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Critiques de Jean-Pierre Verheggen (24)
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Le Degré zorro de l'écriture

C’EST AVEC BONHEUR et délectation que je vous présente cette lecture belge complètement atypique. Loin d’être simplement original, Verheggen y déconstruit totalement toutes les conventions de la littérature classique. Pas la peine de chercher une trame, des personnages, une prise de position explicite ou même une leçon à tirer, vous risquerez d’y perdre tout intérêt. Pour ma part, j’ai trouvé dans ce livre de quoi abreuver ma soif de jeux de mots et de divagations phonétiques.



Le titre, grande boutade à l’auteur du Degré zéro de l’écriture, m’avait au départ préparée à rencontrer des prises de position allant à contre-courant des modèles littéraires enseignés dans les écoles ou les universités. Pourtant, la référence textuelle à Barthes et aux enjeux de l’écriture s’arrête là. En omettant de critiquer le contenu ou la forme d’une œuvre idéale, Verheggen laisse toute la place au plaisir personnel qu’on éprouve envers sa langue maternelle. Finalement, après avoir abandonné toutes mes conventions et mes attentes, je me suis ouverte à une ode à la subjectivité.



Restez attentifs, chers lecteurs, si vous ouvrez un jour le Degré zorro, à tous les détails de la mise en page et aux coquilles volontaires qui retournent le sens des mots. Il y a entre ces lignes un trésor de surprises pour celui qui veut se laisser troubler, car comme le dit l’auteur, « au fond, c’est aussi cela mon écriture. Cette débilité totale et à la fois cette réinvention continuellement perturbatrice. Comme s’il s’agissait de sous-titres décalés. Comme si, toujours, j’étais un plan en retard ou en avance, ratant la marche. »



Plus personnellement, je me suis prise d’affection pour ce texte qui me rappelait mes mots d’enfants ou le wallon de mes grands-parents. Heureuse d’abandonner un temps la recherche de style, d’excellence ou du bien dit, je me suis retrouvée dans les tréfonds du français et de ses amies les langues romanes. Et c’était un réel plaisir de lire un auteur qui s’appropriait les tabous littéraires et les patois wallons pour la pure satisfaction que leur prononciation peut provoquer.



J’ai été très heureuse de m’attarder plus longtemps sur ce poète en prose que je connaissais uniquement de réputation. Un livre que je reprendrai certainement lorsque je me sentirai étouffée par le désir de faire sens afin de retrouver la jouissance des mots, simplement.





http://monsalonlitteraire.blogspot.fr
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Artaud Rimbur

Entre provocations et trivialités, le lettré Verheggen dégage une puissance verbale peu ordinaire. Ses zuteries appartiennent à la grande tradition de la gauloiserie sauvage.

Puisqu'il faut choisir un recueil de poèmes pour l'été, celui qui ira avec votre slip de bain et votre teint blanc de blanc, c'est évidemment le livre de Jean-Pierre Verheggen qui prendra place dans votre valise. Mille et une bonnes raisons justifieront ce choix. D'abord parce qu'avec un sous-titre tel que zuteries, l'auteur souligne la portée de son geste. Loin de la poésie poétisante, Verheggen n'est pas un chichiteux. Sa poétique, il la situe entre "Eschyle Zavatta" et les "indiens dakota qui toujours marchèrent Dakoté d'leur syntaxe".

La poésie naît là "Dans cette gaucherie apparente! Dans cette maladresse géniale". Il suffit d'une "Leçon d'inattention" et, peut-être, d'une "Leçon de pésie" (sic) pour oser les gros mots (tous) et les blagues de tout calibre (fine, demi-grosse, grosse) dignes de requinquer les dépressifs et de gondoler les autres, tout en satisfaisant les cérébraux. Le tour de force est là. Les amateurs d'intertextualité (en voilà un gros mot) se repaîtront, par exemple, du clin d'oeil aux Litanies du scribe de Jude Stefan ou à l'Opéra bouffe de Maurice Roche.

