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Critiques de Ingrid Thobois (163)
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Miss Sarajevo

Je remercie les éditions Buchet Chastel et Babelio qui m'ont offert ce livre lors d'une masse critique privilégiée.



Le sujet est grave. Un suicide, une guerre, un enterrement s'articulent, s'entrechoquent, se succèdent, se précèdent ou se bousculent dans la tête du personnage principal Joachim.



Pour être plus claire, Joachim est photographe de guerre. Il a vingt ans et part à Sarajevo pendant deux mois. Il garde très présent le suicide de sa soeur Viviane. Un drame pareil ne peut pas s'oublier. Quelques années plus tard il se rend à l'enterrement de son père. Il a quarante-cinq ans. le film de sa vie s'impose à lui. Des retours sur image, son enfance, ses manques, ses interprétations.



En lisant ce livre j'ai tracé une courbe assez cohérente entre les points marqués par l'auteur. le coup de tonnerre lorsque Viviane s'est suicidée, les bombes entendues à Sarajevo et toujours cette caméra qui se ballade obstinément entre les souvenirs et la réalité, entre une enfance feutrée et pourtant construite sur « du mou » et la guerre si dure qui ne cache rien de son acharnement cruel et violent. J'ai vu peut-être un pont entre la disparition de Viviane, disparition volontaire, irrémédiable, laissant sa traîne de doutes et de culpabilité, et le métier de Joachim qui décide à vingt ans de photographier la guerre, de la fixer droit dans les yeux, d'immortaliser des images alors qu'il n'a rien vu du désarroi de sa soeur, rien vu de l'urgence de la situation. A t-il voulu réparer ?



L'écriture est poétique et sensible. Il est bien difficile d'explorer tant de sentiments forts, de passer son stylo sur tant de cicatrices à peine fermées sans avoir le talent d'émouvoir. Et j'ai souvent été émue !



J'ai trouvé, entre autre, le passage sur l'angoisse particulièrement savoureux parce que tellement bien dit, tellement juste et décrit avec de si belles images. Je le noterai avec grand plaisir dans les citations si ce n'est déjà fait.



Cependant, pour être honnête, j'ai buté sur des passages un peu trop ampoulés à mon goût. L'auteur nous parle « d'ourlet du sommeil simulé » « de la tôle ondulée de sa cage thoracique », « d'homogénéité amoureuse » de « La mère qui dérivait dans une temporalité de plus en plus lacunaire » « d'un laps de temps, pièce maîtresse dans l'architecture du hasard ».

Des phrases directes, épurées se seraient intégrées à merveille dans ce contexte me semble t-il..



Et puis quelques passages un peu lents. J'attendais une autre musique.

Les éclats d'obus, les coups de mitraillette, les flashes de l'enfance, une photographie, un saut dans le vide tout cela est bref, atroce mais bref, spontané, fulgurant. Un clic, un bruit assourdissant, un semblant d'image qui passe à la vitesse de l'éclair. Une situation d'urgence marque son emprise. Et Clac.



Cette remarque très très personnelle ne m'empêche pas de classer ce livre dans la rangée d'ouvrages qui m'ont marquée, que je relirai peut-être un jour et que je ferai circuler sans aucun doute. Il faut bien de temps en temps ergoter sur ce que l'on pense être des moins-values si l'on veut mettre en évidence les points forts plaisants d'une histoire!

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Le roi d'Afghanistan ne nous a pas mariés

Belle escapade en Afghanistan avec ce petit livre où nous suivons une femme qui découvre à la fois le pays et l'amour d'un homme avec grande sensualité. Ainsi, le lecteur va surtout ressentir une ambiance bien plus qu’une histoire qui n’est finalement qu’un accessoire dont on se détache assez vite.



L’héroïne, amoureuse d’un afghan, va suivre dans son pays tout un chemin de mystère, de charme, d’illusion, en pénétrant au coeur d’une culture qu’elle ignorait et qui la transforme peu à peu.



C’est un livre où le désir s’échappe vers l’aventure, où les sens sont enivrés par les saveurs et les émotions, où le temps paraît s’arrêter alors que sa marche inexorable se poursuit, mais tant l’auteur que les protagonistes et même le lecteur l’oublie peu à peu.



