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Critiques de Karel Capek (181)
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L'Année du jardinier

Quelle lecture jubilatoire!

Sous la forme d’un almanach plus que loufoque, l’auteur revisite les manuels de jardinage à l’usage des pro comme des néophytes.

Il en ressort contradictions, surréalisme et décalage.



Parsemé de poésie et de petites vérités sur les semences, les bourgeons, l’importance de la pluie ou encore l’impératif de la terre, ce court livre ravira les jardiniers en herbes, les cultivateurs du dimanche et laboureurs professionnels.

Publié pour la première fois en 1929, ce guide rustica d’un autre genre est toujours et plus que jamais d’actualité.
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L'Année du jardinier

J'aimais jardiner... quand j'étais plus jeune.Je manque de temps et j'ai beaucoup de chats. Néanmoins, j'ai lu ce livre qui était dans ma PAL depuis deux ans avec beaucoup d'intérêt car ce n'est pas un livre de jardinage comme les autres.

Jardinage, ai-je dit ? Non, plutôt monomanie du jardin. Nous avons affaire à un passionné, qui ne pense, ne vit que pour son jardin, ne supporte pas d'être éloigné de lui très longtemps, et quand il est obligé (quelle horreur !) de partir en vacances, il écrit chaque jour des lettres passionnées au malheureux qui en a la charge. Il m'a rappelé quelqu'un (moi, et les compte-rendus téléphoniques au sujet de mes chats quand je m'absente).

Comme un vrai livre de jardinage, il est découpé en mois et entre chaque bréviaire mensuel se trouve un chapitre centré sur une spécificité du jardin : les semences, les bourgeons, et même la pluie. Ce livre a près de quatre-vingts ans, il ne connaît donc pas les engrais, les insecticides, et les recettes préconnisées sont parfois à mourir de rire (ne ratez pas les méthodes pour se débarrasser des pucerons au mois de juin). Karel Capek a de l'humour, certes, mais aussi beaucoup de tendresses pour ses monomaniaques, ses obsédés de la plante rare, ceux qui ont toujours peur d'écraser une pousse fraîchement sortie de terre, ceux qui ont mal au dos à force de se courber sur leur plante favorite.

Le dernier point qui m'a séduite à cette lecture sont les illustrations, conçues par le frère de l'auteur, Josef : j'aime les histoires de famille.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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L'Année du jardinier

Il faudrait qu’il pleuve au moins une semaine, reprend le premier, pour la campagne et tout

Il fait trop sec avance le second

Pendant ce temps, la chaleur du soleil devient étouffante, on sent dans l’air une tension extrême, les nuages roulent dans le ciel sans soulager ni la terre ni les gens. Mais, tout à coup, l’orage éclate à l’horizon; un vent gorgé d’eau se met à souffler, et ça y est : la pluie, tombant comme des cordes, ruisselle sur les pavés, la terre respire d’une façon presque perceptible à l’oreille, l’eau bruit, cliquette, jase, tambourine aux fenêtres, tapote avec mille doigts dans les chéneaux, court en longs rubans et sonne dans les flaques, et l’homme voudrait crier de joie; il met la tête à la fenêtre pour la rafraîchir au contact de l’humidité céleste ; il siffle, il fait du bruit et voudrait se mettre nu dans les torrents jaunâtres qui se précipitent le long des rues.Bienveillante pluie, rafraîchissant volupté de l’eau ! Rachète mon âme et lave mon cœur, scintillante et froide rosée ! p 70

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L'Année du jardinier

Je n'ai qu'un tout petit jardin - et c'est mon mari qui s'occupe du potager -, et pourtant je me suis reconnu dans ce jardinier au fil des mois.

Même si, de nos jours, nous consultons et commandons moins sur catalogues, mais fréquentons les terribles magasins de plantes pleins de tentations, d'où nous revenons les bras chargés de nouvelles pousses pour nous demander où les planter maintenant.


Lien : http://motamots.canalblog.co..
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L'Année du jardinier

Il y a des livres qu’on aime lire et relire parce qu’ils sont intemporels et charmants.