Tout unique qu'il est, Verheggen est l'héritier d'une belge filière confondante d'alerte gaieté. On la nomme parfois la Belgique sauvage car elle vit grandir André Blavier, Noël Godin l'entarteur ou Clément Pansaers. À propos de Verheggen, on songe aussi au plus grand d'entre eux : Louis Scuténaire. Il y a chez Verheggen un débraillé cochon qui confine à la provocation. Ainsi de sa passion pour les mots les plus crus et pour le calembour dont son éditeur considère sans mal qu'il est le "stakhanoviste". En préface de la réédition d'Artaud Rimbur, Marcel Moreau pose la question : ""Calembourrative", cette oeuvre? Non. (...) C'est d'un art de tourner de fond en comble le gisement verbal qu'il s'agit." Et Verheggen en laboure de la langue, à toutes les lignes dans une "polyphonie crûment sensorielle" (M. Moreau toujours).

Pour comprendre Verheggen c'est vers Claude Gaignebet plutôt que du côté de la revue TXT où il fit ses débuts que l'on se tournera. Dans Le Folklore obscène des enfants, Gaignebet faisait remonter à Rabelais certaines comptines de cours d'école. Aussi n'est-il pas besoin de chercher plus loin le sens des soties poissardes qui paraissent sous une couverture de la maison Gallimard. Les vieux "t'as ta clope, t'as pas ta clope" et autres "c'est gratuit pour les handicapés" sont bien faits pour défriser les dignes lecteurs de Marcel Prout.

La joyeuse ripaille de Verheggen sonne fort comme l'indique une folle prolifération de points d'exclamation. Il a le rythme en bouche et c'est la crainte de perdre le tempo en même temps que sa pompe, le coeur brusquement fatigué, qui a motivé le bel Opéré-bouffe, auquel un Portrait de l'artiste en Castafiore catastrophique fait écho : "Mon pauvre corps/ Mon cher ami/ Tout est plis et dépit, n'est-ce pas?". Les fatrasies se teintent sans perdre haleine d'une inquiétude métaphysique profonde. Le rire et la mort. Pardon : le sexe, la bouffe, le rire et la mort entonnent ensemble un "éloge de la logorrhée", un chant de vie plein d'allant. Avec l'autorisation de régresser, "Miam miam bonbon bougnat", allez, cet été, on se laisse aller.



http://www.lmda.net
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Un jour, je serai Prix Nobelge

Comme le laisse transparaître le titre, Jean-Pierre Verheggen aime jouer avec les mots et il excelle à en juger cette compilation de textes primés sur thèmes variés, personnages célèbres, politique, lieux...



Ce n'est pas ma tasse de thé mais les amateurs apprécieront.



'Quand l’écriture me dimanche, je gratte toute la semaine.'

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On n'est pas sérieux quand on a 117 ans : zut..

Entre provocations et trivialités, le lettré Verheggen dégage une puissance verbale peu ordinaire. Ses zuteries appartiennent à la grande tradition de la gauloiserie sauvage.

Puisqu'il faut choisir un recueil de poèmes pour l'été, celui qui ira avec votre slip de bain et votre teint blanc de blanc, c'est évidemment le livre de Jean-Pierre Verheggen qui prendra place dans votre valise. Mille et une bonnes raisons justifieront ce choix. D'abord parce qu'avec un sous-titre tel que zuteries, l'auteur souligne la portée de son geste. Loin de la poésie poétisante, Verheggen n'est pas un chichiteux. Sa poétique, il la situe entre "Eschyle Zavatta" et les "indiens dakota qui toujours marchèrent Dakoté d'leur syntaxe".

La poésie naît là "Dans cette gaucherie apparente! Dans cette maladresse géniale". Il suffit d'une "Leçon d'inattention" et, peut-être, d'une "Leçon de pésie" (sic) pour oser les gros mots (tous) et les blagues de tout calibre (fine, demi-grosse, grosse) dignes de requinquer les dépressifs et de gondoler les autres, tout en satisfaisant les cérébraux. Le tour de force est là. Les amateurs d'intertextualité (en voilà un gros mot) se repaîtront, par exemple, du clin d'oeil aux Litanies du scribe de Jude Stefan ou à l'Opéra bouffe de Maurice Roche.

