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Critiques de Hugues Pagan (185)
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Le carré des indigents

Le lieutenant Schneider est muté dans une ville qu'il a connu par le passé. Nous sommes dans les années 70. Il vient de Paris et a déjà fait ses preuves. Flic taciturne et mélancolique, il n'est pas là pour s'entendre avec ses collègues ni pour faire traîner les affaires sur lesquelles il travaille. Le lecteur découvre rapidement qu'il a un passé plutôt sombre avec son lot de casseroles. Dans le nouvel environnement dans lequel il travaille, le cadavre d'une adolescente est retrouvée au début du roman. Schneider qui fait partie de la criminelle est mis sur cette affaire, une affaire qui va virer à certains moments à l'obsession. "Le carré des indigents" est un sacré roman noir très bien écrit. On sent que l'auteur connaît son sujet, même si l'enquête n'est pas des plus originales tout le reste fait de ce polar un roman à part. Hugues Pagan a beaucoup de talents pour faire naître des images et des atmosphères chez le lecteur. On retrouve toute une brochette de personnages, du flic raciste en passant par le chef qui hurle tout le temps mais que personne n'écoute. C'est un régal du début à la fin, du polar de haute volée. L'auteur en profite pour adopter un regard plein de lucidité et de réalisme sur l'institution policière. La police sert les puissants et ne va pas une seule seconde dans le sens des marginaux. Le lieutenant Schneider est le premier à ressentir de la colère lorsqu'il voit les traitements différents selon le statut de la victime. Ce personnage de flic pourrait paraître distant de part son caractère mais il n'en est rien, on sent un personnage complexe derrière les apparences et on a qu'une seule envie c'est de le suivre dans les méandres de ses pensées torturées. Je découvre l’œuvre d'Hugues Pagan avec cette lecture et évidemment j'ai très envie de prolonger la découverte avec ses anciens romans.
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Le carré des indigents

On avait déjà épinglé un coup de cœur pour Hugues Pagan découvert avec Profil perdu, paru en 2017.

Nous y revoici avec son dernier roman : Le carré des indigents.

On replonge dans les années 70, une époque chère à l'auteur, où l'on parlait de solex, de simca, de "manards", de colleurs d'affiche du SAC, et bien sûr on y retrouve son alter ego et flic fétiche, Schneider, sans doute le portrait le plus réussi du polar français, son perpétuel sourire de travers à la Richard Widmark, un faux air de Pacino, une grande lassitude et une tristesse diffuse, la réputation d’un flic qui ne lâchait jamais.

Il y a un peu de Harry Bosch (celui de Connelly) dans ce Schneider solitaire qui traîne lui aussi les séquelles d'une guerre (l'Algérie ici, comme le Vietnam pour Bosch).

Le bouquin est construit autour d'une enquête (une jeune fille est retrouvée morte, une bien sale et bien sordide histoire, personne ne devrait mourir comme ça) mais s'attarde surtout à décrire, avec un ou deux autres fils rouges, la vie ordinaire de la brigade criminelle de l'inspecteur Schneider dans un commissariat de province : les collègues, la hiérarchie, le bistrot du coin, les affaires courantes, une sorte de version frenchy de 87e District.

La réussite de ce beau roman noir tient évidemment au héros principal : Schneider est un sacré portrait de flic, dur et intègre, taiseux et solitaire, amer et désabusé mais viscéralement humain, ainsi qu'aux personnages secondaires souvent bien dessinés.

Et puis surtout on apprécie la prose très travaillée de Pagan, ancien prof de philo, l'un des premiers flics devenus écrivains : jeux de regards, choix des mots, ambiances soignées, dialogues secs qui claquent, fondu au noir ...

C'est tout juste si l'on peut reprocher au sieur Pagan quelques envolées qui parfois partent un peu en vrille, mais c'est vraiment faire la fine bouche.

