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Critiques de Karen Blixen (238)
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L'éternelle histoire

Lors d'une sieste estivale en Vendée, je n'ai pu tomber dans les bras de Morphée.

L'Eternelle histoire, grâce au talent de conteuse de Karen Blixen, m'a tenue éveillée.

Un court récit rempli d'humour, de malice avec de nombreux clins d'oeil à de célèbres œuvres littéraires comme Paul et Virginie par exemple en illustrent le propos ...

Une histoire de marins aussi vieille que la nuit des temps dont l'un des protagonistes est originaire de Marstal! Et çela m' a procuré un immense plaisir de retrouver l’un d’entre eux dans cette nouvelle car ces gars-là je les ai appréciés dans Nous, les noyés de Carsten Jensen, de vrais géants de la mer....

Une histoire de marins donc qui a fait le tour du monde et dont les protagonistes de L'Eternelle histoire ne savent plus s'il s'agit de mythe ou de réalité.

Une histoire de manipulations qui nous propulse dans un univers où la réalité dépasse peu à peu la fiction.

Dans ce jeu d'ombre et de lumière, le marionnettiste va être vite dépassé et peut-être que ses cordes ne suffiront pas à supporter le poids de ses aspirations.

Un conte oriental épicé à savourer...



Cette nouvelle a été adaptée au cinéma en 1968 par Orson Welles sous le titre The immortal story avec Jeanne Moreau.
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La Ferme africaine

"J'ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong". Ainsi commence le récit de Karen BLIXEN qui a passé une partie de sa vie au Kenya, à la tête d'une plantation de café. Ses chroniques autobiographiques décrivent un continent, un pays, content par le menu les petites anecdotes ou les grands évènements qui rythmaient sa vie et celle de ses "gens" dans des paysages de rêve, sur une terre dont elle aimait le peuple, les légendes, les traditions.





Ne cherchez pas l'histoire d'amour du film Out of Africa. Le mari de Karen est très peu présent et si Denys Finch Hatton, Robert Redford au cinéma, est plus souvent évoqué, ce n'est que comme un ami très cher. Ceci dit, je me trompe, il s'agit tout de même d'une histoire d'amour...mais pour l'Afrique. Dans chaque phrase de Karen BLIXEN, on découvre sa passion immense, son respect pour sa terre d'accueil. Le ton est juste, l'écriture poétique, nostalgique parfois, empreinte d'une grande sensibilité. Imprégnée de culture africaine, la maîtresse des lieux s'intéresse à tout ce qui touche les tribus indigènes, sans émettre de jugement, sans condescendance. Un récit magnifique qui a gardé sa modernité et dont on ressort les yeux pleins de paysages merveilleux. A lire absolument.

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Sept Contes gothiques

Le point commun aux sept contes gothiques est la passion ardente qu’éprouvent des notables bien établis.

Tous les contes sont différents. Il ne s'agît de pamphlets sociaux, mais des révélations inattendues de l'amour qui vont parfois se terminer tragiquement.

Karen Blixen est une conteuse exigeante, elle digresse en évoquant d'autres histoires pour les conclure rapidement en même temps. Il semble qu'elle prenne plaisir à embrouiller son lecteur. Ce même lecteur prend lui aussi plaisir à la suivre dans les méandres des contes.

Les références historiques semblent sortir d'un "point de vue images du monde", ce qui donne une sensation désuète, indique que les contes n’ont pas de vocation à relater des faits historiques, mais à de décrire des passions.

Karen Blixen a enthousiasmé ma lecture, car elle a su, avec un enrobage de haute morale, émettre des idées pragmatiques, politiquement non correctes, et délicieusement inattendues.

Pour chacun de ses contes, Karen Blixen mérite bien un petit tour en avion avec Robert Redford (1)

(1) Reference au film de Sydney Pollack :"Out of Africa"

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Sept Contes gothiques

Il y a dans ce livre, lu il y a longtemps, la satire de la vieille noblesse danoise, de la bourgeoisie également. De la parodie aussi : celle des romances, histoires d’amours et de la mièvrerie parfois à l’œuvre dans la littérature gothique. Parmi les thèmes à retenir, la religion qui fait l’objet de nombreuses « adaptations » à la société, dirons-nous, par les personnages, la sexualité, avec laquelle la religion entretient des rapports ambigus (Blixen s’oppose à sa répression), ou la littérature avec de nombreuses mises en abyme, évocation de August von Platen, par exemple ou de Hans Christian Andersen, ironique.
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Le dîner de Babette

Karen Blixen en splendide conteuse, a l'art de raconter une histoire contradictoire, intéressante, visuelle, et dans le diner de Babette, très culinaire.

De plus elle nous fait poser les questions :



1- Qu'est ce que donner ? ce que font les deux soeurs, qui donnent aux plus pauvres qu'elles, alors qu'elles ont choisi la pauvreté, mais alors qu'elles se font servir gratuitement par Babette, une française, rescapée de la Commune de Paris, presque mourante, qui leur avait demandé l'asile. Elles l'accueillent avec bonté, en pensant la convertir à leur religion, tout en se méfiant de cette « papiste, » à la réputation sulfureuse, car tout le monde sait que les français mangent escargots et grenouilles.

