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Critiques de Juan Gabriel Vásquez (138)
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Une rétrospective

Je remercie une nouvelle fois Idil (@Bookycooky) qui ,une fois de plus, me fait sortir de mes zones de confort littéraire . Et là je suis un peu désarçonné. C'était le but, vous me direz...

Impossible de ne pas renvoyer les babéliotes vers sa critique du 26/08/22 .

Elle re-situe "Une rétrospective" à la fois dans l'oeuvre fictionnelle de Juan Gabriel Vasquez mais aussi dans sa vraie vie . Vasquez connut Sergio Cabrera en 20O2 et devint son ami.

Le héros du bouquin est bien le metteur en scène Sergio Cabrera et Une rétrospective est une oeuvre de fiction qui ne contient aucun épisode imaginaire . Bref Vasquez modèle, conçoit et donne forme à l'expérience étonnante de Sergio Cabrera , le célèbre réalisateur colombien mais aussi à celle de sa famille. Photos et manuscrits à l'appui .

Fausto, le père de Sergio, va fuir l'Espagne de Franco pour la République Dominicaine puis le Vénézuéla pour finalement s'établir en Colombie et y fonder une famille. Puis il va embrigader tout ce petit monde dans la Chine de la révolution culturelle ( et ses quelques millions de morts ) puis 300 pages plus loin dans la guérilla colombienne .

Le livre s'ouvre sur la mort de Fausto, le Père et s'achève (ou presque) sur les adieux à son Fils Raoul qui l'a rejoint à Barcelone pour la fameuse rétrospective de ses films. Entre le début et la fin du livre il n'y a que le temps de la Rétrospective (quelques chapitres) . Tout le reste est l'histoire de la famille Cabrera...

Et j'avoue humblement qu'elle ne m'a pas passionné .

Je ne suis pas un fin connaisseur de la littérature sud-américaine, c'est certain. Mais ici pas le moindre souffle épique, pas le moindre rebond romanesque . Juste un récit presque épuré, quasiment sans allusion à la violence de la répression ou de la guérilla.

A moins de prendre ce récit pour ce qu'il est peut-être , une oeuvre quasi-cathartique où Cabrera ( et donc Vasquez) cherche le muti-déterminisme de son engagement et de sa destinée , le livre risque de vous paraitre long.

Cabrera , à travers son histoire intime, est ballotté par la grande Histoire , en particulier celle du marxisme et du maoïsme . Et même s'il croise Louis Malle ou Fernando Botero, rien n'est vraiment stimulant, tout est un peu lénifiant. Comme un manuel d'Histoire à l'ancienne.

J'ai un peu honte de le dire mais je me suis un peu ennuyé.

Par contre je reste persuadé qu'il va en passionner plus d'un.

Mais c'est un registre dans lequel je m'englue et ce n'est que ma faute.

La faute. C'est sans doute le vrai sujet d'"Une rétrospective" et du temps perdu mais retrouvé par Sergio Cabrera, que j'aurai tant aimé en looser magnifique !!!
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Histoire secrète du Costaguana

L’auteur crée le personnage de José Altamirano, Colombien de naissance qui va s’établir à Colón pendant la construction du canal de Panama.

En 1880, les travaux du canal interocéanique débutent sous la direction de Ferdinand de Lesseps et seront suspendus en mai 1889 suite à la vente des actions (Bourse de Paris) qui se solda par un véritable échec. Les ingénieurs Français et leurs familles quittent Colón et regagnent leur pays. Ce qui deviendra le canal de Panama ne sera ouvert à la navigation qu’en 1914.

Ce livre, très intéressant, m’a beaucoup appris sur le canal, sur les Colombiens et les Panaméens dont Théodore Roosevelt reconnaîtra l’Indépendance le 6 novembre 1903.

Juan Gabriel Vásquez raconte fidèlement des périodes de la vie de Joseph Conrad [j’en ai vérifié tous les éléments cités] ; à la fin du roman, Joseph Conrad et José Altamirano se rencontre à Londres et, de cette rencontre naîtra « Nostromo », chef-d’œuvre de Joseph Conrad.

