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Critiques de Jacques-Olivier Boudon (58)
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Le plancher de Joachim

A quelques kilometres d’Embrun dans les hautes alpes, sur les bords de la Durance, s’élève un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les propriétaires découvrent au revers du plancher qu’ils sont en train de rénover, des inscriptions tracées à la mine de plomb. Ses confessions revêtent un caractère exceptionnel.
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Le plancher de Joachim

"Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus."



C'est par ces mots de Joachim Martin que peut commencer cette histoire. Si elle n'est pas extraordinaire, elle est peu banale et très prenante. On est toujours quelque part un peu voyeur, c'est une histoire vraie que j'ai avalée comme un élixir de jouvence. Celui que peut nous distiller le conteur d'une tranche de vie provinciale de la haute Provence du XIXème siècle. Des événements de la petite histoire qu'avec cet ouvrage Jacques-Olivier Boudon raccroche à la grande. Les faits n'existant pas à l'état isolé.



Tout commence lorsque des travaux de rénovation exécutés dans le château de Picomtal, commune de Crots jouxtant Embrun dans les Hautes Alpes, mettent au jour les écrits que l'artisan menuisier, qui avait fait les mêmes travaux de rénovation du plancher cent vingt ans plus tôt, a laissés à notre attention, lecteurs d'un temps futur.



Les lames du plancher qu'il a construit comportent en effet la transcription de propos dont il était sûr qu'ils ne pourraient souffrir ni de contradiction ni de censure, puisque destinés à être découverts en un temps où les protagonistes de son récit ne sauraient être inquiétés par les révélations, parfois sous forme de dénonciations. Combien de pas ont fait grincer les lames de parquet en ignorant qu'ils marchaient sur des confidences, qui elles feraient peut-être grincer des dents ?



Lorsque Jacques-Olivier Boudon apprend de façon fortuite la découverte, quelques années après qu'elle se fût produite, il s'empare du sujet et décide de donner à l'intention initiale de l'auteur de ces écrits une dimension que ce dernier n'eût à coup sûr jamais osé espérer.



En effet, conservée par les propriétaires actuels du château de Picomtal, et offerte aux visiteurs occasionnels, cette découverte aurait pu être cantonnée au sort anecdotique de trouvaille insolite. Mais, livrée à la sagacité de l'éminent historien, cette tranche de vie de Joachim Martin, modeste artisan menuisier, renoue avec l'histoire. Jacques-Olivier Boudon nous confie ainsi un ouvrage dans lequel on identifie parfaitement l'énorme travail de recherche auquel il s'est adonné pour replacer les propos du menuisier dans le contexte social, économique et politique de la fin du XIXème siècle. Celui qui comme moi a une appétence particulière pour l'histoire des simples ballotés par celle des grands sera comblé d'aise.



Le piquant de l'affaire étant l'intention de l'auteur premier, assortie de la précaution qu'il a mise en oeuvre pour s'octroyer la liberté d'ouvrir son coeur, ce qui pourrait se voir qualifier de comédie de moeurs offre un éclairage supplémentaire sur les mutations opérées dans les mentalités au sortir du second empire, alors que notre pays s'ancre dans la république, que le train pose ses rails dans les vallées alpines et que la religion perd son statut d'état. Les prêtres étaient aussi, on le sait, forcément bien placés pour animer les querelles de clocher. On découvre en outre, vieux comme le monde, des sujets que l'on croit nouveaux de nos jours. On ne refait pas le monde, il n'y a jamais que la vitesse qui change.



J'imagine que Jacques-Olivier Boudon reste à l'affût de tous travaux de rénovation qui pourraient intervenir sur d'autres anciens chantiers connus de Joachim Martin. Le mutisme étant souverain ferment de toutes les rancoeurs, gageons que notre menuisier aura pu, sous d'autres lames de parquet de la région, soulager son coeur d'obsessions qui le tenaillaient. On n'omettra pas non plus le côté croustillant de certaines révélations qui, c'est le moins que l'on puisse dire, ne sont pas colportée de langue de bois.

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Le plancher de Joachim

Voici un livre documentaire - témoignage que l'on m'a prêté , assez difficile à lire car pétri de dates, de noms , de nombreuses familles , de leurs ramifications de la fin du XIX ° siècle, mais très intéressant, un genre de puzzle décrypté et analysé remarquablement par l'historien Jacques - Olivier Boudon, ancien élève de l'Ecole Normale supérieure , professeur d'histoire contemporaine à La Sorbonne, les TRACES des Gens du Peuple à cette époque étant rares.



Tout part des travaux que les nouveaux propriétaires du château de Picomtal, sur les bords du lac de Serre- Ponçon, ont engagé au début des années 2000.

Cent vingt ans plus tôt , Joachim Martin , le menuisier qui a monté le parquet a laissé au verso des écrits découverts derrière les lattes .



L'auteur part donc sur les traces de Joachim Martin qui y livre ses pensées, et ses réflexions sans tabou car il sait qu'il ne sera pas lu avant la refonte du plancher avant soixante ou quatre - vingts ans ——«  Heureux mortel. Quand tu me liras, je ne serai plus » .

En fait , il faudra attendre cent vingt ans ...pour découvrir les fameuses planches.

Ces propos se présentent à partir de 72 textes de quelques mots à quelques lignes écrits au crayon par Joachim.



Ces bribes permettent à l'historien de reconstituer l'environnement quotidien,, c'est tout un village qui apparaît , Joachim n'a rien d'un héros .



