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Critiques de Joe Casey (71)
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Butcher baker

Lu à ça sortie ce comics m'avait laissé une super impression dans mes mémoires aujourd'hui plus de 10 ans après la relecture n'était pas à la hauteur de mes souvenirs



OK le dessin est parfois vraiment magnifique, mais je ne le trouve malheureusement pas hyper régulier tout au long de l'œuvre.



Une bd qui reste une histoire basique de super héros avec quelques petites touches de Tarentino aura pour moi effet rafraîchissant, mais n'aura pas réussi à totalement me combler.



On passe un super moment quand même et peut être avec l'âge, je suis devenu plus compliqué en lecture ...



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Les Vengeurs 02 : Les plus grands héros de la..

On continue sur la lancé du premier tome, et cette fois on revisite les origines de la seconde équipe des Avengers, avec Hawkeye, la Sorcière Rouge et Quicksilver.



Un second tome que j'ai trouvé un peu en deçà du premier.

Le scénario tout comme pour le premier n'est pas le point fort de l'œuvre. Mais la où sur le premier tome le traitement des personnages était intéressant, sur la longueur cela marche moins bien.
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The Avengers, Tome 1 : Les plus grands héros ..

Réécriture des origines des Avengers d'une manière plus moderne / plus réaliste.

En effet, les comportements des personnages ressemblent plus à ce qui pourrait se passer dans la vrai vie.

Captain America est plus torturé que jamais, le complexe d'infériorité d'Hank Pym est très bien retranscris...

Si le scénario n'est pas des plus intéressant, c'est le traitement des personnages qui a réussi à m'embarquer.
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Sex, tome 6: World Hunger

Ce tome fait suite à Sex Volume 5 (épisodes 27 à 34) qu'il est indispensable d'avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre l'intrigue. Il regroupe les épisodes 35 à 39 qui n'ont pas été publiés individuellement, mais directement en recueil, en 2019. Le scénario est de Joe Casey, les dessins et l'encrage de Piotr Kowalski, et la mise en couleurs de Brad Simpson.



La journaliste Juliette Jemas est dans le bureau de Mitch, le rédacteur en chef du journal We The People. Elle lui explique avec une conviction appuyée que Simon Cooke n'est pas un simple millionnaire PDG : il déploie des trésors d'ingéniosité pour afficher une vitrine de vie privée, de vie sociale riche, mais elle est entièrement factice. Mitch fait des efforts pour s'intéresser à ces propos, pour finir par lui faire remarquer qu'il a déjà consenti de gros efforts pour élargir le sens du terme Journalisme d'investigation, afin que cette enquête puisse en être qualifiée. Jemas ajoute qu'il vient d'être contacté pour être recruté dans le groupe Rothchild. Cela fait réfléchir Mitch. Elle continue : ce groupe tient une de ses réunions annuelles en Autriche et Cooke y est invité. Juliette continue, et Mitch explique que ça peut être intéressant, mais qu'il ne peut pas envoyer sa journaliste de manière officielle. Elle répond qu'elle s'y attendait et qu'elle sait à qui s'adresser pour s'introduire dans la place. Ailleurs, Keenan Wade passe un coup de fil à sa copine Vernita pour lui expliquer qu'il est en train de surveiller l'appartement de Skyscraper en espérant qu'il pointe le bout de son nez, car il veut l'aider. Il raccroche car il a un autre rendez-vous avec Masai, le chef du gang des Breaks. Celui-ci se trouve nu avec ses lunettes de soleil dans une pièce sans fenêtre pour s'entraîner contre 4 combattants à main nue. En même temps, il explique à Keenan que le temps est venu de s'en prendre au tigre de papier qu'est Bullchuck et son gang des Skins, pour s'emparer de Saturn City.



Dans un autre quartier, Drex, un chef intermédiaire des Skins, a décidé de passer à l'attaque de son propre chef, car il n'est pas d'accord avec la stratégie de Bullchuck. Dans la ruelle derrière son établissement, Annabelle Lagravenese s'entretient en toute discrétion avec Juliette Jemas qui est venue lui faire une proposition d'affaire. Cela étant, elle rentre à l'intérieur pour s'occuper de faire tourner sa boutique, alors que Eliot K. Barnes y pénètre et se rend à l'accueil pour passer commande de service sur le compte de la société Cooke. Pendant ce temps-là, Simon Cooke est en train de faire des exercices physiques dans son gymnase privé, tout en passant en revue les préparatifs qu'il a effectués : mettre Warren Azoff au courant de ses agissements, céder le contrôle de son entreprise à Lorraine Baines, ainsi que les réflexions de celle-ci en prenant place dans le fauteuil directorial, en particulier son appréhension de la réaction des membres du conseil d'administration. Elliot K. Barnes est en train de se laisser faire par 3 jolies jeunes femmes bien rémunérées, tout en expliquant à quel point son métier est stressant.



Le lecteur sait parfaitement pour quelles raisons il revient pour ce sixième tome : une intrigue montant en puissance et réservant des surprises, des personnages faillibles attachants, et bien sûr des scènes de sexe. Les accouplements restent présents, les auteurs tenant la promesse contenue dans le titre. Le scénariste continue d'intégrer des moments sexuels, révélateurs de la personnalité des uns et des autres, de leur évolution, et le dessinateur a trouvé le juste milieu entre des images explicites et une forme de distanciation qui fait que l'ouvrage ne tombe pas dans la pornographie sportive, et ne se lit pas d'une main. Cela commence avec Masai se battant nu contre quatre hommes torse nu : ce n'est pas un acte sexuel au sens premier du terme, mais il y a bien une démonstration de virilité sous une forme de fierté de son corps, les cases montrant un individu musclé sans gonflette avec un pénis de taille normale. Le lecteur bénéficie ensuite d'une vue de dessus d'Elliot K. Barnes, allongé sur un lit avec des draps de satin, avec trois jeunes femmes en lingerie cuir, dont une lui faisant une turlutte : là encore pas d'hypocrisie dans le dessin car on voit le sexe en érection, mais pas de gros plan non plus, ni d'élan romantique ou viril. Le rapport est suivant est beaucoup plus malsain : les frères Cha-Cha et Dolph Alpha tombent aux mains de Bone Collector. Cette fois-ci la nudité n'est pas frontale : les cases se succède avec des gros plans montrant le geste d'une caresse, d'un effleurement, d'un baiser léger. Il s'agit de montrer la montée du désir, savamment provoquée par une femme experte. Le lecteur y voit à la fois la personnalité de Bone Collector, une séductrice perverse, à la fois le détachement des frères Alpha cherchant le raffinement dans leur plaisir.



Il reste bien sûr le cas particulier de Simon Cooke, toujours non pratiquant. Le lecteur peut le voir supporter la souffrance physique pour retrouver sa forme physique après un combat qui l'avait laissé dans le plâtre sur un lit d'hôpital, endurant la souffrance physique, totalement focalisé sur le but à atteindre. À nouveau le dernier épisode lui offre la possibilité d'avoir un rapport avec une partenaire consentante, et à nouveau il préfère l'abstinence, pourtant Juliette Jemas est magnifique dans sa robe haute couture. À nouveau le lecteur s'interroge sur le sens que le scénariste veut donner à cette abstinence : un refus d'engagement, une volonté de sublimation de toutes ses pulsions sexuelles dans d'autres entreprises de sa vie ? Les auteurs continuent donc de tenir la promesse du titre, de représenter l'activité sexuelle de leurs personnages, en prenant bien soin de montrer que la personnalité de chacun se reflète dans ses pratiques, toujours sans aucune hypocrisie visuelle.



Tout en étant captivé par les développements de l'intrigue, le lecteur se rend bien compte qu'il souhaite également savoir ce qu'il va arriver à chaque personnage. Simon Cooke continue d'être une énigme par certains côtés. Le dessinateur montre un individu déterminé, disposant d'une réelle assurance, confiant en ses capacités, tout en restant conscient du danger, et ouvert à des possibilités sortant de l'ordinaire. Il en fait un homme d'une belle prestance, sans qu'il ne recherche un luxe ostentatoire, par exemple des costumes bien coupés et visiblement de prix, mais sans accessoire tape-à-l'œil. Casey parvient à maintenir le délicat équilibre entre le héros qui triomphe de tout, et l'individu qui peut connaître l'échec à tout moment. D'une certaine manière, Keenan Wade est le pendant inverse de Cooke : plutôt prolétaire, infiltré dans un gang de rue, se battant avec ses poings, engagé dans une relation chaude avec Vernita. Les dessins montrent effectivement un homme plus jeune, plus tendu, à la fois un peu aux abois, à la fois prêt à bondir au moindre danger, à la moindre agression. Dans ce tome, le troisième personnage à occuper le devant de la scène est Juliette Jemas. Au départ, le lecteur n'a vu en elle qu'une belle femme, journaliste de talent, souhaitant augmenter sa notoriété en s'intéressant au millionnaire Simon Cooke, sorte de Lois Lane (avec laquelle elle partage des initiales identiques pour le nom et le prénom) vraisemblablement nuisible pour le héros. Au fur et à mesure, il est tombé sous le charme de sa silhouette élancée, mais aussi de sa force de caractère, aussi déterminée que Cooke. Ici, il prend conscience de sa fragilité alors qu'elle se trouve dans une situation qui la dépasse, et qu'elle ne parvient pas à prendre l'ascendant sur Simon Cooke : une séquence des plus troublantes, grâce à un plan de prise de vue mettant en valeur un jeu d'acteurs tout en nuances.



Le lecteur reste tout aussi impliqué sur le plan émotionnel avec d'autres personnages : la rébellion d'Elliot K. Barnes qui monte en puissance, le désarroi de Skyscraper devant s'occuper d'un nourrisson, la détresse de Cha-Cha dont le visage émeut le lecteur, la rage contenue de Keenan Wade en découvrant Vernita à l'hôpital et en devinant les coups qu'elle a reçus en regardant les blessures, le comportement imprévisible de Bone Collector dont la folie apparaît par moment sur son visage, etc. L'intrigue n'est donc pas désincarnée, et l'évolution de chaque situation dépend du caractère des personnages impliqués. Elle continue à gagner en degré d'intrication, entre la guerre des gangs qui prend de l'ampleur, le risque que Lorraine Haynes ne parvienne pas à maîtriser la Cooke Compagny, la sorte de retour de Prank Addict, le mystérieux Viz Ibn Ziyad, la réalité du projet de société du groupe Rothchild, etc. Le lecteur se rend compte qu'il regrette l'absence d'autres fils narratifs faute de place, à commencer par le journal de bord de Quinn. Il se dit que le temps va être long jusqu'au prochain tome, d'autant plus en découvrant la dernière page. Elle annonce un tome 7 à paraître intitulé Crisis Apocalypto, mais sans date de précisée, et la parution en épisode mensuel s'est interrompue.



Il suffit de dire que ce tome est aussi excellent que le précédent, que ce soit pour l'intrigue, pour les personnages, ou pour les parties de jambe en l'air, la narration visuelle. Le lecteur en a pour son argent : ses attentes sont comblées, et les auteurs savent lui en donner plus, à la fois en termes de rebondissements, à la fois en visuels inattendus. Le lecteur est prêt à brûler des cierges pour que les auteurs puissent mener à terme leur histoire.
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Officer Downe : Bigger Better

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s'agit de la réédition d'un comics initialement paru en 2010, écrit par Joe Casey, dessiné et encré par Chris Burnham. La mise en couleurs a été réalisée par Marc Letzmann. La bande dessinée comprend 53 pages. Pour cette édition, ont été ajouté une postface de 2 pages du scénariste, 11 pages commentées par l'artiste allant du script à la page encrée, 6 pages d'étude graphique, et 6 illustrations en pleine page réalisées par Charles Paul Wilson III, Chris Chua, Kyle Strahm, Nathan Fox, Nick Pitarra, Reily Brown, Richard Sala, Rus Wooton, Ryan Browne, Sean Dove, Shane White, Steve Wilhite. Enfin se trouve une page annonçant Butcher baker (2012) du même scénariste, illustré par Mike Huddleston.