Avis personnel : Une lecture très intéressante, certains passages historiques un peu longs mais dans l’ensemble j’ai apprécié le roman et le style qu’a pris le narrateur de s’adresser d’une manière courtoise dans ces termes : chers lecteurs et jurés.
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Les Réputations

De Juan Gabriel Vasquez, on en était resté à un roman remarquable : Le bruit des choses qui tombent. Son successeur : Les réputations, s'il est en peu en-deçà, reste tout de même un excellent livre qui reprend les thèmes favoris de l'auteur colombien : la mémoire, l'oubli et la responsabilité de nos actes. Son héros, caricaturiste de son état, a bâti sa notoriété sur son acuité de la perception de la vie politique de son pays et son insolence provocatrice. On le sait, un bon dessin vaut largement plus qu'un éditorial et à l'heure où on le célèbre notre homme ne se doute pas qu'une histoire dont il ne se souvient même plus va remettre en cause toutes ses certitudes. Lui qui a fait et défait des réputations s'aperçoit, un peu tard, qu'il s'est peut-être trompé, qu'il n'a passé sa vie qu'à s'ériger en juge, sans tenir des dommages collatéraux. Comme toujours, l'élégance du style de Vasquez fait merveille. Dans Les réputations, il ne laisse aucun répit à son personnage principal, le précipitant de la cime vers l'abîme avec une précision qui s'apparente à de le cruauté. Mais ce faisant, il élargit le spectre et s'adresse à chacun d'entre nous. Qu'avons nous fait de nos vies ? N'avons pas, nous aussi, même en toute bonne foi, blessé ou davantage quelques uns de ceux qui nous ont côtoyés ? Comme l'écrivait René Char : "La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil." Le roman de Juan Gabriel Vasquez en est la parfaite illustration.
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Le bruit des choses qui tombent

Une histoire sur le destin et la mémoire.Début 1996 Antonio Yammara jeune avocat,croisera le chemin d'un certain Riccardo Laverde dans une salle de billard du centre de Bogota.Bien que n'ayant aucun lien à proprement parler,Yammara sera aux côtés de Laverde quand un soir celui-ci sera abattu en pleine ville par deux motards.Il sera lui aussi touché par une balle perdue,aussi bien physiquement que psychologiquement.Dix années plus tard il revient sur cette épisode de sa vie qui en faite en sera un tournant décisif qu'il affronte sans regret et sans doute,-"Il n'y a pas de manie plus funeste ni de caprice plus dangereux que de spéculer ou de conjecturer sur les chemins qu'on a pas empruntés"-.Cette histoire est aussi celle de La Colombie elle-même dans les années 80-90 avec ses narcotrafiquants,les bombes,la terreur,les assassinats politiques et le peuple qui essaie d'y survivre malgré tout.C'est le deuxième livre de Vasquez que je viens de lire après "les réputations",l'histoire est toujours aussi palpitante,le style fluide et bien sûr avec ce parfum spécial à la littérature sud-américaine.
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Le bruit des choses qui tombent

A travers ce roman J.G Vasquez se livre à une belle réflexion sur le poids de l'Histoire que doivent supporter certaines générations.Sur le besoin individuel de se rassurer à travers l'autre que ce qu'on a été vécu, la peur, l'angoisse, les non dits, font partie d'un sentiment collectif comme si cette confirmation pouvait apaiser quelque peu les blessures. Il nous parle aussi de la mémoire, de la pertinence ou pas de se réapproprier son histoire, d'en rétablir la vérité. Le roman se déroule en Colombie, Bogota, Medellin et sa campagne. Un homme, Antonio jeune professeur croise sur quelques semaines le chemin de Ricardo Laverte en jouant au billard et buvant du rhum. Leur relation peu loquace et à priori superficielle s'avère cependant assez forte pour que le mystérieux Ricardo soit tenté de se livrer à Antonio sur sa vie . Antonio qui instinctivement va repousser cette ouverture. Plus tard cette "fuite"lui laissera un goût amer...En effet, le destin va les lier profondément en quelques minutes tragiques puisqu'en marchant côte à côte, Ricardo va se faire tuer et Antonio dans la fusillade va être gravement blessé.Lorsque deux ans plus tard, une jeune femme,Maya, l'interpelle pour le rencontrer et parler de Ricardo, il n'hésite pas à la rejoindre sachant que s'il veut dépasser son traumatisme il doit comprendre qui était cet homme et donner sens à ce qui c'est passé. Son couple va mal car il ne réussit plus à aimer sa femme comme il le voudrait ni à protéger leur fille de ses angoisses. Nous faisons alors un retour en 1970 pour comprendre comment Ricardo, jeune pilote ambitieux et amoureux d'Eleine, américaine idéaliste venue en Colombie comme "volontaire au corps de la Paix",va plonger dans le narco trafic.La façon dont Juan Gabriel Vasquez mène son récit m'a beaucoup plu car il nous permet de comprendre par l'intime comment l'engrenage s'opère. Le regard est donc plus humain qu'historique même si les descriptions des événements de ces années noires de la Colombie sont tout à fait réalistes .Son écriture est très belle et il sait mêler la très touchante histoire d'amour de Ricardo et Eleine avec la toile politique de cette époque. J'ai trouvé magnifique et poétique la façon dont il boucle l'histoire d'Eleine, entre le roman familial qu'elle a créé pour sa fille Maya afin de lui cacher les raisons de la disparition brutale de son père pendant 20 ans et sa propre mort. Je suis admirative du talent de J.G.Vasquez que je découvre avec ce livre.
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Une rétrospective

Quelle vie que celle de Sergio et de sa sœur Marianella, les enfants de Fausto Cabrera !

