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Critiques de Keiji Nakazawa (119)
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Gen d'Hiroshima, tome 4

Septembre 1945 – Septembre 1947. Le temps s’accélère. Un an après les bombardements atomiques, les survivants de la famille de Gen sont enfin réunis, dans des conditions toujours plus misérables. La joie des retrouvailles permet seulement de compenser les difficultés à se procurer les denrées alimentaires nécessaires pour combler de nouveaux estomacs. L’alimentation est toujours au cœur des conflits de ce Japon dévasté et laissé à l’abandon. L’absence des hommes politiques n’a jamais été plus frappante que dans ce quatrième volume alors qu’à l’internationale –la notice en fin de volume nous en informe-, le Japon cherche à racheter son image, adoptant un comportement extrêmement ambivalent à l’égard des Américains. D’ailleurs, ce sont surtout ces derniers qui s’approcheront au plus près des rescapés de la bombe atomique.





Dans ce volume, les soldats américains constituent la population étrangère qui nourrit tous les fantasmes et toutes les histoires les plus nauséabondes. Ils se montrent prolixes et s’amusent de l’enthousiasme qu’ils suscitent lorsqu’ils jettent des paquets de chewing-gums aux pieds des petits japonais affamés, mais peuvent devenir redoutables lorsque ces mêmes japonais, que les bonbons auront fini de mettre en appétit, essaient de pénétrer leurs campements pour dérober les boîtes de conserve et de lait qu’abritent leurs cuisines. L’américain est aussi un outil de promotion sociale : certaines jeunes japonaises l’ont bien compris, qui se prostituent pour faire vivre leur famille.





Dans la lutte pour l’alimentation, les villes dévastées, laissées à leur libre gouvernement, voient se multiplier les clans de « yakusas ». Le crime s’organise, devenant la tentation et la crainte de ceux qui ont encore assez de force et de courage pour survivre. Ce n’est, bien entendu, pas le cas de tout le monde, et Keiji Nakazawa ne s’étonne même plus des victimes qui continuent à se déclarer, deux ans après la guerre atomique.





Ce qui a déjà été dit à propos des volumes précédents de Gen sera confirmé une fois encore. Cette série apprend à son lecteur ce que peu de livres sur les bombardements japonais de 1945 ne pourront jamais lui apprendre. On comprend mieux pourquoi : au cours des années durant lesquelles Hiroshima et Nagasaki furent livrées à elles-mêmes –ou presque- seul un survivant et témoin direct des évènements pouvait nous transmettre l’exactitude de son expérience. Parce que celle-ci semble authentique, qu’elle ne cherche jamais à appuyer les traits ou à se laisser aller aux plaisirs de digression artistiques, elle ne sonne jamais faux et impressionne par cette juxtaposition de la gravité des évènements et de la légèreté des attitudes.


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J'avais six ans à Hiroshima, le 6 août 1945, ..

Voici un témoignage simple mais néanmoins très fort sur l’horreur de la bombe atomique. On suit le quotidien de l’auteur et on découvre au fur et à mesure les terribles conséquences de cet évènement mais aussi la manière dont il a été géré par les autorités japonaises et américaines.
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Gen d'Hiroshima, tome 3

J + 4 après le bombardement d’Hiroshima.

Après la première vague de morts atroces qui a succédé aux rayonnements de l’explosion atomique, les victimes de la bombe continuent à déclarer forfait dans l’anonymat des chairs décomposées. En ville, les survivants se regroupent en famille dans leur maison et jettent des regards méfiants à quiconque pourrait leur dérober de la nourriture ou propager le virus mortel de la bombe. Keiji Nakazawa nous rappelle que ce qui nous semble évident en tant que lecteur ne l’était absolument pas pour les japonais de 1945. Le ciel leur est tombé sur la tête, mais pourquoi les victimes continuent-elles de se déclarer et de mourir des jours après l’explosion de la bombe ? Les corps décomposés, effilochés, crachant du sang et remplis de vers, semblent en proie à une maladie furieuse qui, après être passée de la bombe aux hommes, pourrait bien se transmettre d’homme à homme. Dans ce contexte de terreur généralisée, les japonais semblent avoir atteint la plénitude de la haine, celle qui leur fait abhorrer leurs tortionnaires américains comme leurs compatriotes japonais.