L'officier Terry Downe est totalement concentré sur sa tâche : il est en train de réaliser un cunnilingus d'anthologie à une femme couchée sur le dos sur son lit, en train de monter au septième ciel comme jamais. Il a conservé ses lunettes de soleil réfléchissantes. Après sept orgasmes d'affilée, elle remercie son amant. L'officier Downe indique qu'il ne faisait que son devoir : être au service du public. Elle s'étonne d'une odeur bizarre, mais lui ne la remarque pas. Il est interrompu dans sa phrase par un appel sur sa radio professionnelle. Il écoute et indique à sa partenaire que c'est pour lui. Il se rhabille et à sa demande il promet qu'il reviendra. Quelque part dans un entrepôt de Los Angeles, Headcase Harry surveille le processus de fabrication d'une drogue de synthèse, le super-crank. Les doigts de sa main gauche sont ensanglantés, et il laisse tomber deux globes oculaires dans un des vases utilisés pour la distillation. Les gardes prennent leur arme à feu en main car ils ont entendu du bruit à l'extérieur. Un poing ganté traverse un mur. Officer Down lance son pied en avant et continue de démolir le mur préfabriqué, permettant de lire le mot Police sur la semelle de sa botte. Il écrase le poing qui tient son pistolet sur le visage d'un trafiquant, tout en en saisissant un autre de la main gauche en le prenant par les bijoux de famille, et il écrase la trachée d'un troisième en marchant dessus. Il perfore le torse d'un quatrième en lui tirant dessus.



Officer Downe est dans la place et il a tôt fait de tuer tous les trafiquants. Headcase Harry est toujours vivant abrité derrière une table renversée ; il se relève et appuie sur un détonateur. Il se produit une énorme explosion qui pulvérise littéralement le bâtiment. Vingt et une minutes plus tard, deux fourgons du médecin légiste arrivent sur place. Une demi-douzaine d'agents du coroner fouillent les décombres et trouvent le cadavre d'Officer Downe. Ils le récupèrent et l'emmènent. Dans une autre partie de la ville, trois responsables du crime organisé tempêtent contre l'intervention de Downe qui vient de leur coûter cher. Ils décident d'avoir recours à Zen Master Flash, assassin à louer, et chef d'une bande organisée de tueurs qu'il forme dans une école implantée dans un endroit reculé. Les trois parrains, l'un avec une tête de lion, l'autre de tigre et le troisième de vautour, se rendent dans un sauna, et ils bénéficient chacun des services sexuels d'une jeune femme pour les détendre avec une fellation.



Ce n'est pas du Shakespeare. Le scénariste est dans une phase où il écrit des histoires courtes, totalement focalisées vers l'action, sans faire dans le détail. Il faut donc que le lecteur ait un goût certain pour la violence graphique pour pouvoir apprécier ce déchaînement de brutalité, cette extermination de criminels, avec force et sadisme. En 53 pages, il va droit au but, enchaînant trois massacres, avec des blessures ouvertes, des arrachages de membre et des morts subites. L'artiste se fait un plaisir de montrer tout ça de manière explicite, avec une forme d'entrain un peu caricatural, du gore avec une touche d'exagération. Par exemple pour la première intervention d'Officer Downe, il réalise un dessin en double page pour montrer la force de son coup de pied, et une bande de 8 petites cases qui courent en-dessous. Le lecteur peut voir en gros plan, la grosse paluche gantée de Downe saisir l'entrejambe d'un type dont on ne voit rien d'autre, et il sait que ça doit faire mal. Bien sur ce nettoyage par le vide a généré des projections de sang, et il y a une demi-douzaine de gouttelettes sur le visage de Downe, dont une sur un verre de lunette. Le coloriste utilise un rouge bien vif pour le sang, jouant à la fois sur l'horreur et sur l'exagération pop.



Le lecteur retrouve ce brave officier sur une table d'opération en train d'être ramené à la vie, et il peut voir une plaie ouverte au ventre, le radius brisé est apparent, il manque la partie gauche du visage. À nouveau il y a une forme d'exagération qui apporte une vitalité épatante, et qui invite à une prise de recul ne permettant pas un premier degré bas du front. Pour l'intervention suivante, Downe fracasse le mur où se tiennent les criminels, en le défonçant avec son énorme 4*4. Un individu est éventré par le parechoc en forme de crocs, la moitié supérieure d'une tête (la partie avec la mâchoire supérieure, le nez, les yeux, le front) vole au premier plan en direction du lecteur. Parmi les horreurs bien gore, il est encore possible de mentionner des globes oculaires éjectés de leur orbite par la force du coup porté sur la tête, une main arrachée au niveau poignet, des dents délogées de la mâchoire, des chairs tuméfiées, de la matière cervicale mise à nu la calotte crânienne ayant été brisée, un poing traversant un crâne avec force, etc. Un vrai festival de violence sans retenue, de lutte sans merci, de déchaînement de force sans une once de remords ou de respect pour l'intégrité physique de l'individu. Le scénariste a conçu un dispositif qui fait en sorte que le personnage principal n'ait pas à se préoccuper de l'état de son corps, et ses ennemis adaptent leur mode de réponse pour en tenir compte. Une vraie boucherie, avec une touche d'exagération grand guignol.



D'un côté, ce comics n'est pas très long, ce qui évite au lecteur de se lasser, et ce qui permet au scénariste de ne pas avoir à étayer son intrigue, ou à passer par des scènes d'exposition. Pour autant il prend quand le temps d'expliquer d'où provient l'énergie qui anime Terry Downe, et comment ses supérieurs le ramènent à la vie. Cela donne lieu à deux séquences fort impressionnantes où le dessinateur montrent les individus qui fournissent cette énergie, et ce qui peut leur en coûter quand il en faut encore plus à Downe. Même si la trame est simpliste, l'intrigue comprend plusieurs phases et ne se limitent pas à une longue séquence de massacre, prenant ainsi exemple sur Geoff Darrow et le combat hallucinant de Shaolin Cowboy (2004-2007) ou ceux de Carl Seltz dans Hard Boiled (1990-1992) avec Frank Miller. Il y a une progression dans l'intrigue, et dans la dimension des combats. L'artiste effectue un peu plus que le minimum dans la représentation des différents lieux, ne se limitant pas à un arrière-plan au début et plus rien après, et le scénariste intègre d'autres informations, en particulier sur l'histoire personnelle de Terry Downe, et la manière dont il est devenu cette machine de guerre. Par contre, il n'y a pas de commentaire social autre que la police doit exterminer les criminels qui sont monolithiques, violents et irrécupérables. Cette histoire a été adaptée en film : Officer Downe (2016) réalisé par Shawn Crahan, percussionniste de Slipknot, avec Kim Coates dans le rôle principal. Il semblerait qu'il soit également dans un registre très premier degré.



Après l'histoire se trouve un dossier très complet. La postface de Joe Casey est rédigée avec un ton sarcastique, indiquant qu'il s'est servi du modèle d'un ami policier pour créer l'officier Downe, et en particulier de sa propension à faire un usage immodéré de sa matraque, témoignage dont peut douter le lecteur au vu du ton employé. Il se trouve également un page d'information sur la réédition de la première collaboration entre ce scénariste et ce dessinateur : Nixon's Pals (2008). Les pages d'explication de Burnham s'avèrent plus enrichissantes avec des exemples de script de Casey, et le processus pas à pas : l'établissement d'esquisses pour découper la page, la réalisation au crayon, puis la phase d'encrage. Les études graphiques s'adressent avant tout aux artistes en herbe. Parmi les illustrations en pleine page, le lecteur sera plus ou moins marqué par celle très sale de Strahm, celle très charnelle de Fox, celle avec une figurine de Pitarra, ou encore celle de Browne tout à fait dans le ton de la série.



Voilà une histoire rondement menée qui n'est pas pour lecteur sensible ou émotif. Casey & Burhnam ne font pas semblant de chercher des excuses : il raconte une nouvelle brutale et sadique, avec blessures explicites, qui fonce dans le tas, sans autre ambition qu'un défouloir gore, d'un policier surpuissant exterminant la vermine avec brutalité et de manière définitive. Parfait pour les amateurs du genre.
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Sex, tome 5

Ce tome fait suite à Sex Volume 4: Daisy Chains (épisodes 21 à 26) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe 27 à 34, initialement parus en 2016, écrits par Joe Casey, dessinés et encrés par Piotr Kowalski, et mis en couleurs par Brad Simpson. Le lettrage a été réalisé par Rus Wooton, et le design graphique de la publication par Sonia Harris. Il commence avec un trombinoscope très synthétique de 19 personnages.



Dans l'immeuble de l'entreprise Cooke, dans le grand bureau du PDG, Simon Cooke est en train de recevoir Lorraine Baines (Larry), tard dans la soirée. Il lui avoue qu'il a été le superhéros Armored Saint. Larry commence à pouffer de rire, puis éclate franchement de rire. Simon ne le prend pas très bien : elle lui explique qu'elle avait deviné depuis longtemps et qu'elle avait décidé de respecter le fait qu'il souhaite conserver le secret. Elle conclut la discussion sur le fait qu'il peut donc lui faire confiance, et qu'il ne reste plus qu'à se remettre au travail. Dans un autre quartier de la ville, Drexler, un responsable dans le gang des Skins, est en train de bénéficier d'une fellation, mais il trouve que la jeune femme n'est pas très efficace. Il est interrompu dans sa séance de relaxation par deux autres membres qui l'informent que le grand chef Bullchuck souhaite le voir séance tenante. Ce dernier est confortablement installé, avec cinq jeunes femmes nues qui s'occupent de lui, alors qu'il tient un cocktail dans la main droite. Il explique que Drexler s'est montré un peu trop prétentieux dans ses ambitions, mais qu'il va quand même lui confier une mission qui lui permettra de prouver qu'il mérite d'être promu. Dans le cabinet d'une conseillère matrimoniale, madame Barnes dit tout le mépris qu'elle a pour son mari Elliott, présent sur le canapé dans la pièce. La conseillère se tourne vers lui et lui demande si son malaise ne provient pas de l'évolution de la place du mâle dans la société. Il sourit timidement, en pensant à sa femme tombant dans le vide, après avoir traversé la paroi vitrée du cabinet situé à un étage très élevé d'un immeuble.



Dans le bureau du maire à la l'hôtel de ville, le maire Sedgwick reçoit l'inspectrice de police McGregor qui lui a apporté les photographies des dernières victimes en date de Bone Collector : des cadavres desséchés. La preuve est là : il faut faire quelque chose. La maire dit qu'il attend que McGregor lui fasse un rapport sur l'avancement de l'enquête quand elle aura plus d'éléments. Une fois qu'elle a quitté la pièce, il s'adresse à son adjoint Tucker : celui-ci lui confirme que les préparatifs de la rencontre entre Weber et Cooke arrivent à la fin. Le maire est satisfait : plus vite cette rencontre aura lieu, plus vite il se sentira soulagé. Au service de la maternité de Saturn City, Skyscraper veille devant la porte de la chambre où se trouve Sheila qui a accouché il y a peu. Keenan Wade lui veille dans la pouponnière surveillant le nouveau-né prématuré, encore très faible.



Le lecteur plonge dans ce nouveau tome avec un plaisir anticipé. Il sait qu'il va retrouver les dessins très consistants et l'intrigue qui monte en puissance, sans oublier les relations sexuelles dont la nature constitue une concrétisation du degré de maturité des personnages. Effectivement, Piotr Kowalski est toujours totalement impliqué dans la réalisation de ses planches. Le lecteur peut ainsi se projeter dans les différents lieux : la grande salle de réunion très dégagée avec une vue magnifique sur la ville dans le gratte-ciel Cooke Company, le bureau du maire tout aussi spacieux mais avec une décoration très différente, la chambre de l'hôtel dans laquelle Cooke reçoit Yoshiko, le toit du même hôtel, la salle de presse du Saturn Sentinel le soir après le départ des employés, les rues de Saturn ainsi que la vue des gratte-ciels depuis un étage supérieur, les pentes enneigées d'une ville des Alpes autrichiennes, les couloirs d'un hôpital et la chambre de Simon Cooke, la boîte de nuit de Lagravenese dans le quartier Freiheit, le niveau de parking de l'hôpital, le temple de Zuul dans le Teryzikstan, etc. À chaque fois, le dessinateur sait rendre le lieu unique par des détails spécifiques, et à montrer la nature du lieu grâce aux équipements ou à la décoration correspondante. En outre, il sait faire de la ville de Saturn City, un vrai personnage, avec ses immeubles reconnaissables, et ses différents quartiers, à l'urbanisme différent à chaque fois.