C'est un silencieux qui perçoit les tiraillements qui traversent son monde: c'est «  la fin des terroirs » , le début de la mutation de la démographie de son village : déjà l'exode rural.



Il dénonce bassesses et corruption des uns et des autres, aussi bien entre notables ou au sein des familles , décrit les nombreuses querelles .

Il écrit en français et non en patois , se passionne pour les faits divers, dénonce l'influence du curé dans un langage cru, il se mêlait de tout , même des relations sexuelles de ses ouailles .



La confession était un moment privilégié de la vie religieuse pour les catholiques,en supposant que les révélations au curé seraient gardées secrètes ......

La forêt pour lui est un lieu mystérieux , propice à la dissimulation ( des centaines d'hectares de bois ) qui ont abrité maintes fois des réfugiés ...

Que sait Joachim des secrets enfouis - là ?

Par contre il éprouve un sentiment positif pour les avancées apportées par la République, s'attarde sur les pratiques sexuelles de ses contemporains .



L'auteur à partir de ce témoignage unique aborde des thématiques diverses : scolarité à l'école laïque et différences avec l'école religieuse ..., religion, politique , il décortique les us et coutumes de la population rurale à cette époque : nombreux petits métiers complètement disparus ,travaux des cultivateurs , normes et codes en partie refusés par la société villageoise que voudraient lui imposer la société et l'église très puissante ....



Un témoignage passionnant faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique : arrivée du chemin de fer et avènement de la République , aussi une parcelle des moeurs souvent cachées de ce temps là .



Un décryptage unique , original , qui pourrait faire office de «  Reportage ».

L'histoire des gens du peuples , industrieux et méconnus , histoire , bien sûr qui n'apparaît pas dans les livres d'histoire avec un grand H.

Une époque revivant sous nos yeux , j'ai signalé le foisonnement des dates , des lieux , il faut être très attentif et prendre des notes si l'on veut comprendre et saisir ce message d'outre- tombe .

En tout cas l'historien a reçu le prix Georges Goyau

de l’académie française pour cet ouvrage .
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La campagne d'Egypte

Tout ça pour ça ?

C'est un peu ce qu'on a envie de se dire quand on referme La campagne d'Egypte de Jacques-Olivier Boudon.

Et là je ne parle pas du livre ou du travail de l'auteur, je vous parle de cette campagne que lance Bonaparte en 1798 pour conquérir le pays des pharaons.

Une tentative de conquête qui durera trois ans.

Trois ans de combats, de violences.

Pour les forces françaises, près de 45 000 hommes y participeront, environ 15 000 d'entre eux y laisseront la vie ou seront blessés.

(Dans le camp d'en face, sans compter les Anglais, se sont quelque 220 000 Ottomans qui prendront part aux combats, plus de 50 000 en seront victimes)

Il faut dire qu'a l'époque on partait dans l'inconnu.

Il y avait la mer d'abord. Une traversée qui va déjà bien remuer les boyaux de ces braves soldats.

Il y a le desert ensuite, ce soleil qu'on ne connaissait pas si puissant, cette eau si rare.

Il y a les mamelouks qu'il faudra combattre.

Et ces populations prêtes à défendre leur pays, leur religion, leur vie.

Il y a la peste aussi, comme si les batailles ne suffisaient pas pour semer la mort.

Avec l'échec de l'invasion de la Syrie, Bonaparte, alors Général en chef, ne restera qu'une année sur la terre égyptienne alternant défaites et victoires il rentrera en France laissant au Général  Kleber le soin de conclure victorieusement la prise du pays.

Mais, après de violents combats, l'alliance entre les Turcs et les Anglais mettra fin aux illusions de celui qui devient Empereur.

Au début, j'avoue que l'abondance de noms et de chiffres m'a effrayé. Jacques-Olivier Boudon  fait les présentations, il nomme les principaux protagonistes, nous en livre un rapide cv, compte les soldats, par régiment,  le materiel, les chevaux, les navires et... c'est parti.

A partir de la prise de Malte le récit devient plus linéaire, moins comptable.

Se servant de différents témoignages il nous raconte cette campagne, mettant parfois l'accent sur certains faits et sur la violence en particulier (combats, pillages, viols, tortures, esclavage...) rien ne lui échappe.

Il nous parle des soldats bien sûr,  mais aussi des savants que Bonaparte avait décidé d'emmener avec lui et qui, par leurs travaux, aideront à comprendre l'Égypte. (Vivant Denon par exemple).

On retrouve ici les prémices des campagnes que mènera plus tard Napoléon, toutes plus meurtrières les unes que les autres.

Un ouvrage intéressant qui se lit presque comme un roman.

Merci aux Éditions Belin et à Babelio de m'avoir fait découvrir au travers de l'ouvrage de Jacques-Olivier Boudon, cette page de notre histoire.
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Le sexe sous l'Empire

Précipitez-vous pour commander ce livre écrit par ce professeur d'histoire de la Révolution française et de l'Empire à la Sorbonne, Président de l'Institut Napoléon !

Pourquoi ?

Censuré par le salon du livre d'histoire de Versailles en 2019...

