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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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La vengeance d'une femme

Une critique uniquement sur la nouvelle "La Vengeance d'une femme".

Ce court texte montre les tréfonds de l'âme humaine... Les premières pages sont une théorie sur la littérature et la vérité : non, les écrivains n'inventent pas quand ils présentent des horreurs immorales, crimes, incestes, viols... Tout est déjà dans la société, les monstres littéraires ne sont que des copies de Messaline, Lucrèce Borgia...

Et ici, c'est une femme le monstre - mais l'est-elle vraiment ? Surtout par rapport à ce que lui ont fait les hommes, ses proches comme ceux qu'elle rencontre. Sa vengeance se fait après tout sans verser le sang, et elle souffre autant que celui qu'elle hait. Je ne vais pas l'expliquer, mais la force du texte vient du contraste entre la vanité et la futilité du dandy qui nous est d'abord présenté face à la force d'âme héroïque de la femme décrite. Autre contraste qui sert le texte, la différence entre la sensualité voire l'érotisme du début, et la violence glauque du récit de l'héroïne.

Un court texte donc, mais marquant.
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La vengeance d'une femme

La Vengeance d'une femme est à l'origine une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly, extraite du recueil Les Diaboliques paru en 1874. Elle est ici adaptée en BD par le dessinateur Lilao, la parution datant de 2009.



Un soir, dans le quartier mal fâmé de la rue Basse-du-Rempart à Paris, durant le règne de Louis-Philippe (début XIXe, pour ceux qui ont du mal avec les dates) se promène un dandy du nom de Robert de Tressignies. Il suit une jeune prostituée dont le visage lui rappelle celui d'une autre femme aperçue quelques années plus tôt. La suivant dans ses appartements, il est totalement ébloui par la grâce et l'entrain qu'elle met aux choses de l'amour. Mais très vite, il remarque qu'elle est absorbée par le bracelet qu'elle porte au poignet, un médaillon avec le portrait d'un homme. Questionnée sur celui-ci, , elle lui confie alors son identité : elle est la duchesse d'Archos de Sierra Leone, épouse d'un grand seigneur espagnol.



Quelques années plus tôt, elle vivait en souveraine, comme une jeune et docile demoiselle de son temps, malheureuse dans son mariage, mais pieuse et soumise. Jusqu'à sa rencontre avec le cousin du duc, dont elle tomba éperdumment amoureuse. Cet amour réciproque et chaste rendit fou de rage son mari, qui tua son amant. Elle entreprit donc de se prostituer à Paris, afin de se venger, souillant à jamais la réputation de celui qui causa sa perte et son chagrin.



Les dessins, tous en noir et blanc, sont d'une grande qualité. L'insertion du texte est admirablement faite, et on peut le retrouver dans sa totalité à la fin, permettant ainsi de mieux saisir le travail d'adaptation effectué par Lilao. L'atmosphère à la fois libertine et vengeresse se ressent très bien, et malgré les nombreuses planches de nus, je n'y ai trouvé aucune vulgarité. Les émotions des personnages sont mises en valeur par la finesse et la précision des traits. J'ai été totalement conquise !



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La vengeance d'une femme

Les souvenirs sont trompeurs : j'ai soutenu crânement que cette nouvelle des Diaboliques n'était pas sanglante… avant de la relire, et qu'elle me saute au coeur, puisque de coeur il est question.

L'entrée en matière de Barbey d'Aurevilly est un constat : la littérature, enfermée dans un « bégueulisme », n'est pas du tout morale, elle est pétrie de peur et d'hypocrisie : elle ne parle pas de l'inceste, par exemple, et en cela n'exprime pas la société où il est si répandu.

Pourtant, la nouvelle « La vengeance d'une femme » ne parle pas d'inceste, mais d'une autre sorte de « crimes de l'extrême civilisation, plus atroces que ceux de l'extrême barbarie, par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supposent et de leur degré supérieur d'intellectualité. »

Barbey décrit un libertin, un viveur, un « dégustateur de femmes » revenant d'Orient, c'est tout dire, dont la vue est happée par le tortillement d'une femme en jaune. Il la suit, elle l'invite, elle se dénude et le foudroie par sa beauté.

Des pages absolument sublimes suivent : « elle était bien plus indécente, bien plus révoltamment indécente que si elle était franchement nue. ».

D'une panthère (encore)elle a la souplesse, les bonds, les égratignures et les morsures. Elle se donne, elle s'enroule, elle se perd dans le plaisir.

