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Critiques de Itamar Orlev (29)
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Voyou

Cronos, l'Avaleur est Polonais. Il se nomme Stefan Zagourski , et végète à Varsovie dans une maison de retraite pour anciens combattants. Dans les années soixante, sa femme est partie en Israël avec leurs enfants. Il n'est jamais allé les rejoindre et n'a plus donné de nouvelles.

Tadek, l'un des fils, est en pleine déconfiture matrimoniale et professionnelle. Hanté par le souvenir de ce père tyrannique, alcoolique, infidèle, violent, bagarreur, sympathique parfois, il décide en 1988 de retourner en Pologne pour renouer avec lui et obtenir des explications sur son comportement.

« J'en ai profité pour le détailler, cet homme qui était mon père, cet hédoniste polonais qui ne s'est pas gêné pour baiser, cogner, tuer. le voilà donc, assis sur son lit, adossé contre le mur, cheveux ébouriffés, visage gris rond rongé par des poils de barbe. S'il était né dans un autre milieu, en un autre temps, il aurait pu être un libertin plein de panache, et ami du marquis de Sade. .. Mais là, ce n'était qu'un voyou polonais qui avait émergé des égouts de Majdanek pour atterrir dans la crasse des quartiers pauvres de Wroclaw. L'aura de la liberté et du romantisme fracassée sur le sol d'une réalité viciée, sombre, nauséabonde. »



Voyou est un beau premier roman sur la relation père/fils, un portrait touchant d'un fils hanté par un ogre, et qui n'a obtenu de sa mère ni tendresse, ni réponse à ses nombreuses interrogations.

Dans les vapeurs d'alcool et les volutes de cigarettes, Zagourski livre à son fils les bribes d'un passé violent. Partisan catholique polonais non communiste, il a combattu les Allemands, connu le camp de Majdanek dont il s'est évadé dans des conditions dantesques, puis la prison après-guerre. Sa femme quant à elle, s'est retrouvée dans le ghetto de Varsovie, puis dans une prison pour femmes. Car elle est juive. Ce n'est qu'une fois parti de Pologne que Tadek apprend la judéité de sa mère, et donc la sienne, et leur départ pour Israël.

Voyou offre aussi une vision apocalyptique de la Pologne occupée, où chacun tente de survivre, entre combats, délation, résistance et collaboration, parfois tout à la fois, et où la survie tient du miracle ou du plus grand des hasards.

L'histoire, extraordinaire de Tadek est pourtant vraie, inspirée de l'histoire familiale du cinéaste polonais Tadeusz Ami Drozd, ami du père de l'auteur (l'écrivain Uri Orlev). Voyou est un roman cru, qui donne à voir la difficulté de la transmission dans un pays en pleine décomposition juste avant l'effondrement du Bloc soviétique, où l'on manque de tout, même d'allumettes, où tout semble triste et gris, et où les fantômes de la Seconde guerre mondiale viennent coller aux basques des vivants. Grâce au talent de conteur d'Itamar Orlev, le lecteur se retrouve pris dans les rets du Pater Familias comme Tadek, fasciné, suspendu aux lèvres d'un père dérangeant, tout puissant, titanesque, et qui au crépuscule de sa vie vient quémander l'affection et la reconnaissance d'un fils de quarante ans.
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Voyou

C’est ton père quand même !

Cette petite phrase lapidaire ânonnée jour après jour continue ta vie durant son travail de sape et de destruction bien avancé par ton géniteur expert en coups et bosses, ingénieur en démolition de ses proches.

C’est ton repère quand même !...

Même si toi, nulle part, tu n’as plus de repaire.

Et puis, si tu y arrives, quand vingt ou trente ans plus tard tu as fait le tour, que tu as vidé ta tête au carré, une fois les angles arrondis, polis, tu y vas.

Affronter tes affres, remouiller la meule des sentiments pour y affuter la lame de la tendresse qui est pourtant prête à te fendre le cœur.



Tadek va y aller. De Jérusalem où sa mère et ses quatre enfants se sont réfugiés à Varsovie où vit encore cet homme qui a longtemps cristallisé ses rêves et qui finalement a réalisé ses cauchemars. Pour avoir des réponses à des questions qu’il n’a jamais posées, pour réparer des plaies qui n’étaient pas encore ouvertes et peut-être essayer de fermer les plus profondes.



Retrouver des racines après des lustres de sevrage, c’est de l’adrénaline à foison mais c’est rarement ouvrir une fenêtre qui éclaire l’horizon, c’est plutôt soulever une trappe du passé qui ne laisse filtrer que quelques souvenirs moisis, arrangés par les années.