Or leur nourriture à elles doit être aussi simple que possible : soupe au pain et à la bière, morue du fjord. Point.

Babette leur demande comme une faveur d'organiser un diner qu'elle financerait elle – même, puisqu'elle vient de gagner à la loterie.

Elle a donné son temps, elle donne maintenant toute sa fortune dans un diner. Remercie-t-elle l'accueil charitable ? Ou veut elle en donnant affirmer son art de la cuisine ? Ou encore ne veut elle pas se venger en quelque sorte en donnant à boire à ces puritains de l'amontillado, et du Clos Vougeot 1946 ? Non, pas du vin, buvez mes petits vieux et saoulez vous, et dégustez de la soupe à la tortue.

Oui, je suis française.



2 Qu'est-ce que l'amour ? Chacune des soeurs a éveillé l'amour humain, auraient l'une comme l'autre pu choisir une vie glorieuse, l'une avec un futur général, l'autre avec un chanteur d'opéra qui entrevoit sa carrière de soprano exceptionnelle.

Et être aimées.

Sauf que le diktat du père : mépriser l'amour terrestre, charnel, trivial et porteur d'illusions, les font se tourner vers la prière, et l'amour spirituel.



3- Qu'est-ce que cet amour spirituel ? Rigoureusement protestant, puisque les noms Martine et Philippa , en souvenir de Martin Luther et Philippe Melanchthon, sont d'ascétiques fanatiques, il se traduit par le mépris de l'ici-bas.

Karen Blixen parle de l'étrange complexité des humains : car apparemment vieilles filles, ces soeurs, en cultivant l'amour des autres, avec douceur, atteignent la lumière des âmes et des coeurs , l'élévation vers le vrai bonheur, en compagnie des anges.



4 Qu'est ce que le bonheur ? Sûrement pas l'avoir, la gloire, le pouvoir. Et ces deux petites habillées en gris et noir , dans leur maison jaune, connaissent plus la paix intérieure que le général , rayonnent d'une clarté céleste, qui se répand sur les vieux invités un peu grisés, et sur Babette, qui restera en Norvège : elle est ruinée, et remplie de joie .

A lire Karen Blixen, nous aussi sommes remplies de joie.





Lecture commune Thématique juillet : Un prénom dans le titre

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La Ferme africaine

Mon chemin de lectrice n'aurait sans doute jamais croisé celui de Karen Blixen, auteure de : La ferme africaine, si je n'avais pas revu dernièrement le fameux Out of Africa de Sydney Pollack. Le destin exceptionnel de cette baronne, Karen Blixen-Finecke a piqué ma curiosité et j'ai voulu parcourir un bout de chemin à ses côtés jusqu'à cette ferme dans les Ngong Hills au Kenya, où elle va devenir entrepreneuse d'une plantation de café, durant douze années. Je n'ai vraiment pas regretté ce voyage littéraire, car Karen Blixen est une merveilleuse conteuse, chez qui le sens de l'observation et de l'empathie le disputent à la sobriété des notations ou au contraire au lyrisme lorsqu'il s'agit de décrire cette nature africaine dont elle est tombée littéralement amoureuse.

Ce que j'ai également beaucoup aimé dans ces chroniques africaines car il ne s'agit pas d'un récit suivi, c'est l'amour et le respect du vivant sous toutes ses formes que l'on sent chez la narratrice. Et son talent de portraitiste nous fait croiser tous ceux qui vont entrer dans son existence d'une façon ou d'une autre. Qu'il s'agisse de Kamante, un jeune kikuyu, à qui elle va sauver la vie en le soignant, de Knudsen, un danois SDF qui va lui demander de l'héberger, ou d'Emmanuelson, un suédois, en partance à pied pour le Tanganika car il a tout perdu et à qui elle va offrir le gîte et le couvert ainsi que de l'argent, c'est toute une galerie de personnages qui défilent sous nos yeux, ravis que nous sommes par ces portraits ciselés, souvent cocasses et tendres et dans lesquels l'humour le dispute à la lucidité.

Ce qui m'a également beaucoup plu chez la narratrice c'est son sens de l'auto-critique voire de l'auto-dérision. N'oublions pas que la période de sa vie qu'elle décrit dans ces chroniques, correspond à celle située entre la 1ère guerre mondiale et les années 1930, c'est-à-dire la période du colonialisme encore triomphant. Or, Karen Blixen fait preuve, dans l'analyse qu'elle nous livre du comportement des indigènes, d'un décentrage ethnique étonnant pour l'époque, notamment lorsqu'elle décrit par exemple les différences culturelles qui existent entre la communauté des kukuyus et les Blancs autour d'une notion comme celle de la justice. Elle va même parfois jusqu'à pousser l'audace en adoptant le point de vue des colonisés, et en décrivant avec humour combien ce changement de point de vue peut être déstabilisant pour les colonisateurs.

