Jean-Marie Pelt

Loué sois-tu, mon Seigneur,
avec toutes tes créatures :
spécialement Messire frère Soleil
qui donne le jour et par qui tu nous éclaires.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur Lune et pour les étoiles :
dans le ciel tu les as créées, claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pou frère Vent, pour l'air et les nuages, et le ciel pur,
et tous les temps, par lesquels à tes créatures
tu donnes soutien.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur Eau,
qui est très utile et humble, précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour frère feu, par qui tu éclaires la nuit ;
il est beau et joyeux, robuste et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur notre mère la Terre,
qui nous soutient et nous nourrit,
et produit divers fruit avec les fleurs
aux mille couleurs et l'herbe.

Loué sois-tu mon Seigneur,
pour ceux qui pardonnent pour l'amour de toi,
et supportent douleur et tribulation ;
bienheureux ceux qui persévèreront dans la paix.

Je collecterai des plantes et des fossiles et me livrerai à des observation d'astronomie. Je m'efforcerai de découvrir l'interaction des forces de la nature et des influences qu'exerce l'environnement géographique sur la vie végétale et animale. En d'autres termes, il me faut explorer l'unité de la nature.

Où est-ce que tu étais quand je fondai la Terre ?
Dis-le moi puisque tu es vivant !
Qui en fixa les mesures, le saurais-tu ?
Ou qui tendit sur elle le cordeau ?
En quoi s'immergent ses piliers,
et qui donc posa sa pierre d'angle
tandis que les étoiles du matin chantaient en chœur
et que tous les fils de Dieu criaient hourra ?

Quelqu'un ferma deux battants sur l'Océan
quand il jaillissait du sein maternel,
quand je lui donnais les brumes pour se vêtir,
et le langeais de nuées sombre.
J'ai brisé son élan par mon décret,
j'ai verrouillé les deux battants
et j'ai dit : - Tu viendras jusqu'ici, pas plus loin ;
là s'arrêtera l'insolence de tes flots ! -

As-tu, un seul de tes jours, commandé au matin,
et assigné à l'aurore son poste,
pour qu'elle saisisse la Terre par ses bords ?

La Terre alors prends forme
comme l'argile sous le sceau,
et tout surgit,
chamarré.

Ô Terre, mon pays bien-aimé !

Ce qu'il y a de beau et de plus précieux en ce monde, qui pourtant est le plus commun et le moins rare, ne nous appartient pas !

On s'émerveillera toujours devant la somptueuse beauté de notre planete-mere lorsqu'elle se présente dénudée comme dans les grands déserts, modestement vêtue comme dans les steppes arides, ou somptueusement parée comme sous l'épaisse toison des forets équatoriales.

Le XXe siècle aura été marqué par l'avènement de l'exploration de l'espace et tous les cosmonautes revinrent émerveillés par la beauté de la Terre.

Le XXe siècle aura été marqué par l'avènement de l'exploration de l'espace et tous les cosmonautes revinrent émerveillés par la beauté de la Terre. Ce que les navigateurs de l'espace ont vécu, chacun de nous peut le vivre aujourd'hui ou demain.

Entre les rivages des océans

et le sommet de la plus haute montagne

est tracée une route secrète

que vous devez absolument parcourir

AVANT DE NE FAIRE QU'UN AVEC LES FILS DE LA TERRE.

Khalil Gibran
Le Jardin du Prophète

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud

Homme ! Libre penseur - te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose :
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose :
Tout est sensible ! Et tout sur ton être est puissant !

Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie :
A la matière même un verbe est attaché...
Ne le fais point servir à quelque usage impie !

Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché ;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

Gérard de Nerval
Vers dorés

Que signifie commercer avec la nature
si nous n'avons affaire, par la voie analytique,
qu'à ses parties matérielles, si nous ne percevons
pas la respiration de l'esprit qui donne un sens
à chaque partie et corrige ou sanctionne chaque
écart par une loi tout intérieure ?

Goethe
La Métamorphose des plantes

La Nature a des perfections pour montrer
qu'elle est l'image de Dieu, et des défauts
pour montrer
qu'elle n'en est
que l'image.

Pascal, Pensées

Bref, pour Pascal, la raison n’est pas capable de démontrer que Dieu existe ; elle n’est pas davantage capable de démontrer qu’il n’existe pas : l’autocritique de la raison marque le commencement de la foi qui se déploiera ensuite sur l’autre chemin de la connaissance. D’où cette formule classique de Pascal attribuée à Dieu et dédiée à tous ceux qui le cherchent : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé. »
(page 59)

On ne connaît pas, à un milliard d’années près, l’époque où fut inventée, dans les mers, la sexualité. Celle-ci pousse l’ « amour cellulaire » à son plus haut degré puisque, avec elle, deux cellules fusionnent pour n’en plus faire qu’une ) Or « qui fait ainsi un œuf fait du neuf », car l’œuf porte en lui un être totalement différent de ses parents.
(page 55)

Unité de nature dans la diversité des trois personnes divines : voici l’ « université » de saint François de Sales appliquée à Dieu lui-même ; principe de coopération porté jusqu’à l’extrême de cet amour absolu qui ne laisse plus aucune place aux forces d’affrontement et de compétition ; acceptation en Jésus-Christ de pertes et de manques comme prix de l’amour ineffable. Voici que l’on retrouve dans le Dieu chrétien les trois grandes lois décelées dans le Cosmos, la Vie, l’homme, la société.
(page 120)

Je me contenterai, dans ce bref essai, d’attirer l’attention sur la cohérence fondamentale d’un processus créateur qui va des origines de l’Univers (macrocosme) jusqu’à l’homme (microcosme). J’attirerai surtout l’attention sur le jeu constant et simultané de trois couples de concepts for peu explicités à ce jour dans les ouvrages traitant de l’évolution : l’unité dans la diversité ; la coexistence, à tous les niveaux de complexité du réel, de la compétition et de la coopération ; enfin, la dialectique permanente, imposant des choix souvent restrictifs mais créateurs, de l’ordre et de la liberté.
(page 13)

Étrangement, le système de communication génétique très ouvert que pratiquent entre elles les bactéries évoque déjà l’émergence - encore fort lointaine, car située à l’autre extrémité de la pyramide des êtres - de la conscience : avec l’avénement de l’humanité, au-delà des contraintes de la biologie, le monde de l’esprit permettra également la multiplication et la diffusion des échanges culturels et spirituels entre individus, races, nations.
(page 57)

En relisant les textes qu’adressèrent, au moment de la conquête, les chefs indiens au président des États-Unis pour défendre leurs terres, on reste coi devant ce singulier alpage de sagesse et de sensibilité dont nous aurions en vérité beaucoup coup à apprendre . Donnons ici par exemple la parole au grand chef Seattle : (…) Comment est-il possible d’acheter ou de vendre le ciel ou la chaleur de la terre ? Cette idée nous est étrangère. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air ou le scintillement de l’eau, comment pouvez-vous nous les acheter ? …
(page 108)

Certes, la représentation trinitaire du Dieu chrétien est restée, pour la plupart, un « mystère » qui ne suscite plus guère d’interrogations dans la problématique contemporaine. Peu y ont vu un saisissant raccourci des attributs traditionnellement inhérents à la divinité : un Dieu qui crée à partir du néant, qui engendre, qui aime tout à la fois comme un père et une mère (le père), un Dieu qui est force, lumière, intelligence, sagesse (le Saint-Esprit), et surtout un Dieu infiniment proche de l’homme, ami de l’homme, trait si spécifique et caractéristique du Dieu chrétien (le Fils).
(page 118)