« Positivement, elle lui soutira son âme, à lui, dans son corps, à elle. », car « il y a dans ce qu'on appelle le plaisir, avec trop de mépris peut-être, des abîmes aussi profonds que dans l'amour. »

Sauf qu'elle regarde un portrait accroché à son bras, alors qu'ils sont au comble de l'extase, il est jaloux, froissé dans sa vanité et voilà : elle est mariée à un grand d'Espagne, elle-même fait partie de la haute aristocratie, ce fut un mariage sans sentiment et… elle le hait.

Le récit est alors repris par la duchesse d'Arcos, elle qui a été élevée dans la plus stricte étiquette qui comprime les coeurs comme dans un corset.

Son coeur, elle découvre qu'elle en a un lorsqu'elle rencontre Esteban, marquis de Vasconcelos, portugais.

Suit le récit d'un amour brûlant et chaste, presque mystique, transcendance de l'amour, sentiment de ne faire qu'un, de n'avoir qu'un seul coeur…

Aux pages décrivant le plaisir, suit donc l'hymne de l'amour, en des pages inoubliables elles aussi.

Sa vengeance ? descendre si bas dans la société, en se prostituant, et en cherchant les maladies inévitables des filles de sa condition, que son nom, celui de son mari, en sera entaché pour toujours.

Le grand d'Espagne qui a le privilège rare de ne pas se découvrir devant le Roi, devient le cocu d'une putain.

Pourquoi cette vengeance ? parce que (scène que ma mémoire un peu bégueule sans doute, avait éliminé, scène rappelée par Patsales, qu'elle en soit remerciée) le mari fait étrangler l'amant, lui fait arracher le coeur, le donne aux chiens, alors qu'elle voudrait, puisque c'est son coeur à elle, le manger.

Diabolique nouvelle, en la terminant je me suis dit qu'il n'était pas besoin de thriller, Barbey suffit amplement.



PS : Je suis obligée de « faire comme si »il s'agissait d'une BD, mais c'est bien de la nouvelle qu'il est question.

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La vengeance d'une femme

Pour une vengeance noire, une BD en noir et blanc fait vraiment l'affaire, avec des scènes érotiques, on voit cette femme comme une assoiffée de la chair plutôt comme une vengeresse de la chair...en tout cas, l'atmosphère dans la BD est moins sombre que dans la nouvelle originale de Jules Barbey d'Aurevilly bien que les images soient en noir et blanc
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La vengeance d'une femme

J'ai bien aimé la vengeance d'une femme par le moyen non conventionnel utilisé pour arriver à ses fins. J'avoue avoir été intrigué par la phrase suivante au dos: "en libertinage, le mauvais goût est une puissance"...



La couverture est très suggestive. Pourtant, il ne sera point question de scènes vraiment osées dans le corps de l'histoire entre ce jeune aristocrate et cette belle prostituée. C'est un peu dommage car cela risque de faire fuir le lecteur timide ou de décevoir un lectorat plus téméraire.



L'esthétique de l'objet m'a tout de suite attiré. Les cases sont immenses et l'histoire se lit avec aisance. Le graphisme avec cette imagerie très XIXème siècle colle parfaitement à l'atmosphère de cette histoire tragique. C'est noir, mélancolique et sombre. Tout ce que j'aime dans le romantisme !
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Le Bonheur est dans le crime est l'une des sept nouvelles du recueil Les Diaboliques (1874) qui valut à son auteur d'être accusé « d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs ». Barbey qui est un catholique fervent affirme dans sa préface qu'il offre ses Diaboliques pour susciter l'horreur de leur comportement, et faire ainsi ,dit-il, une oeuvre chrétienne.

