Citations de Jean Cocteau (1032)
J'étais sourde, j’étais aveugle. Je découvre les montagnes, les glaciers, la forêt. Je découvre le monde. A quoi bon les orages ? Je suis un orage moi-même, avec mon cheval.
Mon Dieu, arrachez-nous de cette glu informe. Otez-moi les appuis qui m'obligent à marcher en ligne droite. Foudroyez les protocoles et surtout celui de la prudence que je prenais pour de la pudeur. Donnez-moi la force de m'avouer mes mensonges. Terrassez les monstres de l'orgueil et de l'habitude. Faites-moi dire ce que je ne veux pas dire. Délivrez-nous.
On ne rompt pas un peu, monsieur le comte. On se cache ou on se montre. J'ai rayé le terme "un peu" de mon vocabulaire. C'est en faisant un peu les choses qu'on arrive à ne rien faire du tout.
Vous rêvez d'être un chef-d’œuvre, mais un chef-d’œuvre exige la part de Dieu.
Il n'y a pas que le manque de moyens qui oblige à travailler seul. La première fois que mon père a tué un aigle, il n'en revenait pas parce que l'aigle n'avait pas deux têtes comme sur nos armes. Voilà quel était mon père. Un homme rude et charmant.
Moi, je rêve de devenir une tragédie. Ce qui n'est pas commode, avouez-le. On ne compose rien de bon dans le tumulte. Alors, je m'enferme dans mes châteaux.
Depuis la mort du roi, je suis morte. Mais le deuil le plus dur n'est pas une vraie mort. C'est morte comme le roi qu'il me faut être. Et ne pas prendre, pour la mort, une route de hasard où je risquerais de me perdre et de ne pas arriver jusqu'à lui.
Quoi ? Vous me demandez qui vous êtes ? Mais, cher monsieur, vous êtes ma mort.
C'est ma mort que je sauve, C'est ma mort que je cache. C'est ma mort que je réchauffe. C'est ma mort que je soigne. Ne vous y trompez pas.
- Vous êtes folle !
- Il est beau de vous l'entendre dire. Je ne suis pas folle. Je l'ai été. J'ai eu la sottise de l'être de vous.
DÉDICACE
Garros je te
Garros ici
nous
toi Garros
Plus rien que ce silence noir
Morane
un déjeuner à Villacoublay
on voit dans un stéréoscope
toutes tes photographies
Malmaison
La pelouse les abeilles
la harpe de Joséphine une
grosse aile
cassée
…
p.9-10
Le temps est élastique. L'homme le découpe à son usage et s'il le veut change l'heure d'hiver en heure d'été. Le temps ressemble au siècle instantané du songe et à cet orchestre qui joue à Londres et que les ondes nous apportent si vite que nous l'entendons en France avant le chef d'orchestre anglais qui le conduit. Le temps est un système de pliure que la mort seule peut déplier.
Vivre me déroute plus que mourir.
C'est le bateau qui achève de couler.
C'est ma dernière journée sur cette terre.
Comme le cœur et comme le sexe , le rire procède par érection .Rien ne l'enfle qui ne l'excite .Il ne se dresse pas a' volonté .
A trop crier l'on s'enroue. Le dialogue se ralentissait, cessait, et les guerriers se retrouvaient la proie d'une vie réelle qui empiétait sur le songe, bousculait la vie végétative de l'enfance, uniquement peuplée d'objets inoffensifs.
Je sais que la poésie est indispensable, mais je ne sais pas à quoi.
Je ne parle pas anglais. Chaplin ne parle pas le français. Et nous parlons sans le moindre effort.
Je vous pose ce simple problème : un saucisson peut-il avoir le goût du saucisson coupé en tranches et le perdre coupé dans le sens de la longueur ?
Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière.
Un dormeur est le modèle des modèles. On risque en le copiant avec patience de copier l’élément où il baigne et de portraiturer, sans préméditation, l’atmosphère du songe.
"Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi."
Enfoncez-vous bien cette idée dans la tête. Il faudrait écrire ce conseil comme une réclame.
En effet le public aime à reconnaître. Il déteste qu’on le dérange. La surprise le choque. Le pire sort d’une
oeuvre c’est qu’on ne lui reproche rien— qu’on n’oblige pas son auteur à une attitude d’opposition. »