De la même manière, les personnages sont toujours aussi remarquables. Bien sûr, ils sont facilement identifiables : Simon Cooke un joli blond à la posture altière, Keenan Wade et son allure plus populaire, les frères Alpha et leur costume haute couture, Raymond & Reggie et leur allure rap, etc. Il voit qu'à l'évidence Annabelle Lagravenese et Juliette Jemas ne sont pas interchangeables, même s'il s'agit de deux jolies femmes. Ce n'est pas simplement que l'une est brune avec des lunettes, et l'autre bonde sans lunette : chacune porte une tenue vestimentaire différente correspondant à sa personnalité, et leur langage corporel diffère, comme si elles étaient interprétées par des actrices différentes. Le lecteur observe attentivement les uns comme les autres, par exemple Elliott K. Barnes en voyant sa rébellion enfler progressivement en lui, ou Sheila avec des attitudes de plus en plus repliées sur elle-même. Le dessinateur s'avère très impressionnant, capable aussi bien de transcrire des états d'esprit fugaces et ténus, que des moments spectaculaires relevant de l'aventure inattendue comme ce temple abritant des archives secrètes. À plusieurs reprises, le lecteur se rend compte qu'il a marqué une pause dans sa lecture pour profiter d'un visuel inattendu : la séance chez la conseillère matrimoniale, les hommes de main omniprésents dans la cage d'escalier, Weber en train de répéter ses phrases devant son miroir, Bone Collector en train de courir dans la rue pour échapper à la police, Juliette Jemas découvrant dans quelle pièce l'a laissée Annabelle Lagravenese, Keena et Vernita se promenant tranquillement dans la rue, etc.



Le lecteur se sent happé par l'intrigue aux fils entremêlés pour une tapisserie où il attend le prolongement de plusieurs motifs : la fusion entre Cooke Compagny et l'entreprise japonaise Kansei, la guerre des gangs qui montent puissance, l'enquête de Juliette Jemas sur Simon Cooke, l'objectif poursuivi par Bone Collector, le retour de Prank Addict. Le scénariste a su développer plusieurs fils narratifs qui s'entrecroisent, qui s'entremêlent. Il n'oublie pas d'en mener certains à leur terme, pendant que d'autres poursuivent plus loin, et que de nouveaux viennent s'entremêler pour apporter leur touche au dessin de la tapisserie. En fonction de sa sensibilité, le lecteur apprécie plus ou moins bien le retour de quelques éléments de genre superhéros. La lecture des journaux d'Emily Carol Quinlan (Quinn) apporte des révélations bouleversantes pour un personnage, mais peut-être moins pour un autre qui a réévalué sa carrière de superhéros de lui-même. Keenan Wade s'interroge sur l'issue qu'il va donner à son infiltration dans le gang des Break : quel est le bon moment pour mettre le holà à leurs ambitions ? Faut-il le faire ? Le lecteur ne s'attend pas forcément à ce qui arrive à Frank (Prank Addict), et à l'apparition d'un personnage bien mystérieux Maghazo, ou encore à l'évocation d'un autre personnage tout aussi mystérieux Viz Ibn Ziyad. Puis il se souvient qu'il est dans un comics avec une composante superhéros, et il se dit que ces éléments y ont tout à fait leur place. En prenant un peu de recul, il voit bien que le nom de superhéros de Simon Cooke (Armored Saint) préfigurait ce développement. Il soupçonne que Casey avait conçu ledit développement dès le début de la série.



Ce qui frappe encore plus le lecteur, c'est qu'il éprouve une grande empathie pour chacun des personnages, tout en s'interrogeant sur leurs objectifs réels, et leurs capacités réelles. Simon Cooke est-il aussi novice que ça en tant que meneur d'entreprise ? Keenan Wade est-il dépassé par l'ampleur de l'ambition du gang des Break, ou maîtrise-t-il la situation ? Juliette Jemas est-elle une journaliste redoutable, ou a-t-elle eu les yeux plus gros que le ventre, ou va-t-elle se laisser manipuler par Annabelle ? Jusqu'à quel point Simon peut-il faire confiance à cette dernière ? Elliot K. Barnes est-il en mesure de tenir tête à son épouse ? Chacune de ces questions prouvent à quel point le lecteur est investi dans chaque personnage, leur potentiel pour déclencher l'empathie, ainsi que leur ambivalence qui les rend si attachants, et qui entraîne le lecteur à essayer d'anticiper ce que va faire l'un, ou à ce qu'il va advenir de l'autre. Les auteurs n'en oublient pas le sexe pour autant. Comme dans les tomes précédents, le lecteur observe les parties de jambes en l'air, en voyant ce qu'elles révèlent des amants. Il éprouve de la commisération pour la misère sexuelle d'Elliot. Il voit Juliette utiliser son ancien conjoint pour une relation sexuelle purement fonctionnelle, un moment de vraie détente. Il regarde la fellation de Dexler et celle de Bullchuck comme une expression crue de leur soif de pouvoir et de domination. Et il continue de s'interroger sur le sens à donner sur l'absence d'activité sexuelle de Simon Cooke.



Un cinquième tome extraordinaire, où l'implication des auteurs reste entière, avec un enthousiasme au service du récit. Piotr Kowalski impression par sa narration visuelle parfaitement maîtrisée et riche. Joe Casey impressionne par son art consommé de tisser sa toile avec plusieurs fils narratifs, avec un équilibre parfait entre intrigue et personnages.
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Sex, tome 4 : Daisy Chains

Ce tome fait suite à Sex Volume 3: Broken Toys (épisodes 15 à 20) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 21 à 26, initialement parus en 2015, écrits par Joe Casey, dessinés et encrés par Piotr Kowalski, et mis en couleurs par Brad Simpson. Le lettrage a été réalisé par Rus Wooton, et le design graphique de la publication par Sonia Harris. Il commence avec un trombinoscope très synthétique de 16 personnages, suivi par un rappel chronologique de 25 événements, en une phrase concise.



Dans un bar, une jeune femme avec un maquillage vaguement gothique et une tenue vestimentaire tout aussi gothique s'approche d'un homme accoudé au comptoir, échange quelques phrases compatissantes empathiques avec lui, et lui propose de passer un peu de bon temps ensemble, même si d'habitude elle n'est pas si directe que ça. Le lendemain, par une belle journée ensoleillée, Simon Cooke reçoit la délégation japonaise dans l'immense salle de réunion de son immeuble professionnel. Il présente ses excuses et ses condoléances à la délégation de l'entreprise Kansei de feu monsieur Tanaka. Monsieur Inoue, le responsable de celle-ci, indique qu'il transmettra ses paroles de réconfort, qu'il espère que Cooke gardera à l'esprit la proposition de rapprochement et de fusion des deux entreprises, et que madame Yoshiko Tanaka souhaite poursuivre cette conversation économique avec lui, dans un avenir proche. Leur conversation est interrompue par l'arrivée de Warren Azoff, très en retard. La délégation japonaise n'en prend pas ombrage, et prend congé. Une fois seul avec les membres de son équipe, Simon Cooke récapitule la situation : la nouvelle responsable de l'entreprise Kansei, un candidat sérieux pour des négociations de fusion, est la veuve d'un homme âgé, qui a trouvé la mort aux mains des prostituées dont il avait loué les services alors qu'il faisait du tourisme à Saturn City. Non seulement ces prostituées ont à leur tour été assassinées par les hommes de Tanaka, mais en plus elles étaient employées par l'un des gangs de rue les plus dangereux de la ville, les Skin. Simon poursuit en tête-à-tête avec Elliot en s'interrogeant sur le fait que la veuve Tanaka souhaite elle aussi venir à Saturn City, et ce que pouvait bien faire Warren pour être ainsi en retard.



Warren Azoff repense à l'occupation qui l'a accaparé : nu, attaché les bras écartés sur un lit, avec une demi-douzaine de femmes âgées en face de lui, vêtues uniquement de sous-vêtements, en cuir, prêtes pour une partie fine. Azoff assure Cooke qu'il n'y aura plus de retard, et demande à son patron comment s'est passé son rencart avec Annabelle Lagravenese. Simon lui explique qu'il n'a pas bien compris ce qu'elle voulait pendant le repas en amoureux, et qu'il s'est retrouvé à la pourchasser de toit en toit. Warren change à nouveau de sujet en évoquant la mission que Simon a confié à Elliot K. Barnes, enquêter sur le meurtre perpétré par les prostituées. Drexeler, un responsable parmi le gang des Skin, est justement en train de recevoir Barnes et de le soumettre à la tentation d'autres demoiselles de petite vertu. Dans une chambre d'hôtel, la femme au visage desséché s'apprête à avoir un rapport sexuel avec un autre jeune homme. Dans un quartier défavorisé, Keenan Wade en tenue du gang Breaks, discute avec son pote Skyscraper sur le comportement bizarre de l'amie de ce dernier qui est enceinte, et qui ne veut pas dire qui est le père.



C'est un vrai plaisir de retrouver cette série qui annonce clairement son thème principal dans le titre, tout en s'avérant beaucoup plus riche qu'une simple succession de galipettes coquines. Le scénariste a décidé d'inclure une scène de sexe par épisodes, avec nudité partielle ou totale, classique ou aventureuse, voire parfois déviante car pas forcément consentante. Il raconte l'histoire de Simon Cooke, un ancien superhéros qui a raccroché son costume, et qui a grandi pour prendre des responsabilités civiles dans la société, dans sa fonction de capitaine d'industrie multimillionnaire. La relation sexuelle (les siennes et celles des autres) devient le marqueur du passage à l'âge adulte, le révélateur du cœur de la personnalité des uns et des autres, et il est représenté de manière adulte, sans romantisme édulcoré, sans visée pornographique à base de performances acrobatiques. Dans ce tome, le lecteur assiste aussi bien à l'homme de loi s'offrant à des sexagénaires, qu'à une femme absorbant l'énergie vitale de son coup d'un soir, en passant par une relation consentie entre amants, à la misère sexuelle d'un employé loyal, ou encore à de la gérontophilie avancée. À chaque fois, les dessins sont dans un registre descriptif et factuel, sans gros plans, et sans hypocrisie, montrant aussi bien la nudité frontale des hommes que celle des femmes, sans gros plans anatomiques de pénétration. Effectivement, chaque relation sexuelle met en lumière un aspect de la personnalité des amants : leur pragmatisme, une forme de domination psychologique, une aventure pour une forme de plaisir sortant de l'ordinaire sans être glauque, une activité professionnelle, une manière de retrouver une forme de tonus physique, etc. Cette bande dessinée s'adresse à des adultes, mais elle n'est pas du genre qui se lit d'une seule main.



Depuis le tome précédent, le lecteur sait qu'il n'éprouvera pas de difficulté à se replonger dans l'intrigue, même s'il a laissé la série de côté pendant quelque temps. Les auteurs font tout pour lui faciliter la reprise : trombinoscope concis en ouverture avec quelques mots et une touche d'ironie gentille, et chronologie des faits les marquants. Il reprend pied sans aucune difficulté dans l'intrigue avec ses différents fils : Simon Cooke naviguant entre les tentatives de prises d'intérêt dans sa multinationale, Keenan Wade infiltrant l'un des deux principaux gangs de la ville, Annabelle Lagravanese essayant de retrouver une vie aventureuse, Sheila subissant sa grossesse, avec en toile de fond une guerre des gangs montant en puissance. Le lecteur observe Old Man en se demandant quel objectif il poursuit en s'approchant du terme de sa vie, les frères Cha-Cha & Dolph Alpha s'attaquant sans relâche à un site après l'autre de leurs concurrents, Masai le chef du gang des Breaks accélérant ses préparatifs pour une émeute généralisée, sans oublier l'enquête de la journaliste Juliette Jemas sur le citoyen Simon Cooke. Joe Casey entremêle ces différents fils d'intrigue avec une aisance remarquable, sans jamais perdre le lecteur, sans oublier la personnalité de chaque protagoniste, ni son histoire personnelle. Le lecteur reste curieux de découvrir ce qui va se passer, de savoir si tel personnage va s'en sortir, si tel autre parviendra à ses fins, le prix à payer pour celle-ci ou celui-là.



