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Critiques de Jacques de Loustal (131)
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Bijou

Une BD intéressante qui nous propose une traversée des XXe et début XXIe siècles en mettant nos pas dans le parcours d'une pierre : le Bellaciao.

On assiste à de grands moments historiques ou on en entend parler, on croise des personnalités et on voyage au grès de montures et des cadeaux.

C'est malin et c'est distrayant.

La mise en page est très bien pensée, de grands dessins muets, deux par page, sont soulignés par un texte en voix off relatant l'épisode de l'odyssée du bijou.

Le dessin de Bernard est très réussi, caractérisé, et brillamment mis en couleurs.
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Un nouveau dans la ville





Ce titre est l’un des trois rassemblés dans un volume d’une collection éditée par Le Monde avec Prison et Maigret et l’affaire Nahour, sous le titre collectif de Vengeances. Plusieurs jours après la lecture c’est celui qui me reste le plus en tête.

Un jour d’hiver, un homme descend d’une voiture qui s’éloigne aussitôt, et va directement dans un bar tenu par Charlie, qui a un peu fréquenté le Milieu. Très vite il intrigue le barman. Comment a-t-il trouvé son bar, d’où vient tout l’argent qu’il porte toujours dans son manteau ? Il faut dire que l’inconnu ne fait rien pour se rendre sympathique, il ne parle à personne, répond par monosyllabes. Il dresse le « Yougo », un immigré qui vit à l’écart dans une maison abandonnée avec deux femmes, et fait toutes sortes de travaux, contre les habitants…

Charlie se renseigne auprès de ses anciens contacts. Il met en route une mécanique qui va le dépasser un peu.



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Le roi du jazz

Mon fils lit ce livre avec sa classe de CM1, la couverture m'a interpellée. On y voit un jeune garçon noir jouant de la trompette, faisant corps avec l'instrument.

Je me suis laissée tenter, et bien m'en a pris.

Léon, le petit garçon de la couverture, vit en Louisiane au début du siècle dernier. Avec Noël, son meilleur ami, blanc, ils se passionnent pour la musique et rêvent d'un cornet à pistons. Cet instrument va être, à cause d'un quiproquo, l'objet d'une brouille entre les amis, d'une descente aux enfers, puis de l'émancipation de Léon.



En peu de pages ce livre aborde avec clarté le racisme du début du XXeme siècle aux États-Unis. On pourra lui reprocher son côté simpliste ou manichéen, mais j'ai trouvé que la tendresse et la passion prenaient le dessus, et que c'était une bien belle manière de faire passer un message.

Le tout sur un merveilleux fond de musique et d'amitié.
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Pigalle 62.27

J’ai trouvé à cette BD un charme tout modianesque : l’action se passe dans le Pigalle des années 50, et l’histoire raconte la vengeance d’un jeune homme provincial dont le père s’est pendu (je n’en dis pas davantage pour ménager le suspense), qui pour accomplir son dessein va s’infiltrer dans les milieux interlopes (modianesque, je vous dis), et découvrir le monde de la nuit, la pègre, les jeux clandestins…

Bientôt le jeune homme va participer à de petites arnaques pour le compte d’un caïd séduisant et dangereux, ce qui va l’amener à rencontrer une jeune femme en manteau jaune qui pourrait être la mère de la Petite Bijou de Modiano. Accomplira-t-il sa vengeance ? Je vous laisse découvrir…



Les dessins rappellent le style de Pierre Le Tan, illustrateur de Modiano, dans leur naïveté et simplicité. Ils possèdent le charme rétro des années 50, rappellent par leur cadrage le style des publicités de l’époque. Les couleurs sont franches, parfois violentes dans leur contraste, mais le récit, malgré son fond de noirceur, ne se départit jamais d’une certaine douceur, mettant l’accent avec subtilité sur la candeur du héros.

