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Critiques de Jean-Guy Soumy (214)
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Le voyageur des bois d'en haut

Avant tout , qu'il me soit permis de remercier très sincèrement les éditions des " Presses de la cité " et Babelio , bien sûr , pour l'envoi de ce délicieux roman dans le cadre d'une masse critique.

Jean Guy Soumy est un auteur chevronné très attaché à ses terres limousines , auteur de l'extraordinaire trilogie des " moissons délaissées " qui ont marqué le début d'une belle histoire littéraire, originale et sensible et toujours bien documentée .

Le récit débute sur le " plateau de Millevaches " , le plateau des " mille sources " où la famille de Camille vit si chichement que son père doit , chaque année aller " limousiner " à Lyon pour assurer la subsistance des siens. Son décès précipite Camille dans une nouvelle vie qui va lui réserver bien des surprises et le lancer sur un chemin bien difficile , sur les pas d'un père qui n'était peut - être pas celui qu'il connaissait , celui dont il attendait chaque année le retour de " campagne ".

Au cours de cet ouvrage , on va découvrir la vie terriblement difficile des limousinants , cette même vie qui va transformer le jeune garçon , tant sur le plan physique que moral , en homme déterminé .D'étape en étape , le jeune homme va se construire en levant , les uns après les autres , les pans de l'histoire de son pére , en démêlant les mystères qui lui font , pour un temps , perdre ses illusions quant à l'intégrité morale de l'être adoré et brutalement renversé de son piédestal ....La quête sera longue , difficile , les épreuves nombreuses et l'issue incertaine .Camille parviendra - t - il à se construire ? Et à quel prix ? On le suit avec une émotion de plus en plus vive , de plus en plus ancrée en nous .

C'est un roman sensible où les sentiments contradictoires , les illusions et désillusions , n'épargneront ni les personnages , ni les lecteurs .

Comme je vous l'ai déjà dit , Jean - Guy Soumy sait traduire une atmosphère particulière dans chacun de ses livres . Il est vrai que sa connaissance formidable de son terroir et ses perpétuelles et solides recherches lui confèrent une reconnaissance unanime .

Et puis , je vous l'avoue , j'ai le même âge que lui , comme lui je suis creusois , et , comme lui , je suis très attaché à ce Limousin souvent décrié .Et s'il a été professeur à " l'école normale d' Instituteurs " de Guéret , j'y ai été élève- maître.... De là à penser que je manque d'objectivité....Si vous le croyez , lancez- vous à la découverte de ses romans : vous constaterez vite qu'il n'a vraiment pas besoin de soutiens ....
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Le voyageur des bois d'en haut

.

Du plateau des Millevaches en Limousin , les hommes des hautes terres partaient à pied , besace au dos , vers l'est , dans la vallée du Rhône , jusqu'à la frontière italienne ou encore à Paris , partout où les grands chantiers de construction offraient un emploi saisonnier , abandonnant la famille et souvent la ferme pour plusieurs mois .



Ce roman de terroir va s'ancrer dans la période hausmannienne mais aussi retracer les événements historiques liés au traité de Turin de 1860 : la France revoit ses frontières car elle reçoit le comté de Nice et le duché de Savoie .

Voilà donc la toile de fond du récit et on va suivre le périple d'un jeune homme , son évolution .

Camille n'a que 16 ans quand il part " limousiner "avec son oncle vers Lyon . Il va s'instruire , apprendre un métier et construire son avenir tout en recherchant son père disparu .



Si l'histoire contée est plutôt classique pour le genre , elle offre surtout de l'intérêt par son côté documentaire : on revisite certaines facettes de la construction de notre pays tout en mesurant le sacrifice humain .

Beau travail d'investigation . Un hommage à la noblesse des artisans , des artistes qui nous ont laissé des chefs -d'œuvre .

Et , bien sûr , c'est aussi un roman social .

De lecture agréable , il est servi par une belle écriture , simple et fluide et agrémenté d'histoires d'amour teintées d'un peu de mystère . Il en faut !



Alors , j'ai bien aimé remonter le temps , aller par les chemins, les villages , la montagne et rencontrer des personnages intéressants .



Merci à l'équipe de Masse Critique et aux Editions des Presses De La Cité qui , par ce roman de la collection " Terre de France " m'a permis de découvrir l'œuvre de Jean-Guy Soumy .















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Une femme juste

Jean- Guy Soumy a acquis ses superbes " lettres de noblesse " avec son extraordinaire trilogie des " Moissons délaissées " . C'est un incontestable écrivain , qui , depuis cette première production , n'a eu de cesse de varier ses écrits et montrer l'étendue de son immense talent .Hélas , ce premier succès lui a valu un classement " auteur du terroir " qui , sans être péjoratif, loin de là , l'a quelque peu " marginalisé " . Ajoutons - y une discrétion tout à fait louable de sa part , mais malvenue dans un milieu sans concession , et nous aurons l' explication d'une reconnaissance très largement insuffisante eu égard à son rayonnement . Jean - Guy Soumy excelle dans bien des domaines et a su aborder des sujets trés variés : ruralité, régionalisme, psychologie , histoire , aucun domaine ne lui est interdit .

