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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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L'Ensorcelée

Prodigieux Barbey d'Aurevilly ! Excessif, grandiloquent (hugolien ?), radical mais superbe. Des intrigues improbables, des personnages emportés avec panache dans les passions les plus tourmentées (sexe, politique, rang social), oui Barbey n'a peur de rien et surtout pas de déplaire. "L'ensorcelée" superbement menée nous mène par le bout du nez, style étincelant, de la littérature qui claque !
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L'Ensorcelée

Intéressant au début ce livre perds vite de son souffle à mon sens.

Personnages assez simplistes, style très moraliste et désuet.



Le très grand pouvoir ou cas fait de la religion et cet aspect très marqué ne jouent pas en sa faveur et lui donne un côté très vieilli.



Les personnages féminins sont assez mal construits à mon sens mi-héroines, mi passionnées.

Maladroit.
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L'Ensorcelée

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Romans

Thank you for sharing this book with us. I read from it. I appreciate the detail you covered. I am grateful for the amount of time and effort you put.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Je voudrais commencer ce petit avis par une déclaration.

Une déclaration d'amour à la langue française.



J'aime son vocabulaire riche qui permet de s'exprimer de façon précise et avec tellement de nuances ; j'aime ses noms, ses verbes, ses adjectifs qui, bien utilisés, permettent de construire à l'infini des phrases enchanteresses.

J'aime ses conjugaisons, ses modes et ses temps qui nous offrent une incroyable palette : non, le subjonctif n'est pas ringard, même à l'imparfait ; non, le passé simple n'est pas un temps inutile !

Les différentes formes verbales me réjouissent par leur sonorité et leur beauté.



Ce petit préambule pour dire que j'ai adoré la langue que Barbey d'Aurevilly a utilisée pour raconter son histoire.

On savait écrire au dix-neuvième siècle. Mazette, quel plaisir de lecture !



L'histoire semble a priori peu originale : un couple d'amants et une épouse encombrante. Une personne de trop.

Sur ce sujet usé jusqu'à la corde, l'auteur a pourtant réussi à faire du nouveau. Il adjoint au trio un médecin narrateur qui se retrouve moralement impliqué, et...

Et, rien du tout !

Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais tout vous dévoiler, non ?

En tout cas, Barbey d'Aurevilly a tellement bien réussi que son texte a choqué à l'époque de sa parution par l'immoralité des personnages et la complaisance de l'auteur.



"Dans ce temps délicieux, quand on raconte une histoire vraie, c’est à croire que le Diable a dicté..." peut-on lire en exergue.

Si vous voulez vous lancer, vous voilà prévenus : cette nouvelle est réellement diabolique !

Mais elle est divinement bien écrite. Alors, plus d'hésitations : vous y trouverez peut-être votre bonheur... même sans crime.
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Du dandysme et de George Brummell

Au-delà de la biographie admirative volontairement mythifiée du dandy anglais de la première moitié du 19ème siècle George Brummell, c'est bien au service de sa propre cause que s'emploie le talent de Barbey d'Aurevilly, proposant une véritable théorie du dandysme comme modèle d'indépendance d'esprit et d'existence, défiant le pouvoir et les hautes classes sociales, avec un art raffiné de l'artifice, du signe, du langage, du double-sens et un opportunisme de l'instant présent, singulièrement capable de juger le bon moment pour le bon mot et la bonne victime.

Personnage conceptuel échappant à l'Histoire, Brummell devient sous la plume de l'auteur normand si anglophile un mythique et rebelle dandy flamboyant, reprenant le "il y a un je ne sais quoi chez le dandy" décrit par Montesquieu, le spécifiant par une sorte de grâce qui le différencie des simples mortels.

Avec une écriture exquise sertie dans un génie narratif propre à Barbey d'Aurevilly, ce récit biographique s'affranchit des faits réels de la vie de Brummell, le dandy anglais devenant un personnage littéraire idéalisé incarnant entre les lignes Barbey d'Aurevilly lui-même et son dandysme normand puis parisien (Paris étant un passage obligé du dandysme et le territoire naturel de tous les bouffons des puissants), même si l'auteur restera singulièrement solitaire et souvent à l'écart des cercles de courtisans.



Volontairement chargée d'approximations, cette biographie de Brummell filtre tout ce qui gênerait le mythe du dandy parfait. Brummell, jeune hussard, proche du prince de Galles, séduit la Cour britannique et devient une institution du dandysme anglais puis s'exilera en France où il mourra en dandy. On l'aura compris : avec le grand Brummell de Barbey d'Aurevilly, c'est sa vie qui est son œuvre.

