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Critiques de Jane Austen (3307)
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Orgueil et préjugés

Oh Jane ! Ma bien chère Jane ! Vous qui savez combien la littérature a ce pouvoir de faire battre les coeurs, par delà les siècles, par delà les mers, par delà les modes, par delà les classes sociales, par delà les sexes, bref, par delà tout ce qui peut empêcher les êtres de vibrer à l'unisson. Jane, à vous, un grand merci. Vous qui êtes morte il y a tant d'années, probablement incomprise ou mal comprise durant l'essentiel de votre vie, vous pourtant qui avez ce pouvoir sublime d'émouvoir et de transmettre des moments de bonheur littéraire chaque jour à de nouvelles gens et ce après des siècles…



Orgueil Et Préjugés. En français, ce titre sonne déjà bien mais c'est sans comparaison avec la superbe allitération de la version originale. Jane Austen est d'ailleurs coutumière de pareilles recherches sonores comme on peut s'en rendre compte en examinant Sense And Sensitivity.



Il m'a rarement été donné de trouver un titre aussi bien choisi par rapport au contenu d'un ouvrage. Permettez-moi de m'attarder quelques instants là-dessus. Instinctivement, on aurait tendance à associer ces deux termes, presque comme deux nuances d'une même notion. Et ce n'est pas illégitime de le faire, l'orgueil, quel qu'il soit, provient manifestement du contraste qui existe entre la façon de se considérer soi-même par rapport à certains préjugés que l'on a sur la façon de considérer autrui. de même, derrière chaque préjugé, aussi minime soit-il, se cache, en embuscade, un petit relent d'orgueil qui nous invite, le plus souvent à nous penser meilleurs ou, à l'opposé, à nous penser très inférieurs, ce en quoi notre orgueil s'en trouve blessé.



Pourtant, à la lecture de l'ouvrage, force est de constater que les deux termes se dissocient de plus en plus, deviennent genrés. L'orgueil étant l'apanage du principal protagoniste masculin et les préjugés, la spécialité de l'héroïne féminine.



Ces termes ne font pas que prendre un sexe, ils prennent également une couleur d'étiquette sociale. L'orgueil étant plus à chercher parmi les représentants d'une certaine aristocratie, tandis que les préjugés seraient plus les fruits gâtés qu'on récolte chez les personnes de condition plus humble.



La force de ces deux mots, Pride & Prejudice, est incalculable. le mot anglais prejudice comporte également une notion non contenue dans sa traduction française, pourtant si proche, car le mot vient de l'ancien français : celle de préjudice subi, celle de conséquence.



Bon nombre de nos actes, de nos attitudes, pour neutres et anodines qu'elles nous apparaissent, peuvent être blessantes pour autrui. Une simple après-midi de jeux de société pourrait vous en persuader. Votre fierté à proposer une réponse exacte ou un peu meilleure que celle des autres participants, fierté qui se voit flattée par sa reconnaissance publique, provoque, dans le même temps, des revers à toutes les autres fiertés des participants. La susceptibilité humaine est ainsi faite que dès lors que quelqu'un réussit quelque chose, par un incoercible soucis de comparaison, d'autres s'en trouvent offusqués. Ainsi, l'orgueil, qui peut, par exemple vous pousser à proposer une réponse exacte à une question donnée, pourra, quoi que vous fassiez pour vous y opposer, être interprétée dans un autre cerveau comme : " Regarde comme elle cherche à nous en mettre plein la vue ! ", " Comme elle se la pète ! " ou tout autre réflexion dans ce genre, fruit, indubitablement, d'un préjugé.



Ce n'est donc pas peu dire que le sujet est pertinent, hier comme aujourd'hui, aujourd'hui comme demain, car il fait appel à une tendance résolument humaine et qu'aucun progrès, même de la technologie numérique, ne semble être en mesure d'endiguer.



De plus, en choisissant ce titre percutant faisant ressortir ce qui est généralement considéré comme deux défauts de la personnalité, l'auteur nous invite forcément à réfléchir aux qualités humaines qui s'opposent exactement à ces deux travers. Et, comme par un fait exprès, j'ai précisément du mal à trouver les termes exacts qui ne soient pas de simples négations. Pour désigner le contraire d'orgueilleux, j'ai toujours tendance à utiliser " pas fier ". Pour désigner le contraire de préjugés, j'utilise le plus souvent " sans a priori ". Bien sûr, les notions d'humilité, de libéralité, d'impartialité recouvre pour partie les notions de " pas fier " et de " sans a priori ", mais très imparfaitement. Mon français peine à trouver deux mots qui soient les exacts antonymes d'Orgueil et Préjugés, or la morale du livre semble nous enjoindre de chercher à les trouver...



Jane Austen nous ressert le couvert de Raison et Sentiments mais dans une mouture, selon moi, nettement améliorée. Elle nous plonge donc dans la Gentry, la société des petits propriétaires terriens du sud de l'Angleterre au tournant du XVIIIè au XIXè siècle. C'est une société très codifiée, très patriarcale, d'apparence très distinguée, mais où, manifestement, les travers humains, de la bêtise, de l'envie, de la médisance, de la cupidité, que sais-je encore, sont aussi développés qu'ailleurs.



La famille qui nous occupe est celle des Bennet : un mari quelque peu cynique et misanthrope, une épouse bête comme ses pieds et agile en société comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et cinq filles à marier. Pourquoi cinq filles me direz-vous ? Tout simplement parce que M. et Mme Bennet n'ont pas ménagé leurs efforts pour tenter d'avoir un fils, par la naissance duquel l'avenir du domaine familial aurait été assuré.



Mais les règles du hasard étant ce qu'elles sont et les règles d'héritage à l'époque étant ce qu'elles étaient (usage de la substitution), le domaine familial devait revenir au neveu de M. Bennet à la mort de celui-ci. L'avenir des cinq filles passe donc inévitablement par un mariage réussi.



Imaginez alors l'ébullition, l'effervescence au sein du clan Bennet lorsqu'un jeune gentleman célibataire, Bingley, fait son apparition dans le domaine voisin de Netherfield. Ajoutez à cela que le garçon est séduisant, fortuné et nanti d'excellentes manières, vous imaginerez sans peine qu'il est vite l'objet de toutes les discussions et de toutes les convoitises de ces dames...



À cette figure avenante et bienveillante de M. Bingley, il ne faut pas oublier d'ajouter un point de comparaison édifiant en la personne de son ami intime, M. Darcy, dont chacun a le loisir de souligner la mine sombre, le caractère abrupt, le visible mépris pour de telles demoiselles sans le sou et au port parfois peu digne de la belle société dont il se réclame.



Des cinq soeurs, deux essentiellement nous occuperont, plus une troisième à un moment décisif de l'ouvrage. Tout d'abord Jane, l'aînée, belle, timide, pondérée, sage, bienveillante autant que bienpensante et Elizabeth, sa cadette, sagace, rebelle et clairvoyante... (Ces deux personnages me semblent avoir été largement inspirés par ceux de Clarissa Harlowe et Anna Howe, dans cet ordre, issus du roman de Samuel Richardson dont la traduction française par l'Abbé Prévost a pour titre : Histoire de Clarisse Harlove. On retrouve parfaitement le caractère pétillant et un brin rebelle de Miss Howe dans Elizabeth Bennet.)



J'en aurais presque fini si j'avais pris le temps de vous parler du dernier personnage masculin important en la personne de Wickham. (Lui ressemble également beaucoup au Lovelace de Richardson.) Il s'agit d'un jeune militaire, à la figure accorte et à la tournure plaisante. Lui aussi a vite fait d'activer la circulation cardiaque des demoiselles Bennet.



Le décor est posé de cette superbe, superbe histoire de sentiments et d'amour, du même calibre selon moi qu'une Anna Karénine. Je vous laisse y découvrir, au cas (improbable) où vous n'auriez jamais entendu parler de ce roman, la suite des événements, l'évolution et l'altération des sentiments de chacun à mesure que les masques tombent...



