AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jules de Goncourt (44)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Germinie Lacerteux

Je me demande bien pourquoi, alors qu'on fait (à juste titre) grand cas de Zola, ce roman des Frères Goncourt est tombé pratiquement dans l'oubli. Germinie Lacerteux est un modèle de roman social inaugurant le roman naturaliste. Trop réaliste peut-être, impitoyable sur la bêtise, l'égoïsme et la cruauté des êtres entre eux, il ne fait pas de cadeau aux classes populaires ni à la société en général.

L'histoire est simple : une jeune fille de la campagne, après bien des difficultés, devient bonne à Paris chez une vieille demoiselle un peu aigrie mais bonne et tombe amoureuse d'un aigrefin qui la mènera à sa ruine.

Les Goncourt, s'inspirant des portraits au vitriol de Balzac, ont tout réinventé :

-La façon de typer les personnages et d'amorcer le drame en présentant dès le départ les éléments qui, mis bout à bout le produiront.

-La manière d'utiliser les descriptions pour faire des tableaux extrêmement visuels et précis, plaçant ainsi le(s) décor(s) du drame, dans un espèce de poème en prose réaliste et cru.

-L'analyse rigoureuse et impitoyable de la psychologie des personnages dans le contexte d'une classe sociale étudiée en profondeur et en minutie.

-L'utilisation d'une écriture précise au vocabulaire riche et minutieux qui va à l'essentiel et n'utilise les détails que pour mieux appuyer son propos, faisant naître la vie d'éléments souvent sordides.

-La montée d'abord lente puis crescendo vers le drame et ensuite le decrescendo brutal qui, décrivant avec minutie la déchéance de l'héroïne aboutira à sa mort.

Zola nous apparaîtrait quelquefois moins brutal dans sa façon de procéder qu'Edmond et Jules de Goncourt, qui, à travers ce court roman, démontent impitoyablement les mécanismes d'une société qui broie les plus faibles. On comprend que la princesse Mathilde a pu écrire que "Germinie l'avait fait vomir". Ce n'est pas elle qui fréquentait les bas-fonds de la société du second Empire aux apparences joyeuses et frivoles, oui, mais pour qui ?

Ce livre me semble à redécouvrir autant pour le témoigage d'une époque que pour une meilleure compréhension de l'oeuvre de Zola. Si Balzac a tout inventé de l'analyse de l'âme humaine, ses successeurs l'ont dépassé en pragmatisme, en férocité et en analyse sociologique. Même si le trait est un peu forcé et que l'ensemble sente un peu trop la démonstration, cette vision d'une société matérialiste où l'amour sincère et naïf est récupéré par les malhonnêtes et les profiteurs fait froid dans le dos et sonne souvent très juste. Balzac ouvrait la porte à une possible rédemption ; ici l'enfer nous est ouvert.
Commenter  J’apprécie          441
Germinie Lacerteux

C’est le troisième roman écrit à quatre mains par Edmond et Jules de Goncourt, publié en 1865. Il eut une genèse singulière : à la mort de leur bonne, Rose Malingre, à qui ils faisaient confiance, les frères apprennent que Rose vivait une double vie. La servante sage et dévouée cachait une toute autre femme : elle buvait, se ruinait pour le fils de la crémière, a vécu une vie sexuelle débridée, a eu des enfants cachés, elle volaient férocement ses maîtres etc. Très vexés d’avoir été abusés à ce point, ils décident d’écrire un roman à partir de la vie de Rose. Un roman où le personnage principal sera une femme du peuple, un roman qui ne va rien embellir ni dissimuler. Les deux écrivains vont se documenter, frayer dans des endroits de perdition, fréquenter des bals populaires, discuter avec des témoins.



Le roman va donc dérouler la vie de Germinie Lacerteux, de sa naissance jusqu’à sa mort. Née dans la pauvreté, elle perd sa mère, le frère que la protégeait. Violée dans sa première place, elle finit comme bonne à Paris. Elle a la chance, après divers déboires, de travailler pour Mlle de Varandeuil, qui malgré sa noble naissance a elle-même connu une vie difficile, en particulier à cause de la Révolution, mais aussi à cause de son tyran de père. Profondément généreuse, elle fait des conditions décentes, enfin pour l’époque, à sa servante, à qui elle est attachée. Mais Germinie va suivre une pente fatale. Elle perd la tête pour un jeune homme, le fils de la crémière (comme Rose), a une fille de lui, qu’elle arrive à cacher à sa maîtresse, mais la petite meurt. Le jeune homme l’abandonne, et elle finit par tomber dans l’alcoolisme, tout en courant après les hommes. Sa mort va aussi ressembler à celle de son modèle, avec le scandale des révélations après le décès.



