Citations de James Graham Ballard (254)
Ballard considère qu'il écrit des histoires de "transformation" plutôt que des histoires de "catastrophe" : "j'utilise la transformation extérieure du paysage pour refléter, épouser la transformation intérieure".
Et il ajoute ceci, qui est décisif : "Toute ma fiction concerne un personnage, un homme qui apprend à composer avec diverses formes d'isolement".
Dans le monde "normal", le héros "ballardien" fait preuve d'une remarquable passivité. Il ressent comme une agression l'emprise de l'extérieur sur son temps et son espace intimes.
Il cherche l'échappée. Toutefois, le monde engagé dans une métamorphose totale lui donne une nouvelle chance......
(extrait de la préface du volume paru dans la collection "le livre d'or de la science-fiction" en 1980)
"Puis-je considérer qu'il fonctionne?"
-Absolument. Il produit assez de glaçons pour figer la tamise.
-Combien?
-Aucun intérêt. il est hors de votre portée, je vous assure.
-Vingt livres? Cinquante?
-Je vous en prie....vous ne pouvez pas imaginer.
-Dites.
-Il est GRATUIT!
(:::::::) Gratuit. Un concept inconcevable. Cela échappe à votre expérience de la vie. Vous êtes incapable d'admettre une chose pareille.
Isolés les uns des autres dans la lumière qui ne changeait jamais, seul le sable coulant entre leurs pieds les réunissait encore.
Même aux étages supérieurs, personne ne semblait frappé du contraste entre les noceurs bien habillés et le délabrement de l’édifice. Des hommes en smoking bien coupé longeaient les couloirs jonchés de détritus, passaient devant les vide-ordures bouches et les ascenseurs saccagés. Les élégantes soulevaient leurs robes longues pour enjamber les tessons de bouteilles. Les senteurs de coûteuses lotions d’après-rasage se mêlaient à l’arôme des ordures ménagères.
Un nouveau type social allait naître dans la tour, une personnalité nouvelle, plus détachée, peu accessible à l’émotion, imperméable aux pressions psychologiques de la vie parcellaire, n’éprouvant pas un grand besoin d’intimité : une machine d’une espèce perfectionnée qui tournerait fort bien dans cette atmosphère neutre. L’habitant satisfait de ne rien faire sinon rester assis dans un appartement trop coûteux, regarder la télévision avec le son baissé et attendre que le voisin fasse un faux pas.
Plus tard, installé sur son balcon pour manger le chien, le Dr Robert Laing réfléchit aux événements insolites qui s'étaient déroulés à l'intérieur de la gigantesque tour d'habitation au cours des trois derniers mois. Maintenant que les choses avaient repris leur cours normal, il constatait avec surprise l'absence d'un début manifeste, d'un seuil précis au-delà duquel leurs existences avaient pénétré dans une dimension nettement plus inquiétante.
Mes pieds traînaient sur un tapis de feuilles mortes, de paquets de cigarettes froissées et de débris de verre. Cette poussière de verre de sécurité, balayée sur l’arrondi du talus par d’innombrables ambulanciers, formait comme la moraine d’un glacier miniature. J’étais fasciné par ce collier poudreux, vestige d’un millier de collisions. D’ici trente ans, d’accident en accident, le tapis deviendrait dune. Dans cinquante ans, ce serait une plage de cristaux acérés. Une nouvelle race de clochards surgirait alors, cherchant à croupetons, parmi ces ondulations de pare-brise pulvérisés, des mégots, des préservatifs usés et de la petite monnaie. Enfouie au sein de cette nouvelle strate géologique formée par l’âge de l’accident automobile, il y aurait ma propre mort, minuscule, aussi anonyme qu’une balafre vitrifiée sur un arbre fossile.
La vie va devenir beaucoup plus dure, mais ça en vaut la peine. Représentez-vous Saint-Esprit comme le projet écologique ultime : nous sommes en train de mettre en chantier l’écologie du paradis !
Dans la nature, tout s’équilibre, rien ne peut s’échapper.
Nulle créature, si violente ou autodestructrice qu’elle fut, ne serait rejetée, puisque un véritable asile accueillait les méchants et les détraqués. Un jour, même les bactéries les plus virulentes seraient peut-être secourues.
Ma vie et mon œuvre sont ici, sur cette île. Saint-Esprit est un refuge pour toutes les créatures vivantes, et non pas seulement pour les albatros. Je veux que
toute plante et tout animal menacés d’extinction sachent qu’ils peuvent trouver asile ici. Rentrez dans vos pays respectifs et annoncez la nouvelle : Saint-Esprit est un sanctuaire pour la planète tout entière et tout ce qui y vit ! Mes bras sont assez larges pour accueillir le monde !
Ils ont sauvé Saint-Esprit, sa faune et sa flore et, par-dessus tout, ils ont sauvé l’espoir : l’espoir d’un monde meilleur sur toute la planète où toutes les espèces puissent vivre ensemble sans peur. Le vingtième siècle est presque terminé, mais il porte encore en lui la terrible possibilité d’une mort nucléaire et chimique. Je veux que Saint-Esprit soit une tête de pont, la porte par laquelle nous entrerons dans le siècle suivant. Sauvez les albatros, sauvez Saint-Esprit et sauvez le vingt-et-unième siècle…
Nous nous comportons depuis si longtemps comme si nous allions tous
quitter la planète pour de bon, comme si la Terre était un genre de village de vacances en déclin.
Les femmes âgées méritent une attention particulière ; on n’a pas envers elles autant de prévenance qu’envers les hommes âgés. Imagine-les : épuisées, incontinentes, criblées de cancers, seulement capables de respirer en position assise, hurlant de douleur pour peu qu’on les touche.
Les gens s’imaginent qu’on est seul quand on nage sur une grande distance. Mais, au bout de dix kilomètres, vous n’êtes plus seul. La mer coule directement dans votre esprit et commence à rêver à l’intérieur de votre tête.
On peut déjà constater que les mâles occidentaux se féminisent : gros seins, hanches larges, scrotums réduits…
Les gens achètent, achètent, achètent… et ils n’en ont rien à foutre du monde réel qui est en train de disparaître sous leurs pieds. Je vous ai déjà vu quelque
part. Je sais… les stéroïdes : c’est vous le culturiste. Bon, vous pouvez m’aider à me refaire un corps. Voyons s’ils servent quelque chose qui ne soit pas bourré d’hormones.
On pouvait utilement sacrifier quelques lapins en laboratoire au lieu de les
faire passer à la casserole.
le suicide était un acte suggestif, qui se transmettait souvent de père en fils comme un gène dangereux.
Dans l’esprit de Kimo, la liberté qu’avaient les albatros de sillonner les cieux déserts du Pacifique avait fusionné avec les espoirs qu’il plaçait en un royaume hawaïen autonome, à jamais libéré des colons français et américains, de leur culture touristique, de leurs galeries marchandes, de leurs marinas et de leur pollution.