Si le livre est court, les phrases sont souvent longues et alambiquées ce qui ne m'a pas déplu. J’ai aimé me perdre dans ces longues propositions, très souvent poétiques, qui renforcent encore la perception posotive de cette lecture.



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Juste de l'autre côté de la mer

Lilia et Mehdi, 15 ans, sont jumeaux. Ils vivent à Boulmane, petit village de l'Atlas marocain dans la vallée du Dadès, avec leur mère, Kenza. Ils sont entourés par Kahina et Malik, qui à la mort de leur père, Kader, ont été des soutiens précieux et aiment les jumeaux comme s'ils étaient leurs petits-enfants.

Ils mènent une vie sereine. Mehdi est passionné par la pêche et Lilia par le dessin. Mais le jeune garçon, depuis quelque temps, change. Il a envie de nouveaux horizons, notamment au contact d'Éric, ce touriste et ami français. Il ne peut s'empêcher de rêver à l'Europe où, croit-il, il pourra réaliser tous ses rêves.

Quant à Lilia, pas question pour elle de quitter sa terre natale. Un concours de circonstances va entraîner ces deux jeunes ados à Tanger, vers ce fameux détroit de Gibraltar.

Ingrid Thobois, par le biais d'une intrigue familiale passionnante, aborde de façon très pertinente l'envie qu'ont ces jeunes Marocains d'avoir une vie meilleure en partant pour l'Europe. La tentation est grande.

L'autrice décrit très bien toutes les fausses infos qui circulent, ces histoires de succès, d'argent, de beaucoup d'argent, infox véhiculées par ceux qui ont réussi à traverser, souvent au péril de leur vie et qui téléphonent à leurs copains du bled, ne pouvant leur dire qu'ils mènent une vie de clochard. Tout, plutôt que de perdre la face.

Outre le sujet des migrants, l'autrice traite également du travail clandestin et de l'exploitation des enfants d'une manière très émouvante.

Juste de l'autre côté de la mer, roman jeunesse, est un roman d'aventure où le suspense est maintenu de bout en bout. Ingrid Thobois nous offre des descriptions magnifiques de cette splendide vallée du Dadès et du Maroc en général, avec comme fil rouge, cette envie d'un avenir meilleur.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le roi d'Afghanistan ne nous a pas mariés

C’est l’histoire d’un double amour. Celle d’une jeune femme, maitresse d’un homme marié, celle d‘une jeune femme à la découverte d’un pays. Malgré les promesses les histoires d’amour finissent mal comme le chante si bien Catherine Ringer. Ce pays c’est l’Afghanistan, fascinant, envoutant, mystérieux. Ingrid Thobois entrecroise habilement avec un sens poétique évident ces deux idylles. Tandis que l’amour joue aux montagnes russes, la jeune femme tombe sous le charme de cette terre inconnue (sans Frédéric Lopez).

On peut je crois être hermétique à ce style, phrases volontairement longues, descriptions volontairement chargées, on peut aussi se laisser emporter par ce choix narratif, cela a été mon cas. Un premier roman exigeant plein de promesses.

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Juste de l'autre côté de la mer

Je remercie Babelio et les éditions Bayard jeunesse pour l'envoi de ce livre.



Les couleurs chatoyantes du Maroc et la douceur de vivre dans un petit havre de paix créent une belle atmosphère. Une intéressante palette de personnages pleins de vie partage leurs désirs, leurs rêves, mais aussi leurs difficultés.



Progressivement Ingrid Thobois dirige la narration vers des thèmes comme la montée de l'extrémisme, la condition de la femme, l'exploitation des enfants et le rêve migratoire des jeunes qui désirent quitter leur terre natale pour tenter la vie de l'autre côté de la mer.



C'est un récit actuel et plein d'humanité, traité de manière simple mais riche et émouvant qui ravira jeunes et moins jeunes !





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Miss Sarajevo

Une belle découverte, vraiment! Je ne connaissais pas l'auteure, qui a déjà eu plusieurs prix. Et dès les premières pages, j'ai été séduite par l'écriture, tout en poésie et émotion, en pudeur aussi.



