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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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Le Cachet d'Onyx

Œuvre de jeunesse de Barbey d'Aurevilly, Le Cachet d'Onyx vaut d'abord par son emballage, qui laisse présager le futur auteur des Diaboliques. Beaucoup de circonvolutions nous amènent au drame final, violent, que dévoilent les trois ou quatre dernières pages.

Autres temps, autres mœurs. L'originalité de cet auteur de 23 ans, c'est qu'il est à la fois marqué par son époque (la nouvelle date de 1831) et par une liberté de ton assez rare.

Le cachet d'onyx n'est pas un chef d'œuvre, mais une jolie introduction pour aborder son auteur.
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Une vieille maîtresse

Tout est génial et donc excessif dans cette oeuvre, les caractères, les situations, les passions et le style. Tout y est flamboyant, inégal, jouissif, bref Barbey comme on l'aime, à qui l'on pardonne les "tunnels", les coups de cravache et les outrances. Catherine Breillat a été inspirée par cette vielle maîtresse et en a fait un film à la hauteur de l'oeuvre : superbe, d'une troublante gourmandise.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Jules Barbey d'Aurevilly a un style magnifique, classique mais fluide.



La femme qui fait baisser les yeux à une panthère dans le texte "Le Bonheur dans le crime" , on l'imagine mal, vu comme elle est décrite, abandonner son indépendance, même par amour. Autant le comte, on peut comprendre la crainte du qu'en-dira-t-on et les pressions sociales associées à son rang, autant cette femme décrite comme étant libre et audacieuse, se plier à cette comédie, on a du mal à y croire. Même en ayant la compensation d'être auprès de l'objet de son amour et de continuer à ferrailler avec lui à la lueur du clair de lune, cette vie de domestique ne lui sied point. La suite funeste est inévitable. Il est aussi invraisemblable qu'un amour commençant sur de telles bases puisse durer dans le temps, comme dans ce texte.



C'est pour cette raison que je préfère le second texte, "La vengeance d'une femme". La cruauté dont fait preuve son mari à cause de son orgueil blessé, n'a d'égal que la terrible détermination de sa femme à se venger. Cette histoire où elle apparaît flamboyante, brûlant d'un feu intérieur attisé par la haine, est admirable. On la visualise parfaitement, se roulant dans la fange pour que cette boue éclabousse celui dont elle abhorre le nom. L'autre raison est que dans ce texte, elle raconte son histoire elle-même, alors que dans "Le bonheur dans le crime", l'histoire est contée par le médecin, témoin de bien des scènes immorales, mais néanmoins impuissant à transcrire les pensées de Hauteclaire.

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Le chevalier des Touches

Le chevalier des Touches (1864) est un roman historique de Jules Barbey d'Aurevilly inspiré de la vie du chouan et contre-révolutionnaire Jacques Destouches (1780-1858). Mademoiselle de Percy évoque l’expédition des Douze et la libération du chevalier des Touches par ses compagnons d’armes. Un récit plaisant où les deux héroïnes sont bien plus sympathiques et intéressantes que Des Touches.
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L'Ensorcelée

L’Ensorcelée ou La Messe de la Croix-Jugan (1852) est un roman de Jules Barbey d’Aurevilly. En Normandie, au lendemain de la Chouannerie. Madeleine le Hardouay, née de Feuardent, mésalliée à Thomas Le Hardouey, s'éprend de l’abbé de la Croix-Jugan qui a tenté de se suicider suite à l'échec de la cause chouanne. Un roman fantastique, à l'atmosphère sombre, très prenant.
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L'Ensorcelée

Dans ce roman à tiroir, Barbey d’Aurevilly nous invite à des escapades successives, qui ont en commun le lieu où se déroule les séquences, à savoir la Normandie. Région agricole et déshéritée, avec une tradition orale, seul moyen de communication, et dont les légendes alimentent les soirées de veillée.



C’est ainsi que le narrateur qui s’est égaré sur son chemin vers Coutances, se retrouve accompagné d’un fermier qui le guide pour traverser une zone de tous les dangers,



« Dans l’opinion de tout le pays, c’était un passage redoutable. »,



d’autant plus funeste si les voyageurs ont eu la malchance d'entendre retentir la cloche de Blanchelande.



Le fermier lui doit des explications : il lui conte l’histoire dramatique de l’abbé de la Croix Jugan, un chouan à la destinée cruelle.



