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Critiques de Jean-Pierre Cabanes (95)
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Rhapsodie italienne

🧵1915. Lorenzo, fils de bonne famille Veronese assiste au mariage de Julia, sa bien-aimée avec un rival. Ce mariage ne dure que quelques heures suite au décès du mari et Lorenzo est contraint de partir sur le front de Trieste. De son côté, en Sicile, Nino, fils d'un simple paysan tu l'oncle de Carmela un an, jour pour jour après que celui-ci ait assassiné son père. Afin de fuir les autorités, il s'engage comme simple soldat pour aller au front. Ses deux hommes se croisent et deviennent amis rapidement.

Une fois la guerre terminée, chacun retourne chez lui. Lorenzo a perdu Julia lors d'une manifestation où on lui a tiré dessus, lui laissant une fille. Quant à Nino, déclaré mort et ayant perdu la mémoire, le voilà arrivé dans son village le soir du mariage de Carmela. Leurs destins basculent... l'un prend fait et cause pour la doctrine fasciste et l'autre intègre la Cosa Nostra...





Rhapsodie Italienne est une fresque historique captivante. L'Histoire avec un grand H prend tout son sens, toute sa réalité à travers les événements jalonnant cette Italie disparate. Le lecteur découvre la montée du fascisme notamment parmi les anciens soldats, méprisés après leur retour du front ; le culte progressif accordé à un homme, Mussolini ; les liens avec l'Allemagne et l'entrée en guerre à leurs côtés face aux Alliés.





La grande force de ce roman tient à sa qualité historique. Les personnages de fiction sont intégrés de manière simple et évidente aux faits réels et côtoient les personnages de l'époque. Cela permet au lecteur de découvrir les coulisses des décisions prises, les secrets d'alcôve, les "obligations" et autres délires d'un homme persuadé de mener son peuple au bonheur. Cet aspect permet également d'apporter aux personnages réels une émotivité, une humanité que nous ne trouvons jamais dans les livres d'histoire.





Pour conclure, Rhapsodie Italienne offre au lecteur une fresque historique passionnante et éducative tant le récit est jalonné d'éléments historiques avérés.

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Rhapsodie italienne

"Si vous aimez l'Italie, si vous aimez l'histoire, le courage et la loyauté, les grandes héroïnes, ce livre est pour vous", cette phrase inscrite sur le bandeau qui ceint le roman de Jean-Pierre Cabanes se présente comme un slogan de vente mais est, on ne peut plus près de la réalité !

Nous commençons le roman en 1915, en faisant connaissance avec Lorenzo Mori, jeune et brillant officier de l'armée italienne. De retour dans sa famille à Vérone, il apprend que Julia se marie avec Umberto Galluzzi, alors qu'ils s'étaient jurés fidélité l'un à l'autre. Lors du mariage, Umberto provoque Lorenzo et un duel s'ensuit, duel dans lequel Umberto perd la vie, suite à une crise cardiaque !

Mais la permission, pour Lorenzo comme pour tous les officiers, est annulée. Le 23 mai, la guerre avec l'Autriche est déclarée.

Au même moment, en Sicile, au village de Castellàccio, près de Palerme, Nino Calderone dont le père a été tué il y a tout juste un an pour avoir refusé de se plier aux ordres de Don Tomasini, apprend que celui-ci a mandé deux tueurs pour lui. Il déjoue le piège et se venge. Après ce crime d'honneur, Il n'a qu'une seule solution, pour échapper à la prison : s'enrôler immédiatement pour la guerre à l'Autriche, tout en laissant Carmela, son amour.

Lorenzo et Nino vont donc se retrouver à la guerre, enrôlés dans les "Alpini". Ils deviendront compagnons d'armes, frères. pour toujours.

Ces deux êtres que tout va séparer, Lorenzo étant devenu fasciste et proche du Duce alors que Nino lui, a intégré la mafia locale, vont néanmoins être amenés à se croiser. Ils n'oublieront pas alors, cette fraternité et ce respect.

Ce sera donc par le biais de ces deux hommes que nous allons suivre cette épopée magnifique qui s'étale depuis les années 1915 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais outre ces deux héros, ce seront également les femmes qui seront elles aussi de fascinantes héroïnes.

Jean-Pierre Cabanes, dans ce roman d'aventures très documenté, nous livre une envolée historique superbe depuis la première victoire politique de Mussolini, renvoyé par le Parti socialiste car il était interventionniste, la création ensuite de son mouvement les Fasci italiani di combattimento le 23/03/1919, en passant par l'Espagne, la Grèce, Stalingrad pour s'achever en 1945, dans la vallée de La Valteline.

Rhapsodie italienne est une véritable fresque formidablement documentée, palpitante, pleine de suspens et fort instructive.

J'ai été sensible aux charmes de l'Italie, aux passions amoureuses vécues par les personnages et à leur fidélité en amour comme en amitié, tout aussi bien qu'en politique. Des mots en dialecte parsèment le livre et lui apportent de l'authenticité.

Seul petit bémol, mais vite oublié, j'ai trouvé que le croisement et les rencontres entre les personnages étaient parfois un peu trop prévisibles.

Captivant, de la première à la dernière ligne, ce roman historique est à lire absolument.


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Rhapsodie italienne

Rhapsodie italienne est une fresque énorme, très instructive, sur une période tragique de notre voisin italien, période négligée chez nous dans nos livres d'Histoire car, durant la même période, d'autres événements tout aussi dramatiques absorbent notre attention. Au cours de la lecture passionnante de ce livre, j'ai donc vécu en Italie de 1915 à la chute de Mussolini en 1945.

Jean-Pierre Cabanes est un auteur confirmé que je découvre grâce à une Masse Critique privilégiée de Babelio et aux éditions Albin Michel que je remercie. Cet écrivain a eu raison de s'attacher à la montée du fascisme italien, depuis ses sources jusqu'à sa chute tout en nous faisant vivre au plus près les dégâts considérables causés par cette idéologie.

Pour mener à bien sa rhapsodie – « Pièce instrumentale de caractère libre, proche de l'improvisation, utilisant des thèmes ou des effets folkloriques » - l'auteur débute en 1915, à Vérone, avec Lorenzo, jeune officier que j'ai tout de suite pris en affection tant son attitude est forte devant le coup dur qui l'accable. Julia, celle qu'il aime et devait l'épouser, se marie avec un autre ! Sans délai, l'auteur m'a plongé dans les détails des combines de ces familles italiennes qui seront la base du fascisme.