Le titre fait immanquablement penser à la chanson de U2 et plus spécialement aux paroles" is there time to be a beauty queen". Cependant, contrairement à mon attente, s'il est question de la guerre en Bosnie et de Sarajevo, du concours de beauté organisé pour conjurer l'horreur, ce n'est surtout que dans la dernière partie du livre.



Le thème essentiel est celui d'un douloureux événement familial, qui a fait perdre ses repères à une famille. C'est la souffrance de Joaquim, de ses parents, après la disparition de sa soeur Viviane à seize ans.



Comment se construire quand on a dix neuf ans au moment des faits? Comment continuer pour un père, une mère?



Le livre est donc une introspection, Joaquim, la quarantaine, égrène ses souvenirs, alors qu'il revient après la mort du dernier membre de la famille, son père , à Rouen, sur les lieux douloureux de l'enfance et de l'adolescence.



Pour survivre, Joaquim avait décidé de partir à l'étranger, comme photographe, dans les zones de conflit. Mais cette fuite en avant, qui le fait se rendre d'abord à Sarajevo en 1993, il la sait inutile:" on n'oublie jamais rien; on escamote ou on enfouit."



Les flash-blacks ramènent le lecteur à l'époque où Viviane était encore vivante, ils nous plongent aussi dans l'enfer de Sarajevo ( les traumatismes des habitants sont extrêmement bien rendus), et évoquent la dégradation familiale.



Les remarques sur la mémoire, l'acte de photographier, les séquelles irréversibles d'un drame familial, le quotidien affreux de civils subissant la guerre sont très justes et nous imprègnent en profondeur.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour m'avoir permis d'entrer dans l'univers d'Ingrid Thobois. Je compte lire d'autres livres de cette auteure très attachante.Si vous avez des titres à me suggérer, je suis prenante!
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Miss Sarajevo

« De Sarajevo, Joaquim n'a longtemps su que l'assassinat d'un archiduc. »



Même chose pour tous ceux nés avant 1970-1980, je suppose.

Jusqu'à cette guerre des Balkans, au début des années 90, « à seulement deux heures d'avion de Paris », comme on disait alors.

Au coeur du conflit : Sarajevo à feu et à sang.

Il nous semblait inconcevable, à travers nos écrans TV ou 'le poids des mots, le choc des photos' de la presse, que les Casques bleus (ONU) ne puissent rien faire pour arrêter ça.

Cette guerre a duré quatre ans.

Bilan humain : « Onze mille cinq cent quarante et un [ 11 541 ] morts, enterrés si l'on a pu, comme on a pu, quand on a pu, à l'aube ou au crépuscule, rarement dans un cimetière, dans les bas-côtés, devant les entrées d'immeubles, sous les balançoires des jardins publics. »

La population a résisté. Certaines personnes activement, en prenant les armes. D'autres 'passivement', en continuant à vivre dans cette ville, sous les bombes, sous les tirs. Des 'gestes minuscules' comme dit la 4e de couv, mais essentiels ; ceux du quotidien, et parfois même un peu plus, du luxe troqué contre les produits de première nécessité.



Ingrid Thobois nous raconte tout cela, et beaucoup d'autres choses, à travers le regard de Joaquim, jeune photographe de vingt ans, mi-rouennais, mi-parisien, perturbé par un drame familial et en froid avec ses parents.



J'ai lu ce texte doucement, soigneusement, relevant de nombreux passages, séduite par la plume précise, riche en images et symboles.

L'auteur décrit parfaitement le figé (photo) aussi bien que le mouvement (train) ; la photo qui montre l'horreur ou qui leurre sur un bonheur feint ; les souvenirs d'un quadragénaire et la fuite de la mémoire d'une vieille femme brisée ; la création artistique et l'auto-destruction ; les apparences et les sentiments ; la cellule familiale qui protège et détruit ; les drames familiaux et les conflits à l'échelle d'un pays ; les brouilles individuelles figées par orgueil et l'inertie de la communauté internationale face à une guerre pourtant très médiatisée...



Autant de sujets qui me captivent, a fortiori lorsqu'ils sont traités avec une telle sensibilité.