Autre point fort de ces chroniques : l'évocation du monde animal, qu'il s'agisse des animaux vivant à la ferme : Lulu, l'antilope, les lévriers écossais et la jument Rouge ou bien des superbes lions africains encore chassés à cette époque mais apparemment pour des raisons moins prédatrices que dans les temps à venir... C'est aussi une des qualités de ce livre que de nous donner à voir une nature sauvage déjà en danger, comme le suggère l'émouvante description de girafes en partance pour Marseille et à qui l'auteure souhaite de mourir durant le voyage plutôt que de se retrouver en exil à Hambourg "où nul ne sait rien de l'Afrique"

Nostalgie et tristesse sont très présentes à la fin du livre lorsque Karen Blixen évoque les deuils auxquels elle doit faire face : vente de sa ferme et mort de deux êtres chers... Mais me restera en mémoire ce beau voyage littéraire dans une Afrique un peu mythique mais ô combien attirante, ainsi qu'un beau portrait de femme, celui de Karen Blixen, une femme libre, audacieuse, charismatique et généreuse.
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La Ferme africaine

« J’ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. » (p. 7) Ces mots, les premiers du roman La ferme africaine, me paraissait être le début d’une épopée extraordinaire. Et ils constituent effectivement le commencement de ce récit autobiographique. Il ne s’agit pas d’un roman à proprement parler mais plutôt d’une collection de courts souvenirs. La nuance n’est pas très importante, à moins que le lecteur n’ait vu son adaptation cinématographique et s’attende à une intrigue amoureuse dans un paysage exotique.



Au fil des pages, la baronne Karen von Blixen déballe tranquillement ses souvenirs, ses impressions de ses années de jeunesse au Kenya, où elle possédait une exploitaiton agricole avec son mari (presque totalement absent du roman). Tout y passe : description invivante des lieux, des montagnes, de l’horizon et de ses jolis paysages. Des gens aussi, les Kikuyus, les Masaïs, les Somalis, les Swahilis, chacun avec sa culture et ses coutumes, sans oublier les administrateurs coloniaux anglais et tous les aventuriers, de passages ou non. Malheureusement, beaucoup disparaissent peu de temps après leur introduction, à peine le temps d'un chapitre. Dans tous les cas, à travers ces portraits, le quotidien, on en apprend davantage sur la culture du café, les aléas de la vie, les anecdotes concernant les employés de la ferme, mines d’une multitude de mini-chocs culturels. Certains sont enrichissants, la plupart sont cocasses.



L’auteure, à travers ses descriptions, réussit à faire évoquer l’Afrique sous nos yeux. Visiblement, elle a aimé cette terre belle et riche, et elle parvient à la faire aimer de ses lecteurs. Toutefois, elle n’est pas la plus habile conteuse. Ses courts chapitres sont bien écrits mais ils manquent d’unité les uns avec les autres, forment des histoires en vase clos. Aussi, ils manquent de transition, ne permettant pas une évolution naturelle. La protagoniste est la même du début à la fin… ou presque. Chaque chapitre peut se lire séparément jusqu’à ce que la baronne, ruinée, doive vendre sa ferme et rentrer en Europe. Vers la même époque, il y a cet accident d’avion… Je ne veux trop dévoiler de pans de l’histoire. Il suffit de dire que cette partie est la seule où j’ai connecté réellement avec Blixen. J’étais nostalgique, triste avec elle. Enfin !



Bref, j’ai aimé la ferme africaine pour l’émerveillement que le roman a suscité en moi, je trainerai ces images longtemps. Que ce soit les paysages ou l’idée de ces lions qui gardent une tombe. Malheureusement, je suis un peu resté sur ma faim, les multiples historiettes peu mémorables s’étioleront avec le temps…
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La Ferme africaine

La ferme africaine - Karen Blixen



Dans ce livre dont je ne sais pas s'il faut le qualifier de roman, Karen Blixen raconte la période de sa vie qu'elle a passée en Afrique, dans sa ferme du Kenya près de Nairobi.

Au fil des pages, elle dit ses joies et ses peines et surtout son amour pour l'Afrique, le Kenya et sa ferme.

Elle narre ses rapports avec les Kikuyus, les indigènes qui travaillent pour elle, elle nous fait ressentir son attachement pour ses gens qu'elle sait différents et dont elle accepte les différences .

Je n'ai pas retrouvé grand-chose dans ce récit du film « Out of Africa », mais qu'est ce que j'ai rêvé en le lisant. Karen Blixen nous emmène dans ses rêves, dans son monde et nous la suivons avec joie et délectation. Je ne connaîtrai peut être jamais l'Afrique mais il me suffira de me replonger dans ce livre pour y être

A lire et a relire absolument

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Ombres sur la prairie

Karen Blixen veut raviver, réanimer, en quelque sorte revisiter, trente ans après son retour au Danemark, ses souvenirs du Kenya, écrits dans « la ferme africaine ».

Le premier souvenir prégnant est celui de Farah, noble Somali, son bras droit, conscient de son devoir de veiller sur elle, lui interdisant aussi de se mettre en danger ou d’entrer dans des dépenses inutiles. Farah l’attendait à Aden, pendant 18 ans il a connu, dit-elle « tous mes projets et toutes mes pensées. Je lui parlais de mes espérances et de mes déceptions. »



Avec une tendresse infinie, avec intelligence, dans son deuxième livre sur l’Afrique, Karen Blixen rend hommage, en premier, à ce gentleman musulman aux idées aristocratiques, majordome hautement respectable, plus soucieux de son bon renom et de son honneur à elle que de son bien-être.