L’air de rien, sans coup d’éclat, la BD vous happe, et je l’ai lue d’une traite, ce qui est aisé car elle est relativement brève. Je n’avais pas la sensation d’être captivée, on ne trouve pas de rebondissement rocambolesque, de révélation inattendue, mais arrivée à la fin et en fermant l’ouvrage, j’ai ressenti de la nostalgie pour ce que je venais de lire, et j’en ai été surprise.

Il me semble que cette nostalgie ressemble à celle que l’on peut ressentir aux effluves d’un parfum qui aurait laissé dans son sillage le souvenir d’un être cher.






Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Barney et la note bleue



Voilà une expérience livresque qui me sort de mon ordinaire.

Tout d’abord, il s’agit d’une BD (sans bulle), genre vers lequel je ne vais pas de mon plein gré.

Ensuite, par le plus grand des hasards, j’ai écouté il y a une semaine ou deux une émission sur TSF Jazz qui évoquait justement le parcours de ce jazzman Barney Wilen dont les auteurs se sont inspirés.

Enfin, j’ai été conquise par l’objet, les couleurs de la couverture, la qualité du papier.

Ici, point de bulle donc mais d’élégants dessins servant et servis par une narration sensible qui créé une atmosphère pesante et plonge le lecteur dans le Paris de la fin des années 1950.

Cet album est un hommage à un musicien resté dans l’ombre mais qui m’apparaît deux fois en quelques semaines. Je crois que je vais passer à l’écoute de ses enregistrements.

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Ode à l'X

Ode à l'X est un recueil de poésies érotiques illustré par des grands noms de la bande dessinée. Beb-Deum, Bess, Chauzy, Liberatore, Loustal, Moebius, Jeff Rey et Varenne mettent tout leur talent pour rendre hommage aux poèmes érotiques de Verlaine, Musset, Piron, Motin, Belleau, Patin de La Fizelière, Béranger et Glatigny. Chaque page devient une œuvre d'art. Les poèmes sont traduits par des images parfois réalistes, parfois fantasmagoriques. Nous sommes plutôt en présence d'un artbook qu'une réelle bande dessinée. C'est une belle expérience graphique qui met en valeur des poèmes si coquins qu'ils ont parfois été écrits sous le manteau. Donc, à réserver aux amateurs de belles illustrations et à un public averti.
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Jolie mer de Chine

Dans cet album deux récits de croisières et d'escales à bord du "Palmerston". Fruit du travail (dessin et adaptation) de Loustal, d'après des nouvelles de Jean-Luc Coatalem parues en 1995 (« Tout est factice »). Deux variations assez subtiles en mer de Chine ; le trait appuyé, le dessin épuré et les couleurs très contrastées de Loustal avec des ombres ici et là qui conditionnent l'étrange atmosphère de cet album. Dans « l'Acrobate », le navire appareille de Saïgon en direction de Singapour. le dénommé Gilbert Dragonet prend possession de sa cabine dans l'ambiance mi punch, mi cocktail et un peu rhum du pont réservé au premières, pour une mission carrée et sans complications à priori : se débarrasser de la fille de son patron, Renée Loubières. Narration très simplifiée avec un départ d'intrigue qui fait penser à celle d'un roman policier ou d'espionnage classique, mais qui tout de suite en prend le contre-pied par son humour un peu noir et légèrement décalé autour des élucubrations de ce français égaré en Indochine dont le destin doit bien évidemment chavirer... le deuxième récit, "Arturo Carajamis", du nom d'un représentant de la "nouvelle psychanalyse", débute à Shangaï une autre escale du Palmerston. Il est dominé par les hallucinations nocturnes du modeste stewart Lucien Gruchet qui se confie à l'éminent psychanalyste tandis que le navire met le cap sur le sultanat de Brunei et que le lecteur ne saura jamais si le navire arrive à destination... Tout commence et rien ne s'achève dans cet album qui n'est pas dénué d'une certaine poésie et fait sourire avec Loustal de la mélancolie des tropiques. Il ne faut pas craindre avec lui les virées lointaines hasardeuses et l'ennui mortel des longues traversées à vitesse lente ponctuées de tournois de poker et chargées des exhalaisons des vents de terre... à la fin devenu soi-même un peu passager on peut possiblement être atteint du mal de mer.

