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Michelle Charrier (Traducteur)
EAN : 9782207258927
416 pages
Denoël (05/04/2007)
3.38/5   60 notes
Résumé :
Richard Pearson, publiciste au chômage, cherche à démêler les circonstances étranges du meurtre de son père, mortellement blessé lors d'une rixe à Brooklands, une ville de la banlieue de Londres. Parti enquêter sur place, Pearson se retrouve plongé dans la vie quotidienne de cette morne cité en bordure d'autoroute dont le centre commercial, Métro-Centre, lieu du crime, semble être devenu la seule raison de vivre. Hanté par cette étrange disparition, Pearson tâtonne,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Rappel des faits :
Après le mystérieux assassinat de son père au beau milieu d'un centre commercial (le Métro-Centre) de Brooklands, Richard Pearson, publicitaire désormais au chômage, décide de se rendre sur place pour mener sa propre enquête. La petite ville du verdoyant Surrey se révèle bien loin de l'image d'Épinal : morne cité en bordure d'autoroute (la M25) dont les habitants semblent être aux prises d'un consumérisme des plus frénétiques, et d'une xénophobie à peine voilée.
Richard Pearson flaire dès son arrivée que le repli identitaire des habitants de Brooklands et que les étranges manifestations sportives dont il est témoin ne sont pas étrangères à l'assassinat d'un paisible vieillard. Car partout ici luit le dôme de verre du Métro-Centre... la suite sur http://interstellar-overdrive.over-blog.com/article-6814960.html
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Le père de Richard est tué dans le centre commercial Metro-Centre. le fils vient alors sur les traces de ce père qu'il a peu connu et se rend compte des tendances fascistes de celui-ci. Il découvre cette banlieue de Londres, sur le point d'exploser et participe à l'enquête pour retrouver le meurtrier de son père, alors que tous semblent lui mettre des battons dans les roues.
Au-dessus des protagonistes planne constamment l'ombre du centre commercial Metro-Centre...

Que cette lecture a été longue ! Et les ficelles sont si grosses ! L'auteur passe d'un protagoniste à l'autre (c'est lourd et peu fluide !).

Un peu de positif tout de même... certaines de ces considérations sur les centres commerciaux sont on ne peut plus justes (mais de là à lire ce livre seulement pour ces passages...).

Je ne suis pas prête de relire un livre de lui (sauf si vous êtes nombreux à me dire que celui là est nul nul nul à côté de ses autres livres ;)
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Roman d'anticipation ? oui sans aucun doute... mais, à mon humble avis, tellement d'actualité ! !
A lire absolument, même s'il n'est pas toujours facile, il pousse forcément à la réflexion sur l'avenir de notre société de consommation... en tous genres !
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Un roman plutôt austère, où il ne se passe pas grand chose en fin de compte. Déception !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Ce qui se passe ici concerne des communautés tout entières. Il ne reste qu'une chose pour insuffler un peu de vitalité à leur population, lui donner l'impression d'aller quelque part : la folie. En tant que psychiatre, je parlerais de psychopathie élective. Je pense à une démence volontaire - celle qui fait tellement de bien aux primates les plus évolués. Regardez un groupe de chimpanzés. Ils en ont assez de mâchouiller des brindilles en s'épouillant mutuellement les aisselles. Ils ont envie de viande, la plus saignante possible, ils veulent trouver dans la barbaque qu'ils broient le goût de la peur. Alors ils commencent à se frapper la poitrine et à hurler vers le ciel. Ils se plongent dans une véritable frénésie, avant de partir en chasse. Là, ils tombent sur une tribu de colobes, qu'ils mettent en pièces, littéralement. C'est très vilain, mais la folie élective leur a valu un délicieux dîner. Ils le digèrent, puis ils se remettent à mâchouiller des brindilles en s'épouillant.
- Et le cycle se répète. D'autres attaques racistes et incendies, d'autres hôtels pour immigrants brûlés de fond en comble. Une question se pose quand même. Qui organise ces crises de folie ?
- Personne. C'est ce qui fait la beauté de la chose. La psychopathie élective attend en nous, prête à surgir dès que le besoin s'en fait sentir. Il s'agit d'un comportement de primate dans ce qu'il a de plus extrême. Les chasses aux sorcières, les autodafés, les bûchers d'hérétiques, les gibets à l'horizon. La folie choisie peut infecter une résidence ou une nation entières.
- L'Allemagne des années trente ?