Rien sur ses revers de fortune, alors que Brummell a vécu dandy moins de temps qu'il n'a été dans la déchéance et la médiocrité, devenu dans son exil un perdant endetté, revanchard et oublié. Rien sur le petit Brummell escroc, maître-chanteur, grossier, prétentieux, voleur, menteur et manipulateur.

L'intérêt de cette œuvre réside surtout dans la capacité que l'auteur a à défendre la fatuité anglaise : la vanité des hommes, sentiment négatif mais sincère, étant incontournable, autant l'assumer et la mettre en scène pour construire une vie indépendante et moqueuse des pouvoirs. Mais c'est oublier de la part de l'auteur que le dandy est une fragile apparence, un porteur de masques qui ne vit que dans la considération d'autrui et dépendant des subventions des dominants.



Très éloigné de la théorie du dandysme surstoïcien de Baudelaire dans Le peintre de la vie moderne où le dandy est un personnage typique des périodes intermédiaires où les pouvoirs migrent des vieilles classes possédantes vers les nouvelles dominantes, le Brummell de Barbey d'Aurevilly fait silence à dessein sur certaines évidences : Brummell n'a fait personne, c'est la couronne britannique et les classes dominantes qui l'ont fait dandy puis l'ont défait. Entretenu par les riches tant qu'il était à la mode, l'éphémère Brummell et ses savants nœuds de lavallière ont été une illusion d'indépendance.

Car la rébellion du dandy tourne toujours à vide puisqu'il se rebelle pour lui-même et son miroir, éternellement incapable de dépassement de soi. Obsédé par sa posture, Brummell en oublia d'être lui-même, donc il ne fut rien et mourut comme tel, laissant derrière lui une ou deux anecdotes mondaines, un ouvrage de mode et quelques fort malveillants mots d'esprit.

Ainsi, le mythe forgé par Barbey d'Aurevilly se révèle aussi fragile, assujetti aux puissants et vain que le furent Brummell et sa collection de porcelaines de Saxe.
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Les Diaboliques

LES DIABOLIQUES de JULES BARBEY D’AUREVLLY

Un recueil de 6 nouvelles dans une langue française d’une qualité désormais disparue. Dans la Normandie chère à Maupassant, des récits de jalousie, de peur, de terreur. L’aristocratie règne encore, les femmes sont encore réduites à un rôle accessoire, une époque largement révolue. Un auteur peu lu aujourd’hui, mais si vous aimez vous régaler d’une langue riche, alors n’hésitez pas, on touche ici aux sommets.
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Une histoire sans nom

Un jour un cinéaste audacieux adaptera cette histoire effroyable. On déconseillera aux spectateurs de la lire avant. La joie ou disons une certaine quiétude, s'y amenuise comme une peau de chagrin. Petit à petit. C'est cette descente interminable décrite avec brio (la maîtrise du temps est totale) qui fait de Barbey d'Aurevilly un formidable écrivain. Seul l’amour inconditionnel de la nourrice éclaire ce recit, le lecteur en est hélas plus conscient que l'héroïne anéantie. La fin réunira trop tard les deux âmes qui s'aimaient. Qui s'aimaient? Qui a péché?

Barbey règle ses comptes avec panache.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Voici encore ici un ecrivain classique oublié qui merite dexretrouver la lumiere et de voir ses oeuvres mises en valeur et relues.Jules Barbey d'Aurevilly nous offre ici deux nouvelles aux canevas classiques mais qui ont tres bien traversees le temps, elles pourraient se derouker de nos jours !Le style classique est agreable et la lecture facile,bref un bon roman à découvrir.
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Le Rideau cramoisi

Récemment installé à Saint Sauveur le Vicomte, il m’a paru indispensable d’aller chercher les célébrités locales. Je ne parle pas des frères Rouland, Jean-Paul et Jacques qui sévirent à la télévision dans les années (19)60 à (19)80, non, mais plutôt d’un personnage beaucoup moins connu. Je veux parler de Jules Barbey d’Aurevilly, un inconnu du Lagarde & Michard XIX ème siècle… Mais pas de Saint Sauveur le Vicomte où se trouve un musée à son nom, et un bar restaurant, « Le rideau cramoisi »…

Impossible de passer à côté. Du restaurant et du livre…



Une diligence. Deux hommes voyagent quand celle-ci casse une roue et contraint les voyageurs, un officier et le narrateur à patienter pendant la réparation. Comble du hasard, la diligence s’est immobilisée devant un immeuble dont la fenêtre éclairée dans la nuit est parée d’un rideau cramoisi.

