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Citations de J.M.G. Le Clézio (1823)


C'est un pèlerinage bien aventureux que tentent Jemia et Jean-Marie Gustave Le Clézio, aux confins du Sahara occidental : retrouver les origines de Jemia, parmi ces Gens des nuages, dont Le Clézio avait décrit le terrible exode dans Désert. Aventure spirituelle, essentiellement : ils ne partageront pas, bien sûr, le destin funeste de Camille Douls ou Michel Vieuchange, ces fous du désert. Mais ils iront à la rencontre d'hommes et de femmes en qui survit une culture multimillénaire. Paysages de pierres et de sables, de vallées mortes et de rivières souterraines, espace de légendes, encore tout vibrant de ses héros, chefs de guerre rebelles ou grands saints mystiques, dont Le Clézio retrace l'histoire comme on grave des noms dans la pierre. Ces lieux retrouvés, balayés par un vent pur de liberté sont une source vive d'inspiration pour un écrivain dont la voix limpide, l'écriture simple et austère continuent de nous séduire. --Scarbo
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Vivre au désert, c'est aussi être sobre,
apprendre à supporter la brûlure du soleil,
à porter sa soif tout un jour,
à survivre sans se plaindre,
apprendre à attendre,
à manger après les autres,
Apprendre à vaincre sa peur,
sa douleur, son égoïsme.
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Il y a tant de choses qui passent par le silence.
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« Maintenant, leur monde s’était écroulé, émietté, il avait été réduit à une eau de canal. Maintenant, ils étaient condamnés à errer comme des ombres, à leur tour, sans rien espérer, sans autre nourriture que les épluchures et les racines verdies, comme s’ils mangeaient la terre, le charbon et le fer, dans cet hiver interminable. » (p.157)
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L’exotisme est un vice, parce que c’est une manière d’oublier le but véritable de toute recherche, la conscience. C’est une invention de l’homme blanc, liée à sa conception mercantile de la culture. Ce désir de possession est stérile. Il n’y a pas de compromis : celui qui cherche à s’approprier l’âme d’une nation en arrachant des bribes, en collectionnant des sensations ou des idées, celui-là ne peut connaitre le monde ; ne peut se connaitre lui-même. La réalité est à un autre prix. Elle demande l’humilité.
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Dévorer les paysages, c’est donc cela qu’il me faut. Comme un qui ne serait jamais rassasié de terre, ou de vie, ou de femmes, à qui il en faudrait davantage. Il ne s’agit pas de comprendre. Il ne s’agit pas de s’analyser. Non, il s’agit de se faire moteur, monstre de métal chaud qui tire son poids vers ce qu’il ne sait pas. J’avance, vite, plus vite, avec effort, je me propulse sur la route inconnue, je bouge, je travers l’air, je file droit comme un trait vers d’autres régions qui vont s’ouvrir à leur tour. Les portes ne cessent pas. Je n’écoute rien. Ecouter quoi ? S’arrêter où ? Les langages pullulent, les visages sont brisés par vagues. Comprendre quoi ?
Il n’y a rien à comprendre, rien du tout. Il n’y a pas d’enchainements, pas de raisons. Il faut bouger, coûte que coûte, détaler à travers les champs épineux, dévaler les pentes de collines, courir sous le soleil, frapper la terre avec la plante de ses pieds. Je dévore les paysages, comme ça, et puis aussi les gens, les lèvres des jeunes femmes, les mains de vieillards, je ronge le dos des enfants. Tout ce qui s’offre, change incessamment. J’étire mon corps à travers l’espace. Il faut peupler. Je couvre les suites de kilomètres. Il faut arpenter. C’est moi qui fais les routes, et qui les mange au fur et à mesure. Un fleuve ? Je jette un pont. Une montagne ? Je fore un tunnel. Une mer ? Je bois, je bois.
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Au fond du tombeau, sur la terre battue, le guide était étendu à plat ventre. Il touchait la terre avec ses mains, les bras allongés devant lui, ne faisant qu'un avec le sol. Il ne priait plus, à présent, il ne chantait plus. Il respirait lentement, la bouche contre la terre, écoutant le sang battre dans sa gorge et ses oreilles. C'était comme si quelque chose d'étranger entrait en lui, par sa bouche, par son front, par les paumes de ses mains et par son ventre, quelque chose qui allait loin au fond de lui et le changeait imperceptiblement. C'était le silence, peut-être, venu du désert, de la mer des dunes, des montagnes de pierre sous la clarté lunaire, ou bien des grandes plaines de sable rose où la lumière du soleil danse et trébuche comme un rideau de pluie ; le silence des trous d'eau verte, qui regardent le ciel comme des yeux, le silence du ciel sans nuages, sans oiseaux, où le vent est libre.