Dans ce roman , nous faisons la connaissance de Blanche , une retraitée qui , avec sérénité , coule des jours paisibles sans se douter que l'intrusion dans sa vie d'une certaine Pauline va bouleverser son paisible quotidien . le " problème " exposé, c'est un parcours peu commun qui va amener à se rencontrer deux femmes que rien ne semblait devoir réunir. Et pourtant . C'est mal connaître L Histoire. C'est mal connaître Jean - Guy Soumy . C'est mal connaître la vie ....

Bien sûr, le thème n'est pas inédit. Une vieille dame qui , au terme de sa vie , croise celle d'une jeune femme... Les juifs et la guerre , oui , pas forcément novateur mais...

La route est longue mais l'osmose s'opère... L'une revit son passé, l'autre prépare son avenir et , pour cela , doit s'appuyer sur certains aspects méconnus de son histoire .... Deux destins . Une quête commune , deux mains enlacées , deux mains plus fortes et les réminiscences du passé pour l'apaisement et l'espoir . Combattre les vieux démons pour se libérer et ...se construire .

Jean- Guy Soumy nous fait suivre la destinée de ces deux femmes si différentes et finalement si proches qui éclaboussent le roman par leur omniprésence . Les personnages secondaires sont tout aussi émouvants mais...ne sont que secondaires . Ils n'en sont pas moins indispensables...

Jean - Guy Soumy écrit bien . Il le confirme . Ses personnages sont travaillés et bien campés dans leurs rôles, notamment les émouvantes Blanche et Pauline .Ce roman suit une courbe qui va " crescendo " et si le dénouement n'est pas inattendu , il n'en reste pas moins émouvant.

Après, oui , il manque peut - être un peu d'émotions dans les propos et attitudes des personnages . Peut - être. Mais le lecteur est tellement pris que , de lui - même, il la maîtrise , cette émotion, mieux même , il la vit ....Je suis chauvin . Soumy est limousin , moi aussi . Il aime la Creuse , moi aussi . Et alors ? Cette lecture est super et ...je vous la conseille . Blanche et Pauline , vous allez forcément les aimer..

La CREUSE regorge de talents .Jean - Guy Soumy en est un .
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Les moissons délaissées, tome 1

Après avoir lu le dernier roman de Jean - Guy Soumy , le très beau " Une femme juste " , j'ai voulu me pencher sur " ma rencontre avec cet auteur , limousin , comme moi , et creusois , comme moi. Et là , je vous l'assure , " les bras m'en tombent " . Quoi ? Quatre critiques ? Mais c'est impossible , il y a eu un " bug " ? Alors oui , je suis chauvin , je suis creusois, mais oubliez tout ça . Paris s'est peuplée de gens qui venaient de toutes les provinces françaises, on s'installait entre " pays " dans la ville lumiére ...Les aveyronnais , les auvergnats , les bretons , les limousins ...Tout le monde " limousinait " , essayait de survivre , de gagner sa croûte, montait à la capitale . Jean Guy Soumy s'est plongé dans l'histoire de son département, de sa région, de ses ancêtres qui , il n'y a pas si longtemps , ont cherché un Eldorado et ont trouvé des chambres de bonnes , des tripots , des " maisons de famille " , ont connu le long chemin parcouru à pieds , les " sous " laborieusement gagnés pour nourrir femme et enfants restés au pays , parfois atrocement dérobés par des hordes de " malfaisants " à l'affût sur le chemin du retour ....Alors , oui , Soumy parle des limousins, ces maçons spécialistes d'un métier dont personne ne voulait ....Là , les limousins , ailleurs , chères amies , chers amis...vos voisins , vos compatriotes ....vos " anciens " ...votre histoire ...

J'ai appris énormément de choses avec " Soumy " , et d'autres auteurs trop vite classés " terroir " mais qui ont rendu de grands et beaux hommages à tous ceux et celles qui , pour échapper à la misère, ont marqué le début de l'exode rural ..... Et aujourd'hui , Covid oblige , le balancier s'inverse . Nécessité fait loi , il est des livres qui font référence en mêlant petite et grande histoire . Lisez " Les Moissons délaissées " . Outre le fait que vous vous sentirez un peu limousin ( ...pas trop , hein , si vous saviez comme on y vit bien, en Limousin , on partage , mais juste ce qu'il faut ..), vous allez retrouver un pan de votre propre histoire .Une fois ouvert , impossible de refermer ce livre , le premier d'une trilogie menée de mains de maître et , de surcroit , fort bien écrite . J'ai , à plusieurs reprises , offert ce bouquin à des amis ....Je ne suis fâché avec aucun ....C'est un signe , non ? Oui , je sais , je fais comme Maurice là , " je pousse le bouchon un peu loin " .Et pourtant , ils ont tous acheté les tomes suivants .Bonne lecture , la trilogie est parue en poche et... Jean Guy Soumy a continué, et fort bien , à écrire...pour mon plus grand plaisir et , je l'espère, pour le vôtre aussi. C'est le but de ce partage .



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Une femme juste

Je ne connaissais pas Jean-Guy Soumy et je dois dire qu'une femme juste est une très belle découverte.

Une sorte de sésame pour les enfants cachés de la seconde guerre mondiale. Cette phrase citée d'Hanna Arendt dans le roman imprègne celui-ci.

" Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres".

L'écriture de ce roman est douce, tendre à l'image d'une histoire d'amour unique.

Blanche, une enseignante à la retraite vit paisiblement dans sa maison de Draguignan jusqu'au jour où Pauline, une jeune femme perdue dans ce monde, la rencontre.