L'Italie va entrer en guerre pour tenter de prendre les terre irredente (Trentin, Istrie, Dalmatie) aux Austro-Hongrois mais voici soudain Palerme et cette Sicile que l'auteur semble bien connaître. Carmela, héroïne principale qui semble être illustrée par la splendide photo de couverture empruntée au photographe italien Ferdinando Scianna, Marpessa in Caltagirone, entre en scène.

Fille d'un riche propriétaire, elle aime en secret Nino Calderone que son père veut éliminer pour agrandir encore son domaine. Nino beddu, le beau Nino, je l'ai aussitôt adopté et son destin m'a captivé, intrigué, passionné, choqué parfois comme celui de Lorenzo.

Important à signaler, tout au long du livre, l'auteur m'a régalé de mots et d'expressions en italien mais aussi en dialecte sicilien. J'ai apprécié.

Comme Lorenzo Mori, Nino aime faire la guerre, se révèle d'un courage et d'une intrépidité incroyable. Avec ces quelques personnages principaux, bien d'autres vivent dans toutes ces pages, côtoient beaucoup de personnes ayant réellement existé. Avec eux, c'est toute l'Italie que j'ai vu vivre, évoluer et devenir fasciste pour échapper aux dirigeants corrompus avant de sombrer enfin dans la dictature et la compromission avec le nazisme.

Le Vatican repousse d'abord cette transformation puis s'en accommode et soutient enfin. Benito Mussolini est croisé d'abord comme journaliste sur le front puis comme patron d'un journal avant de s'affirmer comme dirigeant politique allant jusqu'à s'acoquiner avec Hitler après avoir envoyé tant de soldats guerroyer en Éthiopie, tuer, se faire tuer, massacrer pour quel résultat, comme à chaque fois ?

Tout au long de ce roman qui fourmille de références historiques importantes, Jean-Pierre Cabanes se montre très fort pour concocter des aventures amoureuses, des retrouvailles souvent rocambolesques mais cela donne toute sa saveur à cette Rhapsodie italienne impressionnante d'érudition et riche en émotions, un roman qui m'a captivé de bout en bout.


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Rhapsodie italienne

En ce début de siècle, la Première Guerre mondiale entraîne Nino et Lorenzo, loin de leurs fiancées, dans le Haut-Adige. S'il s'y battent contre les Austro-Hongrois, et vont y être grièvement blessés, c'est que l'Italie sous la pression des interventionnistes, comme un certain Mussolini, veut récupérer ses terres irrédentes. C'est chose en partie faite avec la victoire des Alliés. Mussolini peut se consacrer à la création du Parti national fasciste et enrôler son ancien compagnon d'armes, Lorenzo, quand Nino de retour en Sicile intègre celle qu'on ne nomme jamais. Des choix radicaux qui auront raison de l'amitié des deux hommes...





Trop long (plus de sept cents pages, l'auteur est avocat, ceci explique peut-être cela), trop de passages redondants, et de mots italiens — sans doute pour faire couleur locale, d'histoires d'amour et de personnages convenus, et surtout un peu trop favorable à Mussolini : « De Mussolini, on peut dire du bien et du mal mais personne ne peut lui enlever d'avoir été le meilleur entraîneur du peuple, le meilleur orateur de son temps. Aucun avant ni après ne peut rivaliser avec lui, même D'Annunzio. » Mais aussi une fresque ambitieuse sur l'histoire du fascisme, qui si elle ne tient pas toutes ses promesses, comme la formidable trilogie de Francesca Melandri, a le mérite de nous rappeler un pan passionnant de l'histoire trouble italienne.



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Rhapsodie italienne

« Je vais vous parler d'un autre coup de foudre » écrivait Francis Esménard, le patron des éditions Albin-Michel en envoyant aux libraires une lettre six ans après celle qu'il avait rédigée lors de la publication du roman de Pierre Lemaître « au revoir là-haut », en leur présentant « Rhapsodie italienne » : « Un coup de foudre tous les six ans n'est-ce pas raisonnable ... si vous aimez l'histoire, le courage, la loyauté, si vous aimez les grandes héroïnes les émotions fortes, ne manquez pas ce livre. »



L'Italie de 1915 à 1945 constitue le décor principal de ce roman qui dépeint ce que fut pour les italiens la première guerre mondiale puis la conquête du pouvoir par Mussolini, le triomphe du fascisme, les interventions en Éthiopie puis en Espagne, aux côtés de Franco, l'invasion de la France en juin 1940 puis l'offensive ratée en Grèce, la campagne de Russie jusqu'à Stalingrad et le débarquement allié en Sicile et sur la péninsule. Et la lutte finale en 1945.



Les personnages attachants de Julia, Lorenzo, Nino, Camélia, Virginia et tant d'autres, les naissances de Salvatore, Laura, Allesandro emmènent le lecteur en 700 pages riches de sang, de sueur et de passion des fermes siciliennes ou grecques aux salons romains les plus élitistes.



Jean-Pierre Cabanés nous présente aussi bien la mafia que les intrigues littéraires des académies et les arcanes des réseaux fascistes. Fort bien documenté, ce roman historique est passionnant et instructif et nous mêle aux combats du Piave, aux batailles de Madrid et Moscou, au siège de Stalingrad et de Palerme, aux bombardements de Rome et aux derniers duels entre miliciens et communistes dans le réduit alpin.



J'avais dévoré l'oeuvre d'Eugenio Corti il y a 20 ans et je considère « la plupart ne reviendront pas », « les derniers soldats du roi » et surtout « le cheval rouge », comme des chefs d'oeuvres du XX siècle. Ce sont des témoignages rédigés par un officier italien ayant vécu ces tragédies.



« Rhapsodie italienne » est assurément d'une lecture plus facile mais son écriture romanesque plaira à un immense public. C'est à mon avis un des livres majeurs de cette année.
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Rendez-vous à Naples

Jean-Pierre Cabanes après nous avoir enchanté avec « Rapsodie italienne » roman sur l’épopée fasciste et la dictature de Mussolini, remonte le temps et décrit l’élan du Risorgimento et l’action des volontaires de Garibaldi, qui, après Milan en 1848, Gaëte en 1861, prennent Rome en 1870 et unifient l’Italie, pour le plus grand malheur du Royaume des deux Siciles et de sa reine-soldat Marie-Sophie.