Ce livre de Karel Capek fait partie de cette catégorie.



Il nous emmène dans un beau voyage au Pays du Jardin !

Se laisser guider par lui, ce passionné de jardinage, participer à ses émerveillements, ses étonnements, quel plaisir !



Que la nature est belle ! Oui, mais dans un jardin, il faut la maîtriser cette nature, sinon elle déborde vite de partout et elle vous envahit ! Karel Capek, lui, sait comment s’y prendre.

Il nous invite mois après mois, sous la forme d’un almanach, à cheminer par les allées, à prendre soin des plates-bandes.

Pas un mois où il ne se passe rien au jardin !



Ce ne sont pas des conseils ordinaires qu’il nous donne, il nous convie avec beaucoup d’humour à l’amour des plantes. Sa passion est communicative. On a envie de bichonner notre jardin avec lui !



Que vous ayez de l’expérience en matière de jardinage ou non, vous ne pouvez que tomber sous le charme de ce livre dont l’écriture est pleine de gaieté.

Il nous distille du bien-être, avec les parfums, l’esthétique des fleurs et le gazouillis des oiseaux.



Il ne faut pas aller bien loin pour faire de belles observations et de belles découvertes.

Avec ces temps de confinements et parfois de morosité ambiante, le jardin est tout indiqué pour s’aérer les poumons et l’âme en même temps !



Impossible de s’ennuyer dans le jardin de Karel Capek ! On ne tient pas en place, il y a toujours quelque chose à faire !



Mais c’est quoi un jardinier ?

Plusieurs réponses, vu la complexité du personnage !



Le jardinier est un homme qui parle par images.

Il aime dire que « l’hiver résiste aux assauts du printemps », et il se sent humilié de ne pouvoir « contribuer à la mort de ce tyrannique hiver ».



L’homme jardinier est d’humeur changeante.

Il peste contre le mauvais temps. Il « enrage comme un lion en cage », parce qu’il est contraint de « rester près du poêle avec un gros rhume ». Bref, il se met en retard pour la venue du printemps au jardin ! C’est alors que le jardinier prend conscience que « la patience est la mère de la sagesse ».



C’est un homme tourmenté : « Le quatrième jour, quand ce germe a poussé démesurément, le jardinier commence à se demander avec inquiétude si ce ne serait pas de la mauvaise herbe. »



C’est un homme bizarrement conçu !

« L’homme jardinier est indubitablement un produit de la civilisation et pas du tout de l’évolution naturelle. S’il avait été produit par la nature, il serait fait tout différemment ; il aurait des jambes de scarabée afin de n’être point obligé de s’asseoir à croupetons et il aurait des ailes » « pour pouvoir s’élever au-dessus de ses plates-bandes (On dirait du Pierre Dac). Quiconque n’en a pas fait l’épreuve ne peut se faire une idée de l’embarras que constituent les jambes pour un homme qui ne sait où les poser » « comme elles sont inutilement longues quand il faut les plier au-dessous de soi » « ou bien avoir des membres extensibles à volonté comme un pied d’appareil photo. » (Je vous invite à voir l’illustration correspondante qui est absolument hilarante !)



De nombreux dessins, de la main du frère de l’auteur, Josef Capek, très simples et enfantins, et malicieux à souhait, viennent illustrer de façon appropriée les textes de ce livre.



Et comment on prépare la terre à semences ?

C’est « un grand mystère » qui « comporte des cérémonies magiques. »



La vie du jardinier est pleine de changements et de volonté créatrice, mais il lui arrive souvent de sortir un peu de la mesure…

Bientôt « la convoitise du collectionneur » naît en lui, et il s’enlise de plus en plus profondément dans cette passion. Passion qui devient de la spécialisation, qui fait de lui un « maniaque exalté » qui ne vit que pour ses roses, ses orchidées ou encore ses dahlias !



Et on s’amuse avec des situations cocasses, qui surviennent à son insu.