Le roman prend vite des allures gothiques, avec l’irruption du surnaturel et de la religion, assortie de quelques scènes de torture. Le genre est cependant mis à distance puisqu’il fait l‘objet d’un roman dans le roman.



Le langage vernaculaire illustre les propos des autochtones, pas toujours très clairs à déchiffrer, d’autant qu’il s’agit d’un dialecte qui date.



Ce texte prend un malin plaisir à égarer le lecteur, comme le voyageur, en le promenant d’une histoire à l’autre. De facture classique, il se lit sans déplaisir.



320 pages Folio première édition en 1854


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Les Diaboliques

Je me laisse tenter par des lectures qui sortent de mes sentiers habituels. Je suis alors tombé sur "Les Diaboliques " dont le nom ne m'était pas inconnu.



Quel curieux recueil de nouvelles ! Ne le lisez pas en espérant quelques frissons ou scandales car les mœurs ont bien évolué depuis que Barbey d'Aurevilly les a publié il y a 150 ans... Ces six nouvelles se situent entre la Restauration et la Monarchie de Juillet, période de transition d'une société aristocratique à une société de bourgeoisie. Cela permet à Barbey d'Aurevilly de décrire magnifiquement les derniers instants d'un monde qu'il regrette tant (un peu trop de nostalgie peut être...)



Il faut le reconnaître, Barbey d'Aurevilly a une très belle plume. Peut-être en était il trop conscient tant certains passages sont longs et exigeants, bien que non nécessaires au bon déroulement de l'intrigue.



Quasiment toutes les nouvelles souffrent d'une mise en place bien trop longue avec un amas de détails et de précisions qui ne serviront pas par la suite. Il faut aussi s'attendre à une quantité impressionnante de références historiques et littéraires qui complexifie la lecture pour qui ne sort pas d'hypokhâgne. Il m'aura fallu finir les deux premières nouvelles avant d'être habitué à cette exigence de lecture.



Mis à part ces quelques défauts, j'ai particulièrement apprécié la description psychologique de chaque personnage, les nombreuses différences entre chaque intrigue et la part de mystère qui les entoure. Je retiendrai particulièrement "Le Bonheur Dans Le Crime" et "La Vengeance d'une Femme".



Ces nouvelles sont donc inégales, assez exigeantes, mais offrent avec du recul un moment de lecture enrichissant sur une période charnière de notre histoire. À lire à tête reposée, au calme plutôt qu'à la plage !
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L'Ensorcelée

Dans le cadre d'une lecture commune j'ai pu enfin sauter le pas et découvrir l'Ensorcelée de Barbey d'Aurevilly qui attisait ma curiosité depuis longtemps!



J'ai adoré la plume et le style de Barney d'Aurevilly qui donnent vie et corps à une atmosphère dont les Landes en sont l'âme. Telle une funambule, j'ai évolué dans une brume où le réalisme côtoyait le fantastique. Je rejoins ceux qui l'associent au roman gothique.



Pourtant j'ai un bémol, c'est l'histoire même. Si la langue est riche, je n'ai pas toujours saisi pourquoi l'auteur qui pourtant nous conte l'histoire de Jeanne Le Hardouey, a mis plus l'accent sur sa confidente la Clotte, alors que c'est son histoire à elle, son coup de foudre qui nourrit la trame. Elle qui tombe plus que sous le charme de l'abbé de la Croix - Jugan, un ancien Chouan qui dans la chair de son visage, garda les cicatrices horribles laissées par cette période. Alors que Jeanne prise au piège d'une mésalliance avec un acquéreur de biens nationaux, s'éveille plus qu'à de nouveau sentiments, touche également du doigt le milieu de sa naissance. En effet,tout comme l'abbé, elle est issue de la noblesse.



Or la Clotte de la lignée des catins de la noblesse sera celle dont on pourra le mieux saisir sa personnalité en ayant accès à ses pensées et ses souvenirs, y compris ce qui c'était passé pour elle à presque chaque étape de l'histoire alors que pour les 3 personnages principaux ( Jeanne, son mari et l'abbé ), nous étions bien souvent spectateurs de la scène qui se jouait pour eux...



Un procédé qui hélas ne m'a pas permise de m'attacher à chacun d'entre eux et même qui m'a gardé en périphérie de l'histoire alors que certaines scènes de la trame de par leur force ont pu me harponner de l'intérieur....