Laissons le dernier mot à l'inspecteur :



[...] – Beaucoup trop de mots, observa Schneider avec sécheresse. 



Pour celles et ceux qui aiment les seventies.



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Le carré des indigents

La quatrième de couverture nous prépare à cette lecture. On devrait en sortir changé. Lire Pagan est effectivement une expérience hors du commun, parfois hors de notre temps présent. On ne peut pas sortir indifférent de cette lecture tant l’écriture de l’auteur est pleine de détails, de verve et d’un style incroyable. Nous sommes dans la Ville, quelque part en France en Novembre 1973. Claude Schneider est rentré en France et a pris la tête du groupe Criminel. De son passé, il a gardé une expérience qui l’aura marqué profondément, mais surtout une ténacité sans faille. Un inspecteur à l’ancienne, froid pour certains, tenace et persévérant pour les autres, une vraie tête de con pour ses chefs. Alors quand la jeune Elisabeth Hoffmann, Betty, est signalée comme disparue par son père, Schneider sent rapidement que cette affaire ne va pas être simple et que la jeune fille est sans doute déjà morte. La suite lui donnera raison, malheureusement. Mais on ne laisse pas une enquête sans résolution, même pour la fille d’un cheminot. Schneider et son équipe prennent l’enquête à bras le corps et fouille dans les moindres détails de la vie de la jeune fille et de ses allées et venues afin de tenter de trouver ses agresseurs, car oui, Schneider en est persuadé le coup n’a pas été fait par un homme seul et isolé. Et là encore il ne se trompe pas… Pourtant, Dieu, le grand patron veut se débarrasser de l’enquête rapidement. Une fille de cheminot qui mobilise tout un service, impensable. Mais c’est sans compter sur la détermination de Schneider et de ses intuitions. L’enquête va enfin décoller lorsqu’ils vont identifier la voiture qui a servi à renverser la jeune fille. Une piste sérieuse qui les mènera jusqu’à l’arrestation des coupables. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et Schneider va laisser quelques traces de son passage sur cette enquête. Entre les enquêtes parallèles, résolues, et celles qui dérangent au sommet de sa hiérarchie, il ne va pas se faire que des amis. Mais l’important pour lui, ce sont les faits, seulement les faits, quitte à déplaire. On ne sort effectivement pas indemne de cette lecture. Lire Pagan est un vrai grand bonheur de lecture policière. Une histoire riche, un vocabulaire toujours juste, une fin à donner des frissons. Un pur bonheur. Merci Hugues Pagan.
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Profil perdu

Ce roman commence comme un policier bien classique des années 60, avec un style émaillé d’argot pour faire bien polar. Mais une fois rentré dedans, j’ai apprécié les personnages, l’intrigue et surtout l’évolution du personnage central.



Meunier, inspecteur des stups, est tué le soir du réveillon de 1979. L’enquête va être menée par Schneider, un ancien militaire encore hanté par ses souvenirs d’Algérie. L’équipe de Schneider est solide, lui-même fait la part des choses dans ses relations avec Monsieur Tom, puissance locale et ancienne relation d’Algérie. Ils arrêtent un suspect qui avoue bien vite, on ajoute une rivalité policière, un vol d’or et des trafics pour une histoire rondement menée et pleine de rebondissements.



Ce roman serait intéressant mais assez banal s’il n’y avait la rencontre entre Schneider et Cherokee. Le vieux briscard tombe follement amoureux de la jeune femme mais sans la mièvrerie des romances ; le polar devient un décor pour une histoire d’amour inconditionnelle et magnifique.
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Dernière station avant l'autoroute

Si on veut suivre les "aventures" d'un flic perdu et sans nom, qui bosse à l'usine (surnom commun visiblement), qui a perdu foi en l'humanité, cynique, pataugeant dans ce que l'homme peut avoir de plus sordide, qui envoie chier ses supérieurs, je recommande plutôt Robin Cook (les mois d'avril sont meurtriers, comment vivent les morts...)