Cette nouvelle en particulier contient une histoire parfaitement immorale résumée dans le titre. Les deux criminels en effet n'éprouvent aucun remords et se moquent bien de l'opinion des autres. « C'est par cet air-là [de bonheur absolu] qu'ils ont toujours répondu victorieusement à tout, à l'abandon, aux mauvais propos, aux mépris de l'opinion indignée » Celui qui raconte leur histoire, c'est le Docteur Torty. Il fait part de sa stupefaction au narrateur qu'il a rencontré au Jardin des plantes. le couple d'assassins est devant eux, face à la cage de la panthère noire. « ces deux êtres, immuablement beaux, malgré le temps, immuablement heureux malgré leur crime, puissants, passionnés, absorbés en eux, passant aussi superbement dans la vie que dans ce jardin ».Torty est un dandy, athée, cynique, qui prend plaisir à raconter cette histoire diabolique au narrateur anonyme tout en s'en offusquant. C' est un personnage bien ambigu, témoin, voyeur et non dénonciateur. Quant au couple criminel, je vous laisse le plaisir diabolique de le découvrir, pervers que vous êtes...
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Librio publie à part l'une des meilleures Diaboliques de Barbey. C'est l'histoire (tellement rare) d'un crime parfait, à la perfection duquel l'orgueil de la victime contribue : c'est dire que, dans une perspective catholique, tout le monde est fautif et damné ici. Mais la perspective catholique n'est qu'une des clés de lecture du texte : la foi de Barbey ressemble plus à une posture littéraire, esthétique anti-moderne qu'à une réelle et profonde conversion, elle lui est un instrument de mesure et de satire des bêtises progressistes de son époque. Dans "Le Bonheur dans le crime", il les prend toutes à rebrousse-poil : le crime est impuni, le bonheur des héros est complet, ses héros féminins sont l'antithèse des rêveries morales de Michelet sur la Femme, et le bien ne triomphe pas du mal général et universel. En cela, Barbey fait en prose ce que Baudelaire, qu'il admirait, faisait en vers : montrer la beauté du mal, et tourner le dos avec mépris aux utopies du Bien, en quoi il demeure aussi choquant aujourd'hui.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, un petit chef-d'oeuvre... et ça passe ce soir à la TV sur france 2...



Dans la collection « Contes et nouvelles du XIXe siècle ». Téléfilm de Denis Malleval (France, 2008). Scénario : Bruno Tardon, d'après la nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly. 55 mn. Inédit. Avec Didier Bourdon : le Dr Crosnier. Marie Kremer : Claire Stassin. Gregori Derangère : Charles de Savigny. Gaëla Le Devehat : Delphine de Savigny. La collection de fictions « Au siècle de Maupassant »
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

dans une langue française dont on se délecte, une histoire d'amour et de mort digne d'un polar ... mais avec du style et une merveilleuse étude de caractères

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Passion d'âmes et d'honneur se croisant et se ferrant jusqu'à l'ultime.

A découvrir dans son romantisme et aventure d'un siècle de sentiments et de révolutions.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

"Le bonheur dans le crime" et "La vengeance d'une femme" sont deux nouvelles extraites d'un recueil de Jules Barbey d'Aurevilly intitulé : "Les diaboliques". Deux portraits de femmes rapportés par des hommes les ayant ponctuellement côtoyé.

La première, Hauteclaire Stassin, fut initiée dès son plus jeune âge à l'art de l'escrime, faisant d'elle une redoutable et imbattable adversaire. A la tête de la salle de son père, elle croise régulièrement le fer avec le comte de Savigny. De ces échanges d'armes va naître bien plus qu'une simple compétition sportive...

La seconde, la duchesse d'Arcos de Sierra-Leone, s'est retrouvée engagée dans un mariage sans amour entre deux puissantes maisons nobles. Pourtant l'amour, elle va le connaître et quand son époux la prend sur le fait, il ne se prive pas pour y mettre fin de la plus atroce des manières. Mais il n'a pas encore goûter à la vengeance d'une Turre-Cremata…



Je ne connaissais Barbey d'Aurevilly que de nom, et j'étais même bien incapable de le situer temporellement. En piochant régulièrement dans la collection Librio à 2€, je m'ouvre à des auteurs et des œuvres que je n'aurais pas tenté ou retenté de prime abord. Une bonne chose car je situe désormais mieux cet auteur et j'en ai apprécié les deux textes réunis ici. L'une comme l'autre des femmes présentées dans ces nouvelles incarnent une férocité et une détermination incroyable pour obtenir ce qu'elles désirent le plus ardemment : l'amour pour l'une et la vengeance pour l'autre. Chacune d'elle prête à se damner mais certaine de son succès.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Comme c'est agréable de retrouver cette langue magnifique du XIXe siècle ! Un vrai régal de mots rares, de tournures désuètes, de subjonctifs.... le tout sur une histoire tellement moderne qu'elle a dû choquer à l'époque !

Un couple heureux, qui s'aime toujours après tant d'années de vie commune. Et caché, un secret, un meurtre...

