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Critiques de Julian Barnes (533)
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L'homme en rouge

Je viens de passer d’agréables moment en lisant le livre de Julian Barnes : L’homme en rouge. Dans ce livre il évoque le voyage en Angleterre à Londres que firent ensemble trois personnalités originales : Le Comte de Montesquiou , le fameux modèle du Baron Charlus de Proust, le Prince de Polignac et le Docteur Pozzi, très célèbre à l’époque.



Ce livre est captivant en ce qu’il évoque une époque disparue, des personnalités hautes en couleur et qu’il utilise à la fois des références littéraires et picturales.



On rencontre les écrivains de l’époque les frères Goncourt, Jean Lorrain, Flaubert, Oscar Wilde et d’autres encore et l’auteur nous fait partager son amour de la peinture à travers l’analyse des tableaux célèbres de John Singer Sargent, de James Whistler, de James Tissot.



La couverture du livre dans la collection Folio reproduit une partie du portrait de Pozzi par Sargent et le livre contient des reproductions de tableaux, malheureusement de noir et blanc des autres peintres que j’ai cité.



Mais ce récit est aussi en dehors des questions littéraires et picturales une évocation du snobisme, du dandysme et certains des personnages évoqués tiennent des propos très souvent très spirituels mais aussi souvent très « vachards »



C’est la vie de Samuel Pozzi qui fait la trame de ce livre, vie professionnelle d’un célèbre chirurgien, titulaire de la première chaire de Gynécologie créée pour lui, vie amoureuse et mondaine.



Mais on y trouve aussi des développements sur la vie de beaucoup de personnes de son temps du milieu littéraire et artistique et c’est donc toute cette partie du siècle qui défile dans ce livre et qui en fait l’intérêt.



Une anecdote qui donne le ton de ce livre:



"Quand Wilde réapparu à Paris en 1898 après sa sortie de prison, Fénéon fut un de ceux qui l'accueillirent ouvertement;;;mais Wilde avait souvent le moral au plus bas, et il avoua à Fénéon qu'il avait été tenté par le suicide et avait voulu se noyer dans la Seine. Sur le Pont Neuf, il avait vu un homme d'aspect étrange penché sur l'eau. Le jugeant tout aussi désespéré que lui, Wilde lui avait demandé: "Êtes vous aussi un candidat au suicide? Non avait répondu l'homme, je suis coiffeur!" D'après Fénéon, ce coq-à-l'âne avait convaincu Wilde que la vie était encore assez comique pour être endurée."




Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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La seule histoire

Avec "La seule histoire", Julian Barnes propose un récit de l'histoire d'amour ultime. Il part du postulat que nous ne vivons qu'une seule histoire qui compte vraiment dans notre vie, et qu'elle marque au fer rouge toutes celles qui pourront être amenées à lui succéder.

C'est évidemment ce qui arrive à son héros. Il a dix-neuf ans quand il entame une liaison avec Susan, pétillante femme mariée et mère de deux enfants.

J'ai beaucoup aimé le récit de leur rencontre et l'évidence de leur relation amoureuse alors que tant d'éléments concrets pourraient la rendre compliquée, voire dramatique (le mari, les enfants, la différence d'âge, le souci du qu'en dira-t-on dans l'Angleterre des années 60-70...).

En revanche, la suite de leur histoire m'a déçue.



Mon autre réserve concerne le changement de sujet. L'auteur utilise parfois la troisième personne, parfois la seconde, et on ne sait trop s'il interpelle le lecteur ou fait parler son personnage. Je n'ai pas saisi la motivation de ces variations et ça a gêné ma lecture.

Pourtant, le récit se veut à la fois introspectif et proche du fonctionnement de la mémoire. La manière dont est traité le rapport au temps et aux souvenirs m'a vraiment intéressée. Certains instants sont racontés avec beaucoup de précision, parfois à plusieurs reprises, alors que des années entières sont à peine évoquées.