Lorsque Karen fut obligée de quitter le Kenya, il l’accompagna jusqu’à Mombassa ; voyant sa silhouette s’éloigner de plus en plus, « j’eus l’impression, dit elle, de perdre une partie de moi même, comme si, par exemple, on me coupait lentement la main droite de sorte qu’il me serait impossible dorénavant de monter un cheval, de manier un fusil ou d’écrire autrement que de la main gauche. »

Peut-on écrire de façon plus délicate de l’estime que l’on a et que Karen gardera toute sa vie pour Farah, ainsi que la douleur de l’éloignement définitif ?



Elle a tout perdu bien sûr, quand elle a dû retourner d’où elle venait, parmi les siens qui ne voulaient pas d’elle. Elle a perdu, alors, elle écrit, et elle se souvient : les personnes, en premier ; les chasses, lorsqu’elle se trouve face à face avec un fauve, en compagnie de Denys Finch Hatton , en particulier la chasse aux lions.

Elle soigne , aussi, comme elle peut, et raconte ses erreurs, tout en se demandant si ses « clients « ne préféraient pas au fond de leur cœur un médecin qui n’était pas infaillible ». et qui lui pardonnent donc ses faux pas. Elle comprend par là même le rejet de « ses gens » comme elle dit, qui pensent que la médecine occidentale et les hôpitaux surtout, sont destinés à faire mourir, en remplaçant, sans qu’ils l’aient demandé, et sans leur en expliquer le pourquoi, les remèdes traditionnels à base de plantes et de prières, en famille, naturellement.

Elle reçoit, un jour, un « grand geste », de la part de beaucoup de Kikuyus , femmes, enfants, vieillards : une sorte d’acceptation collective pour ce qu’elle essayait de faire, les soigner : ils viennent en foule avec des maux bénins, se faire soigner par elle.

Ils la félicitent aussi de s’être bien habillée le jour de la réception du Prince de Galles, futur roi d’Angleterre : elle leur a fait honneur, ils avaient peur qu’elle garde sa vieille culotte de cheval remplie de boue et ses bottes éculées.

Elle rappelle le souvenir d’Ali Abdullahi, dont elle n’avait pas parlé dans sa « Ferme africaine »et la généalogie qui fait qu’une veuve épouse le frère puiné.

Et puis Kamante, l’intelligent petit, ayant adhéré au parti Mau Mau, qui, pour expliquer ce changement à un autre danois venu prendre de ses nouvelles :

-« Voyez donc ce que m’écrit Mensahib : « Mon bon et fidèle serviteur Kamante » puis il replia la lettre, la remit en poche et dit : « C’est bien ce que je suis ».



Douce tendresse, de cette grande dame qui a essayé de comprendre la civilisation où elle vivait, ses traditions, ses coutumes, et toujours les comparant à son érudition nordique. Lorsqu’elle apprend la mort de Farah, elle refuse d’y croire, « pourquoi s’en était-il allé ? Lui qui avait toujours été le premier à répondre à mon appel » puis repense qu’il l’a toujours devancée, pour dresser sa tente au lieu du rendez-vous.

LC Thématique octobre 2021 : Cap au Nord
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La Ferme africaine

Avis mitigé pour ce roman « qu’il faut avoir lu avant de mourir ».



Karen Blixen a vécu au Kenya entre 1913 et 1931 (plus ou moins). Dans ce roman autobiographique, elle y raconte la vie qu’elle y a menée.



D’un côté, j’ai beaucoup aimé la description des paysages kenyans. Il y a aussi le mode de vie africain, qui est à des kilomètres de l’agitation occidentale. Cela semble être une vie suspendue dans le temps, où on prend le temps de vivre.



On y apprend des choses intéressantes sur les Massaï et sur un sujet à approfondir (du moins en ce qui me concerne) : l’enrôlement des natifs dans des « corps expéditionnaires » au service des empires coloniaux pour aller se battre (1ère Guerre Mondiale).



D’un autre côté, je ne m’attendais pas à découvrir une femme qui aime autant la chasse. Et puis, j’ai quand même été choquée par ses idées. Oui, elle traite bien les natifs à son service mais à plusieurs reprises j’ai constaté qu’elle les considérait comme des personnes inférieures. Elle juge beaucoup la culture africaine en la comparant à celle de l’occident (1ère moitié du XXème siècle).



Il y a le passage « Les nègres et l’histoire » qui m’a aussi interpellée.



Sur ce, je m’envole vers l’Angola pour découvrir son histoire avec l’essai de David Birmingham que j’ai reçu lors de la dernière MC.







Challenge multi-défis 2019

Challenge pavés 2019

Challenge plumes féminines 2019
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La Ferme africaine

Une oeuvre qui invite au voyage ce n'est pas si courant , et ce très beau livre se propose dans cette optique .

Le fait que ce texte soit une autobiographie rajoute encore dell'intérêt pour le lecteur , l'auteur fait partager son vécu de manière intelligente , pédagogique , avec un profond amour de l'Afrique que l'on comprend aisément .