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Le plancher de Joachim

L'Histoire m'intéresse depuis toujours (même si parfois je mélange les régimes politiques qui ont suivi la Révolution...). Je m'intéresse encore plus à la microhistoire. Avec cet ouvrage, j'ai été servie ! Qui est Joachim Martin, le menuisier qui a écrit un peu de sa vie et de celle de ses contemporains au dos des planches d'un parquet ? « Il n'a rien d'un héros. C'est un homme du peuple, un petit propriétaire, comme la France en a tant connu alors. Mais c'est surtout un homme qui a voulu transmettre un message à ses descendants. Il a une claire conscience du temps qui passe et veut s'inscrire dans l'histoire. » (p. 15) Sous ses brefs écrits et grâce au travail de recherche et de reconstitution de Jacques-Olivier Boudon, on voit revivre le petit village des Crottes et on suit le passage des saisons, au rythme de la vie quotidienne des habitants. « Quand il dit se contenter d'eau sucrée parce que la soirée précédente a été trop arrosée, il ne manque pas d'en faire part à son lecteur. » (p. 95)



Évidemment, on se délecte des jugements de Martin sur les turpitudes amoureuses et sexuelles de ses voisins. Il dénonce tout, de l'adultère à l'infanticide, en passant par des pratiques très déviantes. « Toujours à l'affût des entorses à la morale chrétienne, Joachim observe avec curiosité les mœurs de ses contemporains. Il a un avantage sur les autres habitants puisqu'il travaille pour l'essentiel à l'intérieur des maisons. » (p. 137) Cette supériorité, le menuisier la cultive en lisant le journal et en s'intéressant à ce qui se passe au-delà de son village. Il ne se laisse pas freiner par le labeur quotidien des petites gens de la campagne : il réfléchit sur les changements politiques et sur son époque et, ne pouvant en être véritablement acteur, s'en veut un témoin sagace et féroce. « Il a trouvé dans l'écriture un substitut à une existence qu'il juge médiocre parce qu'il ne se sent pas reconnu par ses contemporains comme un homme cultivé. Il veut de ce point de vue sortir de sa condition d'anonyme et démontrer à la postériorité ses talents d'écrivain, au risque, en choisissant l'improbable support du revers des planches, de n'être jamais lu. La chance lui a souri. Aujourd'hui, par le truchement d'un livre, Joachim connaît une forme de notoriété qu'il avait manquée de son vivant. » (p. 159)



Je déplore le caractère un peu encyclopédique du début de l'ouvrage, même si je comprends la nécessité d'inscrire le sujet dans son contexte et son environnement. La qualité littéraire du texte est en outre très limitée et la démonstration parfois aride. Mais le sujet est passionnant, ce qui rachète une forme un peu sèche. En fin d'ouvrage, les 72 planches sont transcrites, dans l'ordre où elles ont été trouvées, avec leurs fautes diverses. Le plus fascinant est qu'il reste des salles à explorer dans le château de Picomtal : le menuisier des Crottes n'a peut-être pas fini de nous parler de son temps, au dos des lattes et des cales de planchers vieux de plus de 200 ans !
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Les naufragés de la Méduse

Epouvantable et passionnant.

J'ai beaucoup apprécié cette analyse de l'épisode du radeau de la Méduse, à la fois sur le plan du déroulement, mais aussi de sa signification politique. Il faut signaler que le livre contient des passages vraiment terrifiants. L'auteur est un spécialiste d'histoire de la période et cela se sent car ici le propos n'est pas du tout de faire du gore, mais bien de montrer que cet épisode a eu des répercussions politiques car le commandant de la Méduse était un ancien officier black-boulé au moment de la Révolution et qui avait fait des pieds et des mains pour revenir au commandement d'un navire avec le beau résultat que l'on sait. Le naufrage conduit à une forme de remise en question de la Restauration.

Le livre lorgne aussi de manière passionnante sur l'histoire des représentations en analysant ce que représente alors l'anthropophagie et le fait que ce tabou soit alors brisé. On pense ici au village des cannibales d'Alain Corbin, d'ailleurs cité dans le livre.

Et puis celui-ci permet aussi de comprendre la genèse d'un incroyable tableau. Lire le livre puis aller au Louvre avec sa dulcinée, ses enfants (je raye, disons ses adolescents) voire des amis, vous permettra de briller comme jamais. Le livre est relativement court, mais il fait vraiment le tour de la question et l'historien s'efforce de reconstituer le parcours de tous ls protagonistes, sur lesquels, soldats antillais, médecins, officiers ou simples mousses, on apprend beaucoup.

Une dernière remarque, si un jour vous avez la possibilité de remonter le temps, un conseil, n'embarquez jamais sur la Méduse...

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La campagne d'Egypte

La campagne d'Egypte : une expédition entre conquête et connaissances. C'est la définition exacte de cette expédition. C'est d'ailleurs le nom donné à une exposition qui s'est tenue, au printemps 2000, au Museo Napoleonico de Rome.



Jacques-Olivier Boudon, président de l'Institut Napoléon, et dont j'ai eu la chance d'assister à plusieurs de ses conférences dans divers colloques napoléoniens, nous présente ici une œuvre majeure. Il a le grand mérite de nous présenter une relation précise, solidement étayée, tant au niveau militaire, que scientifique et artistique. De plus un autre intérêt à ce livre : la présence constante de témoignages des participants de cette expédition (militaires, savants et artistes). Nous vivons, au plus près, la dureté du climat, l'âpreté des combats subies par les soldats, sous-officiers et officiers. Nous côtoyons des savants et des artistes qui découvrent l'Egypte en suivant les troupes et qui s'enthousiasment. Du moins dans les premiers temps, car les souvenirs et correspondances, tant des militaires que des civils, font ressortir, après des mois en Egypte, une certaine lassitude et le fort de désir de revenir en France.