C'est donc un avis en demi-teinte. Je m'attendais à aimer ce roman qui commençait si bien, mais qui s'est peut-être trop éloigné de ce que j'en espérais pour m'avoir emportée.
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L'homme en rouge

La déambulation au travers de la décadence fin de siècle et le personnage de Samuel Pozzi qui aurait mérité une bio à lui tout seul. Barnes passe du coq à l'âne sans chapitres, sans liens apparents entre les considérations gynécologiques et les duels mondains. Juxtaposition d'anecdotes - comme les vignettes Félix Potin - sur les people d'une autre époque, fut-elle Belle. Ça reste passionnant mais un peu déçue tout de même. Reste l'envie d'approfondir et la plume de Barnes. C'est déjà pas si mal...
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Le fracas du temps

Le fracas du temps - Julien Barnes



J’ai mis du temps avant de vraiment à me decider de lire le Fracas du temps, pourtant il m’avait été chaudement recommandé. Ma curiosité a été piqué récemment suite à des lectures et j’avais envie de mieux comprendre cette période terrible en URSS après la révolution russe.



A travers, l’histoire d’un grand compositeur russe Dimitri Chostakovitch, l’auteur nous montre les rouages du système de terreur de Staline. Les possibilités et les choix sont complètement annihilés, le pouvoir s’exerce dans la moindre parcelle de vie de manière totale et paranoïaque jusqu’aux plus subjectifs comme la musique classique. J’ai ressenti la peur du compositeur pour sa vie et pour celle de ces proches, lorsque la Pravda, journal de propagande, qui, sans fondement, juge la musique du compositeur trop “élitiste” ou “bourgeoise”.



Le roman n’est pas tout à fait une biographie, ni complètement un roman, chaque pan de la vie du compositeur est coupé par des interstices de réflexions, de prises de recul et de comparaisons intelligentes voire même philosophiques. L’approche de l’auteur est subtil, il montre que le spectre est finalement très large entre collaboration avec un pouvoir totalitaire et courage politique.

Il repère aussi la distanciation ironique du compositeur, comme dernière arme de survie et comment Chostakovitch sans jamais faire de politique, conserve et défend ses dernières parcelles de libre arbitre. Je me suis parfois perdue entre les différents noms russes. J’ai préféré la première partie où le jeune compositeur tente de résister à la broyeuse Stalinienne, à la dernière où le vieillissant compositeur se montre plus complaisant avec le régime politiique devenu « végétarien » sous Khrouchtchev.

Je recommande.
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La seule histoire

Pourquoi ce livre m'a ému. Il y a sans doute du Barnes dans ce héros. son épouse, agent littéraire redoutée, plus âgée que lui, est morte pendant sa rédaction. Il y a une franchise dans ce texte, une indécence des sentiments. C'est aussi une réflexion sur le destin, les choix, Pourquoi? J'ai toujours aimé Barnes, son amour de Flaubert et de la France. Son humour derrière lequel il se cache. Ici il se livre, se donne. C'est un peu crépusculaire, juste beau.
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Avant moi



Avant Moi est un roman avant tout spirituel. La jalousie pathologique n'est que le prétexte de l'humour : Julian Barnes en a à revendre et je ne pense pas qu'il ait voulu faire une étude bien profonde sur ce thème. Rien à voir avec le Dorigo de Buzzati qui porte sans doute en lui une auto-destruction certaine.

Le roman de J.Barnes est drôle, tout simplement drôle.
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Une fille, qui danse

Tony Webster est un homme d'une soixantaine d'années. Il vit dans la banlieue de Londres, est divorcé et retraité. Il a gardé de bonnes relations avec son ex-femme et voit sa fille de temps à autre. Il a mené une existence assez terne, il aime la tranquillité et ne pas être trop bousculé.



Une lettre reçue va bouleverser sa routine et lui faire réviser une partie de son passé, sa jeunesse étudiante exactement, lorsqu'il avait pour meilleur ami Adrian et pour amoureuse, Véronica. La vie a séparé tout le monde, néanmoins Tony a appris quelques années plus tard le suicide d'Adrian, suscitant quelques questions sans réponse.



