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Critiques de Jérémie Moreau (503)
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Le Discours de la panthère

"Il existe probablement une conscience de la mort chez certaines espèces de primates ."Sabrina Krief, primatologue au Musée de l’Homme. Et chez d'autres, comme les éléphants...

Qu’est-ce que le deuil? Qu’est-ce que la mémoire?



Dans cette belle BD, des questions existentielles dans les actes et discours d' animaux, comme chez Esope.



Un varan mord un buffle qui meurt ... Le buffle poussait une montagne afin de déplacer son île qui risquait d'être détruite par un astéroïde. La varan va aider le buffle puis ( au lieu de le dévorer ) enterrer son ami, à sa mort, au grand dam des vautours!



Homo, un petit primate doit aller écouter le discours de Sophia, la panthère noire, sur ce sujet brûlant. Les animaux ont convoqué le grand Conseil!

- "Mais maman, tu es malade, je ne peux pas te laisser!

- Je vais mourir de toute façon, Homo."
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Les Pizzlys

Un jeune homme chauffeur Uber à Paris qui ne comptent plus ses heures élèvent seul sa sœur et son petit frère suite au décès des parents.



La vie est difficile car il n'arrive plus à joindre les deux bouts. Il fait la rencontre d'une femme âgée qui veut retourner vivre en Alaska d'où elle venait à l'origine. Elle les embarque avec elle dans un voyage presque initiatique sur une terre hostile où il n'y a pas d'électricité. Il s'agit de s'extirper d'une vie stressante pour une autre plus en harmonie avec la nature. Voilà pour le thème.



Bon, dans le même genre, j’avais vu un film intitulé « Into the wild » où notre jeune héros meut seul en Alaska car il a mangé des baies mortelles. Bref, cela ne se termine pas toujours bien dans des régions très reculées aux grands espaces.



Certes, nos protagonistes vont s'adapter petit à petit à ce changement brutal de mode de vie pour y trouver le calme, la sérénité et le bonheur. Oui, il y a une réflexion aux choses qui sont essentielles. Et ce ne sont pas les portables ou les jeux vidéo. La Nature souffre beaucoup actuellement et il faut en prendre conscience avant qu'il ne soit trop tard.



J'ai aimé cette lecture militante qui est ponctué parfois d'humour tout en suivant ce parcours initiatique de trois jeunes qui se sont perdus et qui vont se retrouver dans de nouvelles valeurs. Je crois avoir été attiré par la couverture qui est très belle dans son évocation.



Encore une fois, le dessin de Jérémy Moreau est certes particulier mais il arrive à nous transporter dans son univers de conte moderne. La colorisation apporte une touche finale pour apporter un dynamisme aux planches. Le grand format met tout cela en valeur.



Parfois, c'est presque poétique. Il faut dire que l'univers de cet auteur de talent est tout à fait original car il se démarque singulièrement pour nous proposer quelque chose de beau et authentique à la fois avec un final assez émouvant.



C'est un album qui n’est rien de moins qu’une ode à la vie et de ceux qui se battent pour qu’elle soit belle. Cela rend à la fois plus humble et plus fort mais surtout plus proche de l’essentiel.
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Le singe de Hartlepool

♫Je vide ma bouteille, je bois jusqu'au soleil.

Je vole jusqu'à la lie des mille et une nuits, ah!

J'suis blanc comme un linge, je descends du singe.♫

Je descends du singe - Marc Lavoine- 2012-



Entre nous et les bêtes

une histoire de nuances

Honi soit qui mal y pense

Darwin y remédia-bête

Méfie toi de ce sentiment

qui te fait te réjouir à la vue du sang

Nos Frontières sont-elles bien défendues ?

Le singe qu'on croyait homme a été pendu !

Un homme qu'on voyait en singe a été élu !

La comédie humaine continue...

Parcours d'une Légende, trajet dit par Wilfrid Lupano Nationalisme, racisme que Jérémie Morrow...

va chevalet nos frontières seront bien gardées....

♪Je vais, sur la jetée, parler au vent salé.♪



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La saga de Grimr

Islande, XVIIIème siècle. Cela fait plus de 400 ans que l'Islande est sous le joug du Danemark. Complètement isolée et dépendante de ce pays qui lui extorque ses ressources naturelles, l'île connait une période très sombre (faite de famines, d'épidémies, d'irruptions volcaniques) et vit dans la misère. Lors d'une de ces irruptions, une famille de bergers doit fuir au plus vite sa chaumière. Malheureusement, les nuées de cendres auront eu raison des parents, laissant le jeune Grimr, miraculeusement indemne, orphelin. Il s'effondre devant deux hommes peu scrupuleux qui vendent les enfants aux cheveux roux. Menotté et enchaîné à d'autres comme lui, Grimr ne compte guère se laisser marchander. Avec sa force exceptionnelle, il court et entraîne les quatre autres gamins sur son sillage. Tous cavalent sur le port pour échapper à leurs bourreaux. Au fond d'une ruelle, il est détaché par Vigmar, le valeureux, qui l'emmène avec lui au fond de sa grotte et propose de s'occuper de lui...