Cette rencontre n'est pas fortuite, Pauline sait que Blanche fut une amie de sa mère.

Mais elle ne connaît rien de son histoire, de sa vie..

Jean-Guy Soumy avait une écriture parfaitement maîtrisée va nous restituer pas à pas les morceaux de ce puzzle qui relient ces trois femmes.

Il serait dommage de dévoiler ces secrets dela grande Histoire et de celle d'êtres humains.

Je vous laisse la découvrir, avec cette belle écriture qui s'enroule autour du Temps, de lieux comme cette région : La Creuse qui paraît si froide pour qui ne l'a connaît pas.

Un petit roman bouleversant qui rend hommage aux courages des hommes dans le malheur, dans la noirceur de la guerre.

Un petit roman qui honore la mémoire de ceux qu'on appelle aujourd'hui : Les Justes.
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La chair des étoiles

Témoignage précieux sur fond historique bien documenté à propos de la condition féminine et la vie quotidienne des femmes tout au long des épreuves de la grande guerre , de leur exploitation à la Manufacture de Saint - Étienne où les «  munitionnettes » , comme on les appelle , assemblent des armes : des mitrailleuses notamment .

Elles fabriquent des armes qui vont causer chez d'autres tout le malheur qu'elles redoutent pour leurs soldats de maris, de pères ou de frères jusqu'à en crever d'épuisement ....



Nous suivons le destin d'Anna ,paysanne creusoise , durement exploitée , obsédée par Pierre , son mari muré dans sa douleur d'homme blessé , devenu dur , amer, blessant , revenu en permission , au contact avec l'horreur des tranchées .....



Mais Anna, amoureuse de Simon , un jeune juif rescapé d'un camp de prisonniers en Allemagne , ouvrier à la manufacture de Saint- Étienne oublie, qu'en temps de guerre , les femmes mariées , à cette époque ne disposent pas d'elles même .



Dénoncée , elle sera incarcérée pour adultère .

La petite paysanne creusoise , ayant tout perdu , devenue photographe reconnue à l'international , publiera des clichés de la vie quotidienne des françaises , de vies saccagées et des paroles de femmes blessées , enchaînées à des machines , puis témoignera pour ceux et celles durant la deuxième. guerre , dont les noms ont été balayés par l'HISTOIRE ET LA BARBARIE NAZIE .

Un point de vue à propos de la CONDITION FÉMININE très rarement évoqué , une oeuvre sensible , profonde , puissante où la Creuse , terre de naissance de l'auteur tient une grande place jusqu'à l'horizon lointain des grandes villes des USA , en passant par la condition ouvrière des femmes jusqu'à leur lointaine émancipation .



Trait d'union entre passé aride et présent hanté , l'auteur restitue avec talent l'extraordinaire épopée de l'engagement des femmes du Comité Américain pour les régions dévastées , le CARD de la Picardie à Paris , à Saint - Étienne , les femmes , piliers de l'effort de guerre ....

Merci à l'auteur pour son travail de recherche allié à un immense talent de conteur .

C'est mon 2 °ouvrage de JEAN - GUY . S et sûrement pas le dernier .
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Le voyageur des bois d'en haut

Voici un roman historique du terroir passionnant comme sait les écrire cet auteur découvert avec bonheur il y a peu grâce à un ami de Babelio .



Comme d’habitude , JEAN GUY . S , très attaché à sa Creuse natale, a réalisé un énorme travail de documentation.



1860 : À seize ans Camille quitte sa mère pour rejoindre les «  limousinants » , ces paysans creusois courageux, itinérants et durs au mal : du plateau des Mille Vaches en Limousin , les hommes des «  hautes terres » partaient à pied, baluchon sur le dos vers l’est et la vallée du Rhône , vers la frontière italienne parfois et même jusqu’à Paris .



Ils quittaient leur petite ferme pauvre , leurs femmes et leurs enfants plusieurs mois , partout , en cette période hausmannienne , transformation et modernisation , d’immenses chantiers de construction leur offraient un emploi saisonnier , autant de prestigieux ouvrages que des tunnels : ils devenaient maçons , couvreurs, bâtisseurs …..



L’auteur se penche avec attention sur la vie de ces paysans creusois qui pouvaient passer onze heures par jour sur les chantiers , de six heures du matin à 19 heures sans se plaindre .

Dur apprentissage pour Camille «  Monter et descendre » sans relâche » , participer à ces chantiers auprès de son oncle le dos couvert de pisé dans le panier en osier renversé par maladresse sur les barreaux de l’échelle , courir tout le temps , le mâchefer et la chaux lui brûlent la nuque , souvent un voile noir passe devant ses yeux . ……



Mais la seule chose qui intéresse vraiment Camille et le motive , c’est suivre les traces de son père, il est loin de se douter de la vérité .



Je n’en dirai pas plus….



Le livre est riche d’enseignements: corporation des marchands, métiers de la construction, il dit : la douleur, le danger , l’obstination , le travail et le courage, l’ombre maléfique d’un secret de famille , le déchirement , la révolte, puis l’acceptation et le pardon tardif …



Une itinérance initiatique émaillée de révélations, de rencontres ,de mensonges , de jalousie ,de manques , d’oublis, au détour d’un très long voyage , histoire émouvante, riche , originale et magnifiquement documentée !

La plume de l’auteur est fluide , sensible et forte à la fois, poétique , descriptive et imagée.

