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Citations de Jacques Lacarrière (282)


Pour lui la foret est un grand troupeau d'arbres qu'ils faut surveiller, assainir, trier, planter, abattre, élaguer, éclaircir, un troupeau immobile dont il ne connait toutes les têtes, jeunes, vieilles, saines et malsaines.
Quelques jours plus tôt il a fallu abattre un vieux sapin - plus de deux cents ans, me dit-il- car il menaçait de s'écrouler.
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De nouveau dans la foret - sapins, épicéas. Foret plus vivante, plus riche que celle d'hier. Sous les arbres et les frondaisons, au milieu des fougères et des mures et plus loin aussi des myrtilles dont je me gaverai au cours des jours suivant au point d'avoir les mains et la bouche barbouillées de leur encre violette écolier plus que jamais buissonnier, bruissent et bourdonnent des milliers d'insectes.
Mes jambes ont oublié leurs courbatures. Je n'ai pas d'itinéraire très précis : le prochain port sera Abrescwiller, si je ne me perds pas en route.
J'ai choisi au hasard, sur la carte d'état-major, un chemin tourmenté, tortueux, mais qui croise des maisons forestières. Je pourrais y trouver de l'eau, y rencontrer des gardes, demander mon chemin.
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Des qu'un chois, un regard personnels transparaissent à travers l'écriture, chaque lecteur voudrait que ce choix , ce regard fussent aussi les siens, comme si l'on écrivait pour lui et pour lui seul.
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Au pieds, les inusables Pataugas, mes plus fidèles compagnons, qui, au terme de ces mille kilomètres, n'accusèrent qu'une usure raisonnable : deux trous nets et ronds à l'endroit de la plante et quelques déchirures de la toile, dues aux ronces.
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Ailes rouges nuages bleus…



Ailes rouges nuages bleus qu’importe
ce soir se déploie l’esprit – le ciel s’étant soûlé
tire le rideau dévoilant l’Ailleurs.

Il faut une profonde anesthésie, une sacrée hypnose,
pour voir ces couleurs
que l’âme seule peut totalement contempler.

Soir cru, sans cœur, tout en visions.


// Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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Il prend figure si vite…



Il prend figure si vite, le vide et apparaît
un ange, tel un rayon
dont la lumière parfois traverse l’air
et les vers luisants de la poussière soudain visibles
     tourbillonnent comme l’univers,
bataillons ailés, que bouche bée nous voyons se
     former, fruit d’un immatériel accouplement,
et les mots manquent pour une pareille apparition,
en suspens dans la chambre noire teintée de bleu,
sans plus d’image ou de figure qui résiste
à une telle confession.


// Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -)

/ Traduit du grec par Michel Volkovitch
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La dormeuse



extrait 2

Maintenant que tu dors pour moi seul, je sens ta présence monter jusqu’au bord des lèvres. Tu joues le monde. Tu le harcèles et lui offres tes mains pour le meurtrir et l’enchaîner aux prairies que le ciel compose. Je te regardais t’endormir de mes fenêtres sans royaumes où la nuit va bientôt jeter son front contre les vitres. Permets-moi de dessiner ton visage. Ta bouche achèvera les mystères que mon enfance énonçait sur les murs. Tes yeux habiteront ces allées pluvieuses que les chiens parcouraient sans hâte, tête basse et mimant des conditions humaines.
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La dormeuse



extrait 1

Tu cueillerais tout aussi bien des fleurs dans le soleil. Tes bras respireraient jusqu’au zénith le feuillage que les forêts soumettent à l’espace. Ne cherche pas à conquérir la pluie que supposent les toits, à chevaucher les fleuves sur des arbres géants. Reflète-toi entre deux ciels et tu connaîtras l’amitié que les astres te portent.
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..Il ne sert à rien de promener dans la nature un regard d'homme si ce regard ne sait se métamorphoser.
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Dans un horizon immense éclairé par un soleil jaune se profile tout au fond une ville blanche estompée par la brume.
Au milieu, sur une mer agitée par le vent, des bateaux voguent, voiles gonflées. Au premier plan un paysan laboure avec application, la tête penchée vers le sol. Au second plan, un berger regarde le ciel.
Au troisième plan un homme est tout absorbé par sa pêche
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Dans les jardins d'Islam, le Jardinier a multiplié, avec les roses, les jasmins, les grenadiers, les hibiscus et les bougainvillées, les fontaines et les bassins pour leurs trois usages essentiels : se laver, se regarder et jouir des bruits de l'eau coulante. Ainsi tous les sens sont requis, tous les sens et tout leur symbole : se laver, c'est se purifier, se regarder c'est se connaître (ou se reconnaître), écouter l'écoulement de l'eau, c'est entrevoir ou percevoir celui du Temps.
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"L'homme est le rêve d'une ombre"
Pindare. (Vème siècle. av. J. C.)"
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LA LUMIÈRE ÉBLOUIT L’INVISIBLE
(Le Philosophe et le Poète)



Un des états extrêmes qu’atteint l’homme
dans les peintures métaphysiques :
un mannequin d’osier
traversé de songes et d’énigmes.