Une situation qui invite l’officier aux confidences. N’a-t-il pas occupé cette chambre, il avait dix-sept ans et venait de sortir de l’Ecole Militaire. Il y rencontrera Alberte, la fille de ses logeurs ; discrète, voire effacée.



C’est fou comme l’ambiance de cette nouvelle, extraite des « Diaboliques » me rappelle celle de « Boule de suif », de Maupassant, son contemporain qui ne l’aimait guerre.

Une première lecture de Barbey d’Aurevilly qui engage à poursuivre la découverte d’un auteur solidement implanté dans le Cotentin.

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Le bonheur dans le crime, une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly délicieusement diabolique…



A Paris, au détour d’une promenade au Jardin des Plantes, le docteur Torty accompagné du narrateur, replonge dans ses souvenirs, ranimés par une rencontre furtive avec un couple des plus remarquables, de par leur beauté et l’amour manifeste qu’ils se portent mutuellement. Il entreprend alors de raconter à son compagnon du jour l’histoire du comte Serlon de Savigny et de son épouse HauteClaire Stassin.

Cette dernière, fille d’un maître d’armes reconnu, a pris la succession de ce dernier à son décès dans la région de V., en Normandie. Fine lame, elle enseigne son art et fait ainsi la rencontre du comte, devenant rapidement sa maîtresse. Celui-ci étant marié, la situation devient de plus en plus intenable pour les amoureux fusionnels. Ils élaborent alors un plan machiavélique pour pouvoir rester ensemble...et demeurer heureux.



La réflexion ou le questionnement qui sous-tend cette nouvelle et qui fit scandale à l’époque de sa parution est la suivante : peut-on savourer son bonheur en ayant commis le pire des crimes ? Le couple Savigny, dorénavant officiel, dévoile en effet son amour sans remords,et ce, en toute félicité ; au grand dam du docteur Torty qui n’ ignore point les détails les plus intimes de l’affaire, mais aussi en totale abstraction de la forte désapprobation de leur entourage.

L’amour, aussi puissant soit-il, peut-il justifier la transgression ultime ? Et que dire des contradicteurs, du docteur Torty lui-même, qui voit sa curiosité plus forte que tout à observer ce couple dans la progression de son histoire et dans son évolution vers l’indicible, sans réellement condamner ni surtout contrecarrer…Où se situe la « moralité » ?



Une longue nouvelle bien savoureuse...
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Le chevalier des Touches

Souvenirs de jeunesse, j'ai lu un extrait dans "15 histoires de capes et d'épée". J'ai finalement lu le roman 40 ans après. La magie de l'extrait a mis un certain temps à revenir et encore. Heureusement je suis tétu j'ai fini le livre. j'en garde un souvenir mitigé, une histoire intéressante mais une écriture très datée. je pense avoir préféré "les chouans". Peut-être est ce l'âge et les souvenirs de lecture que j'avais peut-être enjolivés. Bref un livre reposé une fois fini et oublié.
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L'Ensorcelée

Le Cotentin au XVIIIe siècle.



Intérêt plutôt local et historique : la chouannerie normande, les superstitions.



L’auteur utilise une langue riche et belle mais très vieillie. Certains personnages parlent un patois pittoresque.

A lire vite (acheté pour mes enfants, était au programme de français de leur collège).



(Critique rédigée en novembre 2020.)
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Les Diaboliques

Je lis pour découvrir des ambiances, des cercles que je ne connaîtrai jamais. La littérature est un véhicule tout terrain / tout airain qui parcourt les prairies vallonnées des histoires infinies. Elle nous permet d'observer à distance, à l'abri derrière les fils de phrases barbelés, une faune plus ou moins sauvage, antique ou contemporaine, réelle ou fictive.



Les diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly est un recueil de 6 nouvelles dont la forme oratoire restituent des conversations. Il y est fait état d'êtres singuliers, hommes, femmes ou couples qui ont croisé la vie d'un narrateur et que ce dernier essaie de décrire à son auditoire dans toutes leurs singularités.