Je rends hommage à son travail documentaire et à son immense talent de conteur .

Un ouvrage facile à lire mais prenant !

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Le Congrès

C'est en cherchant un troisième livre de cet auteur découvert v il y a peu grâce à mon ami Jean - François que je repère ce roman historique au titre intrigant .

Ah, le règne de Louis-XIV n'est pas si flamboyant !



Persécutions religieuses, révocation de l'Edit de Nantes, pressions , décisions contraignant les protestants à quitter la France et j’en passe ......

En aidant une famille protestante à quitter la France , Guillaume Vallade , issu d'une riche famille , lignée de bâtisseurs au service du roi LOUIS XIV rencontre la belle Jehane et l'épouse .

Bien que convertie «  de Bouche » elle demeure une fervente huguenote de coeur .

En 1685, dans une atmosphère de haines religieuses et d'intrigues financières, notamment par la belle - soeur Louise , qui accuse Guillaume d'impuissance, car il a été blessé gravement au ventre , sous prétexte de récupérer sa charge d’entrepreneur prestigieux .



Ils sont condamnés après un procès précédé d'un interrogatoire et d'un examen intime où les juges ecclésiastiques posent des questions insidieuses , à subir la cérémonie du Congrès , une procédure dégradante , humiliante.

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«  Dresser , pénétrer , mouiller » , telle est l'injonction à laquelle Guillaume doit obéir , nu sur un lit avec Jehane , devant un parterre de prêtres , courtisans, médecins. ......

L'ironie ,la moquerie ,la concupiscence , la haine , le malsain , le disputent à cette parodie d'amour .

Comment le désir peut- il se glisser dans une telle horreur moyenâgeuse ?

Peut - on survivre à ce viol entre époux , à cette «  pornographie sacrée » organisée par l'Eglise et la Justice ?

On lit ce roman sombre , bouleversant et dérangeant , peu banal ,, les dents serrées .

L'auteur , malgré le côté extraordinaire de ce Congrès , le point de vue dégradant et répugnant ne tombe pas dans le voyeurisme , l'écriture est sensible, sobre et proche de la poésie .

Humilier et détruire un couple au nom d'intérêts bassement matériels ou vengeances personnelles est d'une cruauté sans nom .

Dragonnades, exil, tyrannie , face à la puissance d'état , France Déshumanisée et déshumanisante . .....

Les querelles religieuses , l'intolérance et la haine entre les hommes ....

J'ai découvert ces horreurs par hasard qui ne grandissent pas l’ Église Catholique d'alors !
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Le Silence

Jessica Leroy, professeur de littérature, vient de perdre son mari. Alexandre Leroy, éminent mathématicien, s'est suicidé dans une sordide chambre d'hôtel, sans laisser la moindre explication. Traversée par la colère, le chagrin et l'incompréhension, Jessica va devoir affronter une autre douleur : l'homme auprès de qui elle a passé trente ans n'était pas celui qu'elle croyait... Commence alors pour cette famille le difficile chemin de la reconstruction à travers celui de ses racines...

Depuis le cadeau que m'a fait Babelio avec l'envoi du Soldat fantôme de Jean Guy Soumy il y a quelques semaines, je suis amoureuse de l'écriture de cet auteur. Ne me demandez pas pourquoi elle fait écho en moi, je ne saurais vous répondre. Mais ses mots sonnent "vrais" à mes oreilles, ses personnages me touchent et j'entre dans son univers avec une facilité déconcertante. A travers l'histoire de cet homme, c'est le poids du silence et des mensonges que Jean Guy Soumy dénoncent. Comment vivre debout quand la base est bancale ? Comment se relever quand pèse sur vous la honte de l'oubli ? Au delà d'un roman, c'est avec un homme que vous avez rendez-vous en ouvrant ces pages...
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L'oeuvre vive

«  C'est si difficile ce qu'il fait.Ce qu'il voit est si fugitif. Il est un peintre se glissant dans sa toile aux proportions immenses . Un sculpteur intégré à l'objet qu'il façonne et qui se déforme en même temps qu'il agit.

Il est dehors et dedans » ...

«  À ses yeux ,l'arche de cristal constitue le premier pas d'un mouvement d'encerclement des «  imaginaires » .

Elle devine pour l'avoir étudiée depuis, , combien l'histoire du LAND ART a souvent suscité des mouvements de rejets PASSIONNELS » .

« Le travail est un garrot . Une sorte d'immortalité accordée pour quelques heures lorsqu'il peint ou qu'il sculpte » .



Trois extraits significatifs de cette oeuvre originale , qui nous plonge au coeur de la terre et la ruralité , à Blessac, dans un petit village de la Creuse , contrée si chère à l'auteur où s'affrontent des oeuvres gigantesques , mystérieuses, le LAND ART, forme d'art spectaculaire créant du mystère ,, un genre de détricotage de la grosse pelote d'usage et de savoirs ancestraux où mère Nature est le principal support de la créativité et la méfiance ,-le rejet passionnel des hommes et des femmes de là - bas, ce coin de Creuse où le temps, les saisons , la neige et le vent , la froidure sculptent les paysages et les destins souvent immuables ....

Où les secrets , les non - dits, les silences , l'intolérance et les ragots disent tout et sont très présents .

Mais qui est donc ce Ben Forester , cet homme venu de loin, un habitant du MONDE , d'un village planétaire et de la mondialisation ?