Comme dans les tomes précédents, la narration visuelle s'avère aussi naturelle que sophistiquée. L'artiste sait camper les personnages tels que le lecteur éprouve l'impression de pouvoir les croiser dans n'importe quelle grande ville, tout en ayant un physique inoubliable. Le jeu des acteurs et de type naturaliste, avec une expressivité remarquable, le lecteur pouvant ressentir leur état d'esprit en les observant, que ce soit l'intensité de l'implication de Keenan Wade dans ce qu'il entreprend, sa vie en dépendant littéralement, ou les hésitations un peu timorées d'Elliot K. Barnes, ou encore le plaisir manifeste de Warren Azoff toujours aussi étonné d'avoir trouvé la sexualité qui lui correspond le mieux et de pouvoir la pratiquer sans entraves et avec consentement. Le lecteur se rend bien compte que certaines teintes de couleur ressortent fortement car elles sont inattendues, mais il n'en prend conscience qu'après coup, car elles accompagnent parfaitement une émotion en la renforçant. Il faut qu'il fasse un effort conscient pour voir comment Brad Simpson utilise sa palette de couleurs pour établir une ambiance par séquence, tout en conservant une parfaite distinction entre les différents plans de chaque case, et entre chaque élément représenté. En outre, Piotr Kowalski aborde ses planches avec la volonté affichée et assumée de rester à un niveau descriptif élevé, en représentant les décors dans plus de 80% des cases, avec un niveau de détails aussi précis que nombreux. Cela n'aboutit pas à une apparence photographique un peu stérile, mais à des cases avec un ressenti plus organique, et très tactile.



Le lecteur peut donc se projeter dans des endroits très concrets, où évoluent des personnages plausibles, interagissant avec les objets et les obstacles qui les entourent, plutôt que d'évoluer sur une scène avec juste une toile tendue en fond. Les auteurs manient avec dextérité et à propos différentes conventions de genre : un peu de costume de superhéros en très faible nombre, un peu d'action, plus d'intimidation musclée ou menaçante, un peu de complot, pas mal de tension psychologique, et bien sûr du sexe régulièrement mais en quantité limitée. S'il le souhaite, le lecteur peut également se laisser gagner par les enjeux personnels, la quête existentielle de l'un ou l'autre, un caractère parfois obsessionnel. Il découvre avec délice les journaux de Quinn (Emily Carol Quinlan) évoquant la manière dont elle a entraîné Simon Cooke, son objectif en l'entraînant, sa rencontre et ses relations avec ses parents. Il est fasciné par l'implication totale de Keenan Wade dans son infiltration de gang, sans bien savoir ce qu'il recherche exactement, par les conséquences sur sa vie de couple. Il perçoit la même fibre obsessionnelle chez Juliette Jemas, la journaliste d'enquête au Saturn Sentinel, clin d'œil assumé à Lois Lane (attesté par le doublement de la lettre J, pour celui de la lettre L), tout en étant beaucoup plus crédible. Il se demande sur quoi va déboucher la fin de vie d'Old Man, etc.



Ce quatrième tome s'avère encore plus prenant que le précédent, à la fois pour l'excellence discrète de la narration visuelle, à la fois pour l'évolution de l'intrigue qui continue de construire sur les bases des tomes précédents, à la fois pour les relations sexuelles, pour les motivations profondes des personnages, pour l'implication viscérale plus ou moins consciente des unes et des autres qui rend leur vie beaucoup plus intense.
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X-Men, Tome 0 : Les enfants de l'atome

Profitant de l’accent mis par les médias sur l’émergence d’une race de mutants et sur les dangers qu’ils représentent, l’extrémiste William Metzger se profile lentement comme le leader charismatique du mouvement anti-mutant. De leur côté, cinq adolescents doivent faire face à leurs différence et affronter cette opinion publique qui leur est de plus en plus hostile. Le professeur Charles Xavier rêve cependant d’une cohabitation harmonieuse entre les deux races et tente de joindre les cinq jeunes surhumains à sa noble cause.



«Les enfants de l'atome» propose la vision modernisée de Joe Casey sur la genèse des X-men. Cette mini-série de six épisodes, parus entre novembre 1999 et septembre 2000, livre une sorte de préquelle (hors-continuité) à la formation du groupe de super-héros en 1963 par Stan Lee et Jack Kirby. Le lecteur y découvre le passé et les motivations des premiers membres de la célèbre équipe du professeur X.



Délaissant les scènes d’action au profit du développement psychologique des personnages, l’auteur s’attarde sur le quotidien de lycéens qui doivent encore apprendre à contrôler leurs pouvoirs et qui, au fil des pages, vont développer des liens d’amitié, pour finalement devenir équipiers au sein des X-men. Si la caractérisation des quatre héros masculins (Hank McCoy, War¬ren Wor¬thing¬ton, Bobby Drake et Scott) est assez réussie, le rôle plus discret de Jean Grey est assez décevant. Quant à la confrontation entre leur futur mentor et Magnéto, elle illustre parfaitement les idéologies contradictoires des deux hommes, ainsi que l’origine de la guerre fratricide qui les oppose.



Incarné par le parti xénophobe de William Metzger, le thème de fond développé par Joe Casey tout au long de l’histoire constitue l’essence même de cette saga qui tente de faire coexister des gens normaux avec une minorité caractérisée par un gène X. Une différence qui fait peur et qui va finir par exclure cinq adolescents aux talents uniques de la société.



Au niveau du graphisme, le style légèrement rétro de Steve Rude colle parfaitement à l’époque sixties des débuts des X-men. Si Paul Smith et Essad Ribic parviennent à assurer une transition graphique sans trop d’encombres, les planches délivrées par les deux dessinateurs sont légèrement moins convaincantes que celles de leur prédécesseur. Notons finalement que la réédition de 2009 du tome zéro de "X-Men (100% Marvel)" est agrémentée d’un bref récit réalisé par Daniel Torres et Takeshi Miyazawa. Une histoire supplémentaire qui se situe certes à la bonne période par rapport à l’épopée centrale, mais qui ne vaut absolument pas le détour.



Construit sur le thème universel du racisme et revisitant les origines de cette équipe de super-héros, «Les enfants de l'atome» s’avère un excellent tome d’introduction à l'univers des X-Men.
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Superman : Superfiction, Tome 2

Ce deuxième tome de "Superman – Super fiction", qui reprend les épisodes #617 à #623 de la série US « Adventures of Superman », est sorti peu de temps après le premier tome, mais comme je n’avais pas trop apprécié ce dernier, j’ai mis un peu de temps à attaquer la suite du run écrit par Joe Casey et dessiné par Derec Aucoin.



Après avoir dû affronter des personnages issus d’un roman lors du tome précédent, Superman se retrouve confronté à d’autres menaces toutes aussi originales. De vendeurs d’encyclopédies venus d’une autre dimension à une menace extra-terrestre qui transforme les enfants de Metropolis en insectes, en passant par un adversaire politique de Lex Luthor, L’Homme d’Acier a de nouveau du pain sur la planche.



Si l’originalité est à nouveau au rendez-vous et que la relation Clark Kent/Loïs Lane est développée de manière plutôt intéressante, je n’ai pas du tout accroché aux différentes intrigues. Joe Casey propose certes des menaces originales qui obligent Superman à réagir autrement qu’en utilisant sa force, mais j’ai trouvé l’ensemble assez lourd. Du Minuteman aux jumeaux, en passant par la ballade finale avec Loïs, ça ne m’a vraiment pas emballé.



Visuellement, Derec Aucoin livre un travail plus qu’honnête, avec un style légèrement rétro qui colle assez bien au ton du scénario. Les épisodes dessinés par Charlie Adlard ("Walking Dead") sont également très corrects, même si ce sont surtout les couvertures de Lee Bermejo qui ont attiré mon regard.



À réserver aux fans de Superman !
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Superman : Superfiction, Tome 1

S’il y a deux super-héros DC qui ne pouvaient pas manquer à cette première salve d’albums éditée par Urban Comics, ce sont bien évidemment Batman et Superman. Après avoir lu l’excellent "Batman – Sombre reflet", je m’attaque donc à ce “Superman – Super fiction”, écrit par Joe Casey, dessiné par Derec Aucoin et reprenant les épisodes #610 et #612 à #616 de la série US « Adventures of Superman ».



S’il faut à nouveau souligner l’excellent travail éditorial d’Urban Comics, il faut également applaudir la rapidité avec laquelle ils nous proposent les suites. La preuve : j’ai à peine le temps de chroniquer ce premier tome que le second volet de ce diptyque, reprenant les épisodes #617 à #623, vient déjà de sortir.



L’originalité de ce récit se situe dans le fait que Superman doit y affronter des personnages issus d’un roman de Conrad, un ancien professeur de journalisme de Clark Kent. Tout le monde sait qu’aucun personnage issu de la réalité est capable de rivaliser avec Superman, alors, effectivement, pourquoi ne pas aller puiser dans la fiction ? L’intention est donc très bonne, mais à aucun moment le lecteur ne doute que Superman na va pas l’emporter.



Visuellement, Derec Aucoin livre un travail plus qu’honnête, avec un style légèrement rétro qui colle assez bien au ton du scénario.

Bref, une histoire inédite en France qui ravira les fans de Superman.
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Corps de pierre

Malgré une procédure de divorce jamais vraiment agréable à vivre, ce sont d’autres soucis qui commencent à peser sur les épaules de Tom Dare. Pianiste dans un groupe, il éprouve de plus en plus de mal à jouer convenablement. Tout débute par une perte d’agilité au niveau des doigts, qui semble ensuite se propager dans le reste du corps. D’un membre engourdi à une sensation de lourdeur généralisée, il commence à s’inquiéter et finit par consulter son médecin généraliste. Les résultats des tests sont pour le moins surprenants et l’avis des spécialistes est sans appel : le corps de Tom se transforme progressivement en pierre !



Profitant de la célébrité grandissante de la saga Walking dead, les éditions Delcourt décident de publier ce one-shot mis en image par le dessinateur attitré des zombies à succès. Réalisé en parallèle de la série de Kirkman, Rock Bottom s’inscrit cependant dans un tout autre genre.



Comme indiqué par le titre de cette version française, Corps de pierre raconte l’histoire d’un homme qui se solidifie au fil des pages. Si la recherche scientifique concernant les origines et les conséquences de cette maladie inconnue et incurable est intégrée au récit, ainsi qu’un clin d’œil quasi inévitable aux capacités super-héroïques de ce corps bâti dans le roc, l’auteur se concentre surtout sur le quotidien totalement chamboulé de ce personnage condamné à l’immobilisation perpétuelle. Si le dénouement ne fait aucun doute, le drame personnel vécu par cet homme ne laisse pas indifférent. En froid avec tous ses proches, il n’aurait de toute façon nulle part où aller ... indépendamment de son incapacité à bouger. Abordant le thème de la paternité et interrogeant le lecteur quant au sens de la vie face à une fin inéluctable, la descente aux enfers de Tom est ponctuée d’une chute connue de tous, mais en tout point remarquable.



Le style très épuré du dessin noir et blanc de Charlie Adlard pourrait rebuter au premier abord. L’absence d’aplats de noirs et le manque de relief, combiné à un trait extrêmement fin surprennent par rapport à son travail sur les morts-vivants. Cette impression de légèreté sied cependant assez bien à l’ambiance et à la sensibilité du récit, tandis que les remplissages grisâtres au niveau du personnage central, permettent de mettre en avant la progression de cette mystérieuse maladie.