La lance d’arrosage est un être qu’il faut apprivoiser : « elle se tord, fait des cabrioles », « se jette sur l’individu », « se roule autour de ses jambes : il faut alors qu’il pose le pied dessus ; mais elle se dresse et lui entoure la taille et le cou. Tandis qu’il lutte avec elle comme avec un python, le monstre tourne son bec de cuivre vers le ciel et dégorge un violent jet d’eau dans les fenêtres, sur les rideaux tout frais posés. »

Et on pourrait imaginer en arriver à la situation de « l’arroseur arrosé », comme dans le célèbre film de Georges Méliès !



Ce livre est très plaisant.

Le ton est enjoué et humoristique. L’écriture est joliment poétique.

Le texte est enthousiaste et exaltant.

Il foisonne d’émotions et de sensations !



C’est indéniable, il y a un sacré vécu dans ce que nous raconte Karel Capek.

Une chouette invitation à déambuler dans ces petits lopins de terre, à admirer, à observer, à pratiquer l’art de la patience, et à en « prendre de la graine » !



« Je ne vous révélerai pas le secret qui fait que les jardiniers se reconnaissent entre eux, je ne vous dirai pas si c’est par le flair, ou grâce à quelque mot de reconnaissance ou bien à l’aide d’un signe secret. »

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L'Année du jardinier

L’année du jardinier Karel Capek (10/18 ; 150P)

Karel Capek (1890-1938), écrivain tchèque, metteur en scène, philosophe… et jardinier, homme donc aux multiples talents, a écrit ce petit livre en 1929. Déroulant les 4 saisons du jardin (et plus particulièrement du jardin floral) en suivant le fil des 12 mois de l’année, il nous dévoile en détails les aventures et mésaventures quotidiennes du jardinier, son dos cassé, les cals des mains, son manche de bêche qui se brise, ses obsessions, la terre qui n'est pas assez bonne, le temps qui n’est jamais celui qu’il devrait être. Si dans un parti-pris drôle, il prend le contre-pied d’un récit bucolique et joyeux, c’est pour mieux nous faire partager la passion d’un homme des sens et de cœur, le bon jardinier de l’image d’Epinal. D’une écriture légère, c’est plein d’humour, vite lu (à condition de ne pas chercher sur la toile les clichés des centaines de fleurs citées sous leurs noms latins), et illustré de petits croquis enfantins de l’auteur.

Les passionnés de la bonne terre, des fleurs et de l’effort que cela demande se réjouiront, les autres trouveront sans doute cet opuscule assez anecdotique.

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L'Année du jardinier

En regardant les jardins de mes voisins et amis Babélio, nombreux à avoir écrit sur ce livre, me vient plutôt l'envie de partir seul en forêt.

Vous avez apparemment tous beaucoup apprécié ce livre, d'un auteur important et singulier, je me sens donc bien sale à l'idée d'écrire mon désaccord...

C'est un bien bel objet (aux éditions de l'Aube, les couvertures des deux éditions 10/18 m'auraient fait reposer le livre malgré l'auteur... Il faudrait faire relire le passage sur les légumes à leurs illustrateurs...), les dessins de son frère sont parfois très jolies, le ton y est plutôt humoristique et léger, mais...

Passons d'abord l'aspect technique (même si je n'ai jamais pris ce livre, contrairement à d'autres, pour un réel traité de jardinage), qui au regard des connaissances actuelles (sur la vie des sols par exemple) semble vieillot... Il est en outre le cul entre deux fosses, de la badinerie à la jargonnerie sans transitions. Douces moqueries aux vains parfums; on ne saurait y reconnaitre un bon conseil...

Donc comment le prendre ? Je ne pense pas qu'il ait voulu en faire une critique des valeurs de la bourgeoisie... Ou bien si ?

