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Citations de Ivan Jablonka (426)


Dans tous les cas, un cojumeau est le compagnon d'une vie. On s'aime, on s'agace, on se connaît par cœur. Ce couple survit aux rencontres amoureuses. Qu'est-ce qu'un conjoint face à un jumeau ? Dans "Olivier", Jérôme Garcin s'adresse au petit garçon renversé par une voiture à l'âge de six ans : "Survivre à son frère jumeau est une imposture. Pourquoi moi, et pas toi ?" Dans un article du "Nouvel Observateur" de février 2015 consacré à des jumeaux malades de la mucoviscidose, l'un des deux expliquait : "Il y a tant de choses que je ne peux pas imaginer sans lui. Même un simple anniversaire : ce n'est pas un anniversaire, mais le nôtre. Ce jour sans lui, ce serait comme célébrer une moitié de vie."
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Comment la binarité des sexes est-elle devenue une inégalité sociale ?
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Et cela dure toute la vie : bébé, enfant, adolescente, lycéenne, étudiante, salariée, épouse, mère de famille, une femme est traitée comme une femme, jusqu'à ce que le sexe et le genre coïncident parfaitement, selon l'idéal que chaque société se fixe : serrer les jambes quand on est assise, ne pas parler trop haut, être belle et avoir honte des imperfections de son corps, ne jamais faire le premier pas en amour, brider son ambition professionnelle. A l'issue d'un long enseignement silencieux, les femmes deviennent des créatures-pour-autrui, oblates empathiques, douloureusement réflexives, privées de cette légitimité de naissance que le masculin confère aux hommes.
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Il est fondamental de distinguer le patriarcat des individus qui, selon leur sexe, en tirent un avantage ou le subissent. Le patriarcat est d’abord un système de pensée, fondé sur des lois, des normes, des croyances, des traditions, des pratiques – et ce système « tient » tout seul. En impliquant des institutions aussi complexes que l’Etat, la religion ou la famille, il leur emprunte des arguments qui tous convergent pour justifier la subordination des femmes, de telle sorte qu’elle apparaît comme une chose « normale », ancrée dans la nature, fondée en raison, conforme à ce qui s’est « toujours fait ».
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Quand les solidarités sont impuissantes à venir en aide aux offensés et humiliés, ceux-ci tombent dans une solitude où le plus sauvage assassine la plus fragile.
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Tous les proches de Laëtitia se souviennent de ce qu’ils faisaient, ce mercredi 19 janvier 2011, lorsqu’ils ont appris qu’elle avait disparu.
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Là est la vraie rupture de Nicolas Sarkozy avec ses prédécesseurs : par-delà leurs différences, De Gaulle et Mitterrand avaient la volonté de rassembler, c'est-à-dire de mettre en valeur ce qui unit les français. C'est désormais le contraire. Sous Sarkozy, les pouvoirs publics ne sont plus des régulateurs de paix sociale. Le crimino-populisme des années Laetitia trahit la recherche de la division, l'instillation de la méfiance et de la haine dans le corps social - un président de la république blessant la République.
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Qu'est-ce-que l'émancipation ? Pouvoir travailler, avoir le droit de voter, disposer de son corps, assumer ses choix sexuels, vivre sa vie.
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Je parle le français intello, un idiome trop rigide pour se glisser dans la membrane souple des réseaux sociaux, des tweets, des émoticons et des SMS
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Là est la vraie rupture de Nicolas Sarkozy avec ses prédécesseurs : par-delà leurs différences, de Gaulle et Mitterrand avaient la volonté de rassembler, c’est-à-dire de mettre en valeur ce qui unit les Français. C’est désormais le contraire. Sous Sarkozy, les pouvoirs publics ne sont plus des régulateurs de paix sociale. Le criminopopulisme des années Laëtitia trahit la recherche de la division, l’instillation de la méfiance et de la haine dans le corps social – un président de la République blessant la République.
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Sur cette section de la route, l'éclairage ne fonctionne pas. Jessica fait de la lumière avec son portable. a côté du scooter se trouvent deux ballerines noires.
-C'est tes chaussures? demande M.Patron.
Non, ce sont celles de Laetitia, qui est donc pieds nus, en plein hiver. M.Patron crie son nom dans la nuit matinale.