Je suis bien sûr impatiente de découvrir d'autres textes de cette auteur brillante.
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Miss Sarajevo

Miss Sarajevo , livre reçu lors d’une opération spéciale Masse Critique.

Livre de l’auteur Ingrid Thobois dont j’ai lu un autre roman il y a quelques années , Le roi d’Afganistan ne nous a pas mariés , livre que j’avais beaucoup aimé .

Cette lecture Miss Sarajevo m’a encore plus plu , j’ai eu l’impression que l’ecriture de l’auteur était encore plus belle .

Miss Sarajevo le titre est une référence à un concours de beauté organisé lors de la terrible guerre fratricide en Bosnie , guerre ´ à nos portes´ , ce qui nous semblait inimaginable après la chute du mur de Berlin qui nous berçait de la douce illusion de vivre une période de paix éternelle .

Le roman se compose de deux histoires , cette guerre si troublante parce que si proche , et l’histoire personnelle de Joachim , toute en retenue .

Je pense que c’est cette partie que j’ai le plus aimé , l’histoire de cette famille qui n’a jamais pu mettre des mots sur sa souffrance en pensant bien faire et qui s’est enfoncée dans un mal - être sans retour .

Histoire toute en finesse comme je les aime , il me semble que ma critique ne rend pas hommage à ce livre , alors un seul conseil , lisez le et pendant quelques heures suivez les pas de Joachim de Sarajevo à Rouen , revenez sur les lieux de son enfance et vous lirez un roman qui évoque merveilleusement le temps qui passe , les traces de souvenirs sur nous devenus adultes .

Merci à l’auteur pour ce beau roman , merci à babelio pour cette belle lecture , je vais m’empresser de la conseiller autour de moi .
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Miss Sarajevo

Voici un joli roman doux amer dont les images fortes me trotteront longtemps dans la tête.



Avec une remarquable sensibilité et une documentation précise concernant les années noires de Sarajevo, Ingrid Thobois nous glisse dans les bagages de Joaquim, photographe de guerre, traînant une histoire familiale dramatique qu'il tente de conjurer en se frottant aux risques du son métier.



L'acte fondateur du globe-trotteur étudiant sera cette plongée dans la ville assiégée, au plus près des populations, dans l'intimité d'une famille qui verra couronner sa reine de beauté 1993, comme un défi à la mort et à l'horreur.



Le livre structuré en deux narrations parallèles sur plusieurs années évoque autant les brisures extérieures, par la zone de conflit, qu'intérieures par la douloureuse résilience d'un vécu familial détruit par un secret.

C'est la reconstruction en sérénité d'un homme qui se joue ici, avec une écriture tout en délicatesse, sur un contexte qui porte haut les idées de fraternité et d'amour familial.



Une très belle réussite.

Je vais m'empresser de découvrir les autres titres de la romancière.



Remerciement à #Netgalley

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La confiance règne

C'est évident, ce roman est très bien écrit. Un style incisif et bourré d'humour que j'ai vraiment beaucoup apprécié. Un style tout à fait en adéquation avec le personnage principal, Leïla : l'adolescente prend la vie à la légère, ne mesure pas les risques, craque au moindre regard masculin, voudrait se détacher un peu de ses parents, a bien du mal à faire face aux problèmes qui peuvent se présenter, aime les tests des magazines, a des amis, se dispute avec eux, s'en fait d'autres… Bref, elle a seize ans !

Les anecdotes sont souvent savoureuses, mais voilà, j'ai compris après quelques chapitres que l'aspect décousu du roman allait durer jusqu'à la fin et ça, c'est une déception. A vrai dire, je m'attendais à quelque chose de différent dans la forme, quand bien même l'éditeur fait mention de « tranches de vie » sur son site. De fait, le changement de narrateur (que j'apprécie en général) m'a perturbée car rien ne l'annonçait. Cette confusion dans la narration est également perceptible dans les thèmes abordés par le récit. Certes, une adolescente peut vivre des tas et des tas de situations différentes en une année, mais honnêtement, ça part un peu dans tous les sens. A aucun moment, il n'est pas question de s'appesantir sur l'une des difficultés vécues par Leïla (la sexualité, la religion, la mort…), elles sont évoquées en surface et restent à l'état de prétextes. C'est vraiment dommage car il y avait de quoi faire un excellent roman jeunesse, en se concentrant uniquement sur une ou deux problématiques. Celle du meilleur ami par exemple…


Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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La confiance règne

Je n'avais jamais entendu parler de ce bouquin, et si je l'ai pris , c'est uniquement parce que la couverture (silhouette noire + titre calligraphié à l'intérieur) me faisait penser à un autre roman (ado) que j'avais beaucoup aimé " La vérité sur Alice".

