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Critiques de Jules Supervielle (90)
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L'enfant de la haute mer

J'avoue avoir été surprise par le format : je pensais que L'Enfant de la haute mer était un récit - or, il s'agit de 8 contes différents. Je ne pense pas détailler chaque conte, mais l'effet d'ensemble est à la fois varié, avec des univers et personnages très différents, tout en gardant un ton uni, poétique et légèrement fantastique, voire même surréaliste.



De la cité engloutie dans "L'Enfant de la haute mer", à la ville sous l'océan qui accueille les noyés dans "L'Inconnue de la Seine", nous nous promenons par la crèche de Jésus dans "Le Boeuf et l'Âne de la crèche", le royaume des Ombres dans "les Boiteux du ciel", une cité indienne dans "Rani", la maison bourgeoise d'une famille tranquille dans "la jeune fille à la voix de violon", les champs de courses d'Auteuil, avec Rufus l'homme-cheval, et un rancho dans les plaines d'Amérique latine, dans "la piste et la mare".



Nous voyageons, et ces univers ouverts, le temps d'un conte précisément ciselé, se déroulent entre rêve et réalité, imagination et trivialité, superbe et bassesse ; l'atmosphère est comme hors du temps, philosophique et métaphysique, non sans quelques touches délicates d'humour. Il s'y pose la question de la mort, de l'éternité, de la perception de l'existence. Il se dégage également une douce mélancolie de leurs intrigues, ce sont des personnages qui, souvent, n'ont pas eu de chance, ou ont été trompés, égarés, ou encore sont différents et plus ou moins rejetés...



Tous ces contes m'ont plu, et je les ai lus avec plaisir, j'ai préféré "Le boeuf et l'âne de la crèche", qui donne un point de vue original sur la naissance de Jésus, en une langue très poétique. L'ensemble me fait penser à ces crèches en terre d'Amérique latine, naïves et colorées, pleines de vie.
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Le voleur d'enfants

J’avais lu ce livre lorsque j’étudiais Supervielle au lycée, j’étais sous le charme de sa poésie. Son style a gardé sa fraîcheur et c’est ce qui sauve ce curieux roman. Je pense n’avoir pas compris tout ce qui était en jeu dans le désagréable personnage du voleur d’enfant. Le titre peut sans doute évoquer des thèmes sordides, mais aujourd’hui l’actualité libère la parole volée des enfants. Et cent ans plus tard, l’on ne peut plus accepter des histoires comme celle-ci.

Le point de vue dominant est celui d’un homme dont la folie perturbe la domination de ses pulsions. Il vole donc des enfants qu’il juge malheureux. Son emprise sur la famille est décrite, mais l’auteur ne le juge pas. Les enfants apparaissent bien falots, quel dommage de ne pas les avoir mis au centre du récit !

Avec un point de vue pas seulement masculin, Jules Supervielle aurait pu réussir un récit moins décevant.

La poésie de l’écriture offre heureusement quelques surprises qui rappellent l’émerveillement que m’on procuré ses poèmes.

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Boire à la source, confidences de la mémoire et..

On retrouve, délié en prose, des thèmes chers à Supervielle qui faisaient vers.

Autobiographie traversée par le passage, les marques du temps, où il flotte comme un air de fables au long du récit, dans un style un peu incolore mais léger, aérien et toujours juste : c'est que sa voix préférée le peu pertinent au beaucoup qui produit trop de de déchets.

Supervielle se surplombe sans arrêt et son introspection aussi est poétique, qu'il traite des traversées maritimes, de son enfance, des bovins ou de la guerre. Belle distance avec lui-même.

Nous sommes un corps pensant et / ou un esprit incarné semble nous dire le poète avec brio et incrédulité.
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Le forcat innocent / Les amis inconnus