C'est dans une Islande miséreuse et exploitée que Jérémie Moreau nous conte la saga de Grimr. Orphelin recueilli, sa force et sa bravoure exceptionnelles l'aideront à déplacer des montagnes et susciteront aussi bien respect que jalousie. Lui qui veut à tout jamais marquer son nom sur la pierre va montrer à tous qui il est, lui Grimr Enginsson (fils de personne), lui qui puise sa force dans le rejet qu'il suscite. Dans des décors grandioses d'une Islande volcanique, aussi magnifiques que terrifiants, l'auteur dépeint un incroyable destin, celui de ce petit gamin roux, costaud et joufflu. Un récit qui s'ancre dans un contexte historique passionnant et dépeint, à la fois tout en force et sensibilité, un héros hors du commun. Graphiquement, Jérémie Moreau marie élégamment et tout en virtuosité différents techniques et styles (traits fins ou plus grossiers, lavis...).

Une saga d'une grande force...
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Penss et les plis du monde

Penss est un doux rêveur. Il passe souvent ses journées à rêvasser au bord de l'eau, contemplant ici et là les profondeurs marines ou bien les nuages. Au grand dam de sa mère qui le souhaiterait voir chasser ou pêcher, comme le font tous les hommes du clan. Ces derniers, las, en ont d'ailleurs marre de le nourrir, lui qui ne donne jamais rien. Même pas un merci ou un geste d'affection. Au cours d'une partie de chasse, Penss est projeté vers le troupeau de bouquetins. Malheureusement, un lion des cavernes le prend en chasse et voilà Penss coincé sur un promontoire, à flanc de falaise. Après deux nuits à patienter, l'animal finit par attraper un bouquetin, libérant par là même le jeune garçon. Mais, lorsque celui-ci retourne au camp, il n'y retrouve que sa mère, les autres membres ayant quitté les hauteurs et le vent glacé qui se lève pour se réfugier dans la vallée. Penss décide alors d'affronter seul l'hiver, certain que la terre pourra le nourrir...



Piètre chasseur au tempérament rêveur, en ces temps préhistoriques, Penss, isolé de son clan, a une toute autre vision de ce que la terre nourricière pourrait lui apporter. Observant ce que la nature est capable de faire, autrement dit l'ensemencement naturel, il se met en tête de créer un nouveau monde, une forêt nourricière. Pour cela, il devra s'armer de patience et surmonter nombre d'obstacles et d'imprévus. Dans cet album foisonnant, Jérémie Moreau dresse le portrait d'un jeune garçon attachant et visionnaire qui rêve d'une tout autre forme de vie et de changement dans la relation unissant l'Homme et la Nature. Ce conte préhistorique, quoique intemporel, à la fois émouvant et d'une grande force, questionne sur notre relation avec la Nature. Graphiquement, Jérémie Moreau joue admirablement avec la mise en page, nous offrant aussi bien des pleines pages que des planches aux multiples vignettes. Sa palette de couleurs printanière, son trait expressif, son sens du mouvement donnent vie et force à cet album initiatique et intelligent ...
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Les Pizzlys

Un roman graphique plutôt moyen avec un titre surprenant découlant d'une improbable reproduction entre ours polaire et grizzly.



Après le thème du deuil familial, on comprend vite que c'est celui de l'écologie qui va être traité au fil des planches et, si par moments c'est réussi, plusieurs planches sombrent dans le mélo qui n'accoche pas définitivement l'amateur protecteur de la nature que peut être le lecteur.



L'histoire est pourtant cohérente mais le monde des rêves se substitue trop souvent à celle-ci pour aboutir à une fin assez confuse, le sujet donnant l'impression d'avoir à peine été effleuré.



Les planches sont saisissantes par leurs couleurs, je les ai trouvées assez belles malgré leur éloignement de la réalité mais c'est un peu le propos de cette bande dessinée. Le dessin des personnages n'est guère travaillé sauf peut-être pour la belle Genee qui est sans doute la personne la plus attachante de l'histoire.



Restent de beaux dessins de ce qui est représenté comme les paysages d'Alaska et cela me suffit pour accorder trois étoiles quand même à cette bande dessinée détonnante.