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Je crois que je suis devenu historien pour faire un jour cette découverte. La distinction entre nos histoires de famille et ce que l'on voudrait appeler l'Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n'a aucun sens. C'est rigoureusement la même chose. Il n'y a pas, d'un côté, les grands de ce monde, avec leurs sceptre ou leurs interventions télévisées, et, de l'autre, le ressac de la vie quotidienne, les colères et les espoirs sans lendemain, les larmes anonymes, les inconnus dont le nom rouille au bas d'un monument aux morts ou dans quelque cimetière de campagne. Il n'y a qu'une seule liberté, une seule finitude, une seule tragédie qui fait du passé notre plus grande richesse et la vasque de poison dans laquelle notre coeur baigne. Faire de l'histoire, c'est prêter l'oreille à la palpitation du silence, c'est tenter de substituer à l'angoisse, intense au point de se suffire à elle-même, le respect triste et doux qu'inspire l'humaine condition.
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Une fois que la justice a retiré des enfants "en danger", elle ne les rend plus. L'idée que les parents sont en trop reste gravée dans le cerveau reptilien des institutions.
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Au lieu d'analyser le problème à froid, le président a choisi la politique du bouc émissaire, qui consiste à désigner des coupables au sein de la société et à annoncer des "sanctions" en réponse à des "fautes" individuelles et collectives. L'affaire Laëtitia révèle tout un art de gouverner : dresser la majorité contre une minorité, non seulement pour faire oublier ses propres erreurs, mais pour souder le peuple contre un ennemi supposé (le juge, le jeune de cité, le sans-papiers, etc.).
Là est la vraie rupture de Nicolas Sarkozy avec ses prédécesseurs : par-delà leurs différences, De Gaulle et Mitterrand avaient la volonté de rassembler, c'est-à-dire de mettre en valeur ce qui unit les Français. C'est désormais le contraire. Sous Sarkozy, les pouvoirs publics ne sont plus des régulateurs de paix sociale. Le criminopopulisme des années Laëtita trahit la recherche de la division, l'instillation de la méfiance et de la haine dans le corps social - un président de la République blessant la République. (p. 199)
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Edwy Plenel, grand journaliste et braconnier sur les terres de vérité, a dit la" noblesse du fait divers", sa force de frappe cognitive. Mêlant différents registres, renversant l'ordre des préséances, perturbant la hiérarchie des savoirs, il constitue le type même de l'information-désordre, "essentielle parce que dissidente, pertinente parce que marginale".
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C'est possible que moi, en tant que démobilisé, je puisse venir à Paris, mais je me demande si c'est prudent de faire ça, étant donné que je suis un étranger volontaire et youpin.
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Je crois que je suis devenu historien pour faire un jour cette découverte. La distinction entre nos histoires de famille et ce qu'on voudrait appeler l'Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n'a aucun sens. C'est rigoureusement la même chose. Il n'y a pas, d'un côté, les grands de ce monde, avec leurs sceptres ou leurs interventions télévisées, et, de l'autre, le ressac de la vie quotidienne, les colères et les espoirs sans lendemains, les larmes anonymes, les inconnus dont le nom rouille au bas d'un monument aux morts ou dans quelque cimetière de campagne. Il n'y a qu'une seule liberté, une seule finitude, une seule tragédie qui fait du passé notre plus grande richesse et la vasque de poison dans laquelle notre coeur baigne. Faire de l'histoire, c'est prêter l'oreille à la palpitation du silence, c'est tenter de substituer à l'angoisse, intense au point de se suffire à elle-même, le respect triste et doux qu'inspire l'humaine condition. Voilà mon travail; et, en caressant cette archive du tribunal, en suivant des yeux les traces laissées par la plume du greffier, je ressens un soulagement indicible.
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L'acte d'écouter une chanson à une époque donnée et dans certaines circonstances, puis de la réécouter des années plus tard, consolide l'unité du moi, comme si cet anneau temporel donnait sens et cohérence à une individualité disséminée dans ses expériences successives. Je suis celle ou celui que je fus jadis, puisque cette chanson fait renaître en moi les émotions que j'ai ressenties à l'adolescence. 305.
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Pré-requis : je range ma casquette d'ex-ado écoutant Goldman dans mon walkman et recopiant les paroles dans un carnet, j'oublie mon billet-étoile de la tournée Rouge aujourd'hui plié dans ma boîte à souvenirs, j'oublie aussi les clips, les posters, l'attente chaude et extraordinaire avant que les lumières ne s'éteignent.