Difficile de trop dévoiler l'intrigue de cette nouvelle qui a un côté cynique ou diabolique. Un vrai régal !

Je découvrais Barbey dAurevilly avec ce texte. Je pense bien continuer la découverte de son oeuvre !
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Voici encore ici un ecrivain classique oublié qui merite dexretrouver la lumiere et de voir ses oeuvres mises en valeur et relues.Jules Barbey d'Aurevilly nous offre ici deux nouvelles aux canevas classiques mais qui ont tres bien traversees le temps, elles pourraient se derouker de nos jours !Le style classique est agreable et la lecture facile,bref un bon roman à découvrir.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Ah ça c'est ce que l'on peut appeler une belle histoire d'amour !

C'est complètement immoral et ce n'est pas par hasard que cette nouvelle est extraite du recueil "Les diaboliques" de Jules Barbey d'Aurevilly.

Il y a effectivement un petit diable qui se balade au-dessus des têtes dans "Le bonheur dans le crime".

C'est l'histoire d'un crime parfait chez les aristocrates, milieu dans lequel les valeurs mènent à préférer la mort au déshonneur. Et cela pour que l'amour d'un couple amoureux triomphe en dehors des conventions.

Malheureusement, on retrouve le principal défaut de Jules Barbey d'Aurevilly. Il est tellement misogyne que ça gâche le plaisir de lecture. Il est vraiment dommage de lire certains propos alors que j'ai apprécié l'intrigue, par exemple "toutes les filles que le diable avait mis sur son chemin" ou "Et elle était là-dessous d'une beauté pleine de réserve, et d'une noblesse d'yeux baissés, qui prouvait qu'elles font bien tout ce qu'elles veulent de leurs satanés corps, ces couleuvres de femelles, quand elles ont le plus petit intérêt à cela..."

Pour lui, il est bien évident que c'est la femme qui agit pour tuer sa rivale... couleuvres de femelles !

On pourrait en rire tellement c'est caricatural mais ce n'est pas vraiment drôle.





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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Jules Barbey d'Aurevilly a un style magnifique, classique mais fluide.



La femme qui fait baisser les yeux à une panthère dans le texte "Le Bonheur dans le crime" , on l'imagine mal, vu comme elle est décrite, abandonner son indépendance, même par amour. Autant le comte, on peut comprendre la crainte du qu'en-dira-t-on et les pressions sociales associées à son rang, autant cette femme décrite comme étant libre et audacieuse, se plier à cette comédie, on a du mal à y croire. Même en ayant la compensation d'être auprès de l'objet de son amour et de continuer à ferrailler avec lui à la lueur du clair de lune, cette vie de domestique ne lui sied point. La suite funeste est inévitable. Il est aussi invraisemblable qu'un amour commençant sur de telles bases puisse durer dans le temps, comme dans ce texte.



C'est pour cette raison que je préfère le second texte, "La vengeance d'une femme". La cruauté dont fait preuve son mari à cause de son orgueil blessé, n'a d'égal que la terrible détermination de sa femme à se venger. Cette histoire où elle apparaît flamboyante, brûlant d'un feu intérieur attisé par la haine, est admirable. On la visualise parfaitement, se roulant dans la fange pour que cette boue éclabousse celui dont elle abhorre le nom. L'autre raison est que dans ce texte, elle raconte son histoire elle-même, alors que dans "Le bonheur dans le crime", l'histoire est contée par le médecin, témoin de bien des scènes immorales, mais néanmoins impuissant à transcrire les pensées de Hauteclaire.

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..



Quoi de plus indiqué, pour finir l’année dans le bonheur, que cette nouvelle, piochée dans « Les Diaboliques » parfaitement incorrecte et immorale.

Au Jardin des plantes, un médecin, dont Barbey d’Aurevilly décrit longuement l’athéisme et le cynisme contemple en compagnie du narrateur une panthère de velours noire, « magnifique échantillon des redoutables productions de son pays…forme idéale de beauté souple, de force terrible au repos, de dédain impassible et royal ».

L’autre panthère, vêtue celle-là d’une longue robe de satin noir, puissante, impérieuse, inquiétante par sa puissance animale, apparait, au bras d’un homme bien connu du docteur. « La femme, l’inconnue, était comme une panthère humaine, dressée devant la panthère animale qu’elle éclipsait. »

Et qu’elle domine, malgré les barreaux.

La bête sent ce pouvoir, baisse la tête, ferme les yeux, fascinée.

