Ce roman a été un véritable coup de cœur !
Ahmed Taroudant vit dans le 19ème arrondissement de Paris, quartier cosmopolite. Il découvre Laura, sa voisine du dessus, assassinée. Il comprends vite qu'il fait le coupable idéal... Il essaie donc de découvrir ce qui a pu se passer et aide la police dans son enquête, à sa manière.
Le titre "Arab Jazz" est un hommage à "White Jazz" d'Ellroy. Titre bien choisi car ce roman rend hommage à la littérature, au cinéma, à la musique.
Karim Miské a une écriture très belle et surtout inventive. Et poétique. Le langage est très imagé et rejoint sur ce point les romans noirs français, mais garde également une originalité, un ton propre à l'auteur.
J'ai beaucoup aimé les personnages, que j'ai trouvés très attachants (les personnages principaux hein, pas les méchants ^_^). Ahmed, jeune arabe qui vit dans son monde et ses rêves, dépressif quasi autiste. Il oublie son quotidien dans la lecture de romans policiers, qu'il achète au poids chez le libraire du quartier.
"Les romans lus tapissent les murs de son studio. Pas de bibliothèque, il les empile. Son espace vital se rétrécit au fil des lectures. Il tient ses comptes : deux tonnes cinq de polars, tous achetés chez M.Paul" p.13
Et un duo de flics intellos et passionnés de cinéma qui dénotent avec le reste du commissariat, qui sont devenus flics pour des raisons peu communes : "Pour Jean, désir de ne pas rester enfermé dans sa tête et identification avec les héros taciturnes et justes des romans qu'il dévorait depuis ses treize ans. Volonté d'action, pimentée d'un zeste de fascination quasi érotique pour la beauté pure chez Rachel, qui s'identifie plus aux samouraïs des films de Kurosawa qu'au Bogart du Faucon maltais." p.44
Karim Miské aborde dans ce roman un thème difficile, le communautarisme religieux et le fanatisme. Et il arrive à en parler d'une façon simple, directe et respectueuse. Sans aucune lourdeur pour le lecteur malgré le sérieux du sujet. Il dénonce également les attitudes archaïques qui en découlent.
"Le modèle de Bintou était plutôt Hawa, sa mère. Une femme énergique qui portait, imprimées dans sa chair, ses propres raisons d'être en révolte contre un ordre du monde qu'elle estimait largement périmé, même si elle n'en parlait jamais. Sauf une fois, à sa fille. Une conversation qui était restée imprimée pour toujours dans la mémoire de Bintou" p.221
Vous l'aurez compris, j'ai trouvé ça difficile de lâcher le livre et j'espère que j'aurai l'occasion d'en lire d'autres du même auteur. Et de retrouver ces mêmes personnages !
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