C'est difficile d'en dire davantage. Le roman est surtout consacré aux réflexions de Tony sur la mémoire, le passé, la façon dont on le recompose régulièrement, pour ne pas trop en souffrir. Il ne peut pas s'empêcher de contacter Véronica afin d'avoir des éclaircissements sur la mort d'Adrian.



L'auteur nous laisse dans un certain flou pendant longtemps et dans le dernier quart du livre, les révélations se succèdent, laissant voir à chaque fois une autre facette de l'histoire, confrontant Tony à ce qu'il a fait .. ou pas.



Au final, une réflexion plutôt brillante sur la manière dont nous croyons mener nos vies et les petits accommodements qui nous permettent de ne pas perdre la face vis-à-vis de nous-même.



J'ai acheté ce roman après avoir vu le film qui en a été tiré "A l'heure des souvenirs", film que j'ai aimé et qui est assez fidèlement adapté.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Une fille, qui danse

J'ai vraiment du mal à savoir si j'ai aimé ce livre ou non.

Si l'écriture est belle, plonger dans les souvenirs et les réflexions de Tony m'a parfois un peu ennuyée.

Retraité, il se remémore une histoire, pas toute son histoire, mais une partie : celle de sa jeunesse, avec son groupe d'amis et notamment une jeune femme : Veronica. Si au début du roman cette histoire semble le laisser amer (surtout car cette petite amie va finir avec Adrian, un ami qu'il admirait beaucoup), au final il cherche à comprendre ce qui s'est réellement déroulé pour qu'Adrian en vienne à se suicider alors que ses derniers jours semblaient heureux.



C'est un livre rempli de souvenirs, de nostalgie, de pensées sur sa vie, sur le pourquoi d'un suicide, sur la responsabilité.



L'ensemble est un peu morose, sur un rythme un peu lancinant et même si c'était une lecture courte et agréable j'en ressors mitigée. J'ai détesté Veronica, et même Tony (le personnage qui raconte son histoire) n'a pas réussi à me toucher. Dommage.
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La seule histoire

La seule histoire, celle de l'amour, une histoire universelle, qui concerne tout un chacun, quelques soient les tenants et les aboutissants, un constat doux amer, des réflexions qui vous happent au passage. Même si le rythme du récit peut sembler trop lent et la tonalité monocorde, tout y est tellement sincère, lucide et profond. On pense à la chanson si bien interprétée par Charles Trenet : "Que reste-t-il de nos amours ?". La chute de cet excellent roman après une ultime visite du narrateur à l'amour de sa vie atteinte d'Alzheimer : penser à passer par la station-service....
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Love, etc.

Roman du triangle amoureux revisité, avec beaucoup de tendresse et d'humour.
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La seule histoire

"La seule histoire qui vaille d'être racontée" pour Paul, homme vieillissant, c'est celle vécue avec Susan, cinquante ans auparavant. Et il la raconte telle que sa mémoire l'a gardée, avec des flous, des lacunes, des temporalités enchevêtrées et un point de vue forcément distancié par le temps écoulé depuis.

Il a 19 ans lorsqu'il rencontre Susan qui en a 48. Elle est mariée, a deux filles plus âgées que lui, se montre gaie, attentive, disponible. De marivaudage en flirt plus explicite, tous deux tissent des liens de plus en plus intimes jusqu'à devenir amants. Pour Paul, l'orgueil de vivre une aventure exceptionnelle qui le distingue des garçons de son âge est indissociable de l'amour véritable qu'il éprouve pour sa maîtresse. Après deux ans d'une liaison plus ou moins secrète, le couple part s'installer à Londres où Paul doit poursuivre ses études de droit. Très vite, ce qui devait être le plus grand bonheur tourne au cauchemar car Susan se montre très instable, parfois menteuse, parfois enjôleuse, parfois égarée. Après une période de déni, Paul est contraint à la lucidité : celle qu'il aime est alcoolique. Commence alors sa lutte pour sauver Susan et préserver leur amour. Un combat où s'entremêlent l'égoïsme, la compassion, la souffrance, la rancoeur et la colère.