Cet artiste du LAND Art mondialement Connu ?

A - t- il le droit de modifier les paysages , d'y placer ses trucs bizarres :

Une croix lumineuse sur l'étang , un angle droit taillé brut , dans un rocher, quatre femmes de lierre et de feuilles faisant l'amour aux arbres dans les bois .....

Au pays certains se laissent prendre à ses enchantements déconcertants , au charme de l'artiste , les femmes y sont très présentes , de milieu social très différent , happées par ces nouvelles certitudes : Elma , agricultrice moderne , blessée et amoureuse , Estelle, la jolie et jeune professeure d'école , loin , bien loin de son Bordeaux natal, en proie à la solitude, aux questions critiques ,à l'intolérance campagnarde jusqu'à Thérèse , la tenancière du café local, pacificatrice malgré elle , moderne à sa façon ...



Au contraire d'autres personnages rejèteront farouchement ces oeuvres qui bousculent les certitudes , parmi ceux - là .....Barthélemy, tragique gardien des mémoires .



Au coeur de ce roman contemporain,.merveilleusement écrit , l'amour de la terre , de la nature , de l'art et de la création , entourée de mystères , de retours dans le passé , de sensibilité

exacerbée emportent l'adhésion du lecteur , le troublent et l'éblouissement ,....



On sort du carcan du roman paysan pour rêver autrement , s'interroger sur la création artistique , réfléchir aux déchirures , détricoter les superstitions et autres marques, ces vérités vieilles comme le monde et qui gouvernent encore les campagnes et même les villes dans leurs replis secrets .



«  La mémoire de ce qu'il avait égaré redescend dans ses mains. .Elles obéiront , peut- être à un autre lui- même , pendant les heures et les jours de travail qui seront nécessaires . Mais elles accompliront . En accord avec ce bois » .



«  Le premier coup de ciseau résonne comme une libération . Ben est tiré hors de lui- même , loin de son enveloppe usée . Ce bois n'attendait que lui, il est un accoucheur, un éventreur d'apparences . Il se livre à un enfantement » .

Pas facile à critiquer cet ouvrage tellement il soulève une tempête d'émotions ... ébranle des certitudes .....fascine , dérange .....

C'est une citrique de mon ami Jean - François qui m'a fait emprunter deux des oeuvres de cet auteur que je ne connaissais pas .

Une bien belle découverte ! Merci à toi!

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La tempête

Décembre 1999. Une tempête fait rage en Europe et stoppe de plein fouet Grace et Christopher, un couple d'américains en voyage en France. Alors que leur voiture est sur le toit, Christopher bloqué avec une cheville cassée, Grace part à la recherche de secours. Elle découvre un village fantôme et une ferme à la tour carrée, habitée par Thomas. Sous un air rustre et silencieux, cet homme va la sauver au-delà de ce qu'elle aurait pu imaginer...

Je poursuis ma découverte de l'écriture de Jean-Guy Soumy et je suis toujours autant subjuguée par ses mots. Au départ banale, cette histoire devient touchante et profonde. Jean-Guy Soumy a le don de faire passer des émotions d'une manière simple mais percutante. Il partage avec nous le destin de ses personnages et on est projeté à leurs côtés avec un plaisir non dissimulé. On assiste à un petit miracle dont seule la vie a la secret... Et on s'y accroche, malgré la magie, pour que notre quotidien s'illumine...
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Le soldat fantôme

Steven est un soldat fantôme. Il appartient au 23è régiment américain qui plante un décor de guerre, invente un scénario, avec des sons effrayants et des engins gonflables, dans le but de leurrer les soldats allemands. Il se trouve à sa place dans cette situation de fantôme, un peu à l'écart, pas pour autant à l'abri des balles. Sur cette scène, il ne faut pas s'attendre à une pluie d'applaudissements. Plus ils sont justes dans leur interprétation et plus ils risquent une pluie d'obus. Il se cache aussi derrière la caméra ou derrière son calepin auquel il confit ses pensées et crée les personnages de ses nouvelles. On découvre au fil du roman ce personnage au coeur de poète, sensible et blessé.



Une jeune fille allemande, Hanna, fuit les bombardements de Berlin. Elle fait partie de ce peuple muet qui n'a d'autres choix que d'accepter la tyrannie d'Hitler. Regarder le mal sans espoir de le changer. Certains adhèrent, hypnotisés par les discours de victoire et de grandeur. Des hommes humiliés, qui n'ont connu que la violence et qui désirent se venger de la défaite. Des jeunes qui se laissent embrigader dans cette frénésie de violence, fiers de porter l'uniforme et d'incarner les idéaux qu'ils croient être justes. Ils sont gonflés d'orgueil. le pouvoir est entre leurs mains.



Les phrases sont courtes. Les mots bien choisis. L'écriture mélodieuse. On sent les rafales de violence, la pluie de désespoir, mais aussi la rage de s'en sortir, de montrer que le peuple allemand vaut mieux que ça.



Un roman bien construit qui montre les deux facettes de cette guerre. du côté des vaincus et du côté des libérateurs. À travers cette guerre, les deux personnages évoluent dans leurs sentiments personnels. Évacuer le vide et le chagrin qui les imprègnent. Avancer sous l'orage qui gronde et menace de les enfouir. Hannah et Steven sont deux êtres seuls au monde. Deux êtres qui marchent l'un vers l'autre, sans le savoir, qui se confondent, et que seule la guerre empêche de se dévoiler.



