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Critiques de Iain M. Banks (312)
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L'homme des jeux

Que vous soyez familier de la littérature de science-fiction ou complet néophyte, ce très bon deuxième tome du vaste Cycle de la Culture – un space opera dont les épisodes largement indépendants se découvrent aisément dans le désordre ou même individuellement – a tout pour vous captiver : le rythme, l'humour et l'imagination de sa narration, comme la portée politique et philosophique de son propos.





La Culture est une civilisation utopique post-humaniste regroupant à travers la galaxie, souvent à bord de structures artificielles, une société technologiquement avancée composée d'humanoïdes augmentés, d'extra-terrestres assimilés et d'intelligences artificielles conscientes. Anarchiste et égalitariste – les genres y sont interchangeables et les notions de propriété et de pouvoir n'y existent pas –, elle offre à ses habitants une existence quasi illimitée, confortable et hédoniste, dégagée de tout tracas par la prise en charge des contingences, matérielles, politiques et sécuritaires, par des intelligences artificielles bienveillantes. Celles-ci ont notamment la responsabilité sous-jacente, discrètement exercée, des opérations diplomatiques et militaires nécessaires à la stabilité, voire à l'expansion, de la Culture lorsqu'elle rencontre des civilisations étrangères. Cette interface plus ou moins violente est du domaine d'une agence, nommée Contact, dont personne ne sait à vrai dire grand-chose.





Quelle n'est donc pas la surprise de Gurgeh, champion incontesté du jeu sous toutes ses formes au sein de la Culture, lorsque Contact sollicite son aide pour l'étude de l'Azad, un jeu d'une complexité inégalée qui structure l'organisation de l'Empire, une civilisation récemment découverte se caractérisant par un régime dictatorial et violent, aussi profondément sexiste et inégalitaire que dangereusement belliciste et colonialiste. En premier lieu peu enclin à quitter son confort pour un voyage censé durer cinq ans, Gurgeh accepte la mission sous la pression de circonstances désagréables et le voilà bientôt parachuté en plein coeur de l'Empire, étranger désarçonné par des moeurs et des valeurs à l'exact opposé des siennes, ayant fort à faire pour comprendre les règles de l'Azad, cette compétition qui ne restera jamais qu'un jeu pour lui mais qui, a contrario, décide de la place de chacun dans la société de l'Empire. A moins, au trouble grandissant de Gurgeh, que cette partie gigantesque ne revête aussi pour la Culture un enjeu insoupçonné, propre à ébranler bon nombre de ses certitudes…





Pris dans les filets d'un rythme narratif allant crescendo jusqu'au spectaculaire bouquet final, l'on reste impressionné, de la première à la dernière page, par l'envergure et la précision de l'imagination avec laquelle, non sans ironie, l'auteur construit et oppose ses deux modèles de civilisations, l'une a priori idéale, l'autre a fortiori mauvaise, au final les deux faces de notre ambivalence humaine et, à tout bien considérer, pas si binairement différentes. A vivre parmi les Azadiens, ces Barbares qui nous ressemblent tant, nous les humains d'aujourd'hui, Gurgeh lui-même évolue, éprouve malgré lui des sympathies, se sent gagné lui aussi par l'ivresse de vaincre, bien supérieure au simple plaisir de jouer. En même temps, il prend conscience des aspects les plus retors et manipulateurs de Contact, habile à lui faire endosser à son insu le rôle du Cheval de Troie pour dynamiter l'ennemi de l'intérieur. La Culture mène en réalité une guerre qui ne porte pas son nom et, toute libérale qu'elle soit, n'hésite pas à adopter les règles de l'adversaire pour mieux en prendre le contrôle. Destruction pure et simple de sociétés jugées inférieures et colonialisme de la part de l'Empire, ingérence et déstabilisations politiques de la part de la Culture, ce sont autant de pratiques courantes sur cette Terre que dénonce sarcastiquement Iain Banks, renvoyant dos à dos les clans de tout bord, aux mains aussi sales les unes que les autres.





Sur une trame magistralement tissée de suspense et d'ironie par une imagination impressionnante de cohérence et de précision, Iain Banks nous offre une addictive et réjouissante lecture à plusieurs niveaux, propre à séduire n'importe quel lecteur, adepte ou non de science-fiction.





Merci @Denis3, sans qui je ne me serais jamais risquée vers ce pan de littérature si éloigné de mes lectures habituelles.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une forme de guerre

Une forme de guerre est un beau titre pour un roman assez solide sur le fond et peut-être le plus léger du cycle sur le plan du style ... de la forme et de l'intrigue ..



Ce n'est pas le plus difficile c'est vrai mais c'est un espace opéra mouvementé et très rythmé qui comme les autres romans de ce cycle permet d'explorer un des univers les plus dense et les plus crédible de la SF ...



Dans une de ses préfaces à ce cycle l'auteur prétend que la culture n'existerait pas .. perso je suis dubitatif !! ( sourires ) ...



Dans ce roman le fil conducteur est Horza un homme mais le dernier des métamorphos ( donc le dernier de son espèce ) qui mène un combat personnel et acharné contre la culture ..

Un combat dérisoire sur un plan global mais qui va dans les faits monopoliser grandement l'attention du lecteur ...

est un roman très rythmé avec beaucoup d'action ..

Le roman présente de ce fait un caractère assez léger mais c'est une impression trompeuse car ce texte possède incontestablement un aspect :

« la culture par le petit bout de lorgnette « en effet l'auteur y développe une foule de détails civilisationnels et structurels concernant cette société incomparable ...



Par ailleurs dans ce roman la culture a loupé son coup en essayant d'absorber la société Idiranne ...

Cette espèce alien au modèle social totalitaire et idéologique s'est avéré inassimilable et de fait cette civilisation conduit une guerre intense et déterminée contre la culture .



De ce fait celle-ci : S'efforce de faire face à ce conflit qu'elle a grandement provoqué comme par une curieuse et légère inadvertance ... Ce caractère paradoxalement indiffèrent aux individus ainsi que généralement et occasionnellement , cavalier ... léger et froid de cette société est le sujet principal de roman ...

Le texte est remplis de péripéties spectaculaires ....

Deux blocs s'affrontent à leur manière et Horza aveuglé par son ressentiment récolte ce qu'il a semé ..

Sa destinée est un thème en soi mais ce texte traite aussi d'idéologie normative et de gestions des individus par ces monstres froids que sont les états ...



C'est un des space opéra les plus envoutant et les plus spectaculaires du cycle et par ailleurs malgré sa complexité il me semble qu'il présente un caractère adapté à un public plus jeune que d'autres romans de ce cycle ...

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L'homme des jeux

De la SF de haut niveau ! En lisant ce livre j'ai eu un peu la même impression qu'en lisant Dune. La lecture n'est pas facile et les concepts sont très poussés mais le plaisir est immense.



