James Clemens

C'était l'appel du dragon de pierre. Et il continua à retentir tandis que Greshym posait ses pieds sur le tapis élimé qui recouvrait les dalles froides.

L’instinct maternel ne ment pas, même après vingt ans de séparation.

En fuite, elle devait vivre incognito. Qui dit nouveau nom, dit nouvelle vie.

La légende affirmait qu’ils étaient les uniques descendants d’un peuple ayant vécu autrefois dans une vaste cité du désert. Celle-ci prenait différents noms : Iram, Wabar, Ubar. La Cité des mille colonnes. . On faisait allusion à sa chute dans le Coran, tout comme dans les Contes des mille et une nuits, ainsi que dans les ouvrages d’Alexandre le Grand. Fondée par les arrière-petits-enfants de Noé, Ubar était une cité prospère et décadente, dont les habitants malveillants s’adonnaient à de ténébreuses coutumes. Comme leur monarque défia le prophète Hûd, en dépit de ses mises en garde, Dieu châtia la ville en la faisant disparaître à jamais sous le sable, et elle devint ainsi l’Atlantide du désert.

Elle abritait des antiquités inestimables, originaires de la péninsule arabique. Elle était financée par une seule famille, laquelle devait sa prospérité à des investissements à hauts risques dans le pétrole. On disait que les dons permettant d’assurer la permanence de cette exposition atteignaient cinq millions de livres par an.
 Ce genre de dévouement ne pouvait qu’inspirer le respect.
 Ou le mépris.

La dégradation de l'uranium, c'est comme une horloge.Il libère son énergie de manière fixe, prévisible, sur plusieurs millénaires.

La menace couvait depuis longtemps. Les géologues savaient que le lit du lac se fissurait de partout. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'un séisme fasse exploser une lézarde et déverse des eaux radioactives dans le bassin de drainage de l'Oural. Selon des géophysiciens norvégiens, la catastrophe stériliserait une bonne partie de l'Arctique, c'est-à-dire une de nos dernières grandes contrées sauvages. Dès lors son voile mortel balaierait la moitié du globe, mais conséquences. On estimait que, au bas mot, cent millions de personnes mourraient d'irradiation immédiate et de cancers a postériori.

Et ces particules subatomiques sont soit l’une ou l’autre ? demanda Lisa.
Elles ont le potentiel d’être soit une onde, soit une particule, rectifia Anna. Ce qui nous amène au deuxième point : le Principe d’incertitude de Heisenberg.
Lisa le connaissait déjà et avait eu le temps d’approfondir ses connaissances dans la bibliothèque du château.
Heisenberg déclare en gros que rien n’est certain avant d’être observé, récita-t-elle. Mais je ne vois pas le rapport avec les électrons, les protons et autres.
Le meilleur exemple du principe d’Heisenberg est le chat de Schrödinger, répondit Anna. Mettez un chat dans une boite scellée reliée à un mécanisme capable d’empoisonner le chat à tout moment. Un système purement aléatoire. Imprévisible. Mort ou vivant. Heisenberg nous apprend que dans cette situation, avec la boite fermée, le chat est potentiellement mort et vivant. C’est seulement quand quelqu’un ouvre la boite et regarde à l’intérieur que la réalité choisit un état ou un autre. Mort ou vivant.
Ça ressemble plus à de la philosophie qu’à de la science, protesta Lisa.
Peut-être quand on parle d’un chat. Mais la preuve a été établie au niveau subatomique.

São Gabriel ressemblait à un cancer qui aurait dévoré le ventre de la forêt.

Manny s'autorisa un arrêt et fit volte-face, histoire de chercher un signe du jaguar : un craquement de brindille, un bruissement de feuilles... Hélas, rien.

"Fermement plantée sur ses pieds, elle ouvrit les yeux et libéra son cœur, ouvrant une porte qui était restée fermée depuis sa plus tendre enfance [...]. Elle mis toutes ses inhibitions de côté et écarta les bras comme pour embrasser à la fois la caverne et le monde. Elle se révéla sans honte ni remords : ce qu'elle avait été, ce qu'elle était désormais, et surtout ce qu'elle allait devenir.
Telle la lumière du soleil s'engouffrant dans une pièce par une fenêtre ouverte, sa magie jaillit, chassant toutes les ombres de la caverne."