Le volume 41 de la collection Poésie aux éditions Gallimard regroupe en un seul volume deux recueils du poète Jules Supervielle (1884-1960), Le forçat innocent (1930) et Les amis inconnus (1934). On touche probablement ici à la quintessence de l’œuvre poétique de l’auteur alors en pleine maturité, maîtrisant le verbe et sondant en connaisseur ses hantises et ses faiblesses. Le vers est limpide quand le propos est sombre. Jules Supervielle a l’art d’évoquer le chaos avec délicatesse, a suggérer le trouble avec trois fois rien. Ainsi, lorsqu’il évoque un simple cavalier qui passe dans « L’allée », le lecteur sent un frisson le parcourir en songeant qu’il pourrait s’agir d’un des quatre cavaliers de l’apocalypse : « Ne touchez pas l’épaule/Du cavalier qui passe,/Il se retournerait/Et ce serait la nuit ». Dans la section intitulée « Sillage », on trouve d’incroyables vers qui résonnent d’un éclat noir ; ainsi celui-ci extrait du poème « Souvenir » : « Quand notre amour sera divisé par nos ombres ». La légèreté du vers, la simplicité du vocabulaire, la profondeur du regard, la mélancolie sans borne qui pulse dans l’image, tout cela suppose d’approcher avec délicatesse la poésie de Supervielle et de la chuchoter en soi sous peine de la plomber et de l’abattre en plein essor. Ses mots n’ont pas plus d’épaisseur qu’une pensée errante, une parole poétique comme un oiseau tenu en main : « Et puis ouvrir les mains./Combien d’oiseaux lâchés/Combien d’oiseaux perdus qui deviennent la rue/L’ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue. » Plus on vieillit et plus les deuils s’accumulent. La poésie de Jules Supervielle devient alors essentielle et constitue ce précieux viatique qui permet, dans les courts instants de répit, d’approcher au seuil de l’indicible et de ressentir la vacuité qui gît en nous.
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Le voleur d'enfants

Je connaissais déjà Supervielle comme (grand) poète, mais je n'avais jamais découvert sa prose. J'ai réparé cette lacune en lisant ce court roman. J'avoue que cette lecture m'a un peu désarçonné. En effet, l'auteur nous met en présence d'un (vrai) voleur d'enfants, le colonel Philémon Bigua, présenté comme bienveillant et altruiste. Sa motivation principale ? il n'a pas pu avoir d'enfants avec son épouse. Dès les premières pages, on le voit en action: il kidnappe "gentiment" Antoine, un enfant de 7 ans. Il a une sorte de génie pour "choisir" les enfants qui ont du mal avec leur vie familiale. Par exemple, Antoine est plutôt mal aimé par sa mère. Donc il n'accepte pas la proposition de Bigua d'être ramené immédiatement chez lui, après son rapt. Tout va pour le mieux, dans le meilleur des mondes ? Non, car de nouveaux venus au domicile du colonel apportent le trouble: Bigua est déstabilisé dans son jeu de rôle d'aimable père de substitution. Je n'en dirai pas plus.

Le sujet et le ton de ce petit roman m'ont semblé assez bizarres et peu attractifs. Donc je n'ai pas vraiment apprécié "Le voleur d'enfants".

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L'enfant de la haute mer

A lire et à relire.
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L'enfant de la haute mer

Quelques contes en recueil que j'ai lus et relus et que je connais suffisamment pour les dire aux enfants, car ils sont très appréciables. J'ai particulièrement aimé le titre La Jeune Fille à la Voix de Violon ! Si certains d'entre vous ont des références de contes similaires, je suis preneur !
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L'enfant de la haute mer

Dans ce livre, vous trouverez :

Un enfant dans un village vide en bord de mer,

La Crèche visitée et revisitée,

Une noyée qui ne se sent pas morte parmi des ombres grises,

Un homme défiguré condamné à la solitude, Une enfant à la voix étonnante,

Un homme en son cheval (oui, « en » et pas « et »...),

Un crime qui ne reste pas impuni.



Il y a un parallèle évident avec les nouvelles de Michel Tournier : j'y retrouve le même enchantement et la même poésie un peu folle. La douceur aussi et le goût d'un merveilleux qui n'est pas niais, mais qui réapprend à rêver. « Souvent les bœufs font semblant de ruminer alors qu'au fond de leur âme ils chantent. » (p. 37) C'est beau, tout simplement, parce que c'est faussement naïf, mais véritablement candide. Ça parle de l'homme et ça célèbre son pouvoir d'imagination. « Marins qui rêvez en haute mer, les coudes appuyés sur la lisse, craignez de penser longtemps dans le noir de la nuit à un visage aimé. » (p. 22)



Pendant mes études, j'ai étudié La fable du monde du même auteur. Ce poème au long cours raconte la création du monde. Et j'ai retrouvé dans ce recueil de contes la même spiritualité profonde. « Quand le visage est obligé de sourire pour des besoins professionnels, il faut bien que notre humaine tristesse se réfugie quelque part. » (p. 149)



L'enfant de la haute mer est une magnifique lecture dont j'avais, sans le savoir, le plus grand besoin.
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Supervielle : Oeuvres poétiques complètes

Supervielle, contemporain des surréalistes et en marge de ce mouvement, et de ce fait, sans doute, moins bien connu, moins "médiatique", est un poète merveilleux, poète de l'énigme: du temps, de la mort, de l'amour, de l'univers....Une poésie pleine de mystère, au rythme lent et fluide, mais aussi une poésie humaniste, de la fraternité et de la tendresse.