Mais peut-on se fier à la mémoire du narrateur, qui admet avoir oublié des choses essentielles alors que des détails anodins surnagent dans ses souvenirs ? Plus âgé désormais que Susan ne l'était au moment de leur rencontre, il jette sur ce passé un regard dont on ne sait si la froideur est signe d'indifférence ou de trop lourds regrets.

Le jeu de différentes instances narratives accentue cet effet de brouillage mémoriel et émotionnel. L'implication maximale que sous-entend le "je" de la première partie est émoussée par le ton aux nuances ironiques du récit. Un "vous" dont on ne sait s'il s'adresse au lecteur ou au narrateur lui-même, comme une sorte de dialogue argumentatif entre ce qu'il était et ce qu'il est, prend en charge la deuxième partie, narration de l'éloignement progressif et culpabilisant de Paul avec Susan. La troisième et dernière partie, enfin, se place sous le point de vue d'un narrateur anonyme pour raconter la fin de cette "seule histoire".

C'est, pour moi, cette construction élaborée qui est le coeur du roman et qui en constitue le véritable propos. Il ne s'agit donc pas seulement d'une histoire d'amour aux tristes développements, mais aussi d'un jeu sur la forme que peut en prendre la narration a-posteriori. Si bien que mon absence d'empathie pour les personnages me paraît en quelque sorte "voulue" par l'auteur, qui par un style mûrement travaillé déplace l'intérêt du lecteur : l'intrigue devient secondaire mais sa mise en mots et en forme est primordiale. Mais pour quoi ? Et c'est là que le bât me blesse (un peu, n'exagérons rien !) car les raisons de cette construction narrative me restent assez opaques. Réflexion sur le temps, sur l'écriture, sur la mémoire, sur le passage des générations ? Je ne sais pas. Peut-être un peu de tout cela ? Quoi qu'il en soit je garde de cette lecture un sentiment mitigé, un malaise indéfinissable. Comme si je n'étais pas parvenue à discerner le sensible derrière les masques de la littérature.

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Une fille, qui danse

Quelle bonne surprise cette lecture. Que de bons mots et de belles citations. Je l'aurais lu en papier, il aurait été décoré d'une multitude de notes !



C'est l'histoire de Tony. Il y a 2 parties. Dans la première nous découvrons un Tony, jeune, insouciant, qui vit entre ses amis et ses cours de fac puis dans la seconde, nous retrouvons Tony à 60 ans, plus mûr, plus terne. Un drame s'est passé pendant ses années fac, un événement qu'il n'a jamais oublié et qui a marqué le passage à sa vie d'adulte. Alors, quand 40 ans après, il reçoit une lettre testament d'une personne qu'il pensait avoir oublié, tout refait surface et il est submergé par les interrogations et surtout les souvenirs.



Un roman court sans aucune longueur. Un roman sur le temps qui passe et qu'on ne peut modifier, mais seulement accepter. Un roman qui fait réfléchir sans jugement ou compassion.



Je l'ai écouté en audio. La voix de Théo Frilet est parfaite pour le rôle de Tony. Le narrateur a d'ailleurs prêté sa voix dans le film Les Animaux Fantastiques pour le rôle de Norbert ainsi que pour l'audio du livre.



En écrivant ses mots et en cherchant des informations sur ce roman, je découvre qu'il a été adapté au cinéma cette année sous le titre "A l'heure des souvenirs".



