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Citations de Jean-Paul Dubois (1854)


J'allais devoir rentrer en France pour enterrer mon père et m'occuper de ces choses que l'on doit régler quand on est le seul et le dernier à pouvoir les régler. Je pensai qu'après ma mort il n'y aurait plus personne pour s'occuper de ces formalités. Et pourtant tout se règlerait. Comme à chaque fois qu'un type meurt et qu'il faut faire de la place pour les suivants. Les numéros de sécurité sociale s'effacent les uns après les autres, les assurances se lassent de réclamer, les facteurs oublient l'adresse, les banques regardent ailleurs, et toute cette petite comptabilité d'une existence s'éteint d'elle-même comme une triste et mauvaise journée d'hiver.
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Jean-Baptiste n’est pas un gaucher militant. C’est un gaucher fier, un gaucher à l’espagnol, intransigeant, avec le cul cambré et le buste en alexandrins. (p. 53)
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Lorsque j'eus tout rangé, je fus stupéfié par une chose qui jusque-là m'avait échappé: rien n'est plus ridicule et déplacé, dans un vieux garage, qu'un équipement flambant neuf.
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En prison, nous parlons très peu de nos familles avec Patrick. J'avais évoqué les ascendances danoises de mon père et son métier de pasteur. Cette erreur me valut une leçon de maintien. "Putain, t'es un fils de pasteur. C'est grave bizarre, non? Et le pasteur c'est celui qui vivait avec la "spectaculaire beauté"? Ça aussi mec, c'est louche. Alors toi avec ton père qui fait son affaire à ta mère"spectaculaire", juste avant d'aller à l'église, excuse-moi encore, mais je trouve ça chaud". Nous en restâmes là, et les incidentes familiales ou les mérites comparés des pratiques papistes ou huguenotes furent à jamais bannis de notre colocation.
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-Pourquoi prenez-vous autant de boulot?
-Je peux pas faire autrement. J’ai trop de charges,je m’en sors pas.Et vous,dans votre partie,comment ça va ?
Que pouvais-je bien lui répondre ? Que ma partie était perdue d’avance.Que je faisais un métier d’écornifleur à mi- chemin de l’abeille et du cormoran.Que ces travaux me tuaient.Que je vivais seul.Que je vieillissais mal.Que je regrettais mon ancienne maison.Mon ancienne vie.Mon ancienne femme.Mon ancienne voiture.Et mes outils.Mes outils à jamais disparus.
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Il avait des jambes courtes, des bras minuscules, des doigts ratatinés, pas de cou et son ventre, démesuré, le précédait en tout lieu.
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Heureusement, le soir je retrouvai Winona. Intacte de sa journée, gorgée d'ions négatifs, ces anions qui lessivent l'âme, tonifiée par toute cette beauté accumulée, ces paysages immortels à cents lieux de la vieillesse et des hospices, à mille lieues de mon petit monde de six étages en déclin.
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-Monsieur Harang? Vous m'avez oublié.
-Mais non, maître, mais non. Comment pourrais-je d'ailleurs, même si je le voulais, vous oublier?
En désespoir de cause, je lui écrivis une longue et chaleureuse lettre dans laquelle je glissais un chèque. Mon compte ne fut jamais débité. Parmi cet escadron de mercenaires dressés au coeur des enfers, Emile Harang fut l'unique cavalier à se montrer chevaleresque
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Ainsi parlait mon père. Il lui arrivait de m'entreprendre sur sa marotte, ces heures "passées dans la perfection de la foi". Un soir que ma mère tardait à emprunter notre escalier, il lâcha soudainement prise et dévissa de la paroi sur laquelle il devait s'accrocher depuis longtemps. "Je n'ai plus la foi. Même pas une journée, même pas quelques heures par-ci ,par- là, plus rien. Il n'est plus question de perfection, plus rien.Quand on est allé à Skagen, la dernière fois, j'ai parlé avec le vieux pasteur. Au bout d'un moment, il m'a dit:" Mais Johanès, moi non plus je n'ai plus rien, rien du tout, à part cette bouteille de scotch que je renouvelle quand elle est vide. La foi, c'est fragile.