Plus qu'une simple romance, c'est un roman sur une réalité historique effrayante. Un seul homme, « l'autre », sépare les êtres, embrouille les esprits, brise les destins.



Une note d'humour :



« Nous ne parlons jamais de l'autre. Une fois, au milieu d'une conversation, elle a dit : ‘ Qu'est-ce que nous aurions été bien si sa mère avait fait une fausse couche.' Elle m'a arraché un éclat de rire. En une seule observation, elle avait ramené à des dimensions humaines une monstruosité historique devenue immaîtrisable. »



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La promesse

Etrange et pénétrant roman qui, par son thème, son contexte, son résumé affiché, pourrait s'avérer peu engageant et pourtant...



Jeanne de Coussac, s'étant défenestrée, par cet acte inconsidéré, doit être jugée, postmortem, et inévitablement condamnée . En ce siècle dit des Lumières, tout suicide est homicide , et certains philosophes, notamment Voltaire , dénoncérent cette aberration judiciaire !

Camille, son cousin, nommé curateur, doit la "représenter" au procès. Situation ubuesque où celui-ci doit tenir le rôle de la coupable décédée, jusqu'à même en porter le nom. Exercice surréaliste où Camille tentera de plaider la folie, seule porte de sortie pour sauver Jeanne de l'infamie , lui éviter d'être traînée tête en bas sur une claie, puis 24h pendue par les pieds (et autres "joyeusetés") , la mémoire effacée, ses biens confisqués, et ainsi pouvoir l'enterrer en terre consacrée.

En parallèle, Jeanne embaumée, et Camille fort éprouvé, vont s'avouer leur amour laissé en suspens il y a douze ans alors qu'ils étaient adolescents.



Voici donc un roman historique romantique et insolite, très agréable à lire, fluide et poétique.

Conquise pour la troisième fois consécutive par cet auteur dit régionaliste ( qui a fait "sécession" en créant avec C. Michelet, Bordes et Viollier la NEB, la nouvelle école de Brive.)

Soumyse pour mon plus grand plaisir !



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La tempête

Vous souvenez-vous de la tempête de décembre 1999 ? le roman de Jean-Guy Soumy se déroule en Creuse, sur le plateau de Millevaches. Grace et Christopher Demsey, des New-Yorkais qui circulent en voiture alors que la tempête fait rage tombent dans un ravin. Grace cherche du secours, et rencontre Thomas dans un décor d'apocalypse.



Je viens d'achever la lecture de la Tempête, qui a mes yeux, est bien loin d'un roman mièvre, une rencontre improbable, une "romance" de plus.

La tempête de 1999 est restée dans toutes les mémoires, en Creuse elle a, comme dans tant de départements, occasionné destructions, ruiné des exploitations. Il a fallu réapprendre à vivre à l'ancienne, jusqu'à ce que le courant soit rétabli. La solidarité a fonctionné. C'est au cours de cette période de plusieurs jours, étrange et très difficile, que Jean-Guy Soumy décrit minutieusement les liens qui vont se tisser entre Grace, une jeune avocate new-yorkaise et Thomas, homme dont on sait finalement peu de choses : sans activité précise il n'est pas originaire de la région qu'il habite depuis quelques années seulement.

Par la force des choses, Grace et Thomas ont pris l'habitude de cacher leur véritable personnalité. Ils se protègent d'un passé difficile.



Dans la maison glaciale Thomas, Louise, une voisine âgée, dont la maison a été endommagée, et Grace vont devoir cohabiter, se parler, évoluer. Les masques tombent peu à peu.

Que se passera-t-il lorsque les secours viendront rechercher Grace confrontée à un choix crucial qui engage sa vie tout entière, bien plus qu'elle ne saurait l'imaginer. ?



Le livre refermé, on ne peut pas oublier Grace et Thomas qui sont au centre de l'action, des paysages, de l'Histoire... pour autant, j'ai préféré sans aucun doute le personnage de Louise, la paysanne âgée, qui sans aucune difficulté lit dans les coeurs, et sait remettre les choses à leur vraie place .

Jean-Guy Soumy a particulièrement bien rendu la beauté simple des paysages creusois, "l'âme" de la campagne.



Merci à PG de m'avoir guidée vers cette lecture pleine d'humanité.
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Le voyageur des bois d'en haut

Appelé Jean par sa mère mais, à sa naissance, déclaré Camille par son père, ce sera donc Camille qui devra quitter son petit coin de Creuse, les Bois d’en Haut, près de Gentioux.

Une ferme trop modeste pour nourrir Camille et sa mère, un père disparu voilà quatre ans, emporté par la crue du Rhône à Lyon. Ce père allait limousiner les trois quarts de l’année. Avec d’autres paysans creusois, il partait se vendre comme maçon sur les chantiers des quartiers de Lyon alors en pleine transformation haussmannienne.

A seize ans, en 1860, on est presque un homme et c’est ainsi qu’armé d’un bâton et d’un baluchon, Camille part rejoindre Lyon, à pied, avec son oncle et quelques autres. Une migration dès le printemps pour couper la misère.



Arrivé à Lyon, il pense loger dans le garni qui avait dû accueillir son père avant lui, mais les silences et la gêne de la propriétaire, l’attendrissante Edmonde, lui révèlent une tout autre vérité.