Avec elles, je m'attendais avec de telles scènes et avec une telle atmosphère, à rencontrer plus de densité plus de matières au niveau des personnages qui en étaient les piliers comme un contre poids à cette atmosphère vaporeuse exprimée par le paysage, par les superstitions, par les pâtres jeteurs de sorts qui écument les Landes. Hélas Jeanne Le Hardouey et son mari, malgré leur passion respective me sont restés étrangers comme les motivations de l'abbé de La Croix - Jugan. Un peu comme entre eux puisque aucun des trois ne connaîtra vraiment l'autre.



Une chose est sûre, l'Ensorcelée de Barbey d'Aurevilly ne m'a pas laissé insensible... Elle m'a laissée sur ma faim. Je dirais même que l'histoire m'a fait toucher deux extrêmes dans mes ressentis, m'éloignant de la corde du funambule qui pourtant avait symboliser ce juste milieu où tout était en nuance...
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Les Diaboliques

Ce recueil de nouvelles, dont l’inspiration s’échelonne sur près d’un quart de siècle, est inégal. On s’inscrit ici dans une littérature de posture, assez élégamment écrite, mais dont le style est un peu daté. En outre, l’intérêt de ces nouvelles est suspect, au point que l’on se demande pourquoi on les a écrites. Comme disait Talleyrand, « tout ce qui n’est pas naturel ne dure pas ».
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L'Ensorcelée

Jules barbey d'aurevilly fait partie de ces ecrivains classiques francais un peu oublies de nos jours et qui meritent de voir leur oeuvre réhabilitée et remise au gout du jour.Cet ouvrage m'a donné un vrai plaisir de lecture car il recele de tres bons passages et l'histoire reste passionnante de bout en bout.
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Les Diaboliques

Les Diaboliques/Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889)

C’est toujours un plaisir de relire un écrivain comme Barbey d’Aurevilly qui vous raconte des histoires incroyables dans un style merveilleux qui s’illustre en de belles phrases bien construites de mots bien choisis.

La première des six nouvelles intitulée « Le rideau cramoisi » met en scène le vicomte de Brassard, un dandy de la cinquantaine, capitaine à la retraite qui voyage avec le narrateur. Un homme porté sur les femmes ce vicomte :

« Je lui ai connu sept maîtresses, en pied, à la fois, à ce bon bragard du XIX é siècle. Il les intitulait poétiquement les sept cordes de sa lyre. »

Alors qu’il a dix sept ans, jeune soldat pensionnaire chez des bourgeois, apparaît à table un beau soir Alberte leur fille, dix sept ans également, telle l’infante du tableau de Velasquez, calme, réservée et impassible.

Et notre jeune militaire va connaître son premier galon d’aventure, une aventure peu ordinaire qui va mettre à l’épreuve son audace et son impudeur. La toute jeune et belle Alberte va le mener par le bout du nez à tel point que bien que sachant que les femmes nous font tous plus ou moins valeter, il n’imaginait pas une telle histoire :

« Elle me tenait éveillé cette Alberte d’enfer, qui me l’avait allumé dans les veines, puis qui s’était éloignée comme l’incendiaire qui ne se retourne pas … J’avais l’expérience des spasmes voluptueux d’Alberte, et quand ils la prenaient, ils n’interrompaient pas mes caresses… »

À noter que cette nouvelle est autobiographique et que le vicomte n’est autre que Barbey d’Aurevilly lui-même.

Dans la seconde nouvelle, « Le plus bel amour de Don Juan », une ténébreuse adolescente se rêve enceinte de l’amant de sa mère dont elle est secrètement amoureuse.

« …ces jeunesses vert tendre, ces petites demoiselles qui sentent la tartelette et qui, par la tournure, ne sont encore que des épluchettes, mais tous étés splendides et savoureux, plantureux automnes, épanouissements et plénitudes, seins éblouissants battant leur plein majestueux au bord découvert des corsages, et sous les camées de l’épaule nue, des bras de tout galbe… ». Quel style !

Le meilleur régal du Diable, c’est l’innocence !

Dans la nouvelle intitulée « Le bonheur dans le crime », Hauteclaire la bretteuse empoisonne l’épouse de son amant avant de goûter avec lui le bonheur parfait dépourvu de tout remords.

Dans « À un dîner d’athées », l’auteur nous convie en l’hôtel particulier de M. de Mesnilgrand où se déroule tous les vendredis des dîners pas très catholiques, c’est le moins que l’on puisse dire : au cours de ces repas, « on mariait fastueusement le poisson à la viande, pour que la loi d’abstinence et de la mortification prescrite par l’Église fût mieux transgressée.