Tout unique qu'il est, Verheggen est l'héritier d'une belge filière confondante d'alerte gaieté. On la nomme parfois la Belgique sauvage car elle vit grandir André Blavier, Noël Godin l'entarteur ou Clément Pansaers. À propos de Verheggen, on songe aussi au plus grand d'entre eux : Louis Scuténaire. Il y a chez Verheggen un débraillé cochon qui confine à la provocation. Ainsi de sa passion pour les mots les plus crus et pour le calembour dont son éditeur considère sans mal qu'il est le "stakhanoviste". En préface de la réédition d'Artaud Rimbur, Marcel Moreau pose la question : ""Calembourrative", cette oeuvre? Non. (...) C'est d'un art de tourner de fond en comble le gisement verbal qu'il s'agit." Et Verheggen en laboure de la langue, à toutes les lignes dans une "polyphonie crûment sensorielle" (M. Moreau toujours).

Pour comprendre Verheggen c'est vers Claude Gaignebet plutôt que du côté de la revue TXT où il fit ses débuts que l'on se tournera. Dans Le Folklore obscène des enfants, Gaignebet faisait remonter à Rabelais certaines comptines de cours d'école. Aussi n'est-il pas besoin de chercher plus loin le sens des soties poissardes qui paraissent sous une couverture de la maison Gallimard. Les vieux "t'as ta clope, t'as pas ta clope" et autres "c'est gratuit pour les handicapés" sont bien faits pour défriser les dignes lecteurs de Marcel Prout.

La joyeuse ripaille de Verheggen sonne fort comme l'indique une folle prolifération de points d'exclamation. Il a le rythme en bouche et c'est la crainte de perdre le tempo en même temps que sa pompe, le coeur brusquement fatigué, qui a motivé le bel Opéré-bouffe, auquel un Portrait de l'artiste en Castafiore catastrophique fait écho : "Mon pauvre corps/ Mon cher ami/ Tout est plis et dépit, n'est-ce pas?". Les fatrasies se teintent sans perdre haleine d'une inquiétude métaphysique profonde. Le rire et la mort. Pardon : le sexe, la bouffe, le rire et la mort entonnent ensemble un "éloge de la logorrhée", un chant de vie plein d'allant. Avec l'autorisation de régresser, "Miam miam bonbon bougnat", allez, cet été, on se laisse aller.

Eric Dussert

http://www.lmda.net

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Les Folies-Belgères

J'aime les petits livres, ils sont faciles à emporter partout en promenade dans la poche d'un short et puis pour des tas d'autres raisons (1). J'avais donc pris avec moi les Folies-Belgères pour égailler mes vacances à Corps fou.



J'ai bien fait ! Et, ceux qui comme moi, en quête de loufoque, de truculent, restent assoiffés, malgré une épopée marketée en vain drolatique (2), pour y avoir trouvé l'eau tarie; ceux-là peuvent venir à la source, n'est-ce pas, de Verheggen puiser la force hydraulique de son moulin qui a des lettres.



Jean-Pierre Verheggen, 7 fois encore derviche tourneur de langue dans sa bouche et donc pas dans sa poche, jongle avec les mots et manie avec brio sa gramcalembourgmestre pour nous balader dans un imaginaire que l'on ne trouve qu'en Belgique. N'allez pas pour autant en déduire que c'est un Devos Grevisse belge, ce serait un double et lamentable pléonasme.



Il y a tant de citations possibles que j'ai eu envie de vous offrir un petit coup de folie pour vous obtenir le certificat conseillé par Achille Chavée p9, soit de les jeuxtaposer pour faire une critique des Folies-Belgères par elles-mêmes.



J'indiquerai la page de chaque citation. Mon édition point virgule fait 179 pages hors table des matières mais remerciements inclus. Si la vôtre est différente et si vous êtes très à cheval je vous laisse à vos règles de Troie.



(1) cf. critique Petit Eloge du sensible

(2) cf. critique La cuisinière d'Himmler

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Ridiculum vitae

Ce recueil n'est pas sérieux.

Cet auteur n'est pas sérieux.

