Citations de James Graham Ballard (254)
L'homo sapiens est un tueur/chasseur repenti, aux appétits désormais dépravés, même s'ils l'ont aidé jadis à survivre. Il s'est partiellement amendé dans une prison ouverte, les premières sociétés agricoles, et se trouve maintenant en liberté sur parole dans les banlieues policées de l'Etat urbain. Les pulsions déviantes codées dans son système nerveux central ont été débranchées. Il ne peut ni nuire, ni à lui-même ni à personne d'autre. Mais la nature, à juste titre, l'a doté d'un goût pour la cruauté et d'une intense curiosité pour la douleur et la mort. Sans cela, il est pris au piège des centres commerciaux de l'infinie médiocrité quotidienne. Nous devons le revivifier, lui rendre le regard assassin et les rêves meurtriers qui l'ont aidé à dominer cette planète.
C'est le premier Ballard que je lis… Et j'ai vraiment été très emballé. L'écriture est belle, même si parfois elle semble un peu surchargée (mais le style colle bien à l'atmosphère pesante qui se dégage de l'histoire).
Une fin ouverte (la marque des meilleures histoires comme souvent)… et puis cette impression assez nauséabonde qui flotte tout au long de la narration avec ces personnages perdus dans une fin du monde qui ne dit pas son nom.
De la très bonne SF !!
La tour était une immense machine conçue pour servir, non les occupants pris collectivement, mais l'habitant isolé. (extrait d' I.G.H.)
Avec ses quarante étages et ses milles appartements, ses piscines et son supermarché, sa banque et son école primaire - tout cela, en fait, livré à l'abandon en plein ciel -, la tour n'offrait que trop de possibilités de violences et d'affrontements. (extrait d' I.G.H.)
Il continua de voir l’immense disque embrasé du soleil spectral, d’en entendre le battement prodigieux. en le chronométrant, il se rendit compte que sa fréquence était celle de ses propres pulsations cardiaques.
Hardoon salua d'un bref signe de tête. "Exactement, docteur. Le vent, c'est tout ce que je souhaite observer d'ici. Et en même temps, je veux qu'il me voie." Il marqua un temps. " Plus sa force a augmenté, plus on s'est abaissé pour essayer de le fuir. On a creusé de plus en plus profond sous la croûte terrestre, ce refuge tout indiqué. Chacun y a trouvé abri. A une exception - moi. Je suis le seul qui ait bâti vers le haut, le seul qui ait osé défier le vent, affirmer le courage de l'Homme et sa volonté de dominer la Nature.
...
Face au plus grand cataclysme qui ait jamais frappé la Terre, moi seul ai eu le courage de braver la Nature. Telle est l'unique raison qui m'a poussé à construire cette pyramide. Ici même, ayant accepté ses conditions, je soutiens son assaut sur le champ de bataille qu'elle a choisi. Si je dois être vaincu, alors l'Homme ne peut prétendre à une supériorité innée qui lui donnerait le droit de maîtriser la démence de son milieu naturel.
Dans l'ensemble, les gens s'étaient montrés plus dénués de ressources, de faculté d'adaptation et moins prévoyants que les animaux sauvages. L'instinct profond qui pousse l'être à lutter pour la vie se trouvait en eux tellement émoussé, tellement dégradé par des mécanismes destinés à satisfaire leurs besoins secondaires, qu'ils n'étaient plus capables d'assurer leur propre défense.
Le grand pêché de l'être humain est de se poser en juge de ses semblables.
Les souvenirs les plus vieux de la terre, le chiffrage des temps est contenu dans chaque chromosome, dans chaque gène. Chaque pas en avant dans l'évolution de notre espèce est une borne gravée de souvenirs organiques (...). La brièveté de la vie est trompeuse: chacun de nous est aussi vieux que toute l'espèce vivante et nos vaisseaux sanguins sont tributaires de l'océan de cet immense passé.
D’un autre côté, la chaussure portait des traces de terre de Kensington Gardens, où l’on se mit à fouiller et creuser impitoyablement comme si Peter Pan, devenu grand, s’était mué en psychopathe style Ian Brady et était revenu pour attirer les enfants dans son rêve maléfique.
Dans une société totalement saine, la folie est la seule liberté