Vous aurez compris que je vous recommande cette lecture.
Lien : http://the-love-book.eklablo..
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Une fille, qui danse

Une file qui danse, c'est Véronica. Elle était le pole d'attraction d'une bande de copains de lycée. Elle est sortie avec deux d'entre eux, avec Antony, le narrateur, une histoire pitoyable, fruit d'une équation amoureuse défectueuse, et avec Adrian, le plus brillant de tous et qui a eu la lucidité - la folie? de mettre fin à ses jours dans le zénith de sa vie plutôt que d'accepter la lente et vulgaire dégradation des années. Ces années, ce temps qui passe et qui est le sujet principal du présent roman. Le temps qui retranche - qui défais les illusions, qui érode la plasticité de la pensée, éteint le feu des sentiment; le temps qui ajoute - qui additionne les échecs, qui accumule les regrets, qui allonge la liste des compromissions. Ces années agissent aussi sur les souvenirs, les édulcorent, les travestissent quand elles ne les effacent pas totalement. Ce roman, concis et facile à lire illustre un des réalités les plus importante de notre vie, sans pour autant apporter un regard neuf sur cette question.
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Une fille, qui danse

Fortement conseillé par ma copinaute C’era, je me suis laissé tenté par Une fille, qui danse de Julian Barnes. Je savais que cela n’allait pas être une histoire banale. Ne connaissant pas l’auteur, j’allais à l’aveugle.



Ce fut non sans déplaisir que j’ai lu Une fille, qui danse. Le style de Julian Barnes est agréable et clair. La construction non linéaire de l’histoire amène un rythme bien dosé et s’articule autour des souvenirs et de ce qu’il reste de la réalité des faits après que le temps et la mémoire ont fait leur tri et leurs adaptations.



J’ai lu, ici et là, que c’est un roman nostalgique mais je n’ai pas eu l’impression que ce soit le propos de Julian Barnes. S’il y a une réflexion sur le souvenir et la manière dont chacun le remodèle jusqu’à en faire ce qui nous convient, peut-être très loin de ce qu’il s’est réellement passé.



Il y a aussi un gros travail sur l’histoire d’Une fille, qui danse qui met en exergue les conséquences des actes que nous faisons ou avons fait, des mots que nous avons dit, etc… Certains sont anodins, d’autres ne reste pas sans conséquence.



C’est, à mon sens, un roman dont chaque lecteur va avoir sa propre réflexion, son propre ressentie et interprétera différemment les éléments laissés par Julian Barnes.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/une-fil..
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Une histoire du monde en 10 chapitres 1/2

Voici l'histoire du monde en une suite de séquences en apparence très anecdotiques (le piratage d'un paquebot par des terroristes arabes, le radeau de la Méduse, un curieux épisodes des guerres de religion...) De ce qui pourrait sembler un assemblage un peu saugrenu de nouvelles, l'auteur laisse le lecteur en faire la synthèse, jeter des passerelles entre les époques et les comportements et surtout en tirer des leçons. Julian Barnes veut nous dire que ce qui nous attend nous a précédé, que l'horreur à venir est fille de notre aveuglement. Pour ne rien gâcher, l'humour est à toutes les pages, mais indissociable de la gravité, ironie, cruauté, désinvolture.
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Le fracas du temps

