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Citations de Karen Blixen (423)


Lorsqu’approcha le moment où le Christ devait revenir sur terre, on fonda un comité destiné à prendre toute mesure utile pour sa réception.

Après avoir bien examiné la question, le comité envoya une circulaire demandant tout d’abord qu’il ne fût ni agité ni jeté de palmes et que l’on s’abstînt de crier « Hosanna ».

Quand le retour du Christ eut été fêté plusieurs jours, le Christ un soir dit à Pierre qu’il aimerait aller se promener, quand tous les autres seraient couchés.

« Où voulez-vous aller, Seigneur ? demanda Pierre.

— Simplement du Prétoire jusqu’au Golgotha, dit le Christ, je voudrais remonter cette côte. »
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À certains égards, les liens qui s’établissent entre les Noirs et les Blancs en Afrique sont assez analogues à ceux qui se nouent entre les deux sexes.

Si l’un des sexes découvrait qu’il ne joue pas de rôle plus essentiel dans la vie de l’autre sexe que celui-ci n’en joue dans la sienne, il serait d’abord vexé, et ensuite blessé.

Si un amant ou un mari apprenait qu’il ne tient pas plus de place dans la vie de sa maîtresse ou de sa femme qu’elle n’en tient dans la sienne, il serait d’abord stupéfait et ensuite ulcéré à supposer qu’il puisse le croire.

Si une femme, ou une maîtresse s’apercevait qu’elle ne compte pas plus dans la vie de son mari ou de son amant qu’il ne compte dans la sienne, elle serait épouvantée et n’y croirait certainement pas.

Les histoires du bon vieux temps que les hommes se racontent lorsqu’ils sont entre eux et loin des oreilles féminines confirment cette vérité.

Il en est de même des conversations que les femmes ont entre elles quand elles sont sûres qu’aucun homme ne les entendra.

Les Européens entre eux parlent des Noirs de la même façon. Si les Noirs apprenaient qu’ils ne jouent pas plus de rôle dans la vie des émigrants que ceux-ci n’en jouent dans la leur et que les Européens dépendent moins d’eux qu’ils ne dépendent eux-mêmes des Européens, ils ne voudraient pas le croire et riraient au nez de celui qui le leur dirait.

Les rapports qui existent entre les Blancs et les Noirs sont fondés sur une illusion réciproque.
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Les jeunes guerriers masaïs se nourrissaient presque exclusivement de lait et de sang. Peut-être est-ce à ce régime qu’il faut attribuer l’étonnante finesse et la qualité soyeuse de leur épiderme ?

La peau de leurs visages aux pommettes saillantes, à la mâchoire proéminente, est lisse et ferme sans un pli, tendue comme la peau d’une balle. Leurs yeux sombres qui ne voient rien ni personne sont enfoncés dans leurs orbites, comme deux pierres incrustées dans une mosaïque ; d’ailleurs, tout chez le Masaï a le fini et la dureté de la mosaïque.

Les muscles de leur cou sont impressionnants ; ils saillent aussi menaçants que ceux du cobra, du léopard ou du taureau. La virilité qu’ils dénotent est si agressive, si provocante, que les Masaïs paraissent toujours plus ou moins en guerre avec le genre humain, les femmes exceptées.

L’opposition ou peut-être l’harmonie profonde de leurs visages arrogants et fisses qui surmontent des cous épais et des épaules magnifiques, avec leurs hanches étroites, leurs cuisses maigres et ramassées et leurs longues jambes musclées, fait toujours songer à quelque bête de race, qu’une discipline de fer aurait entraînée à la rapacité et à la férocité.

Les Masaïs ont une démarche très particulière : ils se tiennent très raides et posent leurs pieds, qu’ils ont très fins, l’un devant l’autre. La raideur de cette démarche frappe d’autant plus que les mouvements des bras et des mains sont souples et gracieux.
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La notion du droit est en Afrique très différente de ce qu’elle est en Europe, et il est malaisé de saisir le point de vue d’un continent opposé au sien.

Les Africains ne connaissent qu’un moyen pour rétablir l’équilibre changeant des circonstances ; c’est d’évaluer et de payer le préjudice causé. Comme l’eau qui afflue là où le niveau baisse, ils cherchent à combler les trous que le destin creuse ; les motifs d’un acte ne les intéressent aucunement.