Construit sur une idée en béton et suivant une trame sans véritables surprises, Corps de pierre est une lecture qui ne laisse pas de marbre.
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Codeflesh

Cameron Daltrey est agent de probation et se porte donc garant pour les malfrats libérés sous caution. En théorie, il devrait lui rester du temps pour s’occuper de sa petite amie qui est danseuse dans un bar à striptease, mais en pratique, il fait de l’excès de zèle et poursuit lui-même les criminels qui ne respectent pas leurs engagements. Il se transforme alors en Codeflesh, un justicier / chasseur de primes qui arbore un masque orné d’un code-barre, et ramène les malfaiteurs en prison. Une double vie qui ne s’avère pas de tout repos…



Après Corps de pierre, Delcourt propose une autre œuvre écrite par Joe Casey et dessinée par Charlie Adlard. Cette première collaboration du duo connut une parution pour le moins erratique outre-Atlantique, avec cinq épisodes publiés dans la revue Double Image, trois dans la magazine Double Take et le dernier uniquement dans le TPB. Malgré ces déboires éditoriaux, force est de constater que l’ensemble demeure très cohérent.



Cette saga raconte donc l’histoire d’un homme qui prend plaisir à poursuivre les clients qui ne se présentent pas aux convocations des juges. Chacun des neuf chapitres invite à suivre une traque qui se termine par un affrontement à mains nues entre le héros et un adversaire généralement très coriace, voire doté de pouvoirs. Si le masque de Codeflesh fait inévitablement penser à celui de l'énigmatique Rorschach de Watchmen, la célèbre tache étant remplacée par un code-barre, cette partie-là du récit n’est cependant pas la plus intéressante, surtout que l’auteur se garde bien de narrer l’origine des vilains. La véritable force de cette série qui monte en puissance au fil des arrestations se situe au niveau de la relation amoureuse développée en arrière-plan par l’auteur. Celle-ci permet notamment de pointer du doigt toute la difficulté de mener une activité de super-héros sous une identité secrète.



Visuellement, le dessinateur de Walking Dead délaisse ses zombies au profit d’une ambiance tendue et bien sombre, digne des polars signés Ed Brubaker. Alternant scènes d’action et passages plus intimistes avec beaucoup d’aisance, il propose une mise en scène efficace qui contribue à la lecture fluide de l’album. Notons également un dernier chapitre pourvu d’une narration innovante, qui repose sur un décalage entre des images du quotidien et des bulles qui reprennent le texte d’une lettre qu'il a écrite à sa bien-aimée.



Codeflesh est une très bonne surprise qui ravira les amateurs de polars flirtant avec le genre super-héroïque.
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Codeflesh

Je suis toujours intéressé de voir d’autre œuvre de l’un des dessinateur du génialissime Walking Dead. A noter que Corps de pierre réalisé par la même équipe à savoir Joe Casey et Charlie Adlard avait été une surprenante réussite.



On retrouve une espèce de canevas commun à savoir l’humanisme de personnages qui sont obligés par la force des choses à se dépasser. J’avoue avoue avoir apprécié la lecture de ce héros, agent de probation de métier, qui joue au justicier. Par contre, la fin de l’intrigue m’a un peu laissé de marbre. Le masque orné d’un code barre est par contre une excellente idée.



A la lecture, j’ai eu une réflexion sur le rôle de la justice. Visiblement, on préfère des gens qui règlent le problème par d’autres moyens non légaux. On banalise ce type de comportement en ne le remettant pas en question. Il ne faudra pas s’étonner qu’un jour, il puisse y avoir des conséquences. Mais bon, ce n’est que de la bd ou du cinéma avec le degré d’influence qu’on lui prête.
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Butcher baker

Butcher Baker est un ancien super-héros qui mène dorénavant une vie de débauche, faite d’alcool, de drogues et d’orgies sexuelles. Les criminels étant tous derrière les barreaux, il jouit donc pleinement de sa retraite dorée, jusqu’au jour où Dick Cheney et Jay Leno viennent lui proposer une dernière mission : détruire la prison de haute sécurité qui héberge tous les super-vilains qu’il a jadis arrêtés et qui coûtent beaucoup trop cher au contribuable. Le Redresseur de torts reprend donc du service au volant de Liberty Belle, son gros camion bariolé aux couleurs de la bannière étoilée, et fonce vers son nouvel objectif. Le bâtiment est rapidement réduit en miettes, mais plusieurs locataires survivent néanmoins à l’explosion. Du coup, le héros retraité doit faire face à la vengeance des malfrats qu’il a loupé, ainsi qu’à un shérif particulièrement pugnace, qui n’apprécie pas trop qu’on roule à trop vive allure sur ses routes.



Alors que le huitième épisode vient à peine de paraître aux États-Unis, Ankama propose déjà l’intégrale de cette saga complètement déjantée au sein de son excellent label 619. Butcher Baker est un surhomme moustachu particulièrement bourrin, dont le flux sanguin a tendance à rester en dessous de la ceinture. Faussement patriotique, malgré un nombre de « stars and stripes » qui aurait de quoi faire jalouser Captain America, il effectue ici un come-back explosif parsemé d’action et de jurons. Une fois les présentations faites, le scénario se transforme vite en une longue course-poursuite complètement folle et au rythme totalement effréné. Bousculant les conventions et provocante à souhait, cette série multiplie les délires et les affrontements. Si l'intrigue de ce road-trip décadent tient sur un timbre poste et que le héros est fort caricatural, le lecteur s’attache néanmoins aux déboires du shérif Willard et se rend vite compte que cette traque sans merci et foncièrement drôle n’est finalement qu'un prétexte pour permettre au dessinateur de se laisser aller dans un délire visuel jouissif.



Mike Huddleston se lâche complètement et propose un graphisme aussi psychédélique qu’époustouflant. Passant d’un trait réaliste à une approche plus caricaturale, du noir et blanc à une colorisation numérique très flashy, l’auteur varie les styles avec une efficacité redoutable. Cette cacophonie peut déstabiliser au premier feuilletage, mais renforce finalement le côté déjanté du récit, tout en parvenant à octroyer une unité graphique et une propre identité à l'ensemble.



Ce road-movie décoiffant qui se parcourt à vive allure et qui décollera plus d’une rétine est un véritable ovni du neuvième art qui vaut (visuellement) le détour.
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Corps de pierre

J'ai été très agréablement surpris par la lecture de ce one shot qui ne payait pas de mine au niveau de son graphisme dénudé. Le récit est tout ce qu'il y a d'ordinaire mais de dramatique quand un homme se sait condamné par une terrible maladie. Tout s'effondre autour de lui d'autant qu'il venait juste de divorcer. On va éviter la niaiserie avec des personnages et des dialogues réalistes. Bon, j'admets que quelques fois, cela va faire un peu Dr House ce qui ne déplaira pas aux nombreux fans de la série.



Le récit est si bien construit qu'on se demande si c'est tiré d'une histoire vraie : existe-t-il vraiment une maladie rare qui transforme le corps petit à petit en pierre suite à une véritable calcification ?

Pour autant, la conclusion du récit est si peu conventionnelle que cela ne laissait plus la place au doute.



J'ai beaucoup aimé cette plongée dans le quotidien de cet homme ordinaire dans sa manière d'appréhender son mal. On arrive à ressentir une vraie émotion pour peu d'avoir été confronté à la maladie une fois dans sa vie. Cela ne va pas bouleverser le genre mais c'est une oeuvre suffisamment forte pour attirer notre attention.
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Wildcats 3.0, tome 2 : Clause de confidenti..

Je dois bien avouer que ce tme a décidé du destin des différentes BD Wildcats qui traînaient chez moi : c'est clairement une copie inférieure à X-Men. Et même cette tentatie de transposer le style super-héroïque au monde de l'entreprise m'a laissé de glace (il faut aussi reconnaître qu'au bout de deux tomes, je n'ai toujours pas compris le début de l'intrigue).

9782266192767"
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Fantastic Four : La première famille

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui ne nécessite pas de connaissance préalable pour l’apprécier. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2006, écrits par Joe Casey, dessinés par Chris Weston, encrés par Gary Erskine, et mis en couleurs par Chris Chuckry.



Il y a quelques temps, un hélicoptère de l'armée américaine vient récupérer 4 individus se tenant debout dans leur combinaison d'astronaute au milieu des débris de leur fusée. Au milieu de la nuit, un colonel appelle le général Walter Montgomery pour l'avertir de la présence de ces 4 individus dans une base isolée de l'armée américaine Heyford. Il se rend sur place et est accueilli par les professeurs Sanford et Rutgard. Ils l'amènent dans la salle de contrôle. Puis il accompagne les 2 professeurs dans les couloirs et passe devant les vitres donnant sur quatre chambres : une combinaison vide donnant l'impression de se verser du thé dans l'encolure, un jeune homme couché sur un bat-flanc dans une pièce maintenu à une température inférieure à zéro, un homme recouvert d'un épiderme pierreux qui balance sa chaise contre la paroi vitrée, un individu en caleçon dont les bras sont étirés sur plusieurs mètres. Walter Montgomery entre dans la pièce où se trouve Reed Richards et lui parle. Il n'obtient aucune réponse, pas même un cillement. Dans son esprit, Richards se trouve habillé dans sa combinaison d'astronaute, devant une silhouette entièrement blanche, évoquant l'évolution. Les doigts de Richards s'allongent et s'emberlificotent entre eux. La silhouette évoque la situation de Raymond Perryn, un assistant de laboratoire emmailloté dans des bandelettes et inanimé, sur un lit médical. Il a été irradié par des rayons cosmiques.



Johnny Storm est toujours couché sur son bat-flanc et il entend la voix de sa sœur. Elle se tient invisible devant lui et lui indique qu'elle cherche une solution. Son frère lui répond qu'il est surpris que ses cheveux ne brûlent pas. Susan Storm se rend ensuite dans la cellule de Benjamin Grimm : elle dit des paroles rassurantes. Ben répond qu'on ne le laisse voir personne, pas même sa copine Linda McGill qui est pourtant médecin. Il se redresse sur son séant et se rend compte qu'il n'y a personne à ses côtés. Enfin elle se rend dans la cellule de Reed, sans parvenir à le tirer de son mutisme. Le lendemain, Walter Montgomery a fait sortir Reed Richards sur sa chaise de bureau à roulette et les 2 professeurs s'apprêtent à lui faire subir des tests. Dans son esprit, Reed se trouve à nouveau devant la silhouette blanche qui lui parle de pensée et de conscience. À une question de Reed, elle répond qu'il est un scientifique comme lui, qu'il s'est aussi intéressé aux radiations cosmiques suite à la chute d'une grande météorite sur terre. Au fur et à mesure qu'elle parle, un squelette commence à se reconstituer à l'intérieur de la silhouette blanche. Puis apparaissent les muscles, puis la peau, et enfin une tête, un visage et des vêtements. L'individu finit par se présenter : professeur Franz Stahl.



Ce n'est pas la première fois que Joe Casey revient sur les origines d'un groupe de superhéros Marvel. Il l'avait fait en 1999/2000 avec X-Men, Tome 0 : Les enfants de l'atome illustré par Steve Rude, Paul Smith, Esad Ribic. Il avait également revisité les premières années des The Avengers, Tome 1 : Les plus grands héros de la Terre (2005 & 2007) avec Scott Kolins et Will Rosado. L'exercice n'est pas simple : les auteurs sont amenés à revisiter très régulièrement les origines des superhéros (Marvel ou DC), soit dans un mode révérencieux, soit pour y apporter un éclairage différent. Le lecteur chevronné sait que dans le premier cas la redite est assurée, et que dans le deuxième cas toutes les nouveautés seront rapidement oubliées, à de rares exceptions près. Ici, le scénariste fait en sorte de s'insérer dans les interstices de l'origine parue en 1961 et racontée par Jack Kirby & Stan Lee, pour ne pas déranger, sans être obligé de répéter ad nauseam les mêmes choses. Le fan se rend bien compte qu'il anticipe quand même de plusieurs années la capacité de Sue Storm à créer des champs force. Le principe est donc de dire qu'entre deux aventures canoniques, les 4 astronautes avaient eu à gérer une autre menace : Franz Stahl. Il s'agit bien d'ajouter puisqu'il est fait référence au crash de la fusée qui survient juste avant la première page, et qu'il est fait mention du combat sur l'île des monstres et de l'affrontement contre Miracle Man (Joshua Ayers apparu dans le numéro 3 de la série Fantastic Four) sans qu'il n'apparaisse sur la page.