Cette critique n'est pas sérieuse non plus.

Idiot comme Idionysos.

Bienvenue dans la farandole.

Est-ce ridiculement ambitieux ou uniquement ridicule ?

On ne sait pas. On danse et on avance.

Bienvenue dans la farandole.

Attention ça éclabousse et c'est du qui-tache.
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Pubères, putains : porches, porchers et Staba..

Ce récit poétique de "jeunesse" est surprenant. Je ne m'imaginais pas camarade Verheggen capable de telles frasques poétiques. La langue est hâchée, tranchée, sulfureuse, ne recule devant rien et va au fin fond du fondement homosexuel du propos. En gros une bande de jeunes se fend la gueule et fait tout et n'importe quoi en toute impunité. Camarades auteurs étiquetés "trash" prenez en de la graine faut être fortiche pour rivaliser avec un tel niveau d'irrévérence, d'anarchie et de délire total. Cet ouvrage force le respect mais s'il donne aussi parfois un peu la nausée. Bonne lecture.
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L'Idiot du Vieil-Âge: (excentries)

Mon exploration de l'oeuvre de ce grand poète se poursuit avec cet ouvrage point idiot du tout et qui n'a pas pris une ride. Une fois de plus la plume au napalm n'a aucun scrupule. Tout le monde y passe : la pub, les grands auteurs, l'idiotie, la vieille, tintin... C'est jouissif à lire, à relire, à déclamer. Du grand plaisir. Amateurs de poésie dite sérieuse, s'abstenir.
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Le Degré zorro de l'écriture

Le degré zorro de l'écriture, c'est la revanche du cornichon masqué sur la louve en string. De sa plume vengeresse, Verheggen tente de donner un nouveau souffle à la langue française menacée de toutes parts comme le radeau de la Méduse perdu au milieu de l'Atlantique. Pour réanimer la moribonde, rien de telle que le bouche à oreille, ou le livre à lecteur qui cherche une évasion dans l'écume des nuits.
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Poète bin qu'oui, poète bin qu'non ?

Ravi de replonger dans la langue jouissive, savante, populaire, absurde, décomplexée, plus complexe qu'elle n'en paraît sans être compliquée, loufoque, farfelue, grotesque, tendre, incisive, jamais complaisante, truculente, délirante, sensible, foutraque, pleine de lucidité et d'autodérision. Le poète dresse le portrait de poètes types en se moquant lui-même de sa propre fratrie et en utilisant ce prétexte pour pondre des textes réjouissants à lire (à voix haute si possible). Vers la fin, le poète se lasse de sa contrainte alors il l'a lâche le plus simplement du monde pour régler le compte encore de deux trois oubliés pas forcément poètes. Tout le monde y passe, même lui-même. À lire et relire !
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Le 12 septembre

Des dessins parus en 2005 qui nous montrent les stigmates de ce siècle....Après le cauchemar du 11 septembre.

Avec humour et dérision les dessins de Johan de Moor sont commentés d'une ligne par Jean-Pierre Verheggen. On touche un peu à tous les sujets, de la marée noire ( avec le goéland mazouté qui se la "pète " un peu " Heu...c'est sa troisième marée noire !" ) aux conflits du moyen-orient. Sujet de société, sport, politique, des détournements humoristiques pour mieux conjurer la peur.

Les 2 auteurs se répondent dans cet humour graphique plus parlant que de longs discours. C'est souvent grinçant.

"La terre est ronde...

...et maboule.

... tout bien pesé !"

nous dit Atlas
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Un jour, je serai Prix Nobelge

En ce moment, je suis plongée dans la littérature belge. Mais, honnêtement, je préfère Simenon.

Ce roman-ci s'annonçait bien, avec beaucoup de jeux de mots et d'ironie. Mais au plus j'ai avancé dans ma lecture, au plus j'ai trouvé cela grossier. Et les jeux de mots finissent par tourner autour de deux choses : le sexe et les besoins naturels de l'être humain (si vous voyez ce que je veux dire...). A petite dose, d'accord, mais trois fois par page, c'est lassant.
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Le sourire de Mona Dialysa

Le poète belge Jean-Pierre Verheggen évoque en humour les problèmes de santé qui arrivent lorsque l'on vieillit.