Cela assaisonnait le dîner du vieux M. de Mesnilgrand et de ses satanés convives de faire gras les jours maigres, et, par-dessus leur gras, de faire un maigre délicieux. Un vrai maigre de cardinal !»

Des odalisques et des femmes telle que Rosalba, l’épouse du sieur Ydow, fréquentent et animent ces soirées, une femme dont on peut dire sans risque de se tromper « qu’il y a plus loin à son premier amant que de son premier à son dixième » !

« C’était sûrement le Diable qui dans un accès de folie avait créé Rosalba, pour se faire plaisir, du Diable, de fricasser, l’une après l’autre, la volupté dans la pudeur et la pudeur dans la volupté, et de pimenter, avec un condiment céleste, le ragoût infernal des jouissances qu’une femme puisse donner à des hommes mortels…On était toujours au début avec elle, même après le dénouement ! Elle fût sortie d’une orgie de bacchantes, comme pâmée, à demi-morte, on retrouvait la vierge confuse, avec la grâce toujours fraiche de ses troubles et le charme auroral de ses rougeurs… »

Jusqu’au jour où Ydow, son époux, ouvre les yeux et se vautre dans l’abjection et la bourbe avec Rosalba dans un scène plutôt gore.

La dernière nouvelle de ce recueil, « La vengeance d’une femme » met en scène une femme de noble ascendance italienne qui mariée par convention à un grand d’Espagne, le duc de Sierra Leone, va connaître le plus platonique des amours avec un certain don Esteban.

Mais après maintes péripéties, la duchesse finira par vengeance à l’encontre de son mari qui se débarrassera horriblement de don Esteban, dans les bas-fonds de Paris où en qualité de duchesse elle offrira inexorablement aux hommes son corps magnifique. Pour le déshonneur.

« Les Diaboliques », publiés en 1874, content six histoires de femmes pécheresses, animées de passions inavouables ou adultérines pouvant aller jusqu’au crime au cours de saturnales d’un autre temps.

Les six histoires sont basées sur des faits vrais.

L’auteur fut cependant accusé d’outrages aux bonnes mœurs. C’est Gambetta qui plaida la cause de Barbey d’Aurevilly auprès du gouvernement et l’affaire fut étouffée.

Auteur d’un style somptueux et luxuriant , Barbey d’Aurevilly ne peut résister à se fourvoyer dans de nombreuses digressions et allusions à la mythologie ou des personnages peu connus qui alourdissent le propos.







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L'Ensorcelée

L’ensorcelée /Jules Barbey d’Aurevilly

Nous sommes aux confins de la lande de Lessay dans la presqu’ile du Cotentin, un lieu où la double poésie de l’inculture du sol et l’ignorance de ceux qui la hantent a toujours ravi le narrateur. Un lieu sinistre et menaçant où l’imagination paysanne continue d’être présente, une puissante réalité dans la vie des hommes.

En chemin en ce jour d’octobre, le narrateur à cheval et cherchant son itinéraire, rencontre lors d’une halte dans un cabaret, Maître Louis Tainnebouy, un fermier et herbager bien connu du pays et très respecté, finement sagace, à l’intelligence fruste et dont le langage prend souvent des tournures plutôt agrestes.

Chemin faisant dans la brume errante de la nuit, les deux hommes entendent la vibration puissante d’une grosse cloche, un tintement sombre et lent qui les fait s’arrêter. Cette sinistre clameur d’airain dans la nuit appartient au clocher de Blanchelande et sonne la messe de l’abbé de la Croix-Jugan. Il est juste minuit.

Une messe des morts explique Maitre Tainnebouy qui se lance alors dans le récit de la vie de ce curé qui a chouanné à l’époque de la guérilla entretenue par la paysannerie normande dont le cri de ralliement fut le cri de la chouette. Le temps de la Chouannerie est révolu mais demeure dans toutes les mémoires et notamment l’histoire sanglante liée à l’abbé de la Croix-Jugan.

Maître Tainnebouy raconte la vie du dernier fils de la famille Ranulphe destiné de ce fait selon les us à devenir prêtre. Il s’appelle Jéhoël. C’est un bel homme qui lors de la Révolution, quittant le monastère rejoignit les Chouans. Au cours d’un combat, il est gravement blessé puis torturé par les Bleus révolutionnaires qui le défigurent.