Désagréable et apaisant. Baume qui gratte.



Les ingrats, c’est nous, s’il est si méchant, c’est surement de notre faute et surgissant des entrailles du temps, la culpabilité en bandoulière, les remords à la boutonnière, tu cavales.



Faire le chemin, c’est déjà pardonner. Rencontrer, c’est se donner la possibilité d’exister autrement, comme on revient d’une guerre que l’on n’a pas déclenchée. Amoché mais rescapé de soi-même.



Ta conclusion, c’est qu’il est sympa cet enfoiré, il a abandonné femme et enfants mais il a beaucoup souffert, torturé par la gestapo, devenu exécuteur de plus enfoirés que lui mais maintenant qu’il est vieux, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Tout est-il blanchi ?

Toi, qui même jeune, par son égoïsme et sa violence était à peine l’ombre de toi-même, il ne te remerciera jamais assez d’être là pour ses dernières années, mon Tadzio adoré. Est-ce vrai ?

Va te faire dorer…



Dès le début de ce roman, je suis ferré, les lignes s’enchainent limpides comme on parle, les pensées affluent, compactes et authentiques face à des évocations incroyables de brutalité et de barbarie compensées par des passages d’amour véritables et de nostalgie palpables. C’est le roman du choix d’une vie et de ses conneries toutes générations confondues. Poignant, bluffant.



Itamar Orlev ne limite pas la trame de son premier ouvrage au nombril de Tadek, à la détresse de sa mère, à la névrose de ses frères et sœurs ni à la rage de son père, loin de là.

C’est aussi l’Allemagne qui envahit la Pologne et l’extrême souffrance d’un peuple, c’est l’omniprésence de la vodka et de ses ravages dans les familles, la pauvreté désolante ainsi que la famine qui épuise l’existence et pousse à la trahison et, sans oublier la légendaire et inéluctable traque des juifs.

Tous ces thèmes sont développés d’une écriture vive et habitée. Les dialogues sont énergiques et tendus, on y ressent la « tchatche » de la proximité de la méditerranée, le clapot des mots.

C’est ta mer quand même !

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Voyou

" Alors, j'ai détaillé le profil de cet homme, mon géniteur, à la fois étranger et familier. Que j'aimais et que je détestais. Oui, j'aimais ce père que je détestais."



Ces quelques phrases nous donne la mesure de ce très beau roman sur l'histoire d'une filiation compliquée et douloureuse entre un père et son fils.

Tadek, notre héros, se retrouve seul, sa femme l'a quitté emportant son jeune fils. Cette paternité a été si dure à concevoir, la sienne renvoyant dans un miroir celle de son père.

Alors, il décide de retourner voir son père qui croupit dans un hospice de vieux à Varsovie.

Besoin de comprendre son propre père, homme violent et aviné de vodka toute sa vie.

Tous deux, décide de partir dans ce petit village de Pologne, où sont leurs racines et le reste d'une partie de la famille.

Ce voyage est une véritable odyssée qui permet au père de raconter à son fils la guerre qu'il a vécu, les atrocités commises de chaque côté.

Il y a cette scène magnifique et grandiose, où le père prend un bain à l'hôtel, se mettant à nu devant son fils au sens propre comme au figuré, racontant son passé d'homme fort d'alors, tandis que sa vulnérabilité l'empêche de sortir du bain seul.

C'est un beau livre qui nous révèle l'indicible des relations humaines et des secrets que chacun porte en lui.

J'ai envie de terminer sur cette phrase:

C'est quand on n'a pas raison qu'on peut laisser la porte ouverte aux émotions complexes et bouleversantes, de celles qui emportent et secouent, de celles qui peuvent aussi tout détruire sur leur passage. "

C'est merveilleusement dit, après, on écoutera le silence et le vent.
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Voyou



« J'ai toujours été un fumier, et ça ne m'a pas posé de problèmes. Qu'ils aillent tous se faire enculer. Le truc, c'est que j'ai aussi été une merde de père. Une merde de mari. Une merde d'ami. J'ai peut-être vieilli, mais maintenant, ça commence à me déranger. »



Tadek vit seul depuis que son épouse est partie, emmenant avec elle leur enfant. Le moment de faire le point sur sa vie. Pourquoi en est-il arrivé là ? Serait-ce lié à son enfance, à ce père qu'il n'a pas revu depuis si longtemps. Depuis le jour où sa mère a décidé de quitter la Pologne avec ses quatre enfants, laissant derrière elle Stefan. Ce père bagarreur, alcoolique, menteur, dont il n'a plus de nouvelles et qui croupit dans un hospice de vieux.