N'oublions pas de mentionner le plaisir que procure le ton du roman, une petite pointe caustique de temps en temps, un peu d'humour et d'ironie distillés dans les personnages secondaires tels que le pauvre cousin des demoiselles, M. Collins, aussi stupide qu'obséquieux, le père d'Elizabeth qui ne rate jamais une remarque pince-sans-rire très british et sa mère qui elle ne manque jamais une occasion de se taire, tandis que la grandiloquente tante de Darcy et elle aussi, du haut de son perchoir, tout à fait risible.



J'en ai terminé pour aujourd'hui, en vous souhaitant à vous comme à quelques millions de personnes qui nous ont précédé, de prendre beaucoup de plaisir à cette lecture, qui en vaut (est-il besoin de le préciser ?) vraiment la peine. N'oubliez pas que ceci n'est qu'un avis, un parmi tellement, tellement d'autres, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Orgueil et préjugés

Le GRAND classique de la littérature anglaise !

Je ne sais combien de fois je l'ai lu mais il est incontestablement superbe.



Déjà pour l'époque, une femme écrivain était quelque chose de rare et de très mal vue. Jane Austen n'a pas hésité à outrepasser les codes de l'époque pour devenir ce qu'elle avait toujours désiré : romancière.



Orgueil et préjugés est à la fois un roman émouvant et magnifique où la romance entre les différents personnages en fait quelque chose d'attachant... mais c'est aussi une dénonciation de la société anglaise de l'époque.

En effet, prenons les histoires d'héritage où le fait de ne pas avoir de garçon, vous conduit à tout laissé à un cousin... et à espérer sa clémence pour avoir de quoi vivre.... Prenons également les mariages... Charlotte n'hésite pas à épouser Mr Collins pour "épargner" à sa famille des frais... Et oui, à l'époque finir vieille fille était une charge pour la famille... Malheureusement, cette situation était inextricable puisque "travailler" ou "être indépendante" étaient également mal vue. Bref, une époque où la femme n'avait aucun droits.



Les classes sociales sont également dépeintes au travers du regard d'Elizabeth Benett avec une ironie incroyable pour l'époque. Aujourd'hui, on en sourit mais pour l'époque, je doute que les gens aisés appréciaient. Les Darcy, Bingley sont dépeints comme des êtres imbus d'eux-même (notamment Catherine de Bourgh). Le contraste entre ces personnages guindés et littéralement "mortellement ennuyeux" est compensé par d'autres personnages plus subversifs comme Whickam ou Lydia Benett.



Une merveilleuse satire de la société anglaise.
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Orgueil et préjugés

Voilà un livre qui a failli faire de moi une serial-killeuse ! Pourquoi ? Mais parce que j'ai eu très souvent eu envie de commettre des meurtres durant ma lecture, pardi !



Rassurez-vous, j'ai apprécié ce livre dont une connaissance m'avait recommandé la lecture. Bon, les Classiques et moi, cela fait deux... mes penchants naturels m'entraînant plutôt vers les polars, la bit-lit ou la fantasy.



Pourtant, n'écoutant que mon courage, j'ai entamé la lecture, plus sceptique que la fosse du même nom, mais qui ne s'écrit pas pareil...



Conquise, je fus, mais ce fut aussi la part belle pour les pulsions criminelles qui se sont réveillées lors de ma lecture.



La faute à qui ? À certains personnages... Je vous explique :



- Mrs Benner, la mère, souffrant des nerfs de manière imaginaire, mais sortant ce prétexte à tout bout de champ, futile, un peu bêbête, chiante, fofolle, bref, une mère qui me donnait envie de faire irruption dans le livre et de la dézinguer.



- Mr Collins, le pasteur chieur, qui, même avec tous les éléments sous son nez, ne voit rien, confondant les "non" avec les "oui". Plus casse-pied que lui, tu meurs. Un monument de prétention ridicule, de courbettes et de léchage de bottes. Véritable plaie.



À chaque fois qu'il ouvrait la bouche, je l'aurais bien étranglé ou enfoncé un bâillon dans le fond de sa gorge.



- Lydia Bennet, une des sœurs plus jeune, totalement fofolle, prête à tout, écervelée au possible, devenant une véritable chienne en chaleur dès qu'un homme en uniforme passe à proximité...



"Lydia, reviens, stupide cruche, je ne viens pas de dire qu'il y avait un militaire qui passait dans ma critique !!".



Bref, une vraie petite dinde, comme je vous le disais plus haut et elle ne se rendra même pas compte de sa conduite détestable, ni du mal qu'elle aura fait à sa famille... Encore une que j'aurais bien baffé avec grand plaisir et sa mère avec, parce que ensuite, lors du retour de Lydia, elle se comportera encore plus de manière entièrement irréfléchie.



- Lady Catherine de Brough est une pétasse pédante, se prenant pour le nombril du monde, donnant des leçons et des conseils à tous (des ordres, surtout, déguisés en conseils et avis éclairés) comme si elle avait la science infuse et la connaissance ultime. Mâdâme sait tout mieux que tout le monde...



Le genre de personne que nous avons tous connu dans notre vie et qui me donnait envie de passer à la guillotine, rien que ça ! Vieille folle, va, agrippée à ses principes comme une moule à son rocher.



Elle fera l'erreur de trop et... non, je ne l'ai pas éventrée, pour cette outrecuidance ultime, cette ingérence absolue, bien que l'envie ne m'ait pas manquée... mais cela aura eu une conséquence positive.



- Miss Bingley : petite vaniteuse, tournant autour de Darcy comme une mouche autour d'un pot de miel, se prenant, elle aussi, pour le centre du monde, moqueuse, une sale petite peste que j'aurais bien aimé pousser du haut des escaliers... le genre d'amie que l'on ne souhaite pas, hormis à sa pire ennemie.



- Whickam est, quant à lui, un opportuniste qui, telle la chanson de Dutronc, retourne sa veste et drague tout ce qui pourrait lui servir... Juste bon à pendre...



- Jane Bennet, la douce et gentille Jane... non, pas d'envie de meurtre sur elle, je l'aimais bien, même si elle est trop gentille. Incapable d'avoir une langue de vipère, de penser que les gens sont mauvais, même si on le lui met sous le nez, cherchant des excuses pour excuser le comportement de la personne. Cette fille aurait trouvé des excuses aux plus grands bouchers de l'Histoire. Malgré tout, je l'ai bien aimé.



Mes préférences iront à Elizabeth Bennet, à Fitzwilliam Darcy, à Mr Bingley et au pauvre Mr Bennet qui a épousé sa cruche de femme.



Pour ce qui est de ma critique de l'œuvre, je dirais que même si c'est un livre dans lequel ne règne pas une action trépidante, sans suspense à proprement parler, je ne me suis pas embêtée en le lisant, tournant les pages en rythme.



La société de l'époque y est décrite avec une certaine férocité, une ironie mordante qui n'était pas pour me déplaire.



Et, malgré mes envies de passer certains personnages à la moulinette, sans eux, le livre aurait été moins bon. Ils en sont le sel, les épices, on réagit en les écoutant, bref, ils ont leurs raisons d'être.



Mon seul regret ? Oui, il y en a un et de taille : ne pas avoir lu ce livre plus tôt !!!


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Mansfield Park

Fanny Price, 10 ans à peine, est recueillie par son oncle et sa tante comme acte de charité envers ses parents. Arrivée à Mansfield Park, Fanny est traitée comme une personne négligeable de la famille. Ses cousines Marie et Julia étant persuadées de leur supériorité limitent leur contact avec elle. Son cousin Tom est bien trop occupé à profiter de sa vie pour avoir une pensée pour elle. Heureusement, Edmond, son second cousin prend le temps de la connaître, de l'éduquer et au fil des années, de se faire aimer par Fanny.

Quelques années plus tard, alors qu'elle vient d'atteindre ses 16 ans, Mr et Mlle Crawford font leur entrée dans ce cercle très fermé pour le chambouler à jamais...





J'ai envie en ce moment de me replonger dans les oeuvres de Jane Austen. Après Orgueil et Préjugés qui a été un vrai bonheur à dévorer, voilà que je me lance dans Mansfield Park. Je vous avoue que j'avais oublié les grandes lignes de l'histoire avant de le commencer. Après lecture, je comprends. Lire Mansfield Park après Orgueil et Préjugés c'est comme passé brutalement d'un bateau de croisière à un vieux rafiot. C'est vraiment DÉROUTANT.