- Très bon exemple. Même de nos jours, on s'imagine que les chefs nazis ont entraîné le peuple allemand dans les horreurs d'une guerre raciste. C'est ridicule. Les Allemands étaient prêts à tout pour s'évader de leur prison. La défaite, l'inflation, les réparations de guerre grotesques, la menace des barbares orientaux. Devenir fous leur redonnait la liberté, alors ils ont choisi Hitler pour mener la chasse. Voilà pourquoi ils sont restés unis jusqu'au bout. Ils avaient besoin d'adorer un dieu psychopathe, ils ont recruté un M. Personne, et ils l'ont hissé sur l'autel le plus élevé. Les grandes religions font ça depuis des millénaires.
- Des états de folie élective ?
- De vastes systèmes d'illusion psychopathe qui ont tué des millions de gens, déchaîné des croisades et fondé des empires. Grande religion égale danger. De nos jours, les gens sont prêts à tout pour croire, mais ils n'atteignent Dieu qu'à travers la psychopathie. Regardez les endroits du monde les plus religieux : ce sont des sociétés malades, dont l'état va empirant. Les gens ne sont jamais plus dangereux que quand ils ne peuvent plus croire qu'en Dieu.
- Mais en quoi d'autre peut-on croire ?
- En rien. Hormis la folie. Les gens ont l'impression que l'irrationnel est fiable. Qu'il offre la seule garantie de liberté face à l'hypocrisie, aux salades, à la pub dont les abreuvent politiciens, évêques et universitaires. Alors ils redeviennent volontairement primitifs. Ils sont en quête de magie et de déraison, parce qu'elles se sont révélées bien utiles par le passé et qu'elles leur serviront peut-être de nouveau. Ils ont envie d'entrer dans un nouvel Âge noir. Les lumières sont là, mais elles s'éloignent dans la nuit intérieure, la superstition et la déraison. L'avenir verra entrer en compétition les grandes psychopathies, toutes délibérées, toutes issues d'une tentative désespérée d'échapper au monde rationnel et à l'ennui du consumérisme.
- Le consumérisme mènerait à la pathologie sociale ?
- Il lui ouvre le chemin. La moitié des produits qu'on achète de nos jours n'est guère constituée que de jouets pour adultes. Le danger, c'est que le consumérisme a besoin de quelque chose de très proche du fascisme pour continuer sa croissance. Prenez le Métro-Centre, avec ses ventes étales. Ca ressemble déjà aux jeux de Nuremberg. Les rangées de rayons, les longues allées rectilignes, les pancartes et les bannières, tout le côté théâtral. Nos rues à nous sont les chaînes de consommateurs du câble. Nos insignes du parti, nos cartes de fidélité or et platine. La société de consommation est une sorte d'Etat policier mou. On croit avoir le choix, mais tout est coercitif. Si on n'achète pas encore et toujours, on est un mauvais citoyen. Le consumérisme crée d'énormes besoins inconscients, que seul le fascisme peut satisfaire. En fait, le fascisme est la forme que prend le consumérisme quand il opte pour la folie élective. C'est ce qui se passe ici.
- Et qui sera le Fürher ?
- Il n'est pas encore là. Mais il apparaîtra, tout droit sorti d'un centre ou d'une zone commerciale. Les messies arrivent du désert, c'est bien connu. Il est tellement attendu. Il saisira sa chance.
- Le Parlement, l'administration, la police ? Ils l'arrêteront.
- Ca m'étonnerait. Il ne remettra pas directement leur autorité en cause. Ils préfèreront regarder ailleurs. C'est une nouvelle sorte de totalitarisme, qui opère à la caisse.
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Je me déplaçais à travers un vaste territoire interurbain, géographie de privation sensorielle, nébuleuse de quatre-voies et de stations-service, de zones d'activité et de panneaux indiquant Heathrow, de champs abandonnés où attendaient des citernes de butane, d'entrepôts revêtus de plaques en métal exotiques. Dans un grand terrain vague sinistre se dressait une énorme pancarte annonçant l'extension de Heathrow Sud, avec une capacité de fret illimité; tout avait été expédié d'avance au fond de ce désert. Rien n'avait plus de sens qu'en termes de culture aéroportuaire éphémère. Les indicateurs s'alertaient mutuellement, dans un paysage tout entier codé pour exprimer le danger. Des caméras de surveillance se tapissaient au-dessus des portes des entrepôts, des flèches clignotaient inlassablement afin d'indiquer les sorties menant aux sanctuaires haute sécurité des zones scientifiques.