Les retrouvailles vont rebattre les cartes. Entre deux verres de vodka, Stefan va peu à peu dévoiler ce que fut sa vie, sans pathos.



Un premier roman très fort qui nous parle de la violence de la guerre et ses séquelles sur ce père autrefois si flamboyant, tout à la fois victime et bourreau. « L'homme agit comme il agit, et moi, ce que j'ai fait, je l'ai fait. »





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Voyou

« Les pères et les fils peuvent essayer de se cramponner les uns aux autres, ils resteront à jamais des étrangers… »



C’est dans l’espoir de faire mentir cette maxime que Tadek quitte un beau matin Jérusalem et sa vie bousculée, pour Varsovie, sur les traces de son passé et de son père qu’il n’a pas revu depuis des années. Qu’attend-il ? Il n’en sait trop rien. Que risque-t-il ? Pas grand-chose… En Israël, sa femme vient de le quitter avec son fils déjà distant ; ses relations avec sa mère sont orageuses et superficielles ; et son métier d’écrivain végète dans l’attente de pages qu’il ne parvient pas à écrire.



Tadek débarque donc à Varsovie que sa mère leur fit autrefois quitter pour échapper à ce mari et père violent, volage et alcoolisé. Un père qu’il retrouve dans un hospice d’État, devenu vieillard proche de la fin de vie, abruti par la vodka mais avec l’esprit toujours fougueux et révolté. Remontant le fil de leur passé qui les conduira jusqu’au village-berceau de leur famille, Tadek et son père Stefan vont se renifler, se jauger, se confronter, se détester. Mais surtout se parler, beaucoup. Et se comprendre, un peu mieux…



Le passé de Stefan durant la guerre, ses blessures, emprisonnements, tortures et humiliations dévoilent à Tadek toute une facette de son père jusque-là cachée. Mais est-ce suffisant pour pardonner la violence physique et morale reproduite ensuite envers sa propre famille ?



Dans Voyou, Itamar Orlev écrit une énième version du « Je t’aime, moi non plus » qui régit souvent les relations père-fils, mais trouve dans le contexte historique (le destin des partisans polonais durant la Seconde Guerre mondiale) et la verve enlevée de son écriture, deux leviers pour rendre son approche originale et creusée. L’intérêt pour ce combat de boxe émotionnel que se livrent Tadek et Stefan, monte progressivement en puissance, sans temps mort durant 500 pages. Une belle découverte donc de cette sélection 2020 du Prix du Meilleur Roman Points.
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Voyou

Jerusalem 1988, Tadek, la trentaine est en plein questionnement après l'échec de son couple et le départ de sa femme qui emmène leur fils Michel, entraînant une remise en cause de son rôle de père. Une crise qui le pousse à questionner Eva sa mère sur son père Stefan. D'abord rétive et toujours en colère contre son mari qu'elle a quitté quand elle a fui la Pologne, pour s'installer en Israël, avec les quatre enfants, Eva, par bribes, lâche quelques éléments sur ce père qui ne les a pas rejoint. Commence pour Tadek un travail de recherche et de réflexion pour comprendre ce père qu'il a quitté encore enfant, mais dont il garde le souvenir d'un homme violent, dépensant sa paye en vodka, maltraitant ses enfants, laissant sa femme sans argent. Tadek décide, avant qu'il ne soit trop tard, de rencontrer ce père pour un rendez-vous même tardif, qu'il espère riche de réponses, qui lui permettraient de comprendre ses errements et son mal-être.



Itamar Orlev remonte le cours de de l'histoire de son père, ce voyou, dans un road-movie pour retrouver les derniers acteurs encore vivants, au coeur de la Pologne pauvre et encore sous le joug communiste. Il tire le fil du récit de la vie de ce père et découvre au fur à mesure des rencontres avec des personnages hauts en couleurs, son histoire, tantôt généreux, tantôt égocentrique, n'en faisant qu'à sa tête, piégé dans une guerre qui lui a été particulièrement cruelle, partisan polonais, arrêté et fait prisonnier au camp de Majdanek près de Lublin, torturé, évadé puis soupçonné par les communistes d'être sympathisant, c'est un destin hors norme, entre aventures tantôt picaresques tantôt dramatiques, qui balayent trente ans de l'histoire de la Pologne.