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Bijou

Voici une jolie surprise.

Tout d'abord le format qui n'est pas vraiment de la BD : deux dessins par planche, avec un texte en dessous racontant comme une voix off l'histoire du bijou.

Ensuite il y a le récit lui même, qui traverse plus d'un siècle d'histoire et comme la chanson "trois petits chats" revient au point de départ..

Une belle expérience de lecture
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Un nouveau dans la ville

"Un nouveau dans la ville", bien qu'écrit par Georges Simenon, n'est pas un roman de la série des Maigret. Celui-ci fait partie de sa série américaine. Ce n'est pas vraiment un roman policier mais plutôt un roman d'ambiance ou un roman psychologique comme Ruth Rendell en a écrit par dizaines.

À la fin des années 40, un étranger arrive dans une petite ville du Maine, état du nord-ouest des États-Unis à la frontière avec le Canada. Ne faisant rien pour paraître sympathique aux yeux des habitants, son comportement, sa liasse de billets et ses actions attisent très vite leur suspicion. Le plus inquiet étant Charlie, le patron italo-américain du bar dans lequel l'étranger va passer une partie de ses journées. Grâce à ses contacts dans le milieu du banditisme de Chicago, il va mener sa propre enquête sur l'identité de cet inconnu...

Ce très court roman (- de 200 pages) a également la particularité d'être illustré par Loustal qui a bien su en retranscrire l'ambiance pesante, lourde malgré quelques petites erreurs (par exemple, il dessine p41 la logeuse avec un chien, or le texte dit qu'elle déteste les chiens et vit avec 4 ou 5 chats).



Comme pour un Maigret, on retrouve cette lenteur dans l'action et cette ambiance triste, sombre, hivernale. Tout au long du roman je me suis demandé où Simenon voulait en venir avec cet étranger et malheureusement je me suis retrouvé déçu par la fin avec de nombreuses questions non résolues.

Mais je remercie Babelio pour m'avoir sélectionné à une de ses Masses Critiques et les éditions Omnibus de m'avoir envoyé ce roman illustré.
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Menaces de mort

Ecrit en 1941

Un certain Emile Crobois un millionnaire enrichi dans le commerce de la ferraille a reçu une lettre anonyme le menaçant de mort. Il demande la protection de la police ; Maigret accepte la mission - un week-end de printemps au bord de la Seine.

Bien que Les lettres anonymes, ce n'était pas vraiment la tasse de thé du commissaire. Alors pourquoi accepta-t-il l'enquête ? La douceur du soleil de juin, la perspective d'un week-end au bord de l'eau ?...

Une intrigue policière qui inspire un très vif intérêt et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page arcanes et labyrinthes omniprésents le long du récit

Le duo Simenon Maigret pour une fois encore fonctionne a’ merveille.

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I love Lyon

J'aime bien le concept de la collection, offrir des romans de gare (ou plutôt nouvelles de gare) à petits prix, qui se lisent le temps d'un trajet en TGV, se situant chaque fois dans une ville différente, et avec un mini-guide façon texte libre pour conclure. Mais j'ai été moins séduite par le contenu.



Le ton un peu cru/vulgaire ne m'a pas beaucoup plus. Les phrases sont peu recherchées et pas très belles, mais le style varie d'un personage à un autre et ça c'est plutôt chouette. Les personages sont variés. Ils sont rassemblés parce qu'il sont amis et voisins, à la vie à la mort. L'histoire est très moyenne, on survole tout très vite, c'est du roman noir pas très original. On passe très vite sur tous les éléments, parfois d'intérets un peu douteux.



Un autre aspect m'a également déçue : le décors lyonnais ne joue pas un rôle super important, l'histoire se transpose sans problème à d'autres lieux malgré l'évocation des différents quartiers, et pour la collection je trouve ça dommage.