Même si ce livre a fait scandale, et qu’il a été condamné par la plupart des critiques et même par des amis des Goncourt, il a eu aussi ses admirateurs. Flaubert écrit que « la grande question du réalisme n’a jamais été si carrément posée ». Victor Hugo dit de leur roman : « Il a cette grande beauté, la vérité ». Mais c’est un tout jeune auteur qui va le mieux apprécier cet ouvrage, Emile Zola.



Les deux frères, en particulier Edmond, ont presque considéré que Zola les a pillé, et se sont demandé pourquoi il est plus célèbre qu’eux. A la lecture de Germinie Lacerteux, l’influence est évidente. Je conseille d’ailleurs à tous les amateurs de Zola de découvrir ce roman, ils y trouveront leur compte. Mais bien évidemment, Zola va y ajouter autre chose, notamment une construction romanesque plus efficace, le roman des Goncourt étant plutôt constitué de scènes superposées, très efficaces chacune dans leur genre, mais sans véritable progression dramatique, ni évolution cohérente du personnage. Même si les scènes de genre dans les différents lieux sont très bien rendus, il n’y a pas d’analyse sociologique globale d’un environnement, comme Zola saura le faire, dessinant toute une série de personnages convaincants, alors qu’à part Germinie, et pendant un moment Mlle de Varandeuil, tous les autres personnages sont un peu des comparses, voire des silhouettes chez les Goncourt.



Mais c’est à mon avis un très bon roman, qui décrit une réalité sordide de manière précise et vraie, sans reculer. Pas par goût de l’abject ou de la saleté (les poux que Germinie récolte dans son voyage vers Paris ont beaucoup choqué dans la bonne société) mais pour rendre compte. Ces deux frères qui manifestaient un tel dégoût du peuple dans leur Journal, ont peint leur personnage avec une forme d’empathie, comme ils montrent aussi à l’arrière fond la condition cruelle des femmes. Sans apitoiement ni sentimentalisme, mais en mettant devant les yeux des réalités crues, que l’on préfère ne pas voir. Comme ces abominables chambres de bonnes, pas chauffées, étouffantes en été, minuscules. Aucun romantisme, aucune rédemption, une sorte d’anti-romanesque aussi, avec ces différentes scènes qui se suivent, sans enchaînement narratif à tout prix. Ce qui d’une certaine manière donne un côté très actuel au roman, capter la vie du personnage dans ses instants forts, dans le moment qui passe.
Commenter  J’apprécie          279
Germinie Lacerteux

Pour une première fois que j'ai eu cette épineuse curiosité d'ouvrir enfin une oeuvre du duo Goncourt,, je me reproche à présent d'avoir tardé à lire

Germinie Lacerteux-, autant dire, c'est une magnifique découverte! Quel destin, que celui de Germinie Lacerteux! Pour ne pas dire la double vie de

Germinie Lacerteux! Orpheline, expédiée comme un coli en ville pour se trouver une place, Germininie sera confrontée à une vie qui n'aura qu'à perturber à chaque fois son équilibre émotionnel. ...
Commenter  J’apprécie          271
Germinie Lacerteux

Etonnante autant qu'émouvante découverte du tragique destin de Germinie Lacerteux, magnifié par plume des frères Goncourt, et qui fait comme un pont entre la Comédie humaine et les Rougon Macquart.

Publié en 1865 à presque équidistance des deux oeuvres, le roman emprunte à Balzac la peinture de moeurs à travers un destin singulier (en particulier dans le chapitre dédié à la maîtresse de Germinie, Mademoiselle de Varandeuil, parfait de bout en bout) et préfigure les grands romans sociaux de Zola. L'écriture elle-même m'a rappelée l'un et l'autre.



Le dossier qui accompagne l'édition que j'ai eu en main apporte un éclairage passionnant à cette oeuvre, rappelant que le personnage de cette petite bonne à la double vie fut inspiré aux frères Goncourt par la leur, Rose, dont ils ne découvrirent qu'à sa mort que derrière la figure de probité et d'humilité servile se cachait un tempérament de feu, des amours borgnes et douloureux, des dettes et un alcoolisme dévastateur et honteux.

Ainsi naquit le personnage de Germinie, gamine des campagnes envoyée à Paris, apprenant la vie par petites bribes au fil de ses placements auprès de tous les types de "Madame" que présentait la bourgeoisie, pour atterrir enfin au service d'une vieille noble déchue, elle-même bien amochée par la vie et qui la prend sous son aile.

Mais de cet ancrage sécurisé, Germinie va déchoir irrémédiablement pour les motifs qui ont fait chuter Rose, donnant lieu à des scènes absolument bouleversantes de femme bafouée, manipulée mais continuant d'aimer à la folie, tentant de racheter l'amour perdu jusqu'à la perdition, et d'oublier ses souffrances jusqu'à l'abjection.



Le dossier s'achève sur le papier louangeur qu'en fit un certain Emile Zola, et sur les lettres de félicitations aux auteurs de rien moins que Messieurs Flaubert et Hugo; c'est dire si ce court roman peu connu, conspué pour indécence gratuite à sa sortie, mérite de retrouver sa place entre ses aïeux et descendants.