Roman de cap et d’épée, Rendez-vous à Naples, confronte Giacomo Cesari, agent de Cavour et du Roi Victor-Emmanuel, à Marie-Sophie, soeur de l’impératrice Sissi, qui à 19 ans galvanise la résistance de ses fidèles et résiste héroïquement lors du siège de Gaëte, avant de s’exiler dans les états pontificaux puis à Paris où elle arrive à la fin du second empire et se trouve plongée dans les affres de la commune où le romancier, dans un délire digne d’Alexandre Dumas, l’associe à Louise Michel !



Séduisante, libre et passionnée, Marie-Sophie aura une vie sociale très active et vivra un grand amour avec un officier des zouaves pontificaux, Emmanuel de Lavaysse, dont naîtra Daisy, « le secret de la reine soldat » que Lorraine Kaltenbach a récemment révélé. Secret que Jean-Pierre Cabanes travestit en imaginant des jumelles née d’une rencontre avec Giacomo Cesari.



Ces quatre cents pages passionneront aussi bien les lecteurs curieux de découvrir les ressorts de l’unification italienne, puissamment aidée par Napoléon III qui obtint ainsi Nice et la Savoie à l’issue des accords de Plombières, que les lectrices passionnées par Sissi, ses soeurs, et une reine de légende.



Imaginons un instant la résistance de Marioupol dirigée par une princesse de 19 ans qui serait soeur du Roi d’Espagne et nièce de la Princesse de Galles … cette reine-soldat serait Marie-Sophie réincarnée !
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L'audience solennelle

Un thriller conçu par un avocat pénal qui a remporté le grand prix de la littérature policière en 1982 et, chose curieuse, c'était le tout premier roman des 22 que l'auteur a cependant écrit.



Jean-Pierre Cabanes est né en 1949 à Montpellier et à été pendant des années pénaliste au barreau de Nîmes avant d'en devenir son bâtonnier.



Le 4 janvier à quinze heures, pendant la cérémonie officielle d'ouverture de l'année judiciaire, le président de la cour d'une ville du midi de la France est abattu. Un trio de jeunes Colignat, Martin et Joubert est arrêté et mis en isolation en taule. Peu après cependant c'est au tour du procurer général d'être abattu chez lui par une seule balle tirée depuis l'autre côté de la rue, brisant la fenêtre et le tuant sur le coup. Sans grand fondement, l'on conclu rapidement qu'il doit s'agir de complices du trio incarcéré !



En haut lieu on est convaincu que c'est un complot dirigé contre la magistrature "comme symbole de l'État" et qu'il fait partie d'un mouvement plus vaste, "une sorte d'ennemi intérieur manipulé depuis les pays de l'Est".



Le protagoniste principal du récit se nomme Julien Kernas, l'avocat chargé de défendre le jeune trio. Chacun des trois a été trouvé en possession d'une partie de l'arme utilisée qui a liquidé le président Larivière de la Cour. Julien Kernas est persuadé de leur innocence et qu'ils sont victimes d'une mise en scène, puisque la douille de la balle, éjectée au moment du tir, a été trouvée à un tout autre endroit, loin d'où se trouvaient les 3 jeunes.



La juge, Anne Gauthier, avec qui Julien a une liaison, se débrouille pour qu'un expert en balistique analyse cette douille. Seulement celui-ci a un accident mortel en manipulant une arme. Colignot, Martin et Joubert restent ainsi en prison.



Entretemps, la pression exercée sur la juge Anne et surtout Julien s'accentue à un tel point qu'il lui est même proposé un poste de député lors des prochaines élections. Cette "promotion" permettrait de l'envoyer à Paris et de l'inciter à abandonner la défense du trio, qui pourraient dès lors être condamné à une peine maximale.



Personnellement, je trouve que si l'idée de base de l'intrigue de "L'audience solennelle" est fort originale, le récit de l'affaire est un peu décevant dans la mesure où il ait trop de petites intrigues parallèles entre un trop grand nombre de personnages. Je comprends que les rivalités entre procureurs, juges, avocats etc. forment un champ d'action que l'auteur de par sa fonction et expériences connaît particulièrement bien, mais qui intéresse probablement beaucoup moins le lecteur moyen, qui lui préfère que l'enquête progresse sans trop de heurts et des à-côtés superflus.



Et comme le résume la deuxième page de couverture : Maître Kernas se bat pour la vérité. À ses risques et périls.......

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Rhapsodie italienne

« Quoi ? Mon père a tué le premier mari de ma mère !

Et personne ne me l’avait jamais dit !

Mais que s’est-il passé ? »

Ce qu’il s’est passé est un des multiples détails dans la rhapsodie d’événements, de révélations et de confidences merveilleusement mise en scène par J.P. Cabanes qui nous entraîne dans cette passionnante épopée italienne de 1915 à 1945.

Rhapsodie: « Suite de poèmes épiques chantés par des chanteurs itinérants.»

Nino et Lorenzo sont nos rhapsodes, leurs chants passent tour à tour de mélodieux par amour à irrités par de multiples trahisons où rugueux à force de guerres.

Justes et loyaux, ils ne se détournent jamais de leurs idéaux distincts empreints de sincérité.

Dans ce roman, se dégage un souffle romanesque permanent, je risquerai même un soupçon de Pagnol mâtiné de Zévaco dans les rebondissements. J’ai souvent eu la gorge sèche et serrée.



Bien que ce texte soit régulièrement baigné de péripéties familiales tragiques et prenantes, la grande Histoire n’est pas en reste, véritable colonne vertébrale de ces pages, nous assistons à la croissance inéluctable du fascisme de Mussolini, sa plénitude et son déclin. Nous sommes également envoyés en éclaireur dans les prémices de la guerre d’Espagne où des troupes italiennes étaient déployées contre les républicains. Nous suivons les combats acharnés contre les troupes éthiopiennes, nous vivons l’invasion de la Russie par les troupes allemandes avec un focus sur la bataille de Stalingrad.

Inévitablement, afin de situer ses personnages au cœur de l’action, l’auteur ne peut échapper à quelques rencontres improbables et coïncidences hasardeuses que nous nous dépêchons de lui pardonner tant elles servent à merveille l’intrigue.



