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Citations de Ivan Jablonka (426)


p. 349 [A propos des Sonderkommando] Au lieu de baisser les bras, de se laisser envahir par le désespoir et de la honte, de laisser leur âmes s’éteindre complètement, ces ombres parmi les morts grappillent quelques minutes de liberté, entre deux fournées humaines, pour rentrer en eux-mêmes, dire ce qu’ils voient et font, construire un récit.
p. 368. Voilà. Ma recherche touche à sa fin […] Mon enquête ne m’a apporté la paix. Je suis capable de regarder en face leur vie et leur mort, mais je resterai toujours ce petit garçon couché dans sa tombe, avec ses dieux qui le veillent. […] Vivre dans le passé, tout particulièrement dans ce passé, rend fou. […] J’ai cherché à être non pas objectif – cela ne veut pas dire grand-chose car nous sommes rivés au présent, enfermés en nous-mêmes – […] Il est vain d’opposer scientificité et engagement, faits extérieurs et passion de celui qui les consigne, histoire et art de conter, car l’émotion ne provient pas du pathos ou de l’accumulation de superlatifs : elle jaillit de notre tension vers la vérité. Elle est la pierre de touche d’une littérature qui satisfait aux exigences de la méthode.
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Il n'y a qu'une seule liberté, une seule finitude, une seule tragédie qui fait du passé notre plus grande richesse et la vasque de poison dans laquelle notre coeur baigne.
Faire de l'histoire, c'est prêter l'oreille à la palpitation du silence, c'est tenter de substituer à l'angoisse, intense au point de se suffire à elle-même, le respect triste et doux qu'inspire l'humaine condition.
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La première fois que je suis allé au Maroc, ma sœur était vivante et moi j’étais mort, cassé, détruit, à enchaîner des fumettes dans ma chambre d’hôtel en plein Rif. Parfois, je ressentais un bien-être royal ; à d’autres instants, des aiguilles à tricoter me trouaient le cerveau. C’est à ce moment, je crois, qu’une artère a pété dans la caboche de ma sœur. Comme si Dieu s’était trompé de cerveau.
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"Pour un certain milieu parisien. bobo aisé, écouter Gainsbourg- Birkin, c'est in, c'est cool, mais écouter Goldman, c'est gnangnan. "
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Héritier de son père en temps de paix, Goldman a fait entrer dans la chanson française la grandeur et l'héroïsme de la social-démocratie européenne des années 1930, celle de Léon Blum, George Orwell, Arthur Koestler, Janusz Korczak, des brigades internationales et du Front populaire, qui conjuguait la lutte antitotalitaire à l'espoir de bâtir un monde meilleur.
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Dans nos familles où le judaïsme aurait pu être une malédiction, nous en avons gardé le meilleur les bonheurs terrestres, la liberté d'esprit, la faculté de rire et d'abord de soi-même enthousiasme une prière païenne. La vie, toujours.
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Je viens du pays des sans-pays. Je suis de ceux qui traînent leur passé comme une caravane.
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Pendant des millénaires, les hommes ont rétréci la liberté des femmes, tout en abusant de la leur, se proclamant "libres" de dominer, frapper, violer, exclure, réduire au silence ou à l'invisibilité. Le masculin ne saurait être un modèle de liberté, parce qu'il est entaché de sa propre injustice.
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elle garde quelques vêtements de sa sœur, pas beaucoup, et donne le reste à une association. Ses parents lui en ont voulu. Les cartons conserveront de longues années l'odeur fraîche et parfumée de Lætitia.
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Ma présence au monde communiquait avec le temps d'avant ma vie. Je me souvenais de gens que je n'avais pas connu. Il en est résulté une drôle de chose: moi.
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Nous sommes assis à des pupitres en bois, sur un banc à deux places solidaire du bureau. Bien que tout le monde utilise des stylos-bille et des quatre-couleurs, la table inclinée est encore munie d’un trou pour l’encrier et d’une rainure pour les porte-plumes, en usage jusque dans les années 1960. Aux murs sont accrochés des dessins d’enfants et des cartes de France thématiques : fleuves et rivières, espaces agricoles et forêts, zones urbaines. Les pupitres sont tournés vers le bureau de la maîtresse comme des tournesols vers le soleil.
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Mon livre n'aura qu'une héroïne : Laëtitia. L'intérêt que nous lui portons, comme un retour en grâce, la rend à elle-même, à sa dignité et à sa liberté.

