AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Didier Vincent (33)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Ennui à l'école

- Qu'est-ce que je peux faire? Je ne sais pas quoi faire!

- Chante! Écris!

Vous avez peut-être reconnu un dialogue entre Anna Karina et Belmondo dans "Pierrot le fou" de Godard.



Le sujet de l'ennui ne se restreint donc pas à l'école. Quand on s'ennuie, le temps est plus long. Oui, ce " malaise général et vague est d'autant plus pénible qu'il a pour premier effet d'enlever l'énergie nécessaire pour s'en affranchir"( dixit un prof de collège, H. Mallet, en 1862). Tout le monde en a fait l'expérience.



Mais à l'école, il semblerait que, de nos jours, le seuil de tolérance se soit mystérieusement abaissé. L'ennui apparaît alors problématique. Surtout quand l'enseignant est dans le déni [Meirieu, directeur IUFM] Peut-on se prendre à rêver d'un apprentissage sans effort et par le jeu, est-ce scandaleux ?

Il y aurait une forme d'ennui noble, passage obligé de toute acquisition de savoir et, d'autre part, le mauvais ennui qui se déploierait, pour être caricatural, dans des classes poussiéreuses, autour de profs sans enthousiasme, dans la répétition stérile de leçons dépourvues de lien avec la réalité.



L'ennui. C'est sur ce sujet que d'éminents cerveaux de différents horizons- la biologie, la psychanalyse, la philosophie, l'histoire, l'ethnographie et bien sûr l'enseignement-se sont réunis à la Sorbonne en janvier 2003.



Définitions

Selon la neurobiologie, c'est l'inverse de l'activation du cerveau dont la dopamine est responsable. L'ennui se génère par absence de ces stimulations. Il peut être généré dans des expériences en laboratoire, par des situations régulières et répétitives et aussi par privation sensorielle. Dans ces deux cas, la dopamine coule quand même dans le cerveau mais de façon inappropriée, ce qui engendre la violence. A rapprocher avec le phénomène des bandes. L'ennui est fils de la haine [J.Birouste, psychologue].



Chez l'adolescent, l'institution scolaire est en total déphasage avec la culture excitée dont la société enveloppe le corps des jeunes. La vie scolaire lui demande un renoncement à ce que sa culture non scolaire lui dicte. Son ennui est un signe de lutte entre ses passions diverses et sa raison à s'asseoir. Ces études ne lui donneront pas un métier tout fait, ne serait-il pas mieux de recentrer les apprentissages dans cet optique? L'ennui est une épreuve pour la jeunesse. Une épreuve de patience.



Mythes et réalités.

Les écrivains du XIXème siècle ont nourri leurs oeuvres de l'ennui qu'ils ont éprouvé à l'école, qui est à l'époque le lieu exclusif pour instruire et éduquer et si on y ajoute l'internat.

Le futur écrivain concentre deux ennuis: celui du surdoué - qui n'a pas assez d'aliments pour son intelligence - et celui du cancre qui n'est pas concerné et ne se laisse pas prendre par le jeu de la curiosité scolaire. Il va projeter dans ses oeuvres ses idées de révolte nourris pendant sa scolarité.

Exemples: Flaubert et Baudelaire ont été renvoyés pour indiscipline de leur lycée et ont passé leur bac en candidats libres.

Ils dénoncent trois causes d'ennui scolaire: la claustration, le fossé entre le prof et les élèves, et les programmes. [A. Vaillant, prof. de littérature]



Le défi des manuels est de rendre le programme attrayant pour le professeur et pour les élèves. Vers du plaisir visuel sans aller trop loin au risque de déconcentrer

Vers l'aspect ludique...mais en réalité, peu de résultats d'apprentissage par le jeu ( sauf pour les tout-petits). [Audigier, éditrice chez Ermel].



L'enseignant a un rôle fondamental [Birouste, psychologie]. L'époque avec son déluge d'informations, sa frénésie de communication, et l'accélération du rythme de vie rend impossible deux grandes acquisitions qui ont besoin de temps: la construction de la pensée et celle du sentiment. C'est à l'école que cela peut se faire. L'enseignant doit montrer la preuve des bienfaits de la privation à l'élève et pour cela il doit être présent et habiter l'école.