Un homme passe toutes ses nuits sur le palier de son appartement, à côté de la porte de l'ascenseur, avec une mallette à ses pieds. A chaque fois que l'ascenseur se met en marche, il appréhende que ce soit les agents du NKVD qui viennent l'arrêter. Il veut ainsi épargner sa femme et son enfant d'être arrêtés avec lui. L'homme, c'est Dimitri Chostakovitch, dont Julian Barnes nous retrace, dans ce magnifique roman, la vie de funambule, qui résiste au pouvoir politique, juste ce qu'il faut pour ne pas se sentir lâche, mais pas trop, pour ne pas être arrêté et continuer à composer. Julian Barnes réussit parfaitement à nous montrer les interrogations et les souffrances du compositeur, ses rapports tendus avec le pouvoir soviétique, que ce soit lors du culte de la personnalité, de l'assassin Staline, où celui pervers du manipulateur Krouchtchev. Il montre combien les dictatures s'attachent à manipuler la culture, et à surveiller de prés les artistes, à les contraindre à adhérer à leurs idées contre le droit de pratiquer leurs arts, voire à arrêter les plus récalcitrants. Pour Chostakovitch, c'est sa musique qui est atteinte, à la fois, interdite, puis autorisée, puis décriée par les autorités. Ce sont ses amis et relations arrêtés, puis exécutés, jusqu'à un agent chargé de l'interroger qui disparaît du jour au lendemain. Grâce à une construction subtile, une découpe intelligente, une belle écriture à la troisième personne, il pénètre l'âme d'un homme pris entre le fracas du temps et le murmure de l'histoire. Les propres murmures d'un homme qui écrit sa musique, surveillé, menacé, au plus haut niveau, appelé par Staline , obligé de se rendre à New-York, représenter contre son gré son pays, tenir un discours à la gloire du despote, et d'un régime qui fait des millions de morts, contraint à critiquer son maître, émigré au Etats-Unis, Igor Stravinsky, obligé à la fin de sa vie, d'adhérer au parti en déclarant en avoir fait la demande, alors qu'il avait toujours refusé. Julian Barnes, pose des questions sur l'appartenance de l'art, sur les possibilités de résistance des artistes, sur l'engagement, il en profite pour égratigner les icônes, Picasso et Sartre, communistes hors de l'Union Soviétique qui pouvaient peindre et écrire ce qu'ils voulaient, et clamer sans risque leur attachement au régime de L'URSS, alors que lui, Chostakovitch créait sous la contrainte à l'intérieur de l'union. C'est passionnant, bouleversant, magnifiquement écrit. Je remercie Baptiste Liger, journaliste, rédacteur en chef du magazine " Lire " pour son bel article, qui m'a donné envie de lire ce très beau roman. J'avais aimé " Une fille qui danse " publié par Julian Barnes en 2013, j'ai été emballé par " le Fracas du temps ".
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Une fille, qui danse

Une fille, qui danse de Julian Barnes est un roman sur le souvenir des amitiés et des amours de jeunesse, sur l'écoulement du temps, sur la vie, sur les questionnements personnels. Lorsque Tony atteint la soixantaine, un testament fait resurgir son passé et l'entraîne à comprendre pourquoi son ami d'enfance Adrian, le plus brillant, s'est donné la mort alors qu'il n'avait que 20 ans. Dans la première partie, l'auteur nous fait suivre la vie des mousquetaires de l'amitié. Un trio de 3 amis auquel se joint un quatrième, différent, plus intelligent, plus mûr. C'est l'âge de l'éveil des sens et des sentiments mais l'arrivée de Véronica dans le groupe déclenchera des tensions entre eux. Elle va de l'un à l'autre des amis entraînant un drame. Dans la seconde partie, le lecteur retrouve Tony à soixante ans, en retraite, il retrace sa vie, une existence terne, un mariage qui a tourné court. Une événement va l'obliger à renouer des contacts avec Véronica et l'amènera alors à comprendre certains des événements de leur jeunesse. Ce roman contient de très belle pages sur l'amitié, sur la trahison, sur la jalousie et la colère qu'elles engendrent, sur la construction de la personnalité, sur la mémoire, sur le vieillissement. C'est également une belle fresque de la société anglaise des années 60. Ce livre est émouvant, fin, il ne bouscule pas le lecteur, mais l'entraîne dans son atmosphère.
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Quelque chose à déclarer

Comme Woody Allen est le plus francophile des américains, Julian Barnes est le plus francophile des anglais. Des parents profs de français, des vacances sur le continent étant enfant, des études de français. C'est vrai qu'il aime (beaucoup) la France. Et plus précisément Flaubert (on se souvient du "Perroquet de Flaubert"), mais aussi le Tour de France, Brassens, Brel, Godard, Truffaut, etc.