J'en garde ce goût imprécis, comme cette appellation persistante de "mauvaises herbes", et vous renvoie par exemple vers le regretté Gilbert Cardon des Fraternités Ouvrières, avec un remarquable documentaire disponible ici : https://vimeo.com/127024480
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L'Année du jardinier

Cette lecture est savoureusement inclassable. Dans l’absolu, il s’agit d’un recueil de chroniques sur le jardinage présenté sous la forme d’un calendrier mensuel alternant avec des articles thématiques relatifs à un aspect jardinier du mois ( semences, bourgeons, de la pluie… ). J’emploie le terme chroniques car le ton en est journalistique. Un ton et un style. La plume se penche avec un sourire complice vers » les monomaniaque de la terre « .

Livrant des portraits malicieux, jouant de l’auto-dérision pour décrire l’obsession-passion du jardinier, les affres et malédictions météorologiques, le jardin et son jargon, n’épargnant pas à son lecteur la déclinaison de l’alphabet des noms de plantes, l’invitant à un détour par le potager, l’auteur s’amuse des pieux conseils et descriptions des manuels de jardinage et les confronte à la pratique urbaine… Avec, au-dessus de ce sourire, la lumière du regard qui s’émerveille d’une imprévisible nature, de ses espiègleries et de ses mystères.



Des chapitres facétieux de botanique facétieuse, les mains dans la terre, le nez au ciel, un esprit vif et vivifiant qui ne dédaigne pas de planter un aphorisme par-ci, d’accrocher une épine par là…



Karel Capek est un auteur tchèque, son ouvrage est joyeusement illustré par son frère ( qui accompagne tout-à-fait le ton par ses dessins qui rappellent le trait de ceux de presse ), l’édition originale date de 1929, inspirée par le climat de Tchécoslovaquie. Et pourtant, les couleurs du propos ne se sont pas fanées, le piquant de certaines réflexions sociétales ajoutant une touche pittoresque au tableau.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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L'Année du jardinier

Dans un ouvrage en forme d'almanach, Karel Čapek, observe le jardinier, au gré des travaux et floraisons qui s'étalent de janvier à décembre.

Un petit livre ironique, humoristique et plein de poésie.

On se retrouve dans les descriptions que dépeint l'auteur.

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L'Année du jardinier

Karel Capek (1890/1938) était philosophe et écrivain, et surtout passionné de jardinage !

Je conseille vivement ce petit livre de poche à tous les amateurs de jardin : c'est un pur régal. Les chapitres évoquent chacun un mois de l'année du jardin, et les joies et affres du jardinier qui va avec tout au long de cette année.

Ah ! l'impatience du jardinier qui attend l'éclosion des bourgeons au printemps : ce sont des morceaux choisis du livre, succulents.

J'ai adoré les anecdotes sur l'inconvénient d'être grand quand l'on veut jardiner... je partage avec l'auteur ce facteur malencontreux pour le jardinage !

Et les épisodes où, contraint de s'éloigner de sa maison, Monsieur Capek confie son jardin à un voisin qu'il inonde de missives et consignes, c'est d'un cocasse !

A noter que les illustrations en tête de chapitre sont réalisées par le frère de l'auteur.



"Vous ne voyez plus les choses sous le même angle. Pleut-il, c’est pour le jardin qu’il pleut. Le soleil brille-t-il, ce n’est pas assez dire qu’il brille, il brille pour le jardin. Fait-il nuit, vous vous réjouissez : le jardin va se reposer.

"Chaque année apporte davantage de croissance et de beauté. Dieu soit loué, nous aurons bientôt un an de plus." p.152 (dernière phrase du livre)
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L'avant-scène théâtre : La Guerre des salamandr..