Fils d'une famille de républicains espagnols, Fausto Cabrera fuit le franquisme à la fin des années 30 pour l'Amérique latine. Après s'être établi à Saint-Domingue, puis au Venezuela, il s'installe en Colombie et entame une carrière d'homme de théâtre. C'est là que naquirent ses enfants Sergio et Marianella. Dans les années 50 et 60, l'homme de gauche Fausto se radicalise peu à peu et épouse la cause maoïste dont il devient un fervent militant. Et ce, à un point tel, qu'il embarque sa femme et ses jeunes enfants pour la Chine afin de se mettre à la disposition de la Révolution et de parfaire leur éducation politique. Quelques années plus tard, les parents laisseront leurs jeunes ados seuls en Chine, aux bons soins du régime, et rejoignirent la guérilla d’obédience maoïste de Colombie. Sergio et sa sœur vécurent alors les événements de la Révolution culturelle et se radicalisèrent.

Comme leurs parents ils rentrèrent en Colombie pour s'engager dans la guérilla. Les conditions de ce combat en pleine jungle furent évidemment épouvantables et ils finirent par prendre leur distance, passant en quelque sorte du fanatisme à la désillusion.

Plus tard, Sergio deviendra un cinéaste de renommé internationale.

Rapport au père, sens de l'engagement et de la violence sont au cœur de ce roman qui n'en est pas vraiment un : les personnages cités existent et ont vécu cette histoire.

C'est écrit dans un style fluide, les pages se tournent toute seules, il n'y aucun temps mort ni baisse de tension et tout porte le lecteur à la réflexion.

Il faut féliciter pour son travail la traductrice Isabelle Gugnon, elle contribue grandement à la qualité de ce livre.
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Une rétrospective

"Une rétrospective est une œuvre de fiction, mais elle ne contient aucun épisode imaginaire" écrit Juan Gabriel Vásquez dans sa postface à Une rétrospective, qui pourrait bien être son meilleur livre. L'affirmation de l'auteur ressemble à un paradoxe mais n'en est pas un, eu égard à la forme qu'il a souhaité donner à son récit, conçu autour de la vie de Sergio Cabrera, cinéaste colombien reconnu et bien vivant (Perdre est une question de méthode, La stratégie de l'escargot) et de sa famille. Tout ce qui est arrivé au héros d'Une rétrospective est relaté fidèlement, la fiction se chargeant de modeler et de tailler dans les nombreuses péripéties qui ont affecté la vie de Cabrera, dans ses 20 premières années et des poussières. Si le roman commence en 2016, lors d'une rétrospective de la cinémathèque de Barcelone consacré au réalisateur, alors âgé de 66 ans, ce n'est que pour mieux nous conter son enfance, son adolescence et ses premiers pas de jeune adulte dans un tourbillon d'aventures rocambolesques et inouïes, qui pourraient sembler invraisemblables si elles n'étaient pas vraies. Après avoir quitté l'Espagne de la guerre civile, la famille de Cabrera, politiquement très à gauche, va finalement se retrouver dans la Chine de Mao, en particulier pendant la période terrible de la Révolution culturelle. Comment Sergio, ses parents et sa sœur, tous acquis à la cause communiste, vont vivre ces années, à la fois comme privilégiés et suspects car étrangers, est raconté de manière prodigieuse et foisonnante par l'auteur, dans un véritable exercice d'immersion. La suite n'est pas moins passionnante avec le récit des combats menés par la guérilla maoïste en Colombie, à la fin des années 60 et le début de la décennie suivante. Ce qui ressort de ces incroyables épopées est un sentiment amer et douloureux, décrit avec une lucidité telle qu'elle ne peut être précisément que celle exprimée par Cabrera lui-même, recueillie et admirablement retranscrite par Juan Gabriel Vásquez. Celui-ci, à l'instar d'un Cisneros, d'un Carrère ou d'un Cercas, est de la stature de ces écrivains qui ont le talent rare d'écrire sur des vies réellement vécues pour en tirer des livres où le romanesque s'épanouit dans toute sa splendeur.
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Les Réputations

Javier Mallarino est un caricaturiste connu et reconnu pour ses dessins humoristiques qui paraissent quotidiennement dans un journal. « Une autorité morale pour la moitié du pays, d’ennemi public numéro un pour l’autre moitié et, aux yeux de tous, d’homme capable de faire abroger une loi, contrarier le jugement d’un magistrat, renverser un maire ou menacer sérieusement la stabilité d’un ministre avec pour seules armes du papier et de l’encre de Chine. »

C’est aussi – paradoxe ! – l’un des humoristes les plus lus, et pourtant personne ne reconnaît son visage dans la rue.