Itamar Orlev mêle intelligemment les évènements et les sentiments plus que contrastés que le fils éprouvent pour le père, entre espoirs déçus et découvertes surprenantes sur la famille, un voyage ensemble pour faire sa connaissance, essayer de le comprendre sans forcément lui pardonner, juste essayer de se réconcilier avec lui et être apaisé.

Voyou est un premier roman à ne pas rater, une illustration forte, entre sarcasme et tendresse, drame et truculence des relations difficiles père/fils.

Une réussite.
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Voyou

Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour ce magnifique roman.

Deux personnages, un père, son fils.

Un père violent, un fils qui rate sa vie (sa femme le quitte, il ne partage rien avec son propre enfant).

Un fils qui décide de quitter son pays d'adoption (Israël) pour aller revoir son père enfermé dans un mouroir à Varsovie. On est dans les années 80.

Le père fut partisan pendant la guerre, a tué de multiples fois. Un père violent, alcoolique que la mère finira par fuir avec ses enfants en Israël.

Un fils qui cherche des explications et espère en trouver avec ce voyage vers son pays natal, vers son père.





Un roman prenant, envoûtant, dur, que j'ai eu du mal à lâcher.

Une histoire qui laisse peu de répit, un style du même acabit.

Un texte que je vous conseille, un texte qui me restera en mémoire. Une belle découverte. Un premier roman qui sort du lot.

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Voyou

Il est très rare que j'attrape un peu par hasard un livre sur une table de librairie sans rien en connaître; celui-ci devait avoir un magnétisme particulier qui correspondait au mien, car il m'a vraiment plu, dans la mesure où il m'a à la fois touchée et intéressée.

Touchée par la quête impossible du narrateur, looser trentenaire qui décide de retourner après vingt ans d'absence en Pologne retrouver son père, cette force de la nature brutale et égocentrique qui a ruiné son enfance. La relation des deux est subtile, douloureuse, la reconnaissance et le pardon de l'un par l'autre à la fois évidents et impossibles.

Intéressée, vivement même, par l'autre volet du roman, qui évoque le vécu des partisans polonais pendant la guerre face à l'occupant nazi, raconté par le père polonais qui dans son langage truculent se remémore sa guerre, et mis en mots par un auteur (et narrateur) juif qui parle de la Pologne en guerre autrement que par le prisme de la Shoah. Une réalité dans laquelle rien n'est blanc ou noir, où la violence est partout et la barbarie subie détruit les hommes et les pousse à détruire à leur tour.

Dans la dernière ligne du roman, le narrateur éclate en sanglots. On le comprend, et on n'est pas loin de faire de même.

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Voyou

Après une séparation et silence complet de vingt années, confrontation et tentative de réconciliation chaotique entre un père et son fils,

un paternel , salopard et soulard, qui dégainait torgnoles et crachait son venin à tout-venant, dans la sinistre Pologne des années 80

et Talek, l'enfant meurtri, devenu père à contre-coeur, divorcé, romancier raté, qui traîne son mal-être en bandoulière.

Amour-haine, dans une atmosphère faite de grossièretés éructées, de cruelles vérités dévoilées, de mises à nu nécessaires pour pouvoir peut-être enfin pardonner.

Peut-on vraiment accorder des circonstances atténuantes à l'ancien partisan qui a connu la torture en prison et maintes souffrances au camp de Majdanek ( confessions glaçantes et bouleversantes) mais qui témoigne peu de considération et profonde affection pour ce fils désemparé venu de loin (Israël) le visiter ?



Une histoire qui interroge, qui interpelle, qui remue tripes et cervelle, qui met mal à l'aise, surtout lorsqu'elle vous est un peu familière, peut-être un peu trop insistante sur la personnalité écrasante de la figure paternelle.

Un premier roman percutant !
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Voyou

"Voyou" est un très beau premier roman. L'auteur nous raconte l'histoire de Tadek qui part en Pologne pour voir son père dans une maison de retraite pour anciens combattants. C'est un peu l'incompréhension chez les autres membres de la famille puisque l'on ne peut pas dire que leur enfance a été heureuse à côté de ce père alcoolique et violent.



Ce déplacement en Pologne est bien évidemment l'occasion de nombreux voyages dans le passé pour découvrir la jeunesse de Tadek mais aussi l'histoire de son père et de sa mère. Ces différents passages sont bien incrustés dans ce roman à la construction bien pensée.



Ce livre, à l'écriture agréable, m'a touché. L'auteur arrive particulièrement bien à retranscrire toute la complexité des relations familiales, les évènements qui peuvent faire basculer la vie d'un homme même si cela n'excuse rien... C'est un livre particulièrement foisonnant et très intense émotionnellement parlant.



