AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Isabel Allende (736)


Il serrait ses armes avec des doigts si raides qu'il était incapable de tirer. Il était trempé d'une sueur aigre dont il reconnaissait la puanteur : l'odeur de l'impuissance et de la terreur des esclaves martyrisés par Cambray. Il avait la sensation que son sort était scellé et que, tout comme les esclaves de sa plantation, il n'avait pas d'échappatoire. Il lutta contre la nausée et la tentation insupportable de s'accroupir dans un coin, paralysé par une abjecte lâcheté. Un liquide chaud mouilla sa culotte.
Commenter  J’apprécie          00
- Ne succombe pas à la cupidité, ma fille, rendre service à son prochain est rétribué dans le ciel, comme Jésus l'a promis.
- Dites-lui que je préfèrerais qu'il me rémunère ici-bas, ne serait-ce qu'un petit peu.
- Je le lui dirai, ma fille, mais Jésus à beaucoup de dépenses", répondit le prêtre avec un sourire narquois.
Commenter  J’apprécie          40
Des récits épouvantables circulaient sur l'esclavage aux Antilles, et les abolitionnistes avaient lancé une campagne internationale pour boycotter le sucre souillé de sang.
Commenter  J’apprécie          10
Il n'y a rien de plus dangereux que l'impunité, mon ami, car alors les gens deviennent fous et commettent les pires bestialités; ils sont tous semblables, quelle que soit la couleur de leur peau. Si vous voyiez ce que j'ai vu, vous vous interrogeriez sur la supériorité de la race blanche, dont nous avons parlé tant de fois.
Commenter  J’apprécie          10
Je ne peux accepter que les nègres soient aussi humains que nous-mêmes, quoiqu'ils aient une intelligence et une âme. La race blanche a créé notre civilisation. L'Afrique est un continent obscur et primitif.
Commenter  J’apprécie          10
- En mourant, tout comme à l'instant de venir au monde, nous avons peur de l'inconnu. Mais la peur est quelque chose d'intérieur à nous-mêmes, qui n'a rien à voir avec la réalité. Ainsi mourir est comme naître: un simple changement - (p.315)
Commenter  J’apprécie          50
C’était encore une belle femme aux formes opulentes et au visage ovale de madone romaine, mais à travers sa peau diaphane aux chatoiements de pêche, dans son regard plein d’ombres, on pressentait déjà l’enlaidissement de la résignation.
Commenter  J’apprécie          10
Elle avait dans l'idée qu'en mettant un nom sur les problèmes, ceux-ci deviennent tangibles et il n'est plus possible de les éluder; en revanche, maintenus dans les limbes du non-dit, ils peuvent disparaître d'eux-mêmes avec le temps.(p.187)
Commenter  J’apprécie          10
Le teint de sa peau aux doux reflets bleutés, comme le ton de sa chevelure, la lenteur de ses gestes et son caractère taciturne évoquaient un habitant de l'onde. Elle avait quelque chose du poisson et si elle avait été dotée d'une queue écaillée, c'eût été manifestement une sirène, mais ses deux jambes la campaient sur une frontière imprécise entre la créature humaine et l'être mythologique.(p.14)
Commenter  J’apprécie          40
Il est toutes sortes d'histoires. Certaines naissent au fur et à mesure qu'on les raconte, leur substance est le langage même ; avant d'être mise en mots, chacune est à peine une émotion, une velléité de l'esprit, une image ou quelque impalpable réminiscence. D'autres viennent entières, rondes comme des pommes, et peuvent être répétées à l'infini sans que leur signification risque de s'en trouver altérée. D'aucunes sont prélevées dans la réalité et développées au gré de l'inspiration, alors que d'autres germent d'un éclair d'inspiration et deviennent réalité du fait même d'être racontées. Il y a enfin des histoires secrètes qui demeurent enfouies parmi les ombres de la mémoire ; pareilles à des organismes vivants, il leur pousse des racines, des tentacules, elles se couvrent d'adhérences, de parasites, et se transforment avec le temps en matière à cauchemars. C'est ainsi que pour exorciser les démons d'un souvenir, il est parfois nécessaire de le narrer à la manière d'un conte.
p.243
Commenter  J’apprécie          30
Belisa Crepusculario comprit ce jour-là que les mots allaient en liberté sans appartenir à personne, et qu'avec un peu d'adresse, n'importe qui pouvait se les approprier pour en faire le commerce.
p. 16
Commenter  J’apprécie          00
Je crois que l'objectif de prise de vues avait un étrange effet sur lui, comme si cet accessoire le transportait dans un autre temps d'où il pouvait contempler les évènements sans y prendre vraiment part.