Commenter  J’apprécie          250
Journal des Goncourt, tome 3

La lecture du tome III du Journal d'Edmond de Goncourt, de 1887 à sa mort en 1896, offre moins de plaisirs littéraires que les précédents. On y trouve moins de pages ciselées comme des émaux, moins de cruautés amusantes et peut-être même moins d'acuité de lecture et de jugement. L'homme vieillit, s'aigrit, le cercle de sa vie se referme sur des mondanités et des copinages littéraires plus ou moins sincères, jalousies, médisances, calomnies, dîners et rencontres rarement intéressants. Metteurs en scène, acteurs, actrices, directeurs de théâtre défilent, avec de puissants journalistes aujourd'hui bien oubliés. Cela trafique, marchande, négocie, et ce monde du théâtre joue un rôle décisif dans la carrière du romancier : comme Zola et tous les autres, Goncourt sait bien que ses livres imprimés n'auront de lecteurs que s'ils sont adaptés au théâtre. Ce volume est donc un document étonnant sur ce milieu à la fin du XIX°s. Le journaliste acquiert une influence déterminante, il fait et défait les succès, les échecs de la scène, la recette et les bénéfices de la salle. Un univers disparu de vieilles haines et rancunes recuites se trouve ici : l'écrivain prophète, le grand esprit dominant de 1830 est devenu l'esclave de journalistes illettrés, corrompus et malveillants. L'asservissement contemporain de la littérature à la presse commence ici, un peu plus d'un siècle avant nous. L'époque étant ce qu'elle est, M. de Goncourt est en plus d'un antisémitisme féroce, il se lie avec le Drumont de "La France juive" et du parti antisémite et suit de loin l'Affaire Dreyfus. Enfin, heureusement, il demeure l'esthète découvreur de l'art japonais qui savait charmer au tome II, mais les estampes et les objets cèdent la place à des considérations sur le marché des antiquités japonaises et sur les variations des prix. L'ère Meiji correspond en effet à un grand ménage par le vide des trésors du Japon ancien, qui affluent en Europe et en Amérique : un vrai marché se développe, et Goncourt côtoie Guimet, l'orientaliste fondateur du musée du même nom, une des merveilles d'aujourd'hui. C'est en somme un volume de journal : de l'ennui, des redites, des anecdotes, de bons endroits.



Un avantage suffira seul à faire acheter ce volume : l'index final des noms, de tous les noms figurant dans les trois tomes du Journal.
Commenter  J’apprécie          213
Madame Gervaisais

4ème de couverture du Folio Gallimard

Rome, la Ville sainte avec ses innombrables églises ténébreuses et étincelantes comme des grottes illuminées, la Ville solaire avec la vie grouillante de son peuple, l'enchantement de ses jardins, de ses fresques, de ses ruines, tout cela revit dans Madame Gervaisais, le dernier roman écrit par les frères Goncourt avant la mort du plus jeune, Jules, en 1870. Admirable témoignage sur la capitale du Baroque, ce roman est aussi un portrait de femme, dans la lignée des héroïnes douloureuses de la peinture, du roman et du théâtre fin-de-siècle. En organisant la rencontre entre la féminité ecclésiastique de Rome et la féminité parisienne de Mme Gervaisais, les Goncourt ont découvert la formule que Barrès rendra célèbre : Du sang, de la volupté et de la mort.
Commenter  J’apprécie          150
Germinie Lacerteux

Après Zola et Balzac, je cherchais des auteurs classiques à lire. Quoi de mieux que les frères Goncourt avec Germinie Lacerteux.

La double vie d'une bonne racontée dans ses détails les plus sordides. Un récit souvent pesant et très triste, mais tellement bien écrit que je ne regrette pas de l'avoir lu.
Commenter  J’apprécie          120
Manette Salomon

Dur d'être artiste-peintre au milieu du XIXème siècle...(!)



Ecrit dans un français d'une richesse remarquable - contrastant fortement avec nos productions actuelles, à croire que notre langue s'est profondément appauvrie - les descriptions abondent de détails - en particulier dans la technique picturale - et nous dévoilent nombre de facettes du monde des artistes-peintres, monde difficile à bien des égards.

En arrière-plan et en opposition, le personnage de Manette Salomon est décrite en des termes misogynes et antisémites (à remettre dans le contexte de cette moitié du XIXème) et est tenue responsable de substituer l'art véritable en commerce à profit.

