dans la police en 1973, et y exerce pendant vingt-trois ans en tant qu'inspecteur.



Pour un premier roman (?), on ne peut qu'être surpris par la complexité de l'intrigue, encore renforcée par le côté allusif des certaines phrases à interpréter (il convient de s'accrocher : lecture active impérative). Ce n'est pas bien grave, car l'intérêt réside surtout dans la qualité littéraire ainsi que dans les "à-côtés" : pas de peinture sociale ni de mœurs, l'intrigue se limite aux relations entre police et personnel politique plutôt local dont il était alors à la mode de décrire la collusion (dès la page 35-36).

Pagan était inspecteur de police, on peut admettre qu'il décrit des choses vécues. C'est là toutefois une thématique directement empruntée aux romans états-uniens dont l'auteur assume et revendique la transposition dans le cadre français. Collusion il y eut très certainement dans notre doulce France. Ayant moi-même vécu cette époque, et bien que la jugeant sans indulgence aucune, je reste tout de même dubitatif sur l'adaptation que l'auteur en fait en transposant le thème dans un cadre franchouillard. Autant que je sache, les élus hexagonaux de tout bord se spécialisèrent surtout dans l'exploitation des failles de l'inénarrable et pléthorique code des marchés publics (un monument du génie bureaucratique le plus kafkaïen ou ubuesque), puis du recours aux juteuses "sociétés de conseil" et encore, le plus souvent pour financer leur parti plutôt que pour s'enrichir personnellement, alors que, dans ce roman, ils sont sensés tenter de prendre le contrôle de boîtes de nuit et trafics divers (prostitution, drogue etc).



Mais bon, les mérites du récit sont ailleurs, par exemple dans la façon dont l'auteur évoque tout un contexte par des allusions furtives.

Nostalgie, nostalgie : page 45 défilent le SGEN-CFDT, la LCR de Krivine, le "bahut", le CHR se télescopant avec l'OAS, rejoignant ceux "qui se sont goinfrés sous l'Occupation" (p. 244). C'est l'époque de "la cantine des PTT" (p. 79), des cabines téléphoniques (p. 96-97), du "prof de l'IUT, un gommeux" (p. 133), des "cheveux à l'afro" (p. 139), du "style TéléPoche" (p. 146), du "CAP de mécanique générale" de la domiciliation "cité Mozart bâtiment F16 troisième étage" (p. 160), et des films de Polanski (p. 364).

S'ajoute l'évocation des modèles de voitures (entre autres, la 4L p. 145, la R16 p. 218), des VRP, sténo-dac et bigoudis (p. 261), du "langage administratif – neutralité teintée d'hexagonal énarchique édulcoré" (p. 319) et – déjà, hélas – des dégâts causés par le trafic de drogue, "Il y avait de plus en plus de rebut et de rebut jeune. Et la came montait comme une eau noire..." (p. 184).



Tout aussi furtives mais vraiment bien vues sont les allusions à certaines références culturelles : le personnage de Blondain est très original, sa brévissime allusion à l'Ecole de Nancy (p. 72) est magistralement intégrée dans le fil de l'intrigue sans le rompre, c'est du grand art... dans la discrétion et la subtilité. Zeus est malicieusement convoqué quelques lignes plus loin (p. 73) ; l'apparition dudit Blondain au commissariat (pp. 261-265) est un grand morceau d'humour, celle de l'interne en médecins porteur d'une "barbiche frémissante à la Léon Trotski" (p. 362) est tout aussi grand-guignolesque, quant à l'invention de Maurice Chevalier...



Thème omniprésent dans les romans de Pagan : le portrait au vitriol des commissaires de police (surnommés "les tauliers" comme ici Jack Courtot et Morgantini) uniquement préoccupés de leur carrière et avancement (pp. 45, 82, jusqu'à la fin, pp. 358 et 366-367) face aux "petites mains" de la base (les inspecteurs) qui "sortent les affaires" et passent leur temps dans la rue pour y "droper le djebel" (p. 82)



Le héros principal de ce roman est l'inspecteur Schneider (que Pagan remet en scène plus tard dans d'autres romans), doté des traits archétypaux du polar états-unien : il est désespéré (il est vrai qu'il a "fait" et vécu les horreurs de la guerre d'Algérie), il boit comme un trou (du whisky, évidemment – cf entre autres p. 115) et ne dort quasiment jamais, sans que ça l'empêche ensuite de flanquer une rouste magistrale au bandit de service ni de tomber certaines nanas (elles sont toutes en pâmoison devant lui) choisies pour accentuer le drame (elles meurent assassinées ou elles le trahissent, c'est selon).



Rien de bien original, encore que...

D'une part, le héros s'y connaît en matière de musique de jazz, et son auteur-créateur sait présenter quasi techniquement un thème et sa construction sans barber son lecteur (rien à voir avec les médiocres standards "musicaux" cités à la queue leu leu par certains).

D'autre part, il est entouré d'une équipe, typiquement franchouillarde, composée de personnages soigneusement typés : là, le lecteur perçoit l'expérience que Pagan a acquise en vingt-cinq ans de métier et de terrain.



Sans oublier que l'auteur est suffisamment équipé littérairement pour connaître le vieux ressort du doublet (le maître et son valet, personnages incontournables depuis des siècles) : le personnage de Charles Catala dynamise habilement le récit, ainsi que les beaux paragraphes poétiques de description des paysages.



Dernière touche : l'apparition de "Cherokee" (pp. 116, 378) : elle sera le personnage central du "profil perdu".



Un roman qui tient la route, puisqu'il résiste à la re-re-lecture.

Un roman qui incite à rechercher et lire les suivants du même auteur...



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Les eaux mortes

Après avoir lu le très bon "carré des indigents", j'ai été déçu par ce premier livre de Pagan. On sent son amour des auteurs de romans noirs américains (Burnett dont il parle d'ailleurs, mais aussi certainement Chandler, Hammett et autres grandes plumes du genre), mais le tout donne une intrigue plutôt obscure, où les ellipses des différents protagonistes ne sont franchement (à mon goût) pas claires et on se retrouve un peu perdu. Alors l'ambiance est par contre bien là, et les personnages principaux plutôt bien fouillés. En bref, pas un livre indispensable pour apprécier cet auteur.
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Le carré des indigents



Je n’avais pas encore lu de Pagan dont j’avais cependant eu des échos très favorables.

Je verbe valise en ce moment est « valider » donc je valide.

C’est quand même le genre de roman qu’il vaut mieux éviter de lire un soir de déprime.

Le conte d’Hoffmann qui nous est narré est triste comme un bar de banlieue avec trois poivrots au regard vide, le coude sur le comptoir.

Oui c’est glauque mais c’est visiblement le lot de notre Schneider de flic avec son passé douloureux.

Curieusement je pense que ce livre se serait parfaitement intégré à la littérature noire des années 70 aux côtés des Vautrin, Manchette, Amila .

C’est donc un excellent livre mais je vais attendre avant de relire un autre Pagan sinon « Bonjour tristesse »

J’oubliais ; un gros reproche : notre anti-héros commande sans arrêt ce repoussant breuvage moitié gin moitié Martini . Un Manhattan je crois , Là je ne valide pas.
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