Il préfère rire de ses diagnostics plutôt que de s'apitoyer sur son sort.

Son infirmière préférée qui sourit devient sa Mona Dialysa à lui.



D'abord la vieillesse elle-même peut être perçue comme une maladie car elle rend aigri, et gris.

Puis le corps commence à lâcher sans crier gare, sans grève, sans manif, sans pancarte à slogan, sans gants.

Rendez-vous de routine chez le médecin, et bam maladie. Scanner. Dialyse.

Vache, ça va de mal en pis, c'est pas trop soupe au lait cette histoire.



Alors rire, ça paie pas de mine, ça fait pas grise mine, ça peut être mineur mais c'est pas faire un détournement de mineur. C'est un progrès majeur, pas un progrès médical, certes, mais c'est comme montrer son majeur à la maladie et lui faire un toucher rectal.

C'est jubilatoire, cette vengeance sur cette épée de Damoclès.

C'est libérateur, cet outrage à la résignation et à la tristesse.



Qui a dit qu'on ne pouvait pas rire de tout, messieurs dames ?

Pas Jean-Pierre Verheggen en tout cas.

Le poète nous fait réfléchir, nous fait sourire comme sa Mona Dialysa

Chapeau bas l'artiste, ce recueil est un joyeux ramdam.
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Ma petite poésie ne connaît pas la crise

« La poésie, de toute façon, on n’y comprend jamais rien. »



S’il vous est déjà arrivé de penser cela, voire même d’oser le dire à haute voix, alors le recueil du poète belge Jean-Pierre Verheggen est fait pour vous.



Sans tomber dans l’exercice de style, Jean-Pierre Verheggen offre au lecteur des poèmes écrits avec une prouesse rare. Il invente et réinvente la langue française et ce, semble-t-il, sans le moindre effort. Et pourtant, rien de compliqué à comprendre, si ce ne sont les nombreuses références qui parsèment les pages. Tantôt obscures, tantôt limpides, la lecture se transforme rapidement en jeu. De Hapax à Jean de la Fontaine ou Tintin, tous y passent, petits ou grands, connus ou non. Mais il ne s’arrête pas là. Les repères sont brouillés, détournés, retournés : En attendant Godot se transforme en « En attendant Gigolo », « l’arche de Noé » devient « L’Arche de Nommé », James Bond lui-même en prend aussi pour son grade…



Rien n’est à l’abri de la plume acérée de Jean-Pierre Verheggen, surtout pas les mots qu’il déconstruit, décortique et réarrange selon son humour (et son humeur), et encore moins l’actualité, le quotidien, le monde en général, sur lesquels il y aura toujours quelque chose à dire.



Jean-Pierre Verheggen s’efforce de défendre la poésie, la « petite », « toute petiote », dans des pamphlets d’abord, contre ceux qui la dénigrent, « pseudo-marginaux 100% académiques », « speedés textuels secoués de spasmes déclamatoires », puis dans le reste du recueil en mettant en œuvre sa « musique de mots urticants », en exprimant « une saine colère exprimée avec des mots / droit sortis de notre commune viande primale ». Recettes de cuisine pour assaisonner ses ennemis et les servir à ses meilleurs ennemis (à savourer avec quelques personnes en tête, peut-être), poèmes acerbes contre la terreur et la guerre, « petit journal » constitué d’une série de brèves observations, pensées, réflexions, toutes plus jubilatoires les unes que les autres, poèmes en prose, en vers, il y en a pour tous les goûts.