L'enseignant doit ainsi montrer son goût pour les études et apporter les situations de type stage, atelier, réalisation d'oeuvre et de projet qui sont, non seulement appréciés des élèves mais favorisent les échanges et le dialogue entre enseignant et élèves. L'investissement du professeur, son image revalorisée, tout cela amène la confiance dans les aptitudes intellectuelles et sentimentales des apprenants. Il est très important d'établir ce lien social [F.Flahaut, Cnrs].

Des activités de productions sont nécessaires, pas seulement des récitations [Dubet, sociologue] et il faut accroître le niveau des attentes intellectuelles et ne plus différer les réponses aux questions des élèves au rythme des mois ou des années.

En conclusion, dédramatiser l'ennui , qui est inévitable, semble donc nécessaire mais il faut lutter contre lui au mieux. Le projet d'enseigner consiste, selon la maxime des Lumières, à rendre chacun capable de penser par lui-même.

L'école est presque toute du côté du principe de réalité, lequel impose que la jouissance , le jeu, soit différée d'abord et longtemps. Ce qu'il s'agit de faire passer, c'est la richesse du savoir. Le plaisir s'il vient, ne viendra que par surcroît.[A. Comte-Sponville, philosophe].

J'ai pris un certain plaisir à lire ce document sur l'ennui. Je n'ai fait que compiler quelques passages du livre sans ajouter de commentaires. Ces propos, de 2003, sont toujours d'actualité. Ce sont de belles phrases qu'il est parfois agréable de lire. Un nouveau mot s'est ajouté depuis: la différenciation. Encore une belle idée mais difficile à mettre en oeuvre. J'ai constaté qu'une donnée n'est pas assez prise en compte dans le problème de l'échec scolaire, c'est la ségrégation scolaire. A suivre.
Commenter  J’apprécie          296
La vie est une fable

Entre biographie et récit scientifique, un grand neurobiologiste se raconte et raconte l'évolution du vivant sans oublier de remonter au début de la Vie sur Terre, dès que l'occasion se présente à lui.



Le tout est saupoudré d'un humour et d'une intelligence éclatants qui me font dire que  ce genre de petit ouvrage devrait être mis dans les mains des jeunes apprentis scientifiques pour leur donner des ailes.... de chercheur/cheuse.
Lien : http://justelire.fr/la-vie-e..
Commenter  J’apprécie          230
Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste

Voilà la biographie complète d'un homme en avance sur son temps, donc forcément décalé, un géographe, savant reconnu par tous, un homme engagé, anarchiste, et écologiste avant l'heure. C'est un livre passionnant, d'autant que l'auteur aime visiblement son sujet, c'est érudit, documenté, peut-être écrit d'une façon un peu trop classique et conventionnelle. Et encore : l'auteur y va de temps en temps de sa patte. !

Reclus mis à part, on y rencontrera des figures passionnantes, Kropotkine, Bakounine, Ravachol, Caserio et bien d'autres et on voyagera sur tous les continents à la découverte de territoires à peine explorés.

A lire avant tout pour découvrir un homme exceptionnel, encore bien trop méconnu et auquel l'avenir rendra bientôt sa juste place dans l'histoire des idées, j'en suis sûr.
Commenter  J’apprécie          150
Qu'est-ce que l'humain ?



Les éditions de vulgarisation scientifique Le pommier et Universcience éditions se sont unies pour nous offrir ce recueil de trois conférences données à la Cité des Sciences, par deux scientifiques, un neurologue et un paléoanthropologue et un philosophe sur une question essentielle : qu’est ce qui définit l'être humain.



Pour Didier Vincent , ce qui différencie l’homme c’est le langage et le sexe.