Voilà, c'est fait.
Maintenant, parlons du livre.

Pas facile de débuter la chronique d'un ouvrage décrié hier dans le Canard enchaîné par son sujet lui-même : JJG.
Jablonka le dit pourtant d'emblée : cet essai n'est pas une biographie. Vous n'y trouverez ni scoops, ni révélations. Vous n'y apprendrez rien de privé que vous ne sachiez déjà. L'objectif n'est pas là. L'auteur reste intègre et s'attache à disserter sur Goldman. Pas sur Jean-Jacques. Dès le premier chapitre, le but est clair : « retracer la trajectoire d'un être d'histoire. » Avec pour problématique : Comment un artiste disparu de la scène depuis plus vingt ans fait-il pour rester aussi présent ? (et élu personnalité préférée des français depuis plus d'une décennie).

Cet essai, exigeant par son écriture, interroge les origines de la renommée de l'auteur-compositeur-chanteur, et sa persistance aujourd’hui, malgré son retrait de la vie publique il y a 20 ans. L'ouvrage est rigoureux, documenté, et s’apparente plus à une étude universitaire qu'à un simple documentaire.
De nombreux tableaux et sondages viennent d'ailleurs appuyer le récit, renforçant encore cet aspect.

Difficile en effet de classer cet ouvrage ou de le définir. À la fois road-trip musical, plongée historique, analyse sociologique et réflexions philosophiques, il entraîne le lecteur dans un voyage des années 70 à aujourd'hui et dresse le portrait d'une société française mouvante et complexe. Il explique en quoi la percée du chanteur est étroitement liée aux bouleversements sociétaux des années 80 : essor des radios libres, création du top 50, construction des Zénith, émission Champs Élysées...

Jablonka remet en contexte l'arrivée de JJ sur le devant de la scène au début des années 80, une arrivée tardive à presque trente ans. Tente d'expliquer les influences historiques, politiques et musicales de cette famille simple, honnête et très cultivée. Propose un regard sur les différentes individualités qui la composent : Alter le père immigré, grand sportif et résistant décoré par l'Élysée, Ruth la mère, fille d'immigrés ayant fui le nazisme, Pierre le grand frère « révolutionnaire tapageur » abattu en pleine rue, Robert le petit frère qui deviendra l'agent protecteur, Évelyne, Caroline, Mickaël...

Les amoureux des mots seront ravis des passages traitant des thématiques des chansons et de l'écriture de JJG : « déracinement, condition minoritaire, changer le monde, liens sociaux, mérite, vulnérabilité... »

Jablonka rappelle surtout qu'avant la consécration que l'on connaît, Goldman a mangé la poussière et a été violemment rejeté par la presse de droite comme de gauche. Oui, lui et non seulement sa musique. Trop sage, trop pop, trop aigu, trop juif. Les minorités représentent une thématique très forte au sein de l'ouvrage, comme dans l’œuvre du chanteur.
On y parle aussi de mépris culturel, de la pop vue comme une soupe à servir au bas peuple pour qu'il soit content et se taise. Les Boris Vian et Higelin sont réservés à l'élite. Jablonka propose aussi à travers ce livre une histoire de la musique et de ses courants, ses modes, de la place écrasante des majors, et de la nouvelle donne à l’œuvre aujourd'hui via le streaming.