Mallarino est sur le point de recevoir une prestigieuse reconnaissance au Théâtre Colon de Bogota. Magdalena, son ex-femme avec qui il ne vit plus, sera bien présente dans l’assistance. C’est elle qui, la première fois qu’il s’est vu rectifier l’un de ses dessins par un rédacteur en chef soucieux de ne pas déplaire aux annonceurs, l’a incité à s’adresser au quotidien libéral le plus ancien du pays, en proposant, outre le dessin refusé, un contrat très particulier : le journal ne l’embaucherait pas avec un salaire fixe, mais il enverrait tous les jours un dessin que le journal s’engagerait à publier.

« Il pressentait que la place qu’il occupait dans le monde venait de changer radicalement. Il ne se trompait pas. A cet instant débuta la période la plus intense de son existence, dix ans au fil desquels, après avoir vécu dans l’anonymat, il se fit une réputation, puis accéda à la notoriété au rythme d’une caricature par jour. »

Cette période fantastique est célébrée par la Ministre de la Culture en personne, dans un brillant discours qui décrit les quarante années de sa carrière de caricaturiste.

Seule sa fille Béatriz est absente de la cérémonie.



Pourtant, le lendemain de la commémoration, quand il ouvre sa porte à une jeune journaliste, Samantha Leal, venue lui demander une interview, il a presque oublié la séance de dédicace après les discours, mais surtout il ne souvient pas d’avoir accepté – il ne le fait jamais d’ordinaire – de recevoir chez lui cette jeune femme pour l’interview. Il se sent bizarrement bien avec elle. Il se sent « loquace, communicatif, ouvert, prêt à se livrer ». Mais il n’est pas au bout de ses surprises.

En effet, quand elle lui dit qu’elle souhaite voir son bureau, là où il réalise ses dessins, et qu’elle découvre enfin le dessin qu’elle recherche, elle lui révèle enfin le véritable motif de sa visite…



On ne dira rien de l’histoire de Samantha et de la deuxième partie du livre qui s’ouvre alors.



Disons simplement que l’essentiel de son histoire va porter sur le pouvoir que peut avoir un journaliste qui caricature les hommes publics. Un pouvoir qu’on peut qualifier de terrifiant.

Ajoutons que Samantha a déjà rencontré Mallarino quand elle était petite. Qu’elle a vécu une scène traumatisante dont elle a oublié tous les détails. Et dont Mallarino est partie prenante.



Faut-il raviver la mémoire et raconter ce qui s’est passé ?

Faut-il démasquer ce qui est inavouable ? Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ?

Mais qu’est-ce que la vérité ? Est-ce qu’il n’en existe qu’une seule ?

Restaurer la mémoire, est-ce une tâche à laquelle l’historien – l’écrivain – doit se livrer ?

Juan Gabriel Vasquez explore le thème de la mémoire et de ses ressorts. De la même manière que Javier Marias dans son Comme les amours, il remonte l’histoire à la trace … mais ce qu’il pourrait y découvrir n’est pas toujours souhaitable.

Culpabilité, recherche de la vérité, ou de la véracité, l’écrivain explore avec son double caricaturiste des thèmes auxquels sont confrontés les écrivains qui puisent dans la grande histoire de quoi nourrir la leur. Comme dans Le bruit des choses qui tombent,



« La mémoire a la merveilleuse capacité de se rappeler l’oubli, son existence, sa manière de se mettre en faction, nous permettant ainsi d’être prêts à nous souvenir ou de tout effacer si on le souhaite. »



« C’est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu’à reculons » dit la Reine Blanche à Alice au Pays des Merveilles. Dans un final hommage à Carlos Fuentes où il joue magistralement avec les temps, Juan Gabriel Vasquez imagine l’avenir immédiat de Javier Mallarino et clôt un roman remarquable à l’attention de tous ceux qui sont en quête de sens.


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Une rétrospective

Une biographie romancée qui m'a attiré de la première à la dernière page.

Les péripéties de la vie du cinéaste colombien, Sergio Cabrera prennent la forme d'un long voyage passionnant, grâce à la plume et le talent de Juan Gabriel Vasquez.