Que cela soit à un compagnon de voyage dans un carrosse cahotant ou devant une assistance d'hommes faits, anciens militaires, prêtres defroqués et notables de chef-lieux, autour d'une longue tablée ; les méandres sont celles de ces discussions que l'on suit au fil de leurs rebondissements et méplats.



Le premier titre pressenti pour ces nouvelles qu'il commença à faire paraître dans le journal "La Mode" en 1850 était d'ailleurs Ricochets de conversations.





Le style est enlevé, plein de cette salive qui graisse une langue bien pendue.

Cette dernière sent bien son XIXème siècle et laisse transparaître les effluves de la décomposition. L'odeur âcre mais entêtante d'un monde qui meurt mais veut rester debout. Une aristocratie provinciale balayée par la Révolution et qui n'arrive plus à regarder L Histoire qui se repaît de sa lente agonie. Quelque chose de foutu et de désespéré qui m'a flatté l'oeil.



D'aurevilly voit ce microcosme d'un oeil attendri. Il loue ces nobles qui font honneur à leur rang en endurant le destin qui les frappe de manière stoïque et grandiose. Car ici peu ou pas de roturiers. Partout des titres de noblesses qui traînent derrière eux - comme des cadavres gonflés de cavaliers empêtrés dans leurs étriers - les restes de ces noms de familles dont la renommée s'est perdue dans la poussière des temps.



D'Aurevilly sort de ce creuset dont il s'est extrait dans sa jeunesse parisienne, banni volontaire parti pour la bamboche (à gauche la débauche) et ses frasques. Il y reviendra quelques années plus tard, ruiné et repenti dans un mouvement rétrograde typique de beaucoup de biographies. Chrétien fervent qui voit à nouveau la Vierge, lui qui n'en croisait plus guère. (à droite la vie droite...mmh mmh)



Les récits sont inégaux, allant de "bien" à "captivant". En conteur rusé, Barbey nous assomme dès le seuil avec le rideau cramoisi au rebondissement inattendu et dont je me souviendrai longtemps. Son symbolisme iconique moiré d'érotisme morbide est un fer rougi sur le front du lecteur indolent.



Il nous finit par une botte de sa composition, fidèle à son titre honorifique de Connétable des lettres : la vengeance d'une femme. Ne vous laissez pas avoir par son titre à l'air de téléfilm de M6 du dimanche 15h. Son côté scandaleux fonctionne encore sur le lecteur du XXIème siècle que je suis et qui en a pourtant vu et lu des vertes et des pas bien mûres.



Seul le dernier amour de Don Juan fut une dépressurisation. Un ennui modéré qui m'a d'autant plus fait apprécié la suite et le précédent. Là encore, une tactique ? Un instinct d'auteur qui place là, à dessein, son enfant qu'il sait le plus moche pour nous faire nous extasier sur le reste de sa progéniture ?



Allons bon !!!



"Les dessous de cartes d'une partie de Whist" mais surtout le superbe "Le bonheur dans le crime" et "À un dîner d'athées" sont bien là pour raviver le feu du récit.





Il y a des fulgurances. Des traits brillants qui fendent l'air jusqu'aujourd'hui. On sent le Barbey salonnard - pour ne pas dire salopard - qui devait jouter dans ces lieux et créer la sensation de son verbe haut et grandiloquent. Il y a dû avoir des blessé(e)s. Des egos décapités gisant sur les tapis persans de ces cercles ouatés de mondanités mesquines et concentriques.



On sent la lame acérée. Celle d'un critique abhorré de ses ennemis littéraires qu'il éreintait dans les journaux et qui fut sa principale activité à son grand dam. Zola, Hugo, ont pris le tarif. Ils ne se sont pas fait prier, ces mécréants, pour lui rendre la monnaie des pièces qu'il leur taillait.



Allez pour la plaisir et parce que j'adore ces duels (eh non Booba, tu n'as rien inventé), un petit panier garni qui vous donnera, je l'espère, envie de découvrir le tireur d'élite caché derrière ces balles pas perdues du tout :



Sur L'Assommoir de Zola, en effet il a sorti le maillet : "M. Émile Zola, l'auteur de L'Assommoir, cet Hercule souillé qui remue le fumier d'Augias et qui y ajoute !… M. Émile Zola croit qu'on peut être un grand artiste en fange comme on est un grand artiste en marbre. Sa spécialité, à lui, c'est la fange. Il croit qu'il peut y avoir très bien un Michel-Ange de la crotte…" (ce n'est qu'un extrait, un échantillon) Je vous laisse trouver la réponse de Zola, tout en précision et en conclusion rationnelle. Ce n'est pas moins violent mais à fleuret moucheté.