Une rangée de maisonnettes attenantes apparut, blottie à l'ombre d'un talus coiffé d'un réservoir, entourée de revendeurs de voitures d'occasion qui représentaient son dernier lien avec un quelconque esprit communautaire. Je continuai ma route vers un sud hypothétique en dépassant un fast-food chinois, un entrepôt de meubles vendus en demi-gros, un chenil de chiens d'attaque et un lotissement sinistre, sorte de camp de prisonniers en cours de rénovation. Ni cinéma ni église ni centre social. Les panneaux d'affichage omniprésents, à la gloire d'un consumérisme esthétique, résumaient la vie culturelle.
Le paysage tout entier, sur la défensive, attendait qu'un crime s'accomplit.
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Le consumérisme n'a plus beaucoup le choix, il essaie de muter. Il a tâté du fascisme, mais ce n'est pas assez primitif. Il ne lui reste que la folie pure et simple...
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- Les zones commerciales, la culture de l'aéroport et de la voie rapide... Un enfer d'un genre nouveau... Il faut préparer nos enfants à une société différente. A quoi bon leur parler de la démocratie parlementaire, de l'Eglise ou de la monarchie ? A quoi sert la liberté d'expression quand on n'a rien à dire ? A quoi sert la vie privée, si ce n'est qu'une prison personnalisée ? Le consumérisme est une entreprise collective. Ici, les gens veulent partager et célébrer ce partage. Ils veulent être unis. En faisant les magasins, chacun prend part à une cérémonie collective d'affirmation.
- Alors de nos jours, être moderne revient à être passif ?
- Pourquoi voulez-vous être moderne ? Reconnaissez que l'entreprise moderniste tout entière était source de discorde. Le modernisme nous apprenait à nous méfier de nous-mêmes, à nous trouver antipathiques. La conscience individuelle, la souffrance solitaire. C'était une doctrine qui tirait son impulsion de la névrose et de l'aliénation.
- Et le consumérisme ?
- Il exalte l'union. Valeurs et rêves partagés, espoirs et plaisirs communs. Le consumérisme est optimiste, tourné vers l'avenir. Bien sûr, il nous demande de nous plier à la volonté de la majorité. C'est une forme nouvelle de politique des masses. Il tire son impulsion des émotions, seulement ses promesses sont réalisables, il ne s'agit pas juste d'une rhétorique creuse. Une nouvelle voiture, des nouveaux outils, une nouvelle platine CD.
- Et la raison ? Je suppose qu'elle n'a plus sa place nulle part ?
- La raison ressemble trop aux mathématiques et la plupart des gens sont mauvais en arithmétique.Seul le consumérisme peut préserver l'unité de la société moderne. Il appuie sur les bons boutons, questions émotions.Le libéralisme et l'humanisme représentent des freins énormes pour la société. Ils jouent sur le sentiment de culpabilité et la peur. La collectivité est plus heureuse quand ses membres dépensent, pas quand ils épargnent. Le consumérisme est une idéologie rédemptrice. A son meilleur, il essaie même de rendre la violence esthétique, bien qu'il n'y parvienne pas toujours, hélas...
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Ici, autour de la M25, les choses bougent réellement. Elle est là, l'Angleterre d'aujourd'hui. Le consumérisme règne, mais les gens s'ennuient. Ils sont sur le fil du rasoir, à attendre qu'il se passe quelque chose d'immense, de bizarre. Ils veulent connaître la peur. Peut-être même une certaine folie.
Les villes de la voie rapide sont violentes. Je ne parle pas de quelques personnes perdant les pédales, mais de psychologie collective. La région tout entière cherche les ennuis.
Les églises sont désertes. La monarchie a fait naufrage sur sa propre vanité. La politique est un racket, et la démocratie est devenue un simple service public, comme le gaz et l'électricité. Personne ou presque n'a plus d'esprit civique. On n'a plus le sens des valeurs que grâce au consumérisme. Lui, il est honnête, et il nous dit que les bonnes choses ont toujours un code-barres.
Brooklands est un endroit dangereux, instable. Il se prépare des choses désagréables. Le racisme, la violence. Les magasins asiatiques incendiés. L'intolérance pure et simple, sans raison. Et ça ne fait que commencer. Il y a bien pire, et ce bien pire n'attend qu'une occasion de sortir de sa cachette.
De nos jours, la plupart des gens mènent une vie facile, ils ont le temps d'être déraisonnables s'ils en ont envie. Comme des enfants qui s'ennuient. On est en vacances depuis trop longtemps, et on a reçu trop de cadeaux. Les parents savent bien qu'il n'y a pas plus dangereux que l'ennui, pour les enfants. L'ennui, et le plaisir secret d'être méchants. Ca rend parfois remarquablement inventif.
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Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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