Les illustrations ne m'ont pas trop plu non plus, c'est pas moche mais un peu sommaire, je trouve qu'elles apportent peu à la nouvelle.



Le mini guide est très bof, on croule sous une énumération de lieux - bien que la ballade qui commence par la gare et raconte aussi "ce que c'est d'être lyonnais" était plutôt une bonne idée, le tout est très indigeste et perd finalement son âme. Dommage, un choix plus séléctif aurait pu donner un ensemble nettement plus sympa.



En bref le tout me donne une vague impression de baclé, donc bofbof mais en cas de désarroi dans le train pourquoi pas...
Lien : http://lemoulinacritiques.bl..
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Le petit chacal et le vieux crocodile

L'intelligence l'emporte sur la force, telle est la devise de ce joli conte africain sur la faim, la ruse et la patience, une histoire entre un crocodile et un petit chacal. Un conte joliment illustré avec une très belle morale, à découvrir et à mediiter !
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Un nouveau dans la ville

Un grand merci à Babelio pour la sélection et bien sûr aux éditions OMNIBUS pour l'envoi de ce très beau livre.

Une histoire écrite par Georges Simenon et magnifiquement illustrée par Jacques de Loustal, dont les dessins apportent un réel plus pour apprécier l'ambiance et les personnages du roman.



«Un nouveau dans la ville», qui fait partie de la série américaine, est un roman d'ambiance dans la pure tradition de l'auteur Belge.

Un étranger, qui dit s'appeler Justin Ward, arrive dans une petite ville située près de la frontière canadienne.

Venu de nulle part, avare en paroles, de grosses coupures dans les poches, ne cherchant pas à être sympathique, il intrigue, voire inquiète les habitants et plus particulièrement Charlie, le patron du bar où l'inconnu s'est rendu directement.



L'annonce par la radio d'un meurtre commis par un rôdeur incite Charlie à demander l'intervention du shérif, qui est rapidement dans l'obligation de reconnaître l'innocence de l'homme, le véritable coupable ayant été arrêté.



L'auteur instaure subtilement le doute dans l'esprit du lecteur grâce à Charlie qui connait les gens, habitué qu'il est d'endroits louches, à Chicago, New-York, Détroit, ayant même croisé Al Capone, ce vécu lui donnant une certaine légitimité pour décréter le nouveau venu douteux.



Il préserve le mystère sur l'étranger, qui est-il ? d'où vient-il ? que veut-il ?, nous parlant plus facilement de Charlie, du shérif Kenneth Brookes, du Yougo le pilier de bar et même de la logeuse chez qui l'inconnu s'installe, créant ainsi une impression, peut-être injustifiée, de malaise, renforcée par les conditions climatiques hivernales qui s'installent sous un ciel plombé.



Justin Ward semble s'intégrer doucement dans la vie quotidienne de la ville, n'attirant pas la désapprobation, fréquentant même le bar de façon régulière. Charlie en arrive presque à penser qu'il se fait des idées sur son compte. Mais la certitude que le passé de cet individu est louche vire à l'obsession personnelle, à en faire des cauchemars, et une haine contenue mais perceptible s'installe entre les deux hommes, ne laissant rien augurer de bon.



Georges Simenon, habitué du roman noir sans effet spectaculaire, maintient par de petites touches savamment distillées une atmosphère dense et ambiguë tout au long de l'histoire, que je dois avouer m'être régalé à lire.



Bien aidé par Loustal dans cette version illustrée, l'auteur nous dépeint une petite ville des Etats-Unis à la fin des années 40, encore marquée par certaines figures du grand banditisme et par une xénophobie tenace.



Je fais partie des lecteurs qui aiment retrouver l'univers de Simenon, avec des intrigues que l'on peut qualifier de simples mais servies par des décors et des personnages forts, la lenteur de l'histoire compensée par une réelle beauté du texte.

L'occasion était vraiment trop belle avec cette Masse Critique. Je suis comblé.
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Le roi du jazz

Le racisme raconté de façon touchante et incroyable, nous donne envie de le lire et de jamais s'arrêter.