Le ciel est sans oiseaux et les façades ont des fenêtres aveugles.
Dans la pénombre de la pièce, au premier plan,
deux Figures méditantes, de plâtre et de treillis,
contemplent un tableau posé sur un chevalet

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Sur un fond outremer presque vide,
le tableau dessine le trajet d’astres capricieux
ou bien la chute des Esprits élémentaires de la matière.
On peut y voir, si l’on préfère,
les théorèmes de la Nuit.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.

Que se disent les deux Figures ?
—jusqu’où s’étend le bleu du doute ?
demande le Philosophe.
—jusqu’au parloir de l’orage,
répond le Poète.

Dehors la lumière éblouit l’invisible.
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UN DUO
(Le duo)



Un couple de mannequins en bois utilisé dans les ateliers de sculpture :
habitants typiques du monde chiriquien.
Qu’attendre des amours d’un tel couple
si ce n’est un rituel d’insectes rigides, une pariade de robots ?

— Étant sans bras pour nous étreindre, rien ne pourra nous séparer.
— Étant sans sexe pour aimer, rien ne pourra nous désunir.
— Sans yeux et sans nez, mon visage. je suis une élégie de cire.
— Sans front ; sans bouche, mon partage. je suis un brouillon de sourire.
— Mannequins au torse d’absence ?
— Simulacres que l’éther encense ?
— Appelants du plus grand silence ?
— Aubiers d’être enfantés du tremble ?

Le savez-vous qu’ainsi livrés à la rigidité dorienne des momies,
vous êtes entrelacés à l’énigme du monde ?
Le savez-vous qu’en cette terrasse ensoleillée
s’ébauche en vous une théologie des automates ?
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YGGDRASIL*



Extrait 2

Je suis le sommeil et l’éveil,
le silence et la symphonie.
Je suis l’oratoire des astres,
et mes feuillages s’impatientent
des apocalypses à venir.

J’abrite en mes branches
l’aspic et l’alouette,
l’ogre et l’océanide,
le singe et la sylphide,
le ver et la vestale.

J’abrite l’hier des fauves,
les présent des oiseaux
et le demain des hommes.

J’abrite le nid des anges
et les couvées du ciel.

Je suis l’axe du monde.

*Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains
au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre.
Il abritait en ses racines les divinités du destin,
en ses branches toute l’humanité
et en son sommeil le palais des dieux.
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YGGDRASIL*



Extrait 1

Je suis né d’un songe de la terre
rêvant qu’elle s’unissait au ciel.

J’ai grandi dans l’ombre inquiète de racines
toujours assoiffées d’obscur.

Et j’ai fleuri dans l’allégresse de la sève
et l’offertoire des frondaisons.

Je suis l’axe du monde,
vivant défi des temps carbonifères.

L’alliance de l’ombre et de l’éclair,
le tremplin des orages,

l’esprit des sources
et des souffles.


*Yggdrasil est le nom donné par les anciens Germains
au Frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre.
Il abritait en ses racines les divinités du destin,
en ses branches toute l’humanité
et en son sommeil le palais des dieux.
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Lui, le nanti des mots…



Lui, le nanti des mots,
il est revenu parmi ceux à qui manquent les mots.
Et en un temps où ils se vident, s’émiettent, perdent leur sens,
le poète a pouvoir de leur donner leur pleine charge de lumière,
     de désir, de jeu ou de défi.
Un chargé de mission ? Oui : entretenir le sens et la beauté
     des mots.
Réinventer leur fulgurance.
Puisqu’en chaque temps de manque,
le poète seul est là pour nommer ce qui manque.
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Mais ce que je dis, ce que j'écris là, ce sont des mots, des phrases, de ces mots, de ces phrases dont regorgent tous les ouvrages de spiritualité, ce sont des expressions empruntées aux lexiques de la contemplation, qu'ils soient chrétiens, soufis, hassidiques, bouddhistes, tantriques ou taoïstes... La mystique orthodoxe possède évidemment elle aussi un lexique de ce genre qui tente de traduire les différents états de l'être en quête de paix, d'illumination intérieure, lexique né de l'expérience des pères du désert, des saints, ermites, orants, anachorètes, théologiens de l'époque byzantine, tels Jean Climaque, Diadoque de Photicé, Evagre le Pontique, Hésychius de Batos, Philothée le Sinaïte, Syméon le Nouveau Théologien, pour ne citer que les plus connus
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LICHENS VI



Cétraire glauque. Peltigère veinée.
Caloplaque orangé. Alectorie.

     Allégorie des saisons rêches

Ombilicaire pulpeuse. Usnée décharnée.
Lobaire pulmonaire. Cladonie.

     Calédonie des sources sèches

Caloplaque orangé. Ombilicaire pulpeuse.
Peltigère veinée. Usnée décharnée.

     Carnation de l'incorporel

Alectorie. Lobaire pulmonaire.
Cladonie gracile. Cétraire glauque.

     Gemmation de l'immatériel
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LICHENS V



Entre tes chemins je voyage
En ta durée je me repose
     Friable éternité.

Tu es le semeur d'irraison
Je suis le buveur d'horizon
     Nomade fixité.

Rien de toi où je ne déchiffre
L'orée de l'orient sous le givre
     Infime immensité

Tu es le portillon des sources
Le décret momifié des mousses
     Inutile nécessité.
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