Lecture difficile mais prenante, à découvrir entre Balzac, Zola ou Huysmans.
Commenter  J’apprécie          110
Madame Gervaisais

Ecrit par les frères Goncourt, je m'attendais à ce que ce roman soit un texte naturaliste, voire social. Or, il pourrait avoir été écrit au début du XIX ème siècle, par un auteur romantique. En effet, de nombreuses pages sont consacrées à la description de Rome, de ses ruines, de ses églises et de ses oeuvres d'art. Cela permet des réflexions sur l'écoulement du temps, la fragilité des civilisations, la puissance de Rome et sa chute, la grandeur du christianisme, la beauté des arts antiques et baroques. On peut retrouver de telles idées chez Mme de Staël, George Sand, Alexandre Dumas... Je pense ainsi au portrait du Colisée au clair de lune, classique semble-t-il du « Grand tour » des jeunes gens du grand monde aux XVIII ème et XIX ème siècles, présente dans le Comte de Monte-Cristo comme ici. Autre thématique qui est fréquente chez les écrivains romantiques, la toute-puissance de la Compagnie de Jésus : les Jésuites sont présentés comme un ordre secret qui a pour objectif de diriger le monde avec ses espions présents partout ; c'est ce que l'on trouve chez plusieurs feuilletonistes du XIX ème siècle comme Dumas, Sue...

C'est ensuite le portrait d'une femme, d'une veuve qui se replie sur son amour maternel. Là encore, ce n'est pas très original. Ce qui l'est d'avantage, c'est que le portrait de Mme Gervaisais est un portrait tout intellectuel et moral – à peine son âge ou sa couleur de cheveux sont-ils évoqués. Et c'est le portrait d'une philosophe, qui a cultivé sa raison, son esprit critique, et même son esprit voltairien - dans le sens d'athéisme. Elle est exceptionnelle pour son temps, trop intelligente et cultivée, une femme à part, ce qui déplaît à son mari jaloux. C'est un esprit fort, inhabituel chez une femme du XIX ème siècle.

Cependant, celle-ci se convertit et devient une dévote fanatique devenue complètement dépendante de son confesseur. En termes actuels, on dirait qu'elle sombre dans une dépression, ce qui en fait une proie pour un manipulateur, un pervers narcissique qui l'entraîne dans sa secte. Il est assez effrayant d'assister à son effondrement, surtout celui de sa conscience et de son intelligence, jusqu'à son amour maternel qui est annihilé.

De belles descriptions, mais bien trop longues avec des successions de listes - listes des églises, listes des dignitaires ecclésiastiques, listes des statues..., un rythme très - très - lent avec un temps dominant qui est l'imparfait, et des situations parfois caricaturales. A ne pas lire comme un roman naturaliste, mais comme un roman romantique anachronique.
Commenter  J’apprécie          90
Renée Mauperin

Quand on lit un roman des frères Goncourt, toujours la même interrogation qui ressurgit : alors, c'est mieux que Zola ou moins bien ? Je ne vais pas rentrer dans le débat, mais il est vrai qu'on a l'impression d'être en terrain connu, « l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire » pour reprendre le sous-titre des Rougon-Macquart – même si l'action se passe plutôt sous la Monarchie de Juillet. Ici, la famille présentée est celle des Mauperin, une famille de la grande bourgeoisie parisienne, entre son hôtel parisien, sa maison de campagne, son jour de réception, ses promenades au Bois ou ses sorties à l'Opéra. La modernisation du pays de la seconde moitié du XIX ème siècle est visible par l'origine de la fortune familiale, une sucrerie. Les ouvriers ne sont cependant présents que dans l'arrière-plan, aucun d'eux n'accède au statut de personnage.

Ce roman n'est donc pas un roman social, ni même sociologique. Le milieu fréquenté n'est qu'un cadre aux actions des personnages, pas un objet d'analyse en soi.

Au sein même de la famille et de ses relations, seuls quelques individus seulement sont caractérisés, leur psychologie développée. Le prêtre mondain, la mère de famille dévote mais pécheresse, et le jeune homme ambitieux et calculateur, ne sont pas des caractères véritablement originaux. Il y a des longueurs dans les descriptions d'un salon, les bavardages mondains, l'allusion aux courtisanes est déjà lue ailleurs...

C'est donc surtout le personnage de Renée qui est intéressant, notamment dans sa relation avec son père ; intéressante et émouvante. Ce type d'amour est, me semble-t-il, relativement peu présent dans la littérature du XIX ème siècle, moins en tout cas que les relations mère-fils, ou mère-fille. M. Mauperin est un officier de l'Empire, l'image même du soldat, de l'homme viril pourrait-on dire. Or, il joue avec sa fille quand elle est petite, s'occupe de sa tenue de bal, lui sert de garde-malade... De son côté, Renée aime tellement son père qu'elle ne veut pas le quitter, refusant les prétendants car aucun ne pourra être à sa hauteur. On pourrait presque voir un renversement des genres dans la famille, avec une fille sportive – les premières phrases nous la décrivent en train de nager et de discuter de façon libre avec un jeune homme dans une rivière, ce n'est pas le modèle de la jeune ingénue, qui dit ce qu'elle pense, refuse le mariage ; le père, lui, pourrait avoir des qualités associées traditionnellement au féminin.