Car il lui reste une étincelle, celle de rendre justice aux victimes.



Là rien ne sauve le personnage de ce flic désabusé. Alcoolique, dépressif, carburant aux pilules pour tenir debout, il se fout de tout même de son boulot.

La 4ème de couverture parle du suicide d'un sénateur comme étant l'intrigue du roman, c'est un point anecdotique j'ai même dû revenir en arrière pour m'en souvenir, quand des huiles lui tombent sur le paletot au sujet d'une disquette qui se serait trouvée près du cadavre et tout le monde semble s'affoler dessus. Sauf le flic. Il ne la lira jamais.



Il picole, il fume, il s'envoie la veuve du mort (belle, sublime que des lieux communs).

Il picole, il fume, il envoie chier ses supérieurs (quelques répliques au vitriol dignes d'Audiard) et termine dans un commissariat de banlieue (la honte) et ne fout rien, comme avant mais en pire jusqu'à ce faire virer, sombrer encore plus.

C'est gai.

J'ai failli abandonner en cours de lecture car il ne reste finalement comme impression finale que l'ennui. L'ennui du héros, l'ennui de ses considérations philosophiques, l'ennui du final ridicule.

Une perte de temps.
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Profil perdu

Vingt ans après Dernière station avant l’autoroute, Profil perdu marque le retour en littérature de Hugues Pagan. Vingt ans qui n’ont ni érodé la plume de l’auteur, reconnaissable entre mille, ni relégué au placard ses obsessions : les femmes – celles pour lesquelles on est prêt à sombrer –, la guerre d’Algérie, l’absence de ligne entre le bien et le mal, sorte d’estran où les deux principes se retrouvent et se mêlent en laissant parfois derrière eux une mare d’eau stagnante.

On commence avec Meunier, flic sans grands talents mais honnête qui, en ce 31 janvier 1979, après lui avoir présenté des photos d’une mystérieuse jeune femme, laisse partir un petit dealer sans l’avoir fouillé. Quelques heures plus tard, Meunier gît sur le sol d’une station-service. C’est Schneider, chef du Groupe criminel, qui est chargé de l’enquête. Schneider et sa réputation d’animal à sang froid, Schneider et son équipe aux méthodes que l’on qualifiera pudiquement de peu conventionnelles, Schneider et ses souvenirs de l’Algérie où il a failli laisser sa peau et a certainement abandonné un peu de lui-même dans une grotte, Schneider qui vient de rencontrer Cheroquee, désormais sa seule raison de vivre.

On ne lit généralement pas Hugues Pagan pour se payer une bonne tranche de rigolade, même si l’auteur ne se dépare jamais d’une ironie bienvenue.

« Müller était rentré s'asseoir. Il avait examiné clichés et documents. Schneider fumait en silence, les yeux creux. Müller avait conclu :

-Francky l'a dans le cul, fort et clair.

Il était l'homme des conclusions simples et des propos elliptiques. »

Et donc, si plus d’une situation prête à sourire, Profil perdu est surtout une histoire d’amour dévorante et pathétique – au sens premier du terme – sur fond d’enquête criminelle aussi complexe que tragique. Le roman de Pagan est par ailleurs peuplé de fantômes, Schneider bien entendu et ceux qui le hantent, Meunier aussi, à sa manière, Monsieur Tom, l’avocat et ancien frère d’armes avec ses réseaux souterrains qui semble ne plus vivre que dans son bureau clos, et cette femme qui échappe à tous. Hugues Pagan les fait hanter cette ville de l’est prise par le froid et la glace et confère à son roman une atmosphère de fin d’époque, de basculement vers un autre monde qui pourrait peut-être être mieux mais dont on comprend assez vite que l’on se satisferait du simple fait qu’il ne soit pas pire que l’ancien. Mais s’ils se meuvent souvent à la manière de spectres, les personnages de Profil perdu n’en prennent pas moins chair sous la plume de Pagan qui confère à chacun, y compris aux seconds rôles, une rare épaisseur. Ce n’est pas parce que l’on est dans les limbes que l’on n’existe pas. Et chacun, femmes et hommes, existe pleinement avec ses nombreux défauts et ses rares qualités, avec ses ambitions et ses regrets, et surtout avec ses compromissions ou ses refus de courber l’échine.