Si quelqu’un rencontre son ennemi et lui coupe le cou, ou si un bûcheron écrase un promeneur imprudent en abattant un arbre, le résultat est le même. La société a subi un préjudice qui doit être réparé dans la mesure du possible.

Les Africains ne s’inquiètent ni de la responsabilité ni des circonstances atténuantes, soit qu’ils redoutent d’être entraînés trop loin, soit qu’ils jugent que cela ne les concerne pas, mais ils se livrent à des calculs passionnés pour déterminer quel nombre de moutons ou de chèvres pourra éteindre la dette. Le temps alors ne compte plus pour eux ; ils sont engagés dans un labyrinthe de sophismes où l’on ne progresse que lentement.

Inutile de dire que lorsque je débarquai en Afrique ces méthodes me révoltèrent par ce qu’elles avaient de contraire à ma notion du juste et de l’injuste.

Et sur ce point les Africains sont tous les mêmes. Les Somalis, qui ne ressemblent en rien aux Kikuyus qu’ils méprisent, se livrent aux mêmes calculs qu’eux, lorsqu’il s’agit d’évaluer le prix d’un meurtre, d’un vol ou d’une agression. Que ce prix s’exprime en argent ou en bétail, qu’il s’agisse des chamelles si prisées en pays somali ou des chevaux dont le pedigree est inscrit dans le cœur de chacun, la passion est la même.
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La nuit apporte à ceux qui rêvent un enchantement particulier, une joie du cœur, une légèreté de l’âme que le jour ne connaît pas.

Le rêve, aussi doux que le miel qui fond dans la bouche, est l’enchanteur qui nous délivre du destin. Grâce à lui, nous connaissons la liberté, non pas celle du dictateur qui impose au monde sa volonté, mais celle de l’artiste libéré de vouloir.

Le bonheur de rêver ne tient pas à ce qu’on rêve, mais au jeu facile d’événements qui n’exigent aucun effort de notre part. Les paysages se déroulent d’eux-mêmes, les perspectives et les couleurs se succèdent, les voies, les demeures s’ouvrent devant nous ; des étrangers, qui ne sont ni amis ni ennemis, paraissent et disparaissent sans que nous leur fassions ni bien ni mal. La fuite et la poursuite si fréquentes dans les rêves y sont, elles aussi, enivrantes.

Toutes les paroles que nous prononçons, toutes celles que nous entendons sont profondes, spirituelles. Si elles nous revenaient à l’esprit, dans la journée, peut-être nous paraîtraient-elles fanées et dépourvues de sens, c’est parce qu’elles appartiennent à un autre monde.

Dès que l’on s’endort et que le courant se rétablit, tout leur lustre reparaît.

Mais la volupté du rêve c’est cette liberté qui vous pénètre comme la lumière ou l’air des sommets, qui répand en vous une joie surhumaine.

Le rêveur est l’élu, l’être comblé ; le plaisir et la richesse s’offrent à lui, il les accueille sans effort « ...et les rois de Tarshish lui apportaient leurs dons ». Il participe, vaguement étonné du privilège d’être allongé pendant que tous ces événements s’accomplissent, à des batailles, à des chasses, à des exploits, il va au bal...
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J'ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. La ligne de l'Equateur passait dans les montagnes à vingt-cinq milles au Nord; mais nous étions à deux mille mètres d'altitude. Au milieu de la journée nous avions l'impression d'être tout près du soleil, alors que les après-midi et les soirées étaient frais et les nuits froides.
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“Dear Babette,” she said softly, “you ought not to have given away all you had for our sake.”
Babette gave her mistress a deep glance, a strange glance. Was there not pity, even scorn, at the bottom of it?
“For your sake?” she replied. “No. For my own.”
She rose from the chopping black and stood up before the two sisters.
“I am a great artist!” she said.
She waited a moment and then repeated: “I am a great artist, Mesdames.”
Again for a long time there was deep silence in the kitchen.
Then Martine said: “So you will be poor now all your life, Babette?”
“Poor?” said Babette. She smiled as if to herself. “No, I shall never be poor. I told you that I am a great artist. A great artist, Mesdames, is never poor. We have something, Mesdames, of which other people know nothing."
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Le Baron von Brackel:
La plupart des femmes,dès qu'elles ont le loisir de jouer avec la vie, courent au sabbat des sorcières.
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- Je sais, dit lord Byron, vous allez me dire que d'ici cent ans les lecteurs du monde entier auront mes livres dans leurs bibliothèque, d'où ils les tirereront avec autant d'admiration que de plaisir. On me l'a déjà dit.
- Mais mal dit, milord, mal dit, rétorqua Pipistrello. D'ici cent ans, on vous lira bien moins qu'aujourd'hui. Dans les bibliothèques, vos libre se couvriront de poussière.
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…on lui donna le nom de Lullu, qui signifie perle en souahéli.