C'est avec plaisir que j'ai lu ces deux pièces de cet auteur dont j'ignorais l'existence et qui pourtant est bluffant de modernité. Décédé en 1938, ses propos vont loin, très loin et rejoignent certaines de nos préoccupations actuelles. La première, "La guerre des salamandres" est une fable théâtrale et poétique dénonçant un système capitaliste qui sur-exploite la nature. L'écologie est au centre de l'histoire. La métaphore (très improbable) des salamandres fonctionne à merveille et procure une dimension presque ludique au propos terrassant de pertinence. La seconde pièce évoque la question des robots, selon une trame digne de tout bon livre de SF, mais apportant quelques éléments improbables et très bien vus. Le propos va loin, très loin (Je trouve que la série "Real Humans" pourtant pas mauvaise en soi, fait petit bras face à la force de ce texte). La structure de cette pièce est plus lourde, je trouve et souffre du rapport que les pièces dites "classiques" entretiennent sur l'action. Il s'agit de beaucoup de scènes rapportées plus que vécues, surtout à la fin. À la fois, la mise en scène du propos sans discours rapporté serait un sacré défi théâtral. Cette petite remarque n'enlève en rien à la qualité de la dramaturgie, de l'écriture et des questions soulevées. Un grand auteur à découvrir ! Comme quoi que la SF a son mot à dire sur les planches et pas que derrières les écrans avec foison d'effets spéciaux.
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L'avant-scène théâtre : La Guerre des salamandr..

Aujourd’hui, je vous présente deux pièces de théâtre. Non, ne fuyez pas, tout d’abord parce qu’elles nous permettent de découvrir Karel Čapek, auteur tchécoslovaque devenu classique, ensuite parce que la première pièce est tirée d’un de ses romans les plus connus, et que cette version permet de lire un roman de 380 pages en deux heures, tout au plus.

De plus, ces deux fables politiques restent d’une grande modernité. Dire que R.U.R. a été écrit en 1920, et La guerre des salamandres en 1936 !



La guerre des salamandres est ici adaptée par Evelyne Loew et mise en scène par Robin Renucci. Et l’histoire, alors ? Le capitaine Van Toch, faisant escale en Europe, s’associe avec un certain Bondy, homme d’affaires, pour une entreprise de pêche de perles. Il a découvert des salamandres géantes et intelligentes dans une île proche de Sumatra, qui, mangeuses d’huîtres, mais pas intéressées par les perles, pourraient leur faire une main d’oeuvre toute trouvée. Mais d’autres vont vouloir tirer parti de cette manne jusqu’alors inconnue, et exploiter les salamandres à d’autres fins. Celles-ci finiront par se révolter…

Les thèmes abordés par Karel Čapek ne peuvent pas laisser indifférent, même et surtout maintenant : la protection des espèces, le bien-être animal, la montée des eaux des océans, la mondialisation, le pouvoir des médias, et j’en oublie sans doute ! La mise en scène est très intéressante, avec des incursions de l’auteur dans la trame du récit, et j’aurais beaucoup aimé voir cette pièce sur scène. Toutefois, je n’ai pas eu de mal à m’immerger dedans, et suis ravie de la découverte !



Le deuxième texte était dès l’origine écrit pour le théâtre. Jouée pour le première fois à Prague, en 1921, puis à New York dès 1922, la pièce a été traduite en français, puis montée par Jacques Hébertot et présentée à Paris en 1924.

R.U.R. signifie Rossum’s universal robots, il s’agit d’une entreprise crée par un certain Rossum, qui fabrique des robots d’apparence humaine, capables de faire toutes les tâches ingrates dont les hommes ne veulent plus s’embarrasser. D’ailleurs cette pièce est à l’origine du mot robot qui n’existait pas auparavant, il vient d’un mot tchèque « robota » qui signifie corvée.

Une jeune femme, Hélène, vient visiter l’usine qui fabrique ces robots et finit par rester et épouser le directeur de l’usine. Mais elle reste ennuyée par le fait qu’il manque des sentiments à ces robots presque humains, et en voulant faire leur bonheur, précipite la chute de l’entreprise Rossum.

De mise en scène plus classique, cette pièce étonne aussi par sa modernité. Les questions posées par l’intelligence artificielle y sont très bien développées, s’y mêlent des réflexions sur l’exploitation des travailleurs, et cela en fait une lecture très intéressante.
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L'avant-scène théâtre : La Guerre des salamandr..

J'ai découvert ce texte par l'adaptation théâtrale du roman de Karel Capek par Evelyne Loew et une mise en scène de Robin Renucci.