Cependant, je dois avouer que le dernier tiers du livre m'a surprise, je m'attendais au retour à quelque chose de plus convenu, plus classique, un retour à la norme. J'ai donc trouvé la fin assez dure, mais en même temps très émouvante car pleine d'amour.

Ne comparons donc pas les Goncourt et Zola, lisons juste un bon roman quand on le trouve.
Commenter  J’apprécie          90
Germinie Lacerteux

Germinie Lacerteux défini en une phrase, ce serait l’anti Assommoir.

En effet, là où Zola semble se délecter de la déchéance de Gervaise, les frères Goncourt, quant à eux, proposent un portrait de fille du peuple – malheureuse –nettement plus nuancé, fin et empathique ; ce qui ne laisse pas d’étonner lorsque l’on sait, par ailleurs, avec quelle piquante cruauté ils brossaient les portraits de leurs contemporains, dans leur fameux Journal.

Sans doute, l’inspiration du personnage de Germinie n’est-elle pas étrangère à l’humanité que recèle leur roman. Car derrière Germinie se dessine en filigrane leur servante Rose qui, elle aussi, avait une double vie, ainsi que les auteurs le rapportent dans leur Journal : « Elle entretenait des hommes, le fils de la crémière, auquel elle a meublé une chambre, un autre auquel elle portait notre vin, des poulets, de la victuaille… Une vie secrète d’orgies nocturnes, de découchages, de fureurs utérines […] Une passion, des passions à la fois de toute la tête, de tout le cœur, de tous les sens, et où se mêlaient les maladies de la misérable fille, la phtisie qui apporte de la fureur à la jouissance, l’hystérie, un commencement de folie. […] Et à l’égard de ces hommes, c’était une ardeur si extravagante, si maladive, si démente, qu’elle — l’honnêteté en personne autrefois — nous volait, nous prenait des pièces de vingt francs sur des rouleaux de cent francs, pour que les amoureux qu’elle payait ne la quittassent pas.

Or, après ces malhonnêtes actions involontaires, ces petits crimes arrachés à sa droite nature, elle s’enfonçait en de tels reproches, en de tels remords, en de telles tristesses, en de tels noirs de l’âme, que dans cet enfer, où elle roulait de fautes en fautes, désespérée et inassouvie, elle s’était mise à boire pour échapper à elle-même, se sauver du présent. »

Mais on n’écrit pas une grande œuvre avec juste du vrai, et les innombrables romans-témoignage, qui nous infligent aujourd’hui leur indigence littéraire, sont là pour le démontrer. Ce qui fait la grandeur – tragique – de Germinie Lacerteux c’est non seulement son style mais encore sa force évocatrice, comme dans ce passage significatif entre tous : « Les jours succédaient aux jours pour Germinie, pareils, également désolés et sombres. Elle avait fini par ne plus rien attendre du hasard et ne plus rien demander à l’imprévu. Sa vie lui semblait enfermée à jamais dans son désespoir : elle devait continuer à être toujours la même chose implacable, la même route de malheur, toute plate et toute droite, le même chemin d’ombre, avec la mort au bout. »

Sur le fond, on pardonne tout à Germinie et l’on accable sans retenue les instruments de son malheur, tout en remerciant la Providence de lui avoir accordé une femme qui, elle aussi, a eu son compte de souffrances : mademoiselle de Varandeuil, sa maîtresse, qui, sa colère passée après découvert l’autre vie de sa domestique, comprendra que le malheur de Germinie était cause de ses agissements insensés et désespérés.

Car pour mademoiselle de Varandeuil, Germinie, « ce n’est pas une bonne, ce n’est pas une domestique pour moi, cette fille-là : c’est comme la famille que je n’ai pas eue !... » Aveu déchirant qu’il eût été bon de faire plus tôt à l’intéressée en mal d’amour au point de se jeter dans les excès les plus dévastateurs, dans les bras de créatures malintentionnées qui écumeront toujours le monde à la recherche d’âmes sincères à pervertir et détruire.

Tout cela est raconté avec une acuité psychologique qui me fait dire – ainsi qu’à d’autres ! – que Freud n’est pas tombé du Ciel. D’autres avant lui avaient pensé les souffrances psychiques…



De Germinie Lacerteux je ressors avec une indéfinissable tristesse et j’en remercie ses auteurs car, ainsi qu’ils l’ont écrit dans leur préface : « Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire à son hygiène. »

C’est la définition même de la littérature, je crois…



Commenter  J’apprécie          92
Deux sous de vérité

Morceaux choisis du Journal des Frères Goncourt.

Avant même de commencer la lecture, deux aspects du livre m’avaient mis l’eau à la bouche : l’objet lui-même, belle couverture, belle qualité de papier ; la promesse de lire des maximes et autres perles de ce Journal jusqu’alors inconnu me réjouissait.