L'on est loin ici des clichés , cette retranscription transpire la réalité et force est de reconnaître que le lecteur aime ça.

Le style de Blixen n'est certes pas révolutionnaire , il n'en est pas moins très plaisant et participe de maniére évidente au charme qui se dégage de cette histoire .

L'évocation de cette histoire d'amour au coeur de la savane , c'est un bonheur pour le lecteur .

On à tous et toutes un coté fleur bleue que l'auteur parvient à contenter là encore en évitant les clichés inhérents du genre .

Au final , que l'on découvre ce livre avant ou après le film est secondaire , les deux expériences sont complémentaires et le plaisir par là même décuplé .

Une grande et belle oeuvre que ma mére m' a fait découvrir , et là encore elle à eu raison .
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L'éternelle histoire

Le remarquable dans le conte « L' éternelle histoire » inclus dans « le diner de Babette » est non pas seulement la manière de raconter de Karen Blixen, foisonnante, entrant dans la psychologie de ses personnages, passionnante en un mot, mais de plus la modernité de la chute : â la manière de Tchekhov, le conte se termine sans fin heureuse et sans fin malheureuse.

C'est le voyage qui compte, pas la destination.



Karen Blixen nous invite à Canton, nous fait côtoyer l'homme le plus riche, vieux, malade, seul et impuissant, Monsieur Clay, persuadé de son omnipotence, nabab commerçant en thé; elle nous présente son jeune aide, comptable à l'esprit aiguisé, Elishama, enfant juif rescapé du pogrom de 1845 en Pologne, où toute sa famille a été massacrée. Il est parti comme un petit colis, suivant une famille pauvre rescapée, a survécu à de multiples aventures dont il se souvient à peine :

« Tous ces souvenirs imprécis gisaient au fond de sa mémoire, tels des poissons des grands fonds qui n'apparaissaient jamais à la lumière. »

Il n'a pas de souvenir de son enfance et non plus pas d'illusion, pas de désir, pas d'ambition.



Monsieur Clay, insomniaque lui demande de lire les livres de compte la nuit, puis il exige qu'il lui raconte une histoire. l'‘omnipotence aidant, après qu' Elishama lui ait lu des versets du prophète Esaïe, que le petit avait reçus et gardés puis avait fait traduire de l'hébreu, le tout puissant ( pense-t-il) Clay raconte lui même une histoire.



Tous les soirs, une histoire.



Celle que les marins se racontent : un vieux qui invite un marin vigoureux et lui donne de l'argent pour baiser sa femme.

Elishama, lui, le sait : c'est une histoire que les marins les plus pauvres se racontent, mais qui n'a jamais existé et ne pourra jamais exister : les marins payent les pauvres filles des ports, point-barre, or ce serait, dit Blixen , une offense à la loi de l'offre et de la demande de rêver une histoire où ils seraient payés pour le même acte.

Cependant, bravant la logique, toujours persuadé de son pouvoir presque divin, et surtout indifférent à la dépense qui n'aura pas de limite, puisqu'il faut non seulement rémunérer le marin, mais aussi la jeune femme improvisée , Clay se propose de faire exister cette histoire inventée.

Oui, grâce à lui, un marin et d'autres marins après lui, raconteront cette histoire qu'il va mettre en scène, peu importe le prix et , cette fois, ce sera du vécu.



En fait, grâce à Elishama, responsable de la tractation, et pas payé pour le faire.



Mis à son tour en scène par Orson Welles : l'art invente la nature, l'art rend visible la nature, l'art rend réel les fantasmes inventés.



LC thématique :Cap sur le Nord

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Contes d'hiver

Karen Blixen avait l’habitude, au Kenya, de raconter à ses hôtes des histoires à rebondissement, ainsi ils passaient la nuit chez elle, et attendaient la fin de l’histoire. De retour au Danemark, ruinée, blessée par les infidélités de Finch-Hatton et sa mort, pas très bien accueillie par sa famille à qui elle a demandé tant d’argent avant l’incendie de sa plantation de café, elle retrouve les contes .



Dans les Contes d’hiver 1942: Le champ de la douleur :



Le plus étrange et sauvage des contes, par la meilleure des conteuses.

La campagne vallonnée du Danemark était sereine et silencieuse : une propriété, les collines bleutées la brume couleur de perle, l’odeur des tilleuls en fleur.

Karen , fait durer le plaisir, avant d’aborder le thème :

Adam( mais oui…), héritier présumé des terres revient sur les lieux de son enfance. Il a connu mieux, n’avait pas trop envie de revenir, et revient, acte manqué, quand il a perdu l’héritage : Son oncle, un vieux hobereau a perdu son fils unique mais a épousé la promise de ce dernier. Il a l’argent, peut tout se permettre et achète donc une jeune fille beaucoup plus jeune, pour continuer la lignée, (il ne doute pas d’en être capable.)

Adam retrouve le domaine, et pense que, comme en Angleterre où il a vécu, il voudrait « délivrer les captives rougissantes, et leur permette de prospérer. » Il s’agit des roses, mais en lisant plusieurs fois Blixen, je sais qu’elle parle d’autre chose plus intéressant.