Nous sommes dans un monde utopique dans lequel les jeux ont une importance considérable. C'est une activité noble et très médiatisée. Jernau Gurgeh en est le maître en la matière. Il est pratiquement imbattable et c'est un personnage très respecté sur sa planète.



Cette planète est d'ailleurs déroutante. On y côtoie des êtres humains mais également des drones dotés d'une intelligence artificielle très développée. Ces drones ont chacun une personnalité, ils sont les amis des humains et sont indépendants. Bien entendu, comme ce sont des machines, ils ont leurs propres capacités et manière d'évoluer. Ce monde mixte est très intéressant à découvrir.



Gurgeh, pour différentes raisons que vous découvrirez dans le livre, va accepter de relever un énorme défi. Il ira affronter dans le jeu une autre civilisation, les Azad.



Mais sur cette planète, le jeu a une connotation tout autre, ici le jeu est lié à la catégorie sociale. Les meilleurs joueurs obtiennent les meilleurs postes gouvernementaux. Le pire serait qu'un étranger puisse battre les cadors de l'empire. Quel déshonneur !



Pourtant Gurgeh va se laisser prendre au jeu. Ce qui contera pour lui sera avant tout de vaincre. Il ne s'intéresse pas à tous ces "à côtés politiques", ces manipulations, ces complots, ces tentatives de l'évincer, lui ce qu'il veux c'est gagner !



Une lecture passionnante très pointue et très exaltante.



(Chaque tome du cycle de la Culture étant une histoire unique avec des personnages uniques, les romans peuvent se lire dans n'importe quel ordre.)



Wiitoo Takatoulire



Note 5,5/6
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La plage de verre

Bien écrit , assez drôle .Mais ! je n'ai pas accroché néanmoins.



Selon moi Iain Banks est un auteur assez proche de la perfection :

De l'envergure , de la maîtrise stylistique ou en tous cas une grande efficience romanesque.



Il possède une capacité certaine à distraire , tout en proposant de passionnantes idées ., de réels sujets de débats ( prospectifs ou non ) , politiques , scientifiques , éthiques …. Le tout présenté d'une façon avenante et assez digeste . Bref : je suis assez un amateur de ce que fait l’auteur .



Une remarque liminaire : Ce livre n'a rien à voir avec le cycle de la culture ..

Cependant l’auteur y fait preuve de : beaucoup d'imagination .. de beaucoup d’humour , que ce soit avec des situations comiques ou des descriptions de personnages .L'humour de ce texte est assez sophistiqué :

Cela va du burlesque désopilant .. à la douce ironie subtile (aigre douce ) très britannique.



Cette planète et son mode de gouvernement (médiéval et contemporain avec une pincée d'ancien régime ) aspirent à être une véritable parodie du Royaume Uni ...

C'est une noblesse mercantile qui gouverne une planète qui vit nimbée dans sa splendeur passée et cultive son splendide isolement séculaire ..

C'est bien écrit .. c'est assez réel .. c'est souvent désopilant .



Il y a de l'action et les personnages ont un projet à mener qui tient la route .

On peut donc ( j'imagine ) y trouver son compte et passer un bon moment .

Ce n'a pas été mon cas ..



Le cadre et l’univers apparaissent plus comme un décor , que comme un réel environnement et les soubresauts et les péripéties font assez : posées là comme tombant à pic ! ( même si souvent elles sont décrites avec soin réalisme et efficacité .. etc. .. ) , c’est un peu une sorte d’accumulation opportuniste même si elle est très cohérente.



Théoriquement un bon roman donc , encore que : au final et selon moi ! ( par rapport à moi ( sourire ! )) :

TRES BOF et assez vain malgré une satire assez franche et vigoureuse , presque éloquente ( et souvent drôle ) des travers de certaines institutions sociales et de certains comportements sociaux et de certaines personnalités types , ainsi que de cette ile pas très loin de Calais.



Un rien surfait ( du début à la fin ) mais c'est peut être subjectif( je ne le pense pas , selon mois c’est surfait et souvent un rien « gros sabots » .

Un livre dont il est impossible de dire qu'il est nul .. néanmoins c'est certain : " ça passe ou ça casse "



Selon moi cela ne gonfle pas que les voiles ....

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Le Sens du vent

Le sens du vent .



Ce roman agite un des univers futuristes parmi les plus dépaysant de ceux crées par l'auteur et c’est aussi un des plus réussis parmi ceux du cycle de la Culture .

La culture est une société ultra futuriste où les intelligences artificielles ont un droits de citoyenneté .



L'intrigue est assez solide : un refugié d'une belliqueuse civilisation trouve asile dans : « la culture « .

Il compose une symphonie à la très forte charge symbolique pour sa civilisation d'origine et cela en fait une cible de premier choix pour l'émissaire de ses compatriotes auprès de la Culture .

Cette symphonie est d'ailleurs dédié au conflit qui fit rage dans : Une forme de guerre ..



La Culture société hédoniste qui fait grand cas du bien-être et de l'épanouissement de ses ressortissants aurait-elle des choses à se reprocher qui pèseraient sur sa conscience .. ?

Toute tendant à la perfection qu'elle semble être , possède-t-elle une conscience morale et un sens pratique de l'éthique en action ?

C’est le thème principale de ce texte , morale et politique , les principes éthique et la réalpolitique des états ...



Une intrigue incontestablement solide , avec des personnages taillés sur mesure ainsi qu’à la perfection . Des personnage et une intrigue tout à fait à la hauteur de cet univers époustouflant qui désoriente notablement le lecteur .



La Culture , une civilisation gérée par des IA crédibles est une fois de plus confrontée à un univers étranger et autre .

La donne idéologique de la Culture quand elle « contacte « une civilisation du dehors , est à nouveau décliné et développé et c'est donc un peu : variation sur un thème .



L'amateur du thème du contact que je suis à énormément apprécié cette délicieuse ménagerie d'extraterrestres et d'artificiels .

Les aspects géopolitiques et ceux en rapport avec la culture et la civilisation du bouquin sont délicieux et c'est un de mes meilleurs moments passés en compagnie de bestioles aliens intelligentes ( quelquefois un peu trop pour moi !) ....



Cette partie du cycle dont les différents tomes peuvent s'appréhender séparément se tient sur un orbital .

C'est un immense habitat artificiel qui vogue dans l'espace et qui est quasiment une planète artificielle.

Cet environnement est somptueux et totalement captivant tout simplement .



Cet aspect est posé de façons crédibles :

L'auteur nous fait même visiter la tuyauterie et c’est savoureux .

Les très solides qualités de ce texte ne doivent pas minorer une réalité incontournable : il n'est pas si simple d'embarquer dans cet univers .

Les thèses géopolitiques et diplomatiques , le caractère ultra futuriste de la civilisation , l'étrange complexité de certaines bestioles ou de certaines IA , les méandres de l’intrigue :

font que cet univers est difficile d'accès .



Ce n'est pas que le QI requis pour piger le topo ne soit trop élevé , non on arrive à suivre ...