Cette campagne sera une étape décisive pour beaucoup de jeunes officiers qui connaîtront une carrière extraordinaire au cours de l'Epopée impériale.

Pour la fine fleur des sciences françaises de la fin du XVIIIème siècle (Monge, Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire…) ce sera l'occasion d'accomplir des recherches. Sans oublier les ingénieurs et les artistes.



L'expédition part de cinq ports en mai 1798 : Toulon, Marseille, Gênes, Civita Vecchia et Ajaccio. Malte est prise et une garnison y est installée.Malgré Nelson qui sillonne avec sa flotte la Méditerranée en tous sens, la flotte française arrive devant Alexandrie. Puis c'est la marche vers le Caire.



Après les guerres de Vendée et avant la guerre en Espagne, l'armée française est confrontée à une guerre qui n'est pas faite que de batailles rangées, mais aussi de nombreuses embuscades.



Au sujet des duretés de cette campagne, impossible de ne pas citer ce témoignage de Galland : "Un soldat vit succomber un de ses camarades ; inquiet il regardait autour de lui et épiait le moment où il ne serait vu de personne pour égorger son ami et se désaltérer de son sang."....finalement, il y renoncera.



Bien que ses soldats soient ceux d'une France révolutionnaire et déchristianisée, Bonaparte exige de ses troupes le respect absolu de l'Islam.

Lors de sa campagne précédente, en Italie, Bonaparte avait imposé à son armée le même respect pour les catholiques et les juifs.

Tout en respectant le Coran, Bonaparte insuffle un vent de modernité à la société égyptienne.



Le 1er août 1798, la flotte française est détruite par les Anglais dans la baie d'Aboukir.



La poursuite de Mourad Bey, chef mamelouk, est un des grands faits d'armes du général Desaix qui trouvera la mort à Marengo le 14 juin 1800. Au cours de cette poursuite, les soldats découvrent, émerveillés, Thèbes. Laissons le capitaine Desvernois nous relater cet enthousiasme : "A l'aspect de ces ruines gigantesques, de ces vastes et nombreux débris qui occupent une si grande place dans l'histoire de l'Antiquité, tous les rangs de la division retentirent d'applaudissements."



Bonaparte suit les traces de l'ancien canal reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, l'argent manquant, impossible de le reconstruire. C'est sous le Second Empire, en 1869, que le canal de Suez sera inauguré.



La campagne se poursuit en Syrie, où les Ottomans menacent les Français. Une force de 10.000 hommes, commandée par les généraux Kléber et Reynier, y est donc envoyée, avec une cavalerie de 1.000 hommes sous les ordres de Murat. Et c'est à nouveau les duretés d'une traversée du désert, avec et toujours le manque d'eau. Le témoignage du lieutenant Laval : "J'ai vu dans cette marche des frères grenadiers dans le 32ème régiment, s'écarter de la colonne pour s'aller tuer eux-mêmes, disant : "Nous avons trop souffert"."



Puis c'est la prise d'El Arich et la marche vers Gaza. La peste à Jaffa : une moyenne de trente soldats meurent quotidiennement.



En mars 1799, Bonaparte assiège Saint-Jean d'Acre. Après plusieurs assauts infructueux et meurtriers, il lève le siège. Le 19 avril 1799, c'est la victoire du Mont-Thabor. Et la victoire terrestre d'Aboukir, le 25 juillet 1799, où Murat et Lannes s'illustrent. Eugène de Beauharnais, tout jeune beau-fils de Bonaparte, est présent aux côtés de Lannes lors de cet affrontement.



Ayant reçu des nouvelles alarmantes de France, où les situations politique et militaire se dégradent, Bonaparte (accompagné de Murat, Berthier, Marmont, Lannes et Andreossy) quitte l'Egypte, le 18 août 1799, et arrive à Paris le 16 octobre. Il laisse le commandement à Kléber qui sera assassiné au Caire le 14 juin 1800. Ce général sera victorieux à la bataille d'Héliopolis le 20 mars 1800. Puis c'est le général Menou qui lui succède.



Face à l'importance des forces anglo-turques, c'est la fin de la campagne à l'été 1801. Les troupes françaises rembarquent dans différents ports d'Egypte.



Les Anglais confisquent aux savants français la pierre de Rosette (exposée depuis au British Museum) qui a été découverte par un soldat français le 15 juillet 1799. En 1822, Champollion parvint à en déchiffrer les hiéroglyphes.



Mais, l'influence de Bonaparte et des Français, au-delà, des résultats mitigés de cette campagne, perdurera à travers Méhémet Ali qui gouverne l'Egypte de 1804 à 1849 et la modernise en se servant des idées de Bonaparte...la modernisation de l'Egypte au XIXème siècle a donc été très influencée par Bonaparte.



C'est un livre dense : nous côtoyons la cruauté, l'âpreté des combats, des longues marches, mais nous entrevoyons également les aspects positifs de cette expédition.



Jacques-Olivier Boudon nous offre un livre très vivant qui nous fait vivre, charnellement et spirituellement, cette aventure.



Un ouvrage qui fera date sur le sujet.



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Le plancher de Joachim

Une incroyable mine que ces écrits sous un plancher !