Pascal Picq retrace d’abord l’histoire de l’anthropologie issue de l'étude de la préhistoire, passe en revue certaines pratiques l’interdit sexuel, la vie sociale, la chasse et le partage de la nourriture….Puis il s’intéresse lui aussi au langage. Je ne résiste pas au plaisir de vous relater une expérience avec la chimpanzé Sarah qui communiquait avec le langage des signes. On lui donna une série de photos d’humains et chimpanzés qu’elle connaissait, en lui demandant de séparer humain et chimpanzés. Ce qu’elle fit sans problème mais en se rangeant parmi les humains. Un détail qui m’a étonnée, Pascal Picq précise que parmi les chimpanzés il y avait son père, mais un singe a t il la possibilité de savoir qui est son père ?

Quant à l'exposé de Serres, je n’en ai pas vu le fil directeur.



Alors maintenant après avoir vu la nature et la culture est-ce que je sais ce qu’est l’Homme. Non pas vraiment.



Commenter  J’apprécie          150
Biologie des passions

Un ouvrage qui dépasse nettement le cadre des passions qui font l'objet du titre.



Y sont également convoqués pour passage au crible des hormones et autres synapses: le désir, le plaisir, l'amour!



Simple juxtaposition? Evidemment non! Ainsi JD Vincent avance par exemple que "peut être n'y a t-il pas très loin du désir à ce que d'autres appellent l'amour" ( tout en précisant plus loin " . Ou via Bossuet: " ôtez l'amour, il n' y a plus de passion, reposez l'amour, vous les faites toutes naître."



Mais sans surprise l’essentiel est consacré à la "chimie" comme en témoignent plusieurs sou titres:

- la chimie des passions

- la chimie du plaisir....

Avec cet extrait comme illustration: "il suffit de l'injection dans une région déterminée de l’encéphale, d'une infinitésimale quantité d'un certain peptide pour déclencher chez l'animal la séquence complète de son comportement amoureux depuis les travaux d'approche jusqu'à la consommation de l'acte".



Revenons aux passions:réduites un moment au rôle de simple rappel à la norme, de rétablissement d'un équilibre antérieur, selon les principes de l’homéostasie, elles voient leur rôle étendu plus loin en celui d'un régisseur des rapports de l’être avec le monde, ayant pour dénominateur commun le désir et le couple plaisir / aversion. Elles assurent la gestion de la vie et la survie de l’espèce".

Les parallèles avec les expériences sur les animaux sont nombreuses... et peu flatteuses pour l’ego humain... qui voit sa spécificité réduite à quelques exceptions dans l'explication de nos comportements.

L’intérêt de ce livre réside aussi dans la forme du questionnement et de sa discussion, de propositions qui viennent se compléter même si elles peuvent parfois si ce n'est se contredire, du moins mitiger le principe que l'on croyait établi quelques lignes avant.



Enfin l'auteur, Jean Didier Vincent prend du recul et ne cherche pas à nous proposer une thèse expliquant les passions par la neurobiologie. Certes il montre des proximités étonnantes.. et qui suscitent la réflexion, mais à maintes reprises il montre aussi les limites voire les erreurs et contresens que provoqueraient des explications exclusivement neurobiologiques. Et souvent avec humour, ce qui rend la lecture ... plus facile!

Commenter  J’apprécie          90
Voyage extraordinaire au centre du cerveau

Livre intéressant, passages parfois longs et ardus pour les non-initiés
Commenter  J’apprécie          90
Voyage extraordinaire au centre du cerveau

La première question à se poser au commencement de cet ouvrage est la suivante: à quoi ressemble notre cerveau? A un immense réseau autoroutier sans doute, avec ses neurones, sa conscience, son esprit et son âme. Mais le cerveau est plus que ça, il est le système le plus complexe de notre corps. Nous n'en connaissons presque rien. Ses deux hémisphères, d'abord, son cervelet...Un travail à laisser aux spécialistes. C'est ce que fait très bien ici Jean-Didier Vincent.

Le cerveau est aussi l'épicentre de l'amour. C'est là qu'il se créé. C'est là qu'il meurt aussi. Comment tout cela se produit-il? Jean-Didier Vincent l'expose avec clarté et précision. Mais il ne s'arrête pas là. Il sait aller plus loin, jusqu'à la cause de l'amour. Sa cause, et ses conséquences, sur nous, et sur les autres.