Si les rhapsodes sont masculins, il ne faut en aucun cas négliger les rôles féminins, incontestables chefs d’orchestre de cette symphonie historique, en commençant par Carmela, amour de Nino au destin sombre puis flamboyant, en poursuivant par Laura, fille de Lorenzo, rebelle et engagée, sans oublier Bianca Strozzi devenue patronne de « Cosa Nostra ».



Croustillant d’anecdotes, j’ai dévoré ce livre captivant où chaque page recèle son lot de surprises et de découvertes. J’ai également apprécié l’emploi d’expressions italiennes saupoudrées dans le texte comme des petits piments de vie qui viennent épicer les dialogues.



Merci Monsieur Cabanes grâce à des écrivains comme vous, le genre « roman Historique » a un bel avenir, il faut avoir beaucoup de talent pour faire revivre le passé avec tant de reliefs.



Merci encore à « Masse critique » privilégiée et à Albin Michel de m’avoir éclairé sur un pan de l’histoire de l’Italie que je ne connaissais pas.

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Rhapsodie italienne

Comme tout Babéliote, s’il y a bien une chose dont je suis sûre, une chose dont je ne peux douter en ce monde mouvant où les certitudes sont si rares, c’est que les impressions de lecture sont diverses et divergentes.

Mais là, en lisant la critique du Figaro, j’ai quand même été scotchée, c’est comme un gouffre, un abysse qui s’est ouvert à mes pieds. Le livre de Jean-Pierre Cabanes, «une sorte de fresque dans la veine d'Elena Ferrante»?? c’est juste incompréhensible pour moi, tellement à l’exact opposé de mon ressenti - à part le fait que ça se passe en Italie, quoi de commun à ces deux œuvres??

Le personnage principal de Rhapsodie italienne, Lorenzo, est très lisse, sans aspérité, un gentil fasciste, tout le contraire des personnages profonds, complexes, vibrants, de L’Amie prodigieuse. On nous dit que sa grande caractéristique, c’est la fidélité, et l’histoire va bien nous montrer que le bon Lorenzo est 100% fidèle, que ce soit à Mussolini, même quand les rats quittent le navire, ou à son ami Nino, même quand Lorenzo est nommé Préfet de Sicile pour combattre la mafia à la tête de laquelle se trouve Nino. Bref, rien à voir avec les relations ambivalentes, étonnantes, pleines de tornades et d’émotions intenses, violentes, des personnages d’Elena Ferrante.

Pour ce qui est de la dimension historique, il y a des pages qui semblent juste avoir été détachées d’un livre d’histoire et collées dans le roman, sans qu’il y ait un travail de création littéraire fait avec ce matériau. On est très loin là encore de L’Amie prodigieuse, où la fusion est parfaitement réussie entre le matériau historique et l’histoire des personnages. La réflexion historique et sociale d’Elena Ferrante est aussi beaucoup plus profonde, même si je suis d’accord sur un point avec le critique du Figaro, l’analyse de Jean-Pierre Cabanes n’est pas sans intérêt lorsqu’il évoque la responsabilité dans la montée du fascisme de la politique libérale très injuste socialement, creusant les inégalités de façon insupportable, réprimant très violemment les manifs.

Ah il y a un autre point commun entre les deux livres: ils sont gros. Mais la différence, c’est que Rhapsodie italienne l’est beaucoup trop.



Alors OK, nos avis de lecture divergent, et c’est bien normal, mais est-ce qu’il n’y aurait pas chez certains critiques une tendance pas bien sérieuse à abuser de comparaisons avec des œuvres ayant suscité l’enthousiasme de nombreux lecteurs, qui ne peut que provoquer de grosses déceptions?
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Rhapsodie italienne

Voilà un roman touffu, admirablement bien documenté et qui narre de façon claire et vivante l’histoire de l’Italie de la première guerre mondiale à la fin de la deuxième, du balbutiement du fascisme à la débâcle du Duce.



Nous suivons pendant des décennies deux hommes qui ont combattu ensemble pendant la première guerre, qui ont formé un duo de choc, mais qui ont dû se séparer par la force des choses. Leur famille est également mise en scène, et c’est ça qui m’a transportée. C’est humain, véritable, sensible.



Meurtres, guet-apens, mafia, trahisons.

Fascisme, communisme, révoltes ouvrières.

Guerres.

Amour, aussi. Fidélité. Espoir.

Et finalement, beaucoup de politique, c’est ça par contre qui m’a rebutée.



Je recommande ce roman historique brassant les grandes idées de la première moitié du 20e siècle. Idées, oui, mais aussi actions concrètes enrobées de sentiments purs.

Viva Italia !



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Rhapsodie italienne

«Rhapsodie italienne » de Jean-Pierre Cabanes est une immense fresque historique et romanesque. Un pavé de plus de 700 pages relatant l’histoire de l’Italie des premières heures du fascisme à la fin de la seconde guerre mondiale. L’auteur a divisé cette histoire en trois grandes parties correspondant à trois dates importantes pour l’Italie de cette première moitié du XXème siècle et c’est à travers le destin de deux hommes que tout sépare que nous allons traverser cette épopée.



En 1915, Lorenzo Mori officier dans l’armée italienne est destiné à partir à la guerre alors que Nino, le sicilien, est obligé de s’enrôler pour échapper à la prison après avoir commis un crime d’honneur. Eux que tout sépare vont devenir de véritables frères d’armes : des « arditi », véritable troupe d’assaut de l’armée italienne. Tous deux vont se battre pour la même cause : libérer les « terre irredenti », tenues par les Austro-Hongrois. Mais à la fin de la guerre, le destin va les éloigner l’un de l’autre et surtout les opposer. Tandis que Lorenzo va très rapidement adhérer à l’idéologie fasciste et devenir un des proches de Mussolini, Nino va quant à lui choisir une vie secrète au sein de la Cosa Nostra. Malgré cette farouche opposition, les deux hommes resteront liés durant toute leur vie car un lien indestructible unit « les arditi » qui restent des frères d’armes à la vie à la mort.



Aux côtés de ces hommes emportés dans le tourbillon des combats se trouvent ces femmes sans lesquelles une telle fresque ne serait pas possible : Julia, l’épouse et grand amour de Lorenzo qui défend la cause des ouvrières exploitées ; la belle Carmela, sicilienne et amante de Nino, prête à tout pour cet amour « absolu » ; et Laura fille de Lorenzo dont la destinée mènera vers la lutte pour le communisme. Chacune s’engageront dans un combat pour l’indépendance, la liberté mais surtout l’amour.