L'auteur, Jacques Olivier Boudon, historien spécialiste de Napoléon les découvre par le hasard d'un arrêt au château de Picomtal pour une nuit. En refaisant restaurer les planchers, les propriétaires ont mis à jour ces phrases écrites par le menuisier qui a réalisé les travaux en 1880-81.

Pour les propriétaires du château, c'est l'opportunité d'en faire un spectacle. Pour l'historien, c'est un matériau inestimable !

En effet, rares sont les écrits témoignages de 1ère main d'un homme du peuple. Le menuisier ne cherche pas à faire œuvre de littérature mais à laisser une trace. Il sait que cela ne sera pas lu avant au moins un siècle - il connait la valeur de son plancher ! - il se "lâche" sur ces contemporains, dit ce qui lui passe par la tête, ce qu'il pense des uns et des autres ... sur sa vie aussi car il a plus de 40 ans.

A partir de là, M. Boudon puise tout ce qu'il peut de ces écrits, croise avec d'autres archives, reconstitue la vie de Joachim, de sa famille, du village, des mœurs, bref, tire toutes les ficelles, déroule les pelotes de laine et dresse le portrait d'un village à un moment crucial de notre histoire, l'installation de la république, le début de la fin de la religion, bref, la fin d'un monde.

Certes par moment, je me suis perdue dans les noms, les filiations, les clans car il creuse toutes les galeries. C'est une vraie monographie et c'est passionnant, vraiment ! Il rend la vie de cet homme, de ce village extrêmement présente et attachante.

J'ai hâte de me rendre à Picomtal, aux Crottes - maintenant les Crots. Bientôt !
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Le plancher de Joachim

A partir des écrits qu'un menuisier de la fin du XIXe siècle a laissé au verso d'un plancher, et découverts récemment, l'historien dresse le portrait d'une communauté villageoise dans les Hautes-Alpes.

Pour celui qui aime l'histoire des "petites gens", des gens du peuple, de l'histoire qui n'apparaît pas dans les livres d'Histoire, c'est passionnant.
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Napoléon et la dernière campagne : Les Cent-Jou..

S'il y a un évènement majeur dans l'épopée napoléonienne, qui n'est pourtant pas avare de hauts faits, ce furent les Cents-Jours.



Après sa première abdication du 6 avril 1814, Napoléon est exilé sur l'île d'Elbe avec quelques centaines de militaires fidèles.



Cette île, sans route et sans industrie, il la structure en onze mois. Mais ce minuscule territoire n'était pas à la hauteur du génie de l'Empereur...



Après la chute de Napoléon en 1814, que se passe-t-il en France ? C'est le retour de la monarchie avec à la suite des Bourbons, les "petits marquis" de l'émigration qui avait quitté la France révolutionnaire...et qui n'avaient pas compris les changements intervenus dans le peuple français. Oui de 1789 à 1814, la France avait changé.

La République puis l'Empire avaient combattu avec succès les monarchies absolues européennes qui n'ont jamais admis la Révolution.



Dès le retour des Bourbons en 1814, le drapeau tricolore est remplacé par le drapeau blanc.

Les Ultras, extrémistes monarchistes menées par le duc d'Artois, frère cadet de Louis XVIII, tiennent le haut du pavé et se rendent odieux au peuple...

La population est mécontente, plus de la moitié de l'armée est mise en demi solde.



Sur l'île d'Elbe, Napoléon était informé de cette situation, ce qui lui confirma qu'il doit s'évader.

D'autres raisons le motivent : le non respect de certaines clauses du traité de Paris du 11 avril 1814, notamment le non versement de la somme prévue au titre de ses frais d'exil, et, surtout, l'idée déjà présente chez certains ennemis de la France de l'exiler à Sainte-Hélène dès 1814.



Dès son débarquement à Golfe Juan, le 1er mars 1815, il est clair que le peuple et l'armée l'attendaient. Tout au long de sa remontée sur Paris, les troupes envoyées pour l'arrêter se rallient à lui.



C'est avec un grand talent que Jacques-Olivier Boudon nous relate cette aventure dans les moindres détails.



Napoléon donne un cours libéral à sa politique, tente de faire comprendre à l'Europe monarchiste qu'il ne souhaite que la paix.

Hélas, ces puissances n'ont qu'un but : se venger de la Révolution et de l'Empire.

Ces monarchies absolues n'avaient pas "digéré" que le peuple français ait pu se révolter...cela pouvait être contagieux pour leurs propres peuples...



L'Empereur, sentant la guerre inéluctable, réorganise l'armée.

Malgré les difficultés matérielles, les troupes font preuve d'engagement pour la nation française et suit avec confiance Napoléon.



C'est la campagne de Belgique, et l'acte final à Waterloo.

Non seulement l'auteur nous présente avec une précision absolue les forces de tous les belligérants ; mais il nous immerge également dans l'âpreté de la bataille avec une foule de descriptions très précises.



Un grand et beau livre sur la fin tragique, mais glorieuse, de cette immense aventure que fut l'Epopée napoléonienne.
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Le Louvre : Huit siècles d'Histoire

Survol de « Huit siècles d'Histoire » du Louvre à mettre entre toutes les mains (jeunes et moins jeunes) des amateurs de l'Histoire, de l'histoire sociale, de l'architecture et du prestigieux musée parisien.

Explications, anecdotes, illustrations, reproductions agrémentent cet album qui conte le Louvre de son origine jusqu'à nos jours apportant la création d'une antenne à Lens et l'ouverture en 2015 d'un Louvre à Abou Dhabi.