Si je parle autant d'amour, c'est parce que c'est pour moi une chose essentielle à la vie, comme le cerveau l'est à notre corps. On peut se passer d'un doigt, d'une main, mais pas d'un cerveau. Il est notre machine à fabriquer. Notre machine à penser.
Commenter  J’apprécie          90
Le cerveau expliqué à mon petit-fils

"Le cerveau expliqué à mon petits-fils" est un ouvrage se voulant didactique et ludique. JE considère que l'auteur rate sa cible, le propos étant aussi complexe que le sujet exposé. Le cerveau est composé de différentes aires spécialisées. Sans cerveau, on ne peut pas vivre. Il traduit toutes les informations internes (organes, corps) et externes (environnement) en actions, en sensations. En 1929, on découvre l'existence de l'électricité dans le cerveau décomposée en différents rythmes qui permettent de diagnostiquer des pathologies (tumeurs, épilepsie, aphasie...). Le cerveau est une sorte super d'ordinateur organique avec ses différentes mémoires. L'auteur aborde la la chimie en étudiant les fonctions végétatives (la faim, la soif, l'amour). Il y a souvent des termes techniques qui alourdissent le texte.

Finalement, c'est un ouvrage d'une centaine de pages, dense et ardu qui intéressera plutôt les jeunes mordus par ce sujet.

J'aimerais un cerveau hédoniste mais aussi ascétique. Est-ce un vœu pieux ?
Commenter  J’apprécie          60
Biologie du couple

Livre imposant et “savant” de 350 pages, traitant des rapports de couples (et d’accouplement !) divers des espèces dans une première partie. Je me suis toutefois, je l'avoue, beaucoup plus attardé sur la seconde partie, concernant notre espèce “Homo sapiens” …

J.-D. Vincent nous dépeint avec son espièglerie coutumière tant appréciée, la trame de toute cette « affaire de couple » dans son évolution jusqu'à notre époque dite “moderne” dans toute sa “nudité” et parfois sa complexité, pourfendant avec humour et “amour” certaines idées reçues … !

Posant sont exposé de « La Naissance de l'Humanité » en passant par « Le Couple et l'Amour aux temps Préhistoriques » jusqu'au « Vivre le Couple Aujourd'hui », il y rend un bel hommage au “genre Féminin” dans son ensemble, ce qui met en perspective « une humanité possible » pour demain, si nous voulons bien abandonner certaines habitudes de comportements déplorables en la matière ! Mais ça, c'est une autre affaire !
Lien : http://www.versautrechose.fr/
Commenter  J’apprécie          50
La vie est-elle sacrée ?

Compte rendu d'un dialogue sous forme de “controverse” entre Jean-Didier VINCENT, humaniste en sciences neurobiologiques et Jacques ARNOULD théologien et “Frère” dans l'ordre des Dominicains.

À peine quatre-vingt pages, mais quelle intensité, quelle “profondeur de champ” dans l'investigation du sujet donné !

Pour ce qui nous concerne “il n'y a pas photos” à l'arrivée … !

Le théologien dans les pages 34 et 48, nous confirme que sa tradition « chrétienne Constantinienne » a été le lieu d'une “véritable entreprise de désacralisation” de la Nature. Le “sacré” étant l'espace du “fanum” (mis à part, séparé, investi d'une “pureté inatteignable”), scindé de l'espace qui l'entoure, dans un lieu, le “temple” dont les “clés” sont détenues par les clergés et ses prêtres bien évidemment !

“Quid” de ce “Dieu” qui “aimerait la vie” tout en en étant séparé, avant la néolithisation des sociétés humaines ?

Ce concept nous est parvenu dans l'élaboration de la civilisation de « l'Âge du Bronze » (+/- 3 000 ans a.v. J.-C.) ; c'est la culture dite « d'El Argar » où l'on voit se développer une structure de castes régnant par la violence spécifiquement armée, sur et contre une population en vue d'un développement économique, et qui se termine plutôt mal … Vint ultérieurement l'apparition des « tueries organisées » appelées “guerres”* et leurs développements dans l'économie des sociétés … chacune avec leur clergé ayant leur propre interprétation de ce qu'il fallait entendre par “Dieu” ou “Divinité” etc ...