Je n’ai pas été déçue. Tour à tour cyniques, égrillards ou littéraires, ces bons mots sont un vrai plaisir de la langue et surprennent tant la légèreté du ton est à mille lieux du sérieux qu’inspire le Prix littéraire mis en place par les frères Goncourt.

Un autre attrait de ce livre est que son format permet de l’emporter partout avec soi et son contenu n’étant pas narratif, il apporte un peu de légèreté pour quelques minutes disponibles.

Enfin, les illustrations du fameux Boll ajoutent au sel particulier de cet ouvrage.

Un beau cadeau à faire ou à se faire

Commenter  J’apprécie          90
Journal des Goncourt, tome 1

On se moquera de moi si je dis que ce livre est fait de pages ... Pourtant, c'est bien le cas : la seule unité de ce journal est le passage du temps, et chaque "page" semble un texte à faire, une vignette, une miniature, un récit, un instantané de la vie des frères Goncourt. Bien sûr, c'est la loi du genre, mais dans le cas de ces auteurs, cette loi du genre devient une manière d'écrire et de percevoir le monde en images, en mots et en scènes disparates, toujours variés, toujours écrits avec le plus extrême soin, même dans l'ordure. En somme, le Journal des Goncourt est une plongée dépaysante dans le Paris du Second Empire, livre voyageur à recommander à tous les amoureux de la belle langue et du style un peu rococo, livre kaléidoscopique.
Commenter  J’apprécie          90
Germinie Lacerteux

LE VIOL DE GERMINIE





Dans l'établissement il ne resta que Germinie et Joseph, le vieux garçon. Joseph était occupé dans une petite pièce noire à ranger du linge sale. Il dit à Germinie de venir l'aider. Elle entra, cria, tomba, pleura, supplia, lutta, appela désespérément…

La maison vide resta sourde.



Voyez avec quelle sobriété et quelle économie de moyens les deux frères évoquent le viol de Germinie. Tout est suggéré et laissé à l'imagination de lecteur. Certains (es) de nos écrivains (es) modernes qui se complaisent à nous décrire crûment et avec force détails -plus ou moins croustillants - de telles scènes auraient bien fait de s'en inspirer. Encore eût-il fallu qu'ils connaissent cette oeuvre, ce dont on peut douter !

le roman des Goncourt est l'analyse « scientifique » du cas de Germinie . Sans cesser de se dévouer à sa patronne, elle connaît l'ivresse, le vol, le viol, la débauche, la dépravation, la maladie, la mort et enfin la fosse commune. Mais « ce n'est pas l'histoire qui fait un bon roman, c'est le style » disait D Ormesson. Et comme vous pouvez le constater dans l'extrait présenté, chez les Goncourt, le style n'est pas un vain mot. Et tout est à l'avenant. Un vrai régal.

Commenter  J’apprécie          82
Germinie Lacerteux

Les frères Goncourt !

Chaque année, on prononce leur nom, mais qui à lu leur oeuvre ?

Vous peut-être , Bravo !

Personnellement j'avoue avoir attendu des années avant de soupçonner l'existence de "Germinie Lacerteux", et encore moins de "Soeur Philomène".

Pour vous présenter l'ouvrage, je vous soumets un extrait de la préface de la première édition, écrite par les Goncourt eux-même.



"Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai.

Il aime les livres qui font semblant d'aller dans le monde : ce livre vient de la rue.

Il aime les petites oeuvres polissonnes, les mémoires de filles, les confessions d'alcôves, les saletés érotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires ; ce qu'il va lire est sévère et pur. Qu'il ne s'attende point à la photographie décolletée du plaisir : l'étude qui suit est la clinique de l'amour.

Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne dérangent ni sa digestion ni sa sérénité : ce livre est fait pour contrarier ses habitudes et nuire à son hygiène."



Vous voilà prévenus !



Heureusement, au-delà de leurs écrits (Le journal y-compris) ils ont crée une dotation annuelle à partir de leur héritage permettant d'entretenir un comité qui récompense chaque année des oeuvres de création originales.



A vous de juger !

Commenter  J’apprécie          85
Germinie Lacerteux

« Le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». Il faut croire que Zola, à travers cette phrase, fut quelque peu dépassé par les évènements... En effet, les Goncourt nous font déjà visiter cet élan d'alcoolisme, de prostitution dans une atmosphère malsaine, impure qui règne dans la basse couche sociale parisienne. Germinie future Gervaise ? Ce qui semble clair, c'est que Les Goncourt seront précurseurs du naturalisme et Zola de la sociologie...

Roman à lire!
Commenter  J’apprécie          80
Journal des Goncourt - Bouquins : Coffret 3..