Nous suivons Sergio Cabrera et toute sa famille dans la Chine de Mao, pendant la révolution culturelle et nous l'accompagnons même au coeur de la jungle colombienne lorsque lui et les siens font partie de la guérilla... Nous vivons avec lui les victoires, les déceptions, ses convictions... Nous ressentons la peur, la faim, les doutes,..



C'est un livre fascinant et addictif. Impossible d'arrêter la lecture. J'ai adoré.





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Chansons pour l'incendie

Le deuxième recueil de nouvelles de Juan Gabriel Vasquez sera une révélation pour nombre de ses lecteurs habituels puisque son premier, Les amants de la Toussaint, a été peu remarqué, à une époque où il n'avait pas encore sa notoriété actuelle. Les nouvelles qui composent Chansons pour l'incendie ne décevront pas ses aficionados, tous ceux qui apprécient le style délié de l'auteur, sa finesse narrative et sa lucidité quant à la violence qui a de tous temps irrigué l'histoire colombienne. L'ultime nouvelle, en particulier, qui donne son titre au recueil, est un bijou parfaitement poli, une histoire splendide et étonnante qui avait le potentiel pour être développée sur la longueur d'un roman mais qui, cependant, ne laisse aucun goût de frustration tellement Vasquez sait dire l'essentiel tout en octroyant au lecteur toute latitude pour lui-même rêver autour de son récit. Les 9 nouvelles de Chansons pour l'incendie ne se ressemblent pas, a priori, certaines contées à la première personne, car il n'y a par exemple rien de commun entre le tournage de La neuvième porte de Polanski à Paris et la participation de volontaires colombiens à la guerre de Corée, et pourtant ... Oui, pourtant, elles ont une matière identique, une étoffe qui est celle de la vie avec ses vicissitudes, ses hasards et ses petitesses. La plume de Vasquez, elle, est toujours naturellement brillante et inspirée, mais jamais ostentatoire, toute entière dédiée à décrire l'humain derrière des destinées plus ou moins dramatiques.
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Le corps des ruines

Juan Gabriel Vasquez a habité la majeure partie de sa vie d'adulte en Europe, avant de se réinstaller dans sa Colombie natale. Une distance nécessaire pour se pencher, entre passion et lucidité, sur l'histoire convulsive de son pays, évoquée à travers ses romans. Le corps des ruines, le dernier en date, complète et sublime ses oeuvres antérieures en une forme ambitieuse : un mélange savant d'autobiographie, de roman historique, de policier et d'essai. Le livre navigue entre réalité (très documentée) et fiction, avec pour thème principal celui de l'héritage de la violence, celle qui irrigue la société colombienne depuis plus d'un siècle et semble se transmettre d'une génération à une autre, sans que rien ne puisse l'arrêter. Au centre de Le corps des ruines, deux assassinats politiques, célèbres en Colombie, de dirigeants libéraux aux portes du pouvoir : Rafael Uribe Uribe, en 1914 et Jorge Eliécer Gaitán, en 1948. Deux meurtres "avalés" par l'Histoire officielle, réduits à des actes isolés alors qu'ils étaient (sans doute) les fruits de complots. Ces événements traumatisants du passé de la Colombie, détaillés de façon minutieuse par l'auteur, s'inscrivent dans un récit ample, lié à la vie même de Vasquez et à sa rencontre avec Carlos Carballo, individu monomaniaque et obsédé par ces assassinats et plus largement les mensonges de l'Histoire, liés pour lui à de vastes conspirations. Comme dans les livres précédents du romancier bogotanais, Le corps des ruines s'appuie sur un style magnifique, précis et fluide. Sur 500 pages, il n'y a que quelques pages de flottement et encore sont-elles dues plus vraisemblablement à une (relative mais compréhensible) fatigue du lecteur devant une narration aussi dense et exigeante.
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Le bruit des choses qui tombent

Toile de fonds la Colombie des années 70. L'écriture est limpide et belle a la fois car les pensées et ressentis sont très bien traduits. Sinon rythme assez lents 2 personnages principaux en quête d'une vérité qu'on n'a pas a la fin mais dont on a pas besoin pour comprendre. J'aurai pu me passer de cette lecture non essentielle mais je n'ai pas perdu mon temps non plus.
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Les Réputations

J'avais beaucoup aimé "le bruit des choses qui tombent" et même si ce roman me semble un ton en dessous, il est intéressant et se lit très vite.

Cette courte histoire nous plonge dans le monde des médias et de la portée des informations véhiculées.

