Ildefonso Falcones

Ne te fie jamais à ceux qui prétendent servir Dieu. Ils te parleront doucement, avec de jolis mots, si savants que tu ne les comprendras pas. Ils essayeront de te convaincre avec des arguments qu'eux seuls savent manier jusqu'à s'emparer de ta raison et de ta conscience.

Nous ne sommes guère plus que des jouets entre les mains des nobles. Ils décident ce qui les arrangent sans se soucier du nombre de morts ou de la misère que cela peut entraîner.

Arnau et Joanet eurent l’impression que leur dos, pourtant collé au mur de la vieille église, vibrait du rugissement jaillissant des gorges des hommes qui avaient tiré sur les cordes pendant des heures. Beaucoup se laissèrent tomber au sol.

Depuis que Séville avait perdu le monopole du commerce des Indes au profit de Cadix, la richesse avait fondu, les commerçants s'étaient appauvris et le fossé s'était creusé entre ceux qui vivaient dans la plus grande misère - la grande majorité - et une minorité de fonctionnaires corrompus, d'aristocrates prétentieux propriétaires d'immenses domaines et d'ecclésiastiques réguliers ou séculiers qui se comptaient par milliers. Pour ces derniers, le moment était venu de délivrer au peuple la doctrine chrétienne de la résignation au moyen de sermons, messes, rosaires et processions. Jamais il n'y avait eu autant de prêches publics. Ils menaçaient de toutes sortes de punitions et de maux les fidèles se livrant à la débauche.

Ne te méprends pas, Arnau, le mit en garde Hasdai en souriant. Les cambistes reçoivent en dépôt l'argent des chrétiens et, avec cet argent, passent des commandas dont ils doivent ensuite payer les intérêts à ces mêmes chrétiens. Les cambistes prennent la responsabilité, mais l'argent appartient aux chrétiens, à tous ceux qui le déposent sur leurs tables de change. Arnau, il y a quelque chose qui ne changera jamais : celui qui possède de l'argent en veut davantage. Il ne l'a jamais offert et ne l'offrira jamais.

Les hommes poignardèrent le bénéficier et le prêtre .Un peu à l'écart ,sur une petite terrasse,Hernando tressaillit lorsqu'il vit sa mère se diriger lentement vers Don Martin,qui agonisait sur le sol.Que faisait-elle? Il sentit qu'Hamid lui passait un bras autour des épaules.

Les musulmans contraints au baptême et au christianisme par le roi- , dont l'assistance aux saints -offices devait etre contrôlée tous les dimanches et les jours d'obligation.

Et l'acier commença à s’éveiller : au fur et à mesure que les armes étaient choquées, les unes contre les autres ou contre des pierres, le métal jetait des étincelles.

L'esprit de l'homme est retors, et il aime en général croire au pire.

Tandis que la flotte attendait, la galère royale entra dans le port et fit un tour sur elle-même pour que la multitude réunie sur la berge de Barcelone puisse l'admirer et l'acclamer.

2015

Frère Joaquin, nous les femmes, nous venons au monde pour accoucher dans la douleur, pour travailler et pour souffrir de la dépravation des hommes. Taisez-vous, le pria-t-elle, voyant qu'il allait intervenir. Eux, vous tous..., vous vous révoltez, vous luttez, vous combattez l'infamie. Parfois, les hommes gagnent et ils se transforment en mâles victorieux; le plus souvent, ils perdent, et ils retournent leur colère contre les faibles pour se duper eux-mêmes et vivre avec la vengeance comme seul horizon. Nous, on doit se taire et obéir, ça a toujours été comme ça.

Nous, (les femmes) nous pouvons seulement lutter pour oublier nos peines et nos souffrances, pour les vaincre, mais jamais pour nous venger d'elles. On peut s'accrocher à un espoir, aussi petit soit-il, et, en attendant, parfois,et seulement parfois, on peut essayer de se sentir à nouveau femmes.

Pourquoi les chrétiens iraient-ils en enfer puisqu'il existe des maures ?

Sa vie s'était concentrée sur un rêve : réunir les deux religions opposées et démontrer la suprématie du Prophète.

- Les hommes ne pleurent pas, sauf quand leur mère se meurt ou qu'ils ont les tripes à l'air

- Et qu'as-tu à voir avec tout cela, finit par demander Nicolau.
- Je peux vous l'expliquer... en privé -exigea Guillem, en réponse au geste de Nicolau.
- La ville se soulève contre l'Inquisition et maintenant un simple infidèle exige de moi un audience privée ! se lamenta en criant Nicolau. Pour qui vous prenez-vous ?
- Que vas-tu dire à ton pape ? lui demanda Guillem d'un regard. Ou peut-être as-tu envie que tout Barcelone soit au courant de tes manoeuvres ?
- Fouillez-le, ordonna l'inquisiteur à l'officier, Vérifiez qu'il ne porte pas d'arme et accompagnez-le jusqu'à l'antichambre de mon bureau. Attendez là-bas mon arrivée.

Elle s'écarta de lui et prit une main dans la sienne.
- La mer. La mer ne sait rien du passé. Elle est là. Elle ne nous demandera jamais d'explications. Les étoiles, la lune ... elles nous éclairent et brillent pour nous. Que leur importe ce qui a pu arriver ? Elles nous accompagnent et sont heureuses. Tu vois comme elles brillent ? Elles scintillent dans le ciel ; le feraient-elles sinon ? Si Dieu voulait nous punir, il déclencherait une tempête, non ? Nous sommes seuls, toi et moi, sans passé, sans mémoire, sans culpabilité, sans rien qui puisse désormais s'opposer à notre ... amour.

- On dit que, de tous les temples dédiés à la Vierge dans le monde, celui-ci sera le plus beau, choisit-il de répondre.
Berenguer sourit à Arnau. Comment raconter à un jeune garçon, à un bastaix, à quoi allait ressembler ce temple alors que même les évêques ou les nobles n'étaient pas capables d'entrevoir le projet ?
- Comment t'appelles-tu ?
- Arnau.
- Eh bien, Arnau, je ne sais pas si ce sera le plus beau temple du monde.
Arnau avait tout à fait oublié sa douleur et regarda le maître.
- Ce que je peux t'assurer, c'est qu'il sera unique, et ce qui est unique n'est ni beau ni laid, mais simplement cela : unique.

Ne cherche pas la reconnaissance de tes frères, lui avait conseillé le peintre. C'est juste de l’orgueil. Recherche seulement celle de Dieu. Continue à lutte pour ce que tu sens mais conserve à l'esprit que le seul chemin est celui de la parole, de la compréhension, jamais de l'épée.