Grandiose fresque du XIXème siècle, véritable somme littéraire, le journal des Goncourt est précieux à plus d’un titre. C’est l’exposition sévère et rigoureuse, en une collaboration fraternelle fusionnelle, d’une époque, faite par deux types d’honnêtes hommes en fait d’art et d’écriture, couvrant près d’un demi siècle, dont les frères ont été les observateurs critiques, objectifs et sincères. Ils furent les témoins de la grande histoire (coup d'état de Napoléon III, défaite de 1870, siège de Paris, Commune...), grands contempteurs du Second Empire, de ses méprisables bassesses, de sa radicale hypocrisie, de sa désespérante vulgarité et de son asservissement complet au pouvoir de l’argent. Ils se font aussi les sténographes curieux et indiscrets des discussions de salons littéraires, des potins croustillants, des coulisses du théâtre, de la “cuisine” du journalisme, des anecdotes drolatico-scatologico-pornographiques de leurs connaissances et amis. C’est toutes les figures de la seconde partie du XIXème siècle en fait de littérature, d’art, de politique, de science, d’aristocratie qui défilent devant le lecteur captivé et vus sous un jour bien différent de celui que veux bien nous donner les biographes traditionnels. Ce témoignage-fleuve d’une période d’une grande richesse ravira les curieux, les passionnés de littérature, car cet imposant livre, dans sa lecture de longue haleine (4000 pages dans les éditions Bouquins de Robert Laffont), est d’une grande diversité et d’une inépuisable richesse. Le sommet dans l’oeuvre des Goncourts, dont l’ainé et le survivant créa, par disposition testamentaire, le désormais (trop?) fameux cénacle littéraire à l’origine du prix éponyme.
Commenter  J’apprécie          70
Renée Mauperin

Les Frères Goncourt n'ont pas eu la postérité que méritait leur talent. En effet, en notre XXIème siècle commençant, leur nom est avant tout synonyme d'un prix littéraire certes universellement connu mais trop souvent, hélas ! décerné à des écrivains qui n'en sont guère et dans des conditions qui réveillent les vieux démons contre lesquels se battirent les deux frères : ceux de l'édition.



Et puis, les Goncourt, c'est leur "Journal de la Vie Littéraire", énorme, monumental, avec des pages magnifiques et une multitude de petites phrases fines, méchantes, acérées, qui font mouche à (presque) tous les coups. Assurément, le "Journal" des Goncourt est une somme incontournable sur la vie littéraire de la seconde moitié du XIXème siècle - et aussi celle de leurs oeuvres qui leur a valu une réputation sulfureuse de concierges de la République des Lettres.



En dehors du prix qui porte leur nom et de leur "Journal", on se souvient des Goncourt pour l'intérêt qu'ils manifestèrent envers l'art japonais - ils contribuèrent largement à le faire connaître en notre pays - pour leur amour du précieux ainsi que pour leur sens de l'Histoire et la fascination qu'exerçait sur eux le XVIIIème siècle.



Mais en ce qui regarde les Goncourt romanciers - car ils le furent - c'est une autre affaire ...



Les Goncourt ont manqué de chance. Ces maîtres miniaturistes, ces pointilleux du mot précis et de la phrase sèche mais pas trop, juste ce qu'il faut pour être équilibrée, ces dialoguistes nés, ces amoureux d'un certain genre bohême ou artiste, ces grands contempteurs de la bourgeoisie triomphante, ces ouvriers horlogers du roman comme on pourrait les appeler, se sont, toute leur vie littéraire, heurtés à ce Gargantua de la fresque, à ce fleuve charriant les adjectifs à la pelle, à ce génie du style indirect, à ce besogneux de la page patiemment accouchée jour après jour, à cette terreur du brave bourgeois, à ce travailleur de force que fut Emile Zola.



Le succès a aimé Zola, la célébrité l'a accompagné jusque dans la Mort. Les Goncourt, eux, ont vu leur tout premier livre paraître la veille du coup d'Etat de Napoléon III et n'ont jamais atteint de leur vivant les tirages de Zola le Pornocrate. De nos jours, il en est encore ainsi : tous les élèves du bac connaissent encore Zola mais demandez-leur s'ils ont jamais lu un roman des Goncourt, vous verrez bien ...



Pourtant, si on prend la peine de tenter l'aventure, avec par exemple "Renée Mauperin", l'un des ouvrages "à quatre mains" des deux frères, on est séduit quasi instantanément. Tout d'abord par le naturel inouï, par la sûreté des dialogues. Là où l'on s'attendait à subir un style alambiqué - un peu huysmanesque sur les bords - et serti de cabochons en tous genres, on découvre une prose vive, alerte, allant droit son chemin au milieu d'un plan clair, parfaitement découpé : aucune longueur, aucun détail superflus, une technique quasi moderne et une suite de portraits époustouflants qu'on a du mal à oublier. Notamment celui de l'abbé Blampoix, curé mondain qui n'apparaît qu'une seule fois au début du roman mais qui s'impose.