Mansfield Park se compose de trois parties relatant la vie de Fanny Price. Bon après avoir dit cela, que dire de plus sur cette "heroïne" trop naïve, trop timide, manquant de tonus, bref... d'un ennui mortel ? Fanny Price en tant que personnage principal se démarque des autres personnages de Jane Austen. Ici, nous avons un petit être fragile, docile, discrète, effacée. Tout le contraire d'Élisabeth Bennett. Son histoire est fait d'atermoiements, de non-dit pour ne pas peiner, de secrets sentiments, le tout noyer dans une intrigue familiale des plus mouvementée. Franchement, ce n'est pas mon roman préféré.





En ce qui concerne l'intrigue, vous avez de quoi vous rendre marteau. Entre la société patriarcale incarnée par Sir Thomas dans sa manière de mener sa famille ; les résultats provoqués sur ses enfants avec un fils ainé égoïste, une fille adultérine, une autre se sauvant avec un prétendant et un dernier fils captivé par une demoiselle qui ne cesse de se moquer de lui....





Malgré toutes ces critiques, il faut reconnaître que Jane Austen au travers de ce roman atteint son but. En effet, en tant que lectrice j'ai détesté cette société anglaise aux prétentions morales, sociales et charitables hypocrites. Jane Austen désirait se gausser de cet aspect social et c'est réussi avec Mansfield Park. Orgueil et Préjugés en définitive parait bien frivole voire comique face à Mansfield Park.🕍





👉Au final, un classique à lire ou relire afin de vous en faire votre propre opinion.

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Emma

💍☕️Emma ou comment passer à deux doigts de l'amour....☕️💍





Emma Woodhouse, 21 ans, est une jeune femme bien née, issue de la bonne société anglaise et ne désirant aucunement se marier. Résidant dans sa belle demeure de Hartfield à Highbury, son quotidien se résume à apaiser les craintes de son père hypocondriaque, rendre des visites de courtoisie à ses voisins. Sa gouvernante, Mrs Weston s'étant mariée Emma s'ennuie et décide de jouer les dames marieuses notamment avec Miss Harriet Smith qu'elle destine à Mr Elton, le vicaire de Highbury. Seulement, Mr Elton, ambitieux et conscient de sa position sociale dédaigne la pauvre Harriet au profit d'Emma...

Malgré les remarques et avertissements de Mr Knightley, l'ami de toujours d'Emma, celle-ci poursuit ses manigances en la personne de Frank Churchill, fils de Mr Weston. Tout cela entraîne des quiproquos et des situations fragiles faisant prendre conscience à Emma de ce qu'est réellement le sentiment amoureux...





Après avoir lu Mansfield Park où j'en étais sortie déçue, je me suis lancé dans la relecture de ce roman au potentiel plus prometteur. Quelle bonne idée !



Dans ce roman, Jane Austen dépeint au travers de son personnage d'Emma les classes sociales aisées de la campagne anglaise et leur manigance afin de ne pas se mélanger au peuple ou à d'autres communs. L'auteur nous relate une vie simple, dans une petite ville loin de Londres où il ne se passe rien. L'arrivée de nouveaux visages, de lettres anime l'atmosphère et apporte du renouveau dans cet environnement tranquille.

La condition de la femme est également mise en avant avec l'obligation pour des femmes de bonne famille sans fortune comme Mrs Weston de se marier avec un homme ne faisant pas de la dot un impératif ou, de trouver à se placer dans une famille comme institutrice (Miss Fairfax).





Pour les sceptiques, Emma n'est pas une simple romance. Non, l'auteure a eu la bonne idée d'intégrer à son roman une intrigue avec des personnages jouant des rôles. Cela donne la sensation de mener une enquête afin de déterminer qui par exemple à acheter un piano à Miss Fairfax, qui a signalé à Mr Churchill que le docteur avait une nouvelle voiture. Ces étranges situations apportent au récit un côté humoristique puisque les personnages se lancent soit dans des théories erronées, soit tentent de se justifier maladroitement.





En ce qui concerne les personnages, le personnage d'Emma est spécial. Autant j'avais trouvé la jeune Fanny Price dans Mansfield Park insipide, autant je trouve Emma par certains côtés énervante. Et je préfère ! Au moins, elle suscite une réaction. Ce personnage au départ est présenté comme imbu de sa personne, persuadé de tout savoir, de tout connaître de la vie, donc de donner des conseils avisés à autrui. Cet aspect est très frappant dans sa relation avec Harriet Smith qu'elle prend sous son aile et la façonne de telle manière qu'elle met en péril son avenir.





💝Pour conclure, Emma fait partie des grands classiques de la littérature anglaise à lire ou relire.💝

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Persuasion

💞💞Persuasion ou comment l'Amour triomphe du temps.💞💞





Huit ans auparavant, Anne Elliott alors âgée de 19 ans a refusé la demande en mariage de Frederick Wentworth poussé par les recommandations de son amie Lady Russell sur les risques d'épouser un homme sans fortune. Et voilà que le destin conduit sur son chemin le capitaine Wentworth, plus beau et plus riche qu'autrefois alors qu'Anne s'est fanée au fil des années et son père rencontre de graves difficultés financières le conduisant à louer sa propriété de Kellynch à l'amiral Croft, beau-frère du capitaine.





C'est toujours un vrai bonheur de se replonger dans ses classiques de la littérature. Jane Austen a écrit de magnifiques romans dont les adaptations cinématographiques perpétuent la légende. Ce roman de Jane Austen fait partie de mes préférés en raison du côté humain sous-jacent et plus réaliste des personnages. En effet, autant Orgueils et Préjugés nous propose un couple si antagoniste avec une Elizabeth Bennett prête à juger et un Monsieur Darcy coincé au possible. Autant le personnage d'Emma dans le roman éponyme parait froid et distant ; autant Fanny Price dans Masfiled Park m'agaçait par son côté effacée et soumise. Ici, le couple de Anne et Frederick est plus en lien avec la réalité.





Ce n'est pas tant la sphère romantique qui apporte ses lettres de noblesse à se livre que la critique que fait Jane Austen de la société anglaise de son époque où les différenciations de classes prévalent sur les qualités d'un être humain. Dans Persuasion, Jane Austen parle des nouveaux nobles dont la richesse est acquise après un dur labeur et qui sont raillés par les vieilles familles nobles sans pourtant les haïr puisque des unions avec ces "gens" permettent de renflouer leur caisse et de restaurer le décorum dû à leur rang.

Les personnages de Walter Elliott et Elizabeth (père et soeur d'Anne) sont assez représentatifs de ces opinions dans leurs propos quant à l'étiquette.





Les deux héros sont quant à eux parfaits. Nous avons une Anne Elliott défraîchie et dans le regret de sa décision passé afin de se conformer aux desiderata de ses proches quant à l'idée d'un mariage digne d'elle ; un capitaine Wentworth revenu après avoir fait fortune qui malgré son désir de l'ignorer ne cesse de chercher à la croiser.





Pour conclure : un grand classique à lire, relire, dévorer, partager ❗️❗️

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Orgueil et préjugés

La face de la littérature aurait été changée si miss Caroline Bingley s’était montrée un peu plus entreprenante et si, faisant fi de son éducation, elle s’était jetée au cou de Fitzwilliam Darcy, le compromettant et le contraignant à l’épouser.



Miss Caroline Bingley aurait ainsi pu acquérir une notoriété universelle et atemporelle au lieu de se contenter d’un rôle de second ordre, celui de la garce, de la Nelly Olson sauce Saison londonienne. Elle aurait alors été enviée, jalousée et haïe par les femmes de la terre entière mais bien sûr elle n’a rien fait de tout ça. Elle a préféré se prendre les pieds dans le tapis en « sympathisant » avec Jane Bennet avec l’idée d’en faire son faire-valoir local qui égaierait les heures à venir qu’elle devinait tristes et austères, terrée à Netherfield six mois de l’année ! Ah, l’orgueil, l’orgueil… on croit qu’il vient uniquement de Darcy alors que c’est GRÂCE à l’orgueil de miss Caroline Bingley que tout a été rendu possible !