L'auteur maitrise le récit de bout en bout et j'insiste bien sur le fait que c'est un premier roman. Attention, ce n'est pas un roman très joyeux, bien au contraire, même si certains passages arrivent à décrocher un sourire et même parfois un petit rire au lecteur. Cette lecture est assez éprouvante.



Un premier roman de très bonne qualité, avec une écriture et une construction soignée, que je recommande et qui met en lumière toute la complexité des relations familiales. Une réelle découverte !
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Voyou

Tadek à quitté la Pologne pour Israël lorsque sa mère a choisi l'exil pour protéger ses enfants d'un mari flamboyant mais infernal.

Devenu à son tour un père assez falot et passif, que sa femme finit par plaquer, il entreprend un voyage à Varsovie pour retrouver son géniteur qui croupit dans un hospice.



Le titan hâbleur, baiseur, jouisseur et violent est exangue, dévoré par la vodka.

Il n'en a pas moins conservé son foutu caractère et assume les pulsions qu'il a satisfaites toute sa vie, sans un regret, sans un regard en arrière.

Mais aujourd'hui, talonné par la mort et la solitude, il accepte d'ouvrir la porte de ses souvenirs et de les partager avec son fils.

Ce dernier découvre un univers qu'il ne soupçonnait pas. Un père héros et bourreau durant la guerre, époux et père d'une seconde famille cachée...



Quelques jours pour s'aimer et se détester plus encore mais en tout cas, une façon pour Tadek de trouver enfin la paix.



Une histoire de filiation, riche, tumultueuse.

Le matériau est très dense, le portait du paternel incroyable, celui de la Pologne, passionnant.

J'ai adoré, à découvrir, vraiment.
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Voyou

Tadek est un jeune homme d'origine polonaise qui a migré en Israël au milieu des années 60, quand il avait treize ans, avec sa mère et ses trois frères et sœurs.



En 1988, à la trentaine et à l'occasion d'une rupture, il se penche sur son passé et décide de retrouver son père, resté en Pologne, dont il n'a plus de nouvelles.



Ses retrouvailles vont lui faire revivre toute son enfance et lui permettre de comprendre pourquoi son père n'a pas migré avec eux. Un père alcoolique au caractère emporté, qui n'est plus que l'ombre de lui-même et vit dans un hospice à Varsovie.



De souvenirs en anecdotes, Tadek va revivre toute la vie de son père : son côté fêtard, séducteur et insouciant, la rencontre avec sa mère pendant la guerre, les atrocités qu'il a vécu pendant cette période en tant que victime et bourreau, les cicatrices que cela a laissé, son alcoolisme, ses bordées d'injures qui ponctuent toutes ses phrases, les coups qu'il distribuait à sa famille et dans la rue, la pauvreté et la mère laissée seule pour travailler dans des fermes communautaires et essayer d'élever ses quatre enfants.



Un voyage initiatique sur les traces d'un passé où la pauvreté, la faim et la violence paternelle étaient le quotidien.



L'amour paternel et filial peut-il naître et vivre dans ce cauchemar ?



Un livre rude (un peu trop pour moi). Les injures et les coups pleuvent avec, en filigrane, la détresse d'un fils et la possible ou impossible réparation.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Voyou

Récompensé par le Prix Sapir 2016 du Meilleur Premier Roman en Israël, Voyou d'Itamar Orlev est en partie inspiré d'une histoire vraie, celle du réalisateur polonais Ami Drozd.



Ce roman a été écrit à partir des entretiens que son propre père, Uri Orlev, écrivain lui aussi, avait eus avec le réalisateur, et qu'il avait enregistrés vingt ans auparavant avec un magnéto-cassette.



Itamar Orlev songeait au départ à intituler ce roman sur lequel il a travaillé pendant plus de dix ans : "Ton père, ce salaud"…



Nous sommes à Jérusalem, en 1988. C'est Tadek Zagourski, père de famille et auteur en devenir, qui nous raconte son histoire : celle d'un fils qui, à 36 ans, part retrouver son père qu'il n'a pas vu depuis vingt ans. Au début de ce roman, Tadek a été quitté par sa femme et son jeune fils, et est en proie à une profonde remise en question.



