Disponible en librairie depuis le 30 août dernier, "Libellules" regroupe 25 textes signés par l'écrivain français Joël Egloff, également auteur des romans "L'Etourdissement" et "L'homme que l'on prenait pour un autre".
Un père en prise avec les questions de son fils au sujet de la mort, un homme guettant depuis 8 ans sa voisine secouant son linge, un écrivain surpris du manque d'intérêt de sa coiffeuse pour son métier, un nostalgique de la carabine à patates ou du clocher de l'église mystérieusement disparu, un futur touriste des îles Hébrides, un aspirant plombier en Antarctique, un homme obsédé par un sablier capricieux, un autre par le trou dans sa boîte aux lettres, deux ados amateurs de magazines érotiques ou encore une collectionneuse de Kinder Surprise.
Tels sont quelques-uns des personnages brossés en quelques pages par un narrateur qui n'est autre qu'un écrivain, homme de l'ombre se glissant à pas feutrés dans leurs existences pour les observer par le trou de la serrure.
Figure toujours en retrait et fonctionnant à son propre rythme, le narrateur prend la mesure du temps et des gens, cédant à la rêverie ("Un grand endroit pour dérouler", "Kate") ou à la nostalgie ("La carabine à patates", "Mon chapeau"), prenant subitement conscience de sa solitude ("Rien à secouer","Seul au monde", "Jour sans") quitte à se fixer sur certains détails, insignifiants pour le commun des mortels, mais qui meublent son quotidien ("L'enlèvement", "Au feu s'il vous plaît", "Disparu") ou encore à développer certaines manies ("La lettre").
"Libellules" évoque ces "non-événements" de l'existence qui participent de notre quotidien et qui, sous la plume bienveillante, familière (tout en étant soignée) de l'auteur, revêtent alors un peu plus de saveur que d'ordinaire.
Aussi souvent invisibles qu'éphémères, ils nourrissent pourtant l'imagination et l'existence solitaire de l'écrivain qui se les réapproprie, les réinvente, les sublime, tantôt avec amertume, tantôt avec humour, mais toujours avec délicatesse.
J'ai beaucoup aimé voir ce père s'empêtrer avec les questions de son fils au sujet de la vie après la mort, de la durée de vie des renards ou encore sur le sens de l'expression "voir la vie en rose".
J'ai moins apprécié des textes (trop) anecdotiques comme "La carabine à patates", "Mon chapeau" voire agaçants de réalisme comme "Jour sans" ou "La lettre" où l'auteur nous détaille par le menu tous les stratagèmes à la Mc Gyver déployés pour récupérer une lettre tombée derrière sa boîte.
Pour résumer mon avis sur ce recueil, je dirais que dans l'ensemble, j'ai davantage apprécié les messages et les idées sous-jacentes aux procédés (certes efficaces mais fastidieux à la lecture).
Un avis mitigé sur ce recueil mais qui ne me détournera toutefois pas de l'auteur dont j'ai déjà "L'homme que l'on prenait pour un autre" sur mes tablettes.
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