L'histoire se déroule à la nouvelle-Orléans, au début de 20ème siècle. C'est l'histoire de Léon et Noël, deux jeunes garçons amis depuis toujours. Ils ont un rêve en commun : devenir trompettiste de jazz. Tous les matins , ils se rejoignent devant la vitrine de Steve's musicstore où ils voient un cornet à pistons, ils rêvent de l'avoir. Léon est noir et Noël blanc. Léon vit dans un pays où le racisme détruit les amitiés. Lors de l'anniversaire de Noël, ses parents lui offrent le fameux cornet à pistons. Il se rend compte que finalement, il n'arrive pas a en jouer donc il va le passer à son copain Léon. Un jour, Léon va être accusé à tort alors qu'il n'a rien fait. Il est emmené en prison. Noël essaye de vendre son cornet à pistons à quelqu'un d'autre. Léon est furieux et décide de ne plus lui parler. Leur amitié se brise. Vont-ils arriver à réaliser leur rêve de devenir trompettistes de jazz ?

Ce livre est fantastique car ça parle de racisme. Les liens forts créés entre les personnages de Léon et Noël m'ont plu car l'un est blanc et l'autre noir mais ils ont un seul et même

rêve. En revanche, le personnage d'Alcide Pavageau (un policier) m'a choquée, il est agressif, méchant et a un comportement raciste. J'ai ressenti de la pitié pour le jeune Léon, de la colère envers le personnage d'Alcide Pavageau. L'histoire est facile à comprendre. La fin est prévisible.

J'ai beaucoup apprécié ce livre car il est simple à lire. Il nous donne de belles leçons de morale contre le racisme.
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Cartes postales

Avant même de l'ouvrir, ce livre est magnifique. Une jolie couverture toute en sobriété, sur un cartonnage très doux. Une fois ouvert, c'est un bijou.

Frédéric Vitoux présente le travail de Levet, dont les poèmes sont longtemps restés méconnus. A chaque page, un poème sur un endroit du globe où le poète a vécu, aimé, rencontré. Tout son amour ou ses questionnements sur le pays en question transparaît dans ces poèmes. En face de chaque poème, une magnifique illustration de Loustal, pleine de détails intimes, de couleurs naïves et plutôt vives, qui rend le texte d'autant plus touchant.

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir un texte que je connaissais par une chanson de Julien Clerc, "République argentine- La Plata", qui a rendu hommage au poète en musique.

Certains poèmes m'ont évidemment plus touchée ou émue que d'autres, mais tous en tout cas donnent une grande envie de voyager, même si le voyage commence déjà juste avec la lecture.

C'est pour moi une très belle découverte, même si je ne suis pas une grande habituée de la poésie. Un vraiment bel ouvrage, qui me donne envie de découvrir davantage les univers des auteurs (le poète et le dessinateur) et de suivre le travail de cette maison d'édition que je ne connaissais pas, j'avoue.



Je remercie Babelio et les éditions Martin de Halleux pour cet envoi Masse critique.
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Un nouveau dans la ville

Nord-est des Etats Unis, à deux pas de la frontière canadienne, une petite bourgade de 10000 habitants à peine, à l'approche d'un Noël des années 40.

Un homme est venu.

Seul.

Dans le froid de la nuit, sous la neige qui tombait drue. Personne ne l'a vu boitant sous le halo pale des réverbères. Il n'a demandé son chemin nulle part. Et pourtant il aurait pu. Dans les bars encore allumés, par exemple, où scintillait déjà la féerie lumineuse des fêtes à venir.



Il savait où il allait, sans hésitation.

La ville attendait Santa Clauz, et non pas un inconnu qu'on allait vite finir par haïr.



Personne pour raconter, pour le décrire, commencer à broder sur son compte. Il n'est venu ni en bus, ni en train; quelqu'un l'aurait vu sinon, et surtout l'aurait dit. Tout se sait, tout s'invente même, dans cette petite ville des USA. Tout le monde y connait tout le monde, invente sur le compte des autres, médit, espionne et ment.