Je récapitule : si la sœur de Bingley n’avait pas été aussi vaniteuse et imbue d’elle-même, si elle n’avait pas cherché aussi désespérément à attirer l’attention de Darcy sur sa jolie personne en s’agitant et en essayant de s’entourer de jeunes femmes moins sophistiquées qu’elle pour paraître à ses yeux un diamant encerclé de fange ALORS, elle n’aurait sans doute adressé la parole à aucune âme de Meryton et surtout, surtout, elle n’aurait pas invité Jane à déjeuner.



****SPOILER****

Si elle n’avait pas invité Jane à déjeuner, Jane ne serait pas tombée malade et si Jane n’était pas tombée malade, Lizzie n’aurait jamais rejoint la société de Netherfield, révélant ainsi à Darcy un caractère voué à le séduire… Vous m’avez suivi ? Donc, mesdames, mesdemoiselles (et messieurs, ne les oublions pas), au lieu de pester contre miss Caroline Bingley et de la vouer aux gémonies pour son attitude vis-à-vis de Lizzie et de Darcy, dites-lui un grand MERCI ! Moi, sincèrement, je la vénère.



Sur l’Oeuvre à proprement parler…

On vous dira "un classique de la littérature anglaise", ou encore "un incontournable parmi les classiques de la littérature mondiale". Tout cela est vrai mais cette oeuvre est bien plus que cela. Cette oeuvre ne mourra jamais, elle vise à l'éternité. Lue 10 fois, redécouverte 10 fois ; toujours la même et pourtant jamais de lassitude. Un style plus actuel que jamais, une intrigue d'une simplicité émouvante, une passion qui réconciliera toujours avec l'existence, un esprit et une âme uniques.



Jane Austen ! Un auteur, une femme, une célibataire spectatrice des sentiments des autres et metteur en scène de ses propres émotions, peint, dans un cadre d'universalité très humaine, des personnages qui ne sont en réalité que les ambassadeurs de nos propres aspirations.
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Raison et sentiments

Dans le film documentaire La Femme aux cinq éléphants, Svetlana Geier (celle qui a retraduit en allemand les cinq gros romans de Dostoïevski) explique que selon elle, qui possède à présent une connaissance presque intime de l'auteur, Fiodor Dostoïevski a toujours écrit et réécrit le même livre, à quelques nuances près. Je ne sais si l'on peut en dire autant de Jane Austen mais force est de constater qu'il existe d'étonnantes similitudes entre Sense & Sensibility (Le Coeur et la Raison ou Raison et Sentiments selon les traductions), premier roman publié de l'auteure et Pride & Prejudice (Orgueil et Préjugés), son second.



C'est particulièrement vrai des deux soeurs principales des deux romans. En effet, l'Elinor ici présente rappelle à s'y méprendre la Jane d'Orgueil et Préjugés, idem pour la Marianne Dashwood du Coeur et la Raison qui est jumelle homozygote d'Elizabeth Bennet. C'est vrai également d'une foule de personnages dont on retrouve à peu de choses près toutes les caractéristiques (Ici Willoughby — nom qui ne doit rien au hasard car repris à Fanny Burney dans son Evelina — annonce fortement Wickham d'Orgueil et Préjugés, même chose pour Mrs Ferrars vis-à-vis de Lady de Bourgh ; Mrs Dashwood, belle-soeur d'Elinor, comparée à Caroline Bingley, Edward lui-même n'est pas sans évoquer fortement Darcy. Bref, inutile d'en faire la liste exhaustive, on peut quasiment tous les transposer.)



La principale différence enregistrée ici par rapport à l'oeuvre suivante, est la différence de focalisation. Dans le Coeur et la Raison, nous nous identifions davantage à Elinor, la soeur aînée pleine de pondération et qui est dans un contrôle absolu d'elle-même (rôle qui est tenu par Jane dans Orgueil et Préjugés et qui n'est pas l'héroïne). En revanche, Orgueil et Préjugés cherche à nous faire prendre le point de vue d'Elizabeth, la cadette tout feu tout flamme, romantique à l'excès et au caractère bien trempé. (Ici, ce rôle est dévolu à Marianne et, vous l'aurez compris, ce n'est pas elle l'héroïne principale.)



Si l'on se résume, donc, avec un même canevas, Jane Austen nous propose une relecture basée sur une focalisation différente. En ce qui me concerne, quoique j'aie bien aimé cette mouture, je la trouve très sensiblement inférieure à Orgueil et Préjugés. Ceci est, selon moi, imputable à trois éléments :



Premièrement, une héroïne sage et pondérée, cela fait toujours moins de spectacle qu'une héroïne qui ne s'en laisse pas conter. Une héroïne pondérée évitera les gros pièges tendus par la passion, tandis que l'autre y sautera à pieds joints, si bien que, d'un point de vue romanesque, nous autres lectrices et lecteurs peu scrupuleux aimons généralement mieux voir celui ou celle qui se prend carrément les pieds dans le tapis plutôt que celle qui avance timidement sur la pointe des pieds en évitant les grosses chutes.



Deuxièmement, si l'auteure, Jane Austen, tient tant à nous raconter deux fois la même histoire, sachant qu'elle-même est la cadette de sa famille parmi les filles, sa soeur aînée étant Cassandra et tout, et tout ce qu'on peut lire dans sa biographie, c'est qu'il y a vraisemblablement un fort pesant autobiographique là-dedans et, sachant cela, quelle sera l'oeuvre la plus aboutie ? Celle qui parlera d'elle-même ou celle qui parlera de sa soeur aînée ? Eh oui, fatalement, celle qui parlera plutôt d'elle-même, donc, Orgueil et Préjugés.



Enfin, troisième et dernier point de comparaison romanesque, l'ouvrage est plus linéaire, plus prévisible, plus simpliste ici que dans la version suivante. On sent moins le fil se tendre, les intrigues se mêler les unes aux autres. Bref, notre coeur reste à l'image de celui d'Elinor, calme et pondéré, tandis que dans Orgueil et Préjugés, notre coeur s'emballe au rythme de celui d'Elizabeth et tout ceci concourt à une impression moins impressionnante, de mon point de vue.



Qu'en est-il du synopsis ? Nous suivons une famille de la Gentry anglaise, c'est-à-dire de l'aristocratie provinciale dont la richesse émane de la possession des terres agricoles. Nous avons affaire à une famille plutôt modeste, c'est-à-dire qui peut vivre de ses rentes sans travailler mais pas dans une aisance débordante.



Au demeurant, la famille Dashwood a à subir une fragmentation de son patrimoine car le père a eu un fils d'un premier mariage. Devenu veuf, il s'est remarié et a eu trois filles de sa seconde épouse avant de s'éteindre lui même. En théorie, selon les règles de l'époque (fin du XVIIIème siècle), à peu près tout revenait au fils et à peu près rien à ses trois demi-soeurs. Avant de mourir, Monsieur Dashwood père a fait en sorte de ne pas laisser complètement son épouse et ses filles à la rue, mais elles doivent à présent compter chaque sou. Un beau mariage est donc plus que souhaitable pour les deux aînées, sachant qu'à 19 et 17 ans, elles entrent dans la course, si l'on peut dire…



D'un point de vue économique, Elinor et Marianne sont un très mauvais parti pour les représentants de la Gentry. Moralement et physiquement, c'est plutôt l'inverse. Se trouvera-t-il de valeureux prétendants pour passer outre l'orgueil et les préjugés liés à la fortune et pour ne s'intéresser qu'à ces deux charmantes âmes elles-mêmes indépendamment de toute considération d'ordre pécuniaire ? Ne seront-elles considérées que pour leur beauté physique comme on pourrait le redouter ?



Jane Austen s'en donne à coeur-joie pour railler la mesquinerie de ces soi-disant « aristocrates » et, pour celles et ceux qui m'accuseraient de trop parler dans cette critique d'orgueil et préjugés, je me permettrai simplement de leur recopier ce passage, qui, selon moi, en dit long sur le double projet romanesque de l'auteure. Il se situe au chapitre XIII du volume II :



« Elle avait suffisamment vu se manifester son orgueil, son étroitesse d'esprit et le préjugé tenace qu'elle avait conçu à son endroit pour saisir l'étendue des difficultés qui auraient contrarié ses fiançailles avec Edward et retardé leur mariage, si par ailleurs le jeune homme avait été libre. »



En somme, un bon roman, plaisant mais pas du calibre d'Orgueil et Préjugés d'après mes seuls critères d'appréciation. À vous de voir et de vous forger votre propre opinion à ce propos car vous savez à présent que ceci n'est que mon avis, et que d'avis, tout le monde en a un, si bien que 1 sur 7 milliards, ça ne représente vraiment pas grand-chose.
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Raison et sentiments

Je m'inscris en faux contre l'opinion assez courante qui veut que les gens coincés dans un salon austenien entre une assiette de scones, une table de whist et une théière en argent s'ennuyaient à périr.