Il ne reste qu’une chose à dire, amateurs de poésie, d’humour, amoureux de la langue française, curieux, et tous les autres :



« Comme disait Shakespeare, voici un ouvrage Hamlet entre toutes les mains ! »
Lien : https://mastereditionstrasbo..
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L'Oral et Hardi

Poésies déclamées à deux voix fort semblables. très rapide pour suivre, on s'y perd mais avec l'envie de le réécouter ou le lire plus lentement. Jeux de mots et de sons uniquement ou faut-il en retirer un ou des sens?.. Etourdissant!
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Les Folies-Belgères

Au pays du surréalisme [pour ceux qui ont besoin de sous-titres : la Belgique], Jean-Pierre Verheggen est roi. Si la Belgique est soluble dans l'humour, Les Folies-Belgères en sont la preuve : un concentré de nonsense où se croisent Bruegel et Brel, Félicien Rops et Philippe Geluk dans un tourbillon bien rafraichissant en ces temps de canidrache.
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Du même auteur chez le même éditeur

Voici un recueil de poésies atypique et jubilatoire, bourré de références et de jeux de mots parfois grinçants, parfois tendres, parfois irrévérencieux. Jean-Pierre Verheggen s'amuse avec les mots et avec les sonorités de la langue française avec un tel plaisir que c'en est communicatif !

A lire et à relire par petites touches, dans n'importe quel ordre, selon l'humeur
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Le sourire de Mona Dialysa

Cela fait 55 ans que le poète de Gembloux glisse des peaux de banane sur le pavé du réel. Avec « Le Sourire de Mona Dialysa », le voilà qui transforme ses graves problèmes de santé en festival d’humour.
Lien : https://www.lesoir.be/517164..
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Un jour, je serai Prix Nobelge

La poésie de Jean-Pierre Verheggen est excellente pour la santé, parce qu'elle fait rire à toutes les pages. C'est un concert ininterrompu de jeux de mots de tous styles, sophistiqués, allusifs ou triviaux et politiquement incorrects. Ces textes mélangent la culture savante qu'il tourne en dérision et la culture populaire qu'il affectionne. Le poète et essayiste André Velter dit de Jean-Pierre Verheggen qu'il n'a cessé de «mener à bride abattue l'une des plus toniques chevauchées verbales de ces trente dernières années».
Lien : https://clubdelecture.tubize..
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L'Oral et Hardi

Délire langagier chez un Languedicapé!



Quand j’ai quitté le Nord – Roubaix – en 1975 après dix-neuf en pays picard, je croyais l’avoir perdu à jamais ce Nord picard auquel j’avais tant donné, même si parfois il ne le savait pas toujours. Quelle n’est pas mon erreur ! Et voilà qu’il vient de me rattraper et c’est ce bien bon vieux Jacques Bonnaffé qui atterrit sur mon bureau et j’ai un souvenir attaché à lui à jamais. Un soir chez les Clowns du Prato, au tout début du TGV Paris Lille, il arriva à l’heure vertes mais un peu disjoncté. En effet le TGV qui l’amenait de Paris avait du côté d’Arras fini, sans dislocation il est vrai, dans un champ de betteraves. La voie ferrée avait filé du mauvais coton car une ancienne tranchée de la guerre de 14-18 s’était affaissée au passage du train. Et il donna son spectacle comme si de rien, ou de presque rien. Si j’ai bonne mémoire c’était du Cafougnette.



Ici le texte de base est de Jean-Pierre Verheggen, un Belge Wallon, même si son nom est flamand, avec quelques petits texte empruntés comme des citations, et en particulier un Cafougnette à Ostende de Mousseron. Le travail d’écriture est simple c’est ce que Verheggen appelle « le pêché de chair linguistique » et le poète est un « languedicapé ». C’est du délire linguistique. On est au-delà de la langue. On est dans l’inconscient hormonal du plaisir de bouche, comme Claude Olivenstein pourrait dire qui a défendu en son temps que tous les plaisirs ne sont durables et satisfaisants que dans la mesure où ils passent par la bouche et donc le pêché de chair linguistique est d’abord et avant tout un pêché de bouche, et je ne dirai pas tout ce que ce poète Wallon fait de ce pêché de bouche, bien que le plus souvent il prêche par un autre orifice corporel que celui-ci, l’orifice corporel par lequel ce qui est entré par la bouche finalement sort de sa prison de chair. Enfin presque tout car je doute que l’objet d’une simple fellation n’atteigne jamais cet orifice qui est selon Dante la porte de sortie de l’enfer, recevant de par-là des lettres de noblesse.