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Le singe de Hartlepool

Bon il y a comme du génie dans la tronche de Sieur Lupano, je continue mon addiction au bonhomme et c'est pas avec cet album que la guérison va s'opérer. Dans le petit village d'Hartlepool voilà qu'on prend un singe échoué sur la plage pour un français ennemi de la perfide Angleterre.

Comme les villageois n'ont jamais rencontré ni français, ni singe, la pauvre bête sera pendue après jugement sommaire. Depuis 1814, cette légende perdure et fait des habitants d'Hartlepool la risée de leurs contemporains. On pourrait presque nous aussi en rire si cette histoire ne faisait écho à notre actualité (montée du nationalisme, peur de l'étranger, racisme qui n'hésite plus à s'afficher). Cette farce grâce à la plume de Lupano et aux dessins de Moreau fonctionne parfaitement et nous interpelle sur la partie sombre des hommes, quelque soit l'époque.

Pour compléter la BD, Pierre Serna (directeur de l'institut d'histoire de la révolution française et professeur à l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, ouf!) apporte un éclairage passionnant sur la place du singe dans la société de l'époque jusqu'à l' abjecte comparaison d'une ministre garde des sceaux avec une guenon en 2015. Le racisme et la bêtise sont toujours là malheureusement.

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Les Pizzlys

Depuis la mort de leur mère, Nathan s'occupe, à plein temps, de son frère, Étienne, et de sa sœur, Zoé. Chauffeur Uber, il parcourt la ville à longueur de journée, dans sa voiture achetée à crédit, et rentre tard le soir, quand tous les deux sont déjà couchés. Ce matin-là, il est étonné de les trouver déjà prêts, dans le salon, pour aller à l'école. Crevé, il n'a pas entendu son réveil. Tellement habitué à regarder son GPS pour les conduire, il peine à se repérer dès lors que celui-ci ne marche pas, ni son portable d'ailleurs qui ne capte rien. En sortant de la boutique de téléphonie, où on lui a réglé son problème, il tombe sur une femme d'un certain âge qui lui demande de l'emmener à l'aéroport. Après 40 ans passés à Paris, elle rentre, enfin, chez elle, en Alaska. Malheureusement, Nathan fait une sorte de malaise et emboutit la voiture dans un réverbère. Si lui et Annie n'ont rien, cette dernière va forcément manquer son avion et, au lieu de la conduire dans un hôtel, le jeune homme lui propose de venir dormir chez lui. Une venue que Zoé et Étienne semblent bouder. Voyant la situation précaire et difficile de cette famille, elle leur propose de venir avec elle, à Anchorage, dans sa cabane isolée en pleine forêt, afin qu'ils se réparent...



Pour s'échapper de cette vie urbaine, stressante, ultra-connectée, Nathan, sur un coup de tête, décide d'emmener sa sœur et son frère au fin fond de l'Alaska, sur des territoires isolés et glacés. Ce changement de vie, brutal et bien loin de leur quotidien, va les chambouler. Et si les deux plus jeunes sont réfractaires, chacun, pourtant, va peu à peu s'adapter à son nouvel environnement, l'apprivoiser, mais aussi découvrir les conséquences terribles du réchauffement climatique, un peuple en proie à de nombreux fléaux (violences domestiques, alcoolisme...). À travers cet album, Jérémie Moreau dépeint parfaitement le retour et la possible connexion à cette nature environnante et donne à réfléchir sur le réchauffement climatique. Ce conte initiatique, parfois philosophique, s'avère touchant mais prête aussi à sourire, notamment grâce au personnage d'Étienne. Graphiquement, l'auteur surprend. Aussi bien en alternant des planches aux multiples cases avec de pleines pages contemplatives, parfois oniriques. Mais surtout avec sa palette de couleurs flashy, presque fluorescentes.

Un album salutaire, tragiquement d'actualité...
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Le singe de Hartlepool

La bêtise humaine côtoie souvent le comique, au pire le grotesque. Malheureusement, elle peut produire aussi des histoires tragiques, non pas pour ceux qui les causent mais pour ceux qui les subissent, le grotesque restant à ceux qui les causent... Il faut bien qu'ils prennent la part des choses qui leur revient de droit...

Nous sommes en 1814, au large des côtes du petit village anglais de Hartlepool. Un navire de la flotte napoléonienne fait naufrage lors d'une tempête.

Le lendemain matin, les villageois découvrent parmi les débris sur le littoral le seul survivant du vaisseau échoué, un singe, un chimpanzé, qui n'est rien d'autre que la mascotte de l'équipage et qui, plus est, porte un uniforme de marin français avec le fameux tricorne.