À notre humble avis si il y a un avenir à la “destinée humaine”, ce n'est pas par là que nous allons la trouver … !



* (par exemple : chez les « Samee » [Finlande] dans la tradition des « noaidi » au masculin et « noaidekalcko » au féminin, le terme de “guerre” n'existe pas ; ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas parfois de la violence sporadique, mais c'est tout autre chose !)
Lien : http://www.versautrechose.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste

Après des décennies d'oubli suite à une très vaste renommée de son vivant, nous connaissions, grâce à Yves Lacoste, l'auteur de l'immense traité encyclopédique Nouvelle Géographie Universelle se composant de quelques vingt mille pages rédigées au cours de presque deux décennies, ainsi que d'une vaste série d'autres ouvrages géographiques aussi ambitieux que novateurs.

J'ignorais, pour ma part, les deux autres volets que le célèbre neurobiologiste Jean-Didier Vincent met en exergue de la biographie de son héros concitoyen : l'anarchiste et l'écologiste. Je retire en plus de cette biographie amoureuse sous forme d'épopée, dont le style parvient sans doute à s'identifier avec celui du géographe, le portrait d'un homme aussi exceptionnel qu'emblématique de son éducation et de son temps.

L'éducation, caractérisée par l'austérité ainsi que par l'omniprésence des sentiments de justice et de religiosité, c'est celle du protestantisme de son pasteur de père, poursuivie dans ses études théologiques en Allemagne. Elle aura pour conséquences sa première révolution intime, qui le mènera à un athéisme militant, mais aussi à une grande et précoce aise à voyager et à s'établir à l'étranger - Allemagne, Angleterre, Irlande, Louisiane, Colombie, Suisse, Algérie, Belgique. Peut-être également, sur un plan plus métaphysique, le dirigera-t-elle vers ses relations si étrangement fusionnelles avec la Terre et avec l'Homme (deux maîtres-mots de toute son oeuvre), sans parler des femmes, aimées jusqu'à la fin d'amours libres et librement consenties défiant tout le choc et la réprobation de l'époque, trois objets d'amour donc, inconditionnel, sur lesquels il déversera par l'exploration, le nomadisme et la fraternité (de l'une et des autres pareillement), son chant d'espoir ininterrompu, ainsi que toute son espérance transcendantale muée du religieux.

Issu de son temps aussi. Comme tous ces hommes épris de liberté, dont la jeunesse se forgea en 1848 et l'âge adulte connut les pires humiliations morales et vexations physiques -réclusion, exil - en 70, à la suite de leur engagement pendant la Commune de Paris ; sans oublier l'ostracisme définitif de l'institution universitaire ni les constantes tracasseries policières qui le repoussèrent souvent hors de France.

C'était le lot de ces idéologues de l'entraide et de la solidarité universelle, parmi lesquels il eut sa place auprès notamment de son "frère fratrissime" Elie, son alter ego réservé et pessimiste, avec qui il vécut longtemps, ainsi que de son ami de toute la vie, Kropotkine. Son célèbre discours de février 1905, prononcé le lendemain de la tentative de révolution russe et quelques semaines avant son décès, donne le ton de cet anarchisme plutôt distant du style pamphlétaire, par son degré élevé d'abstraction et d'idéalisme. A noter aussi sa perspective d'origine protestante, centrée sur la responsabilité individuelle ainsi que sur ce qui se comprend aujourd'hui comme une révolution tout intime dans l'accession du sujet à la liberté, notamment dans la question des relations homme-femme.

Cette position excentrée révèle à la fois sa gêne par rapport aux actes violents de certains anarchistes de la dernière décennie du XIXe s. - la "terreur noire" - notamment "l'admiration ambiguë qu'il portait à Ravachol" (p. 335), et aussi ses propres contradictions sur la question coloniale, alors même que l'une de ses grandes causes avait été la dénonciation de l'esclavagisme.

L'écologisme de Reclus, enfin, recèle aussi une part de contradiction, dans la mesure où une dénonciation très précoce des dangers d'épuisement des ressources naturelles ainsi que de ceux de la technique à l'égard de la conquête individuelle de la liberté ne lui fut pas suffisante à se soustraire au positivisme et à la foi dans le progrès, si propres à son temps.