Du coup, le lecteur découvre bien une nouvelle histoire : elle a juste la particularité de se dérouler dans un contexte déjà connu qui est celui du tout début de l'équipe. Alors que le récit commence, Reed Richards et Sue Storm ne sont pas encore mariés, et les quatre Fantastiques ne se sont pas encore installés dans le Baxter Building à Manhattan. Joe Casey montre comment se passent les relations entre l'équipe et l'armée des États-Unis, comment l'équipe réussit à acquérir son autonomie, dans quelles conditions elle effectue sa première apparition publique. Il développe également la question de la raison pour laquelle ils sont amenés à former une équipe, à habiter au même endroit (dans le Baxter Building), de pourquoi ils en viennent à se battre contre des monstres. Le scénariste joue donc le jeu d'étoffer le récit initial paru en 1961, avec une approche un peu réaliste et adulte, moins dans les évidences enfantines. Le lecteur guette bien sûr les éléments classiques de la mythologie de cette série. Il a droit à une courte séquence entre The Thing et le Gang de Yancy Street, ainsi qu'à plusieurs scènes se déroulant dans le garage automobile où travaille Johnny Storm. Reed Richards est déjà facilement oublieux de sa copine, en scientifique obsédé par ses expériences. Au cours du récit, est abordée la question des origines des molécules instables des costumes des Fantastic Four. En attendant, Chris Weston détoure la silhouette de Sue Storm invisible comme se déplaçant nue car elle ne peut pas rendre invisible ses vêtements.



Chris Weston & Gary Erskine réalisent des dessins descriptifs avec un haut degré de détails, dans un registre réaliste. Weston avait déjà collaboré avec Grant Morrison pour The Filth (2002/2003, également encré par Erskine), et avec Warren Ellis pour Ministère de l'espace (2001). Le lecteur est frappé par la minutie apporté à la représentation des environnements et des tenues vestimentaires. Le récit commence par un dessin en pleine page : il peut distinguer les débris de la navette au pied des 4 astronautes, chaque pli dans leur combinaison, le harnachement et les pochettes des combinaisons, les sapins en fond de case, les pales des rotors, chaque vitre de la cabine des hélicoptères, les roues, etc. Il ne manque aucun détail. Sur la deuxième page, il peut voir le lit du général, les plis du drap, les motifs sur l'oreiller, sa femme allongée à ses côtés, le combiné téléphonique, la lampe de chevet, les pantoufles au pied du lit, la table de chevet, le liseré de la descente de lit, et tout ça dans la première case. Il identifie le modèle de voiture dans la troisième case. La quatrième comprend un luxe de détail alors que la voiture est arrêtée au poste de contrôle de la base militaire. La troisième page comprend une case avec une vue complète de la façade du long bâtiment de la base militaire, et tous les appareils technologiques et conduites de fluide sont représentés avec minutie. Le lecteur habitué des comics se dit que ça ne va pas durer longtemps comme ça : les artistes vont se fatiguer et le niveau de détail va baisser de manière significative d'épisode en épisode. Il n'en est rien : le niveau de qualité des dessins reste constant du début jusqu'à la fin. Il suffit pour s'en persuader de comparer le degré de détails et de cohérence entre la façade de la base dans le premier épisode et dans l'épisode 6, totalement raccord.



Ce soin dans les détails génère une intensité d'immersion remarquable pour le lecteur et participe grandement à rendre la narration plus mature que celle de Jack Kirby dans les premiers épisodes de la série. Weston & Erskine appliquent la même approche graphique pour les personnages : haut degré de détails et de réalisme dans leur visage. L'effet produit est moins convaincant parce que le dessinateur éprouve parfois des difficultés à assurer la cohérence d'apparence sur certaines pages pour un personnage ou pour un autre. De même, la morphologie de The Thing donne la sensation de subir des variations étranges dans certaines scènes. S'il est un peu troublant de voir la silhouette nue de Susan Storm au début, il est plus horrifique de voir les membres démesurément allongés des Reed Richards, Weston proposant une représentation littérale versant vers l'horreur corporelle. Il reste dans un registre beaucoup plus classique pour la manifestation des pouvoirs de Human Torch et de The Thing, avec sa peau rocailleuse.



Le lecteur se laisse facilement entraîner par la qualité de la narration visuelle, qui reste facile à lire indépendamment du nombre de détails. Il comprend rapidement que l'enjeu du récit ne réside pas la reprise des origines des Fantastic Four, Joe Casey écrivant en ayant conscience que ses lecteurs les connaissent déjà. L'enjeu réside dans l'intervention de Franz Stahl, personnage créé pour l'occasion. Casey n'a pas la prétention de créer un nouvel ennemi inoubliable pour les FF, mais il le développe de telle sorte à ce que des scénaristes ultérieurs puissent le faire. D'ailleurs il ne sera pas repris par la suite. Les pouvoirs de Stahl sont également un produit des rayons cosmiques et Stahl devient un miroir déformant des Fantastic Four, un dispositif narratif classique permettant de faire ressortir les différences entre eux et lui, et par voie de conséquence ce qui fait la spécificité et donc l'identité des FF. Joe Casey utilise ce dispositif avec maîtrise et efficacité, sans réussir à dire des choses nouvelles sur les 4 équipiers.



Du fait de la longévité des personnages de fiction récurrents, les éditeurs sont amenés à faire en sorte de rappeler leurs origines régulièrement, et à en commander de nouvelles versions mises à jour à leurs auteurs, au point que ce soit devenu un sous-genre à part entière. À ce jeu, Chris Weston & Gary Erskine réalisent une narration visuelle adaptée et immersive, à l'exception des personnages parfois un peu fluctuants. Joe Casey trouve la place de s'insérer dans le canon des épisodes originaux, en développant une histoire originale et en apportant des compléments d'information à ce que contenait les tout premiers épisodes de la série. L'histoire est intéressante et divertissante, même si elle ne parvient pas à s'imposer comme une nouvelle référence.
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MCMLXXV, tome 1

Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 3 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Joe Casey, dessinés et encrés par Ian Macewan, avec une mise en couleurs réalisée par Brad Simpson. Il y a également les 3 couvertures originales réalisées par Macewan, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Dustin Weaver, Sloane Leong, Morgan Jeske, Farel Dalrymple, Artyom Trakhanov.



En 1975, la nuit, Prefect Patterson prend l'antenne sur la radio WMAK FM pour une émission de musique et d'informations, à Manhattan. Dans une rue de l'île, un homme en imperméable avec un attaché-case hèle un taxi. Il monte à l'arrière et indique l'adresse : Ryders Alley. Pamela Evans enclenche le compteur et commence à rouler avec la radio sur WMAK FM. Patterson annonce que la soirée va commencer avec Kool & the Gang, suivi par les O'Jays, dans la pure veine du Rythm & Blues. Il demande aux auditeurs de faire à attention à eux car c'est un monde étrange. Alors que la circulation est fluide, des ninjas surgissent en plein milieu de la rue où Pamela Evans est en train de circuler. Elle écrase l'accélérateur et en renverse une bonne dizaine, mais n'arrive pas à contrôler son dérapage et va percuter un stand de journaux sur le trottoir, inoccupé à cette heure. Elle conseille à son passager de rester dans le taxi et de n'en sortir sous aucun prétexte. Elle prend son démonte-pneu sur le siège passager et sort dans la rue. Elle est vite entourée par les ninjas car ils en ont après elle.



Pamela Evans s'avance vers les ninjas et son démonte-pneu se met à luire d'une lumière électrique bleutée. Elle fait tournoyer son démonte-pneu autour d'elle, blessant mortellement plusieurs ninjas. Au micro, Prefect Patterson annonce le titre suivant : Superstition de Stevie Wonder. Il ne reste plus qu'un seul ninja debout. Il interpelle Pamela Evans en lui indiquant qu'elle a encore de beaux restes en combat, mais pas assez pour la sauver de l'inéluctable. Il lui rappelle la nature des forces qu'elle combat, et lui annonce que se seront bientôt des armées entières qui fouleront le sol de Manhattan. Elle l'achève en lançant son démonte-pneu qui lui fracasse le crâne. Elle remonte dans son taxi et amène son client à bon port. Celui-ci descend et oublie presque de payer. Elle le rappelle à l'ordre. Sa nuit finie, elle ramène son taxi à la compagnie qui l'emploie. Grizzly, le propriétaire, lui remonte les bretelles au vu de l'état de la calandre. Elle le rabroue en indiquant qu'elle est son meilleur employé et rentre chez elle, dans un appartement de Harlem. Elle y retrouve Prefect Patterson qui a sorti un disque de Marvin Gaye de sa pochette et s'apprête à le mettre sur la platine. Pamela Evans évite savamment ses questions trop précises sur sa nuit de travail et ils finissent au lit.



L'éditeur Image Comics laisse les auteurs libres de choisir le format de leur histoire, tout en les conseillant sur les ventes potentielles. Ainsi Joe Casey peut régulièrement proposer des projets sortant du format traditionnel de la minisérie, sortant des sentiers battus de la production mensuelle : The Milkman Murders avec Steve Parkhouse, Valhalla Mad avec Paul Maybury, ou encore Jesusfreak avec Benjamin Marra. Au bout de quelques pages, le lecteur identifie la nature de l'histoire : un hommage pas tant à la Blaxploitation, qu'aux films urbains des années 1970 comme [[ASIN:B000059H1Z The Warriors]) (1979) de Walter Hill, avec une pincée de surnaturel. Pamela Evans n'est pas Pam Grier, mais une femme noire avec une bonne carrure, se battant comme un homme contre des créatures surnaturelles qui ne l'impressionnent pas le moins du monde. Il s'agit d'un récit court (3*20 pages) et les auteurs doivent aller à l'essentiel. Joe Casey indique que Pamela Evans a été enlevée à ce monde quand elle était encore enfant, qu'elle a appris à se battre, et qu'elle a combattu des années durant pour de mystérieux individus sur une planète dans une autre dimension. Elle n'a pas froid aux yeux, et elle semble habituée à voir ses proches mourir. Aucun détail superflu, droit à l'essentiel. L'intrigue est à l'avenant : simple et directe. Pamela Evans se bat contre chaque apparition de créatures surnaturelles et leur défonce la tronche à coup de démonte-pneu.



Joe Casey rend hommage à The Warriors de plusieurs manières. Il y a d'abord la présence de l'animateur de radio qui accompagne les nuits de travail d'Evans dans son taxi. Le scénariste a choisi une bande son très classique : Kool & the Gang, O'Jays, Ben E. King, Marvin Gaye, Stevie Wonder. Là encore il s'agit d'aller à l'essentiel, et il n'y a pas le temps d'étaler une culture musicale de spécialiste. Il y a ensuite les gangs de rue : Morningside Hooligans, MG Arzachs, Aristocrats, Diamond Dogs, Sapphire Stompers. Le lecteur peut détecter un hommage à Moebius (avec Arzach) et un autre à David Bowie (avec Diamond Dog). Là encore l'évocation des gangs de rue va droit au but : chaque gang dispose de sa tenue spécifique (ses couleurs) en lien direct avec son appellation (les chapeaux allongés des Arzachs), ce qui fait son unité. Aucun membre de gang n'est individualisé ou nommé : il s'agit d'un groupe unifié par un quartier ou un trait de culture populaire.