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Le plancher de Joachim

L'idée est alléchante, le matériel ethnographique hors du commun.

L'auteur se perd malheureusement dans d'innombrables digressions généalogiques qui alourdissent le propos, surtout quand il s'agit de personnages tout à fait secondaires. On décroche alors d'un propos qui pourrait sans cela captiver.

Au final, ces écrits sous le plancher sont trop peu présents, et laissent penser qu'ils ne sont qu'un vague prétexte pour exposer l'érudition de l'auteur.
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Napoléon et la dernière campagne : Les Cent-Jou..

Napoléon et la dernière campagne- Les Cent-Jours. 1815 /Jacques Olivier Boudon/(Lecture faite en juin 2015)

À l’occasion du bicentenaire de la fin du règne de Napoléon ce 18 juin 2015 (une date toujours historique), ce livre est le bienvenu pour nous éclairer non seulement sur les circonstances du débarquement à Golfe Juan de l’Empereur évadé de l’île d’Elbe, mais encore sur les raisons de l’opposition des coalisés européens à son encontre et enfin les causes de la défaite à Waterloo.

Napoléon a alors 46 ans. Il a eu le temps de se ressourcer à l’île d’Elbe qu’il occupe en toute propriété et liberté durant les dix mois passés loin du continent.

Il a encore en mémoire comme nous d’ailleurs ses adieux bouleversants à la Vieille Garde dans la cour du château de Fontainebleau au petit matin glacé du 19 avril 1814 peu de jours après le Traité de Fontainebleau ratifié le 11 avril entre les maréchaux Ney, Mac Donald et Caulaincourt plénipotentiaires français et les ministres autrichiens, russes et prussiens.

Napoléon a signé lui même le 4 avril les clauses du traité avec son abdication, « sacrifiant ses droits aux intérêts de la patrie ».

Il existe trois raisons principales qui ont incité Napoléon à préparer le retour. Tout d’abord l’ennui qui le ronge dans cette petite île, lui qui déborde d’énergie. Ensuite l’insécurité quant à son avenir quand il apprend que se trame déjà un projet de l’expédier à Sainte Hélène. Enfin les informations qu’il reçoit de France démontrant les difficultés de la monarchie restaurée et sa popularité quasi intacte au sein du peuple.

On peut tout à fait considérer le retour de Napoléon comme un coup d’état militaire : c’est bien l’armée qui a favorisé cette reconquête du pouvoir et cette réinstallation aux Tuileries, avec certes un indéniable soutien populaire.

En trois semaines, Napoléon après avoir débarqué clandestinement à Golfe Juan est devenu un souverain légitime.

Dans ses projets, Napoléon reprend son idée d’un grand système fédératif européen, (précurseur de notre Europe actuelle ?), ce qui est loin de plaire aux coalisés, c’est à dire la Russie, la Prusse, l’Autriche et l’Angleterre pour qui l’Empereur est un perturbateur du repos du monde. Seule la Suède avec le Prince Bernadotte ne cache pas sa satisfaction de voir revenir Napoléon sur le devant de la scène politique.

Faire vivre les idées de la Révolution dans toute l’Europe, c’est ce que veut au fond Napoléon.

Le refus des coalisés de voir Napoléon remonter sur le trône de France et la mobilisation de leurs armées oblige l’empereur à préparer la guerre.

Par ailleurs, et cela on l’oublie souvent et pourtant cela pèsera lourd in fine, des insurrections éclatent dans l’Ouest de la France qui affaiblissent les défenses de la France dans le Nord et l’Est, en Bretagne et en Vendée principalement.

On en vient à la bataille de Waterloo qui fut la dernière. Son issue resta longtemps incertaine et le dénouement tint à peu de choses. Une bataille dantesque sans doute la plus terrible de l’épopée napoléonienne.

Un très bel ouvrage que ce livre de Jacques Olivier Boudon, extrêmement documenté, passionnant, allant dans le détail qui compte et qui permet de comprendre le verdict final. Notamment, la bataille de Waterloo est contée minute par minute comme si nous y étions avec les mouvements de troupes des uns et des autres et les réflexions et décisions de l’Empereur. Quatre armées de coalisés contre la seule armée française qui est très nettement inférieure en nombre.

On connaît la suite : la retraite, la débâcle des soldats indisciplinés, les trahisons en série.

Le bilan au soir du 19 juin : 32 000 morts en trois jours dont 5000 français.

Napoléon explique la défaite par la précipitation du maréchal Ney à charger les Anglais, le retard mis par Grouchy à rejoindre le champ de bataille, et surtout l’indiscipline et la débandade des soldats suite à l’échec de la Garde impériale pour repousser l’offensive des coalisés alors que tout n’était pas perdu.

Les historiens complètent ces manques par ceux d’armements et équipements militaires ; en somme une préparation insuffisante et des transmissions défectueuses. Et puis une disproportion des forces en présence.

Et puis il y a l’après Waterloo…Se sentant abandonné, Napoléon de retour à Paris décide dans la nuit du 21 au 22 juin d’abdiquer.

La France est envahie par les coalisés qui dès le 20 juin marchent sur Paris.

Une Commission dirigée par Fouché et Carnot décide d’accepter la capitulation au terme de laquelle l’armée française doit se retirer au sud de la Loire et laisser la capitale ouverte à l’occupation étrangère.

Louis XVIII revient avec à ses côtés Fouché et Talleyrand.