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Débarrassés de toute contrainte, nous éprouvions alors le sentiment de flotter dans le temps, d’être pleinement propriétaire de nos vies, de sécréter à chaque pas de l’insouciance et des molécules de bonheur,… (page 38)
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C’est exactement ce que m’avait expliqué ma concubine quand, au bout de quelque temps de vie commune, je lui avais demandé si elle souhaitait que l’on se marie : « Mais nous le sommes déjà. Chez les Algonquins, pas de contrat ni de serment sacré. On vit l’un avec l’autre et l’un pour l’autre. Quand on n’est plus satisfaits d’être ensemble, on se sépare. » Voilà comment, en quatre phrases économes, la reine d’Angleterre et sa common law furent réexpédiées vers les humidités de leur île.
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Il m'avait expliqué qu'en aidant ces gens à mourir, il avait l'impression d'aller au bout de son travail, de faire le nécessaire, d'accomplir le geste sans doute le plus difficile mais aussi le plus indispensable de son métier. Il assumait son rôle jusqu'au bout. C'est sûr que moi, en refaisant les mentons et les nichons, je n'ai pas eu souvent à me poser ce genre de questions.
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Certes, les suicides de tous les miens mettront un peu d'ordre dans la confusion de ces liens, ces apparentements désordonnés, cette inaptitude à s'aimer et à donner à un enfant ne fût-ce que l'image d'un peu de confiance et de bonheur.
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L'homme est un ours qui a mal tourné.

Nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre la certitude de mourir d'ennui.
Nous vivons et respirons dans un ventre qui charrie continuellement, longtemps nous digère, avant, le moment venu, de nous expulser pour se libérer plutôt que pour nous rendre la liberté.
La détention allongé les jours, distend les nuits, étire les heures, donne au temps une consistance pâteuse, vaguement écoeurante.
Chez les Algonquins, pas de contrat, ni de serment. On vit 'lun avec l'autre et l'un pour l'autre. Quand on n'est plus satisfaits d'être ensemble, on se sépare.
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Je m'aperçois que près de quarante ans séparent cette photo des deux précédentes comme s'il ne s'était rien passé dans ma vie durant tout ce temps. Ce n'est pas ça bien sûr, mais on conserve tellement d'images qu'on ne sait plus lesquelles sont réellement indispensables.
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Il n'est pas plus facile d'écrire sur la femme qu'on aime que de n'en rien dire du tout. Notre amour ne veut pas être montré et pas davantage écrit.
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Il disait souvent que de toutes les nations qu'il connaissait, la France était le pays qui avait le plus de difficultés à s'appliquer à lui-même les vertus républicaines et morales qu'il exigeait des autres.
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Après quatre années de présence, je n'avais pas écrit une seule ligne, remis la moindre copie, passé le plus petit examen. L'enseignement tenait davantage de l'assemblée générale que du cours magistral. Et si certains professeurs avaient eu la tentation de vouloir professer, fût-ce discrètement, ils se seraient sans doute retrouvés dans un camp de rééducation, aux champs ou en usine, afin d'apprendre les règles de base du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations. A la fin de chaque année, l'administration nous donnait nos unités de valeur sans contrepartie. Nous n'avions aucun contrôle, aucun examen. Il était inutile de réclamer les points qui nous permettaient d'accéder à la licence, puis à la maîtrise, inutile de remplir le moindre document ; tout cela nous était automatiquement offert. Notre présence en cours n'était même pas indispensable.
Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 - 21 mai 1981)
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Après quatre années de présence, je n'avais pas écrit une seule ligne, remis la moindre copie, passé le plus petit examen. L'enseignement tenait davantage de l'assemblée générale que du cours magistral. Et si certains professeurs avaient eu la tentation de vouloir professer, fût-ce discrètement, ils se seraient sans doute retrouvés dans un camp de rééducation, aux champs ou en usine, afin d'apprendre les règles de base du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations. A la fin de chaque année, l'administration nous donnait nos unités de valeur sans contrepartie. Nous n'avions aucun contrôle, aucun examen. Il était inutile de réclamer les points qui nous permettaient d'accéder à la licence, puis à la maîtrise, inutile de remplir le moindre document ; tout cela nous était automatiquement offert. Notre présence en cours n'était même pas indispensable.
Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 - 21 mai 1981
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Nous [les médecins] ne sommes là que pour assurer une zone de moindre inconfort entre les griffes du forceps et celle de la broyeuse.
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