Mais rien à voir ...

On est en France , Leila vient de se faire plaquer par Arthur , puis Leïla n'a plus ses règles, puis Leïla garde le chien d'une copine , Leïla déménage dans le Nooord , Leïla se confronte à la mort, puis Leïla part au Bled, puis Leïla fait de l'auto stop ...

Beaucoup de thèmes abordés, l'auteur est généreuse . Pour ma part , j'ai trouvé qu'il y en avait trop ... Du plus léger problème d'adolescente au plus grave (mineurs -migrants ) , on s'éparpille un peu .

J'ai eu l'impression que ce roman était comme des polaroids sortis d'une boite à souvenirs , plus que comme une histoire dont le fil conducteur serait Leïla .

Certains y trouveront un certain charme car l'auteur écrit bien .

J'ai adoré la scène du métro avec le chien ...

Une auteur qui a du potentiel , qui ne manque pas d'humour (et moi , on m'a à tous les coups avec ça !) .

Je suivrai sa carrière avec intérêt ...

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Miss Sarajevo

Avant tout, je tiens à remercier Babelio et les Editions Buchet Chastel qui m’ont permis grâce à Masse Critique de découvrir la plume sensible et délicate d’Ingrid Thobois.

Je suis toujours curieuse de me plonger dans un roman lorsque je ne sais rien de l’auteur, j’aime cette immersion en terre inconnu.

Et là, je dois dire que j’en ressors tout à fait conquise. J’ai tout aimé dans ce livre à la fois grave et poétique.

J’ai aimé ces histoires qui se chevauchent entre Paris, Rouen et Sarajevo.

J’ai aimé Joaquim, photographe de guerre, en proie à un grand mal être après le suicide de sa sœur et qui part à Sarajevo, ville meurtrie en espérant exorciser ses démons.

J’ai aimé la façon dont l’auteur nous transporte, d’une ville à l’autre, d’un drame à l’autre.

Une histoire personnelle douloureuse qui fait échos à l’histoire d’une ville en proie aux bombardements où l’on tente de survivre en rêvant de devenir « Miss Sarajevo », lorsque l’on ose comme Inela passer outre le danger et défiler en brandissant une pancarte : « Don’t let them kill us ».



Sans jamais tomber dans le larmoyant, l’auteure réussit un roman pudique et émouvant.

Une belle lecture.





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Miss Sarajevo

***



Joachim a 44 ans. Il vient d'apprendre le décès de son père, qu'il n'a pas vu depuis de très nombreuses années. Cette perte le laisse totalement orphelin. Il n'a plus personne, il est seul... Seul avec ses questions, ses doutes, ses angoisses et ses fantômes. Alors il se souvient, alors qu'il avait à peine 20 ans, de son premier voyage dans un pays en guerre : les 2 mois passés à Sarajevo en 1993 l'ont marqués à jamais...



Dans ce roman qui mêle à la fois les époques, les pays et la Grande Histoire, Ingrid Thobois nous plonge dans les douleurs infligées par autrui, subies et dépassées.



Quelles soient dues à la guerre, comme pour la famille que rencontre Joachim à Sarajevo, ou en raison du silence et des non-dits familiaux, les blessures sont ici profondes. Chacun doit alors puiser en lui la force de les panser.

Joachim tente de combler les silences par les bruits des obus, cherche à faire taire ses acouphènes au milieu des bombes... Comment apprendre à vivre dans le manque perpétuel d'amour, de parents, de gestes tendres et de paroles déculpabilisantes et rassurantes ?