En 1936, alors que le fascisme monte en Europe, le Tchèque Karel Capek publie un roman satirique et d'anticipation : "La guerre des salamandres". Un capitaine de navire fait escale à Prague. Interviewé par un journaliste il parle d'une île proche de Sumatra où il a découvert des salamandres douées d'une intelligence remarquable qui sèment sur le sable des perles d'une qualité rare. Le capitaine Van Toch va proposer à l'homme d'affaires G.H. Bondy, ancien camarade d'école devenu millionnaire, d'investir pour exploiter ces salamandres. L'affaire grossi, le monde entier tire parti des qualités de ces animaux marins, jusqu'au jour où elles vont se révolter. Quel est dès lors l'avenir de l'être humain et du monde ?



J'ai beaucoup apprécié la mise en scène de Robin Renucci pour Les tréteaux de France. Relire ce texte m'a rappelé combien il était visionnaire. Cette lecture du roman de Karel Capek non seulement aborde la critique des extrêmes mais s'attaque au capitalisme, au militarisme, au journalisme, à l'industrie du cinéma et de la communication, mais se préoccupe aussi des enjeux écologiques du 21e siècle et questionne la nature de l'être humain. Un texte à plusieurs niveaux de lecture, qui pousse à la réflexion, et qui donne envie de lire le roman dans son intégralité.



L'édition de l'Avant-scène théâtre permet de découvrir un autre texte de cet auteur oublié : R.U.R. , pièce de théâtre d'anticipation publiée en 1920, dans lequel apparaît pour la première fois le mot "robot". On trouve déjà le questionnement de l'auteur sur l'humanité. Sur une île, une usine fabrique des robots proches de la vision que nous avons des androïdes. Dotés d'intelligence artificielle et de sentiments, comme les salamandres ils vont apprendre des êtres humains et se révolter contre leurs maîtres. Un texte d'anticipation (ce qui n'est pas si courant au théâtre) qui là encore se montre d'une lucidité effrayante tant il trouve écho dans notre société un siècle plus tard.
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L'empreinte

Je n'ai pas été convaincu par cette nouvelle, ni par sa forme ni par son fond.

On pourrait dire qu'il s'agit d'un conte fantastique-philosophique. Mais traiter de la vérité et de la réalité des choses versus l'insondable en vingt-cinq pages n'est, pour moi, pas un pari réussi ici.



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La fabrique d'absolu

Sans nul doute , moins bon que " La guerre des Salamandres " . Récit assez confus , déroutant sans utilité ultérieure mais souvent assez juste sur la vision de l'église et de ses fidèles . Heureusement , pour moi , dans la vie , ces considérations ne me touchent pas de prés et leur démonstration m'est depuis longtemps assimilée sans que je ne sois méprisant envers les adeptes qui sont pourtant bien ridiculisés dans le livre . L'écriture date un peu et la démonstration est pleine de lourdeur ..... surprenant venant d'un pays si riche en auteurs adeptes de la légèreté d'esprit .

Lecture à réserver aux adeptes de Capek dont je suis et reste quand même .
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La fabrique d'absolu

La traduction par Jean Danès de La fabrique d'absolu n'est, je crois, pas très récente. Il me semble que traducteurs ne se permettent plus ce genre de chose depuis un moment : « Souhaitant éviter de décourager les lecteurs français, le traducteur a francisé le nom des personnages et a adapté le cadre du début en le transportant à Paris, "pensant que Capek aurait agi ainsi s'il s'était adressé directement au public français".» Mouais. Déjà, c'est prendre les lecteurs pour des imbéciles en partant du principe qu'ils seraient déstabilisés par un roman ne se passant pas en France. Ensuite, cela introduit le doute en permanence. On se demande régulièrement si ce que l'on lit a un quelconque rapport avec l’œuvre originale. Enfin, passons.