Sur l'homme qui rit d'Hugo : "Victor Hugo s'est mis à pointiller les choses les plus vastes : la mer, les espaces, le Léviathan, les montagnes, comme le pendu de son livre, dont il fait voir, par un enragement de description mêlé à une étourderie supérieure, jusqu'aux poils de barbe, du haut de sa potence et dans la plus épouvantable nuit. Entassement puéril des plus petites chiures de mouches"



Mais revenons à nos sublimes et dangereux animaux de papier.





Ces diaboliques sont souvent des femmes. On ne niera pas une misogynie assumée de l'auteur. Pourtant, ce sont ces personnages féminins qui marquent mon esprit. Leur démesure, leur mystère, leur passion. Ce sont elles qui flottent encore entre mes yeux. Barbey leur a donné une savane où leurs pelages peuvent luire sous la lune pleine de leurs tragédies. J'avoue que les personnages masculins sont moins intéressants, quand ils ne sont pas carrément vides comme un frigo au retour des vacances. Comme quoi, on peut être une cruche avec une paire de...euh une belle paire d'anses.





Et merci Barbey pour ce choix de noms effervescents qui ont ajouté à mon plaisir. Que je les aime ces noms que les auteurs trouvent à propos et qui en disent tant dans leurs sonorités sur l'homme ou la femme qui les portent en sautoir !!



Jugez donc : le vicomte de Brassard, le comte Jules-Amédée-Hector de Ravila de Ravilès (encore un Jules-Amèdée, décidément...le prénom à la mode du 19ème. Barbey se faufile dans ses habits à n'en pas douter), le docteur Torty, Delphine de Cantor, le comte Serlon de Savigny, Sophie de Revistal, Marmor de Karkoël (rhaaa ce nom...), Hermine Tremblay de Stasseville, le chevalier de Mesnilgrand, Travers de Mautravers, l'abbé Reniant (le bien nommé), commandant Sélune dit "le Balafré", le major Idow, La Rosalba, dite "La Pudica", Robert de Tressignies, Don Esteban marquis de Vasconcelos, Don Christoval d'Arcos, duc de Sierra Leone y otros ducados et Sanzia Florinda Concepcion de Turre Cremata, duchesse d'Arcos de Sierra Leone. Pour finir, ma préférée la vénéneuse et envoûtante Haute-Claire Stassin.



J'ai vraiment goûté cette impression impudique d'observer à la jumelle de superbes fauves. de loin et dans le calme clair de ma lecture.



Ces nouvelles sont matinées de quelques notes de fantastique (le rideau cramoisi) voire d'un romantisme gothique où le glauque et la mort ne sont pas absents. J'ai souvent pensé à un Edgar Poe dans les ambiances et dans l'effraction brutale de l'horreur dans le calme plat du réel.



Il a frôlé le procès pour outrages aux bonnes moeurs le filou. Incompréhensible, ce chrétien affirmé qui plonge son lecteur dans la fange, la mort, l'adultère, la prostitution, le vice le plus complet ?



La réponse d'Aurevilly est dans cet envers de médaille. L'Enfer, le sublime dans le mal c'est le Paradis en creux. Pour être épouvanté, il faut bien avoir une idée de Dieu ? Il n'y a blasphème que si il il y a croyance. Les Diaboliques sont donc un avertissement aux bons catholiques.



Bien joué l'artiste.



Je vais donc continuer à lire ce Barbey qu'Hugo appelait excellemment "Bardé d'or vieilli". A tort selon moi même si la formule est géniale. Je languis de lire ses critiques qui doivent être un champ de tir à la mesure de son extravagance.



Le personnage est détonnant. "Contrasté" dit-on dans les milieux universitaires pour ne pas dire "carrément chiant" pour ses ennemis littéraires. le contraire d'un homme à système qui n'a suivi que son goût et ses détestations. Paradoxal et donc de ce fait intéressant.



Barbé doré, vil lit.
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Les Diaboliques, tome 1

Livre pris dans la bibliothèque de ma grand-mère.

Recueil de six histoires.



La première : Le rideau cramoisi.