Mais c'est plutôt que cette complexité exquise gêne un peu le plaisir . En toute franchise je dois avouer que j'ai surtout apprécié ce roman en relecture ..

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L'Usage des armes

Un roman de SF un peu atypique. Tout d'abord parce qu'il y a deux narrations différentes. Que l'on remarque aisément par la numérotation des chapitres.. un qui est chronologique et l'autre qui va a rebours.



Cheradenine Zakalwe est un mercenaire qui intervient pour la Culture. Cette dernière est une communauté anarchique et pacifique mais pas a n'importe quel prix... quand on ne va pas dans son sens elle intervient.



L'auteur ne fait pas de cadeau au lecteur .. il faut être attentif et ne pas se perdre dans les méandres de sa narration.;. mais le final est explosif et tellement inattendu que ce livre en vaut le détour... et franchement j'ai adoré
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L'algébriste

J'ai pas aimé ... snif ... l



C'est un univers de très grande ampleur aussi riche que le cycle de la culture .

Des états à l'échelle de galaxies entières ou bien de systèmes solaires entiers , avec des trous de vers , des extraterrestres bizarres et souvent redoutables, qu'il vaut mieux laisser tranquilles .

Des désaccords diplomatiques vrillent la tranquillité et les routines et bla bla bla ...



C'est consistant comme texte , avec des personnages bien construis et des post-humains soignés .. très étrangers .. très loin de nous , très ...

Je suis assez fan des textes longs mais là je n'ai pas encaissé ..



Je n'avais qu'une idée : Cela se termine quand ? points de suspension …

J'ai l'impression d'avoir été confronté à de l'inflation imaginative débridée et auto alimenté en boucles rétroactives . Un vrai vortex tempétueux , tellement déroutant que j’en ai perdu mon hébreu !

Ce fut une ascension à la vitesse de la lumière vers l'invraisemblable le plus débridé et pourtant j'ai les épaules larges , mais c'est mieux , je trouve quand c'est un peu vraisemblable ...



Franchement !

J'ai l'impression d'avoir exploré le bac d'une essoreuse , en pleine action , après avoir circulé au départ dans le tambour d'une machine à laver !

J’ai croisé des extraterrestres que l'auteur a voulu rendre étrangers et étranges en multipliant l'absurde et l'invraisemblable.



Ils sont de la taille d'un immeuble et ils mangent de délicieuses pâtisseries et ils massacrent leurs petits .

Ils habitent des maisons flottantes dans une géante gazeuse ...

Bref : au secours ...



Je trouve que l'on est presque en plein ridicule .

Par contre des touches humoristiques très réussies .. mais bon !



Enfin heureusement : c'est terminé !



Comme dirait le lecteur avertis : J’ai buté sur un seuil … pour rester pudique …

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Excession

La Culture.



Société, civilisation interstellaire, multiraciale, intelligences biologiques et artificielles, bienveillante, corne d’abondance pour tous, et son bureau des affaires étrangères et son bras armé : Contact et Circonstances Spéciales, ou en français, : Tous les coups sont permis.



D’un côté, une nouvelle race, un brin querelleuse, psychopathe revendiqués de l’autre, un problème hors contexte, un artefact très au-dessus des capacités de la Culture. Et c’est parti pour 600 pages.

On passera allègrement sur la préface de Klein sur les IA, bien imbitable.

On passera sur les échanges abscons entre Mentaux.

On passera sur les interminables présentations des personnages humains comme IA qu’on a d’ailleurs beaucoup de mal à différencier.

On passera sur les longueurs interminables du roman.



Qu’est-ce qui reste ? Une description réellement sympa de la culture, mais on la connaît bien maintenant (quatrième tome). L’artefact passe au troisième plan, les psychopathes sont défaits à deux coups de cuillère à pot. Tout ça pour ça ?



C’est long à lire, complexe (chiant ? ), l’intrigue est au final ultra light. J’adore le concept et j’ai toujours l’homme des jeux en tête, mais là, mais lecture a été une épreuve plus qu’un plaisir.
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L'Usage des armes

L’usage des armes , tout un programme ….

Un texte que l’on pourrais qualifier de : « De l’usage des armes « ou encore : Du Bien et du Mal ….



D’abord , c’est rare , mais soulignons que sur la forme il est tout à fait remarquable. En effet vous avez principalement dans ce texte deux fils narratifs qui alternent .

L’un se dirige vers le futur , l’autre remonte le temps depuis le passé vers le futur .

Les deux trames se font échos et s’éclairent en ricochet sur de nombreux aspects de fond du texte ou même simplement de la forme du texte ou encore informent sur le personnage principal en premier lieu .



J’ai peu de temps pour des relectures , alors c’est avec gourmandise que j’ai réalisé une petite envie qui me taraude depuis longtemps .

J’ai relu ce roman , mais cette fois-ci , j’ai commencé par la fin … oui ….

Sachez que c’est un texte tel que vous pouvez le lire dans les deux sens , c’est étonnant ! ( et cela a du sens quelque soit le point de départ de la lecture ) , et cela souligne le caractère très travaillé de ce roman .



La Culture , est une vaste société intergalactique , centrée sur l’hédonisme de ses ressortissants . Ses citoyens sont humains , extraterrestres ( quelques-uns ) et aussi il y a les artificiels , des intelligences artificielles logées dans des machines variées ( du vaisseau au couteau à couper le pain quasiment ) .

La culture affiche notamment deux tendances comportementales claires :



- Elle souhaite se conserver . Elle est donc très vigilante à se défendre et à connaitre ses voisins , le plus souvent moins développés qu’elle-même . Souvent aussi les exigences éthiques en vigueur dans son voisinage , sont moins élevées que les valeurs éthiques de cette société vigilante et réflexive .

- Elle estime avoir vocation à s’étendre par inclusion constante des sociétés sises dans son environnement immédiat , si ces dernières sont homologables : « Culture compatible « .



Ces deux tendances de cette civilisation , débouchent sur des interventions (« légitimes ») dans les sociétés voisines . Des interventions réputées morales et justifiées ainsi que très calculées , souvent chirurgicales , mais des fois de plus grandes envergures .

La culture veut donc le bien de ses voisins … Cela débouche en pratique sur ces intervention dont la connotation éthique va donc plutôt largement de blanche à grise , voir à noire …



La fin justifie les moyens ? Sur quoi se fonde une légitimité à intervenir dans le destin d’une civilisation voisine ? et comment le faire le plus éthiquement possible ?

Plus généralement au travers de ce cycle comme de ce roman , c’est la responsabilité comportementale des vastes corps politiques qui est étudiée .



On dit des états qu’ils sont : des monstres froids . La culture est une contreproposition éthique à cet énoncé , créée dans but d’examiner la question du comment est-ce possible que les états soit par nécessité des monstres froids et calculateurs ?

Une autre façon d’envisager le problème est de savoir si ce fait est contextuel et environnemental , ou bien s’il est d’origine psychosociale et propre à l’éthologie même de l’espèce humaine .