Bien sûr, il est très difficile de résumer cette magnifique épopée tant l’histoire est riche en évènements qui se succèdent les uns aux autres et qui ne laisse aucun répit au lecteur.

Véritable tour de force de l’auteur, celui-ci mêle remarquablement bien les personnages du roman aux personnages réels ayant marqué cette époque : Benito Mussolini, sa maîtresse Margharita Sarfatti qui l’a propulsé au pouvoir, Ciano gendre du Duce et bien d’autres encore.

A la seconde où l’on découvre les premières phrases, nous nous trouvons face à une véritable leçon d’histoire. J’y ai appris un nombre considérable de choses sur les premières heures du fascisme, son avènement et sa chute. Mais également les conséquences terribles de la première guerre mondiale sur l’Europe avec la montée en puissance des dictatures.



Vous aimez l'Histoire, le courage, la loyauté mais aussi la trahison ! L'amour ! Les grandes héroïnes vous fascinent, bref les grandes fresques historiques vous passionnent, alors ce livre est fait pour vous. Tout y est. Et surtout, ces passions politiques et amoureuses qui s'entrecroisent violemment.



En ce qui me concerne, j’avoue avoir été un peu lassée par trop de répétition et par certains passages particulièrement longs mais satisfaite de tout ce que j’ai pu y apprendre étant une passionnée d’Histoire.

Malgré ces quelques bémols, ce fut vraiment une lecture très agréable.



Je remercie Babélio et Albin Michel pour cette masse critique privilégiée qui m’a fait découvrir un auteur qui m’était inconnu ainsi qu’un roman que je n’aurai certainement pas eu l’idée de lire à sa sortie.

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Rhapsodie italienne

C'est une grande fresque historique qui fait penser aux romans de Henri Troyat, Ken Follett, Kate Mosse..

Trois ans pour écrire cette oeuvre magistrale qui nous fait partager la vie de deux familles italiennes pendant toute la période fasciste, de 1915 à 1945.



L'auteur, Jean-Pierre Cabanes, avocat de formation, a pu rencontrer des descendants de responsables fascistes italiens. La documentation, considérable, est l'un des points forts de ce roman.

Et les personnages qui sont particulièrement étonnants; deux hommes au centre du récit, qui, au départ, n'avaient aucune chance de se rencontrer: Lorenzo Mori, jeune officier de Vérone, amoureux de Julia qui va être promise à un autre mariage. Nino Caldérone, jeune sicilien de Castellaccio, qui se voit évincer de ses terres par un propriétaire foncier sans scrupules..



La première guerre va amener ces deux personnages à se rencontrer et ce sera l'occasion aussi pour Lorenzo de rencontrer Mussolini alors simple sous-officier.

Lorenzo comme Nino feront partie du commando des "Arditi" combattants d'exception.

Le retour à la vie civile sera particulièrement difficile pour nos deux héros, Lorenzo a perdu une main au combat et Nino a été défiguré.



Le destin qui les attend après la guerre est étonnant:

Lorenzo va suivre la trajectoire ascendante de Mussolini et devenir son confident, son homme à tout faire..



Nino va revenir dans sa Sicile natale, y découvrir que sa fiancée, Carmela, est sur le point d'épouser un académicien connu, Cavalcanti. Lui-même est donné pour mort... Il restera donc dans l'ombre et rejoindra les rangs de la célèbre Cosa Nostra, y faisant une "carrière" éclatante puisqu'il va devenir un parrain redoutable.

Quelques années plus tard, Lorenzo sera affecté en Sicile en tant que prefetissimo et aura l'occasion de retrouver son ancien camarade de combat.



Lorenzo aura une carrière spectaculaire auprès de Mussolini. Il deviendra héros de guerre pendant l'expédition en Ethiopie puis général de la Milice, chargé des relations internationales, il interviendra pendant la guerre civile d'Espagne et assistera à la bataille de Stalingrad..



Les femmes ne sont pas en reste dans ce roman-fleuve: Carmela est une femme impressionnante, une sorte de maîtresse-femme qui gère son domaine agricole sicilien de main de maître. Plus tard elle deviendra éditrice et connaîtra un grand succès dans cette activité. C'est une femme libre avant l'heure puisqu'elle sera la maîtresse, entre autres, du célèbre gendre de Mussolini, Ciano.

Difficile pour les hommes de se mesurer à une telle femme: le cas de son malheureux mari Cavalcanti, sera éclairant. Après avoir honteusement exploité la vie privée de sa femme pour "nourrir" ses livres, il sera "remercié" définitivement.



Et puis il y a Laura, la fille de Lorenzo. Elle va s'affronter à son père puisqu'elle va tout faire pour lutter contre le fascisme.



Ce livre est aussi un roman de l'"engagement", un thème plutôt oublié dans ces dernières années.

Les personnages ont ici la force de leurs convictions, prêts à renverser des montagnes et à risquer leur vie, parce qu'ils sont convaincus de la justesse de leurs idées.



Un livre magnifique qui nous fait aimer encore plus l'Italie et qui donne un éclairage intéressant sur cette période trouble de l'histoire italienne.

Il est particulièrement intéressant de découvrir la maîtresse de Mussolini, Margherita Sarfatti, qui donne l'impression de "mener la danse" dans ce livre.

Les événements historiques évoqués comme l'enlèvement et le meurtre du député Matteoti sont particulièrement bien rendus.



Bref c'est l'histoire comme on aime...

Un roman-fleuve dense et foisonnant, parfait pour ces durs temps de confinement....
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Rhapsodie italienne

Vérone, 1915. Lorenzo Mori, jeune officier de bonne famille, s’engage sur le front de Trieste après un duel malheureux qui a vu mourir le tout nouveau mari de Julia, la jeune fille qu’il aime. Lors d’une permission, il l’épouse secrètement et quelques mois plus tard, elle met au monde une petite Laura. Sa joie est de courte durée. Julia décède huit jours après, laissant Lorenzo fou de chagrin.