Napoléon se rend aux Anglais à l’île d’Aix en face de Rochefort. Dans l’indifférence générale il est déporté à Sainte Hélène.

En France alors se fait jour la Terreur Blanche, une véritable chasse aux anciens soldats et officiers de Napoléon et aux protestants qui ont toujours soutenu l’Empereur. Ils sont sommairement exécutés par des hordes de partisans du roi.

Les maréchaux Ney et La Bédoyère sont arrêtés et fusillés.

La France est affaiblie, occupée, ruinée et meurtrie.

Et pourtant la période des Cent Jours est inscrite à jamais au cœur de la légende napoléonienne que le Mémorial de Sainte Hélène de Las Cases a su bâtir et que Victor Hugo et Stendhal ont glorifiée.





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Le plancher de Joachim

Autour des années 1981 et 1882, Joachim Martin, menuisier au village des Crottes (maintenant les Cros, en amont du lac artificiel de Serre-Ponçon), refait les planchers du château de Picomtal. Il inscrit au revers des planches 4000 mots environ pour décrire sa vie et celle de son village. Son texte est surprenant par une adresse délibérée à un lointain lecteur inconnu, par sa précision, sa dureté, sa verdeur aussi. JO Boudon le met en relief en précisant les contextes hiérarchiques, politiques, économiques tirés des registres de la mairie, de la paroisse, du notaire, du département, de l‘autorité militaire. On ne sait s’il faut admirer son ingéniosité à recouper tant d’informations ou s’étonner des systèmes d’observation et d’enregistrement de la vie du citoyen, plus d’un siècle avant l’ère numérique.
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La campagne d'Egypte

En lisant le titre de ce volume, j’ai pensé, sans doute comme beaucoup de personnes, à l’expédition scientifique, à la (re)découverte de l’Égypte antique par les savants français. Mais voilà ! l’expédition de Napoléon en Égypte est avant tout militaire. Et c’est ce que raconte ce livre.



Le lecteur découvre alors, une facette peut reluisante de l’épopée napoléonienne : Guérilla, bataille rangée, famine, maladie, massacre de civils sous couvert de répression, tentative de transformation de l’Égypte en Nième département français, etc. Une histoire très dure dans laquelle les morts se comptent par milliers.



Si je devais vous mettre en garde contre ce livre, je vous direz simplement de lire avec beaucoup d’attention la quatrième de couverture. Alors, vous ne vous ferez pas piéger à attendre un compte-rendu de l’expédition scientifique, puisqu’il s’agit d’un résumé documenté de l’expédition militaire. Personnellement, ça m’a fait du bien de replacer cette expédition dans son contexte militaro-politique et de découvrir que ça n’avait pas été une « simple » expédition scientifique. Oui, ce livre a écaillé la dorure qui recouvrait cette expédition peut reluisante quand on la regarde sous cet éclairage cru.



En bref : Ni fan d’histoire, ni passionné de l’époque napoléonienne ou de l’Égypte antique, j’ai pris beaucoup d’intérêt à la lecture de ce livre riche en référence. (extrait des journaux et courriers des uns et des autres : civils et militaires français, notables égyptiens, etc. Vous l’avez compris, c’est un livre que je vous recommande.
Lien : http://sciences.gloubik.info..
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Le plancher de Joachim

C'est un ouvrage dans la droite ligne du Pinagot d'Alain Corbin, cité d'ailleurs dans l'« Introduction ». L'auteur s'appuie sur une série de textes découverts derrière des lattes de plancher. A partir de cette sorte de journal, Boudon, qui est professeur à la Sorbonne, est parti sur les traces du menuisier Joachim Martin (1842-1897) et de sa communauté villageoise, celle du village des Crottes (aujourd'hui Crots, dans les Hautes-Alpes).



Ce fut une lecture très intéressante, même si l'auteur a un peu de mal a clarifier la généalogie de Joachim. Elle est plus ou moins explicité dans le dernier chapitre, « La fin d’un monde ». A la lecture de la table des matières, le plan d'ensemble transparaît. L'auteur part du menuisier, puis s'intéresse au village et à ses villageois, puis s'en va faire un tour du côté du château de Picomtal (dans lequel les lattes de plancher ont été changé), avant d'aborder toutes sortes de thématiques annexes (politique, religion, scolarité, etc.).



Boudon aborde par exemple, plus précisément, la vie quotidienne d'un menuisier au XIXe siècle, la République au village ou encore les questions de la sexualité à l'époque (vue par Joachim, avec les non-dits et les tabous). Bref, l'approche de l'auteur est assez classique concernant l'histoire sociale, même s'il aborde des questions liées à l'histoire des émotions et des sensibilités.



Je suis vraiment conquis par cet ouvrage, comme je l'avais été pour le Pinagot de Corbin (un de mes livres d'Histoire préféré, très largement). Celui-ci est donc un coup de cœur. Il est très bien écrit, agréable et intéressant. Pour un livre d'histoire sociale, qui plus est rédigé par un pur universitaire, dans une collection plutôt destiné aux étudiants, le résultat est très accessible.



Pour résumer fort rapidement, Boudon explore le contexte historique, le rapport de Joachim (son héros) avec la politique, avec la sexualité (sans oublier les secrets de village) ou encore avec la religion. Il essaie de démêler les relations sociales au sein du village, et donc, en quelque sorte, les réseaux du menuisier Joachim Martin. Qui fréquente t-il en somme ?