D’autant que son oncle répond : « tu pourras manger librement de tous les arbres de ce jardin » !!!

L’épousée, élevée à la cour, n’est pas surprise de la vie campagnarde, elle voit par exemple l’étalon se cabrer et crier près de la jument. « Toute cette luxuriance, cette vie sensuelle, cette fécondité, se révélaient à elle, rien que pour son plaisir. ». Elle aperçoit des paysannes nues se baignant dans le fleuve, et, regardant son propre corps, une démangeaison interrompt sa rêverie… (Karen a alors dû dire à ses invités qu’il était temps de dormir, ses récits de la roseraie et de l’étalon ayant monopolisé l’attention)

Dans la propriété, un incendie a été commis par un jeune paysan et le hobereau vieillissant propose à la mère qui vient défendre l’honneur de son fils, de moissonner un champ entier de seigle que normalement coupent trois hommes valides en un jour. Par amour pour son fils, une veuve peut aller loin, très loin.

Douleur, et, comme parfois dans les contes, pas de happy end, pas de morale salvatrice. Seule la douleur.

Pendant ce temps, le cousin Adam aussi jeune que son fils passe son temps à jouer du clavecin avec la jeune épousée ….Alors, la lignée, un espoir ….peut être j’invente… Serait ce ça la Nemesis, la justice rétributive, dont parle Adam à son oncle, vengeance des dieux contre la démesure tyrannique d’un vieux au cerveau (et autre, je me permets) fatigué, et vengeance du jeune qui n’admet pas l’horrible symbole de la cruauté et de l’oppression du monde.

Car Adam se sent proche du centre des évènements, il est au centre.

Chef d’œuvre barbare, j’essaie de trouver une alternative au propos de Blixen, ou un non –dit pourtant évident, plus sensuel, plus centré et plus vrai.

Mais ai-je raison ?

LC thématique octobre 2021 : Cap au Nord

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Le festin de Babette : Et autres contes

Je connaissais ce Festin de Babette, comme un délice de cinéma...

Ma seconde lecture achevée de 2019 aura été pour le recueil de Karen Blixen, dont est tiré la nouvelle qui donna un si beau film.

Cinq récits d'inégale longueur, mais d'intérêt égal pour le lecteur curieux et prompt à voyager que je pense être.

Cinq histoires de découverte, dans lesquelles les personnages se réalisent dans leurs projets ou/et à l'occasion de rencontres singulières.

Dans quatre de ces cinq récits, la mer joue un rôle non négligeable, en amenant, reprenant ou restituant êtres et bateaux, fortune et marchandises... Histoire aussi.

Ainsi:

-Saufe découvrira un nouveau monde de véritable éden.

-Babette, du titre, renouera avec un don mis en sommeil.

Deux soeurs et un général vont découvrir ou se rappeler le sens d'un repas d'exception

-Malli se révélera dans une tempête, et en provoquera d'autres.

-Mr Clay, avec son million de livres et au bout de sa vie, voudra réaliser la seule histoire de fiction qu'il connaît.

-Lise, toute jeune épousée, va faire une rencontre et perdre son anneau de mariage...

Cinq nouvelles, donc, riches de ce que l'on a perdu et de ce que l'on trouve, découvre ou retrouve.

Cinq nouvelle qui me donnent envie de lire d'autres oeuvres de Karen Blixen.
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Le festin de Babette : Et autres contes

Ce recueil regroupe cinq nouvelles de la célèbre femme de lettres danoise : "Le plongeur", "Le dîner de Babette", "Tempêtes", "L'éternelle histoire" et "L'anneau". de mon point de vue, ces récits, de longueurs inégales, le sont aussi en qualité, et aucun ne m'a véritablement marquée.



D'une nouvelle, j'attends surtout une chute ou une morale brillante qui me prenne au dépourvu ou illumine mon état d'esprit par son caractère original, voire rusé, sa construction ingénieuse et son ambiance dépaysante. Lire une nouvelle, c'est faire un court voyage, et qu'il soit onirique ou réaliste, j'aime m'y sentir impliquée, je suis en quête de fulgurances. Or ici, ce fut tout le contraire puisque ces cinq nouvelles n'aboutissent pas vraiment à ce qu'il convient d'appeler un "dénouement", certaines tournant même en eau de boudin, me laissant plutôt perplexe quant à ma propre capacité de réflexion et de compréhension.



Après la lecture de cinq nouvelles de Blixen, je crois pouvoir dire que l'une de ses spécificités est d'emboîter les histoires les unes dans les autres. Ainsi, par une mise en abîme multiple, il est fréquent qu'un conte en révèle un autre, puis encore un autre, et ainsi de suite, chaque personnage semblant à même de raconter une histoire, ce qui donne l'impression d'une narration tout en digressions ; j'ai souvent dû m'accrocher pour ne pas perdre le fil.