Autant dire que Hugues Pagan, s’il s’est longtemps fait désirer, n’a pas manqué son retour et que Profil perdu, prend sans nul doute place parmi ses meilleurs romans et, incontestablement, parmi les meilleurs romans noirs de ces derniers mois.


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Le carré des indigents

❤ Coup de cœur ❤

« Le carré des indigents », H.Pagan, éd. Rivages noirs, 2023

Je suis littéralement tombée en amour de l’écriture d’Hugues Pagan ! Dès les 1ères lignes décrivant la Ville, sa poésie noire, acide, sale et merveilleuse m’a séduite. A la manière d’un Bohringer ou d’un Léotard, l’auteur nous jette dans un roman à la fois immobile et transcendant. Immobile parce qu’il ne s'y passe rien d’autre que des faits divers communs, une môme de 15 ans portée disparue au sortir de la bibliothèque, un braquage quelconque, des clodos qu’on pousse plus ou moins violemment hors les murs… chronique ordinaire d’une ville ordinaire.



Puis un flic. Translucide, inaccessible, taiseux, efficace. On le connaît ce flic, il ressemble à Delon dans le film du même nom, à Bebel dans Le Professionnel, à Eastwood. Il parait froid, mutique, il est terriblement humain. Hanté par l’Algérie, insensible aux honneurs, imperméables aux flatteries, il porte en lui ce que l’homme a de plus beau mais aussi de plus sombre.



Sa relation avec Hoffmann, père de la jeune Betty assassinée gratuitement, son lien irrationnel avec cette jeune victime, qui lui en rappelle cruellement une autre, ses histoires manquées avec Laura, Yolanda, avec la vie… sont autant d’éclats d’humanité dans cette mécanique judiciaire implacable.



Dans la lignée des grands polars, Pagan pose ici un vrai roman noir, un univers violent, tragique, sur fond de pessimisme social et humain, un roman urbain où la ville est un personnage à part entière, avec ses bas fonds et ses magouilles politiciennes.



Lire ce livre c’est comme replonger dans un Verneuil, un Corneau, la poésie en plus. Une poésie de charogne à la Baudelaire.



Bref, un immense roman qu’on peine à quitter mais qu’on se rassure, il y a beaucoup d’autres Pagan à découvrir !

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Le carré des indigents

Si vous aimez Robin Cook - pas le chirurgien mais l'autre le VRAI, celui de J 'ETAIS DORA SUAREZ, LES MOINS D AVRIL SONT MEURTRIERS, ON NE MEURT QUE DEUX FOIS - alors vous aimerez ce livre, qui ressemble également à du Hervé Le Corre sous LEXOMIL. Même désespoir, même ambiance morbide de deuil et de reflexion sur la mort. Récit funèbre, viscéral, immersif, à ne surotut pas lire si on est dépressif. car même avec ça vous riquez d'avooir des idées suicidaires. Un petit bijou cependant.
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Vaines recherches

Après avoir découvert Hugues Pagan avec son dernier roman (Le carré des indigents), j’ai eu envie de connaître des polars précédents pour mieux cerner la personnalité de son flic fétiche Schneider.

Dans Vaines recherches, nous retrouvons Schneider et toute son équipe pour leur semaine de permanence juste avant un congé d’été.