Au contraire... Leur mutuel intérêt étant d'occuper les heures de conversations et les mondanités, ces "coincés de salon" étaient bien plus à même que nous de développer une analyse très fine de la nature humaine, une observation aiguë de leurs concitoyens et un sens de la psychologie frôlant l'expertise. Jane Austen elle-même, tout comme certaines de ses héroïnes - Elinor, Elizabeth, Anne - était une femme de tête qui savait à la fois raisonner et exprimer ses sentiments.



Je ne vénérerai jamais assez la liberté de ton, l'humour, la finesse et la tournure d'esprit, l'ironie, l'objectivité et le jugement de Jane Austen qui, bien qu'étant née femme en 1775, a su brosser de tels portraits d'hommes et de femmes, tenant compte de leur psychologie, de leur tempérament, de leur condition sociale, de leurs aspirations personnelles, de leurs sentiments et par dessus tout cela de la complexité de l'âme humaine pour nous offrir ces concentrés d'émotion et de pénétration que sont ses malheureusement-trop-peu-nombreux romans.



"Sense and sensibility" est un diamant, tout simplement.

Plus cérébrale que "Pride and Prejudice", cette oeuvre se caractérise pourtant elle aussi par les parcours croisés de deux sœurs et si Elinor et Marianne sont moins intimes et soudées qu'Elizabeth et Jane, cela n'a pour effet que de renforcer encore davantage l'aspect dramatique du récit. Jane Austen réussit la prouesse de tisser une trame qui tient compte des particularités et des comportements de très nombreux personnages ayant leurs propres codes de conduite issus de leur position sociale et de leur éducation tout comme leur propre personnalité et leurs propres défauts et qualités. Alors que chez d'autres auteurs, une telle densité et de telles particularismes mèneraient au désordre et à la dispersion, miss Austen, elle, parvient à en faire un puzzle harmonieux, structuré et spirituel quoique définitivement poétique et exaltant.



Je ne dirai rien ici de l'histoire, je me contenterai seulement de louer une fois de plus l'écriture inimitable d'un auteur que j'encourage tout lecteur à découvrir au moins une fois dans sa vie. Cependant, pour celles et ceux qui, résolument, prendraient peur devant une littérature classique, je les encourage alors à visionner la superbe adaptation qu'Emma Thompson a réalisée pour le film d'Ang Lee en 1995 que je tiens à ce jour pour l'adaptation la plus soignée, précise, esthétique et fidèle de tout ce que le cinéma et la télévision ont pu produire dans la catégorie "austeneries".
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Orgueil et préjugés

Les cinq filles de la famille Bennet, condamnées par leur statut de femmes à ne pas hériter les biens de leurs parents, revenant à un héritier de substitution en l'absence de fils, ont le devoir de trouver un mari, fortuné de préférence.



Rien des mœurs et de la psychologie des notables provinciaux n'échappe à la perspicacité de Jane Austen. C'est avec finesse et ironie qu'elle analyse leur obsession et celle des membres de la gentry, la bonne société anglaise issue de la haute bourgeoisie et de la noblesse, pour le mariage et l'argent.



Dans ce roman, d'abord intitulé Premières impressions, puis Orgueil et préjugés, traduction de l'allitération Pride and Prejudice, celle dont Virginia Woolf a dit qu'elle a permis aux femmes d'accéder à la création littéraire démontre tous les inconvénients qu'il existe à se fier aux apparences.



Un combat contre les préjugés, nés d'un orgueil vain et d'une fierté injustifiée, débordant d'humour, de séduction et de charme qui expliquent le succès intemporel de ce chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.

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Orgueil et préjugés

Jane Austen est définitivement la reine des tirades pleines d'esprit et de l'humour sarcastique qui insufflent dès les premières pages le vent d'un esprit subversif et contestataire.



Orgueil et préjugés ne sort pas de la règle. L'écrivaine excelle plus que jamais dans l'étude des caractères. On est toujours dans l'Angleterre du 19ème siècle où le seul souci des parents est de trouver un bon parti pour marier leurs filles dans la bonne société, le mariage restant la seule situation convenable pour une femme d'éducation distinguée et de fortune modeste.



Du coup, les filles se doivent d'être de petites femmes parfaitement accomplies et pleines de talents : savoir broder, tricoter, jouer du piano, savoir chanter, connaître les langues étrangères et lire des romances ! Savoir dessiner et s'occuper du potager peuvent être un plus.



Eh ben, le problème c'est que Jane Austen n'est pas d'accord avec ces principes qui réduisent les femmes au stade de petites choses fragiles et misérablement dépendantes. Sa vision acérée de la société, son réalisme et son ironie la poussent à remettre en question un modèle sociétal qui méprise et dénigre les femmes. La « coutume » qui veut que la femme, dans le but de devoir plaire, utilise toutes sortes d'artifices pour harponner un bon parti, les dépossède alors complètement de toute valeur.



La jeune écrivaine, bien en avance sur son temps défend le droit de la femme de refuser une demande en mariage, de faire des études et surtout d'avoir une voix, des envies et de faire ses propres choix !





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Orgueil et préjugés

Papa il faut que tu lises Jane Austen ! Comme je suis un père obéissant et influençable ni une ni deux je cours chez mon marchand de rêve attitré je veux dire chez mon libraire préféré.

Orgueil et préjugés fut mon choix. Depuis le temps que j’entends parler de Jane Austen il fallait bien que je fasse un tour dans cette littérature Victorienne. De l’orgueil je n’en ai pas ou je pense ne pas en avoir, des préjugés j’en avais quelques uns.

Orgueil et préjugés est l’histoire de la famille Bennet et de ses cinq filles, Jane la réservée,Elizabeth l’effrontée, Lydia et Kitty les deux écervelées et Mary.

Ce n’est pas facile quand on est issu de la gentry et que l’on a cinq filles à marier alors quand arrive un prétendant c’est l’effervescence, les esprits s’échauffent.

Il y a deux façons de lire orgueil et préjugés : pour celles et ceux qui aiment les œuvres romanesques, les amours contrariés, ce livre devrait vous plaire et puis il y a dans ce roman une charge sur les us et coutumes de cette noblesse sans titre qui par tout les moyens essaye de tirer les marrons du feu au détriment de leurs filles, un travail de maquignon pour gagner honneur et argent parce que l’amour n’est pas une priorité.

Résultat j’ai aimé ce roman et mes préjugés ont disparu, ma fille Sarah est contente bref tout est bien qui finit bien.
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Raison et sentiments

« Rente et sécurités » pourrait être le titre de ce roman qui nous plonge dans le royaume anglais du matérialisme et de l'oisiveté à la charnière du XVIII et du XIX siècle.



Les personnes sont appréciées à l'aune de leurs fortunes, de leurs revenus ou de leurs futurs héritages. A de rares anomalies près (médecins) personne ne travaille ou ne travaille plus (colonel) tout en jouissant de revenus confortables et éternellement stables.



Peu curieux de l'actualité politique ou culturelle, les acteurs passent leur temps à se rencontrer, bavarder, commérer et médire les uns sur les autres.



A l'exception d'un intermède musical, leur vie culturelle semble inexistante (aucune lecture) et les conversations se focalisent sur la préservation de cet art de vivre aussi futile que confortable.



Préservation qui implique des unions conçues comme de véritables projets de fusions - acquisitions dans lesquels les sentiments sont proscrits.



On comprend pourquoi Jane AUSTEN refusa de se marier…



Cette étude sociologique d'un monde désuet et obsolète se double d'une analyse psychologique observant deux soeurs, l'une « raisonnable », l'autre « sentimentale ». Quoique dégoulinant de romantisme, le dialogue et l'émoi de ces deux jeunes femmes est intemporel et féroce pour les hommes !



