Citations de Ian McDonald (213)
Votre développement basé sur les petits États terrestres était passionnant, mais la Lune n'est pas comme ça: nous sommes une colonie économique.
la nanotechnologie pourrait reprogrammer nos personnalités. Le but suprême de tout conflit, c’est le cœur et l’esprit.«
Dans leurs traités et leurs enseignements, les grands stratèges font remarquer qu'on peut perdre une guerre tout en ayant vaincu son adversaire.
Tout miser sur Dieu est le plus sage des paris. Vous ne risquez pas grand chose, alors que si vous avez le tort de nier son existence vous serez indéniablement dans la merde.
Alors qu'il contemplait ce spectacle, au-dessus de la foule et des voitures silencieuses, Everett sentit soudain un noeud, aussi gros et dur qu'un poing, lui vriller l'estomac. Avec un goût de poison. Il lui fallut un certain temps pour identifier cette douleur. C'était la solitude.
Cinq jours c'est une éternité quand on est dans les affaires, estime Adnan. Le lundi il ne songeait qu'à réussir une arnaque au gaz, verser un acompte sur une maison et voir Galatasaray battre Arsenal. C'est vendredi et il a détruit une multinationale, acheté une société nanotechnologique et raté le match.
C'est un modèle haute définition. J'ai droit à ce qui est à la pointe de la technique, sitôt que c'est disponible. Mais ils n'ont pas de bouton d'arrêt. Une autre de mes premières constatations c'est que je vois toujours cette ville quel que soit le canal choisi, et que le programme qui passe n'est autre que ce qui s'y déroule. En un certain sens, je suis le témoin de tout ce qui s'y passe. Vous connaissez certainement le solipsisme de l'arbre qui tombe dans la forêt. Fait-il du bruit, s'il n'y a personne pour l'entendre ? La vieille question posée par Berkeley, peut-on dire qu'une chose existe si elle n'est pas perçue ? J'aime à croire que, sans ma surveillance constante et ma qualité de témoin, la ville se serait désagrégée et aurait sombré dans le néant, car il y a nécessairement eu un instant, fût-il très bref, où j'ai été le seul à être éveillé et conscient de l'existence de sa population. Lorsque j'aurai retrouvé l'état qui était auparavant le mien, il est possible que la ville finisse par s'oublier et de dissoudre, au cours d'une sombre nuit. Oh, je ne me fais aucune illusion sur mon compte ! Un homme qui ne dort, ne mange et ne chie jamais, qui ne se fatigue pas et n'a aucune pulsion sexuelle ; un individu qui n'a pas une seule fois depuis au moins vingt ans mis les pieds hors du bâtiment dans lequel vous venez de le trouver à cause de la peur incapacitante qui l'empêche de s'éloigner de cette chaise plus de quelques minutes ; que pourrait-il bien être, sinon le fruit de l'imagination d'une autre personne, son cauchemar ?
II s'agit d'une des pièces qu'Ayse aime le plus. Il a fallu distribuer bon nombre d'enveloppes pleines d'euros pour la soustraire à la convoitise de la police des antiquités. Dès l'instant où son contact au sein de ces services lui a montré le Pentateuque, elle n'a reculé devant rien pour se l'approprier. D'autres auraient pu faire cela pour le prestige, le plaisir de tout contrôler, les sommes en jeu. Pour Ayse, c'était la beauté, la magnificence qui suivait des spirales dans les textes araméens et syriaques vers le grec démotique de l'Oxyrhynchos, l'hébreu mis péniblement d'équerre des étudiants du Talmud de Lisbonne et de Milan, la calligraphie divine des scribes coraniques de Bagdad, de Fès et de l'érudite Grenade. Un courant qui se poursuivrait par les lignes organiques de l'illumination évangélique des monastères allant de Sainte-Catherine à Cluny, sous l'éternelle lumière des icônes grecques et arméniennes, en passant par les détails fins comme des cheveux des miniaturistes persans jusqu'aux lignes consumées par le feu de l'imagination de Blake. Pourquoi vendre de la beauté, si ce n'était pour s'y vautrer ?
Journal intime d'Emily - 18 mars 1913.
J'écris ces quelques lignes en étant sous ma petite tonnelle, dans un vallon des bois de Rathfarnham. C'est mon refuge, mon sanctuaire, un endroit où les branches des arbres m'enlacent comme les bras d'un amant. Une femme tout de vert vêtue, voilà en quoi me métamorphose cet abri feuillu. Il m'a fallu du temps pour trouver l'endroit idéal sur ce versant de la colline,...
Le vent semble souffler d'une direction absente de toute boussole; il emporte au loin la musique fraiche, nouvelle, imprégnée d'une splendeur solitaire que je nai jamais entendue dans la lumière plate et morne.
Il s'emplit les poumons de l'air de la Terre, de ses odeurs de détergent, de plastique, de corps humains, de crasse, d’électricité.
La dernière chose qu'il voit est la silhouette au pied de son lit. Il sait que ce n'est pas un fantôme: il n'y en a pas sur la Lune. Sa roche les rejette, son rayonnement et son vide les dissipent.
Nous nous embrassons et la mer prend feu.
Les bébés sont ennuyeux. Les gamains ne commencent à être humains qu'à leur cinquième anniversaire.
« Ça a été pris quand ? a soufflé Thorn.
– En 1995.
– Ce qui leur ferait…
Au moins cent cinq ans. » J’ai été pris d’un frisson, à la fois glacé et délicieux, celui du choc de la raison humaine sur quelque chose d’impossible mais d’indéniable.
Le temps fut, il sera de nouveau.
Il n’y aura aucune fin à la violence, tant qu’il y aura des hommes.
Nul ne tire impunément un trait sur toute son enfance
Ne restent que Georgios et Constantin qui apprécient le brusque silence comme seuls des hommes en sont capables, sans éprouver le besoin de le combler avec des mots.
Arrivé à un stade, tous les pays prennent conscience de devoir se nourrir de leur histoire. Les Romains ont dévoré les Grecs, les Byzantins les Romains, les Ottomans les Byzantins, les Turcs les Ottomans. Quant aux Européens, ils dévorent tout ce qu’ils trouvent.