À cette époque, les habitants de ce village détestent les Français comme tant d'autres habitants de tant de territoires anglais. J'imagine qu'en face, ici, la réciproque devait être vrai au même moment.

Ils n'ont jamais vu de Français, ils n'ont d'ailleurs jamais vu de singes non plus. Celui-ci est donc le bouc émissaire parfait, d'autant plus que la victime incarne à merveille le rôle idéal : elle est agressive, bestiale et son côté physique représente parfaitement l'image que les Anglais ont des Français... La foule en délire menée et chauffée par le Maire décide de traîner le quidam animal en justice...

Cette fable tragi-comique, inspirée paraît-il d'un fait réel, est une BD survoltée qui m'a enthousiasmée sur un sujet qui n'a rien à voir finalement avec les guerres napoléoniennes et qui demeure malheureusement actuel...

Aux manettes, nous avons ici Wilfrid Lupano pour le scénario et le texte et Jérémie Moreau pour le dessin. C'est vif, c'est enlevé, c'est impitoyable et le graphique retranscrit à merveille les stigmates inoubliables des visages de ces villageois en proie au destin qui les anime et surtout en proie à leurs émotions. La bêtise humaine, pour ceux qui auraient encore un doute, peut se dessiner aussi sur les visages. Oui parfois la bêtise humaine peut inviter par un dessin très suggestif au délit de faciès. La preuve ici ! Ce n'est pas bien, hein ?!

La bouffonnerie dans les traits des personnages pourraient nous faire sourire et même rire.... Cependant...

Ce qui est terrible dans cette fable c'est son côté intemporel, quel que soit le côté de l'océan. Il ne faudrait surtout pas dresser de mauvaises intentions à l'égard de nos amis d'outre-manche car les naufrageurs des côtes finistériennes du nord n'étaient pas des tendres non plus et les personnages du récit n'ont rien à leur envier...

Le célèbre Anatole le Braz dans La Légende de la mort en parle de manière éloquente et magnifique.

Mais le propos n'est pas ici de dépeindre ce fait historique empreint de légende. L'ignorance est bien au coeur de ce récit, démontrant effroyablement comment cette ignorance peut nourrir les nationalismes exacerbés, les ressentiments haineux, puis à deux pas de là les sentiments xénophobes que nous connaissons malheureusement sur nos terres et qui plus est, en périodes électorales.

Ne nous trompons pas de rivage, celui de Hartlepool n'est qu'un exemple. Celui de la haine offre malheureusement des territoires plus larges au pays des primates que nous sommes au quotidien...

On ne s'étonnera guère si dans cette histoire les seuls personnages épris d'humanité sont des enfants, un médecin en voyage et ce pauvre singe aux yeux malheureux sidérés d'effroi...

Un récit essentiel sur l'intolérance, qui donne à frémir... Et à réfléchir aussi...

Je ne résiste pas à l'envie de vous partager cette citation qui figure en postface de l'ouvrage :

"La nation et une société unie par des illusions sur ses ancêtres et par la haine commune de ses voisins."

Dean William R. Inge.

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Le singe de Hartlepool

1814, nous sommes en pleine guerre napoléonienne. A bord du bateau qui les emmène vers la cote anglaise, le capitaine a embarqué avec l'équipage un petit singe prénommé Nelson. Habillé en officier, il amuse beaucoup ses hommes en imitant Napoléon. Un jeune garçon habilité aux sales travaux chantonne en anglais une chanson que sa nourrice lui fredonnait souvent. Cela ne plaît guère au capitaine qui décide sur-le-champ de le jeter à la mer. Mais une tempête fait rage aussitôt, la foudre frappe le mât, le bateau tangue puis chavire. L'équipage tente tant bien que mal de surmonter les énormes vagues. de la plage, deux anglais, avec leurs jumelles, s'amusent de voir ce bateau couler. Ils reviendront le lendemain, une fois que la tempête sera finie. C'est là que toute la petite ville de Hartlepool se retrouve sur la plage pour récolter tout ce qui s'est échoué. Quelle n'est pas leur surprise de découvrir le singe un peu sonné mais bien vivant. Ainsi vêtu, ils le prennent pour un Français, certainement un espion, le capturent et ne comptent pas en rester là avec lui...



