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EAN : 9782070760817
184 pages
Gallimard (07/02/2001)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Comme le disait déjà Arthuro Sclérose dans son célèbre poème ardennais, Les Tilleuls verts de la tisane : on n'est pas sérieux quand on a 117 ans ! On sent en effet remonter en soi l'enfant idiot qu'on a été autrefois ; on marche de traviole pour ne pas dire de guingois ; on finit par appeler son corps mon cher amas ; on parle tantôt comme Pierre de Courbature, tantôt comme Eschyle Zavatta ! Pire : on hésite entre mourir en Italie ou mouiller à Bruxelles. Bref, on c... >Voir plus
Que lire après On n'est pas sérieux quand on a 117 ans : zuteriesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Entre provocations et trivialités, le lettré Verheggen dégage une puissance verbale peu ordinaire. Ses zuteries appartiennent à la grande tradition de la gauloiserie sauvage.
Puisqu'il faut choisir un recueil de poèmes pour l'été, celui qui ira avec votre slip de bain et votre teint blanc de blanc, c'est évidemment le livre de Jean-Pierre Verheggen qui prendra place dans votre valise. Mille et une bonnes raisons justifieront ce choix. D'abord parce qu'avec un sous-titre tel que zuteries, l'auteur souligne la portée de son geste. Loin de la poésie poétisante, Verheggen n'est pas un chichiteux. Sa poétique, il la situe entre "Eschyle Zavatta" et les "indiens dakota qui toujours marchèrent Dakoté d'leur syntaxe".
La poésie naît là "Dans cette gaucherie apparente! Dans cette maladresse géniale". Il suffit d'une "Leçon d'inattention" et, peut-être, d'une "Leçon de pésie" (sic) pour oser les gros mots (tous) et les blagues de tout calibre (fine, demi-grosse, grosse) dignes de requinquer les dépressifs et de gondoler les autres, tout en satisfaisant les cérébraux. le tour de force est là. Les amateurs d'intertextualité (en voilà un gros mot) se repaîtront, par exemple, du clin d'oeil aux Litanies du scribe de Jude Stefan ou à l'Opéra bouffe de Maurice Roche.
Tout unique qu'il est, Verheggen est l'héritier d'une belge filière confondante d'alerte gaieté. On la nomme parfois la Belgique sauvage car elle vit grandir André Blavier, Noël Godin l'entarteur ou Clément Pansaers. À propos de Verheggen, on songe aussi au plus grand d'entre eux : Louis Scuténaire. Il y a chez Verheggen un débraillé cochon qui confine à la provocation. Ainsi de sa passion pour les mots les plus crus et pour le calembour dont son éditeur considère sans mal qu'il est le "stakhanoviste". En préface de la réédition d'Artaud Rimbur, Marcel Moreau pose la question : ""Calembourrative", cette oeuvre? Non. (...) C'est d'un art de tourner de fond en comble le gisement verbal qu'il s'agit." Et Verheggen en laboure de la langue, à toutes les lignes dans une "polyphonie crûment sensorielle" (M. Moreau toujours).
Pour comprendre Verheggen c'est vers Claude Gaignebet plutôt que du côté de la revue TXT où il fit ses débuts que l'on se tournera. Dans le Folklore obscène des enfants, Gaignebet faisait remonter à Rabelais certaines comptines de cours d'école. Aussi n'est-il pas besoin de chercher plus loin le sens des soties poissardes qui paraissent sous une couverture de la maison Gallimard. Les vieux "t'as ta clope, t'as pas ta clope" et autres "c'est gratuit pour les handicapés" sont bien faits pour défriser les dignes lecteurs de Marcel Prout.
La joyeuse ripaille de Verheggen sonne fort comme l'indique une folle prolifération de points d'exclamation. Il a le rythme en bouche et c'est la crainte de perdre le tempo en même temps que sa pompe, le coeur brusquement fatigué, qui a motivé le bel Opéré-bouffe, auquel un Portrait de l'artiste en Castafiore catastrophique fait écho : "Mon pauvre corps/ Mon cher ami/ Tout est plis et dépit, n'est-ce pas?". Les fatrasies se teintent sans perdre haleine d'une inquiétude métaphysique profonde. le rire et la mort. Pardon : le sexe, la bouffe, le rire et la mort entonnent ensemble un "éloge de la logorrhée", un chant de vie plein d'allant. Avec l'autorisation de régresser, "Miam miam bonbon bougnat", allez, cet été, on se laisse aller.
Eric Dussert
http://www.lmda.net
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
C'est que tout le monde vieillit.Prosper Périmé aussi. Le Barbon de Séville ou celui d'Aurevilly. Tout le monde i décatiti, comme dit la vioque populi.
Le Docteur Schnock à Kremlin-Ancètre ou Perros à Douarmenez sur sa moto douairière ! La terre entière. Depuis le Vétéran de Birb-Hakeim jusqu'au p'tit gars de Sénilmontant.
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Comme l'an dernier, les casse-pieds iront sur les bords de la Mer Caspienne et les très sales, en Thressalonique. Les fabricants de piles séjourneront dans le défilé des Thermopyles, les fabricants de montres dans le Monté-Négro et les fabricants de pots chez Gratis Pot Déo.
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Videos de Jean-Pierre Verheggen (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Verheggen
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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