PS. "Comment admirer, aimer la petite individualité charmante de la fleur, comment se sentir frère avec l'animal [...] quand on ne voit pas aussi dans les hommes de chers compagnons, à moins pourtant qu'on ne les fuie à force d'amour, afin d'éviter les blessures morales qui viennent du haineux, de l'hypocrite ou de l'indifférent. " (E.R., L'Homme et la Terre, cit. p. 405).
Commenter  J’apprécie          40
La chair et le diable

J.-Didier VINCENT, dans cet essai* jubilatoire se fait “avocat du diable” zélé, souvent plein d'humour parfois truculent, m'a tout bonnement “fasciné”... ! Et pour cause, l'exploration du cerveau, où le “démon” a installé sa capitale illusoire dans les réels du temporel de notre quotidien ... c'est magistral, et ... troublant !

Ce livre nous donne l'occasion d'une profonde méditation sur la condition humaine et la possibilité d'une vaste réflexion sur notre responsabilité du Vivant. Il met particulièrement en exergue l'importance primordiale de l'attention que nous devons avoir envers nos jeunes enfants si nous voulons envisager de sortir des états et comportements de “vandales”. La science ne peut, et ne pourra pas tout !



---

* — avec “moult” croquis et dessins explicatifs
Commenter  J’apprécie          40
Le coeur des autres : Biologie de la compas..

J.-Didier VINCENT nous parle ici, à chacun et chacune, “au cœur et à corps” avec chaleur fraternelle d'un sujet éculé et rentabilisé, par les “religiosismes” de tous les pays, la « compassion » et son corollaire en revers-pervers humain « la contre-passion* », avec son esprit parfois taquin empreint de bonhomie, mais néanmoins profond, brillant par sa maîtrise du sujet !

Il nous propose tout au long de ce livre “qui se lit tout seul”, nous emmenant vers une reformulation de ce qui constitue à proprement parler “notre possible humanité”, de faire le point sur ce qui nous “habite”, nous Humain.

C'est un appel à retrouver courageusement le “Travail en Soi” sur le goût de l'Autre qui donne son sens à l'amour du prochain indépendamment des “puissants de la Foi” de tous bords ...

---

* — “contre-passion” dont il est beaucoup moins question dans ces milieux, c'est “moins vendeur” sans doute, peut ragoutant et cependant l'histoire de l'humanité est assourdie de son omniprésence quotidienne !
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
Commenter  J’apprécie          40
Biologie des passions

Une sacré somme, ma foi. Ne vous trompez pas, ce livre est bel et bien un ouvrage scientifique, rempli de références, à renforts d'études et théories, et rigoureux. Mais ce qui est intéressant, c'est que Jean-Didier Vincent a un ton personnel, ses idées et ses opinions. Et il en parsème son livre, ce qui rend la lecture possible, et plaisante par moments, au-delà de l'apport informatif !

Il est poète aussi ce Jean-Didier, ses intros et outros respirent littérature. Là aussi, fait du bien par où ça passe.

Concernant le contenu, je ne vais pas m'appesantir, le propos est en tout cas de démystifier, démythifier tout un tas d'idées sur les émotions et les passions. Redonner une juste place à la recherche en laboratoire sur les rats et sur la recherche tout court. Et encore plus essentiellement, de casser l'idée selon laquelle ce serait soit l'esprit-cerveau qui dirige tout, soit les hormones, soit le contexte culturel, soit la génétique; Non pas du tout, pas de "machines solitaires", mais bien une sorte de système central fluctuant qui accumulerait l'ensemble pour donner ceci ou ça.

Il brasse plein de choses, les sens, la sexualité, le désir... en partant de la biologie, de la cellule jusqu'à l'anthropologie et des aspects philosophiques et poétiques.

Bref, je me répète une somme, assez passionnante (jeu de mot facile), au minimum très intéressante, mais pointue et exigeante, comme son auteur, je crois.