Je rejoins les autres critiques: il reste méconnu, c'est dommage, mais notre époque chargée d'immédiateté, inondée par les médias et les réseaux sociaux, sait elle encore prendre le temps de se laisser porter par des vers comme ceux de ce petit poème appris par coeur:

"Me faut il tant de jours pour qu'un jour je délivre

Ce qui se précisait en moi comme en un livre

Et pour qu'à la lumière affleure l'être obscur

Qui volait dans le noir comme un oiseau futur

Oui, d'un vol à venir je forme le présent

En le faisant sortit d'un passé nonchalant

Et voici mon toujours qui débarque à ma plume

Avec ce qu'il y faut de soleil et de brume."



Et tant d'autres poèmes magnifiques, dont les Chevaux du Temps, cité par une autre Babeliote. ou encore ce merveilleux poème cité par Daniel Pennac dans Chagrin d'Ecole...et qui commence ainsi,

" Ne touchez pas l'épaule

Du cavalier qui passe.

Il se retournerait

Et ce serait la nuit.....

Et qui pour moi évoque irrésistiblement ces hommes porteurs de malheur, si nombreux de tout temps, et avec lesquels ils ne faut jamais composer...

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Supervielle : Oeuvres poétiques complètes

Jules Supervielle



Jules Supervielle (1884-1960) fait partie des poètes oubliés, malgré les rééditions au XX° siècle de ses œuvres, trop éloignées des courants de la poésie moderne et par ailleurs assez rebelles au classement, sans doute après son élection comme « Prince des poètes » en 1960 . L’auteur, né en Uruguay comme avant lui Lautréamont (en1846) et Jules Laforgue (en 1860), de parents français, a très tôt été tiraillé entre deux patries et deux cultures. Il sera toujours à cheval entre deux continents. Très tôt aussi, il a été orphelin ce qui l’a initié à l’idée de la mort. Ce furent pour lui deux déchirures qui ont nourri sa poésie d’autant que le décès de ses parents lui fut longtemps cachée par sa famille d’adoption et qu’il a dû, à l’âge de dix ans, quitter l’Uruguay pour venir en France avec son oncle et sa tante qui l’avaient recueilli, ce qui s’est traduit chez lui par une crise d’identité. Ses premiers essais d’écriture datent de cette époque, comme un exorcisme, mais son mode d’expression, inspiré de la poètes classiques français, ne lui a pas permis, à cette époque, de s’exprimer pleinement.

Son pays d’origine lui a donné cette impression d’espace et de liberté avec la pampa et la mer mais à son arrivée en France, Paris et son lycée parisien lui ont paru bien petits et il n’a trouvé en littérature que bien peu de références de son pays perdu. Ce n’est que bien plus tard qu’il retournera en Uruguay, s’y mariera, mais son écriture n’aura pas pour autant cette empreinte américaine et restera marquée par les parnassiens, et ce d’autant que les milieux littéraires uruguayens était largement influencés par la culture française. Rentré en France en 1910, son second recueil de poèmes(Comme des voiliers) est salué en Sorbonne pour la qualité de la langue française et ce d’autant qu’on s’intéresse de plus en plus à cette époque à ce qui se fait outre-atlantique. Revenu à Montevideo il raille gentiment la société citadine mais c’est la guerre qui le ramène en France où, après le conflit, il commence à s’affranchir des contraintes de la prosodie, adopte le vers libre pour ensuite donner libre court à son envie de célébrer la nature sud-américaine en vers rimés plus personnels et rejette l’alexandrin français au profit de l’alexandrin espagnol (14 syllabes). Il s’exprime aussi en prose et s’essaie à la fiction du conte et de la nouvelle, parfois un peu extraordinaire et même inattendue, ainsi qu’ au théâtre, retrouve la trace de sa famille française à Oloron Sainte-Marie et réussit grâce à l’écriture à faire la synthèse de sa double origine, réalisant une sorte de trait d’union entre l’Europe et l’Amérique du sud autant qu’entre la vie et la mort.