La même année à Castellàccio, petit village de Sicile, Nino s’enrôle dans l’armée après un crime d’honneur. Il laisse derrière lui la belle Carmela dont il vient de tuer l’oncle pour venger la mort de son père. Ses deux meilleurs amis l’accompagnent dans cette funeste aventure où leur jeunesse et leur origine les désignent comme de la chair à canon que les officiers sacrifient sans vergogne. Après la mort de ses deux compagnons, Nino n’a plus goût à la vie et ne souhaite plus qu’une chose, mourir au combat.

Liés par ce même désir d’en finir avec la vie, Lorenzo et Nino s’engagent chez les arditi, une compagnie d’élite de soldats intrépides. Le téméraire Véronais et le Sicilien Taiseux vont former un binôme hors du commun, des frères d’armes collectionnant faits d’armes, honneurs et décorations.

Quand ils sont démobilisés, leurs chemins se séparent. A Vérone, comme dans toute l’Italie, on veut oublier la Grande guerre et on vilipende les soldats qui ont combattu pour quoi ? pour qui ? Lorenzo se rapproche alors de Benito Mussolini, rencontré dans les tranchées et adhère à sa thèse d’une Italie unie, fière et conquérante.

En Sicile, Nino a tout perdu jusqu’à son nom qui figure en bonne place sur le monument aux morts. Défiguré par une bombe, celui qu’on appelait le beau Nino met son avenir entre les mains d’un parrain de la mafia dont il devient le garde du corps. Carmela, certaine de sa mort, a épousé un écrivain en vue qui a même reconnu son fils. Sans existence légale, il devient l’ange de la mort de Cosa Nostra.



Quel superbe roman ! Une fresque historique qui raconte le fascisme italien de ses prémisses à sa chute à travers le destin de personnages réels et fictifs. Presque mille pages mais pas un mot de trop. C’est instructif sans être ennuyeux, documenté sans être pédant. C’est aussi romanesque sans être mièvre, foisonnant sans être brouillon.

On voyage de Vérone à la Sicile, de Trieste à Rome, de l’Ethiopie à l’URSS, de l’Allemagne au lac de Garde. On croise des mafieux, des notables, des fascistes, des communistes, des traîtres et des hommes d’honneur.

Portée par des personnages forts et attachants, faits de chair et d’os, de convictions et de sentiments, cette rhapsodie italienne explique et détaille la montée du fascisme en Italie, son apogée et sa chute inéluctable. A dévorer !

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Rhapsodie italienne

Voici mon retour de lecture sur Rhapsodie italienne de Jean-Pierre Cabanes.

1915. Dans la ville de Vérone, un mariage va être célébré. Celui de Julia.

Mais ce mariage ne dure que quelques heures, et le marié défie Lorenzo, le grand amour de son épouse. Celui qu’elle aime depuis des années. Le duel tourne mal, et Lorenzo rejoint le front de Trieste.

Au même moment, dans un petit village près de Palerme, Carmela, en pleine nuit, ouvre la porte à son amant qui vient tuer son oncle. Une affaire d’honneur. Le lendemain, Nino part pour la guerre pour éviter la prison. Nino va croiser la route de Lorenzo, quand tous deux seront membres des troupes d’assaut. Avant de prendre des chemins très différents...

Tandis que l’histoire emporte les hommes dans le tourbillon des combats, le temps des femmes est venu.

Rhapsodie italienne est un roman très dense, de.. 983 pages !

Il retrace l'histoire de l'Italie de 1915 à 1945.

Nous suivons plusieurs personnages sur cette période, notamment Lorenzo et Nino mais aussi Julia, Virginia, Carmela..

Tous et toutes ont des personnalités assez fouillées, bien définies et parfois complexes. Certains sont plus attachants que d'autres, évidemment.

J'ai aimé que cela nous relate des histoires d'amour contrariées, ce n'est pas prévisible et c'est agréable.

Toutefois, comme je le disais plus haut, c'est un roman très dense. Un peu trop peut-être car certains passages m'ont semblés vraiment longs.

Un peu moins de pages et un peu plus de dynamisme ne m'auraient pas déplu !

Néanmoins, chapeau à l'auteur pour le travail de recherche ; on sent qu'il a du y passer du temps, qu'il y a mis tout son cœur ; et qu'il sait très bien où il nous emmène.

Rhapsodie italienne est un bon roman sur l'Italie, de l'arrivée du fascisme à la fin de la seconde guerre mondiale. Ne connaissant Mussolini que de nom, j'ai trouvé ce roman très instructif tout en étant un peu long.

Ma note : quatre étoiles.
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Rhapsodie italienne

C’est un bon gros pavé, le genre de pavé qui vous saisit d’entrée, vous passionne et ne vous lâche qu’à la dernière ligne. D’abord, il y a un magnifique travail de documentation sur trente années d’histoire italienne (1915-45), les trente années qui ont écrasé et mutilé le XXème siècle, partout en Europe. Ensuite, il y a une intrigue romanesque qui réussit adroitement (c’est assez rare pour le souligner) à introduire des personnages de fiction sans tomber dans la pénible mode consistant à n’utiliser les personnages historiques que pour enrichir le décor. On vit, grâce au héros fictif, frère d’armes de Mussolini en 1915, les guerres vues du côté italien (14/18, Espagne, Ethiopie, 39/45), le retour des soldats, les gueules cassées, les héros, l’oubli, la misère, la tentation du fascisme (fort bien dépeint), la prise de pouvoir, l’alliance bon gré mal gré avec Hitler, les intrigues d’antichambres ou de boudoirs, le siège de Moscou ou celui de Leningrad, le rôle de la mafia dans le débarquement allié en Sicile, la destitution de Mussolini, sa libération par un commando de parachutistes allemands, la débâcle, les règlements de compte.

L’histoire colle au plus près de la vérité historique concernant Mussolini, Clara Petacci, le comte Ciano ou Margherita Sarfatti. Ajoutons que le roman évite également le péril tellement répandu aujourd’hui : regarder cette histoire avec les lunettes roses de notre époque et succomber à ses clichés manichéens.

On y rencontre de braves garçons devenus des tueurs, des paroles données et respectées, des amitiés de frères d’armes qui résistent au temps, des amours cabossées mais solides, d’autres fortes et tragiques, des familles écartelées par des choix politiques divergents, des femmes fortes (Margherita Sarfatti, l’infirmière Bianca, Julia, Carmela, Laura), on y trouve à mieux comprendre l’origine et les raisons de prospérer de Cosa Nostra. La psychologie des personnages est soignée, les dissemblances, pour ne pas dire les dissensions, entre le Nord et le Mezzogiorno sont habilement traitées.