Une réputation est fragile, un simple article ou dessin peut vous porter aux nues comme vous descendre en flèche.

Le héros, Javier Mallarino, dessinateur caricaturiste colombien, est admiré mais aussi détesté. D'un coup de crayon il peut mettre à mal une réputation et détruire une vie.

Suite à la visite d'une jeune femme qu'il avait oublié, il va se remettre en mémoire un épisode sombre de sa vie et s'interroger sur la société et la place qu'il y occupe.

Un bon roman sur le pouvoir des médias.
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Les Réputations

Je ne sais pas vraiment quoi penser de ce roman. Si le style est soigné, le contenu me laisse perplexe. Je ne sais pas si c'est le personnage central qui m'indispose ou la fin que je trouve un peu trop mystérieuse, mais j'ai le sentiment d'être restée sur ma faim. Pourtant, la réflexion ici développée par Vasquez est brulante d'actualité : la caricature comme message politique, les réputations qui se font et se défont, la presse qui relaie les informations sans souci des dégâts (tant pour l'entourage des personnes incriminées que pour leurs victimes), le cynisme teinté de mépris de ceux qui sont autorisés à nous dire ce que l'on doit penser, etc. Tous sujets vraiment passionnants qui obligent chacun à se pencher sur son rapport à la presse, à l'information, à sa tendance au voyeurisme.

Javier Mallarino, caricaturiste colombien, reçoit une distinction pour l'ensemble de son œuvre. A cette occasion, il est approché par une jeune femme, Samantha, qui se dit journaliste et à qui il donne rendez-vous le lendemain pour une interview. Il s'avère qu'elle est en fait une ancienne camarade de sa fille et que, lors de la cérémonie de la veille, des images lui sont revenues qui ont fait surgir de lointains souvenirs qu'elle veut explorer avec lui.

C'est, encore une fois, très bien écrit, avec des allers-retours dans la vie professionnelle et affective de Javier. On le voit évoluer dans sa perception d'une nouvelle réalité qui n'est finalement qu'une prise de conscience de son propre narcissisme - la dénonciation de faits sociaux ou d'hommes politiques ne servant que sa propre gloire. Javier Mallarino n'est donc pas un homme bien sympathique et peut-être ai-je besoin de développer un peu d'empathie envers les personnages pour adhérer au propos. Et même si sa part d'humanité se dévoile peu à peu à travers un questionnement sur la responsabilité, cela intervient bien tard...

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Les Réputations

Le célèbre caricaturiste politique colombien Javier Mallarino,dû au jeu du hasard le jour de sa consécration par les autorités pour l'ensemble de son œuvre,,doit confronter son passé et sa conscience.Une ancienne histoire refait surface,celle d'un incident auquel Mallarino avait assisté vingt-huit ans auparavent.Il avait alors usé de son talent et de son influence pour discréditer et accuser le coupable présumé.Mais Mallarino a-t-il réellement vu l'acte délictueux?Cet homme considéré comme indépendant et incorruptible n'a-t-il pas abusé de son pouvoir médiatique?Avec le recul,le doute l'effleure et c'est une totale remise en question qui s'empare de lui.

Ce récit très fort,composé en trois parties,pose de multiples questions,sur la mémoire("c'est une pauvre mémoire que celle qui ne fonctionne qu'à reculons"),l'oubli,sur ce qui fait une réputation et l'abus de pouvoir médiatique même avec de bonnes intentions.J'ai tout aimé,l'histoire,le style fluide et ce parfum spécial à la littérature sud-américaine.C'est le premier livre que je lis de Vasquez et je ne vais pas tarder à entamer ses autres livres.
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Le bruit des choses qui tombent

Juan Gabriel Vasquez : Le Bruit des choses qui tombent

Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon

A paraître au Seuil le 23 août

Voici une des pépites de cette rentrée. Un roman plein d’histoires (et d’Histoire) qui brasse avec virtuosité une matière foisonnante. L’art de Juan Gabriel Vasquez est de rendre toute la richesse de l’expérience vécue avec ses multiples niveaux et recoins d’une façon aussi immédiate et évidente que la vie même. Entre le présent anarchique, buissonnant, fait de hasards, d’incohérences, de surgissements, et le destin qui se dessine à l’échelle d’une vie, existe un hiatus qui turlupine tout romancier qui se respecte et que Juan Gabriel Vasquez semble avoir mis à jour !