Plus tard Jéhoël retourne à Blanchelande et cachant son visage sous une capuche, il assiste régulièrement aux offices. C’est là qu’une paroissienne très pieuse, Jeanne Le Hardouey, épouse du riche Thomas Le Hardouey, entend parler de l’abbé et par l’entremise d’une amie parvient à le rencontrer. Elle en tombe éperdument amoureuse malgré les mises en garde de son amie. Elle idolâtre cet homme qui a combattu pour les mêmes idées qu’elle, elle embellit sa face criblée, la tragédie de sa laideur même et le passé monarchiste des ancêtres, et elle finit par succomber à une sorte de fascination pleine d’angoisse en face de l’abbé, dévorée par une passion muette. Thomas est mis au courant par un berger, que sa femme rencontre l’abbé. Homme violent et rusé, comment va-t-il réagir ? Le drame est inévitable et peu de protagonistes s’en relèveront.

Dans une ambiance de campagne superstitieuse et baignée de sorcellerie, quelques années après la Révolution, une femme aristocrate, Jeanne Le Hardouey, mésalliée d’âme et de corps à un acquéreur de biens nationaux, Thomas, est dite ensorcelée par un abbé revenu de l’enfer. Le fut-elle vraiment ?

On remarquera la qualité de la mise en ambiance par l’auteur qui fait baigner son récit sur fond de chouannerie dans une atmosphère angoissante presque surréaliste et fantastique. Le style est élégant et poétique et le recours fréquent à une langue paysanne quoique savoureuse rend la lecture délicate pour ne pas dire dérangeante.

La plume enfiévrée de Barbey d’Aurevilly, monarchiste avéré, nous offre un beau récit que les cotentinais apprécieront particulièrement, leur campagne étant magnifiquement évoquée, même si le délire des foules normandes redevenues animales et sourdes peut les rebuter par sa violence .

Extrait 1: « Car notre époque , grossièrement matérialiste et utilitaire , a pour prétention de faire disparaître toute espèce de friche et de broussailles aussi bien du globe que de l’âme humaine . Asservie aux idées de rapport , la société , cette vieille ménagère qui n’a plus de jeune que ses besoins et qui radote de ses lumières , ne comprend pas plus les divines ignorances de l’esprit , cette poésie de l’âme , qu’elle veut échanger contre de malheureuses connaissances toujours incomplètes , qu’elle n’admet la poésie des yeux , cachée et visible sous l’apparente inutilité des choses . »

Extrait 2 : « Le Temps , qui nous use peu à peu de sa main de velours , a une fille plus mauvaise que lui : c’est la Légèreté oublieuse . »







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Les Diaboliques

Les divagations volontairement provocatrices d'un vieux parasite réactionnaire (catholique intégriste sous la Restauration et la Monarchie de Juillet) s'essayant à la littérature. Toujours trop guindé pour être divertissant, toujours trop bas du front pour être lyrique, toujours trop badin pour être intéressant, Les Diaboliques ne marche que grâce au scandale qu'il a pu provoquer, un scandale bien fané près de cent cinquante ans après sa parution... A éviter à mon sens
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Un prêtre marié

J'ai lu ce livre pour mes cours et honnêtement je n'ai pas beaucoup aimé. C'est bien écrit, j'ai apprécié l'intrigue dans sa globalité, j'ai même rigolé à certains moments mais c'est très long. Il y a beaucoup trop de descriptions, de passages inutiles, on se perd souvent dans l'histoire, on ne sait même plus ce qui se passe. De plus, ça tournait en rond, il n'y avait pas vraiment d'actions. J'ai eu plutôt du mal à le lire et j'étais contente que ça se termine. Dès le début, Jean m'a énervé et Calixte, même si elle est très gentille, était également agaçante. J'ai un peu mieux aimé Néel mais tout sa personnalité n'était pas incroyable. La romance et la fin étaient très prévisibles, il n'y avait pas vraiment de suspens, exceptés quelques moments qui m'ont surpris, mais globalement on se doutait de ce qui allait se produire.
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Les Diaboliques

Merveilleuses Diaboliques !



Jules Barbey d’Aurevilly nous plonge au cœur d’histoires stupéfiantes en nous livrant sa réflexion sur les femmes et leurs relations.



L’atout de l’auteur est la précision des mots, qui relèvent souvent de la poésie, tant dans la justesse de leur choix que de leur beauté.