Un roman fort, tout en pudeur, où résonne le son des coups qui blessent mais ne tuent pas...



Merci à NetGalley et aux Editions Buchet Chastel pour leur confiance.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Miss Sarajevo

D'une plume élégante Ingrid Thobois nous entraine de Rouen à Sarajevo à travers les souvenirs du narrateur, Joaquim entre les années 1990 et maintenant .



Il faut un certain temps pour comprendre le titre du roman , ce miss Sarajevo ... Lent cheminement avant de plonger dans les souvenirs de cette ville meurtrie en 1993 où les snipers au coin des rues dictent leur loi.



Dans la famille de Joaquim, chacun lutte à sa façon contre le chagrin après le suicide de Viviane , la jeune sœur de Joaquim : perte de mémoire rapide pour la mère, froideur et distanciation pour le père , Joaquim , lui , part en temps que photographe de presse dans le pays le plus dangereux de l'époque: Sarajevo en souhaitant inconsciemment, lui aussi y laisser sa vie .



A Sarajevo, au milieu des ruines, les survivants n'ont pas le temps de s'apitoyer sur leur sort et Joaquim est en quelque sorte pris en charge malgré lui par des habitants qui luttent pour leur survie et leur dignité, lui ouvrant la porte de l'espoir : des actes de résistance comme l'organisation d'un concours de beauté , une chorégraphie précise pour éviter les tirs , une fraternité pour lutter au quotidien contre les privations ... Famille de substitution pour le jeune homme qui va puiser de nouvelles aspirations et débuter un lent parcours vers la résilience .



Un joli roman à lire en écoutant et en regardant le clip de Miss Sarajevo par U2 avec Pavarotti.



Merci beaucoup pour cette masse critique privilégiée à Babelio et aux Editions Buchet-Chastel .
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Juste de l'autre côté de la mer

Lilia, depuis qu’elle sait tenir correctement un crayon, pas une journée ne passe sans qu’elle dessine. La pêche est à Medhi ce que le dessin est pour sa sœur, une passion chevillée au corps. Lilia et Medhi sont jumeaux, ils ne s’aiment pas, ils s’adorent. C’est elle la protectrice. Ils vivent avec leur mère et leurs grands-parents adoptifs dans un village marocain à portée de l’Atlas.



Kenza leur maman est une guerrière, elle déploie des trésors d’énergie pour ouvrir l’esprit de ses élèves et leur apprendre à penser par eux-mêmes ; mais l’ombre des barbus aux fronts étroits et aux rêves de violence gagne du terrain même sur cette terre berbère où la femme a toujours été l’égale de l’homme. Lilia et Medhi n’auront pas d’autres solutions que de fuir, ils se retrouvent à Tanger la grande ville de tous les dangers.



Ce livre présente de nombreux intérêts. Tout d’abord, les chapitres courts et une écriture simple rendent la lecture facile même pour des jeunes qui n’aiment pas trop lire. Ensuite, le roman représente une grande valeur à mes yeux par rapport aux thèmes qu’il aborde, la montée de l’extrémisme religieux et de l’obscurantisme, la femme traitée comme une esclave, le travail clandestin des jeunes adolescents et surtout l’illusion de l’émigration vers l’Europe. Des jeunes qui s’étourdissent de shit en rêvant de l’eldorado européen, la vie facile, l’argent qui coule à flots, les belles voitures bien loin de la réalité de la vie de misère, sans papiers, sans argent, la clandestinité à dormir sous les ponts ou au mieux dans des hôtels miteux, qui les attend de l’autre côté de la méditerranée.



Pour quelques Harragas (migrant) qui parviennent à traverser le détroit de Gibraltar des milliers d’autres se noient. L’auteur ne porte aucun jugement et cela donne d’autant plus de force à son récit et à la fin elle laisse une porte ouverte sur l’espoir. Un roman à conseiller pour les adolescents à partir de 14 ans.



Merci aux éditions Bayard Jeunesse et à Babelio pour l’envoi de ce livre !



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Miss Sarajevo

Un grand merci à Babelio pour cette masse critique privée et aux éditions Buchet Chastel pour ce partage d'une si belle lecture.