Le style est plaisant, avec l’art de dire ou de suggérer beaucoup en peu de mots, ce qui convient tout à fait à un roman dont une bonne partie se déroule en Sicile. On apprécie le rythme rapide, les chapitres très courts et des trouvailles, comme l’intervention d’un personnage écrivain qui permet de faire exprimer des sentiments cachés.

Ce roman, aussi distrayant qu’enrichissant (on croit connaître un peu l’histoire de nos voisins et on se découvre ignare), est plus fort, plus fouillé, plus vrai que du Ken Follett. Les amateurs du genre apprécieront, sans aucun doute, Rhapsodie italienne. On lui souhaite le même succès. Il serait mérité.

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Rhapsodie italienne

Dans ces sept cent pages, Jean-Pierre Cabanes a entrepris de décrire plus de deux décennies de fascisme en Italie, de l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés des Alliés en 1915 à la chute et la mort de Benito Mussolini en avril 1945. La forme est celle du roman croisant sur plusieurs générations les destinées de plusieurs familles. La construction fait inévitablement penser au Siècle de Ken Follett, avec les mêmes artifices : personnages de différentes classes sociales dont la vie se croise et se recroise, carrières fulgurantes au plus prés des dirigeants de l'époque, présence des acteurs dans tous les évènements majeurs du temps…



Les deux personnages masculins principaux sont Lorenzo, officier de l'armée italienne, issu d'une bonne famille de Vérone, et Nino, un paysan sicilien contraint de quitter l'île suite à un crime d'honneur. Ces deux-là vont se rencontrer dans les tranchées de la première guerre mondiale, s'estimer, et se sauver la vie mutuellement à plusieurs reprises. Rendu à la vie civile, Lorenzo suivra avec une constante fidélité un journaliste - homme politique qu'il a rencontré durant cette guerre : Benito Mussolini. Cette fidélité lui vaudra quatre campagnes militaires, de nombreuses blessures, et quelques drames familiaux. Nino, lui, sera considéré mort au combat, alors que gravement blessé, il a perdu la mémoire, et qu'il est en fait soigné dans un hospice. Quand il reviendra en Sicile, c'est pour voir son aimée mariée à un autre.

Les personnages féminins se succèdent, tous attachés à l'un ou à l'autre de ces ex-soldats, tous glissant de l'un à l'autre. Ces portraits sont ceux de femmes engagées, prêtes à tout donner par passion. Une seule, Carmela, restera jusqu'au bout.

Derrière la génération de la première guerre vient celle qui devra se positionner lors de la suivante : avec le Duce ou contre lui...



L'ouvrage est presque plus un livre d'histoire romancé, qu'un roman historique. Cabanes emprunte plusieurs scènes à la vérité historique (comme la séance du grand conseil fasciste du 24 juillet 1943 qui a abouti à la chute de Mussolini). Il utilise aussi en Lorenzo Mori une partie de la biographie de Cesare Mori, le préfet de fer (il Prefetto di Ferro), qui a combattu par des méthodes énergiques la mafia dans les années vingt. Avec succès vis à vis des masses mafieuses, comme lors de l'occupation de Gangi, village fortifié et siège principal des criminels siciliens, puis en échouant dés qu'il s'est fallu s'attaquer aux donneurs d'ordres et bénéficiaires, souvent liés aux dirigeants fascistes de la Sicile.



Cabanes s'était attelé à un projet ambitieux et complexe. Il s'en tire brillamment. Le livre est long, dense, extrêmement détaillé dans sa partie historique, mais cette présentation était nécessaire pour tenter de faire comprendre comment l'amertume d'anciens soldats, utilisés comme chair à canon par le gouvernement italien lors de la première guerre mondiale, a pu servir de terreau à une vision nationaliste de l'Italie, puis au fascisme sous l'égide du Duce, Benito Mussolini.

Il explique aussi très bien l'adhésion progressive d'une majorité d'Italiens au fascisme, puis la dérive de plus en plus réactionnaire du régime. Jusqu'à l'entrée en guerre au côté de l'Allemagne, alors que la France est déjà vaincue militairement. Une entrée en guerre que Galeazzo Ciano, gendre de Mussolini et son ministre des affaires étrangères, a tenté d'empêcher jusqu'au bout.



Ce livre se lit à petit rythme, chapitre après chapitre; au rythme du temps qui passe. Dans mon cas, il a contribué à faire passer cette première semaine de confinement en gardant constamment une pensée pour la situation sanitaire en France comme en Italie. Restez chez vous et portez-vous tous bien.

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Rhapsodie italienne

Grande et dense fresque historico-romanesque.

Histoire de l'Italie du début du XXème siècle jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, l'histoire du fascisme, de sa montée en puissance avec l'arrivée au pouvoir de Mussolini à son déclin.

Une myriade de personnages brillamment dépeints, évoluant dans ces temps tourmentés.

Vengeance, trahison, honneur, courage, loyauté, fraternité, engagement, résistance, ambition, amour imprègnent ces pages que l'on tourne avec plaisir, sans se lasser, pris dans le fil de ces destins qui s'imbriquent. Jean-Pierre Cabanes maîtrise l'art de la narration, il retient son lecteur, le happe jusqu'à la dernière page.

Passionnant. Enrichissant. Addictif.

À ceux qui ont envie d'approfondir leurs connaissances sur cette période tragique de l’histoire italienne, tout comme aux aficionados de grandes sagas, je recommande ce pavé ! Évasion garantie !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Rhapsodie italienne

Gloire et chute du fascisme italien :

Credere, Obbedire, Combatter *





Pour réussir un roman historique, il faut de beaux personnages travaillés dans leur humanité et ancrés dans leur époque, une documentation aux détails précis et aux sources fiables, une vision claire des lieux pour une illustration quasi cinématographique.

Quand tout cela existe, le livre devient une machine à remonter le temps et on se laisse embarquer par le souffle de la petite histoire dans la Grande.



Tout est là dans cette Rhapsodie italienne.

Comme bien d’autres pays, l’Italie a vécu un 20e siècle tumultueux avec une population souvent prise en otage du destin collectif: première guerre mondiale contre l’Empire austro-hongrois, Fascisme, Cosa Nostra, guerre coloniale d’Ethiopie, guerre civile espagnole et seconde guerre mondiale.