Son talent inouï pour décrire les scènes, l’histoire et la personnalité des protagonistes, donne le sentiment que nous les connaissons nous-mêmes.



Les femmes… les déteste-t-il comme il aimerait nous le faire croire ? Il semble qu’il s’évertue à les haïr alors qu’il les idolâtre dans ses écrits.



Les femmes y apparaissent comme des êtres sublimes, fascinants, presque irréels et surtout, insaisissables.



Sont-elles diaboliques ? Certainement ! Parce qu’elles sont pour lui irrésistibles et il aime, nous le montrer à travers la perception qu’en ont les hommes.



Diaboliques à leur insu, en raison d’une force, d’un charisme et d’une personnalité hors norme, qui les rend si singulières, attirantes et intrigantes.



Ces récits témoignent le désir inavouable de l’auteur de prendre part aux scènes qu’il décrit, de devenir une partie intégrante de la vie de ces femmes.



L’auteur est rempli de contradictions : sa foi chrétienne et son statut, lui interdisent une telle obsession pour les femmes, le libertinage, le sadisme.



Obsession pourtant bien réelle, qu’il nous partage de façon détaillée, tant dans ses descriptions que dans sa perception des événements et des personnes.



À lire !!
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Un prêtre marié

Jules Barbey d'Aurevilly est un auteur remarquable passionnant qui nous fait en même temps découvrir cette formidable Normandie .Écrivain que je trouve trop peu connu au regard de son immense talent. Tres beau style cela fait plaisir..A dévorer d'urgence "UN PRÊTRE MARIE"
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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L'Ensorcelée

Jules Amédée Barbey d'Aurevilly (1808-1889) est un écrivain français qui a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXème siècle. Il a été à la fois romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, dandy et polémiste. Un temps républicain et démocrate, Barbey finit par adhérer à un monarchisme intransigeant, méprisant les évolutions et les valeurs d’un siècle bourgeois. Il revient au catholicisme vers 1846 et se fait le défenseur acharné de l’ultramontanisme et de l’absolutisme. Ses choix idéologiques nourriront une œuvre littéraire, d’une grande originalité, imprégnée de sa foi catholique et marquée par la question du mal et du péché.

L’Ensorcelée ou La Messe de la Croix-Jugan est un roman datant de 1854. Roman historique, fantastique et passionnel. Roman historique car sa toile de fond est la Chouannerie, cette guerre civile qui opposa Républicains et Royalistes dans l'ouest de la France, de la Bretagne à la Normandie, lors de la Révolution française, entre 1792 et 1800. Roman légèrement fantastique parce que dans toutes les provinces françaises, récits et légendes locales en font mention, ici il s’agira d’un berger jeteur de sorts. Enfin roman passionnel, quand l’amour mène à la folie, la mort n’est jamais loin.

Dans le Cotentin, près de Coutances. A la tombée de la nuit, le narrateur, très certainement Barbey d’Aurevilly, traverse la lande de Lessay à la sinistre réputation, en compagnie de maître Tainnebouy, herbager et fermier qui connait bien les lieux. Quand au cœur de la nuit, une cloche lugubre retentit, le fermier en donne la sinistre explication à son compagnon et le récit de débuter réellement.

J’en résume très brièvement les grandes lignes : l’abbé Jéhoël de la Croix-Jugan s’était engagé avec les Chouans mais après une terrible bataille perdue, croyant sa cause perdue, il tente de se suicider en se tirant une balle de fusil dans le visage mais il survit et en conservera d’horribles blessures à la face.

Quelques années plus tard, l’ancien moine réapparait et sa personnalité étrange intrigue Jeanne Le Hardouey. Fille d’un notable ayant perdu sa fortune, elle a épousé par devoir Thomas le Hardouey un nouveau riche. Attirée irrésistiblement par le prêtre, elle lui sert de messager pour contacter les rebelles Chouans par amour. Un amour non partagé qui la poussera à recourir à la sorcellerie pour s’attirer en vain ses bonnes grâces. Le drame entre piste, la belle est retrouvée noyée dans un lavoir et l’abbé est assassiné en pleine messe pendant la consécration le jour de Pâques ! Depuis, selon des témoins, le prêtre célèbrerait toutes les nuits cette messe inachevée à jamais et la cloche qui tinte en serait le signal…

Un bon roman pour se replonger dans ces textes anciens avec leurs qualités et leurs défauts (pour un lecteur d’aujourd’hui). De l’action, du mystère, on peut frémir si on se pousse un peu, et toujours ce décalage temporel nous permettant de comparer les ressorts psychologiques entre hier et maintenant. Roman très Normand comme le voulait l’auteur, termes du patois local ou tournures de phrases nous immergent dans le bocage. Inutile d’aller loin pour trouver de l’exotisme !