Pourquoi est-il ce raté que décrit sa femme ? Pourquoi n'arrive-t-il à être ni un mari, ni un père ? Comment faire pour se rapprocher de son fils, quand lui-même, a été détruit par son père ? Comment briser l'adage du « père manquant-fils manqué » afin d'être un modèle pour son enfant qu'il appelle le gamin, tant il se sent éloigné de lui, malgré tout l'amour qu'il lui porte ?



Autant de questions qui le poussent, malgré lui et à la totale incompréhension de sa famille, à faire ce voyage de Jérusalem à Varsovie, la ville de sa grise et terrible enfance, à remuer des souvenirs lointains et douloureux, à se confronter à ce monstre qu'était son père… Cette brute qui lui a volé son enfance en le rouant de coups, lui, ses trois frères et soeurs Robert, Ola et Anka, et sa mère, ce père qui le terrifiait par ses colères, sa violence, son alcoolisme. Avec qui, en même temps, il pouvait rire aux éclats dans d'interminables bagarres. Qui délaissait sa mère pour d'autres femmes, jusqu'à mener une double-vie. Qui jouait au violon comme un virtuose. Ce père qui l'a fait souffrir et qui l'a fait rire, aussi.



Nous débarquons avec Tadek, à Varsovie. Vingt ans plus tard, Stefan Zagourski n'a pas changé d'un iota, malgré la solitude et la rupture avec sa famille. Dans sa maison de retraite pour anciens combattants, le vieillard misérable qu'il est devenu n'a pas perdu ses mauvaises habitudes, à commencer par cette tendance à avoir la main lourde sur la vodka et à asséner des coups à ceux qui ont le malheur de le contrarier. Nos valises déposées, il est temps à présent de prendre notre courage à deux mains, d'aller lui rendre visite et d'entendre ce qu'il a à nous dire…



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Voyou

J'ai trouvé le titre quelque peu réducteur pour "résumer" ce roman, et le terme de "rédemption" en dessous de la réalité de l'histoire.

Il y est plutôt question de "pardon", le pardon d'un fils à son père.

En effet, comment être capable "d'aimer" celui qui n'était présent que par intermittance, qui frappait votre mère , votre frère et vos soeurs, qui buvait, menait une double vie....

Comment aimer cet homme qui a été votre père -ou du moins qui vous a donné et montré la seule facette du personnage-, alors que paralèllement, il a pu être une sorte de "héros de guerre", résistant, interné d'un camp de concentration d'où il a pu s'évader.

Un sujet complexe et tellement réel, d'actualité.

Quelle attitude adopter face à celui qui était une force de la nature et qui se présente à vous -le fils-, sous l'apparence d'un vieillard qui a du mal à tenir debout, et toujours porté sur l'alcool et les cigarettes, sans oublier son parler cru...

Qui est-on pour pouvoir juger "l'autre", ou "l'Autre", et qu'aurions-nous fait à sa place dans les mêmes circonstances. Question de contingence, évidemment, mais cette explication est facile.

Un livre prenant, qui ne laisse pas insensible, et qui remue.

Peut-être cependant, quelques longueurs dans les "anecdotes" des uns et des autres, frôlant par moment la répétition.





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Voyou

Je vous invite à partir avec Tadek Zagourski à la rencontre de son père Stefan Zagourski. Ils ne se sont pas vus depuis plus de vingt ans, Tadek vit en Israël et Stefan croupit dans une maison de retraite à Varsovie. La femme de Tadek ne supporte plus son mari qui tente d’être écrivain et qui surtout traîne un mal-être qui le réveille toutes les nuits par des cauchemars horribles. Elle le quitte en emmenant avec elle leur fils. Seul et encore plus malheureux, Tadek se tourne vers son passé et se souvient de son père qu’il a quitté lorsqu’il avait six ans. Sa mère, son frère, ses sœurs tous les gens qui ont connu son père lui déconseille de faire ce voyage pour retrouver l’homme qui les a martyrisés pendant leur enfance. Pour les sauver de cette terrible influence, sa mère a fui en Israël car elle était juive et a pu empêcher son père de les rejoindre car lui ne l’était pas . Ce retour vers cet homme violent qui est devenu un petit vieux très diminué complètement imbibé de Vodka nous vaut une description impitoyable de la Pologne de 1988, encore sous le joug soviétique, et une plongée dans la guerre 39⁄45 avec l’évocation du sort réservés aux juifs polonais et des violences entre les différentes factions des partisans. Son père est un héros de cette guerre, il a subi pendant six mois les tortures de la gestapo à Lublin sans trahir aucun de ses amis, puis sera interné au camp de Majdanek dont il s’évadera, ensuite il sera utilisé comme liquidateurs des collaborateurs polonais. Pour tuer un homme ou une femme de sang froid il lui faudra boire au moins une bouteille de vodka par jour. Après la guerre, il restera quelqu’un de violent et fera peur à tout le voisinage, il s’en prendra hélas à sa femme et à ses enfants toujours quand il était sous l’emprise de cette satanée vodka, enfin plus que d’habitude. Tadek va rechercher quels liens unissaient ce père à ses enfants pour retrouver le sens de sa propre paternité. Cet aspect du roman est bouleversant : comment un enfant quelles que soient les violences qu’il a vécues recherche toujours le lien qui l’unissait à un père même imbibé d’alcool dès le matin – car c’est ce que Stefan boit au petit déjeuner à la place du café. Dans cette relation amour/haine, Tadek doit petit à petit faire son chemin et obliger son père à dévoiler tous les côtés les plus noirs de son passé aussi bien sur le plan de la violence que sur le plan sentimental.