Une chaleur écrasante sévit sur la capitale faisant disjoncter bien des habitants en échauffant les esprits… De toute façon, l’ensemble du corps des policiers s’accorde à dire que « la permanence de Schneider est toujours pourrie… »

On suit cette équipe d’heure en heure sur des affaires de braquages, de passages à tabac et de deal… leur lot quotidien… jusqu’au moment où un appel téléphonique est passé au standard de la Criminelle B impliquant directement Schneider « Prévenez l’inspecteur Schneider. Je vais tuer une femme, n’importe laquelle pour commencer…. J’en tuerai d’autres, certainement. Avec la même arme. Prévenez Schneider voulez-vous ? »

S’en suit une terrible course contre la montre pour démasquer cet homme… qui semble se rapprocher de plus en plus de l’équipe sans qu’aucune piste n’apparaisse…

La plume de Hugues Pagan me fait toujours le même effet : c’est un langage, une ambiance, un quotidien qui m’interpellent, comme si cet Univers m’était familier.

Son flic brisé, meurtri, hanté par des fantômes de son passé en Algérie, est terriblement réel et attachant.

Chez cet auteur, pas de débauche sanglante, pas de rebondissement inattendu ou improbable, pas de découverte sortie du chapeau… les constatations s’enchainent peu à peu, lentement, au rythme d’une véritable enquête de terrain et finissent à la résolution des différentes affaires… cette impression est encore accentuée dans ce roman par la chaleur étouffante qui ralentit les corps et les cerveaux…

C’est bon M. Hugues Pagan, vous êtes désormais dans mon « cercle des auteurs favoris » 😊

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Le carré des indigents

J'avais lu, àla suite d'une critique élogieuse dans 'Le Canard Enchaîné", le roman d'Hugues PAGAN "Dernière station avant l'autoroute" et j'avais bien aimé l'écriture de l'auteur, dans le style des romans noirs américains, ainsi que l'histoire et son personnage principal assez ténébreux, l'inspecteur SCHNEIDER.

J'ai donc abordé avec plaisir ce dernier polar " Le carré des Indigents", sachant que je tretrouverai ce personnage, et je n'ai pas été déçu, l'histoire est très captivante à suivre, très sombre, le style toujours aussi corrosif et les personnages pittoresques. Le seul point négatif est l'emploi redondant de certaines expressions.

C'est un roman très noir, jusqu'à la dernière ligne, mais d'une lecture sinon agréable, du moins très intéressante.
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Profil perdu

Hugues Pagan Le Grand.

J'adore.

Schneider, son personnage principal, est incroyablement torturé, travaillé et perdu.

Une enquête fin 1979, au cours de la police, c'est assez original et éloigné de nos mœurs actuelles.

L'auteur a une écriture acérée, juste et crue sans être extrême.

J'ai adoré cette lecture qui est un roman noir très précis.
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Le carré des indigents

C'est plus un beau roman qu'un vrai thriller, qui a le défaut de s'étirer un peu trop en longueur au long de pages immobiles, parfois répétitives, un livre contemplatif, douloureux, noir, nostalgique, poignant.



Plusieurs enquêtes sont menées de front, au rythme alangui des années 70 dans une ville de province qui n'a pas de nom, avant la numérisation du monde, avant le bornage des smartphones, la multiplication des caméras de surveillance et le débarquement, sur les scènes de crime, de la police scientifique en mode Experts à Miami.



Au centre de ces enquêtes, où la cigarette et l'alcool sont omniprésents (voilà donc ce qu'on faisait avant les réseaux sociaux : boire, fumer), dont une atroce sur le viol et l'assassinat d'une ado de 15 ans, on retrouve avec plaisir l'inspecteur Schneider, héros récurrent de Pagan, auquel il donne des vies supplémentaires et empêchées depuis qu'il est mort dans un de ses premiers polars. C'est heureux car c'est un personnage sombre et métaphysique, blessé et fascinant, d'un autre âge mais de tous les âges.



En dépit ou à cause de sa noirceur, qui vous fiche souvent le bourdon, le carré des indigents vous retient comme la nuit.