p.30
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Le sol était en terre battue, le plafond était barré de solives noircies par la fumée, entre lesquelles on voyait l'envers des bottes de chaume de la toiture. Pour nous qui avions passé une partie de notre enfance en Afrique, au Nigeria, cela ne nous paraissait pas rudimentaire, mais ici en Bretagne, cela donnait un charme presque magique de l'ancien temps, comme si cela sortait d'un conte de Perrault illustré par Doré. « Pauvreté» ne serait pas le mot juste, c'était le sentiment d'un lieu hors du temps, oublié du monde moderne. Oui, comme d'entrer dans un dessin.
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Les femmes du Sahara sont libres, indépendantes. Elles ne portent pas le voile, elles ramènent juste un pan de leur robe sur leur visage pour traverser un espace où souffle le vent, comme font les femmes du Mexique. Leurs vêtements sont la grâce et l'élégance mêmes. Drapées dans des saris (les tissus de voile multicolores sont importés directement de Bombay), elles sont à la fois impériales et nonchalantes, elles luisent comme des oiseaux dans l'âpreté du désert.
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Les vagues tombent, toutes molles, sur le sable de la plage, allongent leurs nappes d'écume mauve.
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Les Africains ont coutume de dire que les humains ne naissent pas du jour où ils sortent du ventre de leur mère, mais du lieu et de l'instant où ils sont conçus.
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La Chine est, sans doute de façon absolue, le pays du Livre, bien qu’il n’y ait jamais eu véritablement de textes sacrés tels qu’ils ont existé dans la pensée hébraïque ou, plus tard, pour les chrétiens et les musulmans.

Pour la Chine, le « livre des poèmes » représente l’excellence humaine, dans la rencontre entre la forme et l’inspiration, la quintessence de la culture du langage. 

(p. 63)
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Les enfants ne savent pas ce qu'est la guerre. Je ne me souviens pas d'avoir entendu ce mot, tout le temps qu'elle a duré, ni même dans les années qui ont suivi. Pour eux, tout ce qui arrive est normal, ils ne se doutent pas que leur vie pourrait être autrement.
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Comme les fourmis, les scorpions étaient les vrais habitants de ce lieu, nous ne pouvions être que des locataires indésirables et inévitables, destinés à nous en aller.
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Cette nuit encore, je m'allonge sur le pont, tout à fait à la proue du navire, contre l'écoutille fermée, abritée par le bord du bastingage. J'entends contre ma tête les cordes des focs vibrer, et le froissement continu de la mer qui s'ouvre.
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Mais le soleil descend vers la mer, la transforme en métal, en verre opaque.
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J'avance le long de la vallée de la rivière Roseaux, les montagnes sont toutes proches maintenant, les flancs des collines se resserent. Le paysage est d'une pureté extraordinaire, minéral, métallique, avec les arbres rares d'un vert profond, debout au-dessus de leur flaque d'ombre, et les arbustes aux feuilles piquantes, palmiers nains, aloès, cactus, d'un vert plus aigu, plein de force et de lumière.
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Avec ma grand-mère, nous glanons les épis restés à terre, après le départ des paysans dans leurs charrettes. Nous ramassons les épis dans des sacs. Nous les ramenons à la maison, et nous tournons la manivelle du moulin à café de notre grand-mère pour faire de la farine.
Glaner, c'est un geste très ancien. Cela veut dire que nous avons faim, que nous avons besoin de farine.
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Et il affirme cet autre droit, réellement reconnu au Mexique, qui est synonyme de démocratie : « Nous devons
tous reconnaître que, dans la création humaine, quelque chose appartient à l’humanité dans son ensemble, et qu’aucun individu n’a le droit, sous prétexte qu’il en est propriétaire, de la détruire ou de la garder pour son seul plaisir... »
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L'écrivain est un faiseur de paraboles. Son univers ne naît pas de l'illusion de la réalité, mais de la réalité de la fiction.
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