Comme ailleurs...partout dans le monde.



L'inconnu est, dès le lendemain matin, désormais là, présent au milieu des autres, sans bruit, sans heurt, sans parler ou presque:

_dans la vieille pension de famille où il a loué une chambre sous le nom de Justin Ward (mais est-ce sa vraie identité..? C'est si facile de mentir, de porter un masque qui n'est pas le sien). Il ne cherche pas le contact avec les autres locataires, si ce n'est avec la jeune Mabel qui le soignera contre finances quand il sera malade. Et de cette intimité qu'on constate entre eux deux, sans en savoir vraiment plus (couchent t'ils ensemble ?), naît la rumeur qu'il la convaincu de porter des talons hauts quand elle va le rejoindre dans sa chambre... vous pensez, sur du parquet ciré ..!

_On le voit, toute la journée durant, au comptoir du bar de Charlie, à boire en silence, en observateur patient, presque à l'affût, sournois et calculateur. Que cherche t'il ? Que veut t'il ? On le sent aux aguets, à l'affût d'une proie, de quelqu'un dans la ville.



Qui est sa cible..?



L'homme sort souvent et ostensiblement de sa poche une énorme liasse de grosses coupures quand il s'agit de payer. Chapeau mou, duffel-coat élimé, teint bilieux, maladif ... et surtout cette étrange façon de regarder les autres, de les peser, de les tester, de les prendre de haut, de chercher la place du mal dans les âmes. On le sent suspicieux, manipulateur, adroit à laisser faire aux autres ce qu'il se défend de faire lui-même.



Quand il est là au comptoir, on souhaiterait qu'il soit ailleurs, loin d'ici et pour longtemps, qu'il disparaisse, retourne au néant d'où il est venu. Sa seule présence bizarrement indispose. Les conversations s'effondrent, la gène naît d'être simplement à ses côtés et perdure comme une mauvaise ombre noire posée sur le bar et les clients. La convivialité d'antan meurt.



Un pressentiment de mauvais augure naît: un drame attend, tapi dans l'ombre.



Charlie, le barman, traîne un passé de maffieux new-york repenti. Justin Ward cherche t'il le règlement de compte au nom d'une vengeance à assouvir ?

Le shériff confie à ses concitoyens que sa hiérarchie lui a interdit de creuser autour de l'inconnu. Un moyen, en mentant, de botter en touche ou, en vérité, une réelle mise en garde ?

L'imprimeur pense l'avoir reconnu, l'homme est peut-être celui qui il y a longtemps ....

Et puis il y a le Yougo, un quasi clandestin que la communauté tolère malgré ses samedis ébrieux. Il vit dans un taudis aux confins de la ville, ostensiblement polygame, chèvres et poules dans la pièce commune. Ward le paie grassement pour retaper la décrépite salle de billard qu'il vient de racheter à prix d'or à deux doigts d'un bail finissant. le Yougo a désormais beaucoup d'argent en poche: ses habitudes et son humeur change...



Charlie, le barman, va cristalliser la haine de toute une ville pour un homme mystérieux. Sous son seul regard s'alignent les obsessions curieuses d'une ville repliée sur elle-même, au coeur d'un hiver qui l'isole. Tout un troupeau d'hommes focalisé sur un être falot, quelconque, mais qui pourtant va...



La suite appartient au roman.



"Un nouveau dans la ville" (titre à mon sens représentatif du contenu mais peu porteur) est un roman "dur" de Simenon qui se plaisait à les nommer ainsi. Il est daté de 1950. Pas le plus connu certes, pas le plus réussi, mais existe t'il un mauvais Simenon ?



Loustal , en 2016, a illustré une réédition de ce court roman (Ed. Omnibus). Je suis curieux de voir comment il a pu rendre l'atmosphère lourde, pesante et tendue; la complexité des interactivités entre les protagonistes; les non-dits, les menaces à demi-mot, les sous-entendus menaçants; cette haine effrayante d'une ville à l'encontre d'un homme seul. Nul doute que le dessinateur a su user de dessins sombres, lourds de nuit, de brouillard, de pluie et de neige, de trottoirs mouillés, de devantures scintillantes.