Un roman particulier il faut bien le dire, le balancement entre deux époques du personnage principal, nous berce doucement entre deux déchirures, où la douleur, le malheur règnent. Joaquim nous conte le drame familial, et ce mal être qui va l'accompagner tout le long de ce récit, qui va le propulser en plein de cœur de Sarajevo en guerre. Il retrouve les prémices d'un sourire, en la compagnie d'une famille qui vit la guerre au jour le jour. Dans cet espace temps figé dans l'horreur et l'incompréhension, on tente de vivre, de survivre et aussi de poursuivre, faire un pied de nez à cette absurdité et vaille que vaille d'organiser ce concours de beauté : miss Sarajevo ! Une résistance comme une autre.

Les passages de la guerre sont prenants, courts mais percutants.

La vie fracassée de Joaquim, nous bouleverse, on aimerait bousculer ses parents, on aimerait retenir sa soeur, et les voir s'étreindre tous les quatre, dans la joie et le bonheur d'une famille unie et heureuse.

On ne peut que s'émouvoir dans cette douleur, on ne peut que succomber au style si sensible de l'auteur et finir sur la note musicale pour retrouver l'éclat d'un espoir, un rayon de lumière avec U2 et miss Sarajevo en vous laissant le lien de la première version en 1997 au stade Kosevo,les voix de Bono et de Pavarotti finiront de vous séduire et de vous inviter à lire ce roman : Miss Sarajevo, pour ne pas oublier que la guerre reste le plus grand fléau de tous les temps. https://www.youtube.com/watch?v=S3KrelhVG5I (la qualité de l'image mauvaise mais on est en 1997 ! avec le moyen de l'époque )



je retranscris aussi la phrase sur la banderole lors du défilé : Don't let them kill us.

Ça résume bien la détresse d'une population prise entre les feux de la folie des hommes.

Émouvant, troublant, percutant. Encore merci pour cette belle lecture.

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Juste de l'autre côté de la mer

« Comme on brûle un feu rouge, brûler la mer, en d’autres termes, la traverser : gagner l’Europe, clandestinement. […] Quatorze kilomètres, c’est peu et beaucoup à la fois. C’est peu si tu as l’argent pour prendre le ferry. C’est beaucoup quand tu dois ramer de nuit dans les eaux noires du détroit de Gibraltar, à bord d’un rafiot bourré de clandestins, et pas un pour savoir nager. »

Cette phrase, à elle seule, justifie le titre d’un roman qui se veut abordable, malgré la complexité des sujets soumis à la réflexion des jeunes à qui il s’adresse.

Ingrid THOBOIS, avec ce roman que Bayard Jeunesse m’a permis de découvrir, soulève quelques sujets que, malheureusement, l’actualité quotidienne traite trop légèrement. Le rêve migratoire des populations qui ne voient en l’Europe qu’un Eldorado qui se révèlera le plus souvent trompeur … Encore faut-il y arriver ! Mais elle aborde aussi la montée des Barbus, la dangerosité qui peut se cacher derrière un Iman (derrière lequel il faut voir aussi tout qui, ‘de l’autre côté’, prétend à une quelconque direction des consciences, religieuses, politiques, sociétales. Parallèlement à ces intégrismes, Ingrid THOBOIS ouvre la réflexion à propos de l’exploitation des enfants non scolarisés, la place de la femme dans la Société ou encore la consommation de drogue.

Mais il ne faut pas s’y tromper, cette mer, surface miroir des rêves, des épreuves, des doutes, joies et pleurs renvoie face à face, sans pour autant les opposer, les deux mondes que sont l’Europe d’un côté, le Maroc (ici) de l’autre.

Et c’est là l’intérêt de ce roman. Les deux personnages jumeaux, frère et sœur que sont Medhi et Lilia, ont un regard différent sur l’à-venir de leurs rêves, ils n’en restent pas moins unis, même s’ils s’éloignent l’un de l’autre. Le fond du roman est cette interrogation à propos des chemins de vie à suivre, la richesse de l’entraide, la puissance d’une pensée personnelle face à l’endoctrinement, d’où qu’il vienne, la gratuité de la solidarité ou le coût à payer aux vendeurs de rêve et aux escrocs manipulateurs de miroirs aux alouettes.