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Les Diaboliques

Ce livre m’avait été décrit comme un monument de la littérature “underground” du 19e siècle, je me suis donc lancée dans la lecture avec un enthousiasme sincère.



J’ai lu les premières nouvelles et ai abandonné pour les raisons suivantes : le style est laborieux et pompeux malgré quelques passages magistraux et emplis de poésie. Je comprends que le roman ait fait scandale au moment de sa parution, mais rien n’est très surprenant pour le lecteur du 21e siècle. L’autre problème pour moi est la trame de fond de ce livre qui est profondément misogyne et présente les femmes comme des objets de désirs auxquels les hommes ne peuvent pas résister. Je n’ai pas eu le cœur de finir, même par conscience littéraire. Pour moi les Diaboliques font parties de ces œuvres qui sont marquées par leur époque et se lisent comme on ouvre une archive, par intérêt historique plutôt que par plaisir.







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Les prophètes du passé (Éd.1851)

Formidable ouvrage dans lequel Barbey reprend l'expression péjorative "prophètes du passé" appliquée par les progressistes à quatre hommes, De Maistre, Bonald, Chateaubriand et Lamennais, afin de démontrer en quoi ces derniers ont été de réels prophètes et sont indispensables pour illuminer le présent.

Barbey est plus que laudatif quant à De Maistre et Bonald, assez critique sur l'inconstance d'un Chateaubriand et encore plus sur la fin d'un Lamennais qui est considérée comme rien de moins qu'une trahison.

Volontiers excessif, je trouve le style de Barbey excellent pour décrire les catastrophes et pour pourfendre ses ennemis. Bien entendu, pour tous ceux qui connaissent Barbey, ils ne s'étonneront pas du parti pris résolument contre-révolutionnaire et catholique qu'il adopte.

Par bien des points, cette quadruple biographie me rappelle la démarche de Nerval dans les Illuminés. J'aime connaître l'opinion des écrivains sur leurs pairs et j'ai été merveilleusement servi par Les prophètes du passé.
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Les Diaboliques

En couverture de cette édition folio : « Tilla Durieux en Circé », détail du tableau peint en 1912 par Franz von Stuck, peintre symboliste allemand traitant des sujets classiques de façon non conventionnelle, ici un portrait d'une actrice célèbre de l'époque. La référence à Circé, personnage mythologique ambiguë, femme et magicienne, constitue un bon choix d'illustration pour ces femmes diaboliques présentes dans chaque nouvelle.



Mais revenons-en au texte. J'ai vraiment été subjugué par le talent de conteur allié à la finesse d'écriture, on a là un véritable orfèvre du genre de la nouvelle. Mais cela se mérite, il faut déguster lentement, patienter avec la promesse que ce sera encore meilleur ensuite. Lire le rideau cramoisi ou le bonheur est dans le crime – deux nouvelles remarquables – en s'imprégnant de l'atmosphère voulue par le conteur est une expérience rare et un véritable délice !



Le rideau Cramoisi : le mystère des lieux clos est savamment utilisé : la petite fenêtre au rideau cramoisi où a logé le vicomte de Brassard dans sa jeunesse, la diligence en réparation à un relais de poste la nuit avec ses deux voyageurs dont l'un est Brassard, tardant à raconter une histoire non révélée à quiconque auparavant. le sujet : un jeune officier – le vicomte de Brassard – est hébergé chez un couple de bourgeois à Valognes. Leur fille Alberte est au centre du récit. Soumise à l'inaction d'un milieu clos, c'est elle qui prend l'initiative d'une liaison cachée allant jusqu'à traverser, la nuit, tel un fantôme, la chambre de ses parents pour rejoindre son amant… La chute arrive tout à la fin et elle est diabolique !



Le Plus Bel Amour de Don Juan : j'avoue m'être un peu perdu dans le labyrinthe des phrases… Pour cette nouvelle, la magie du conteur n'a pas fonctionné pour moi, ce qui s'est reproduit pour le Dessous de cartes d'une partie de whist, autre histoire d'inceste. Passons vite à celles qui m'ont jeté tout vif dans les griffes de ce diable de conteur nommé Barbey d'Aurevilly.