Ce livre est un hommage à toutes ces passions qui l'ont suivi tout au long de sa vie. C'est un livre qu'on picore, qu'on déguste au gré de ses envies. Romancier ou essayiste, Julian Barnes est décidément un écrivain charmeur !
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Une fille, qui danse

[Certains éléments de l'intrigue sont révélés dans la critique]



Je me souviens. Ce n’est pas anodin du tout qu’Une fille, qui danse commence ainsi. Je pourrais vous raconter en quelques mots l’histoire – je vais même le faire, parce que sinon on ne va rien comprendre – mais ce sur quoi porte le livre, c’est avant tout les mensonges et re-créations de la mémoire. Le narrateur, Tony Webster, le découvre très tôt, quand l’ennuyeux professeur d’histoire, au lycée, interroge ses élèves sur ce qu’est l’Histoire. Adrian, le nouveau qui a rejoint le groupe d’ami de Tony et qu’ils admirent tous, avec leurs yeux d’adolescent, répond que L’Histoire est cette conviction issue du point où les imperfections de la mémoire croisent les insuffisances de la documentation. Le narrateur, surjouant un peu le personnage de rebelle qu’il s’est décidé d’incarner, notamment aux yeux d’Adrian, répond quant à lui que l’Histoire, ce sont les mensonges des vainqueurs. Peut-être, répond le professeur, mais ce sont aussi les mensonges que les vaincus se racontent à eux-mêmes.



Toutes les clés du roman sont là, à quelques pages du début. Il ne reste plus qu’à dérouler les événements, comme un long ruban rapiécé. Nous voyons tout par les yeux de Tony. La première partie se passe dans les années 60. Lui et ses copains sont au lycée, plein d’espoirs et d’illusions. Au moment d’aller étudier à l’université, le groupe est bien obligé de se séparer. Adrian, si brillant, part à Cambridge. Tony, lui, mène des études d’histoire dans un université moins prestigieuse. Il y rencontre Veronica, avec laquelle il commence une relation pour le moins ambiguë. Non sans ironie, le narrateur remet en cause l’image si libérée que le lecteur pourrait avoir des années 60, en indiquant que la plupart des gens n’ont vécu les années 60 qu’une fois les années 70 arrivées – réfléchissant, comme en passant, sur l’évolution des mentalités. A trop mettre en avant les innovations de l’histoire, on oublie souvent le temps que mettent les choses à passer dans les mœurs. On ne peut pas dire que cela se passe très bien entre lui et Veronica, et dans le récit du Tony la jeune femme nous apparaît complètement incompréhensible, changeante, si ce n’est capricieuse. Ils se séparent bientôt. Quelques temps plus tard, Tony reçoit une lettre d’Adrian qui lui apprend que lui et Veronica sortent désormais ensemble. Tony leur écrit un billet amer. Il se dépeint pourtant, un peu grand-seigneur, déçu mais prêt à leur pardonner et à passer à autre chose. Il part dans un road-trip pour l’Amérique, y rencontre une jeune fille avec laquelle l’amour lui apparaît soudain très simple et apprend à son retour, effaré, qu’Adrian s’est suicidé. Quelle explication donner à cela ? Le roman fait alors un bond dans le temps, et c’est un Tony cinquantenaire, divorcé, au tournant d’une petite vie médiocre, qui reçoit un étrange courrier qui fait ressurgir tout ce passé tumultueux. L’histoire conte alors son enquête auprès d’une avocate, de Veronica et de son frère. Comprendra-t-il pourquoi Adrian a mis fin à ses jours ? Percera-t-il enfin le mystère qui entoure Veronica ?



Le lecteur va alors de surprises en surprises. Les mensonges et les illusions du narrateur éclatent un à un, laissant apparaître la vérité par bribes. Et si Tony semble s’être lâchement rattaché à ses histoires de vaincu, il semble tout aussi frappé que nous par le contraste entre son souvenir et ce qu’il découvre au fur et à mesure. Au fond, Julian Barnes nous dit combien le passé est changeant et indéfinissable : on doit bien s’en modeler un petit quelque chose qu’on emporte avec soi, et l’on finit par croire à sa petite idole d’argile, mais combien de détails aura-t-on alors effacé ou déformé ? Tony ne comprendra que bien tard l’impact qu’il aura eu dans la vie d’Adrian et de Veronica – peut-être même ne le comprendra-t-il jamais. Au moins ne pourra-t-il plus souscrire au beau roman dont il était le héros et apprendre à faire avec ses remords.