Dans ce texte l’agent de la culture intervient sur un monde qui se nuit à lui-même violement . Cet agent , véritable variable de correction d’éthique politique , agira pour le meilleur et pour le pire .

Est-ce que cultiver la justice nourrie nécessairement l’éthique ? A vous de voir …



Je ne sais si ce cycle apporte au lecteur beaucoup de réponses même s’il en propose certaines par l’exemple .

Mais je suis certains qu’il apporte en revanche , beaucoup de questions . Ce qui n’est pas si mal et même peut-être suffisant , car finalement c’est l’essentiel non ?

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L'homme des jeux

Et voilà un classique de la SF de plus. Il vaut bien ses 4 étoiles à mon sens.



La toile de fond est riche et extrêmement intéressante, avec la mise en opposition de deux modes de gouvernement totalement différents, à savoir d'un côté un régime anarchique utopique dans lequel il n'y a que paix, liberté totale, ouverture d'esprit, etc... , et de l'autre côté un régime monarchique / dictatorial qui fait dans la censure, le cloisonnement social et la manipulation. Ce dernier voit l'intégralité de son fonctionnement, et donc de sa cohésion, reposant sur le fameux jeu de l'Azad, jeu qui constitue le coeur même du roman.



Alors je dis oui pour la création des univers, leur description, l'invention des races, des genres, de leur caractère. On voyage avec le héros et on goûte à l'exotisme, parfois magique, parfois atroce, du monde qu'il visite. C'est plaisant et parfaitement visuel.



Mais alors que tout semblait réuni pour constituer un bouquin digne de l'âge d'or de la SF dans son histoire, et dans son apparente légèreté quant à la présentation des enjeux qui en découlent, tout en étant plus moderne, ce livre finit par pêcher sur quelques points.

Tout d'abord, c'est parfois trop long. On a le droit au descriptif de chacune de ses parties, ce qui est tout à fait normal, mais j'avais espoir qu'il se passe davantage d'événements dignes d'intérêt en parallèle, peut-être même quelques intrigues secondaires.

Ensuite, les passages narrant les parties disputées peuvent paraitre redondantes par moments. Surtout que l'auteur n'a pas choisit d'inventer réellement un jeu avec ses règles, ce que je peux comprendre, mais alors ne passe-t-il tout de même pas trop de temps à en parler ?

Et enfin, le dénouement final qui est satisfaisant d'un point de vue cheminement logique de l'histoire dans sa globalité, mais qui manque une fois de plus de surprises, d'éléments même, de retournements de situation. Le héros semble être trop passif, trop spectateur. Mais bon je n'en dirai pas plus.



Pour conclure, je tiens à préciser qu'il s'agit là d'une très bonne lecture, qui ouvre les portes d'un univers fascinant offrant des débouchés et des possibilités multiples et divers. Mais que le tout aurait gagné, soit à être plus court, soit à contenir davantage de points d'intérêt au sein de l'intrigue et de son déroulement.
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Excession

Dans une région éloignée de l’espace interstellaire , un mystérieux objet capable de défier les lois de la physique fait son apparition .

Alors que la culture se mobilise pour examiner cet objet … Une espèce extraterrestre menaçante connue et opportuniste , entre dans la danse .



Un excellent space opéra , pour tout vous dire .

Si d'aventure vous avez la conviction que le space opéra est " un genre décérébré " ( je cite un directeur de collection de SF ) ..

Ce bouquin pourrait vous persuader du contraire ...



C'est mon préféré du cycle de la culture qui est un pur délice de SF .

La " culture " splendide civilisation quasi et involontairement anarchiste , étendue à perte de vue et au-delà de l'horizon spatial .

Qui accorde la citoyenneté à toutes sortes de bestioles et à toutes les intelligences artificielles raisonnables et seules capables de gérer cette société immense à la complexité infinie .



Ce roman et ce cycle en général sont assez complexes et ne sont pas toujours d'un abord facile . C’est aussi le cas de roman qui ne déroge pas à la règle de la complexité .

A la limite de l'espace connu donc , émerge une anomalie impressionnante potentiellement dangereuse qui bouleverse le traintrain et déclenche une mobilisation des ressources de la culture , d'une ampleur sans précèdent . Surtout alors qu'un troisième larron ( très belliqueux ) se mêle dangereusement de marquer des points ...



La trame narrative exploite de façon apparemment désordonnée et touffue une somme de parcours individuels et d'individualités assez emblématiques des problématiques du cycle. Il y a beaucoup de personnages et d’environnements variés dans ce texte .



Ce roman est très sympathique , car il possède tout le charme des récits d'ampleur et d'envergure , affûtés en plus , par le risque et les menaces , alors que dans le même temps il est une fresque somptueuse d'une des sociétés les plus attirantes de l'histoire de la science-fiction .



A mon humble avis , jamais la culture n’a été à ce point dépassée par les évènements …



La voici dans le projet et la nécessité de construire 80000 vaisseaux de guerre , Le gratin de la culture s’élance dans l’action …

Bien que pétris d’humanisme ce gratin n’est pas humain … bienvenue donc dans le monde de l’intelligence artificielle



Les hommes dans tout cela , bien que au centre … ils ont l’air bien décoratifs …





Une délicieuse ballade dans l'espace en compagnie de vaisseaux intelligents qui mènent la barque ...

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Le seigneur des guêpes

Le seigneur des guêpes : un titre qui évoque…qui évoque quoi d’ailleurs ? Des bestioles indisciplinées qui piquent, mais à part cela, je ne voyais pas trop….



Je dois reconnaitre que sans Gwen et son challenge BBC, je ne me serais surement jamais lancée dans la lecture de ce livre. J’ai certes deux livres de l’auteur, Iain Banks dans ma Pal, mais je n’avais même pas fait le lien étant donné qu’il s’agit de deux livres de science-fiction.

Le narrateur Franck, un jeune homme habitant avec son père sur une ile près de la cote, nous raconte sans concession son parcours de vie.

Il avoue sans fard et sans aucune émotion qu’il est un meurtrier. Bref, Franck est à placer sans hésitation dans la catégorie des psychopathes. En même temps, quand on découvre que son père adore mesurer, toiser, peser, tous les éléments qu’il croise on peut déjà lever un peu les sourcils. Quand de plus nous découvrons assez vite que le frère ainé de Franck s’est enfui de l’asile psychiatrique où il était enfermé car il adorait bruler vif des animaux… Finalement, au vu de son environnement familial, on lui trouverait presque des excuses, au jeune Franck.

Le style de l’auteur est à la fois fluide et percutant, et la description de certaines scènes est criante de réalisme…

J’ai été assez surprise de voir ce livre catégorie sur Babelio comme fantastique, car il n’y absolument aucun élément fantastique dans ce bouquin… Mystère….