Deux italiens, un du nord et un sicilien, deux destins épiques pour illustrer la société italienne et comprendre le parcours politique de Mussolini. L’ambiance est authentique, la narration efficace et dynamique, voire radicale, l’auteur n’hésitant pas à occire des personnages rapidement et ce, dès les premières pages. Amours contrariés, séparations imposées, engagements politiques ou militaires, loyauté et vengeance…On a droit à quelques poncifs, coïncidences convenues, drames prévisibles mais le tout échappe au romanesque sirupeux et fait figure de fresque sociale, portée par une écriture visuelle et descriptive.



Un bon pavé littéraire que j’ai avalé goulûment, occultant comme en filtre la période surréaliste du confinement (qui, soit dit en passant, sera sans aucun doute un contexte approprié pour des romans historiques futurs)





* Croire, Obéir, Combattre

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Rhapsodie italienne

Comme l'annonce le titre Rhapsodie italienne de Jean-Pierre Cabanes , et pour reprendre la définition de rhapsodie , ce roman est une suite de récits épiques.

Ces récits épiques ont lieu en Italie entre 1915 et 1945.

Et comme pour tous les poèmes épiques il faut des personnages valeureux , romanesques dont l'honneur , la fidélité sont des valeurs premières

Les deux premiers protagonistes sont Lorenzo Mori et Nino Calderone.

Lorenzo Mori est un jeune officier de l'armée italienne. Il vit à Vérone. Quand on le rencontre pour la première fois , il va au mariage de Julia. Celle-ci se marie avec Umberto Galluzzi qu'il déteste.

A peine marié Umberto Galluzzi provoque en duel Lorenzo Mori.

Umberto Galluzzi meurt lors du duel et Lorenzo Mori épouse secrètement Julia car ces deux là s'aiment d'un amour fou. Valeur...Honneur ... Romanesque



A l'autre bout de l'Italie , en Sicile précisément, il est aussi question d'honneur. Nino Calderone jeune sicilien a commis un crime d'honneur. Il est dans l'obligation de s'enrôler dans l'armée.

Nous sommes en 1915 , la première guerre mondiale vient de commencer et les Italiens sont aux prises avec les Austro-Hongrois dans la Vénétie. Ce sont "les terre irredenti" , ces terres qui ne sont pas italiennes mais où vivent des Italiens.

Lorenzo et Nino vont se battre pour libérer ces "terre irredenti" et vont devenir des frères d'armes des "arditi" ces militaires qui se sont battus à Vittorio Veneto.

A la fin de la guerre l,un va retourner à Vérone et l'autre en Sicile.

Le destin va les éloigner et en même temps ils resteront liés. Quand tu est "arditi" tu l'es pour la vie.

Pendant la guerre Lorenzo Mori a rencontré Mussolini et il va rapidement adhérer u fascisme et devenir un homme indispensable pour Mussolini.

De son côté Nino Calderone va choisir de rentrer dans la clandestinité d'une mouvance que l'on appelle pas encore Cosa Nostra. Il devient L'ancilu Mostru .( l'ange monstre)

Les trois autres protagonistes sont trois femmes valeureuses,romanesques , amoureuses.

Il y a Julia , le grand amour de Lorenzo , femme rebelle , sociale qui défend la condition féminine.

Il y a Carmela , la Sicilienne à la tête d'un domaine et qui aime Nino

Il y a enfin Laura , la fille de Julia et Lorenzo. Jeune fille intrépide comme son père mais dont les idées penchent plus vers le communisme.

Autour de ces personnages de fiction , viennent s'agréger des personnages réels de cette période 1915 /1945.

Apparaissent Mussolini , ses maîtresses Margharita Sarfatti ,Clara Petacci, sa fille Edda son gendre Ciano , les généraux Graziani et Badoglio.

Défilent devant nous , la prise de pouvoir de Mussolini,la guerre d'Espagne , la guerre d'Ethiopie, le développement du fascisme , l'alliance Hitler Mussolini , le front russe jusqu'à la chute finale.

C'est remarquable et cela ne doit pas être résumé. C'est au lecteur de s'approprier cette Rhapsodie italienne où les événements se succèdent les uns aux autres.

Devant nous grâce à ce mélange parfait entre fiction et réél se déroule l'une des pages importante de l'Histoire de l'Italie mais aussi de l'Europe : la montée du fascisme et du nazisme dans les années 30.

Un petit bémol : Comme il s'agit d'une histoire épique , les héros et les amours sont souvent invincibles et les décorations militaires , les blessures de guerre sont nombreuses.

Ce petit bémol n'enlève en rien de la qualité à ce roman historique qui se lit avec avidité malgré ces 700 pages .

Merci à la Masse Critique Privilège Babélio et aux Editions Albin Michel de m'avoir permis la lecture de ce roman.

Enfin pour ceux qui sont interéssés par l'Histoire de l'Italie je vous conseille la lecture de Tous sauf moi de Francesca Melandri. Roman qui parle du passé fasciste et colonialiste de l'Italie au travers de la Guerre en Ethiopie et de l'arrivée des Migrants actuellement. Ma critique de ce livre est sur Babélio.






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Rhapsodie italienne

Auteur prolifique de romans qui se passent le plus souvent dans l’Italie de l’avant-guerre, Jean-Pierre Cabanes obtiendra certainement avec son dernier opus, Rhapsodie italienne, le même succès qu’avec les précédents. Comme l’indique la présentation de l’éditeur, si vous aimez l’Italie, l’histoire récente – le livre commence en 1915 et se termine à la fin de la seconde guerre mondiale – et le genre « romanesque », ce roman, au demeurant bien documenté et à l’écriture efficace, ne peut que vous séduire… Sauf si vous n’aimez guère les personnages convenus – les héros sont nécessairement séduisants, intelligents et courageux quoiqu’ils fassent, les héroïnes belles et déterminées – et les aventures trop prévisibles… Sauf si vous n’avez pas envie que l’on vous raconte de « belles » histoires de mafieux ou de fascistes… Sauf si vous avez depuis longtemps découvert que la vraie littérature est celle qui nous permet de découvrir le monde et de comprendre comment les hommes s’essaient à vivre...



Merci à Albin Michel et à Babelio dans le cadre de Masse critique.

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