Le narrateur, Antonio, jeune professeur de droit, est gravement blessé dans un attentat qui vise et tue le mystérieux Ricardo Laverde, rencontre évanescente faite quelques mois plus tôt dans un bar où il a quelques habitudes. Cet événement bouleverse Antonio dont l’existence perd désormais toute consistance alors même qu’il s’éprend d’une de ses élèves, lui fait un enfant et l’épouse. Il n’est plus que l’ombre de lui-même, hanté par la mort : la sienne, évitée d’un cheveu, et celle de Ricardo Laverde dont il a recueilli les derniers instants. Quel sens donner aux derniers instants d’une vie dont on ne sait par ailleurs presque rien ? Cette énigme habite Antonio comme un fantôme.

Cette idée d’une vie posée en énigme dont la résolution s’impose au narrateur, voilà déjà un beau dispositif !

Quelque chose se dénoue pour Antonio lorsqu’une certaine Maya l’appelle et se présente comme la fille de Ricardo Laverde. Ensemble, ils vont faire de grandes excursions dans le passé et reconstituer à partir d’indices, de lettres, de photos une vie emplie de drames, qui croise l’Histoire de la Colombie, notamment son armée et ses trafiquants de drogue (Pablo Escobar) etc. On découvre le père de Ricardo Laverde, héros national de l’aviation, puis sa femme, américaine idéaliste et très attachante venue en Colombie par une association humanitaire.

Dans son essence, la vie du défunt Laverde (une vie manquée, jusqu’au dernier rendez-vous), semble se confondre alors avec le récit que peuvent en faire Antonio et Maya, après coup.

On présent aussi, sans avoir mis les pieds en Colombie, que ce roman capte l’air du temps et appartient à la génération de l’écrivain né à Bogotà en 1973. Un roman qui mêle magnifiquement l’histoire de son pays, l’air du temps et le poids de quelques existences.

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Une rétrospective

Petit-fils de Républicains espagnols ayant refait leur vie en Colombie, Sergio Cabrera appartient à la bourgeoisie éclairée de Medellín en Colombie. Il vit confortablement à Bogota, la capitale, où son père Fausto est scénariste pour la télévision nationale. Or, un beau jour, l’audace politico-artistique de ce dernier finit par mettre sa situation privilégiée en danger.

C’est à ce moment-là que lui parvient une offre attrayante en provenance de l’institut des langues étrangères de Pékin : devenir professeur d’espagnol pour les élites du maoïsme. Pensant pouvoir enfin « servir la révolution », Fausto emmène sans hésiter sa femme et ses trois enfants dans l’empire du Milieu.

Nous sommes en 1960, Sergio a dix ans et doit coûte que coûte apprendre le mandarin. Finalement, il va si bien s’intégrer qu’il se sentira Chinois à part entière au moment où éclate la Révolution culturelle (1966-1976) impulsée par Mao. Malgré son admiration sans bornes pour ce dernier, il découvrira les dérives et les exactions des jeunes de sa génération face aux lettrés qualifiés de « bourgeois » et de « contre-révolutionnaires » à rééduquer : ou comment le pays le plus peuplé du monde humilie ses intellectuels pour créer « l’homme nouveau » voulu par le « grand timonier ». Il faut savoir que le roman de Juan Gabriel Vasquez est vraiment basé sur l’épopée hors-norme de la famille Cabrera Diaz entre 1930 et 2016. On va d’ailleurs rapidement s’apercevoir que la réalité peut parfois dépasser la fiction !

Comme les universités ont fermé leur porte au début de la Révolution culturelle, Sergio et sa sœur Marianela se retrouvent un peu désœuvrés. En effet, les « étrangers » sont soigneusement tenus à l’écart des convulsions qui secouent le pays. Pourtant, à force de les supplier, les communistes permettent aux deux jeunes Colombiens de travailler quelque temps comme simples ouvriers dans une usine de réveille-matin de la capitale.

Mais, le gouvernement marxiste a d’autres plans pour la fratrie. Rapidement, on les exfiltre vers un centre secret de formation militaire destiné aux étrangers. Ils y apprennent le maniement de plusieurs types d’armes et les techniques de guérilla. Dès que leurs instructeurs les jugent prêts, les Cabrera sont renvoyés en Colombie pour y rejoindre les escadrons maoïstes qui tentent de créer des « zones révolutionnaires » dans la jungle tropicale.

Sans dévoiler la suite, j’ai beaucoup apprécié la description du choc culturel subi par Sergio et sa sœur en Chine. Mais aussi et surtout les problèmes éthiques, sociaux, voire physiologiques, auxquels tous deux ont été confrontés avec la même intensité ravageuse au fin fond de la brousse colombienne.

Toutes ces épreuves endurées non pas par conviction intime, mais avant tout pour faire plaisir à un père complètement obnubilé par le discours tiers-mondiste et anti-capitaliste. On le subodore, Fausto va devoir un jour payer pour cet aveuglement idéologique l’ayant conduit à risquer l’avenir de ses propres enfants.