Un livre qui se lit quasiment d’une traite, car il fait moins de 200 pages (en tout cas dans l’édition que je possède)



Challenge BBC

Challenge Mauvais Genres 2020

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L'homme des jeux

Des jeux vous avez dit ?



Quand ce bouquin est sorti il semble qu'il a été comme un évènement de SF un peu « Una revolution « !

J'en suis évidemment à la relecture mais je me souviens parfaitement de ma première impression des premières pages ... :



Un agent de la culture se lève et sort de chez lui très vite il rencontre des robots qui sont très sympathiques ou butés ..

Souvent sympas ou d'humeur badine et plus ou moins dotés d'humour mais surtout et d'abord : citoyens - encore que pas tous -) de cette fabuleuse société :

la Culture , et cela m'avait fait un choc et tellement enthousiasmé !



La Culture est un univers exquis et chaque tome possède un cachet particulier à lire dans l'ordre que vous voulez .



La prose de l'auteur s'évertue à chaque roman de ce cycle à mettre en avant tel ou tel aspect de cette civilisation :

qui est en soit une véritable thématique principale avec ses thématiques dérivées ...

L'auteur exploite le plus souvent l'émergence de l'autre extérieur à cette civilisation pour développer un sujet particulier .

Le style est top ! on s'y croit ... on y est et on en oublie que la culture n'existe pas car l'auteur ne se prend jamais les pieds dans le tapi .



Dans ce tome le contexte est un des moins high-tech de ce cycle à cause du niveau de développement de la société contactée .

D'un côté nous avons une immense société vouée au bonheur de ses ressortissants humains et autres qui ne risquent rien de pire que de s'ennuyer .

Et de l'autre un empire expansionniste qui vous persuadera sans doute que le bonheur n'est pas de ce monde -sourires- ...

Simpliste comme opposition ? pas du tout ! et en prime une ballade dans univers de SF de derrière les fagots : de l'ampleur et de l'envergure .



Pas simpliste DU TOUT car la Culture n'est pas toujours un voisin idéal !

Pourquoi ? et bien parce que : elle veut votre bien voyez-vous …



L'aspect « jeu « de ce roman est aussi soigné que pas prise de texte et le membre de circonstances spéciales dépêché sur Azad est tellement réel que vous avez l'impression qu'il était au coin de votre rue il y a une dizaine de minutes ..



Alors sinon juste pour vous informer ces humanoïdes ont trois sexes : c'est fou non ?

Je le signale juste pour vous dire de ne pas avoir peur car l'auteur possède un style de qualité et ce ne sera pas la moindre mouche qu'il vous fera gober ..

Ce sera seulement la première !



Sinon perso j'ai lu tout ce cycle dans désordre mais cela ne m'a pas empêché d'être gagnant !

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Transition

Comme j’ai appris que le prochain numéro de la revue Bifrost (le 114) allait nous offrir un dossier consacré à l’écrivain écossais Iain M. Banks et que je participe ici au défi "Challenge duo d'auteurs SFFF 2024 : Iain M. Banks - Arthur C. Clarke - auteur mystère", je me suis demandé quel serait le premier. N’osant pas tout de suite attaquer le monument que représente la Culture, j’ai tenté Transition, roman hors de tout cycle.



Transition possède des points communs avec les films du style des James Bond : une mystérieuse organisation mondiale sévit dans l’ombre. Elle agit, sans que personne ne le sache et modifie l’ordre des choses pour imposer le sien. Mais quel est son but ? Mystère. Qui sont les agents et, surtout, les dirigeants qui composent le Concern ? Autre mystère. Et d’où viennent-ils, eux qui peuvent voyager d’un monde à l’autre ? Car Iain M. Banks use ici d’un thème classique de SF, les univers parallèles. Entre lesquels se promènent les agents du Concern, les « Éveillés », qui sont « conscients des réalités multiples ».



Enfin, se promènent, c’est vite dit. Il leur faut, pour commencer, l’aide d’une substance conservée précieusement par l’organisation, le Septus. Sans elle, pas de voyage possible. Ensuite, chacun possède sa routine, qui lui permet de se transférer, en esprit, dans le corps d’une personne dans une autre réalité et de prendre sa place le temps de la mission. Concept intéressant et violent. Imaginez qu’un agent prenne possession de votre corps dans le but d’assassiner quelqu’un et vous laisse en reprendre le contrôle une fois la victime devant vos yeux, votre main tenant encore l’arme meurtrière. Vous allez avoir du mal à justifier tout cela devant les autorités. Mais l’auteur ne s’appesantit pas sur ce côté immoral des transitions. Seul l’intéresse le duel qui sert d’ossature à ce roman.



En effet, Transition est l’histoire de deux ambitions, de deux visions du monde qui s’opposent. Et qui s’affrontent, prenant le reste des humains pour des pions posés sur leur terrain de jeu. Deux femmes, puissantes, bien placées dans l’organisation, vont se servir de leurs relations et de leur caractère bien trempé pour tenter d’obtenir le triomphe de leur pensée, quitte à causer la mort, la torture. Mais avant de comprendre qui elles sont et ce qu’elles veulent, il va falloir apprivoiser la structure du roman. Car l’auteur ne nous facilite pas la tâche. Comme dans beaucoup de récits, il change de point de vue régulièrement, nous promenant dans l’esprit du Philosophe, du Transitionnaire ou de plusieurs autres. Nous faisant également témoins des manigances de Madame d’Ortolan (car nous ne pouvons pénétrer son esprit à elle, qui reste un mystère). Et avant de comprendre qui est qui, et, surtout, le rapport et les liens entre tous ces êtres, il se passe plusieurs dizaines, voire centaines de pages. Je ne sais pas si Iain M. Banks table autant sur la confiance et le courage de ses lecteurs dans tous ses ouvrages, mais c’est impressionnant. Il m’a fallu une certaine volonté pour m’accrocher au début du roman. Ensuite, seule sa longueur m’a un peu gêné. Car l’histoire m’a suffisamment intéressé pour que je fasse abstraction de tous les trous que l’auteur laisse volontairement en place. Du moins au début. Car on finit par tout comprendre. Ou, en tout cas, tout ce que l’écrivain juge intéressant et important (pas les buts du Concern, hors influence des deux combattantes, par exemple ; ou la logique de ces réalités parallèles et leur structure). Mais il faut être patient.



De même, je m’interroge sur la violence que met en scène l’auteur écossais. Je n’ai pour l’instant lu que ce roman, mais certaines scènes n’ont pas été tendres avec les personnages. Cela ne représente qu’une petite part des six cents pages, mais quelques moments ont été particulièrement pénibles. Je comprends que cela soit nécessaire et d’aucuns me diront que dans n’importe quelle série, aujourd’hui, on peut tomber sur des scènes de torture exposées comme si c’était habituel et normal. Cependant, j’ai été marqué par des coups et des blessures infligés sans aucun remords. Et même si cela colle à l’état d’esprit de ceux (ou plutôt celles) qui ordonnent, cela n’en reste pas moins violent. Je verrai dans mes autres lectures des œuvres de Iain M. Banks si c’est une exception ou non.