Ce texte fut très dur à lire. Les phrases sont trop longues, on se perd dans les propos, dans sa pensée. Obligée de lire plusieurs fois une phrase qui fait la moitié de la page pour réussir à comprendre. C'est, pour moi, du déchiffrage plus qu'une découverte livresque. Aucun ressenti.



La deuxième histoire était plus courte : Le plus bel amour de Don Juan. Je l'ai lu. Même analyse personnelle : phrases trop longues.







J'ai lu un tiers du livre et je m'arrête là. J'en lis un autre par intermittence, un recueil de brèves nouvelles aux phrases trop longues, d'une autre époque. Je n'ai pas le courage de continuer, même si je vois sur Babelio le nombre de lecteurs. Bravo.

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Les Diaboliques

Livre que j'ai relativement apprécié, mais que j'ai trouvé étonnamment long à lire. J'avoue avoir été un peu déçue.

Déjà, on ne peut rien enlever à l'écriture, qui est riche et agréable à lire, j'ai beaucoup aimé.

Les thèmes des nouvelles étaient également généralement bien trouvés, et à la fin de quasiment chacune d'elles j'étais "satisfaite" de ma lecture et souvent surprise.

Cependant, j'ai trouvé que dans la plupart des nouvelles, l'intrigue mettait du temps à démarrer, que c'était un peu lent. Ça a rendu la lecture plus ardue, car si la suite de la nouvelle devient alléchante, il faut se forcer à arriver au moment où l'intrigue se lance... C'est le gros point négatif que j'opposerai à ce livre.

Je vous le conseille malgré tout, car il vaut quand même le détour!
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Ah ça c'est ce que l'on peut appeler une belle histoire d'amour !

C'est complètement immoral et ce n'est pas par hasard que cette nouvelle est extraite du recueil "Les diaboliques" de Jules Barbey d'Aurevilly.

Il y a effectivement un petit diable qui se balade au-dessus des têtes dans "Le bonheur dans le crime".

C'est l'histoire d'un crime parfait chez les aristocrates, milieu dans lequel les valeurs mènent à préférer la mort au déshonneur. Et cela pour que l'amour d'un couple amoureux triomphe en dehors des conventions.

Malheureusement, on retrouve le principal défaut de Jules Barbey d'Aurevilly. Il est tellement misogyne que ça gâche le plaisir de lecture. Il est vraiment dommage de lire certains propos alors que j'ai apprécié l'intrigue, par exemple "toutes les filles que le diable avait mis sur son chemin" ou "Et elle était là-dessous d'une beauté pleine de réserve, et d'une noblesse d'yeux baissés, qui prouvait qu'elles font bien tout ce qu'elles veulent de leurs satanés corps, ces couleuvres de femelles, quand elles ont le plus petit intérêt à cela..."

Pour lui, il est bien évident que c'est la femme qui agit pour tuer sa rivale... couleuvres de femelles !

On pourrait en rire tellement c'est caricatural mais ce n'est pas vraiment drôle.





Challenge Coeur d'artichaut 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge XIXème siècle 2022

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L'Ensorcelée

« Je viens de relire ce livre qui m'a paru encore plus chef-d'oeuvre que la première fois. » - Charles Baudelaire.

Qu'importe si cette histoire est abracadabrantesque, cousue de fil blanc, de fil noir...

Plus que l'histoire elle-même, c'est la manière de la narration qui donne ici la force au texte. Car L'Ensorcelée est construit sous forme de récits enchâssés les uns aux autres et c'est ce qui m'a, me semble-t-il, tenu en haleine jusqu'au bout de l'histoire.

J'ai été séduit ici par l'art de Jules Barbey d'Aurevilly de nous conter une histoire, de la poser dans " son jus " ...

Venez, approchez, je vous emmène en Normandie dans la lande sauvage et secrète de la presqu'île du Cotentin, tout près de Lessay. Nous ne sommes pas très loin des paysages maritimes de la Bretagne et d'une idée du mystère qui habite certaines terres... C'est peut-être par une nuit comme celle-ci, ballotée par les vents, fouettée par les pluies venues de nulle part, qu'il faut aborder cette histoire. Nous sommes au milieu du XIXème siècle. Deux voyageurs font connaissance par hasard dans un cabaret, au Taureau rouge, « un cabaret d'assez mauvaise mine ». L'un, le narrateur, qui se rend à Coutances s'est égaré, l'autre qui s'appelle Maître Louis Tainnebouy connaît bien les lieux et se rend à une foire le lendemain. Pour raccourcir le trajet, ce dernier propose que tous deux traversent à cheval cette lande austère et désolée...