Pourquoi lui consacrer aujourd'hui un livre ? Étrange destin que celui de cette passante fugacement célèbre. Aux yeux du monde, elle est née à l'instant où elle est morte.

Pour Laëtitia, c'est un bel été, l'été de toutes les réussites, une histoire d'amour qui s'installe, un apprentissage conservé de haute lutte, les félicitations de tout le monde, la promesse de l'indépendance, avec un salaire, le permis, un appartement, un chéri. Dans six mois, elle sera morte.

À la fin, Laëtitia a dit non. Non à Meilhon. Non à l'autorité, non à la cocaïne. Non aux décisions qu'on prend à votre place. Non aux menaces, au harcèlement, aux coups, aux relations sexuelles forcées. Elle a exigé qu'il la ramène à la Bernerie. Appuyée à la portière de la 106, elle lui a annoncé, les yeux dans les yeux, qu'elle irait porter plainte contre lui. Elle a dit non, d'une voix claire et forte, sans tergiverser, sans trembler. Cela lui a coûté la vie. Elle est morte en femme libre.

Comme le disait Laëtitia dans une de ses lettres-testaments et avec la poésie qui lui appartient, "la vie est fête comme sa". Oui, comme ça, la vie est fête.
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J’ai grandi dans le camping-car et le camping-car m’a fait grandir. En valorisant une culture démocratique et une manière d’être toujours en mouvement, il a été le support d’un rapport au monde qui fait le lien entre le cosmopolitisme juif du XIXe siècle, la culture contestataire du XXe siècle et les idéaux de la gauche pour le XXIe siècle.
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Le travail du journaliste est indissociable de ses sources, plus ou moins protégées, plus ou moins secrètes. Quand les acteurs n'ont pas le droit de parler à visage découvert, l'information s'obtient à travers un jeu donnant-donnant: les "fuites".
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La masculinité d'ostentation, destructrice de soi et des autres, serait-elle devenue incompatible avec la modernité ? En tout cas, l'orgueil du mâle pourrait bien se révéler une catastrophe sanitaire et écologique.
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L'écriture est le souvenir de leur mort et l' affirmation de ma vie , Georges Pérec.
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et que cela ne coûtait rien de se perdre, l'égarement n'étant qu'un autre chemin
j'étais libre de m'éprouver Juif errant, tout en étant protégé par un Etat

page 155
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Comme les jeunes aristocrates anglais du XVIIIe siècle, j'ai fait mon "Grand Tour", complément d'éducation qui consiste à parcourir les hauts lieux de l'Italie, de la France et de la Grèce pour raffiner son goût et parfaire sa connaissance des humanités gréco-latines.

page 132
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Le Combi fut la victoire et l'orgueil de mon père, le retournement de sa condition d'enfants paumé en père prodige, pourvoyeur de bonheur, sauveur sauvé par ses enfants, capable de les guérir comme il l'avait été après la guerre.
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Il n'était pas programmé que Laëtitia, cette jeune fille radieuse aimée de tous, finisse comme un animal de boucherie. Mais, dès son enfance, elle a été déstabilisée, ballottée, négligée, accoutumée à vivre dans la peur, et ce long processus de fragilisation éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière. Pour détruire quelqu'un en temps de paix, il ne suffit pas de le tuer. Il faut d'abord le faire naître dans une atmosphère de violence et de chaos, le priver de sécurité affective, briser sa cellule familiale, ensuite le placer auprès d'un assistant familial pervers, ne pas s'en apercevoir et, enfin, quand tout est fini, exploiter politiquement sa mort.
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