Pour finir, j’ai apprécié quelques-uns de ses petits clins d’œil, comme l’inversion des perspectives avec des mondes ou sévit une « menace terroriste chrétienne » en lieu et place de celle créée par quelques musulmans fanatiques de nos jours. Tout comme certains coups de griffe au modèle capitaliste tout puissant et aux libertariens si influents aujourd’hui. Et, surtout, comment l’auteur règle la question des extraterrestres, sinon impossibles, du moins peu probables avec ces multiples réalités (pour découvrir son raisonnement, il vous faudra lire le roman).



Pour un début de découverte de l’œuvre de cet auteur devenu un classique et dont j’avais entendu parler depuis de si nombreuses années, ma première pioche a été bonne sans être exceptionnelle. Je ne me suis pas ennuyé en lisant Transition mais j’ai été surpris par l’exigence de ce titre. Je ne regrette pas mon choix et souhaite toujours continuer à farfouiller dans les livres de cet écrivain.
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L'homme des jeux

Incipit : "Voici l'histoire d'un homme qui partit très loin et très longtemps dans le seul but de jouer à un jeu. Cet homme est un joueur-de-jeux nommé Gurgeh. Son histoire débute par une bataille qui n'en est pas une et s'achève sur un jeu qui n'en est pas un. Moi ? Je vous parlerai de moi plus tard. Ainsi commence l'histoire"



Un classique de la SF qui m'a rappelée certains aspects de "Les Dépossédés" de Ursula K. Le Guin.

Dans une société appelée Culture, rien n'est interdit ou presque. L'argent aussi bien que la notion de pouvoir ont purement et simplement disparu.

Dans l'Empire, une formation de planètes opposées à la Culture, en revanche toutes les relations sont fondées sur la notion de propriété. Le rang social est déterminé selon les résultats obtenus à un jeu. Un échiquier à taille humaine où l'on risque autant sa vie qu'une possible victoire.



Gurgeh, un joueur très talentueux, est amené à représenter la Culture lors d'une partie exceptionnelle. Il va devoir apprendre les règles et déjouer tous les pièges lancés contre lui. C'est en effet la première fois qu'un étranger est autorisé à participer et Gurgeh comprend vite que le Jeu est devenu une arme qui dépasse les frontières de la planète. Son rôle n'est plus seulement de participer, il devra gagner à tout prix.



J'ai trouvé les 100 premières pages un peu longues. Il y a beaucoup de descriptions de l'univers, du personnage et des enjeux.

Et puis enfin le jeu commence et on découvre un autre univers, une façon de faire la guerre avec l'esprit.

L'auteur fait également la part belle aux IA, dotées d'une réelle personnalité et d'une certaine sensibilité. Elles évoluent dans la Culture au même titre que les humains, forgeant des amitiés et de temps en temps de profondes rivalités. Elles sont dotées d' humour et se révèlent attachantes.

L'auteur utilise les expressions échiquier politique et guerre froide pour mettre en scène un jeu cruel et dénoncer la hiérarchie sociale et la propriété.

J'ai bien aimé.
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L'homme des jeux

« La cité tout entière était en proie à la fièvre du jeu qui s’emparait régulièrement d’elle, tous les six ans ; à Groasnachek se pressaient les joueurs et leur suite, les conseillers et mentors de collège, les relations et amis, les attachés de presse et journalistes impériaux, sans compter les diverses délégations des colonies et territoires venues voir l’avenir de l’Empire se décider sous leurs yeux. »



Jernau Gurgeh est ce qui se rapproche le plus d’un joueur professionnel dans un univers, celui de la Culture, ou ni l’argent ni les possessions n’ont la moindre importance, puisque tous ses membres disposent de tout ce dont ils ont besoin. Le seul problème majeur de Gurgeh au début du roman c’est de ressentir un certain ennui…



Si la Culture associe sans façons une large palette de créature diverses et variées, organiques ou artificielles, comme les drones, elle a tout de même une sorte de réseau d’espionnage pour protéger ses intérêts et surveiller ses environs.



Celui de l’Empire d’Azad, bien loin des valeurs de la Culture, a pour particularité de baser son entière hiérarchie sur les résultats d’un jeu, terriblement complexe, qui donne son nom à l’empire tout entier. A l’inverse de celui de la Culture, il repose sur l’annexion pure et simple d’autres planètes, parfois même le massacre de populations entières. Bref, des pourris de première catégorie.



Contact, la branche secrète de la Culture va proposer à Jernau Gurgeh de se familiariser avec ce jeu durant les longs mois de voyage nécessaires pour parvenir sur ce monde, afin d’y participer, sans en attendre forcément de grands résultats. Il sera accompagné par un drone, Flère-Imsaho, qui n’est pas sans ressources même si les Azadiens le prennent trop souvent pour une boîte de conserve améliorée !



Je m’attendais à encore plus de subtilité, d’originalité (et à une difficulté de lecture plus grande) en abordant ce premier volume du cycle de la Culture. Mais je n’ai pas été déçu pour autant. Les trouvailles et inventions sont nombreuses, le rythme du roman suffisamment enlevé pour ne jamais être ennuyeux. Je lirai volontiers la suite.

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Entrefer

J'ai eu envie de lire ce livre après avoir lu Lanark (1981) d'Alasdair Gray. J'avais lu que les 2 œuvres étaient liées. C'est en fait un hommage de Banks à Gray qui a reconnu que sans Lanark il n'y aurait pas eu de pont ^^ Le schéma narratif est fort similaire mais j'ai trouvé Lanark un peu plus déjanté.



Entrefer... quel drôle de titre quand le titre original est The Bridge (1986), pourquoi pas Le Pont ? Le choix des titres pour les traductions françaises me laisse parfois perplexe. Passons.



L'histoire débute avec un homme qui vient d'avoir un accident de voiture. Toutes les idées qui lui passent par la tête défilent. C'est un peu décousu mais cela fait son effet. Ensuite, l'auteur nous embarque dans une autre histoire : celle de John Orr qui a été repêché amnésique dans la mer. On découvre alors la société dans laquelle il vit. Il y a le pont, le Dr Joyce (l'onirologue), des rêves truqués, des bibliothèques introuvables, … une multitude de détails qui au fur et à mesure vont prendre tout leur sens.



«C'est peut-être ça la réalité : mes souvenirs endommagés retapés juste assez pour monter un genre de spectacle sans queue ni tête et faisant de leur mieux pour me distraire, ou m'informer. »



Comme dans Lanark, Iain Banks raconte en parallèle l'histoire de l'automobiliste (Lennox) pour petit à petit en arriver au dénouement.



Les pages de texte à première vue incompréhensibles sont en fait la translittération phonétique d'un fort accent écossais (je ne l'ai pas deviné, je l'ai lu dans un article de Sam Jordison). J'ai eu quelques fou rires à déchiffrer ces lignes. Cela me faisait un peu penser à mon dialecte wallon.