Les fabriques d'absolu, ce sont de nouveaux types de réacteurs qui ont la capacité d’annihiler l'intégralité de la matière. Conséquence : ils libèrent ainsi l’essence divine contenue dans toute chose. Et cette essence divine, cet Absolu, n'a pas l'intention de rester inactif. L'Absolu, c'est Dieu en version gazeuse. Les effets se font rapidement sentir : conversions en masse, illuminations, miracles... On pourrait penser que le monde n'est pas prêt pour une telle technologie, mais l'industriel Bondy est au-delà de ce genre de détail. Ce qu'il voit, ce sont des réacteurs extrêmement performants, et donc des bénéfices renversants. Les réacteurs envahissent donc le monde, et l'Absolu avec lui.



C'est l'occasion pour le futur auteur de La guerre des salamandres de multiplier les situations croustillantes :



« Oui, j'ai essayé toues sortes d'isolants imaginables pour empêcher l'Absolu de sortir de la cave : les cendres, le sable, les blindages d'acier, rien n'est efficace. J'ai essayé d'entourer toute la cave avec les œuvres complètes d'Auguste Comte, de Spencer, d'Haeckel, et de toutes sortes de positivistes. Pense donc que l’Absolu traverse même cela ! »



Alors que Dieu envahit le monde, la société humaine tremble sur ses fondations et Capek déploie tout son talent humoristique et satirique. Les religieux eux-mêmes ne sont guère enchantés de la venue d'un Dieu un peu trop réel, bien plus encombrant et difficile à gérer que celui, plus passif, dont ils avaient l'habitude. Petit à petit les hommes sombrent dans la fièvre de la piété, et si pendant un moment on peut imaginer un monde uni dans la bonté, la réalité se révèle toute autre :



« – Je le dis pour la deuxième fois : décampez, ou bien, au nom du Seigneur, je démolis votre baraque.

– Et vous, dit Jean Binder, rentrez chez vous, ou bien, au nom du Seigneur, je vous casse la figure. »



Eh oui ! Chacun s’approprie un petit morceau de la divinité et est persuadé de l'avoir toute entière. Dans la seconde partie du roman, c'est la guerre. La guerre totale. Capek a d'ailleurs un peu tendance à s'éparpiller. Si auparavant on restait vers Paris (donc Prague en version originale) avec quelques personnages récurrents, Capek passe ensuite à une échelle mondiale. Du coup, les chapitres n'ont que peu de liens entre eux et il est plus difficile de suivre et d’apprécier la situation. Malgré ce petit regret, La fabrique d'absolu n'est est pas moins une fable débordant d'intelligence et d'humour, une satire brillante des phénomènes religieux. Ceux-ci ayant tendance à ne guère changer au fil des époques, le roman de Capek possède une puissante dimension intemporelle.


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La fabrique d'absolu

Dieu est en tout. Imaginez la chose au sens le plus concret... imaginez qu'en détruisant la matière jusqu'au dernier atome, on libère l'essence divine qu'elle recèle. Imaginez qu'un procédé révolutionnaire - censé à l'origine produire une énergie quasi illimitée à coût dérisoire - se répande à travers le monde, et y déverse à flots la divinité.

Cela pourrait être beau et grand, pensez-vous n'est-ce pas ? tous les hommes enfin réunis par l'essence même du monde. Naïfs que vous êtes ! Outre que l'Absolu, les miracles et les crises de foi qu'il provoque, sont très mauvais pour le commerce (ce qui est fort gênant dans un monde entièrement régi par celui-ci), il est bien évident que si Dieu se révèle, à droite, dans le moteur d'une péniche, et à gauche dans celui d'un manège, les partisans de la Divine Péniche et ceux du Divin Manège ne vont pas tarder à se tataner allégrement la tronche pour prouver à l'autre qu'il possède dans son camp la seule Absolue Divinité.

Et comme la divinité en question est un brin maladroite dans ses manifestations - elle n'a pas l'habitude, la pauvre ! - on se retrouve vite avec un sacré bordel sur les bras.



