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Citations de Jean-Paul Dubois (1854)


Alexandre, aposta flamboyant, passé en quelques semaines des pets de la pagode antique aux exhalaisons de la turbopropulsion, et de l'urticant livret A aux douceurs du CAC 40, oublieux de toute la philosophie janséniste qu'il avait si souvent professée, débutait, sur le tard, une déplaisante carrière de branleur antipathique, de sauteur de banlieue, de gigolo des mers.
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On allait chez Tanner comme l’on se rendait à la Mecque ou à Compostelle. Et seuls les plus méritants, les plus atteints aussi, les plus cinglés surtout, avaient le droit d’effectuer ce périple.
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C'était le spectacle le plus répugnant auquel il ait été jamais convié. ces combats sans règles ni limites étaient retransmis par des chaînes de télévision à péage qui réalisaient là leurs plus belles audiences. La recette était simple : à l'intérieur d'un ring ceint de hauts grillages, on enfermait deux hommes pêchés dans quelque torrent de misère avec pour instruction de s'entretuer comme des chiens de combat. Tous les coups, toutes les prises, toute la sauvagerie de la terre étaient ici requis. Pas de gants, pas de protections et surtout beaucoup de sang. Evidemment pas d'arbitre ni de victoire aux points. Le gagnant, celui qui emportait la prime, était le survivant, celui qui, à la fin, tenait encore debout. Entre ces combats qui rappelaient les origines des temps, une équipe denettoyage lessivait le ring pour laisser place nette aux nouveaux guerriers qui se jetaient l'un sur l'autre au milieu d'une foule délirante. Voilà ce qu'était l'Ultimate Fighting, une petite fin du monde filmée, une "bascule des civilisations"...
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Je reste étendu là, persuadé qu'un lien naturel nous rattache au monde des animaux. Souvent la présence des animaux nous tire vers ce mystère-là. Nous avons en commun avec eux les les brûlures de la faim et de la peur, ainsi que la présence de sel dans notre sang...Je suis revenu au camp en pensant à la complexité des rapports qu'entretiennent les animaux avec le temps et l'espace : leurs migrations, leur patience, leurs réseaux et repaires. Ont-ils vraiment des désirs, du courage, de la perspicacité ? Peu d'êtres vivants nous défient à la manière des animaux sauvages. Ils nous bouleversent comme le font les grandes marées, nous hantent en posant sans cesse les questions de détermination, du sens de la responsabilité, de l'importance de la génétique et du passé en général.
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"Et ma mère tomba à genoux. Je n'avais jamais vu quelqu'un s'affaiser avec autant de soudaineté. elle n'avait même pas eu le temps de raccrocher le téléphone. J'étais à l'autre bout du culoir, mais je pouvais percevoir chacun de ses sanglots et les tremblements qui parcouraient son corps. Ses mains sur son visage ressemblaient à un pansement dérisoire. Mon père s'approcha d'elle, raccrocha le combiné et s'effondra à son tour dans le fauteuil de l'entrée. Il baissa la tête et se mit à pleurer. Silencieux, terrifié, je demeurais immobile à l'entrée du corridor. En me tenant à distance de mes parents, j'avais le sentiment de retarder l'échéance, de me préserver encore quelques instants d'une terrible nouvelle dont je devinais pourtant la teneur. Je restais donc là, debout, en lisière de la douleur, la peau brûlante et l'oeil aux aguets, observant la vitesse de propagation du malheur, attendant d'être soufflé à mon tour.
Mon frère Vincent est mort le dimanche 28 septembre 1958 à Toulouse, en début de soirée. La télévision venait d'annoncer que 17 668 790 Français avaient finalement adopté la nouvelle Constitution de la Vème République."

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J’ai terminé ce livre. Comme les précédents, il m’aura pour un temps rapproché des vivants et des morts. C’est dans l’ordre des choses simples. Les journées passées à l’écrire, et parfois le veiller, m’auront ainsi fait comprendre qu’en me laçant dans cet étranger voyage, avec l’impulsivité et la naïveté d’une mouche, j’avais confusément réalisé le rêve de tout homme : traverser la forêt de ses peurs pour accéder à ces émotions secrètes, ces infimes parcelles de bonheur qui sont en nous tapies dans un endroit que nous ignorons, et que, souvent, nous recherchons pendant toute une vie.
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Nous parlâmes longtemps de tous ces petits moments qui font ou défont une existence, de la somme de courage qu’il faut pour bâtir quelque chose de solide er de digne, du besoin permanent de savoir d’où l’on vient et pourquoi l’on se bat, de la nécessité de ne jamais oublier qu’à chaque instant n peut se retrouver dans l’effrayante position du poisson au bout de l’hameçon.
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Faire un livre est une chose très simple. Il suffit de ne pas vivre. De s’arrêter, d’attendre que les morts sortent de terre, les sentiments de l’oubli, et les vers de la vase. Il suffit de décomposer les images du bonheur pour entendre, derrière le bruit des bouches qui s’embrassent, résonner le murmure des indicibles questions que chacun porte en soi.
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Je décidais de partir pour un voyage dont j’ignorais la destination et la durée, mais que je savais à l’opposé d’une villégiature. J’étais désargenté, désenchanté, mais je voulais me replonger dans le courant de la vie, me battre pour ou contre quelque chose, retrouver l’envie de bonheur et le goût de la peur, lutter contre la force des vents, éprouver la chaleur, le froid, casser des cailloux et, s’il le fallait, creuser la terre, creuser profond, pour y ensevelir mon trou.
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La nuit, fumant des cigarettes sur la véranda, il m’arrivait de réfléchir à l’héritage, à ces biens inestimables que les pères sont empêchés de léguer à leurs fils, ces fortunes à jamais perdues et enterrées. Je pensais à tous ces trésors de l’esprit, ces savoirs accumulés, cette expérience, cet usage du monde, cette mémoire du temps et des saisons, cette connaissance d’une langue étrangère, des fièvres de la joie et du poids de la peine, je pensais à tout ce patrimoine précieux à jamais muré et enseveli dans la tête des morts. Les notaires n’avaient à connaître que le partage de la ferraille, mais où passaient tous les biens de l’esprit, à qui profitaient-ils ? Si les enfants pouvaient hériter de l’acquis de leurs pères, posséder seulement ce capital ontologique, vivre serait un jeu d’enfant, et le monde infiniment riche.
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Ce que je crois
On ne possède jamais une maison. On l'occupe. Au mieux, on l'habite. En de très rares occasions, on parvient à se faire adopter par elle. Cela demande beaucoup de temps, d'attention et de patience. Une forme d'amour muet. Il faut apprendre, comprendre comment marchent les choses, connaître les forces de l'édifice, ses points faibles, réparer ce qui doit l'être sans trop bouleverser l'éco système que le temps a mis en place. Et jour après jour, année après année, la confiance, lentement, s'établit, une sorte de couple indicible et invisible se forme. Alors, confusément, vous savez, vous sentez que cette maison, que jamais vous ne posséderez, vous protège loyalement pour le temps de votre courte vie.
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Ce n’étaient pas LEURS outils, mais les MIENS. MA scie circulaire, MA scie sauteuse, MA tronçonneuse électrique. Kantor et Sandre avaient pris l’habitude de tout m’emprunter sans rien me demander. C’était comme l’échelle et tout le reste. Ils étaient à eux deux une véritable force d’occupation. Il leur avait suffit de quelques semaines pour réquisitionner ma maison, mes outils, mes finances, une partie de ma vie, et faire de moi une sorte de collaborateur passif.
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