C’est un sacré voyage que je vous propose mais je suis certaine que vous ne pourrez pas laisser ces deux personnages avant d’avoir refermer le livre et que vous découvrirez encore tant de choses que je ne vous ai pas dites. Vous irez de beuverie en beuverie, mais, comment voulez vous arrêter de boire dans pays si catholique ou, à chaque fois que l’on boit, on vous dit : « soyez béni : Na zdrowie » ! ! ?



Encore une remarque, l’auteur nous promène dans le temps et dans l’espace en Israël, aujourd’hui en Pologne en 1988 , 1970 et 1940, mais cela ne rend pas la lecture difficile, on passe sans difficulté d’un moment ou d’un lieu à l’autre car on suit la reconstruction de Tadek et on espère qu’il arrivera un jour à dormir sans être réveillé par ces horribles cauchemars dont son père portent une grande part de responsabilité.
Lien : https://luocine.fr/?p=12506
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Voyou

Tadek vit à Jérusalem depuis les années 50 après avoir quitté la Pologne avec sa mère et ses frères et sœurs pour fuir la misère et un père violent. En 1988, suite à sa séparation conjugale qui l'éloigne de son fils, Tadek décide de retrouver son père qui vit dans un hospice de Varsovie. Le voilà parti pour un voyage vers ses origines oubliées et inconnues pour certaines.



Le roman alterne entre le descriptif du voyage de Tadek, le récit de vie de son père et le témoignage de la mère lors du retour à Jérusalem, permettant une illustration différente de cette histoire familiale.



C'est un récit puissant sur la recherche des racines familiales de Tadek qui souhaite se rapprocher de son père malgré une enfance malheureuse. Ce patriarche est le personnage le plus flamboyant et complexe : alcoolique, menteur, violent mais aussi fragile et émouvant durant sa période de captivité et d'évasion. Mais son fils ne peut lui pardonner ses colères terribles et absences répétées durant son enfance.Tadek recherche pourtant une reconnaissance paternelle indispensable pour assumer son propre rôle de père à Jérusalem.

La construction précise du texte nous permet d'évoluer au milieu d'une multitude de personnages secondaires et d'époques variées sans s'égarer. On évolue dan l'histoire de Tadek, puis de ses parents séparés.L'auteur met en lumière des circonstances dramatiques qui ont transformées le père, qui expliquent ses dérives et le basculement de sa vie, sans toutefois tout lui pardonner.

La société polonaise durant tout le 20ème siècle nous est décrite dans toute sa misère, sa violence , ses campagnes désolées et une population accablée par alcoolisme chronique .



Je salue cet auteur pour son premier roman intense, grave non sans quelques touches d'ironie. A ne pas rater
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Voyou

Que fait Tadek, quand sa femme le plaque, emmenant leur fils et que sa vie s’effondre ? Il part retrouver ce père resté en Pologne, qui l’a élevé dans l’alcool et la violence, ce réputé héros de la résistance déporté à Majdanek, ce monstre égocentrique, devenu ce vieillard qui s’étiole en maison de retraite et qui a bien des révélations à faire.



Curieuses retrouvailles que cette recherche désespérée d’un filiation qui a pourtant bien existé, entre haine et réconciliation, entre rancœur et pitié pour un livre bien décidé à ne répondre à aucune question, mais à montrer comme la réalité est complexe, les sentiments ambivalents, combien le cœur est déraisonnable.