Basée sur une idée géniale que l'auteur exploite avec autant d'esprit que de justesse, la Fabrique d'Absolu ne m'a pas autant emballée que la Guerre des Salamandres, par laquelle j'avais découvert Čapek il y a quelques mois. J'ai manqué, surtout, de personnages auxquels m'accrocher pour donner du corps, de l'émotion à l'histoire, qui aussi brillante soit-elle m'a laissée assez froide. Mais tel quel, le récit reste bourré de ces petites phrases judicieuses et drôles, de ces remarques impitoyables sur la nature humaine qu'on a envie de souligner et qui confirment le talent et la clairvoyance de l'auteur.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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La fabrique d'absolu

Un savant met au point par hasard une machine qui génère une énergie jamais égalée. Un seul hic, les radiations produites par le processus provoque des crises mystiques et bientôt l'humanité se retrouve déchirée entre les adeptes de trente-six religions plus imbéciles et totalitaires les unes que les autres. Capek, auteur tchèque de l'entre-deux-guerre, nous livre une fable absolument savoureuse et qui, en ce qui me concerne, à nourri autant mon anticléricalisme que mon rejet des dogmes. Un seul regret, l'éditeur de la version française a jugé bon de changer les noms des héros et de situer l'action à Paris plutôt qu'à Prague pour rendre le récit plus accessible à ses lecteurs. Ce livre mériterait certainement une nouvelle traduction.
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La fabrique d'absolu

J'ai trouvé excellent le début du livre, extraordinaire idée quand on pense qu'on est dans années 20. Mais ensuite, je trouve que ça se dilue, se perd, et le style aussi devient faiblard (la traduction ? ou carrément le texte original ?).

On m'avait vanté ce livre, il se laisse lire, il fait un peu réfléchir, mais je n'en fait pas un must-have-been-readen.
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La fabrique d'absolu

Les éditions La Baconnière ont eu la bonne idée de rééditer en 2020 La Fabrique d’Absolu, de Karel Čapek, basée sur une traduction certes ancienne, mais revue avec des noms propres non francisés, ce qui est appréciable ! Il y est question de l’invention d’une machine révolutionnaire, le Carburateur…

L’ingénieur Marek met en vente l’appareil qu’il vient d’inventer : le Carburateur, capable de produire beaucoup d’énergie à partir de peu de matière et sans produire de déchets : une révolution en perspective !

Pas de déchets, certes, mais la combustion provoque la libération de l’Absolu, c’est-à-dire d’une puissance divine, ce qui fait que l’ingénieur Marek s’inquiète des conséquences de son invention, ce qu’il partage avec l’industriel Bondy, sur le point de développer le Carburateur à grande échelle.

Ce qui était à craindre se réalise et l’Absolu devient rapidement incontrôlable. Il répand la foi sur toutes les personnes qui s’en approchent, avant de prendre lui-même le contrôle de la production des biens.

Ce livre est d’une grande richesse de thèmes : la recherche du profit, celle de la production d’une énergie limitée, les méfaits du progrès, l’intolérance, les dangers du fanatisme religieux et in fine, l’absurdité de la guerre. Ce livre est également très humoristique, comme l’illustre ce passage où l’ingénieur Marek et l’industriel Bondy consultent le Cardinal avant de produire le Carburateur.

Ecrit en 1922, ce récit dystopique conserve une grande actualité. Les thèmes sont universels et certains passages font penser aux dérives attendues de l’Intelligence Artificielle ou à notre quête de société d’abondance. L’auteur est fidèle à sa ligne « humaniste ».



Ma dernière rencontre avec Karel Čapek date de la lecture de La maladie blanche, un autre roman dystopique écrit 15 ans plus tard, qui a retrouvé une grande actualité avec l’épidémie de Covid-19, et qui est à mon sens supérieur à La Fabrique d’Absolu. Ce dernier aurait gagné à être quelque peu raccourci pour être plus incisif. Il confirme néanmoins qu’il faut relire Čapek, un grand écrivain du XXème siècle.


Lien : https://etsionbouquinait.com..
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