Superbement écrit et traduit ce roman est un témoignage bouleversant sur une époque et une conception du mariage surannées et matérialistes.



C'est avec un intérêt renouvelé que j'ai relu ces pages qui m'évoquent « La petite soeur » d'Hector Malot et la gracieuse Geneviève de Mussidan menacée d'être privée de son héritage.
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Persuasion

Walter Elliot , veuf, noble et propriétaire d'une immense et belle maison est obligé de la mettre en location pour garder un train de vie correspondant à sa position. Il est père de 3 filles , deux sont mariées selon les convenances, mais la troisième Anne , à 27 ans ne l'est a encore. Pourtant, elle aurait pu car elle était tombée follement amoureuse de Wentworth, mais ce dernier ne correspondait pas à l'époque aux critères d'un bon mariage au vu du statut de Anne. 8 ans plus tard Wentworth est devenu capitaine, mais que vont donner ses retrouvailles avec la famille Elliot ?





Jane Austen, assurément est un maîtresse dans l'art de décrire la société et les caractères des gens. J'ai beaucoup aimé sa façon de travailler ses personnages. Leur psychologie est très intéressante, et même si parfois on pourrait penser qu'elle pousse le bouchon un peu loin, je pense sincèrement qu'il n'en est rien. Elle m'a beaucoup fait rire avec sa démonstration qu'il faut être beau pour vivre dans une belle maison.

Et puis l'auteure nous démontre que les apparences sont parfois trompeuse. Que le statut, le gain du pouvoir et de l'argent peuvent parfois amener les gens (homme ou femme) a des agissements pas toujours très moraux.



Et puis la plume de Jane Austen est juste un régal, du plaisir à l'état brut.

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Orgueil et préjugés

Pourquoi ne me suis je pas lancée dans cette lecture auparavant ? Il aura fallu attendre mes 45 ans pour ouvrir ce livre.

Quel bonheur !

Pour excuse, je ne suis pas fan des "classiques". Je trouve en général, je l'avoue, l'écriture rébarbative... Je l'avoue, en sachant que je vais recevoir les foudres de nombreux lecteurs.

Mais là, j'ai adoré. Je n'arrivais pas à me détacher de Lizzy et de Jane.

L'écriture a beau être dans un style ancien, on s'attache aux personnages, aux descriptions, à l'histoire. Et même si on connait la fin de l'histoire, on ne s'en détache pas. Un livre sur les sentiments, d'une beauté rarement égalée. Merci Mme Jane Austen !

Hâte d'arriver à la fin du livre, mais à contrario, peur d'arriver à cette fin et de savoir que le plaisir de lire va prendre fin également.

Bref, un super moment de lecture que je conseille à tous, jeunes et moins jeunes.
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Orgueil et préjugés

Comment ça cinq étoiles ??

(ça la reprend, elle parle encore toute seule)

En vrai Lolo t'es pas très originale, des étoiles pour Orgueil et Préjugés, Jane en a plein sa musette sur Babelio. Tu pourrais pas faire un peu moins consensuel pour voir ?

Bah non, là je peux pas non. Consensuel ou pas, j'y peux rien, Jane je l'aime, et après ma lecture d'Orgueil et Préjugés c'est pas près de se calmer.



Quelle plume décidément ! Limpidité du propos, évidence des images, impertinente lucidité dans cette habile dissection d'une époque… Comment résister ? Moi j'y renonce, c'est mon troisième Austen et je me délecte comme jamais de ces oeuvres pétillantes et faussement sages.



More please !



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Orgueil et préjugés

P&P… Ton univers impitoyable…



A Longbourne, riante petite bourgade nichée dans son écrin de verdure , demeure la famille Benett, famille de basse noblesse dont le Patriarche est un gars bien sympa qui a choisi la difficile profession de rentier et qui n’est pas si malin qu’il en a l’air puisqu’il a quand même épousé la plus gourdasse du quartier.



Sue Ellen, la mère est une sorte de savant mélange entre Christine Boutin, Geneviève de Fontenay et Bécassine. Du premier au dernier paragraphe, sa seule préoccupation est de marier ses filles. Peu importe avec qui, un beau militaire, un pasteur entre deux âges, un marquis boutonneux… N’importe lequel fera l’affaire. A la limite, même un homme de couleur… Nan , j’déconne ! Elle est pas cruche à ce point…



Bon, Faut dire qu’elle a du boulot, les minettes, elles sont cinq. Enfoncé ce bon docteur Marsh.



L’aînée, la belle Jane part en pôle position, elle est canon, elle est sympa… On devrait la marier assez rapidement…



La deuxième, Elisabeth (Lizzy pour les copains) est intéressante mais moins conventionnelle. Beau p’tit lot (Bah ouais c’est quand même Keira Knightley au ciné… hmmmm), mais qui a la sale manie d’avoir de l’esprit. La donzelle est née quelques siècles trop tôt, mais bon, si elle apprend à se taire, on devrait arriver à la caser parce que quand même elle est bien gaulée.



Vient ensuite une espèce de paire de biches en chaleur, Kitty et Lydia dont on n’a jamais vraiment bien su laquelle était l’aînée des deux. Comment vous les décrire ? Trouverai-je les mots ? On va dire que la Lydia est une chaude bécasse et que la Kitty est à peine plus tiède et un rien moins coconne. Bon pour les deux là ça devrait le faire, le premier bidasse en uniforme qui passe emporte le lot… A la limite, un pompier ça peut le faire.



Il reste la dernière, la Mary dont le passe temps favori est de casser les….. oreilles de ses voisins en s’entraînant au casting de la nouvelle star dès qu’on la laisse s’approcher d’un piano.



Il y a une foultitude d’autres personnages, des très importants et des secondaires, mais toujours assez bien posés par Austen qui montre là une grande qualité d’observation de ses contemporains. Dans le désordre on peut trouver :



Brandon et Dylan, Bingley et Darcy, les deux beaux gosses de l’histoire. Ils sont beaux, ils ont du pognon plein les fouilles, ils sont plutôt malin (enfin, surtout Brandon parce que Dylan, il est un peu paumé sans son copain…) et ils sont sympa. Heu… je rectifie : la moitié d’entre eux est sympa… au début. Pour la deuxième moitié, c’est plus dans l’ignoble au début, le passable au milieu et plus on va vers la fin, plus c’est le gars qu’on a envie d’avoir comme beau frère…



Ha oui, j’allais oublier, il a un autre beau gosse, David Beckham ou un truc comme ça. Mais lui ne court pas dans la même catégorie. Lui, ce serait plutôt un genre de Pervers Pépère dans un costume de Soldat Ryan. Alors lui, au niveau sympa, il a la courbe inverse du Brandon. Au début, tout le monde l’aime et ensuite c’est le vilain petit canard. Heureusement, à la fin, j’ai pas compris pourquoi, tout le monde le re-aime…



Il y a l’autre demeuré,là… Le cousin Collins, tellement occupé à faire de la lèche qu’il ne comprend pas ce qu’on lui dit. Hé Couillon, elle te dit non, c’est non ! Me fait penser à jean Claude Dusse, en moins sympa. Enfin il s’en trouvera une quand même…



Il y a aussi des filles, La Miss Bingley, la sœur de Dylan, qui voudrait bien pécho Brandon mais qui s’y prend comme un sac. Il y a sa copine mais elle on s’en fout, elle est déjà maquée avec Dormeur ou Simplet, je sais plus…

Il y a Georgiana, qui a vraiment un prénom à chier mais qui a l’air sympa comme tout et qu’on aurait envie de connaître mieux. C’est la sœur de Brandon… Vous suivez ??

Il y a Les Gardiner (famille de Sue Ellen) qui sont les oncles et tantes qu’on rêve tous d’avoir (surtout qu’ils ont de la thune aussi comme tout le monde dans ce livre sauf Beckam…)



Il y a Catherine, la grande méchante tante, on se l’imagine un peu comme la marâtre de Cendrillon, elle fait un peu peur mais à la fin, elle l’a bien profond parce que Brandon se mariera pas avec sa fille (Oui parce qu’à cette époque, on a le droit de se marier entre cousins comme Christine Boutin déjà citée précédemment, sur laquelle je dois faire une fixette…).