Lorsque la jument de l'un deux se met à boîter, ils décident de faire halte au milieu de cette nuit dont le silence est brusquement rompu par les neuf coups d'une cloche qui résonnent au loin. Maître Tainnebouy est alors troublé. Il croit reconnaître la cloche de Blanchelande. C'est comme si la lande s'ouvrait brusquement, entraînant nos deux voyageurs dans un passé presque révolu. Nous voilà d'emblée plongés en L'an VI de la République française. Maître Tainnebouy va alors se faire conteur d'une histoire totalement insolite, celle de cet étrange abbé de la Croix Jugan, ancien chouan dont s'était éprise d'une fatale passion Jeanne-Madeleine le Hardouay, née de Feuardent, déchue par son mariage au rang de roturière. Mais qui était cet ecclésiastique ? Mais qui était Jeanne le Hardouay ?

C'est un ancien chouan, un prêtre à la gueule cassée par des ennemis qui ont cru le tuer au moment de la chouannerie, on a déchiré son visage, il n'en a plus, il n'aurait pas dû survivre, il a survécu, il est devenu un être défiguré, orgueilleux et impassible, entièrement voué au service de deux causes, Dieu et la monarchie. Comment a-t-il pu inspirer alors un tel amour auprès de Jeanne le Hardouay ? C'est l'histoire d'un amour profondément tragique que nous narre ici Barbey d'Aurevilly.

Jeanne-Madeleine le Hardouay, née de Feuardant est une héroïne bien malgré elle. J'ai aimé cette femme....

Voici un récit qui convoque des personnages pittoresques, qui ressemblent trait pour trait au paysage du lieu. Des femmes, des hommes, des pierres, des croix, des églises, de la terre aussi, des bêtes à peine moins hostiles que les habitants de ce pays vis-à-vis de leur destin... Des pâtres qui traînent par-là, mécréants et qui vont jouer un rôle décisif dans le récit.

Comment ne pas songer alors à ces contes d'antan de la Bretagne profonde, comme ceux que me racontait ma grand-mère, m'évoquant par exemple le souvenir d'un exorcisme dont elle avait été témoin enfant dans son village natal ?

Comme ceux issus de la Légende de la mort, d'un certain Anatole le Braz... Comment ne pas songer un seul instant à ce récit de naufrageurs, à cette jeune femme noyée, échouée sur le rivage, qui portait une bague au doigt qu'un des pilleurs d'épaves trancha... Bien sûr, l'histoire ne s'arrêta pas là. Mais je m'égare...

C'est une histoire façonnée de ténèbres et de croyances, le théâtre d'enjeux qui semblent nous dépasser a priori.

L'écriture de Barbey d'Aurevilly est sans doute moins lisible aujourd'hui. Elle mérite d'être visitée pour sa langue d'une maîtrise impressionnante. C'est un plaisir de lire un texte classique aussi beau.

Mais que nous dit ce roman presque deux cents ans plus tard ? Que certaines croyances ont la vie dure... On ne croit plus au diable aujourd'hui, à la malédiction tracée de certaines destinées... Mais on croit à d'autres choses tout aussi irrationnelles, invraisemblables. On s'en étonne chaque jour.

Ici est peut-être dénoncée une manière de sceller déjà par avance le sort à quelqu'un qui ne vous ressemble pas.

La littérature classique a souvent cette magie de nous replonger dans nos existences actuelles.

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Un prêtre marié

Excellent ouvrage sur un prêtre défroqué et sa fille, tous deux reclus en Normandie. Le péché se transmet-il? L'amour de sa fille permettra-t-il au prêtre de trouver sa rédemption? Le style de Barbey est incroyable et, surtout, l'analyse morale qui est contenue dans ce livre est la fois subtile et implacable.
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L'Ensorcelée

Beau récit sur la Chouannerie, et sur le pouvoir presque hypnotique exercé par un prêtre défiguré par le feu sur une femme. Ce livre nous plonge dans un monde où la sorcellerie, le mauvais sort, la guigne comme on dit et le lourd moyen âge ne paraissent pas si loin... Comme d'habitude, le style de Barbey est impeccable.
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Les Ensorcelés
Les Diaboliques
Les Maléfiques
Les Démoniaques

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Thème : Jules Barbey d'AurevillyCréer un quiz sur cet auteur

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