Oui, j'ai aimé cet ouvrage. J'en ai aimé la rigueur à l'opposé des livres racoleurs sur ce chanteur. Ou sur tout autre, d'ailleurs. Le pari de Jablonka de traiter le phénomène Goldman est à mes yeux réussi. On pourra peut-être lire ci-et-là que le choix de ce chanteur ne serait qu'un prétexte bankable pour parler des années 80/90. Jablonka n'a pas besoin d'être bankable. La qualité de ses anciens ouvrages parle d'elle-même.

J'ai ressenti beaucoup d'émotion à la (re)lecture de la dépêche AFP annonçant la « retraite » du chanteur. (l'ex-ado n'est jamais loin malgré tous mes efforts...)

Comme le dit si bien Ivan Jablonka, « Il s'est montré à la hauteur de son temps, élevant avec lui des milliers de cœurs. Dans ce monde triste, où le bonheur est si ardu et bref, où tout s'effrite, il a réussi à intensifier nos vies, à protéger nos souvenirs, à offrir un modèle de droiture et de solidarité. Et si je me suis permis de raconter la vie de Goldman, c'est parce qu'il a déjà chanté la nôtre. »

Un essai riche et passionnant sur le phénomène Goldman (et non l'homme, je me répète), un artiste exceptionnel devenu malgré lui institution française.
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À l’heure du goûter, Goldorak proposait aux garçons une sorte de stage viril : armes surpuissantes, corps-à-corps sans pitié, camarades rivaux à la parole rare et définitive dont les biceps, les cuisses, les pectoraux moulés dans une combinaison, les yeux inaccessibles à la peur étaient régulièrement mis en valeur par de gros plans flatteurs. Partout, des accessoires masculins : veston, ceinture, bottes, uniformes, bolides et chevaux qu’il faut maîtriser aussi fermement que sa colère. En dépit de son agrarisme cow-boy, la série partageait avec Star Wars, Albator, Ulysse 31 et Capitaine Flam une fascination pour l’espace, les robots, les pisto-lasers, les sauveurs de l’humanité aux prises avec un sinistre empire galactique.

En fait, la masculinité d’Actarus est plus subtile qu’il n’y paraît. Si, quand il ne pilote pas Goldorak, il reste au ranch à remuer le foin avec sa fourche, seul dans son coin, taiseux, sombre, peu liant, c’est parce qu’il porte un lourd secret : sa planète a été anéantie. Les flash-backs montrent des scènes de carnage, monstres d’acier qui ravagent tout, foules en panique, femmes et enfants piétinés à terre, immeubles et ponts bombardés, rues éventrées, incendies partout. Comme le père adoptif d’Actarus le raconte avec pudeur, « ses parents ont eu une fin tragique ». Réfugié sur Terre, l’orphelin regarde la Lune ou la mer avec nostalgie : « Nous avions des plages comme celle-là, et aussi des poissons et des coquillages. »

Le parcours d’Actarus est typique des grands mythes : une naissance de travers, un exil douloureux, une vie de labeur anonyme, une mission à la hauteur de sa destinée, qui consiste à sauver l’humanité. Ce qui me touchait chez lui, ce n’était pas la puissance, ni la gloriole ; c’était la vulnérabilité, le sentiment de la perte et du deuil, la tristesse sans remède. Et c’est précisément la fragilité d’Actarus qui rendait si jubilatoire l’invincibilité de son robot-armure, protection contre les forces du chaos.

Popularisé dans les années 1970 par Nagai Go, le père de Goldorak et de Mazinger Z, le genre mecha repose sur le principe du « garçon dans le robot ». L’humain pilotant un robot géant, le métal vient entourer, défendre, cuirasser la chair ; et le fait qu’Actarus commande Goldorak par la voix, de manière instantanée, parachève la symbiose entre l’homme et la machine. À l’évidence, le genre mecha répond à un fantasme adolescent : contrôler le monde tout en s’en protégeant, affermir une identité en pleine mutation. Pour moi, il y avait autre chose encore : affronter, à l’âge de 8 ou 9 ans, la menace de la destruction totale. Guerre mondiale, bombardements, invasion, extermination : Goldorak me permettait de faire face à la mémoire traumatique du XX e siècle, qui était celle de ma famille.
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