p.333
Commenter  J’apprécie          10
Ma mère […] Elle se mettait à parler du passé ou à raconter ses histoires, et la pièce s’emplissait alors de lumière, les murs disparaissaient pour laisser place à des paysages incroyables, des palais bourrés d’objets jamais vus, de lointaines contrées sorties de son imagination
Commenter  J’apprécie          50
Elle déposait à mes pieds tous les trésors de l’Orient, la lune et mieux encore, elle me réduisait à la dimension d’une fourmi pour me donner à contempler l’univers depuis l’infiniment petit, elle me flanquait des ailes pour le voir depuis le firmament, elle me collait une queue de poisson pour explorer le fond des mers.
Commenter  J’apprécie          30
A l’approche de mes dix-sept ans, mon corps atteignit ses proportions définitives et mon visage épousa les traits qui à ce jour ne m’ont plus lâchée. Je cessai dès lors de me contempler dans la glace pour me comparer aux perfections faites femmes du cinéma et des magazines de mode, et décrétai que j’étais belle pour la simple et unique raison que j’avais envie de l’être.
Commenter  J’apprécie          20
La morosité et l’ennui lui étaient plus supportables que l’effort à fournir pour mener une existence normale. Peut-être est-ce à cette époque qu’elle se mit à tourner et à retourner dans sa tête l’idée de la mort comme stade suprême de la paresse, dans lequel le sang n’aurait plus à battre dans ses veines, l’air à circuler dans ses poumons, où le repos serait total, où il n’y aurait plus à penser, plus à sentir, plus à être.
Commenter  J’apprécie          10
Cela faisait des années qu’il vivait dans un environnement parfaitement sous contrôle, sans surprises ni sursauts.
Commenter  J’apprécie          10
Il avait étudié le japonais pour apprécier les haïkus dans leur forme originelle, il pouvait le lire et le comprenait, mais il aurait trouvé prétentieux de se risquer à le parler. Il avait à cœur d’être polyglotte. Enfant, il avait appris le portugais dans sa famille maternelle, et l’avait perfectionné avec sa compagne brésilienne, Anita. Il avait acquis des rudiments de français, pour des raisons sentimentales, et des éléments d’espagnol, par nécessité professionnelle. Sa première passion 25amoureuse, à dix-neuf ans, était une Française, de huit ans son aînée, qu’il avait connue dans un bar de New York et suivie à Paris. La passion s’était promptement refroidie mais, par commodité, ils avaient partagé une mansarde dans le Quartier latin, où il avait acquis les bases de la connaissance charnelle et de la langue du cru, qu’il parlait avec un accent barbare. Quant à son espagnol, c’était à la fois celui des livres et celui de la rue : il y avait partout des Latinos à New York, mais les immigrés ne comprenaient pas sa diction de l’Institut Berlitz où il avait étudié.
Commenter  J’apprécie          10
Les tempêtes chiliennes se limitaient à la cordillère des Andes et à 12la Terre de Feu, dans le Sud profond, où le continent s’égrenait en îles tailladées par les lames du vent austral, où la glace faisait éclater les os et où la vie était rude. Lucía venait de Santiago, avec sa réputation usurpée de douceur climatique, mais où l’hiver est humide et froid, comme les étés sont brûlants et desséchés. La ville est encaissée dans des montagnes violettes, qui se réveillent parfois couvertes de neige. Alors la plus pure lumière au monde se reflète sur les sommets de blancheur aveuglante. En de rares occasions, il tombe sur la cité une fine poussière, triste et pâle comme la cendre, qui n’arrive pas à blanchir le paysage et se transforme en boue. Au loin, toujours, la neige demeure comme aux origines.
Commenter  J’apprécie          10
.
Dans un sous-sol de Prospect Heights – un caveau de ciment et de briques, avec un tas de neige à l’entrée –, Lucía Maraz maudissait le froid. Elle avait le caractère stoïque des habitants de son pays : habituée aux tremblements de terre, aux inondations, aux tsunamis et cataclysmes politiques, elle se faisait du souci quand aucun malheur ne se profilait dans un délai raisonnable. Et pourtant, rien ne l’avait préparée à cet hiver sibérien qui s’installait à Brooklyn par mégarde.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Isabel Allende Voir plus

Quiz Voir plus

Les charades de Lilly (6)

Technique picturale utilisant une seule couleur diluée.

camaïeu
lavis
pastel

5 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : charadesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}