Karen Blixen était louée de son vivant pour son don de conteuse, charmant ses cercles d'histoires dites "envoûtantes" et, en effet, dans sa façon d'écrire, on perçoit bien la part d'oralité due au récit qui, lorsqu'il est simplement couché sur le papier comme c'est le cas ici, semble trop inanimé, presque inerte, d'où un intérêt pour le lecteur qui se dissolve lentement, quelque soit la longueur du conte. Aussi, à peine avais-je lu ces nouvelles qu'hélas, je les avais déjà presque oubliées.





Challenge de lecture 2015 - Un recueil de nouvelles

Challenge AUTOUR DU MONDE
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La Ferme africaine

Karen Blixen raconte sa ferme au Kenya et l'amour intense qu'elle porte à l'Afrique.



Au début du 20ème siècle, l'aventure africaine de cette intellectuelle danoise concilia vie «à la dure» et soif d'expériences culturelles.



Ce roman autobiographique est chargé de romantisme, de poésie et d'émotions fortes. L'absence de chronologie donne l'impression que le temps est suspendu ; les souvenirs se succèdent sans ordre, par petites touches ; la nostalgie embellit jusqu'aux événements tragiques.



L'Afrique de Karen Blixen appartient à une époque révolue, où la passion est pénétrée de langueur. Et c'est cette Afrique, dont l'auteure nous dévoile l'âme, qui est la véritable héroïne du livre. Une âme fière qui s'exprime dans des paysages fabuleux et immuables, une faune aussi dense que sauvage, une multitude d’ethnies, de langues et de cultures.



Karen Blixen, ensorcelée par cet univers magique, loin des colons condescendants, cultiva les rencontres et les relations avec les indigènes, avec la considération et le respect qui mènent à la compréhension réciproque.
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La Ferme africaine

Récit autobiographique de cette danoise sur l’exploitation d’une plantation de café en Afrique. Des chroniques sur ses amis, ses employés, les animaux comme Lullu, une antilope, qui vivra dans la maison.



Devenue baronne de par son mariage, il m’a manqué les motivations de son installation en Afrique et elle ne parle pas du tout de son époux. Était-il là ? Des paragraphes magnifiques mais quand même gênée par sa chasse aux lions.



Amusant de constater d’y voir le mot « nègre » alors qu’il a été banni du titre d’Agatha Christie.
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La Ferme africaine

Avec La Ferme africaine, Karen Blixen évoque ses années passées au Kenya de 1914, juste un peu avant la guerre, jusqu'en 1931, date de son retour au Danemark. C'est un ensemble de réflexions, de souvenirs, d'impressions où se mêlent les cinq sens, couleurs, bruits, odeurs, et les difficiles épisodes naturels, chaleurs, pluies, sécheresses.

Au travers de son regard, c'est la vie des colons dont elle relate la vie, une vie difficile pour celui qui essaye véritablement, de s'intégrer, de développer les activités de la plantation de café, de comprendre les différentes ethnies cohabitantes, une mosaïque de peuples, les Kikuyus, les Somalis ou les Masaïs, chaque groupe revendiquant des avantages et chacun ayant des comportements qu'il faut décrypter et ménager pour éviter disputes, et gérer les compensations en cas d'accidents pour assurer la justice. Bien évidemment, il faut replacer ce texte dans l'époque, une époque où l'on parle d'indigènes, où elle évoque ses gens mais cette façon de les appeler relève plus du paternalisme que du mépris d'une blanche vis à vis des africains.



Avec un style magnifique, Karen Blixen évoque cette Afrique qui l'est tout autant, et plus largement une période de sa vie qu'elle dit être la plus heureuse de sa vie. J'ai juste un seul petit bémol, une deuxième partie faite de textes courts, moins intense que la première partie, mais cela reste un texte magnifique.
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La Ferme africaine

On ne lit jamais deux fois le même livre. Cette deuxième lecture que je fais de la ferme africaine - la première remonte à 1994 - me fait découvrir l'ouvrage sous un autre jour. Ce n'est évidemment pas celui-ci qui a changé, mais bien moi. Les acquis de la vie font évoluer la personnalité et sa perception du monde. Il n'en reste pas moins que je l'ai apprécié autant que lors de ma première lecture, mais plus pour les mêmes raisons. J'ai le sentiment d'en avoir fait une lecture mieux imprégnée de l'état d'esprit de l'auteure mais a contrario plus critique.



La ferme africaine est avant tout l'histoire d'un échec. Peut-être même de plusieurs. le tout premier étant celui de la vie conjugale de l'autrice. Elle ne mentionne son mari qu'une seule fois dans le texte. Encore le fait elle pour évoquer son départ vers la frontière, missionné dans le cadre du conflit qui opposait le Kenya à son voisin sous domination allemande. Les faits relatés se déroulent à l'époque de la première guerre mondiale. Karen Blixen ne fait aucune mention de sa vie de couple dans l'ouvrage alors que c'est une entreprise qu'ils avaient lancée en commun. Un silence qui en dit long sur l'ambiance de la vie conjugale et les conduira au divorce en 1925.



Échec aussi et surtout de la survie économique de la ferme. Il faut dire que cette femme s'est retrouvée bien seule et sans réelle compétence pour faire vivre le projet. Échec enfin, mais dû à la cruauté du destin cette fois, de la relation qu'elle avait tissée avec ce jeune aristocrate et aventurier anglais, Denys Finch Hatton. Il s'est tué dans l'accident de son avion. On leur prêtait une relation amoureuse.