Pour ce récit, Lupano s'est inspiré d'une anecdote encore bien vivace en Angleterre, à savoir ces habitants de Hartlepool qui prirent un singe pour un Français et le traitèrent comme tel. La force de cet album réside dans le fait que l'histoire, bien que romancée, traite ici d'un sujet incroyable et bien méconnu et montre ainsi toute la bêtise humaine, la haine ordinaire et le racisme dans toute son horreur. Lupano étoffe son récit de dialogues perspicaces et parfois drôles. Quant aux personnages, dans leur bouffonnerie, ils font malheureusement pitié à voir mais amusent malgré tout le lecteur. Jérémie Moreau met parfaitement en lumière cette triste histoire, usant d'un trait saccadé, de couleurs chaudes et parfois brutales. Un album étonnant...



Le singe de Hartlepool... à mettre en cage ?
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Max Winson, tome 2 : L'échange

Après un match mémorable, aux enjeux importants pour la partie adverse, Max est bouleversé et désemparé. Bien qu'il voulait perdre pour sauver la vie de son adversaire, le jeune homme, programmé pour tout gagner, a fini par l'emporter. Mais le voilà bien amer maintenant, ne sachant plus trop où il en est, d'autant que les ennuis s'accumulent : son père vient de mourir, son entraîneur arrêté, les comptes de son entreprise au rouge. Il n'a plus qu'une idée en tête, fuir ce monde et disparaître. Dans sa fuite, il s'arrête devant un magasin d'antiquités, subjugué par le match qui se joue à la télé. Un match opposant Pancho el Gantè à Lod Raver, en 1958, lors de la finale du Magnus. Lob, coupé, lifté, passing... le vendeur ne tarit pas d'éloges sur ces joueurs d'une autre époque où le spectacle, l'élégance et le style étaient de mise. Max n'a alors plus qu'une idée en tête : retrouver ce Pancho el Gantès...



Après un premier volet original et rythmé où l'on découvrait Max Winson, ce grand champion de tennis invaincu, ce second tome change radicalement de direction puisque l'on retrouve le jeune homme plus perdu que jamais, désireux d'échapper à ce qu'il est devenu. Sa rencontre avec le grand joueur el Gantès risque bien de le changer à jamais. Toujours aussi rythmé et prenant, alternant des temps forts et des temps faibles, ce second volet se révèle tout aussi surprenant. Jérémie Moreau dépeint les travers et dérives du sport, et par là même ceux de notre société actuelle (médias, enjeux économiques, performance...). La quête de Max, tout en tendresse et finesse, va peu à peu le transformer. Il découvre enfin le monde et aussi les relations humaines, qu'elles soient bienfaitrices, apaisantes ou décevantes. Graphiquement, le trait tout en rondeur et fluidité, le noir et blanc élégant, le découpage varié apportent souffle et vie.

Une quête initiatique vibrante et émouvante...
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Les Pizzlys

Pizzly : une nouvelle espèce d’ours, née d’un mâle ours polaire et d’une femelle grizzly, vouée probablement à perpétuer l’ours polaire son habitat naturel disparaissant peu à peu sous le réchauffement climatique.

Si l’ours a trouvé le moyen de perpétuer son espèce, quel sera le salut de l’homme sur la planète ? car comme il est dit dans ce roman graphique, si l’homme a marché sur la lune, il ne sait plus habiter la terre. (p.155)

Ce roman graphique est une fable, portée par des dessins oniriques, colorés et enivrants qui nous lance dans les paysages d’Alaska sur les pas d’Annie, de retour sur ses terres ancestrales après les avoir quittées pendant plus de quarante ans pour suivre un amoureux à Paris.

Annie ne fait pas ce retour seule ; dans ses bagages se trouvent un jeune homme Nathan – ainsi que ses frère et sœur, Zoé et Etienne- dont il s’occupe seul, tant bien que mal (et plutôt mal que bien comme vous l’aurez facilement deviné).

Si ce départ soudain de Paris des trois jeunes est plus que hautement improbable, j’ai suivi malgré tout avec curiosité l’adaptation de Nathan, Zoé et Etienne à la vie dans une cabane sans électricité en Alaska. Rien de très original, mais il y a une certaine poésie dans les dessins basés sur les anciens mythes inuits avec des planches soignées et très colorées.

L’ensemble du roman graphique avec son message humaniste, écologique est brouillon et confus, mais le bout de chemin est agréable si l’on se laisse emporter au pays des rêves et des aurores boréales comme l’illustre parfaitement la couverture.

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Max Winson, tome 2 : L'échange

Max, le retour...gagnant.



Ce géant aux pieds d'argile apparaît au faîte de ses questionnements existentiels.

À l'origine de l'exécution de son dernier adversaire en terre totalitaire.

Dévasté par la mort de son père.

Fortement contrarié par l'arrestation de son nouvel entraîneur.