1836 - [Folio n° 1037, p. 95]
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Virginie possédait un grand fonds de bonté. Dans l'éclat actuel de sa situation, maintenant qu'elle était sortie définitivement des Tuileries, elle eût été prête à aimer davantage ses amants s'ils avaient consenti à se laisser aimer par Virginie comme de pauvres gens ayant besoin de sympathie. Virginie aurait pu s'accommoder de sa liaison actuelle avec l'ami d'Elishama pourvu qu'il voulût bien voir dans cette liaison ce qu'elle y voyait elle-même, c'est-à-dire l'effort de deux solitaires pour tirer le meilleur parti d'une triste situation d'une façon toute bourgeoise et modeste, mais avec une bienveillance réciproque.
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Seuls, quelques amis intimes connaissaient la théorie de M. Sörensen, selon laquel les êtres humains éviteraient de commettre nombre d'actes indignes d'eux, s'ils voulaient bien prendre l'habitude de parler en vers. "Ce n'est pas exactement la rime qui s'impose, disait-il, non, le langage ne devrait pas nécessairement rimer ; le vers rimé n'est à la longue qu'une attaque sournoise contre le caractère essentiel de la poésie. C'est en vers blancs, non rimés, que nous devrions exprimer nos sentiments et communiquer les uns avec les autres. La grossièreté de notre nature cède à l'influence des ïambes, qui lui prêtent leur noblesse, et séparent diligemment dans le langage humain le métal précieux de la monnaie de billion du bavardage et de la chronique scandaleuse."
Dans les grands moments de sa vie, M. Sörensen pensait en vers.
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je finis par savoir réduire la fracture d’un bras ou d’une cheville
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La Croix du sud était restée suspendue au ciel pendant quelque temps, telle une trace lumineuse de ce monde englouti
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Savez-vous, dit-il, pourquoi j'admire Dieu et me cramponne à Lui ? Pourquoi je ne puis me passer de Lui ? Parce que c'est la seule créature dont je n'aie ni le besoin ni le droit d'avoir pitié. En considérant tous les autres êtres de ce monde, la compassion me torture et me dévore et je plie sous le poids de leurs soucis.
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Les premières phrases : Il y a en Norvège un long fjord étroit, enserré par de hautes montagnes, Le Fjord de Berlevaag. Au pied des montagnes s'étend la ville de Berlevaag, qui a des airs de jouet, de miniature faite de petits cubes de bois peints en gris, en jaune, en blanc, en rose et en d'autres couleurs. Deux sœurs vivaient dans une de ces petites maisons jaunes, il y a soixante-cinq ans, deux sœurs qui n'étaient plus dans leur prime jeunesse.
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Les Noirs ont horreur de la régularité.
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Les éléphants en avançant dans la forêt vierge foulent le sol tranquillement et à loisir. Derrière eux se creuse un vrai tunnel aux voûtes hautes et sombres comme la nef d'une cathédrale. 
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Un lion en liberté dans la brousse ressemble bien aux plus anciens lions monumentaux en pierre qu'aux lions que l'on voit de nos jours dans un jardin zoologique. Son aspect nous bouleverse le cœur. Dante ne pouvait être plus ému la première fois qu'il aperçut Béatrice dans une rue de Florence.
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Quand tout ce que contenait ma demeure fut vendu, les pièces bouleversées devinrent des cages à résonances. Si je m'asseyais sur une des caisses pleines d'objets à expédier et qui constituaient à présent mon unique mobilier, des voix et des sons d'autrefois s'élevaient, de plus en plus nets, de plus en plus clairs dans les salles d'une majestueuse nudité.
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