Suivre Simenon, dans un cadre américain typique des années 40, m'a semblé totalement inattendu, étonnant, presque incongru. J'y ai cherché bêtement l'ombre lourde de Maigret, celle de sa pipe et de son chapeau. le shériff, personnage auquel Simenon n'a que peu recours, ne parvient pas à le remplacer et ne doit pas le faire. Simenon pose ainsi délibérément son roman en pur polar: la police n'intervient que peu, c'est une affaire d'hommes.



Comme d'habitude chez l'auteur, les hommes et ce qu'ils sont, montrent et cachent, pèsent plus que leurs actes. Simenon fouille les âmes, dissèque les personnalités au plus près des causes qui les ont fait naître, agir pour le bien, le mal ou dans l'entre-deux. Pas de manichéisme, tout se situe dans les gris de vies de personnages lambda.



Si vous lisez ce roman, en débutant de l'oeuvre de Simenon, ne vous y trompez pas: l'apparente simplicité du style cache la complexité redoutable d'une vraie étude de moeurs. Simenon pose un cadre, dresse des hommes les uns face aux autres en coeur d'un drame commun.



Et pour finir, presque en post-scriptum, j'ai trouvé en "Un nouveau dans la ville" un processus thématique presque similaire à celui contenu dans Bazaar de Stephen King. Un homme vient à Castle Rock, y ouvre le "Bazar des Rêves", chacun y trouve exactement ce qu'il désire profondément. Leland Gaunt, le propriétaire, à l'image d'un diable tentateur, dresse peu à peu les habitants les uns contre les autres, jusqu'au paroxysme final.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Le roi du jazz

Une histoire qui parle d'un sujet intéressant : l'amitié entre un jeune noir et un jeune blanc, tous deux passionnés de jazz, dans les années 1910 aux USA.

Malheureusement, on n'arrive pas à être pris par le récit, on se révolte bien sûr devant le racisme et l'injustice mais le héros ne nous est pas assez attaché pour être passionné par ce récit de vie, pourtant tellement réaliste.
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Black dog

Götting et Loustal donnent une interprétation toute personnelle en détournant les codes, en s'amusant avec la forme, tout en insistant sur la tension qui ne cesse d'augmenter...
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Métal Hurlant, n°04 : L'homme est bien petit

Je me suis laissé tenter une seconde fois par la nouvelle mouture de Métal Hurlant, et encore une fois, je suis comblé.

Le principe est le suivant : A chaque numéro, on alterne la nouvelle génération puis les précurseurs

Dans ce numéro, on nous ressort donc les "vieux" sur presque 300 pages.

Mais attention, c'est du lourd,du pointu, du grandiose : Druillet, Moebius, Alexis, Bilal, Margerin, Gimenez...

J'ai découvert avec plaisir également Michio Hisauchi, Paringaux, Palacios, Chaland, Claveloux, Keleck, Nicollet...qui font aussi preuve d'une grande créativité artistique.

Chaque histoire se déguste comme une friandise.

Elle est accompagnée d'un petit texte qui nous parle du contexte, nous présente l'auteur, ses connexions avec Métal, Dionnet et les autres.

Encore un très bon numéro.

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New york miami 90

Voilà le principe des deux auteurs: on imagine des récits en s'inspirant des images. Ils se composent de quelques lignes ou prennent parfois la forme d’une courte nouvelle, voir d'une poésie ou d'une chanson. Cela donne une rencontre entre images littéraires et images graphiques. Il faut aimer ce style si particulier...



Les textes qui accompagnent les cases sont d'une grande lourdeur car accentuée par une narration monocorde. On parcourt l'album difficilement.

Graphiquement, le style de dessin, propre à Loustal, peut rebuter car il s'agit d'un mélange de crayonnés différemment contrastés, durs et disgracieux.
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