Un ouvrage profond et prenant à la fois – c’est simple, je l’ai lu en une journée – et qui nous fait réfléchir sur ce que nous nous racontons pour nous reconstruire.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Une fille, qui danse

Il m'arrive assez rarement d'être décontenancée à l'heure de la rédaction d'une chronique. Eh bien, là, c'est le cas ! Je finis par me demander ce que j'ai lu, ce que j'ai compris, ce qui m'en reste deux jours après, ce qui m'en restera dans un mois ou dans un an.

Alors, me disant que j'ai bien dû rater quelque chose, je suis allée voir ce que mes « collègues » en disaient. Je ne fais jamais cela pour ne pas me laisser influencer (je lis vos chroniques après avoir rédigé la mienne) mais finalement j'ai bien fait : autant de rédacteurs, autant de degrés d'analyse différents et, pour certains le même sentiment d'avoir raté une maille quelque part !



Car enfin, oui, c'est vrai que ce roman à deux temps (adolescence/âge mûr) est construit autour de deux modes de vie bien différents. L’Angleterre des années 60, où tout semblait possible, sert de toile de fond à la découverte de l'amitié, de l'amour, de la sexualité pour trois puis quatre copains de lycée. Ils vivent ce que nous avons tous plus ou moins vécu dans ces années-là, discussions philosophiques plus ou moins creuses ou plus ou moins ronflantes, premiers émois et découverte (ici,un peu lourde quand même!) des premiers frissons, elle veut bien mais pas trop loin, jusqu'où je peux aller etc... Dur d'être un garçon face à des jeunes filles soi-disant bien élevées ! Bon, c'est gentil, rafraîchissant mais on en a vite fait le tour. Surtout quand le narrateur, Tony, s'amourache (ou rêve de mettre dans son lit) de la mystérieuse (il dira « allumeuse » ensuite) Véronica. Elle l'invite pour un weekend chez ses parents où frère et père le traiteront comme un jeune blanc-bec mal dégrossi tandis que bizarrement sa mère sera « cool » avec lui (oui, je sais).



Et s'ensuit une rétrospective pointilleuse, avec analyses des souvenirs forcément choisis, forcément réinterprétés et qu'il ne partage plus avec personne, ni ses amis d'alors, ni son ex-amoureuse.

Un mariage et un enfant plus tard, devenu sexagénaire, il apprend qu'il hérite (pourquoi?) de la mère de Véronica qui veut lui laisser 500 euros (« le prix du sang » dit l'ex, et je n'ai pas compris pourquoi) et le journal d'Adrian, le meilleur ami, celui dont les trois copains prétendaient être le plus proche ami, celui aussi qui est « sorti » avec Véronica après en avoir demandé l’autorisation à Tony !

Il a un petit côté Grand Meaulnes, Adrian, celui qui intrigue et qui séduit, celui qu'on voudrait suivre et qui échappe. Il se suicide en s'ouvrant méthodiquement les veines alors qu'il va être père.

Au fil de leurs discussions (souvent oiseuses...), les copains d'alors évoquaient la notion de responsabilité, chacun de nos actes étant susceptibles d'entraîner des conséquences graves . Par exemple, le Serbe de l'attentat de Sarajevo est-il donc responsable des horreurs de la Première guerre mondiale ? Tony est-il donc responsable, à cause de sa lettre haineuse et leur portant la malédiction, de ce que vont vivre Adrian et Véronica ?

Il est, un peu comme le lecteur, dans un flou total quant à ses souvenirs, sa responsabilité, sa part de culpabilité, la médiocrité de sa vie, son incapacité à comprendre quoi que soit (Véronica le lui répète à l'envi : « tu ne piges rien, tu n'as jamais rien pigé, tu ne pigeras jamais rien ! ».



In fine, un roman bien écrit, probablement bien traduit (malgré ce titre français qui n'en rend pas compte) mais plutôt alambiqué, un rien trituration intellectuelle, bref qui ne m'a guère touchée.

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Quel est le prénom de Hagrid ?

Hagrid est son prénom
Rubeus
Filius
Severus

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Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

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