Il appartient donc à l'artiste de donner de la consistance à chaque élément évoqué rapidement pour que les éléments du récit ne se limite pas à une simple enfilade de noms sans consistance ou d'éléments en carton-pâte. Dans les 3 ou 4 pages où il représente les façades d'immeubles, l'artiste sait retranscrire les enseignes au néon de l'époque, et retrouver l'ambiance nocturne de la rue. La case de la largeur de la page avec uniquement la bouche de Prefect Patterson proche du micro capture bien également l'impression donnée par les images de The Warriors (et d'autres films), avec cette présence désincarnée au milieu de la nuit susurrant des phrases aux auditeurs, aux oiseaux de nuit. Cette image fait prendre conscience au lecteur que Joe Casey a inversé le cliché : c'est un homme qui adopte un ton sensuel, au lieu d'une femme. Par contre les images n'indiquent pas comment Prefect Patterson peut être informé aussi rapidement de ce qui passe dans les rues. L'évocation de l'époque apparaît également dans les tenues vestimentaires. Ian Macewan n'en fait pas trop de ce côté-là. Pamela Evans porte des fringues utilitaires, sans recherche particulière, sans suivre une mode. Le dessinateur réserve cette approche aux tenues des gangs : les costumes d'Arzach tous droit sortis de la bande dessinée du même nom de Moebius, les cuirs classiques des Sapphire Stompers, les tenues de footballeur pour un autre gang avec de belles chaussettes montantes, les tenues affriolantes blanches et les rollers pour les Sukkas. En termes d'évocation de l'époque, ce qu'il capture le mieux, ce sont les gestes de Prefect Patterson pour manipuler avec une infinie précaution ses disques vinyle. Le lecteur qui en a manipulé reconnaît tout de suite cette manière de se saisir de la galette.



Dans ce mélange entre film de genre de type urbain des années 1970 et film de Fantasy, il revient également à l'artiste de donner corps aux créatures surnaturelles. Les ninjas ont une apparence très classique avec une tunique rouge, des pieds dans des bandelettes qui montent jusqu'au genou et des bandelettes autour des main et des poignets. La créature humanoïde qui apparaît à la fin du premier épisode n'est pas très originale sur le plan visuel, oubliée dès Pamela Evans lui a fait avaler son extrait de naissance. Les autres créatures apparaissant par la suite ne bénéficient pas de gros plan, et ne constituent pas un intérêt visuel significatif. Le lecteur se rend compte que la force graphique d'Ian Macewan réside plus dans sa mise en scène des combats. Dans le premier épisode, le lecteur peut voir la détermination de Pamela Evans fonçant dans le tas, avec es ninjas qui en prennent pour leur grade. Dans le second épisode, le lecteur souffre pour elle alors qu'elle se fait pilonner par l'humanoïde surnaturel. Puis il ressent sa douleur alors qu'elle regagne son appartement en claudiquant et en perdant du sang. Enfin dans le troisième épisode, il s'en donne à cœur joie pour montrer les différents gangs se lançant dans la mêlée, et les créatures accusant le coup de leur attaque.



En découvrant ce récit en 3 épisodes, le lecteur sait qu'il va s'agir d'une histoire rapide. Effectivement, Joe Casey n'a pas de temps à perdre. Il intègre des éléments piochant dans des conventions de genre, avec un hommage appuyé au film The Warriors de Walter Hill. Le résultat est rapide et concis. Ian Macewan fait le nécessaire pour représenter les différents éléments avec un niveau de détails suffisant pour qu'ils soient consistants. Certains sont très réussis (les tenues des différents gangs, le taxi), d'autres sont moins développés (les monstres surnaturels). Le plaisir du lecteur dépend de sa sensibilité et de ce qu'il est venu chercher. Si un simple hommage à ce film suffit à lui faire revivre les sensations associées, 4 étoiles. S'il souhaite une histoire suffisante pour elle-même, 2 étoiles.
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Jesusfreak

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Ce récit est initialement paru en 2019, sans prépublication. Il est écrit par Joe Casey, dessiné et encré par Benjamin Marra, avec une mise en couleurs réalisée par Brad Simpson. Le design de l'ouvrage a été conçu par Sonia Harris, et le lettrage réalisé par Rus Wooton. Dans l'introduction d'une page, les auteurs précisent qu'il ne s'agit pas d'une reconstitution historique, ou religieuse. Ils ont effectué des recherches préalables, mais ont choisi d'appliquer quelques simplifications, à commencer par un langage unifié (l'araméen). Ils écrivent noir sur blanc (l'inverse en l'occurrence, des lettres blanches sur une page noire) que leur récit n'est pas dépendant de l'existence ou non d'un individu nommé Jésus. Ce tome comprend également une note des auteurs d'un peu plus d'une page revenant sur le fait que les comics permettent d'aborder tous les sujets possibles et imaginables. La page précédant l'histoire présente une carte situant les villes de Jérusalem, Bethléem, Bethabara, Sepphoris, Nazareth et Macheronte.



En 26 de notre ère, à Sepphoris la capitale de la Galilée, Jésus est en train de se recueillir plutôt que de travailler au chantier du palais. Simon vient le trouver pour lui dire qu'il doit se remettre à l'ouvrage. Il lui répond que ses migraines sont de retour, plus fortes que jamais. Il leur rappelle qu'ils sont venus là depuis Nazareth parce qu'il y a du travail rémunéré. Mais il ne voit pas pourquoi il devrait consacrer sa vie à bâtir une construction à la gloire d'un empereur romain. À Jérusalem, le nouveau préfet de Judée est en train d'entrer en ville pour prendre ses fonctions : Ponce Pilate, succédant à Valérius Gratus. Il se dirige vers le temple pour rencontrer Caïphe le grand prêtre du Temple de Jérusalem. Il souhaite en effet mettre un terme très rapide aux prêches des faux prophètes et des soi-disant messies. La nuit tombée, les travailleurs vont dormir dans un camp de fortune, n'ayant plus la force de faire le trajet retour vers leur ville. Mais les nuits de Jésus sont agitées car il est en proie à des cauchemars douloureux dans lesquels des démons se battent contre la divinité, le conflit entre l'amour et la haine. Les autres n'ayant pas ces cauchemars, il estime que cela le rend différent, et il se demande si ces cauchemars ne sont pas des paroles proférées par il ne sait qui.



Réveillé par ses cauchemars, Jésus se lève et retourne dans Sepphoris. Il est conscient des injustices sociales perpétuées par la bureaucratie romaine. Alors qu'il se tient dans un théâtre en plein air, un gros lézard s'adresse à lui. Jésus se demande s'il est encore en train de rêver. Le lézard lui répond que c'est à Jésus de décider ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Alors que Jésus évoque les prophètes qui entendent une voix divine, le lézard indique qu'il s'agit de charlatans religieux uniquement dans la partie pour faire des affaires, mêmes les Zélotes ne sont en fait intéressés que par leurs objectifs politiques. Il lui dit que la vérité qu'il cherche est en lui. Le lendemain, Jésus ne rejoint pas ses compagnons au chantier. Il s'installe en position de tailleur pour méditer, pour étudier la rage qui est en lui, mais aussi la confusion et l'illumination. Il entreprend de voyager jusqu'à la rivière du Jourdain. Sur ses rives, il assiste à un baptême réalisé par Jean le Baptiste. Ce dernier sent immédiatement sa présence. Jean le Baptiste rentre avec lui dans Bethabara pour lui expliquer la raison de ses actions. Après l'avoir écouté, Jésus voit une femme s'avancer vers lui : Marie de Magdala.



En découvrant cette bande dessinée, le lecteur perçoit tout de suite les signes d'un ouvrage de type underground : jaune vif de la couverture, plusieurs images pour composer la couverture avec des couleurs délavées par endroit, police de caractère évoquant celles utilisées pour les titres de films de genre exploitation dans les années 1970. Au fur et à mesure, il relève d'autres signes, à commencer par une forme de naïveté dans les dessins, lui faisant se demander si l'artiste maîtrise bien son métier, ou s'il s'agit d'un amateur. Jésus porte le même pantalon du début jusqu'à la fin, toujours pied nu. Ponce Pilate apparaît systématiquement en armure d'apparat. Les autres personnages portent des vêtements génériques, possiblement d'époque, mais sans assurance. Quand il y en a, les décors semblent en carton-pâte. Quand Jésus se tient devant la ville de Sepphoris, le dessinateur représente un groupement de maisons déposées au petit bonheur sur une surface désertique, sans distinction entre les maisons (elles sont toutes construites sur le même modèle), sans logique d'urbanisme. 50% des cases sont dépourvues d'arrière-plan. Le lecteur sourit franchement quand il voit que le corps de Jésus est celui d'un individu à la musculature bien découplée, qu'il ne porte pas de chemise ce qui permet d'admirer ses pectoraux et qu'il ressemble fortement à Bruce Lee. Il adopte d'ailleurs des postures évoquant l'acteur, aussi bien quand il se bat à main nue, que quand il se met en position de méditation. Le lecteur relève également que le scénariste confond Bethabara avec Béthanie-au-delà-du-Jourdain, et Marie de Magdala avec Marie de Béthanie. Pourtant…



Pourtant, malgré des cases frisant parfois l'amateurisme et les imprécisions sur les éléments bibliques, le lecteur se rend compte qu'il accepte bien volontiers de suivre les auteurs dans leur récit. Joe Casey n'en est pas à son premier récit étrange : il est également l'auteur d'une série de superhéros dont le thème est annoncé dans le titre Sex avec Piotr Kowalski, d'un superhéros à la morale très personnelle Butcher Baker The Righteous Maker avec Mike Huddleston, ou encore d'une série prenant les récits cosmiques de Jack Kirby comme un genre à part entière Godland avec Tom Scioli. De même, Benjamin Marra est l'auteur de plusieurs récits jouant sur des conventions de genre représentées au premier degré pour un décalage analytique, comme Terror Assaulter: O.m.w.o.t. (One Man War on Terror), American Blood,Night Business. En outre, dans la postface, ils indiquent que leur intention est de revenir à forme narrative plus libre pour retrouver l'inventivité de défricheurs dans les comics, citant plusieurs œuvres dont Brought to Light: Shadowplay (1989) par Bill Sienkiewicz & Alan Moore.



De fait, derrière l'usage de conventions de genre inattendues (à commencer par celles du Kung-Fu), le lecteur se rend compte que les auteurs évoquent le parcours de Jésus, en s'attachant à montrer comment il a pu devenir un meneur religieux de première importance, suivi par des disciples et par le peuple. Casey & Marra se livrent à un exercice délicat dans lequel le lecteur connaît déjà le résultat (l'avènement du Messie), où ils montrent comment il en arrive là. Mine de rien, ils évoquent (très) rapidement le contexte de l'époque, en particulier l'existence de nombreux prophètes et de messies. Ils s'attachent au questionnement intérieur de Jésus, le scénariste faisant usage du commentaire de Simon reconstituant à posteriori l'évolution de la pensée de Jésus, ou mettant en scène des allégories comme ce lézard qui parle. S'il parvient à dépasser l'apparence naïve des dessins, le lecteur se rend compte qu'il peut aussi envisager la narration visuelle comme une interprétation imagée de ce que ressent Jésus, de sa façon d'envisager les choses. Avec ce point de vue, la narration visuelle fait plus sens. Effectivement, elle rend visible les conflits intérieurs qui agitent l'esprit de Jésus. Il ne s'agit plus de réaliser une reconstitution historique fidèle, mais de rendre apparents des états d'esprit, une forme populaire d'art naïf (même si des fois le lecteur se dit que le dessinateur serait bien en peine de réaliser des dessins plus techniques).



Avec ce point de vue, le récit fait sens : Jésus se forge progressivement une conviction intime sur les inégalités sociales qu'il voit tous les jours, sur la nature de la tourmente qui agit son esprit. Joe Casey se garde bien de porter un jugement sur la réalité de la présence divine, mais il se garde bien également de railler Jean le Baptiste ou Jésus, ou même de prendre un ton moqueur. Au regard des positions d'art martial utilisées pendant les 2 combats physiques, les convictions des 2 hommes ne sont pas plus incongrues. L'approche politique fait sens : Jésus refuse d'accepter que la domination des romains en Judée condamne le peuple à la pérennité des injustices. Il devient logique et légitime que Jésus se révolte en utilisant la force à 2 reprises. Lorsqu'il se retrouve face à Jean le Baptiste dans la forteresse de Macheronte, Jésus se retrouve à nouveau face aux convictions de Jean le Baptiste, à sa révolte non-violente. Le lecteur y voit les prémices de la nouvelle foi professée par Jésus par la suite.