Il participe d’ailleurs activement, après la deuxième guerre mondiale à des échanges culturels entre la France et l’Uruguay, reste un poète résolument français, à la fois couronné par l’Académie française et attentif à la poésie contemporaine, mais toujours respectueux de ses deux cultures et de ceux qui les ont illuminées de leur talent. Il sera d’ailleurs, peu de temps avant sa mort sacré par ses pairs français « Prince des poètes » avec un hommage conjoint rendu par la NRF et une célèbre revue culturelle de Buenos Aires. Il reste un écrivain, à cause de ses origines sans doute, où se conjuguent les contraires, poète à l’écriture classique, en marge du mouvement surréaliste auquel il ne participa pas, désireux au contraire de maîtriser l’inspiration inconsciente pour mieux la fixer avec des mots même si ses poèmes peuvent parfois avoir un aspect ambigu.



Actuellement en France la poésie qui fait pourtant partie intégrante de la littérature n’est connue par le grand public que si elle passe par la chanson. Que je sache ce n’est pas le cas des poèmes de Jules Supervielle. C’est sans doute dommage et son côté « classique » y est sans doute pour beaucoup. On peut toujours rêver qu’un chanteur à succès se penche sur son œuvre. Ce serait une belle redecouverte.
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L'enfant de la haute mer

« L’enfant de la haute mer » Jules Supervielle (Folio 158 pages)

Écrites en 1931, huit nouvelles d’un auteur que je n’avais jamais lu - mais n’avais-je pas appris l’un ou l’autre poème de lui durant ma scolarité du primaire ? Juste le souvenir du nom.

Impossible à résumer, ces brèves convoquent l’onirisme, le fantastique, le surréalisme, parfois une certaine religiosité, et ici ou là une touche d’humour, aucune n’est réellement ancrée dans la réalité. On aime ou pas, moi je n’ai pas vraiment ressenti d’émotion. Une enfant qui vit dans un village impalpable et visible par elle seule, désert et irréel sur l’océan ; une parisienne qui se jette dans la Seine et finit, âme désincarnée, par être accueillie par les fantômes des profondeurs maritimes ; le bœuf et l’âne qui veillent très humainement sur Jésus dans la crèche, sans oublier de philosopher ; un indien promis au destin de cacique, mais qui défiguré, est rejeté par sa promise ; un jockey qui se transforme en son propre cheval… Et dans ces textes truffés d’ombres immatérielles l’on découvre que les morts ne sont pas forcément meilleurs que les vivants. Et d’ailleurs la mort est quasi présente partout dans ce recueil.

Il y a de jolies tournures de phrases, l’écriture est imprégnée d’une atmosphère poétique, mais ça n’a pas été suffisant pour m’embarquer, ni même me faire rêver un tant soit peu. Comme si cette forme de littérature, très datée, n’avait pas vraiment résisté au temps.

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La fable du monde

Réédition de 2017 de deux recueils de Jules Supervielle réunis en un seul volume, "La Fable du monde" et "Oublieuse mémoire" présentent quelque chose comme une mythologie poétique, où se mêlent les grandes figures (Dieu, Orphée, Vénus...) et d'autres, anonymes, qui concentrent mystère et universalité.

On retrouve ainsi "l'Enfant" en écho à la nouvelle "L'Enfant de la haute mer" du même Jules Supervielle, qui fait le lien entre la poésie et la prose.

Le lyrisme sert également le thème de la nature, qui s'incarne et dont les personnages (la terre, la mer, le vent...) deviennent les intimes du lecteur par le biais de la métaphore.
Lien : https://thomasspok.blogspot...
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Supervielle : Oeuvres poétiques complètes

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La fable du monde

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Le forcat innocent / Les amis inconnus

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Le forcat innocent / Les amis inconnus

Avec ses mots toujours simples, Supervielle n'a pas son pareil pour écrire selon les mouvements d’une mer paisible. Sa plume se dépose sur la p(l)age par douces vagues, et se retire en y laissant d'innombrables chemins dessinés par des ruisselets d'encres. Des pistes diffuses, vers les origines. Pour le lecteur, cet écoulement est difficile à « saisir » sans déformer les motifs tracés. Ainsi les vers suivants lui sont-ils présentés comme un problème à résoudre :



« Saisir, saisir le soir, la pomme et la statue,


Saisir l'ombre et le mur et le bout de la rue.