Mais notre héroïne ne se satisfait pas de ce triomphe, elle passe le bras dans la cage, fouette avec son gant le museau de l’animal » qui arrache… le gant, pas le bras, avec une soudaineté et une violence inouïe « la formidable bête outragée avait rouvert des yeux affreusement dilatés, et ses naseaux vibraient encore… »

Cette scène d’ouverture donne le ton, d’abord de l’amour fou du couple, et de leur crime impuni, longuement médité, ne leur suscitant aucun remords, dont nous allons prendre connaissance grâce au médecin.

Ils s’affrontent au fleuret, ces deux amants, et se jouent de la femme (puisque Serlon est marié) qu’ils empoisonnent : mais, et là réside tout le génie de Barbey d’Aurevilly : l’épouse abusée préfère le silence, pour « tenir son rang de noble » et ne veut pas se venger.

Je meurs, dit-elle, et eux sont dans les bras l’un de l’autre, heureux et délivrés de moi.

Car « ces deux êtres, immuablement beaux malgré le temps, immuablement heureux malgré leur crime, puissants, passionnés, absorbés en eux », continueront à partager leur bonheur.

Le vice puni, et la vertu récompensée ? foutaises, semble dire Barbey d’Aurevilly, (même s’il s’en défend, bien évidemment) en comparaison avec la passion entière, durable, miraculeuse et sans une ombre, de ces « deux animaux de la même espèce. »

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Après avoir vu le film Hauteclair, je me suis empressée de retrouver le texte de Barbey dont la langue est si savoureuse.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Le Jardin des Plantes, une panthère noire dans sa cage et, devant elle, de l’autre côté des barreaux, un couple d'amoureux un peu androgynes et diaboliquement assortis. Deux observateurs, de loin, regardent la scène...



La femme, toute en noir, svelte, souple - féline !- frappe de son gant le mufle de la bête fauve...qui réagit, furieuse, et le lui arrache. Échange de regards, duel de sauvageries. « Panthère contre panthère ».



Un des observateurs, médecin, raconte alors à l’autre l’histoire ce couple fascinant et hors norme, qu’il a reconnu et fréquenté. Ce sont deux assassins impunis, deux grands fauves solaires et noirs lâchés dans la ville. Deux amants soudés par la passion et le crime. Et insolemment heureux.



Le Bonheur dans le crime est un bijou, -oui, un vrai « diamant noir »- sans conteste la plus belle nouvelle des Diaboliques- qui installe son pouvoir de captation dès les premières lignes.



La langue est belle, ciselée, choisie, pleine de ces élégances un peu décadentes qui font la marque des dandys comme Barbey.



Les personnages sont magnifiques, amoraux, agis par la violence de leur passion, aimantés invinciblement l’un par l’autre, mus par un désir qu’aiguillonne d’abord le feu de la joute dans la salle d’escrime -Hauteclaire Stassin est fille d’un maître d’escrime et joue du fleuret comme un homme- et bientôt le plaisir même de la transgression, le goût de la provocation et du scandale.



Rien ne les arrête : ni la décence, ni la limite imposée par l’époque à leur sexe ou à leur état- elle est femme et roturière, lui est noble et marié- ni la morale, ni la religion , ni la maladie, ni la mort…Ni le regard des pauvres mortels insipides qu’ils toisent du haut de leur amour.



Ni celui, vert et or, de la panthère noire du Jardin des Plantes…



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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Quelques surprises ont fait de ce livre un "lu aussi". L'origine du titre est finalement bien trouvée. Mais l'histoire met du temps à démarrer et m'a vraiment gênée.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Je suis peu encline aux critiques dithyrambiques qui usent de beaucoup trop grands mots pour des textes interchangeables, cependant c’est avec un tel enthousiasme et une telle admiration que j’ai refermé ce livre que je m’empresse d’ecrire une critique aussi enthousiaste et admirative que possible.

Car quel talent pour l'écriture dans un vocabulaire ciselé comme une dentelle de Calais et un timing précis comme une horloge suisse, quelle science pour les portraits psychologiques, quelle connaissance intime des femmes et des hommes il faut pour écrire un bijou pareil, que vous lirez en un peu plus d’une heure et qui vous feront peut être considérer Jules Barbey d’Aurevilley comme un des plus grands écrivains classiques. Ensuite, courez dévorer « une vieille maîtresse », c’est beaucoup plus long mais tout aussi savoureux.
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