En se mettant dans la peau de Sergio, Juan Gabriel Vasquez nous livre non seulement une belle fresque historico-sociologique, mais aussi une critique acerbe des relations familiales sous la domination d’un patriarche prêchant davantage par la parole que par l’exemple...
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Les Dénonciateurs

En exergue:

"Jamais tu ne laveras de ce que tu as fait là-bas; tu ne pourras assez parler pour cela.

Qui veut prendre la parole?

Qui veut incriminer le passé?

Qui veut garantir l'avenir?"

(Démosthène- Sur la couronne)



Roman à nombreux tiroirs, Les dénonciateurs se base sur un fait historique : en 1943, au moment de la rupture de la Colombie avec les puissances de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), des listes noires furent dressées et les Allemands résidant sur place furent sans distinction enfermés dans un camp, alors que beaucoup s’étaient justement réfugiés à Bogota parce qu’ils fuyaient le régime d’Hitler.

Pas que les allemands, d’ailleurs, les italiens, les japonais, et pour des raisons diverses, mais le plus souvent, bien sûr, à la suite de dénonciations de braves citoyens.



Le narrateur du roman, Gabriel Santoro, est journaliste et écrivain, et, dans un de ses livres, il raconte l’histoire d’un Allemande, juive, Sara Guterman,amie de sa famille qui a fui l’Allemagne juste à temps. Le père de Gabriel est, lui, une sorte d’autorité morale en Colombie, intellectuel connu , et après lecture du livre de son fils, il en fait une critique féroce dans le journal dans lequel il est critique littéraire.

On découvrira plus tard pourquoi, bien sûr.



Ca, ce sont les faits. Après, il y a l’interprétation des faits, par différents personnages, qui racontent- dénoncent- à Gabriel chacun leur propre vision de l’histoire. Et une vérité chasse l’autre…Pour aboutir, bien sûr, à un portrait complexe d’un homme , le père, qui a porté sa faute toute sa vie . Faut-il pour autant encore le « dénoncer » après sa mort . Gagne-t-on beaucoup à se vouloir exécuteur public des œuvres de justice , alors qu’il s’agit de faits si anciens? Quelles sont les réelles motivations des « dénonciateurs » qui se succèdent? Et en particulier du fils?



"Je l’avais utilisé : j’avais récupéré à mon profit, pour mes propres fins exhibitionnistes ou égocentriques, la chose la plus terrible qui lui était arrivée dans la vie .. Divulguer le malheur de mon père n’était qu’une trahison subtile et renouvelée ."



C’est un beau roman,complexe, dans lequel l’intérêt réside dans la diversité du nombre des points de vue. Un acte , et ses conséquences, innombrables pour les générations suivantes. Et on sait, bien sûr, que certaines choses ne se rattrapent pas. Ne s'expliquent même pas..





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Le bruit des choses qui tombent

Séduit par la couverture de l'édition espagnole (un gars dans la pénombre qui joue au billard sur tapis rouge) et par la 4ème de couverture, les premières pages m'ont séduit à cause du mystère qui entourait une narration qui laissait présager un univers sombre puis, au même moment où l'auteur a commencé à déblatérer "sa" culture, j'ai regardé la première page où il était question de l'auteur. Et c'était le même que "L'histoire secrète de Costaguana"!, ouvrage d'un ennui mortel selon moi (et pâle ressemblance avec "Boussole" de Mathias Enard. Après le coup du déballage culturel gratuit, ça a été les échographies du bébé, des phrases répétées à l'infini. Bref, je n'ai pas aimé du tout. Pour avoir une pleine mesure de la Colombie, je trouve que "Eva y las fieras" (Eve et les bêtes sauvages) d'Antonio Untar est plutôt parfait sur l'apport historique et documentaire comme sur le plan littéraire.
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Histoire secrète du Costaguana

Vous prenez Sarah Bernhardt, Paris, La science et la religion, Victor Hugo, le bourgeois gentilhomme, Panama, Les Winchester, la Colombie, les trois mousquetaires et j'en passe, vous mélangez bien (au shaker pas à la cuillère) et ça donne un truc qui, pour reprendre une image entendue dans une librairie en Espagne au sujet des oeuvres d'Orhan Pamuk: "Es infumable"!

Tout au plus cela peut séduire des adolescents fascinés par tout ce qu'ils ne connaissent pas en matière de voyages, d'histoire ou de littérature. Mais, pour un lecteur cultivé ou non, c'est ultra ennuyeux et sans intérêt. (simple opinion)
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