Boudon consacre un chapitre complet (le 3) à l'étude du château de Picomtal, dans lequel a travaillé Joachim. Avec ce chapitre, c'est l'histoire immobilière qui est à l'honneur. L'auteur s'intéresse aux différents propriétaires du lieu depuis la Révolution française. Il fait ce que l'on appel une généalogie immobilière. Il s'attarde davantage sur ceux que son héros a pu connaître directement.



Il n'oublie pas non plus la scolarité, avec la transition scolaire, entre une école tenue par les religieux et une école laïque. Il aborde aussi plus loin la relation des habitants avec la religion en général, les scandales qui peuvent toucher le clergé. Joachim est un républicain, certes modéré, mais cela permettra de comprendre certaines de ses visions politiques. Dans un chapitre intitulé « L'espace et le temps », Boudon évoque le rapport de Joachim à son environnement géographique, à l'Histoire et à l'écriture, enfin à la culture populaire. Il montre que son héros est très intéressé par les activités secondaires de son client, propriétaire du château et érudit local. Boudon montre aussi le goût de Joachim pour les faits divers, ce qui est très caractéristique de l'époque.



Au final, c'est un ouvrage que je recommande vivement, qui est du même genre que le Pinagot de Corbin, mais avec un autre regard et un autre traitement du personnage. Bref, un coup de cœur.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Les naufragés de la Méduse

Lorsque j’ai reçu « Les Naufragés de la Méduse » de Jacques-Olivier Boudon, j’étais très contente. Je m’attendais à découvrir une histoire comme « Titanic » ou « Le Journal d’Anne Frank » à savoir, un roman qui retracerait les mésaventures du bateau d’une façon agréable avec des dialogues, un ou plusieurs personnes principal, bref, de quoi découvrir ce fait marquant, illustre, au travers une histoire narrée. D’autant plus que le quatrième de couverture se targue d’être un roman.



J’ai été très vite déçue. Les premiers pages ont été pénibles et toutes celles qui ont suivis avec. J’ai fini par arrêté après avoir feuilleté parce que le problème est que c’est une sorte de bébé mutant et affreux entre le roman et le livre d’histoire. C’est bien trop proche d’un manuel historique pour nous laisser apprécier l’histoire et c’était agencé plus ou moins comme un roman ce qui nous empêche de pouvoir chercher des informations précises.



Tout ce qu’on trouve sont des suites d’informations, que ce soit sur la famille des morts ou sur les morts eux-mêmes. Des milliers d’informations qui m’auraient déjà semblées de trop dans un livre d’histoire normale mais qui sont encore plus désagréable dans ce contexte.



Le style de l’auteur, à proprement parlé, n’est toutefois pas gênant. S’il n’avait pas un condensé d’informations sans fin, il déploierait certainement son potentiel.
Lien : http://angelscythe2.eklablog..
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Ils voulaient tuer Napoléon : Attentats,  con..

Si les noms de Pichegru, duc d'Enghien, Moreau et Fouché ne vous disent rien, fuyez cet ouvrage car vous ne comprendrez rien ; si c'est le cas, fuyez le aussi...



Alors que le couverture laisse penser à un livre grand public, il n'en est rien. Le concept est pourtant attrayant. Mais pour rendre intéressant un ouvrage sur des tentatives d'assassinat, il faut un auteur qui se prête un minimum à la volonté de narration. Il n'en est rien, même les pages wikipedia sont mieux rédigé. Ce livre n'est qu'une suite de noms propres sans intérêt et d'événements mal expliqués.



Bref, je me pose beaucoup de questions sur Tallandier, la maison d'édition. Comment a-t-elle pu donner un feu vert à un ouvrage si mal écrit ?
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Le plancher de Joachim

Un plancher un peu comme un mur Facebook



J'ai acheté et lu ce livre après avoir assisté à une conférence de Jacques-Olivier Boudon, historien spécialiste de la Révolution et du Premier Empire. Il ouvrait sa communication en racontant que c'est en faisant la Route Napoléon, celle que cet empereur à emprunté pour se rendre à Paris à son retour le l'île d'Elbe, qu'on lui a montré les débris de ce plancher qui avait été déposé pour être remplacé.



C'est lors de cette dépose que le propriétaire du château de Picomtal, dans lequel ce plancher était posé, a constaté que l'envers des planches était couvert d'écriture au crayon.



Ce texte laisse imaginer le planchetier, pendant ses poses, écrivant ce qui lui passait par la tête, comme s'il le racontait à un collègue. Ça ressemble à une conversation de bistrot qui passe en revue la politique, les potins du village, les rancunes personnelles, les confidences que l'on lâche emporté par la vivacité du bavardage et le verre de trop. Et, simultanément, il sait que l'envers de ses planches ne pourra être visible qu'au moment où le plancher qu'il pose sera remplacé soit une centaine d'années plus tard. C'est un peu comme s'il se confiait à la mer du haut d'une falaise une nuit de tempête.



Boudon se passionne pour ce témoignage mystérieux et enquête pour replacer les fragments de récit dans un ordre logique et dans l'Histoire, celle de la France, celle du lieu et celle de la famille de Joachim Martin Martin (1842-1897).



Cette enquête ce concrétise par ce livre : une oeuvre fouillée, riche d'informations et de précisions sur une réalité quotidienne sous la Révolution. Qui plus est le langage de Boudon est très agréable et accessible aux profanes.



Je me suis ré-ga-lée.

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