Evidemment, on pourrait dire qu'il n'y a pas là la puissance d'un Zola ou d'un Hugo. Mais ce serait présenter le problème en dépit du bon sens : la puissance des Goncourt est d'essence différente, voilà tout. Comme celle d'un choeur d'opéra face à celle du ténor de service. Tous célèbrent le même opéra mais chacun chante sa partie et ce sont leurs différences autant que leur union qui confèrent sa vraie nature à l'ensemble.



Dans la littérature française du XIXème siècle, les Goncourt sont le choeur, et Zola le ténor. Se marchant sur les pieds avec constance, s'empoignant avec la même ténacité, ne se ménageant ni mauvais coups, ni injures, ni calomnies, ils n'ont jamais eu conscience de tout ce qui, malgré tout, les unissait. Mais nous pouvons réparer cette erreur en les installant sur les mêmes rayons, dans notre bibliothèque : l'oeuvre des Goncourt ne dépare en rien aux côtés des Rougon-Macquart. Et c'est une inconditionnelle de Zola qui vous le dit ! ;o)
Commenter  J’apprécie          70
Fragonard

A Fragonard ! Ses œuvres ont un côté sensuel et coquin, un rien gentiment polisson qui ne peuvent qu'attirer notre œil. Si ensuite vous prenez le temps de regarder le reste, c'est votre cœur qui sera pris.
Commenter  J’apprécie          50
Renée Mauperin

Renée Mauperin / Edmond et Jules de Goncourt (1822-1896) (1830-1870)

Ce roman des Goncourt paru en 1864 est une étude sociale, celle d’une famille dominée par Charles-Louis Mauperin né en 1787, fils d’avocat, ancien officier de Napoléon devenu industriel sous le Second Empire.

Émaillées de très nombreux dialogues, les scènes dépeignent les mœurs et les idées de la bourgeoisie de l’époque. Thérèse et Charles -Louis Mauperin ont trois enfants, un fils aîné Henri né en 1826 et deux filles dont l’une, Henriette, née en 1827, est déjà mariée lorsque débute l’histoire, l’autre étant Renée la petite dernière, née en 1835, toutes les tendresses de son père allant au berceau de la nouvelle venue.

Jeune fille moderne, formée dans l'éducation « artiste » du xixe siècle, toute de droiture et de spontanéité, Renée Mauperin est une jeune femme vive, émancipée et entêtée : elle supporte mal les entraves à sa liberté et cherche à secouer le joug rigide des convenances. Elle n'agit pas ainsi par simple volonté de créer l'anarchie, mais parce qu'elle est d'une nature généreuse et passionnée où se devine aussi un peu des caprices d'une enfant gâtée. Son mari, c’est elle qui le choisira et personne d’autre, à la différence de sa sœur. Blagueuse et très tendre, elle collectionne les mariages manqués, refusant étourdiment et follement les partis les plus convenables.

Henri, le frère de Renée, jeune avocat pour qui le temps du romantisme est bien loin, bourgeois ambitieux et calculateur, est un jeune homme assez retors pour camoufler son égoïsme et son désir maladif de devenir riche sous les dehors d'un homme du monde sérieux et modéré. Cette attitude de façade lui réussit à merveille et suscite l'admiration de la bonne société qu'il fréquente avec assiduité. Sa mère l’aime et se glorifie en lui, lui vouant ses ambitions et lui accordant son culte :

« Car il est dans la bourgeoisie, dans la plus haute comme dans la plus basse, un certain amour maternel qui s’élève jusqu’à la passion et s’abaisse jusqu’à l’idolâtrie. Des mères s’y rencontrent souvent, dont les tendresses se prosternent, dont le cœur est comme agenouillé devant un fils. »

Voulant percer dans le milieu des affaires, Henri veut épouser la fille de Bourjot, un arriviste en vue, qui s'est enrichi dans le commerce. Pour arriver à ses fins, Henri séduit la mère et devient son amant. La menaçant alors de faire éclater le scandale, il lui impose ses volontés et la somme de lui accorder la main de sa fille et les millions de la dot. Or, le père Bourjot, que la fortune a converti à la monarchie et au culte de la noblesse, affirme qu'il n'acceptera pour gendre qu'un aristocrate. Qu'à cela ne tienne, Henri s'affuble sans hésiter et par des moyens détournés d'une particule. Renée, choquée par la bassesse de son frère ne va pas laisser passer cette attitude et entre en guerre…

Comme l’ont dit nombre de critiques, les Goncourt n’ont pas eu la postérité qu’ils méritaient, si ce n’est le prix littéraire auquel ils ont donné leur nom. Même si les nombreux dialogues certes vifs et directs sont parfois futiles et insipides, la prose des Goncourt reste vive naturelle et efficace pour des portraits inoubliables et une lecture agréable décrivant une bourgeoisie étalant et mettant en avant son argent en une mise en scène savante, l’opulence visant à l’humiliation des autres par tous les moyens d’intimidation et la politesse dédaigneuse accompagnée d’une amabilité hautaine semblant descendre aux personnes de condition moindre.





Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jules de Goncourt (366)Voir plus


{* *}