Bref, le gamin et sa lucidité sont aux abonnés absents. Disparus des radars pour le plus grand malheur des médias toujours en mal d'audience facile.

Il aura pourtant suffi d'une rencontre pour réintégrer le monde des vivants.

Celle d'un ancien puriste autrefois admiré pour son élégance et son beau jeu, Pancho El Gantes.

Olé !



Max nous convie à une quête.

Sa quête.

Celle d'un homme-enfant totalement à la ramasse mais qui, à force de courage et d'abnégation, va se relever pour enfin dire « tu » au bonheur.



Un tome bien plus introspectif pour enfin focaliser sur l'essentiel.

Répondre à ses propres attentes sans prioriser celles des autres.

Intégrer une notion de plaisir indissociable d'un certain équilibre à défaut d'un équilibre certain.

Bref, notre Maxou va évoluer, grandir pour, enfin, aller se frotter à un monde dont il ignorait, il y a peu, tous les codes.



Toujours porté par un graphisme aussi épuré qu'enchanteur, « l'échange » vient clore un diptyque classé première série !



Balles neuves...
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Max Winson, tome 1 : La Tyrannie

Tandis que la télé hurle l'effervescence et l'excitation que connait la foule en délire, la fille de la coiffeuse rameute toutes ses copines pour voir le match. Et un gamin réclame une coupe en étoile... Comme Max Winson ! Dans les gradins, les spectateurs scandent son nom dès qu'il entre sur le court. Invaincu depuis l'âge de 16 ans, n°1 mondial depuis 7 ans, 24 titres en grand chelem et 94 titres sur le tournoi ATP, Max Winson, l'allure dégingandée, le regard un peu perdu, se prépare à affronter le n°2 mondial. LE génie du tennis devient une véritable machine qui écrase tout, ne laissant que peu de chances à son adversaire. Aussi, sans surprise, Max gagne haut la main ce match, sous les applaudissements de la foule et le regard scrutateur de son père et entraîneur. Adulé et célébré, le jeune homme remporte son 25ième titre en grand chelem. Qui pourrait faire vaciller ce grand joueur ? Peut-être la santé déclinante de son père ? Les imperfections que ce dernier lui reproche ? Ou bien les mots durs d'une journaliste ?



Max Winson est une légende, une étoile du tennis qui brille depuis quelques années et que rien ne semble pouvoir toucher. Un entraînement tyrannique depuis tout gamin, presque programmé pour écraser tous ses adversaires, coupé du monde et de ses réalités, le jeune homme va peu à peu perdre ses repères. Avec ce premier volet d'une duologie, Jérémie Moreau aborde, intelligemment, différents thèmes : l'entraînement excessif, le sport comme unique raison de vivre, les souffrances physiques et morales, l'argent via les sponsors, l'idolâtrie... Il dépeint un personnage hors du commun, imbattable sur les courts et pourtant d'une grande humilité et d'une timide naïveté, presque une impression de déranger. La question de la journaliste va le conduire à se remettre en question, lui qui a toujours fait ce qu'on lui demandait de faire sans jamais se demander ce qui importait pour lui. Le récit est rythmé et le fond dense. Graphiquement, le trait épuré et tout en souplesse, le noir et blanc aérien et le découpage varié apportent énergie et élégance à ce premier volet surprenant...
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Le singe de Hartlepool

Messieurs les Anglais, pendez les premiers !

Et c'est ce qu'ils firent...

En prenant un singe pour un salopiot de français, mais quand même.

Ç'eût pu z'être vous z'ou moi ! J'vous cache pas avoir une infime préférence pour le vous, galanterie oblige...et puis j'ai la peau du cou qui marque.



Écouté religieusement à Saint-Malo, Lupano, c'est du bonheur en barre.

Aussi, lorsqu'il a commencé à évoquer l'ancestrale légende du Singe de Hartlepool, véritable fable sise en des temps reculés du Nord de l'Angleterre, dans les années 1814/1814, à quelques heures près, j'ai su d'emblée que ce récit loufoque me plairait.



Once upon a time a little village prenommed Hartlpool. Cherchez pas la sortie de route grammaticale, je possède tous les courts métrages de Buster Keaton, d'où cette maîtrise quasi surnaturelle des langues étrangères hexagonales.

Là-bas, on exécre le français qui devait bien le leur rendre.

Sans en avoir jamais aperçu un de visu, c'est balourdement qu'ils prirent un noble représentant de ces grands singes africains déracinés, affublé d'une redingote militaire, et venu tristement s'échouer sur une de leurs plages, pour le français honni. Cherchez pas la french connection, les village people n'étaient visiblement pas équipés pour ça.