Ce voyage est l’occasion d’un retour aux sources dans une Pologne misérable, rustre, violente, arrosée de vodka. Il montre comme l’histoire y a été d’une cruauté invraisemblable, mortifère pour plusieurs générations. Mais il ne s’aventure jamais dans les explications simplistes ou les raccourcis psychologiques, il reconnaît le caractère indéchiffrable du mystère des individus ballottés dans les méandres de leurs contradictions. 



L’auteur ne cherche pas à faire un roman psychologiquement cohérent, il propose un confrontation pathétique, faite de heurts, de poses, de détours et d’apaisements, sans glisser une seconde vers l’attendrissement, il parle du malheur des hommes, de leur prédestination et de leur destin, de la souffrance et des incertitudes qu’ils sont condamnés à traîner perpétuellement avec eux.





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Voyou

Merci à Masse Critique de Babélio et Seuil pour l'envoi de cet excellent roman.



Voici donc l'histoire d'un quarantenaire déprimé (sa femme vient de partir avec son fils) qui décide de revoir son père, un vieux Polonais alcoolique qui se meurt doucement dans sa maison de retraite. Ce dernier, s'était lui aussi fait abandonner par sa famille car, imbibé par la vodka, il terrorisait et violentait les siens.



Les retrouvailles ont lieu et c'est l'occasion de tout savoir sur l'histoire de cet homme, son passé de partisan et prisonnier pendant la seconde Guerre mondiale, ses bagarres ultra-violentes, ses états d'âmes et pensées intimes de sa vie d'homme à celle d'un vieux. Et pourquoi la vodka est devenu son sang ?



Un roman passionnant, où les petites histoires racontent la grande, celle des hommes, et en particulier celle de cet atroce père, ce voyou à qui on pardonne finalement bien trop de choses. Car on peut retrouver beaucoup de nous dans la vie de ce monstre.



Et c'est là toute la force de ce livre. Mettre de l'universel en un voyou, en cette période de guerre, ou même de paix. De nous parler de la jeunesse, de la vieillesse, et de l'entre-deux qui passe trop vite.



Le style est limpide et fort, grandement adaptable au cinéma. Un premier roman d'un auteur israélien (né en 1975) qu'il nous faut surveiller de près.







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Voyou

Tout d abord merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette belle découverte.

Quand Tadek se retrouve seul, face à lui même, après le départ de sa femme et de son fils, fatigués de son inertie, son passé ressurgit. D'où vient il? quelle est la part de ce passé dans cette page blanche auquel fait face cet écrivain qui n'écrit plus rien depuis longtemps. Il décide de partir à la recherche de ce père violent qu'il a fuit avec sa mère, son frère et ses soeurs. Ce livre retrace ce retour aux sources. Un retour aux sources dans la Pologne communiste, pas simple, choquante pour ce trentenaire arrivé enfant en Israël.

Tadek redécouvre en Stefan, son père, immobilisé au fond d'une maison de retraite pour héros de guerre, un être à la fois héroïque et détestable, ancien partisan non communiste évadé du camp de Maïdanek.

Son père, un alcoolique toujours aussi violent, est ému et plein d'amour pour cet enfant devenu adulte, ce qui est nouveau pour l'enfant qu'il fut comme pour le vieillard.

Il entame en sa compagnie un road trip sur les traces de son passé.

Le long de ce voyage, il revoit des personnages de son enfance, tous ont un ressenti mitigé sur cet homme : admiré par certains et détesté par tous..

Le dialogue, verbal ou non, père/fils est le fil conducteur de ce livre. Un drôle de couple en quête de reconnaissance mutuelle et d'amour.

J'ai beaucoup apprécié ce livre, cette recherche de reconstruction, de reconnaissance et d'amour. L'auteur ne tombe pas dans le pathos, les sentiments, la violence, l'amour y sont retranscrits avec pudeur.

Itamar Orlev est pour moi un des nouveaux grands auteurs israéliens, dans la lignée de David Grossman.
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Voyou

La rencontre entre le narrateur, un écrivain israélien et son père vieux, alcoolique qui vit ses derniers jours en Pologne. Au cours d’une semaine de conversations, le fils apprend les horreurs de la guerre menée et subie par le père, qui même en temps de paix se comportait d’une manière désastreuse avec sa famille. Bref un homme pitoyable dans ses excès et sa violence, mais pour une large part victime des circonstances. C’est lui qui s'exprime le plus souvent dans le roman, multipliant les épisodes, tous plus abominables l'un que l'autre, mais c'était la guerre, une guerre horrible. On sort de ce roman sonné par les souvenirs de cette espèce de brute dont le langage systématiquement ordurier finit tout de même par lasser.
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