Ce qui m'a moins plus c'est la partie avec le Maréchal Je n'ai pas bien compris ce que cela venait faire là ??



Quoi qu'il en soit, j'ai passé un bon moment de lecture (qui m'a fait rire mais aussi sourire) mais c'est difficile d'en dire plus sans spoiler. Donc je vais m'arrêter là...



Vous l'aurez compris, je vous recommande cette lecture mais aussi d'aller jeter un œil au Lanark d'Alasdair Gray.
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L'homme des jeux

C'est un livre monde : un livre qui vous immerge dans un autre monde, une autre civilisation.

De là en découlent des qualités et des défauts.



Pour ses qualités...



C'est un univers cohérent malgré la distance qui nous en sépare. La culture est une sorte d'humanité idéale.

Ni racisme, ni d'opposant au mariage gay (on change de sexe plusieurs fois durant sa vie), ni de maladie, ni de guerre, ni d'argent, ni d'armée... Les citoyens de la culture vivent une longue vie en se consacrant à la créativité (le jeu, la formation de sortes de colonies). La Culture s'est même détachée des planètes et construit ses espaces de vies dans l'espace sur des sortes de Terres idéales recrées, réinventées.



Le jeu en général, et le Jeu d'Azad en particulier, sont très bien décrit. Les règles sont à peine évoquées et ne brouillent pas le roman. Mais Iain Banks arrive à nous transmettre la tension parfois phénoménale qui se dégage des confrontations.



L'Empire d'Azad est en comparaison une société immonde, raciste, xénophobe, qui pratique la torture, qui aime l'humiliation. Hélas, il faut bien l'avouer, l'Empire d'Azad nous ressemble beaucoup trop.

Je constate le récit, parfois difficile à saisir quand il parle de la Culture, devient beaucoup plus limpide une fois plongé dans la dictature d'Azad.



Le roman va crescendo et amène au fur et à mesure plus de richesse, plus d'imbrications et beaucoup plus de suspens et d'enjeu. Le jeu pratiqué dans la Culture n'est somme toute qu'un loisir. Même s'il est pratiqué par des champions admirés, perdre porte peu à conséquence.



Il y a dans ce roman de grandes questions qui sont posées :



À quoi pourrait ressembler une humanité qui aurait perdu sa part de haine et d'ombre ?

Qui est le barbare ?

Qu'est-ce que la barbarie ?

Y a-t-il une issue pour une société telle que l'Empire ?

Quel enjeu ? Quel but se fixer dans une Culture si apaisée ?

C'est un univers fascinant. Iain Banks a fait de riches trouvailles. Le décor du final est tout simplement réussi et fascinant.



Pour ses défauts...



L'intrigue met un temps fou à s'installer. On arrive dans l'Empire d'Azad au bout de 200 pages pour un livre qui en comporte 400. Les descriptions sont parfois un peu longues.



Par sa richesse, ce roman est difficile à appréhender. Entre les hommes / femmes, les robots autonomes, les vaisseaux, les personnes du Contact, on se perd un peu.



L'opposition entre la Culture et l'Empire d'Azad est un peu extrême. J'aurais aimé qu'il y ai des positions intermédiaires plus nuancées (un peuple médiateur aurais trouvé sa place dans le récit).



En conclusion.



Très justement, le roman souligne que le jeu d'Azad ne prend sa valeur qu'une fois immergé dans son monde natal. Pareillement, le roman ne devient vraiment captivant qu'une fois arrivé sur cette planète.

Alors, accrochez-vous pour les 200 premières pages !



La Culture me semble une bonne base pour les romans suivants. Espérons que l'auteur arrive à l'exploiter dans un récit plus condensé.
Lien : http://travels-notes.blogspo..
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L'homme des jeux

L'homme des jeux a été écrit par Banks en 1988 et traduit en France en 1992. C'est le second roman du cycle de la Culture, après « Une forme de guerre ».

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Ce roman d'environ 400 pages se compose de deux parties de taille sensiblement égale. Dans la première l'auteur nous fait découvrir ce qu'est la civilisation appelée la Culture. Il s'agit d'une société de l'abondance, très avancée technologiquement et très ancienne. L'homme y côtoie pacifiquement diverses intelligences, dont des machines devenues intellectuellement égales voire supérieures à lui. Il a largement renoncé à toute forme de domination voire de gestion du très vaste espace contrôlé par la Culture, laissant les IA s'en charger. Cette société est donc pacifique, multiforme, anarchiste, éthique et parfois cynique. Les individus changent fréquemment de sexes durant leurs vies ce qui ne pose aucun problème, pas plus que les questions d'apparence. La tolérance est la règle.

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Mais que faire dans une telle société, comment s'occuper, se motiver, éviter l'ennui ? La réponse est très simple : jouer ! C'est ce qui offre l'occasion de se dépasser comme de nouer des relations sociales, qui permet à chacun d'obtenir un statut comme de vivre des poussées d'adrénaline (entre autre car chaque individu peut sécréter diverses hormones sur commande pour répondre à ses besoins de l'instant). C'est aussi l'occasion de développer sa créativité et est vu comme un art voire l'art suprême.

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Dans cette première part du roman nous allons faire la connaissance d'un des meilleurs joueurs à savoir Jernau Gurgeh. Il est ce qui, dans cette société de « loisirs », se rapproche le plus d'un joueur professionnel, excellant dans cette activité, écrivant des traités… Nous le verrons interagir avec d'autres membres de la Culture, que ce soit des humains ou des intelligences artificielles, ces dernières étant surtout représentées par des drones. Jernau se laissera entraîner par un de ces derniers dans une activité répréhensible (que je ne dévoile pas mais qui s'approche le plus d'un crime dans cette société qui n'en connaît pour ainsi dire pas) ce qui, avec l'ennui qu'il ressent de plus en plus, le poussera à… passer à la seconde partie de l'ouvrage. (Merci à lui !)

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Contact, la part de la Culture qui se consacre aux rencontres cosmiques, demande à Jernau d'accepter de partir 5 ans loin de chez lui afin de représenter sa civilisation face à l'Empire d'Azad. Sa « mission » est alors de jouer au jeu sacré de cet Empire, qui porte son nom : Azad.

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Cet Empire a pour point commun fondamental avec la Culture de devoir une bonne part de sa cohésion sociale au jeu mais, pour le reste, il est très différent. Expansionniste il ne recule pas devant l'utilisation des armes pour se développer, violant et génocidant populations et peuples qui lui résistent. La torture fait aussi partie de ses usages. En interne les inégalités sont nombreuses. La population est composé de 3 sexes et l'un d'entre eux domine les deux autres (approche voisine de celle des castes indiennes), de la même façon les inégalités de statuts sont considérables. La différence n'est pas tolérée, les règles sont nombreuses et impératives et le sadisme parfois présent. le jeu n'a pas non plus la même fonction. Pour la Culture il s'agit avant tout pour chacun de se réaliser, pour l'Empire le jeu est un affrontement destiné à prouver sa force, idéalement en écrasant les autres et les vainqueurs occupent les postes de pouvoir, pouvoir dont ils usent et abusent.