Saisir le pied, le cou de la femme couchée »



Le lecteur n'est pas seul à trébucher maladroitement dans ses tentatives pour s'approprier le sens de ces images : la mémoire du poète l'éloigne aussi de ces choses qui lui sont chères. Leur existence de jadis est oblitérée, remplacée par un présent observable dans des oiseaux prenant leur essor. Une rêverie mélancolique s'installe.



« Combien d'oiseaux lâchés 

Combien d'oiseaux perdus qui deviennent la rue,

L'ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue.».



Face au tourment du temps qui s'écoule, Supervielle recherche en permanence l'apaisement, et le trouve dans l'humilité, qui efface son corps et « coupe à ras » ses mains avides de tout ramener à celui qu'il a été. En dissolvant sa vie dans la nature, Supervielle surmonte sa crainte de la mort, et semble même avoir oublié de la rencontrer, puisqu'il nous parle encore :



« Disparais un instant, fais place au paysage,

Le jardin sera beau comme avant le déluge,

Sans hommes, le cactus redevient végétal,

Et tu n'as rien à voir aux racines qui cherchent

Ce qui t'échappera, même les yeux fermés.

Laisse l'herbe pousser en dehors de ton songe

Et puis tu reviendras voir ce qui s'est passé. »
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L'enfant de la haute mer

La première nouvelle qui donne son titre au recueil est tout simplement magnifique
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Supervielle : Oeuvres poétiques complètes

Un des plus grand poète du XX° siècle; plus moderne que les grands maitres comme Hugo ou Baudelaire, plus accessible que les surréalistes... à lire impérativement! Le court poème "Les Chevaux du temps" est à lui tout seul un incontournable, probablement mon poème préféré tous auteurs confondus!
Lien : https://www.dailymotion.com/..
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Gravitations

Recueil que je relis avec beaucoup de plaisir.

Des poèmes hors du temps : anciens, actuels, rimes, non rimes, rythme, non rythme, lyrisme, non lyrisme... Tout cela, toutes ces frontières, toutes ces catégories, se trouvent comme par enchantement largement dépassées avec Superviel : aucune mode, aucune idéologie, rien à prendre de "l'air du temps" dans sa mauvaise acception du terme, mais tout à prendre de la poésie !!!... sur les tempos de la vie certes, mais avec ce "je ne sais quoi" de fable, de rêve intemporel, universel, de limpidité aussi qui pour ma part me vont à ravir et me séduisent...

*

Merci à babelio pour me donner ainsi l'occasion et l'envie de "revisiter" les livres de ma bibliothèque !!!

*

Superviel ? à lire et à RE-lire donc ! ...
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L'enfant de la haute mer

Chez Supervielle, rien ne s'efface facilement. Les désirs et les regrets maintiennent les corps dans une dérive douce-amère à travers la nature, et l'eau en particulier. La mer alimente la rêverie de cet auteur, car elle rattache la France à l'Uruguay de son passé. Elle donne à voir une enfance inaccessible, à l'image de cette jeune fille incapable de grandir et retenue dans une ville marine invisible même aux navigateurs, sans issue apparente. L'image de sa vie au milieu de l'océan surnage dans les songes du lecteur, mais pas que.



Supervielle rumine l'enfance perdue, obsession d'une (re)naissance impossible. Ainsi, le pauvre boeuf de la crèche, subjugué par la Nativité, néglige sa propre vie, qui lui paraît dérisoire et l'abandonne à l'enfant qui le fascine, un sacrifice perdu dans les révérences de la nature, d'autant plus beau qu'il est inutile.



L'humour fantaisiste souligne parfois l'impossibilité du renoncement, tel ce jockey changé en cheval qui conserve sa jalousie humaine envers son ancienne maîtresse (au sens amante) devenue sa maîtresse (au sens de propriétaire).



Nous flottons avec ces personnages, loin de leur vie passée. La dérive ne peut s'achever qu'en laissant la bulle mélancolique éclater et se disperser à la surface. Via une mort définitive ou une parole amoureuse, comme dans la nouvelle "Les boiteux du ciel".



Avec des thématiques aussi sensibles, il serait aisé de tomber dans le pathos larmoyant et la niaiserie. Et c'est là que Supervielle est immense, puisqu'il zigzague tout en simplicité entre ces écueils, avec la même douceur que ses héros noyés. Pour rejoindre la haute mer. Et s'assurer qu'un peu de sa vie persiste, au delà de la mort.
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