Ingrid THOBOIS propose une écriture assez simple quoique riche en émotions, en saveurs et descriptions du pays marocain. La découpe en chapitres courts permet au jeune lecteur de contextualiser les propos, d’en découvrir les unités de sens et les oppositions entre les thèmes abordés. J’imagine facilement les échanges qu’un tel livre pourrait faire naître au sein d’une classe d’adolescents qui, tous, ont du monde, de leurs rêves, des visions qui demandent encore tant d’ajustements. Les thèmes abordés dans ce roman, justement parce qu’il s’agit d’un roman, permettent cette prise de hauteur qu’exige tout échange fécond.

Un roman à partager, à découvrir, un roman à discuter pour grandir !



Remarque : Quant à une éventuelle suite que l’auteur pourrait donner pour que le lecteur sache ce qu’il est advenu aux personnages attachants de ce récit, je pense que ce serait une mauvaise idée. Enfermer une suite, parmi les possibles, risquerait, à mes yeux de servir un déterminisme qui occulte les questions qu’un jeune peut se poser sur le futur, son futur. Pourquoi réfléchirait-il s’il lui suffit d’attendre une suite à consommer ?

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Juste de l'autre côté de la mer

Un livre dont les thèmes sont très actuels qui met les mots sur certains maux, sur cet espoir d'un ailleurs meilleur que celui que vivent une partie d'êtres humains. Cet espoir est décrit avec justesse et plaira aux jeunes lecteurs aussi bien qu'aux moins jeunes.

Avec une plume simple mais emprunte de douceur, l'auteur décrit un mal être profond qui ne peut que faire écho.
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Miss Sarajevo

Dans ce roman, nous suivons Joaquim qui le temps d'un trajet en train vers sa ville natale Rouen, se remémore son enfance, puis son adolescence avec en toile de fond un climat familiale pesant. Ses souvenirs nous entraînent également au cœur du conflit yougoslave.



Comme quoi les trajets en train sont souvent propices au vagabondage vers nos souvenirs avec ces paysages qui défilent à toute vitesse au coin de l’œil.



Je ne préfère pas développer davantage sur l'histoire, je vous laisse imaginer, car j'ai été un peu déçue en lisant ce roman. Je m'attendais à suivre cette guerre qui m'intrigue car je ne m'en souviens que vaguement, étant adolescente à l'époque. Toute la partie du roman consacrée aux relations familiales ne m'a pas du tout attirée. Finalement, la quatrième de couverture a peut-être mal orienté mon choix pour ce roman...



Mais je dois quand même dire que l'écriture et le style de l'auteure qui mêle allers-retours entre différents moments du passé m'ont séduits. Quant aux passages en lien avec le conflit, j'ai appris énormément de choses et je souhaite maintenant trouver d'autres romans abordant cette thématique.



Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour leur partenariat dans ce masse critique spécial.
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Miss Sarajevo

Un très beau texte d'une auteure que je découvre, à l'écriture élégante et précise.



Le récit mêle petite et grande histoires : celle de Joaquim, photographe qui revient à Rouen sur les lieux de son enfance, et celle de Sarajevo, ville assiégée au coeur des années 1990.



C'est un roman sensible qui nous entraîne sur les pas de Joaquim, entre drames familiaux et drames liés à la guerre. C'est l'histoire d'une reconstruction d’un homme en équilibre instable sur le fil de la vie. C'est un livre qui se lit avec le cœur et l'esprit, avec à chaque page des réflexions intelligentes et de l'empathie pour les personnages.



Certains passages sont vraiment magnifiques et très évocateurs, de la solitude de Joaquim notamment, ou des difficultés que l'adulte peut avoir à s'extraire de ses peurs et souffrances venues de la famille et du fin fond de l'enfance.



Une légère déception toutefois à la lecture de l'épilogue qui n'apporte que peu de réponses et de perspectives au personnage de Joaquim.



Enfin c'est une immersion réaliste dans un Sarajevo en ruines, au cœur d'une guerre qui fait désormais partie de l'histoire mais qui aura marqué mon enfance.



Au final une excellente découverte…
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