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Citations de Jorge Semprun (455)


Un bonheur physique le remplit, à entendre ce bruit de voix, s’adressant à lui, et à découvrir que cette voix a un sens, qu’il comprend parfaitement ce qu’on lui demande. On lui demande si ça va mieux, ce qui laisse entendre que tout à l’heure, avant, à un moment dont il ne garde pourtant aucun souvenir, ça n’allait pas bien, vraisemblablement. Les raisons réelles de cette question lui échappent. C’est une question qui flotte sur son brouillard d’ignorance. Mais elle a un sens précis et il saisit très précisément ce sens.
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Tout au long de l'été du retour, de l'automne, jusqu'au jour d'hiver ensoleillé, à Ascona, dans le Tessin, où j'ai décidé d'abandonner le lilvre que j'essayais d'écrire, les deux choses dont j'avais pensé qu'elles me rattacheraient à la vie -l'écriture, le plaisir- m'ent ont au contraire éloigné, m'ont sans cesse, jour après jour, renvoyé dans la mémoire de la mort, refoulé dans l'asphyxie de cette mémoire. (p.119)
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Il y a eu Nadine, mais Nadine n’a été que le désir et le plaisir de l’instant même. Pas le bonheur insatisfait – à cause de sa richesse inépuisable – mais la satisfaction passagère : peut-être, surtout, la satisfaction de son orgueil masculin.
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Ça dure trop longtemps ; c’est ça qui est dingue.
Elle a dit ça comme ça : parce qu’elle le pense. Parce que c’est vrai, que ça dure trop longtemps. Mais son regard croise celui de son mari et elle a peur qu’il interprète cela comme une récrimination.
C’est un sujet qu’ils ont dû aborder souvent, et ils se regardent. Et elle met dans son regard, non pas de la récrimination, mais de la tendresse : toute la tendresse possible, et toute la confiance et tout l’amour, et toute la patience du monde. Ils se regardent, et ils sont seuls, elle tend la main et la pose sur celle de Ramon, et celui-ci prend la main de sa femme et la serre, et ils restent ainsi, leurs deux mains serrées.
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Cette fumée-ci, pourtant, ils ne savent pas. Et ils ne sauront jamais vraiment. Ni ceux-ci, ce jour-là. Ni tous les autres, depuis. Ils ne sauront jamais, ils ne peuvent pas imaginer, quelles que soient leurs bonnes intentions.
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Voilà où j’en suis : je ne puis vivre qu’en assumant cette mort par l’écriture, mais l’écriture m’interdit littéralement de vivre.
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Plus tard, à Auxerre, dans la ville de la Gestapo, mots et choses devinrent plus concrets. J'appris très vite à distinguer la réalité matérielle des différentes sortes de matraque. La douleur qu'elles provoquaient était, en effet, bien différenciée, singulière. C'est à l'aune de chaque douleur que je pouvais établir, sans hésiter, à quel genre j'avais affaire.
La douleur sèche, fulgurante, mais peu persistante, plus volatile, de la matraque en bois n'était pas comparable à la douleur assourdie, plus supportable à l'impact, mais bien plus profonde et durable, de la matraque en caoutchouc, surtout quand il ne s'agissait pas d'un simple nerf de boeuf et qu'elle était lestée de plomb.
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La prudence extrême n'était pas notre fort, à l'époque. L'histoire de la Résistance abonde en exemples de cette assertion, souvent dramatiques, parfois cocasses.
De toute façon, la prudence extrême aurait conseillé de ne rien faire, d'attendre des jours meilleurs.
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La résistance à la torture, même si elle est défaite en fin de compte – et quel qu'en soit le compte : en heures, en jours, en semaines –, est tout entière pétrie d'une volonté inhumaine, surhumaine, plutôt, de dépassement, de transcendance. Pour qu'elle ait un sens, une fécondité, il faut postuler, dans la solitude abominable du supplice, un au-delà de l'idéal du Nous, une histoire commune à prolonger, à reconstruire, à inventer sans cesse.
La continuité historique de l'espèce, dans ce qu'elle recèle d'humanité possible, sur le mode de la fraternité : ni plus ni moins.
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Deux ans d'éternité glaciale, d'intolérable mort me séparaient de moi-même. Reviendrais-je à moi-même, un jour ? A l'innocence, quel que fût le souci de vivre, de la présence transparente à soi-même ? Serais-je à tout jamais cet autre qui avait traversé la mort ? qui s'en était nourri ? qui s'y était défait, évaporé, perdu ?
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Interview de Jorge Semprun en écoute sur le blog de l'émission
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Peut-être Dieu est-il épuisé, exsangue, peut-être n'a-t-il plus de forces. Son silence serait le signe de sa faiblesse, non de son absence, de son manque à exister.
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Jorge Semprun
Regarder sans rien voir, rêver les yeux ouverts [p29]
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