Commenter  J’apprécie          30
La chair et le diable

Peut-être ne suis-je pas assez intelligent, mais je n'ai absolument rien compris à ce que raconte l'auteur, qui semble passer plus de temps à vouloir construire d'interminables phrases alambiquées plutôt que de vulgariser son propos et de le rendre digeste.
Commenter  J’apprécie          21
Désir et mélancolie

Voilà déjà deux fois que je m'y reprends à 15 jours d'intervalle et je ne comprends toujours pas qui parle par moment dans les premiers chapitres. Cela m'agace donc profondément. Dommage car la 4ème de couverture me paraissait attrayante...
Commenter  J’apprécie          20
Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste

Une superbe biographie au profil d'une vie passionnante. A travers la vie d'Elisée Reclus, c'est la naissance de notre société moderne que nous suivons. Grâce à de nombreuses citations, Jean-Didier parvient à nous faire sentir ces évolutions telles que Reclus les a vécues.

Ce livre donne envie de lire beaucoup d'autres livres (sur l'anarchisme, sur la Commune de Paris) et c'est le plus beau compliment que l'on puisse faire à un livre.
Commenter  J’apprécie          20
Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste

J’ai tenu 50 pages. Récit au passé simple comme une mauvaise rédaction de 6e, notes en fin de livre, jugements gratuits, conclusions hâtives, tout ce que je n’aime pas dans une biographie. Je crois que je vais directement me plonger dans l’oeuvre d’Elisée Reclus. C’est plus sûr.
Commenter  J’apprécie          20
Voyage extraordinaire au centre du cerveau

Une superbe démonstration de Jean-Didier VINCENT, toujours avec cet esprit espiègle, d'un brillant scientifique et grand humaniste.

Cet ouvrage imposant, nous offre un “voyage” (qui toutefois demande toute notre attention, ce n'est pas une “balade” anodine), en profondeur sur le mode de nos fonctionnements, et tout en étant “savant” (avec moult croquis explicatifs) il nous ancre dans notre humanité et sa singularité manifestée … … !

Cet humaniste en science, nous pose dès le début cette singularité d'apparence (seulement !) inconciliable entre notre “individuation” et notre impossibilité d'être sans autrui, dans un “grouillant” et incessant remodelage de notre neuroplasticité, qui nous interpelle quant à ce que nous sommes, nous autres humains !

« Le climat du cerveau est particulièrement incertain. » nous dit-il … (p. 64)

Il souligne l'importance des interactions des stimulations environnementales qui agissent sur la plasticité neuronale, créant de nouveaux circuits, alors que les traits individuels innés restent les mêmes ; le sommeil paradoxal y jouant un rôle fondamental d'équilibre.

Il rappelle par ailleurs, n'en déplaise aux esprit chagrin de tous bords, un trait fondamental de l'espèce humaine ; sa nature omnivore (p. 121), sans laquelle il ne serait tout simplement pas pas ce qu'ils est !

J.-D. Vincent attire également notre attention sur la relation de « l'image mentale » et de la “pensée” dans les fonctions du langage, qui est le propre de l'humain.

« Les mots, les phrases ne serviraient à rien s'ils n'étaient reçus par un destinataire. » (p. 394)

« Les mots ne sont pas seulement “des sons chargés de sens”, ils sont aussi porteurs d'une émotion qui pointe vers l'auditeur à la façon d'un aiguillon ou se répand sur lui comme une liqueur bienfaisante. »

(p. 397)
Lien : http://www.versautrechose.fr/
Commenter  J’apprécie          20
La vie est une fable

Épopée de la VIE et de l’évolution à travers une multitude de détails et d’anecdotes croustillantes;

Le fondement est scientifique mais l’approche burlesque.

Cela n'empêche pas l’auteur d’insuffler les idées les plus récentes quant au liens de parenté qui unissent certaines espèces et quant à la notion de LUCA ( last universal common ancestor).

Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Didier Vincent (240)Voir plus

Quiz Voir plus

Candide

Où se situe le château du baron au début de l'histoire ?

En Normandie
En Angleterre
Aux Pays-Bas
En Westphalie

12 questions
3448 lecteurs ont répondu
Thème : Candide de VoltaireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}