Je vous passe les voisins les Lucas, le Colonel Moutarde qui aidera de son mieux, une autre tante et un autre oncle qui sont là pour la déco… quelques domestiques et femmes de charges, des militaires en goguette etc…



Je vous raconte pas l’histoire, Jane Austen le fait carrément mieux que moi et il y a plein de jolies critiques sur Babelio bien écrites à ce sujet.



Pour finir, je dois avouer que je nourrissais moi-même de forts préjugés par rapport à ce chef d’œuvre classique…

Je l’ai lu pour faire plaisir à Gwen parce que c’est ma première copine de Babelio et qu’elle a un sourire terrible ;-) (Pourvu que ma femme ne lise pas ma critique…)



Hé bin Gwen, tu peux te vanter de m’avoir convaincu. Jane Austen est un auteur rare qui sait observer ses contemporains et qui a un vrai don pour rendre compte de la condition de la femme de cette époque. Bravo Jane !! Si, si je me suis même promis que j’en lirai un autre si c’est du même tonneau (Nan Gwen c’est pas que pour te plaire :-D).



Ok c’est pas un page turner et on ne se demande pas à chaque page ce qui va arriver (surtout qu’on connaît l’histoire dans les grandes lignes).

N’empêche… je me suis quand même surpris à ne pas le lâcher pour savoir la suite et je l’ai fini en trois jours. Hey Galounette, je l’ai fini avant toi ?



En résumé, même si ça vous dit rien, lisez le… Si vraiment ça vous plaît pas, je vous rembourse… Top là ! C’est dit, c’est dit… Cochon qui s’en dédit…

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Lady Susan

A trente-cinq ans, la séduisante Lady Susan se retrouve veuve et désargentée. Précédée d’un parfum de scandale alors que sa coquetterie manipulatrice aurait brisé plus d’un ménage, elle s’invite chez son riche beau-frère pour y poursuivre ce que toutes les autres femmes décèlent de ses manigances sans scrupules, mais qui charme tant les hommes que bon nombre se laisseraient volontiers mener jusqu’au mariage.





Aussi intelligente qu’égoïste et amorale, Lady Susan semble partagée entre le plaisir de séduction que lui permet son indépendance, et l’ambition qui la rend prête à tout pour se remarier avantageusement. En tous les cas, elle s’en donne à coeur joie pour manipuler son entourage sans vergogne, mentant et trompant avec le plus grand cynisme, et allant jusqu’à maltraiter cruellement sa fille de seize ans, qui, bien que tenue éloignée, commence à lui faire de l’ombre alors qu’il lui faut songer à la caser elle aussi.





Cette femme dont l’intelligence et la beauté désarmante dissimulent une personnalité narcissique, froide et calculatrice, usant de tous les ressorts de l’hypocrisie et de la manipulation pour jouer avec les sentiments d’autrui sans jamais se départir d’une insensibilité cruelle, a quelque chose de Madame de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. L’air de famille s’impose d’autant plus que, tout comme pour la marquise, c’est un échange épistolaire qui nous dévoile peu à peu le vrai visage de Lady Susan, au travers notamment de ses lettres à son amie et complice, et de la correspondance de l’épouse de son beau-frère avec sa mère, qui toutes deux la détestent.





On se laisse prendre avec délice à cette peinture finement satirique de la bonne société anglaise du XVIIIe siècle, ridiculisée par une aventurière bien décidée à user de ses armes et du mariage, puisque c’est le seul moyen alors pour les femmes de s’assurer statut social et aisance financière. Et si son audace cyniquement opportuniste scandalise tant les épouses tout en séduisant si systématiquement les hommes, n’est-ce pas aussi parce qu’elle s’emploie à mettre en œuvre, ouvertement et librement, ce que chacune a vécu et fera vivre à ses filles dans le strict respect des conventions et des apparences : un mariage arrangé avec un bon parti, entendons par là un homme riche à défaut de tout autre affinité, auprès de qui elles trouveront ennui mais sécurité matérielle, et qui leur fera peut-être la grâce de ne pas les encombrer trop longtemps si, comme souvent, il les devance quelque peu en âge ?





Porté par la plume déjà remarquable d’une Jane Austen alors âgée de dix-huit ans, ce court roman d’une extraordinaire finesse psychologique est une lecture étonnamment réjouissante, tant il brocarde avec esprit la bien-pensante société de son époque.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Orgueil et préjugés

C'est avec un plaisir indescriptible que je m'attaquais à Orgueil et Préjugés de Jane Austen (1775-1817). Jusqu'à là inconnue de moi, elle ne tarda pas à me charmer et rapidement à me conquérir.

Il faut dire que tout y est réuni : un style fluide d'une rare élégance sans pour autant être guidé avec à la clé de merveilleuses sonorités tout au long du récit (rien qu'à en juger au titre original : Pride and Prejudice). Les personnages sont contrastés, ayant chacun leur rôle à jouer. À chaque page, ils délivrent des scènes des plus jouissantes et pour le moins inattendues. Les intrigues développées peuvent paraître banales au premier abord mais prennent néanmoins tout leur sens sous la plume de l'écrivain et à aucun moment le récit ne s'enlise. Bref, J.A est orfèvre en la matière.



Orgueil et Préjugés est un roman paru en 1813 (bien qu'ayant été revu à trois reprises) mettant en scène deux amours dans la société anglaise, fin XVIIIe début XIXe.

Le premier concerne Jane Bennet une jeune fille de vingt deux ans, distinguée, pleine de charme et de talents, se montrant toujours indulgente à l'égard d'autrui même envers les moins louables et un jeune homme tout autant vertueux et respectable, Charles Bingley. Celui-ci s'étant récemment installé dans une propriété proche, ils se fréquentent souvent et ont l'occasion de faire plus ample connaissance. Naît alors une passion entre ces deux êtres, encouragée par tous (ou presque). Bien que forte et sincère, cette passion reste raisonnable.

Le second, invraisemblable, inimaginable voir presque inavouable (l'orgueil le permettra cependant) implique la charmante Elizabeth Bennet dont les yeux sont dits d'une grande profondeur. Elle est vive d'esprit, ce qui lui vaut l'admiration de son père et n'hésite pas à critiquer les autres, en laissant libre cours à ses préjugés (avec beaucoup d'aisance, il faut l'admettre). Fitzwilliam Darcy, riche mais présomptueux jeune homme, est épris d'elle mais il a des manières qui ne manquent pas de déplaire à celle-ci. Eliza. et sa famille ont peu d'estime pour lui et développent même une antipathie prononcée à son égard. C'est alors que l'on assiste tout le long du livre à un affrontement acharné où les convictions de ces deux personnages sont ébranlées et se voient irrémédiablement changées.





Le roman délivre une histoire séduisante tant par son intensité que par ses portraits divers et variés.

Tout d'abord celui d'une mère (Mrs Bennet) qui n'a pour seul désir de marier ses cinq filles, mettant un point d'honneur sur leur félicité. le père de famille, Mr Bennet, aime ses filles sans trop l'admettre. C'est un infatigable railleur qui n'hésite d'ailleurs pas à exprimer ses sentiments

concernant les facultés intellectuelles réduites de ses trois filles cadettes (« Elles sont sottes et ignorantes » Chap.1, Vol.1). Certaines scènes faisant intervenir le personnage de Mr Bennet sont des plus comiques donnant ainsi de la vitalité aux dialogues qui ne manquent déjà pourtant pas de vigueur.

Jane est une personne authentique et touchante. Ses émotions sont vraies et il est sincèrement plaisant de voir dans une société gangrenée par le vice, le mensonge, une personne ayant une âme si pur, dénuée de tout mauvais sentiments.

Mr Bingley est quant à lui une personne fort respectable, louable d'un point de vue morale. Ses manières plaisent à tous. Possédant de surcroît une "petite" fortune, Mrs Bennet est la première à se réjouir d'une union entre les deux jeunes gens (Bingley et Jane)



Elizabeth est l'héroïne de cette histoire et son caractère complexe donne une véritable consistance au roman. En matière d'amour, elle semble inflexible, presque sévère (deux demandes en mariage refusées) ce qui la rend d'autant plus inaccessible.