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Jernau va donc apprendre lors du voyage ce jeu, infiniment complexe puis se confronter à des joueurs de plus en plus forts de l'Empire, au fil d'éliminatoires successifs. Ses victoires vont déplaire de plus en plus et il sera confronté à diverses pressions, à des menaces…. Saura-t-il résister à ces dernières ? Aura-t-il la force de continuer ? Est-il capable de vaincre les meilleurs dans ce jeu qui est l'essentiel de leurs vies et qu'il découvre ? Quels seront les impacts sur l'Empire de victoires d'un « étranger » ? Et que désire vraiment « Contact » et la Culture ?

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Je découvre le cycle de la culture, un livre-monde comme je les apprécie, avec grand intérêt. Pour autant, contrairement sans doute à ce qui aurait été le cas si j'avais eu 15 ans, mon avis sera nuancé.

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- Banks nous propose un univers cohérent et très original. Sur ce plan il a peu à envier à des ouvrages comme « Dune ». Son concept de départ est assez fascinant, à des années-lumière des space opéras de combats. Il y a une véritable réflexion sur un avenir possible et ce qui nous est proposé est de qualité, pouvant donner à réfléchir.

- Cet auteur doit avoir pratiqué le jeu à bon niveau car il sait parfaitement décrire la mentalité du compétiteur, les enjeux psychologiques, les retournements de situation. Ces passages sont très convaincants.

Banks a une belle plume et l'ouvrage se lit de façon plaisante. La seconde partie est plus stimulante que la première, qui a le mérite de poser un décor complexe mais n'évite pas les longueurs.

- Contrairement à ce que j'ai lu il n'y a pas d'opposition manichéenne entre l'Empire, qui ressemblerait à notre société et la Culture, qui proposerait un monde idéal. Certes l'Empire représente une sorte de « 1984 », une société totalitaire sombre et brutale à laquelle il est facile de nous identifier mais la Culture fait alors un peu penser au « meilleur des mondes », à une société stérile où l'ennui n'est jamais loin et où la vacuité remplace la violence. Les contraintes, pour intériorisées qu'elles soient, sont tout aussi présentes et le héros ira aussi jouer à l'Azad pour fuir un mauvais choix risquant de l'exposer à une forme de mort sociale. La Culture veille par ailleurs aussi à contrôler les autres sociétés et son pacifisme n'est pas dénué de calculs. Cette vision critique d'une société qui pourrait au premier regard sembler idéale est une des richesses de cet ouvrage.

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Pour autant quelques éléments font selon moi que ce très bon livre n'est pas un chef d'oeuvre :

- le concept de Culture est très intéressant mais se résume en quelques dizaines de lignes. Je ne reproche donc pas, comme certains, la complexité supposée de cet ouvrage mais, au contraire, le fait que certaines pistes de réflexion ne soient qu'ébauchées. Cela laisse une grande place à l'imagination mais il me semble que pousser l'analyse aurait enrichi l'ouvrage tout en restant dans son esprit à savoir une science-fiction assez cérébrale. Je préfère la façon que Le Guin peut avoir de proposer des univers très différents et cohérents, de façon plus légère et profonde à la fois selon moi.

- L'idée d'intégrer des drones est judicieuse et assez novatrice, annonciatrice aussi d'évolutions technologiques dont nous sommes les témoins… mais ici, hélas, il n'y a pour ainsi dire pas d'altérité. Les drones pensent et communiquent comme des humains, ce qui supprime l'essentiel de l'intérêt de la chose. Oui, ils sont des formes différentes, oui, ils changent de couleurs selon leurs émotions… mais c'est bien superficiel.

- La Culture est un univers si peu porteur d'aventures que ce roman, comme les autres à ce que j'ai lu, développe presque exclusivement les contacts avec les autres civilisations. Pourquoi pas mais, alors, nous restons un peu en marge de ce concept, pourtant le plus original de cette série. Approfondir le questionnement sur le sens de vies individuelles dans un univers faussement idéal, où l'homme a renoncé à la violence, à l'intolérance mais aussi aux grandes aventures pour se réfugier dans une société de loisirs aurait été très intéressant. Là nous restons à la périphérie animée de cette culture.

- Ce roman est éminemment prévisible. La seconde partie, très agréable à lire par ailleurs, laisse deviner tout son déroulement comme sa conclusion dès les premières pages. Ce n'est pas dérangeant pour qui lit de façon contemplative, pour observer cet univers mais, en revanche, cela nuit au suspens.

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Je crains que les amateurs de conquêtes spatiales avec sabres lasers et aventures amoureuses ne soient quelque peu désorientés par ce livre. Pour les autres amateurs de science-fiction j'en conseille la découverte. Je ne trouve pas que ce livre soit parfait mais il reste très stimulant et, en dehors de quelques longueurs, agréable à lire.

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L'Usage des armes

« En tout cas, L’Usage des armes adopte une forme littéraire élaborée qui épouse parfaitement le chemin sinueux, non dépourvu de perversité formelle, qui va de la civilisation de la Culture à la barbarie et retour. Je recommande à ses lecteurs de lire le livre deux fois, une première fois selon l’ordre des pages, et une seconde fois en suivant la numérotation des chapitres à partir de la fin, en chiffres romains à l’aller, en lettres au retour. Ils feront d’intéressantes découvertes chronologiques et pourront étudier à loisir les tours de passe-passe d’un écrivain hors pair. »



Cet extrait de la préface de Gérard Klein rend bien compte de l’ambition de ce roman. Le problème c’est que je n’ai pas du tout été sensible ni à sa forme, ni à sa narration. J’ai failli déclarer forfait à de nombreuses reprises. Pourtant des pages, plus intéressantes, surnageaient dans cet océan trop bavard et alambiqué, j’ai tout de même réussi à aller jusqu’au bout. Mais je ne suivrai pas le conseil de Gérard Klein…



Iain M. Banks tenait, avec son univers de la Culture, si original, une mine de possibilités. Dans ce second volume, il n’en tire pas vraiment partie. Ce qui est au centre, et dont nous découvrons l’ampleur dans le dernier chapitre, c’est un conflit entre quatre enfants, qui versera dans l’Horreur.



Si les scènes de bravoure, purement visuelles, ne manquent pas, je juge ses personnages trop peu crédibles. L’arrière-plan est censé être très sombre mais comme je n’ai pas éprouvé beaucoup d’empathie pour son personnage principal, Cheradenine Zakalwe, tout m’était un peu indifférent…



Peut-être que la lecture d’un troisième volume de ce cycle me convaincra davantage. Mais pour l’instant je n’ai pas envie de poursuivre.

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