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Le carré des indigents

L’entrée en matière du roman de Hugues Pagan est rapide. Les mots sont précis, les formules bien troussées pour capter tous les êtres de cette histoire. L’observation est fine et le rendu clair grâce à des portraits efficaces piochant dans une part d’imaginaire.



Dans le premier chapitre, on cerne le flic qui nous embarquera tout au long de l’enquête, son environnement, cette ville qu’il connaît trop bien et cet univers policier terriblement sombre. Dès le deuxième chapitre, on rentre dans l’enquête, la disparition de Betty, puis la découverte de son corps. Là, le temps se dilate. Dans cette France des années 70, rien n’est rapide. Il faut se déplacer, interroger, fouiller, être vigilant aux moindres signes. L’auteur retrouve le rythme de l’époque et il nourrit cet espace temps de détails, des caractères et de pistes. Alors tout se déploie lentement mais sûrement.



Ce roman noir est une série d’histoires en parallèle, celle de Betty, celle de sa mort, celle de la résolution et les vies des personnages (les flics surtout). Ce bunker comme l’appelle l’auteur contient toute une violence silencieuse. Les flics réunis autour de Schneider ont connu l’Occupation et la Guerre d’Algérie, en portent encore toutes les contradictions, tous les abus et tous les secrets. Ces non-dits entre des hommes – figures tutélaires du patriarcat – emplissent les silences de ce quotidien animé par l’enquête. Schneider veut retrouver le coupable et sur ce chemin de vérité, il tente de savoir qui était Betty qui « elle aussi semblait avoir eu des matins difficiles et des matins qui ne chantaient pas. » Alors la mélancolie naît et éveille des souvenirs de perte chez ce flic.
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Le carré des indigents

Hommage très noir aux anonymes, à ceux que l'Histoire oublie pour mieux les faire souffrir, les sacrifier à bas bruit. Dans une langue langoureuse, rapide et rythmée, à l'écoute de l'époque qu'elle restitue, Hugues Pagan plonge le lecteur dans la vie des flics de 1973. Le carré des indigents, roman de la noirceur social.
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Vaines recherches

Quatrième livre de Pagan, paru en 1984, la première scène a lieu le 22 juillet 1982 où un jeune français pas encore majeur, pas assez gaulois, est tué par des beaufs justiciers et racistes. Deuxième roman avec l'inspecteur Schneider, celui de La Mort dans une voiture solitaire. Toujours suicidaire, toujours désabusé, toujours avec son 45 de 1911. Un polar bientôt historique, on voit encore des 403 et des poulets qui patrouillent en 4L. Il fait chaud, très chaud, peu de clim, pas de Web et pas de portables. Une histoire de drogue et de faux tueur en série. La vedette du polar, c'est l'arme du tueur, une US M1 mise en service en 1942. Assez curieusement, Pagan lui fait tirer la munition de 30 x 30 de la Winchester 1894 au lieu de la .30 Carbine.

C'est bien noir, même glauque, et le passé algérien de Schneider est la clef du mystère. Contre tout attente ça finit bien, enfin pas trop mal car on sent bien que tous ces personnages sont en sursis. Un roman pour comprendre que la première cause de mort chez les flics n'est pas le laxisme des juges, mais la décomposition d'une société par la violence et l'argent.
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L'étage des morts

Une histoire compliquée d'un vieux flic qui a fait l'Algérie, c'est dire si ça date. Il est né à Alger et a été intoxiqué à la violence et au blues. Dans une ère intoxiquée à l'impunité et à l'argent noir, le vieux flic va refuser les arrangements raisonnables et discrets. Les coups de calibre et la mise au parfum d'un procureur encore honnête vont faire du bruit et des allongés. Pagan réussit un polar réaliste et triste avec un ton mélancolique qui s'accorde bien à la musique.
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Boulevard des allongés

Un roman qui rappelle les grandes heures de la série noire . Deux frères policiers dont on devine les failles , des malfrats et des bijoux font la trame de ce récit . Un peu brouillon dans les premières pages tout se met peu à peu en place et c'est l'explosion .