Un cocasse quiproquo qui générera cette fameuse légende désormais connue de tous. de beaucoup. Bon, de quelques-uns mais des meilleurs.



Burlesque et triste à la fois, le Singe de Hartlepool dézingue le patriotisme exacerbé tout en fustigeant la peur irraisonnée de l'autre. Un racisme frontal, bas de plafond, dénué de tout embryon de réflexion et donc d'éventuelle issue favorable pour notre primate au pays des lourdingues bellicistes.



Joliment crayonné par Moreau, Dr ès trognes de foire, cet étonnant album apporte une nouvelle pierre à l'édifice déjà conséquent d'un scénariste devenu aujourd'hui incontournable.
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La saga de Grimr

Grimr est orphelin dans l’Islande de la fin du XVIIIè siècle. C’est une vie rude qui offre par contraste la beauté des paysages. Gimr devient un robuste gaillard, éduqué par un voleur qui lui apprend la ruse. Mais Grimr le surpasse car il est valeureux. Personne ne l’épargne dans ce pays où les lois de l’Islande sont faites pour les escrocs, où le volcan a détruit son enfance, le laissant démuni du prestige de la généalogie et de sa terre. Pourtant il peut devenir quelqu’un, un personnage hors du commun, une légende.



Orphelin presque craché par le volcan, Grimr en détient la force, l’âme. Il devient l’enfant du volcan, lui l’enfant de personne.



De magnifiques dessins rendent cette épopée grandiose. Une saga tragique pour s’évader aux couleurs de l’Islande, de son histoire et des ses légendes d'antan.

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Max Winson, tome 1 : La Tyrannie

Hervé Critiani chantait « il est liiiii-bre Max ».

Max Winson, jamais tu ne dois, au grand jamais, prêter une oreille attentive aux paroles de ce hit intemporel. Promets-le !



Max, lui, est libre de gagner, vaincre et triompher, ce qu'il fait au tennis avec une régularité métronomique pour le plus grand plaisir de ses aficionados (dont son entraîneur de paternel) et le plus grand désarroi des amateurs de beau jeu et de suspense, accessoirement.

Car Max n'a jamais perdu.

Surtout pas sa joie de vivre qu'il n'a jamais fréquenté.

Programmé dès sa naissance pour accéder au titre de numéro uno, le gamin ne vit que pour et par ça, poussé par un géniteur aux faux airs de dictateur sportif un brin totalitariste, pour bien situer le niveau de liesse et d'exaltation désintéressées qui habitent ce triste personnage.



Roland-Garros en croix cette année, qu'à cela ne tienne, je me rabats sur Max Winson et je retiens un.

Balles neuves.

Récit des plus intéressants sur la filiation, l'enfant prodigue poussé par un père habité par une soif de réussite expurgée de toute notion parasitante de plaisir où le gamin ne serait finalement que le miroir d'une ascension par procuration.

Roi incontesté de la petite balle jaune, certes, mais parfaitement désocialisé donc inadapté à un monde autre que celui de la raquette graphite.

Un matériel aussi fragile que son mental hors contexte tennistique.

Car Max habite une bulle, confortable, certes, mais totalement hermétique au monde qui l'environne.



Outre un questionnement des plus habiles, Max Winson s'appuie sur un coup de crayon renversant.

Un trait économe qui dit tout. Mieux, qui retranscrit parfaitement la gestuelle d'un sport exigeant une précision et une maîtrise de tous les instants.

Et c'est un gars classé 37/2 (le matin) qui vous l'affirme, donc vous pouvez y aller.



Max Winson jeu, set et match !



J'ai adoré...
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Le singe de Hartlepool

La bêtise et la cruauté n’a ni frontière, ni limite !

J’aime beaucoup l’expression des personnages qui est très évocatrice .

Les textes quant à eux font rire mais rire jaune devant tant de bêtise humaine. L’humour ici est un humour noir qui amène à réfléchir sur ce que l’être humain peut être dans son individualité mais aussi lorsqu'il se retrouve dans une foule, un collectif.

"Le singe de Hartlepool" raconte comment les habitants de Hartlepool, croient reconnaître un français échoué après une nuit de tempête. Ce français n’est autre qu’un singe vêtu d’un vêtement français. Ces habitants vont alors se transformer en juge et faire un procès à ce pauvre singe qui finira pendu.

Certes, cette histoire se passe au début du XIXème siècle alors que les relations entre les Français et les Anglais sont des plus tendues mais elle pourrait malheureusement se passer ailleurs et à d’autres époques.