Il veut savoir, pose son regard sur les lieux que son père a foulé et laisse la colère l’envahir. Colère du mensonge et de la trahison. Dans les eaux du Rhône se reflète la perte de ce père, perte ou abandon programmé ? Il ne peut laisser dormir ce passé et partira sur ses traces pour apaiser sa blessure.



Sur les chantiers, les conditions sont dures : des échelles en lieu et place des échafaudages par mesure d’économies, la lourdeur des charges de mâchefer dans les paniers en osier, la fatigue des onze heures harassantes à monter et descendre les échelles.



Jean-Guy Soumy a une écriture concise. Quelques mots, des phrases brèves, suffisent à évoquer la saison, l’environnement, les pensées, les interrogations, les douleurs, la tristesse. Tout est précis et choisi dans le but de véhiculer images et sentiments en les mêlant intimement.

Les chapitres sont courts. Certains donnent directement la parole à Camille et nous font partager plus étroitement ses ressentis et son évolution.

En parallèle des constructions immobilières, c’est la reconstruction de ce jeune paysan creusois face à son passé floué, bafoué par la trahison de son père, qui nous émeut.

Que ce soient les différentes étapes de la construction des nouveaux faubourgs de Lyon ou plus loin, le tracé de la nouvelle frontière italienne, le contexte historique enrichit ce douloureux cheminement.

Ce roman interroge également sur l’appartenance régionale ou nationale et valorise des métiers manuels. Il joue sur le mensonge mais refoule le ressentiment pour se tourner vers l’avenir.



J’ai aimé accompagner Camille et je remercie Masse Critique et Les Presses de la Cité pour ce beau chemin parcouru avec intérêt et émotion.

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Une femme juste

Une femme juste de Jean-Guy Soumy est publié aux Presses de la Cité.

C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume de cet auteur.

Cette fois-ci il nous entraine sur les pas de Blanche ... Nous la retrouvons à Draguignan où elle s'est installée avec son époux depuis de nombreuses années. Veuve depuis bientôt 10 ans elle est intriguée par une R5 garée juste devant chez elle. Au volant ... elle le découvre au petit matin une jeune fille qu'elle identifie immédiatement. Tu es la fille d'Hélène, entre tu es ici chez toi.

Comme elle avait recueillie Hélène en 43 elle prend Pauline sous son aile et lui raconte enfin ce que sa mère n'a pas su ou pu lui dire. Comment Pauline va t'elle réagir devant le gouffre qui s'ouvre devant elle? Blanche sauta t'elle trouver les mots? Auront t'elles le temps?

Un beau roman sur la transmission, sur la mémoire. Tout est dit avec délicatesse. On avance sur la pointe des pieds, la douleur, la tristesse sont comme camouflées aux regards, c'est le choix de l'auteur je le respecte.

Un roman à découvrir c'est certain. Un grand merci aux éditions Les Presses de la Cité pour ce partage.

#Unefemmejuste #NetGalleyFrance
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Le voyageur des bois d'en haut

***,*



Camille est un jeune limousin des Bois d'en Haut. Comme beaucoup d'hommes, il se rend à pieds à Lyon, travailler comme manoeuvre sur les grands chantiers de cette ville nouvelle. Mais il part surtout à la recherche des derniers pas de son père, mort lors de la grande crue du Rhône quelques années plus tôt. Il va se découvrir au fil des rencontres, grandir et devenir l'homme qu'il veut être...



C'est grâce à Babelio que j'ai découvert Jean-Guy-Soumy. le soldat fantôme m'a généreusement été offert il y a quelques années et je suis tombée sous le charme de l'écriture de cet auteur.



Le voyageur des Bois d'en Haut est tout aussi attendrissant et enrichissant que les précédents romans. Solidement documenté, Jean-Guy Soumy nous conte l'histoire de Camille, ce jeune homme en perpétuel questionnement, et nous entraîne sur les pas des ces limousins partis faire les saisons sur les chantiers. de maçons, ils redevenaient paysans le temps d'un hiver. Auprès de leur femme et de leurs enfants, ils retrouvaient la quiétude de leur foyer.

Mais si ce roman est touchant, c'est avant tout pour la douceur des mots posés sur une blessure profonde : celle de l'abandon d'un père, de sa fuite, et de la douleur des vérités.



Camille devra affronter ce qu'il trouvera sur son chemin, accepter et pardonner. Et enfin, suivre sa propre voie, faire ses choix et quitter le monde de l'enfance.



Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Presse de la Cité pour leur confiance.
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Le soldat fantôme

Je viens de refermer ce court roman, et je reste sur ma faim. J'ai l'impression que l'histoire n'est pas commencée, qu'on vient juste de me raconter un projet de roman qui reste encore à écrire, tant l'auteur résume, survole, esquisse, mais n'entre pas dans le sujet, n'arrive pas à émouvoir.



Pourtant l'argument est intéressant. On sait tous que l'espionnage et la désinformation ont eu une importance dans l'issue de la guerre, et imaginer un régiment manipulant les effets spéciaux servi par des hommes travaillant dans la plus grande usine à rêves qu'est Hollywood, c'est plutôt original. On ne les avait encore jamais mis en vedette dans une fiction, les artistes des chars gonflables pour tromper la photo aérienne.