Mais le plus grand traumatisme n'a-t-il pas été pour elle la séparation d'avec tout le personnel autochtone qu'elle faisait vivre et travailler sur ses terres. Car si Karen Blixen les appelait « nègres », cette appellation n'avait pas dans sa bouche la connotation offensante qu'on lui affecte aujourd'hui. Elle avait construit avec eux une saine relation humaine qui était dépourvue de mépris pour leur condition. S'interrogeant elle-même sur l'impact de la colonisation qui provoquait chez les populations indigènes un véritable choc culturel en faisant se confronter des développements de sociétés humaines en complet décalage. Ne le dit-elle pas elle-même dans son ouvrage : « Mais nous-mêmes, où en serions-nous à ce moment-là ? Qui dit que ce n'est pas nous qui nous cramponnons aux nègres, retardons leur ascension, avec un désir passionné de retrouver la confusion, l'obscurité et la vie élémentaire ? »



Il y a un autre sujet en filigrane dans cet ouvrage, mais non moins évident, qui est celui de l'impact de la civilisation, avec tout ce qu'elle comporte d'appropriation des richesses naturelles, sur l'évolution de la faune et de la flore et conduit aujourd'hui à l'extinction des espèces. La conquête des territoires grignotant peu à peu et de plus en plus vite leur espace vital. Les safaris menés à l'époque en toute bonne conscience contre une ressource imaginée inépuisable n'avaient rien de safaris photos.



Le recueil de souvenirs de la ferme africaine, au-delà de la portée romanesque et nostalgique qu'a voulu lui donner son auteure, fait figure de réelle étude ethnologique des sociétés se confrontant dans leur niveau d'évolution, avec la grande interrogation sur la définition du terme de civilisation quant à la pureté de ses intentions. Quel est le sauvage : celui qui tue pour se nourrir ou celui qui tue pour afficher un tableau de chasse ?



Lecture plus critique disais-je en préambule, donc moins porté sur le côté splendeur de la nature et romantisme tel qu'a pu le mettre en images Sidney Pollack dans Out of Africa. Mais deuxième lecture qui m'a rapproché des intentions de Karen Blixen quant à la sincérité des sentiments qu'elle a voulu faire valoir dans cet ouvrage à l'égard du pays et des populations autochtones. Les rapports humains qu'elle avait établis avec ces dernières, s'ils n'étaient pas exempts de la connotation de supériorité de race qu'affichaient sans vergogne les colonisateurs, n'en étaient pas moins empreints de sens de la responsabilité et d'attachement. C'est ce que l'on comprend avec le souci qu'elle a eu avant de quitter le pays de replacer son personnel auprès d'une bonne maison.



Une constante à la relecture de cet ouvrage est le romantisme et la nostalgie qui émanent de ce récit autobiographique. du pain béni pour un réalisateur qui le porte à l'écran sur fond des somptueux décors africains du Kenya.



Lien : https://bibliolevant.blogspot.com/

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La Ferme africaine

La baronne Karen Blixen-Finnecke, Danoise d’origine, a acheté une plantation de café en Afrique. Dans ce texte, elle parle de ses relations avec les indigènes, certains devenant de proches amis. Elle évoque son attachement à cette terre chaude et sauvage, si proche encore des merveilles de la création telle que Dieu l’a voulue. « Moi, je sais un hymne à l’Afrique, un chant sur les girafes allongées et sur le clair de lune, sur les charrues dans le sol et les visages luisants de sueur des cueilleurs de café. Et l’Afrique, sait-elle un chant sur moi ? L’air vibre-t-il jamais d’une couleur que j’ai portée, y a-t-il un jeu d’enfant où mon nom ressurgit, la pleine lune jette-t-elle sur le gravier de l’allée une ombre qui ressemble à la mienne ? » (p. 113 & 114) Sa tendresse parfois condescendante révèle avant tout un amour profond pour ce continent.



Entre nostalgie et regret, l’auteure évoque également sa relation avec Denys Finch Halton, colon à l’élégance folle, adepte d’un amour intense, mais sans attache. Quand la ruine est consommée et qu’elle doit vendre sa ferme, l’auteure sait qu’elle gardera en elle l’empreinte de l’Afrique, brûlante et indélébile, cette Afrique dont elle fait désormais partie, pour toujours. « Un Blanc qui aurait voulu nous complimenter aurait écrit : ‘Je ne vous oublierai jamais.’ Mais un Africain dit : ‘Nous ne te croyons pas capable de jamais nous oublier.’ » (p. 117)



Out of Africa est davantage un recueil de chroniques qu’un roman : sans logique temporelle, l’auteure aborde un sujet et un autre, ne suivant que le fil de ses souvenirs et de sa nostalgie. Hélas, cela crée un immense manque de cohérence : en règle générale, je n’apprécie pas les récits décousus, il en est de même pour ce texte dont je retiens tout de même de superbes passages. Et bien sûr, je ne peux que recommander l’adaptation cinématographique avec Meryl Streep et Robeeeeeeert Redford.

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