Cette BD sur l’intolérance, l’étranger, la haine de l’autre est remarquable et fait froid dans le dos tant la bêtise humaine est sans limite.

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Le singe de Hartlepool

1814.

Par un jour de gros temps, un navire français s’échoue sur les côtes anglaises. Un seul rescapé ! Un espion ? Un traitre ? Un singe ? N’importe quoi ! Un ennemi revêtu d’un uniforme français, c’est tout ! Et celui-ci est vite pris pour cible par la populace qui veut faire un procès exemplaire : sus au Français ! Mort à l’ennemi héréditaire ! Mort à Napoléon !



C’est sous forme d’un petit conte burlesque (et d’une vieille légende anglaise) que les auteurs de cette bande dessinée font montre d’un grand questionnement sur la différence, sur l’intolérance, sur la non-connaissance et la reconnaissance, et sur la bêtise aussi. C’est drôle et bien mené, mais en même temps un peu glaçant car le lecteur comprend vite qu’il suffit parfois de pas grand-chose pour basculer vers la haine et le mépris de l’autre.



Même si je n’ai pas particulièrement été sensible aux dessins, je dois reconnaître que Jérémie Moreau a croqué une belle galerie d’ignobles individus en les rendant bien plus simiesques que le singe lui-même, l’exemple du maire est à lui seul une belle caricature.

Enfin, l’apport d’un dossier historique en fin d’ouvrage, documenté par Pierre Serna, éclaire l’époque sur les relations diplomatiques entre les deux pays, sur l’avancée des recherches en matière d’anthropologie et sur l’observation des animaux, notamment des singes.



« Ainsi s’achève la légende du singe de Hartlepool. Quelle part de vérité contient-elle ? La plus mince possible, espérons-le... L’essentiel, on le suppose, c’est que la frontière ait été bien défendue contre les envahisseurs.

C’est important, les frontières. Sinon, on ne sait plus qui haïr... »

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Le singe de Hartlepool

Il était une fois dans le petit village anglais d'Hartlepool, l'ignorance régnait.

Enveloppés, non dans l'habituel fog, mais dans une bêtise insondable, les habitants aussi incultes qu'idiots (ou idiots parce

qu'incultes) insultaient à qui mieux mieux les villageois voisins et vouaient une haine indéfectible à ces mangeurs de grenouilles et d'escargots qu'étaient (sont?) les Français.

La bonne fée de la bêtise humaine, infatigable au cours des siècles, leur offrit le naufrage d'un bâtiment français. Au milieu des débris du bateau, un chimpanzé soigneusement vêtu par un imbécile Français à la mode soldatesque française survécut. On appelle cela tomber de Charybde en Scylla avec un peu de lettres ou avoir la scoumoune dans un registre plus simple.



La brave bête essaya ses quenottes sur le pasteur local, lequel ne fit pas preuve du pardon que l'on aurait pu attendre de lui. La bestiole fut déclarée humaine malgré tout. Une fois n'est pas coutume. Elle eut pu croire en une promotion. Que nenni! Elle fut affirmée de nationalité française et donc ennemie de la mère patrie.



Il était donc une fois des hommes n'ayant jamais vu ni singe ni Français. La confusion avec un ouistiti aurait été inexcusable. Celle avec un chimpanzé était plus légitime. D'autant que la fée de la bêtise humaine n'était pas, en ce XIX° siècle, soumise aux 35 heures.

L'animal eut un procès au cours duquel il goûta son avocat et non sa plaidoirie. L'animal fut pendu avant que le papa du petit Charles Darwin, médecin de passage forcé sous les cieux d'Hartlepool, ne reconnaisse en lui un singe.

Mais qu'importe le flacon… La bonne fée était en pleine forme.

Le singe était français!



Cette délicieuse légende anglaise qui épingle les habitants d'Hartlepool m'aurait séduite davantage si l'absurde avait été davantage poussé. La charge contre le nationalisme y aurait gagné avec une mise en scène plus échevelée. Cette fable anglaise manque de cet absurde si anglais qui enroule dans les éclats joyeux de la plus extravagante cocasserie toute dénonciation politico-sociale.

Peut-être ai-je encore en mémoire le merveilleux Arthur Koestler (naturalisé britannique) dans ses réflexions contre la peine capitale. L'absurdité poussée au paroxysme du code sanglant anglais m'avait arraché quelques hennissements, braillements et grognements face à ces procès d'animaux qui, un jour, proliférèrent dans la perfide Albion. Et à grands coups de rires, je n'avais jamais cessé de militer pour l'abolition de la peine de mort.



Le singe de Hartlepool, tout français fut-il, aurait gagné à être pendu par un scénariste anglais.

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