J'aime les romans historiques, mais celui-ci m'a laissée de marbre. Sans doute la vision de la guerre qui est beaucoup trop vaste et analytique si l'on se place du point de vue de Hannah qui se déplace dans l'Allemagne ravagée. Comment en vélo, en traversant une ville bombardée, peut- on voir et exprimer dans son monologue intérieur un bilan complet des destructions, comme si on avait déjà lu un bouquin sur la question?

Et que dire de nos deux héros, Hannah et Steven ?

Ils sont beaux et jeunes , ont des fêlures se rencontrent et tombent amoureux, et pourtant à leur improbable histoire d'amour, très tardive dans le roman, et vite expédiée, j'ai du mal à croire. Il ne suffit pas de rajouter des éléments biographiques à des personnages pour qu'ils aient de l'épaisseur, et que faire de toutes ces références culturelles qui m'ont l'air plaquées.



En résumé , je me trouve dure, mais j'ai lu de tellement bons romans historiques ces derniers temps que je deviens difficile. Je trouve ce dernier opus pas assez sensible, pas assez profond, avec trop d'évocations fugaces. L'accumulation de faits , ce n'est pas ce qui permet l'émotion.



Un roman historique....gonflable, on va dire, si je repense à la réflexion d'un des héros sur sa mise en scène de la colonne de chars au repos avec campement vue de loin....ça manque de vie, de cordes à linge avec caleçons qui sèchent...curieux que la critique puisse venir de l'intérieur du roman lui-même .



Je remercie toutefois Babelio, et l'éditeur pour m'avoir permis de découvrir un nouvel auteur, dans le cadre de ces très efficaces opérations Masses Critiques.



Ce roman n'est hélas pas fait pour moi, mais peut très bien plaire à d'autres lecteurs.

Vive la diversité !

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La promesse

Nous avons tous déjà lu des histoires d'amour éperdu où des jeunes femmes perdent la vie devant des chagrins insurmontables... Ici, c'est la marquise Jeanne de Coussac qui attend avec patience et tendresse son amour d'enfance, son cousin Camille Gralis. A 15 ans, ils se sont fait la promesse de se marier dès qu'ils le pourront. Parce que bien sûr, les parents de Camille l'éloigne et le temps passe... Plusieurs années plus tard, Jeanne se suicide en apprenant le second mariage de Camille. Elle est persuadée qu'il l'a oublié et qu'il ne reviendra pas. Mais en ces temps là, abréger ses jours équivaut à prendre le pouvoir du roi ou de Dieu qui seuls ont le droit de vie ou de mort sur leurs sujets. Jeanne étant morte, on désigne Camille pour la représenter au procès...

Je vais me répéter et dire une fois encore que Babelio m'a fait découvrir cet immense auteur qu'est Jean-Guy Soumy. Ce roman est d'une force rare. Il m'a émue profondément. Cette jeune femme qui croit en une promesse d'enfant et qui par désespoir se défenestre. Ce jeune homme qui prend son passé de plein fouet et qui tente en vain de se racheter. Cette époque si dure qui permet à une justice d'effacer tout simplement un être sur cette terre... Des mots qui coulent et qui entrent en vous, des personnages auxquels vous vous attachez et un corps sur lequel vous vous penchez et vous pleurez...

Lisez ce livre !!!
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Le soldat fantôme

1944, l'Allemagne est sur le déclin, ses habitants exsangues, mais pour certains réjouis de l'arrivée des GIs qui se murmure de plus en plus prestement. Hanna se retrouve désormais seule, orpheline de père et de frère, elle qui déjà n'avait jamais connu sa mère morte en couches. Son père, mort sous les bombes, qui en 1936 déjà l'éloignait de "l'Autre" en l'envoyant vivre à Paris afin que son esprit ne soit pas rendu vicié par la haine nazie. Son frère qui, mort au combat pris dans le viseur d'un sniper russe, allait jusqu'à vouloir porter l'étoile juive par solidarité pour son amie... Hanna, jeune femme enfourchant sa bicyclette pour fuir Berlin et retrouver sa tante et son oncle qu'elle ignorait jusque là partisan du régime...



Et puis, il y a Steven, jeune GI qui sert le 23e régiment des troupes spéciales, surnommé l'armée fantôme. Car c'est une armée tirée des meilleurs studios d'Hollywood, chargée de duper les nazis rien qu'aux sons plus vrais que nature et aux tanks gonflables et autres illusions visuelles et sonores. Parvenant à décourager l'ennemi, le trompant sur ses cibles et le leurrant sur l'ampleur de la puissance américaine, ce 23e régiment a bel et bien existé et a permis de sauver quelque 30 000 vies !



Jean-Guy Soumy nous conte le quotidien de Hanna et Steven, d'une écriture soignée et délicate mais ni précieuse ni prétentieuse, comme le clair-obscur des clichés en noir et blanc avec les mille et une nuances de gris, d'ombres et de lumières qui s'abattent sur leurs vies. Leurs douleurs, leurs failles, leur urgence de vivre qui les poussera l'un vers l'autre. Leur histoire, lorsqu'elle finit par s'étreindre, m'a semblé un brin romanesque, mais elle ravira certainement les fleurs bleues qui aiment se bercer aux sons des clochettes de l'amour, d'autant que l'auteur a le bon goût de ne pas en faire trop.

Et surtout, cette petite histoire sur le devant de la scène de la Grande Histoire, comblera aussi les amateurs de la seconde guerre mondiale. Un parfait mélange littéraire qui nous évade et nous instruit, ou quand la fiction est au service du réel.
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