Le Bonheur dans le crime : chef-d'oeuvre ! Cette histoire de Hauteclaire, fille d'un maître d'escrime, est absolument géniale et peut-être lue à différents niveaux… Que de phrases à double sens ! Cette femme, mystérieuse, belle et puissante, organise l'assassinat de la femme de son amant (tous deux aristocrates d'excellente réputation cela va sans dire...) et vivra heureuse avec celui qui deviendra ensuite son mari : l'honneur des hautes familles et leur valeurs confrontés à l'exact opposé, une licence, un libertinage entièrement dévoué à l'amour, sans aucun frein. Entre les deux, notre auteur semble bien choisir la deuxième proposition, au moins en littérature ! Comme une oscillation entre l'ancien monde qui tarde à disparaître (on est à la Restauration) et un nouveau monde, républicain, plus permissif – pour les femmes aussi –, avec ses valeurs marchandes liées à l'intérêt individuel, rebattant les classes sociales. A lire absolument ! Je n'avais que trop tardé à découvrir cette histoire là.



A un dîner d'athées : Une nouvelle plus longue gardant un rythme soutenu tout du long. On a le temps de s'installer et de profiter des digressions multiples du conteur et de l'autoportrait qu'on devine :



La vengeance d'une femme : une aristocrate, la duchesse de Sierra Leone, pour se venger de son mari, se jette dans la prostitution pour le déshonorer lorsque le scandale éclatera. La nouvelle la plus violente, la plus destructrice du recueil.



Mon avis agacé : J'ai retrouvé beaucoup des stéréotypes qu'on peut attendre d'un écrivain conservateur, royaliste et catholique, avec des femmes décrites comme manipulatrices, et des hommes qui succombent (les pauvres !), ces hommes qui n'ont qu'une vraie et saine passion : faire la guerre (évidemment !). Cette atrocité là, véritable et absolue, est acceptée de Dieu mais le commerce des femmes, non alors, quelle abomination ! Hypocrisie qui est comme une seconde peau à la religion chez certaines âmes humaines. Ma modeste impression de lecteur serait de dire qu'on a là un homme tiraillé entre ses origines familiales pétries de convenances idéologiques, et un culte de la littérature inconciliable avec ces choix.



Mon avis admiratif : En même temps Barbey d'Aurevilly semble dire le contraire de tout cela par le talent qu'il déploie pour décrire la beauté des femmes par exemple, une véritable fascination. L'amour qu'il voit dans certains couples est magnifié avec Hauteclaire et son amant Serlon dans le bonheur dans le crime (appelé par leurs prénoms, le comte Serlon de Savigny perdant son titre aristocratique dans l'amour véritable), avec la duchesse d'Arcos de Sierra-Leone et son malheureux amant Esteban (frémissez bonnes gens à son triste sort) dans La vengeance d'une femme, aussi avec Rosalba et Mesnilgrand dans A un dîner d'athées. L'auteur, un provocateur de génie, ne se prend pas lui-même au sérieux et n'assume aucune responsabilité directe, il rapporte ce qu'il a entendu, ce n'est pas lui qui est à l'origine des abominations racistes, antisémites présentes ici ou là. Même le dandy chez lui est ambiguë car largement passé de mode à cette époque.



Qui est réellement Jules Barbey d'Aurevilly ? le mystère très présent dans ses fictions s'applique à l'auteur lui-même : torturé, aux oeuvres assez sombres, antimoderne... Né en 1808 en Normandie, il est souvent décrit comme solitaire et malheureux, aspirant à l'élitisme... mais sans le sou ; royaliste et catholique… rejeté par ceux-ci car trop diabolique ; désirant ardemment la célébrité mais très souvent rejeté par ses pairs ; séducteur … se décrivant comme laid ; timide trouvant dans la littérature un outil à sa (dé)mesure afin d'exprimer ses fantasmes de puissance. Un nostalgique de l'ancien régime qui met en scène la libération de la femme, exécration de façade et fascination démesurée à la fois, se flagellant d'avoir cette attirance…



Il reste une oeuvre inclassable dont on a pu dire qu'elle annonçait Dostoïevski, un maître de l'écriture de nouvelles dont il serait vraiment dommage de faire l'impasse. L'avez-vous lu ? Apprécié ?

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Chronique complète, avec composition personnelle de la couverture du livre et cette Circé magnifique, sur Bibliofeel. Lien direct ci-dessous...
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