Des personnages forts avec leurs qualités et surtout leurs défauts , une histoire impeccable et sans faille et ce sans aucun temps mort . Un langage vif et des chapitres courts font qu'une fois plongé dans le récit on tourne les pages sans s'arrêter et comme le récit est relativement court on arrive au dénouement final sans s'être ennuyé une seule seconde . Un roman qui confirme le talent hors norme de Pagan et le consacre comme un des maîtres du roman noir en France .
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Profil perdu

Personne n’aime Schneider, c’est un policier froid, distant et silencieux. Ancien officier de l’armée française, il ne dort jamais, pas plus le jour que la nuit.

Avant de se reconvertir dans les affaires, monsieur Tom a été un grand avocat d’assises, il tient la ville dans sa main, il est président de la chambre de commerce et d’industrie.

Lors d’une petite partouze organisée par monsieur Tom, Schneider croise une jeune infirmière, mélange de sensualité brute et de candeur, " tout le monde m’appelle Cheroquee " lui a-t-elle glissé et Schneider aime déjà tout en elle.

Meunier est flic, il est solide, placide, et incapable de la plus petite forme de ressentiment. Minnie est juge des enfants, elle appelle Meunier son homme et leur bébé c’est le petit crapaud.

Bugsy est un dealer, quand il rigole, il pue de la bouche, une odeur de résidu de bidet.

Bugsy a la marotte de sortir la nuit pour photographier les putes et un soir, par hasard, il presse le déclencheur de son Nikon au moment où Meunier se fait flinguer.



Un polar comme on les aime, tous les ingrédients sont réunis pour se régaler : la rivalité entre les Stups et la Crim, les indics, les planques, les interventions au petit matin, les prostituées, les interrogatoires musclés, les toxicos, un suspect qui "s’allonge" un peu trop vite surtout que tuer un flic c’est "la bascule à charlot" (la guillotine) assurée, des pin-up accrochées aux murs, des flics ripoux, un légiste mélomane qui écoute Wagner quand il décalotte les crânes à la scie , les bœufs carottes, un cercueil miniature reçu par la poste, la guerre entre police et justice. L’auteur, ancien inspecteur de police, connait bien ce milieu et cela transpire à chaque page, tout parait vrai, l’histoire, les personnages, leur façon de parler et d’agir. Certains prétendent qu’Hugues Pagan est le meilleur auteur de romans noirs français, lisez ce roman et vous partagerez sans aucun doute cet avis.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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L'étage des morts

Le blues donne sa couleur à ce roman avec un personnage de flic désabusé, ancien guitariste, face à un monde qui semble bien pourri. Il ressasse, dans une existence qu'il traîne, sa vie passée et ses amitiés comme ses amours aux visages encore présents mais qu'il peine à reconnaître.

Ce flic qui travaille de nuit semble en partie retiré d'un monde qui l'a trahi mais envers qui il tente de rester fidèle.

L'écriture d'Hugues Pagan sert à merveille son intrigue comme son personnage principal.

Une plongée vers les enfers qui n'est pas sans accointances littéraires avec les oeuvres de David Peace ou Robin Cook (le britannique, il s'entend).

Adapté au cinéma sous le titre "Diamant 13" en 2009.
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La mort dans une voiture solitaire

Je suis complètement passée à côté, j’ai quasiment tout détesté, la lenteur, la langueur, les personnages qui changent de nom ou de surnom toutes les deux pages, comme une envie d’être dans un grand classique américain mais dans une France giscardienne.

Mais, il y a un style, une écriture, il y a un truc qui me pousse à retenter l’expérience avec cet auteur. J’avais voulu commencer par le premier de la série, c’était sûrement une erreur.

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