Peut-être attiré par les auteurs, le lecteur sait en voyant la couverture et le titre qu'il va plonger dans un récit marqué par une forme désuète, utilisant des conventions de genre naïves, et mettant en scène Jésus de manière peu conventionnelle. Effectivement, Benjamin Marra réalise des dessins naïfs, au point parfois de faire se questionner le lecteur sur le niveau réel de l'artiste. Le scénario transforme Jésus en un combattant à main nue, extraordinaire, une sorte de guerrier maîtrisant un art martial et enclin à la méditation. Sous réserve qu'il accepte ces formes de surréalisme et qu'il accepte que les auteurs manient sciemment le symbolisme, le lecteur se rend compte que les Marra & Casey mettent en scène un questionnement pertinent : comment Jésus a-t-il pu avoir la conviction qu'il était un prophète légitime ? Comment a-t-il pu convaincre une partie significative de la population quant à l'honnêteté de ses convictions, l'intelligence de ses propos ? Cette lecture est à réserver à des lecteurs consentants par une forme volontairement naïve, pour mieux dérouler un propos réfléchi.
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Savage Sword

Ce tome est le premier d'une série de 2, rassemblant des histoires mettant en scène des personnages créés par Robert Ervin Howard. Il contient les épisodes 1 à 4 de la série initialement parus en 2010/2012. Il comprend 10 histoires indépendantes, un texte de Robert E. Howard accompagné de quelques illustrations (réalises par Tim Seeley) et un texte de contextualisation du personnage d'El Borak.



(1) Conan and the Jewels of Hesterm (24 pages, scénario de Paul Tobin, dessins de Welligton Alves) - Un groupe de voleurs a réussi à dérober le joyau du temple de Hesterm. Pendant ce temps-là, Conan est en train de descendre des pintes à la taverne et il décide d'en repartir avec la serveuse à ses bras. En sortant ils sont bousculés par le groupe de voleurs, et le démon à leur poursuite repart avec la serveuse. Conan se lance à sa poursuite et pénètre dans temple de Hesterm. (2) John Silent: The earthbound dead (8 pages, scénario de Scott Allie, dessins de Ben Dewey) - À Prague, au seizième siècle, John Silent transporte un artefact rectangulaire, soigneusement enveloppé et attirant la convoitise. Il n'hésite pas à égorger le premier qu'il soupçonne de vouloir le voler. (3) Six Guns and Scimitas: The wild west in the middle East (4 pages, texte de Mark Finn, illustrations de Tim Bradstreet) - Mark Finn resitue le personnage d'El Borak dans le contexte du moyen orient dans les années 1920. (4) El Borak: The incident at Hakim's rest (8 pages, scénario de Mark Finn, dessins de Greg Scott) - El Borak intervient pour neutraliser Hakim Khan qui en prend trop à son aise avec la population.



(5) Dark Agnes Storytelling (16 pages, scénario de Marc Andreyko, dessins de Robert Atkins) - En France au seizième siècle, un mercenaire costaud fait une entrée fracassante dans une taverne, réclamant de savoir où se trouve Dark Agnes. Un autre homme attablé lui propose de boire un coup et de lui raconter une histoire. (6) Sailor Steve Costigan: A new game for Costingan (8 pages, scénario de Joe Casey, dessins de Pop Mhan) - Steve Costigan a accepté de rédiger un article sur les 2 boxeurs qui doivent s'affronter le lendemain. Cela lui attire l'inimitié des 2 boxeurs, et en plus il doit se mêler d'une histoire d'enlèvement de jeune femme. (7) Sea Curse (6 pages, texte de Robert E. Howard, illustrations de Tim Seeley) - Dans un village pauvre en bordure de mer, 2 mercenaires imposent leur loi par la force chaque fois qu'ils reviennent à terre. Ils finissent par en prendre trop à leur aise avec la fille d'une vieille un peu sorcière. (8) The Sonora Kid: Knife, bullet, and noose (16 pages, scénario de Jeremy Barlow, dessins de Tony Parker) - Sonora Kid a réussi à amener le troupeau de vaches jusqu'à son acheteur, bien qu'il ait perdu quelques têtes en chemin du fait de l'agression d'un cowboy mal intentionné. Il lui reste à se faire payer, et à tenir tête aux copains du cowboy qui n'a pas survécu à sa rencontre.



(9) Brule: The spear and the siren (16 pages, scénario de David Lapham, dessins de Fabio Cabiosco) - Brule, le compagnon d'armes du Roi Kull, a pris la mer sur un frêle esquif. Il croise la route d'un navire plus imposant et découvre en montant sur le pont qu'il y a une sirène dans une cage. (10) Steve Harrison: Pinot noir (8 pages, scénario de Joshua Williamson, dessins de Patric Reynolds) - L'inspecteur Steve Harrison découvre l'existence d'un culte à l'occasion d'un meurtre, diffusant son poison dans des bouteilles de Pinot Noir. (11) The thing on the roof (8 pages, scénario de Dave Lan, dessins de M.S. Corley) - Un individu a ramené un joyau d'une crypte scellé lors d'un voyage en Amérique Centrale. Ce soir-là, il entend des bruits de sabot sur le toit de sa maison. (12) Conan: White death (9 pages, scénario de Peter Doree, peintures dessins peints de Sean Phillips) - Dans une région enneigée, Conan croise la route d'une guerrière Aesir qui lui propose de partager son repas. La nuit est mouvementée.



Le principe de cette anthologie est de fournir l'occasion au lecteur de découvrir des personnages créés par Robert Ervin Howard (1906-1936) et moins connus que le célèbre cimmérien Conan. Pour ce faire, l'éditeur a commandité des récits de longueur variable (de 8 à 26 pages) à des équipes différentes, proposant à chaque fois une histoire originale. Les 2 seules exceptions à ce principe sont le texte de présentation d'El Borak (intéressant, mais les illustrations de Tim Bradstreet ne sont pas à la hauteur des couvertures qu'il a pu réaliser pour des séries comme Punisher MAX de Garth Ennis, ou Hellblazer de Mike Carey), et le texte de Robert E. Howard, avec des illustrations trop littérales de Tim Seeley. En fonction de sa familiarité avec l'œuvre de l'écrivain, le lecteur découvre donc des héros moins connus comme Dark Agnes, John Silent, El Borak, Steve Costigan, The Sonora Kid, Brule, ou Steve Harrison. Pour être sûr d'appâter le lecteur, les responsables éditoriaux ont placé en ouverture et en fin de volume une histoire de Conan, personnage le plus connu et donc le plus vendeur.



Malheureusement la première histoire de Conan inaugure mal le recueil : le scénariste déroule une intrigue convenue et très dérivative de celles de Roy Thomas pour la série Conan publiée par Marvel. Effectivement le lecteur un peu curieux sait qu'il peut trouver des trésors d'histoires originales du personnage, par exemple dans les rééditions de la série Savage Sword of Conan à laquelle le titre de la présente série fait directement référence. La prestation de Wellignton Alves reste dans les clichés associés à Conan, avec une économie de décors, des gros biscottos et des dames accortes. S'il est déjà familier des comics de Conan, le lecteur trouve que l'artiste le plus impliqué reste Michael Atiyeh, le metteur en couleurs qui soigne es éclairages, les contrastes et les effets spéciaux. Cependant, il y a plus de chance que les récits consacrés à des personnages ayant bénéficié de moins d'exposition médiatique se révèlent plus surprenants.



Il n'est pas bien sûr que John Silent soit vraiment un héros récurrent dans l'œuvre de Robert E. Howard, au vu du récit qui est servi au lecteur, à nouveau très classique, avec un objet maléfique entraînant son possesseur dans une spirale d'horreur et de crime. Ben Dewey réalise des dessins un peu plus personnels que ceux d'Alves, avec un effort réel pour évoquer le seizième siècle (un peu générique, pas forcément celui de Prague) et pour conserver des arrière-plans dans une majorité de cases. Finalement le lecteur passe aux 4 pages de texte présentant le contexte d'El Borak, avec un quasi soulagement, alors qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée. Mark Finn se montre informatif et éclaire le contexte géopolitique qui a conduit Howard à situer un personnage dans cette région, à cette époque. Malheureusement le soufflé retombe avec l'histoire en BD d'El Borak, à nouveau linéaire et convenue à souhait, sans que le scénariste ou le dessinateur n'arrivent à transcrire le souffle épique de la prose d'Howard, ou son ode à la virilité, à la force de caractère, ou encore à la force physique. Malgré tout, les dessins de Greg Scott arrivent à transporter le lecteur dans cette région désertique.



Dark Agnes est un personnage qui a inspiré plus de récits, en tant que femme capable de se défendre par elle-même. Alors que le scénariste fait le malin avec le titre de son histoire (storytelling = raconter une histoire), il aligne tous les poncifs possibles sur le personnage, avec un humour indigne d'être qualifié de tel, et Atkins réalise une prestation de narration visuelle compétente, mais totalement insipide. Si le lecteur arrive à terminer ces 16 pages, il décèle une remarque féministe ras-les-pâquerettes. Il oublie vite ce récit pour passer à celui de Steve Costigan, plus dans le ton, avec des dessins évoquant ceux de Gary Gianni en moins aboutis. Joe Casey se montre un peu plus aventureux que ses collègues en plaçant le boxeur à contre-emploi, avec une pointe d'humour pas très léger, mais méritant plus cette appellation. Un peu rasséréné, le lecteur passe à la courte nouvelle de Robert E. Howard, et se rend compte qu'il se laisse entraîner par sa prose, même s'il devine la chute du récit dès la première page. Il regrette la place que font perdre les dessins insipides de Tim Seeley.



Le lecteur découvre ensuite une histoire s'inscrivant dans le genre western, avec un vrai scénario et des dessins beaucoup plus personnels. Le scénariste Jeremy Barlow s'en tient à un récit premier degré, avec un cowboy qui tire plus vite que les autres, qui n'hésite pas à tuer ses ennemis et les dessins de Tony Parker présentent un bon niveau descriptif et de densité d'informations visuelles, avec une discrète exagération qui amplifie l'aura du Kid, sans être dupe. Remis en confiance, il passe à l'aventure maritime du compagnon de Kull. David Lapham écrit lui aussi une histoire convenue d'une platitude confondante, et Fabio Cobiaco s'en tire un peu mieux, mais reste fâché avec les décors de bout en bout ce qui obère d'autant l'immersion du lecteur, à la fois dans l'histoire et dans l'océan. Les 2 histoires suivantes relèvent le niveau grâce à leur concision, et la froide efficacité de Steve Harrison pour la première, la tonalité digne d'HP Lovecraft pour la seconde. Le lecteur n'est pas fâché d'arriver à la fin avec une histoire beaucoup plus prometteuse sur le plan visuel grâce aux peintures de Sean Phillips. Effectivement, par comparaison, le lecteur peut tout de suite constater ce qu'apporte un dessinateur impliqué et maîtrisant son art, à quel point les images nourrissent l'histoire, à nouveau d'une pauvreté difficile à croire. Mais malgré le plaisir plastique des pages de Phillips, le lecteur ne peut que déplorer qu'il reproduise les conventions les plus difficiles à avaler des aventures de Conan quand il se promène sur les champs de neige, en simple pagne, absolument insensible au froid, sans aucune explication autre qu'une capacité surnaturelle de son métabolisme à réguler sa température.



Alors que cette anthologie partait d'une bonne idée (= faire découvrir les autres personnages créés par Robert Ervin Howard), l'exécution platounette de la plupart des histoires fait regretter son achat au lecteur, et lui fait espérer que les suivants (dans le tome 2, ou dans d'autres projets du même genre) ne pourront pas faire pire.
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