Mr Darcy reste à mon avis le personnage qui donne au roman sa plus grande part d'intensité. En effet, il devient rapidement le principal centre d'intérêt du lecteur qui guette ses moindres faits et gestes et l'attitude qu'il adopte face à sa bien-aimée. Ses prises de parole se font rares, du moins au début. Souvent tintés d'indifférence, il est très étonnant de les voir évoluer au cours de l'histoire.

Ce qui est incroyable avec Mr Darcy, c'est que malgré tous les défauts qui lui sont attribués, il devient un personnage attachant au fil des pages. Et pourtant, il partait de très bas...



Les échanges entre Elizabeth et Darcy sont la plupart de temps empreints de fausses politesses et d'un certain mépris fortement avivé par Elizabeth. Toutes les rencontres inopinées entre les deux personnages sont source de conflits, de gènes. Ce jeu peut apporter un plaisir certain au lecteur mais aussi lui bien paraître affreusement ennuyeux.



D'autres personnages, plus secondaires, sont tout de même développés. Il y a entre autre Mr Collins, un cousin des Bennet rendu ridicule par ses manières excessives, Caroline Bingley qui ne favorise en rien le mariage entre Jane et son frère, Lydia Bennet la jeune écervelée mettant à mal

l'honneur de sa famille ou encore Lady Catherine de Bourgh que l'on pourrait qualifier d'obstinée, de têtue, en un mot de détestable. Ces quelques personnages apportent chacun leur grain de sel et nourrissent en même temps les intrigues (pour ne pas dire les entravent).



Ce qui apparaît au début comme une lecture simplement agréable, s'avère être en fait un Chef d'oeuvre (incontesté) de la littérature anglaise et bien que le terme soit souvent galvaudé, il a ici une place méritée.

Certains passages, où l'intensité est à son comble, le lecteur peut être amené à éprouver des moments de jubilation face à tant de finesse dans la langue, de tension, de surprises, d'impertinence ou de justesse. Car c'est ici que le génie de Jane Austen s'exprime en force. Elle prépare en amont le terrain pour ensuite créer ces situations extraordinairement denses, et puissantes sur le plan émotionnel (ex : la lettre rédigée par Dracy, pour Elizabeth). le rythme s'accélère brutalement, une phrase suffit, et on savoure les quelques pages qui suivent.





Le roman n'est pas qu'intensité et frénésie. J.A. ne s'attarde pas sur la contemplation des paysages et cependant, une majeure partie du roman a un rythme assez lent, ponctué bien sûr de nombreux événements. Mais plutôt que l'ennuie, le rythme permet à la narratrice de développer les caractères et sentiments de chacun, composant de ce fait une analyse psychologique complète sur les différentes personnes qui constituaient la vie provinciale anglaise de cette époque. Cela offre une fresque pittoresque disposant d'une vaste palette de couleurs.



Bien que je me garde de divulguer les événements relatifs à la fin, je peux seulement dire que le dénouement a été bien agréable. Cela fait tant plaisir de lire une histoire (surtout d'amour) qui se termine bien. Mais je laisse le plaisir à ceux qui ne l'ont pas lu de la découvrir.





Toutefois, ayant adoré ce livre, je ne peux que regretter amèrement la mort prématuré de cette fabuleuse Jane Austen, grande parmi les grand(e)s. (bien qu'il m'en reste un tas à lire)

Je finirai par citer Virgina Wolf : « L'artiste la plus parfaite parmi les femmes, l'écrivain dont les livres sont immortels, est morte au moment même où elle commençait à croire qu'elle réussirait. » (The Common Reader)



Ps : Si il y a beaucoup de fautes d'orthographe, veuillez m'en excuser. N'hésitez pas à me le dire car je suis exécrable en orthographe. Merci.

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Emma

C’est l’histoire d’Emma Woodhouse, jeune femme de vingt-et-un ans qui vit seule avec son père dans leur propriété de Hartfields. Sa sœur Isabelle, plus âgée, a épousé John Knightley, dont elle est très amoureuse ; ils ont cinq enfants et vivent à Londres.



Autour de cette famille appréciée de tous gravite Miss Taylor l’ancienne gouvernante d’Emma qui a épousé, à l’instigation de cette dernière, Mr Weston, la jeune femme ayant trouvé dans l’organisation de ce mariage des dons de marieuse qu’elle compte bien réutiliser…



On rencontre aussi Harriet Smith qui devient une amie d’Emma qui veut la faire monter dans l’échelle sociale en lui trouvant un mari de rang plus élevé.



Rajoutons George, le frère de John Knightley, trente-sept ans, Franck Churchill, le fils de Mr Weston, à peu près du même âge qu’Emma, dont l’arrivée est toujours annoncée comme imminente et évoque plutôt l’Arlésienne, Jane Fairfax; un pasteur Mr Elton et nous aurons une petite société fort intéressante vivant dans ce petit village de Highbury.





Ce que j’en pense :





Jane Austen nous dépeint très bien la vie de tous les jours, dans la campagne anglaise, où la principale distraction pour ne pas dire occupation est d’aller chez les uns ou les autres, dîner ou prendre le thé en parlant de la pluie et du beau temps, en prenant bien soin de donner son avis éclairé sur tout.



On prend garde à ne pas s’enrhumer, étant donné la météo, à alimenter la conversation, comme le feu dans la cheminée, en passant par les couvertures dans la voiture. Quand on ne se parle pas, on s’écrit, on se perd en tergiversation pour le moindre petit événement : un piano arrive chez Jane, qui a bien pu l’envoyer ? Dans quel but ? Que cela cache-t-il ?



Bien installée dans son rôle de marieuse qui lui a si bien réussi avec Mme Weston, Emma décide de se remettre à l’ouvrage, en essayant de démontrer à son amie Harriet que le vicaire, Elton est amoureux d’elle, se mettant parfois dans des situations équivoques dont elle a du mal à se sortir. Certes, on aime son enthousiasme, la bienveillance dont elle fait preuve avec son père qui ronchonne tout le temps et n’est jamais content.



Elle est pleine de bonne volonté, intelligente dans sa façon de s’exprimer, de voir les choses quand elle veut bien être de bonne foi. Ce qui donne des joutes verbales avec George Knightley assez agréables, car il n’hésite pas à lui exprimer clairement sa façon de penser.



Elle a décidé de ne pas se marier et de vivre seule, se consacrant à son père. Seulement voilà, elle devient très vite irritante par son snobisme, son esprit de castes, son orgueil aussi qui la pousse à se montrer dure, ironique… Je pense que Jane Austen cherche à la rendre plutôt antipathique au lecteur, en tout cas, elle y parvient très bien…



C’est le troisième roman de Jane Austen que je lis. J’ai bien aimé « Raison et sentiments », de même que « Persuasion ». J’ai eu plus de mal commencer à m’intéresser à celui-ci, car il ya des longueurs, et je n’ai jamais baigné dans l’aristocratie anglaise, donc leurs codes m’irritent un peu, de même que leurs vies étriquées, centrées sur eux-mêmes, (cela leur ferait du bien de travailler un peu quand même…), mais on peut concéder une chose à l'auteure: au moins, à cette époque, les gens se parlaient, ils échangeaient leurs opinions propres, non inspirées des journaux télévisés comme à notre époque. Le stress qui a empli nos vies, ne semblait pas de mise à l'époque, du moins dans la haute société. Était-ce pire qu'à l'heure actuelle, je n'en suis pas sûre...



Les héros ont une certaine culture, ils lisent. Du moins certains. Emma et Jane jouent du piano. Leurs discussions peuvent être intéressantes. Leur côté caricatural s’il heurte au début, les rend attachants et on a une belle description de la société de l’époque, mais aussi de la campagne anglaise, des paysages qu’on visualise sans peine, et comme toujours les thèmes chers à l’auteure sont présents : les sentiments, les émotions, la raison, les préjugés, tout y est très bien analysé.





Cette fois encore, le charme de Jane Austen a fonctionné donc je vais continuer à découvrir son œuvre en gardant « Orgueil et préjugés » pour la fin car j’ai beaucoup aimé le film.



Un pavé de 512 pages qui se laisse dévorer avec plaisir, même si l'on soupire parfois, quand les discussions s'éternisent.



Note : 8,5/10

Challenge Pavés

Challenge 19e siècle
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