"Un oiseau nimbé d'une radiance bleutée, couleur de soleil se reflétant sur de l'eau, planait vers elle sur ses ailes déployées."

"La sor'cière nous attire tels des papillons vers une flamme."

Des lances de foudre zigzaguaient dans le ciel nocturne, illuminant les ténèbres de brèves explosions aveuglante.

"Telle une cascade purifiante, la lumière qui se déversait sur lui le lavait de sa honte."

Partie 2 : noeud inextricable
Croix enflammée :
Elle avait noyé son chagrin dans les études et la méditation, et s’était enterrée sous le donjon aussi sûrement que dans un tombeau.
Elle y serait toujours sans Gerrod. Fraîchement arrivé à Tashijan, ne connaissant pas son passé, il ne lui avait pas reproché, d’un regard accusateur, son témoignage à charge contre Tylar. Il n’avait pas détourné les yeux par tristesse, par compassion, de cette femme qui avait tant perdu.
Gerrod la voyait pour elle-même. Les mois qui avaient suivi, il l’avait attirée au-dehors grâce à son esprit, à sa sagesse simple et directe.
Tu ressembles trop à une fleur pour te cacher du soleil… laisse ce genre d’endroits à la moisissure et aux champignons. Il l’avait aidée à recouvrer sa force, à se recentrer. C’était en tenant cette même main qu’elle avait quitté les niveaux souterrains des maîtres pour recouvrer sa place dans l’Ordre des Chevaliers d’ombre, au-dessus. Ils ne pourraient jamais vivre ensemble, mais ils étaient plus que des amis, pour l’éternité. Et cela leur suffisait à tous les deux.

- Méric ne nous décevra pas, affirma-t-elle en adressant un signe de tête à l’el’phe. Il sait ce que je désire, et il ne se dérobera pas à son devoir.
Méric s’inclina légèrement.
- Je vois que des générations de sang ordinaire n’ont pas réussi à diluer la sagesse du roi des el’phes.

- Ensuite, pour sauver Alaséa, je dois apprendre à affronter l’adversité, pas à me cacher et à laisser les autres s’occuper de moi comme si j’étais un bébé. Pendant ce voyage, il me faudra endurcir mon cœur, le rendre aussi robuste que de l’acier trempé. Et, comme tu me l’as dit toi-même, seul le feu le plus brûlant peut forger l’acier le plus résistant.
Er’ril la fixa, la bouche entrouverte. Les autres s’étaient interrompus pour observer la scène ; gênés, ils détournèrent les yeux.
- Je ne me déroberai pas à mes responsabilités, conclut Elena, les poings serrés. J’affronterai le feu.

Le guerrier lui tapota la cuisse et lui offrit un de ses rares sourires. Tout au fond d’elle, quelque chose s’agita. Lorsqu’il retira sa main, elle fut envahie par un mélange de soulagement et de regret.
Er’ril écarta son étalon de quelques pas tandis qu’Elena talonnait Brume pour rattraper le chariot. Elle poussa un soupir. Tout à coup, le voyage vers Val’loa ne lui semblait plus si long.

- Si nous voulons franchir le col avant la tombée de la nuit, dit Er’ril en gravissant les marches, nous devons nous mettre en route sans tarder. Regarde donc où tu mets les pieds au lieu d’admirer les nuages.
À peine avait-il fini sa phrase qu’une plaque de glace le déséquilibra. Il tendit son bras unique pour se rattraper et dut redescendre deux marches en sautillant. Quand il jeta un coup d’œil à Elena par-dessus son épaule, la jeune fille vit que son visage s’était encore assombri d’un ton.
- Je ferai attention, promit-elle en baissant humblement les yeux – mais sans réussir à réprimer une grimace moqueuse.
Er’ril grommela quelque chose entre ses dents et reprit son ascension.