J’imagine que la praline de notre poète est de la même essence que le « brun d’ c’va » comme on dit en picard, des boules rondes qui s’enfilent les unes sur les autres.



Mais il n’y a pas que le pêché de chair linguistique qui compte. Il y a aussi le pêché d’OS informatique, vous savez Windows, l’informatique qui nous ouvre toutes ses fenêtres sur toutes les langues et tous les mots qui n‘ont d’équivalents civilisés dans aucune langue car la civilis est une maladie qui peut être mortelle, voyez Rimbaud qui a trop copulé avec les moucherons de la pissotière de l’hôtel avec ou sans Verlaine, un cousin distant de Verheggen qui tous les deux font des vers, parfois des vers qui sont plus érotiques que simplement respectables et petit-bourgeois, petit parce que la poésie ne plait jamais aux grands bourgeois car la poésie ne fait pas de fric et n’est pas cotée en bourse. Mais le délire des sens dans tous les sens, sens dessus dessous, et même à contre sens dans une langue à jamais enfermée dans un sens giratoire qui ne finit jamais de tourner en rond. C’est pas qu’ils voient jaunes nos poètes, ou même gilet jaune, mais c’est que les mots qui s’enchainent sans fin finissent toujours par s’empiler en de vastes carambolages embouteillés dans de vrais étranglements de goulot qui vous montent à la tête, comme la liqueur de la bouteille, de l’absinthe, n’est-il point. Et c’est bien ce qu’ils cherchent nos poètes. Pas faire sens mais donner le tournis au public qui se raccroche alors aux branches quand il en voit une, quand il est capable de la saisir, et tout le monde sait qu’un Auvergnat ça va, mais plusieurs c’est l’enfer. Auvergnats s’abstenir !



Mais ce type de poésie ne fonctionne qu’oralement , d’où le titre. Il faut que nos oreilles soient assaillies de mille mots en une minute pour que le plaisir de la douche écossaise fonctionne et que la mayonnaise prenne ici et là. Je ne pense même pas que chacun d’entre nous dans le public verrait des moments humoristiques entrainant le rire tous en même temps. Encore faut-il que les éléments mémoriels, les incongruités et les absurdités soient reconnues par chacun en fonction de ses propres atomes crochus. J’espère que personne ne croit que l’humour est la chose la mieux partagée du monde, car ce n’est pas vrai. Il n’y a que les gens qui ne comprennent pas les moments humoristiques qui rient tous ensemble car l’important pour eux c’est de rire tous ensemble, peu importe sur quoi. Et je ne comprends pas pourquoi je ris peu importe car l’important c’est de rire avec les autres.



Et pourtant ce texte est une mine d’un anthracite si noir qu’il m’en donne le deuil, dernier puits de mine fermé dans le Nord, Oignies, 1986, et chaque ligne aurait besoin d’une explication, même si nous y perdrions l’humour et probablement nos pédales, ce qui risque d’être très critiqué en nos temps écologiques bicyclistes pour ne pas dire queer, mais dans ce cas ce mot n’est plus politiquement correct, car il y a longtemps lurette qu’on ne pédale plus dans la semoule.



À ne consommer qu’avec parcimonie et modération et surtout à éviter en conduisant. Le résultat pourrait être catastrophique. Soit dit en passant, Jacques Bonnaffé donne à cette poésie la truculence d’une lecture déjantée et cela rejoint très bien les pédales que j’avais perdues juste avant. Ce n’est pas sans chemise et sans pantalons mais en caleçon. C’est bien plus et définitivement sans jantes et sans pédales. Je me demande si je n’ai pas perdu cette fois et en même temps mon caleçon dans cette épreuve de dénuement.



« Cachez-moi, petit homme, ce posté-trop-rieur

Qui ne plait ni ne fait plus rire que les pots

Autant se taire en or que se faire en argent.

Le silence vaut bien une action de vaurien. »



Bonne soirée en cette très mauvaise compagnie poétique et pensez très fort à retrouver les pinderlots d’la Castafiore, perdus au château de Moulinsart, un joli moulin sur une rivière, pardon eun’ sart, de petite montagne.



Dr Jacques Coulardeau


Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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