Nous retrouvons Gen dans la période qui s’étale du 10 au 15 août 1945. Les sentiments anciens d’amitié et de compassion survivent parfois et surgissent, ponctuels et isolés, sous la forme d’un don généreux ou d’une proposition salutaire. Une vieille amie de la maman de Gen lui permet ainsi de s’installer avec ses survivants dans une extension de sa maison, malgré la haine et le persiflage des autres résidents. Ceux-ci préféreraient être seuls pour ne pas avoir à surveiller leur nourriture des estomacs étrangers, et ils font subir une torture lente et sournoise à la famille de Gen pour les mettre à bout et leur enjoindre de débarrasser le plancher. Mais face à une fatigue qui dépasse la sensation ordinaire, ces attaques mesquines font figure de tendres réminiscences du sentiment d’être vivant. Pendant que sa maman essaie de retrouver des forces pour nourrir la petite dernière, Gen parcourt Hiroshima et les alentours pour trouver de l’argent et ramener de quoi manger. Il s’occupera d’un agonisant que sa famille a caché dans une pièce isolée de leur maison avant d’apprendre la capitulation du Japon face aux Etats-Unis. Sa liesse n’est pas partagée par tous : « Ils se moquent de nous ! Nous nous sommes sacrifiés pour le Japon et pour l'empereur parce que nous devions gagner ! Et maintenant on nous demande un effort parce que nous avons perdu ! J'en ai plus qu'assez ! Il ne nous reste plus rien ! Notre maison a brûlé et les nôtres sont morts ! Nous n'arrivons même pas à avoir du riz ! Il ne nous reste que la douleur ! »





C’est vrai. Et Gen passe chaque instant de son existence miraculée pour combattre cette douleur et adoucir les jours de chacun de ses compatriotes. Il lutte pour propager sa générosité, allant parfois même jusqu’à une insouciance qui nous semble inconcevable. Gen le bon samaritain étale sa vertu comme un fardeau impudent. Il paraît incroyable, irréaliste, mais c’est sans songer que dans l’Hiroshima d’août 1945, la générosité se confond avec la survie et qu’elle traduit une terreur frénétique de mourir et de voir mourir ses proches. La menace ne quitte jamais les pages de ce livre et se confirme parfois, au détour d’un ami ou d’un voisin. « L’ennemi s’est mis à utiliser une arme nouvelle et singulièrement cruelle dont les effets semblent être aussi terribles qu’imprévisibles ». La déclaration d’Hiro-Hito faite aux japonais le jour de la capitulation se réalise à chaque instant…


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J'avais six ans à Hiroshima, le 6 août 1945, ..

L'histoire est précédée d'un texte de Bernard Clavel, La peur et la honte qui décrit terriblement bien ce monde dominé par la violence, où l'on est obligé de posséder une bombe pour garantir la paix, qui parle des pilotes des avions lachant les bombes sur les villes japonaises, qui peuvent éprouver honte ou même aucun remords.

En de courts chapitres, on découvre l'horreur de cette bombe racontée par Keiji Nakazawa qui avait 6 ans quand la bombe est tombée sur Hiroshima. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant que sa mère a du laisser mourir son mari et ses enfants coincés sous une poutre de leur maison en train de bruler. La reconstruction de la ville et de leur vie ne fut pas facile, les personnes sont restées marquées moralement et physiquement. Keiji Nakazawa raconte aussi son histoire à travers un manga en dix tomes, très marquante aussi.

L'histoire de Keiji Nakazawa est suivi d'un dossier intéressant sur les bombes, les hibakushas. Saviez-vous que si 0.5% des bombes planétaires explosaient, cela pourrait avoir de graves conséquences pour toute la terre ? Quel monde pourri...

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Gen d'Hiroshima, tome 3

Troisième volet de la saga, le récit continue dans la même veine que les précédents tomes. Il y a toujours l’horreur des conséquences de la bombe, l’indifférence des populations qui ne sont pas touchées.



Le personnage le plus important ici est Seiji, le peintre blessé par la bombe. Sa famille ne veut pas s’occuper de lui car son aspect monstrueux fait peur aux voisins. Gen, contre rémunération, va prendre soin de lui mais va vite se lier d’amitié avec Seiji. Ce peintre est conscient de la réalité de la bombe et veut faire prendre conscience aux gens qui l’entourent avec son art mais cela semble tellement futile.



On arrive au moment de la capitulation du Japon, les habitants qui apparaissaient déjà comme bien seuls lors de cette guerre sont encore plus seuls, désemparés face à la nouvelle annoncée par l’Empereur qui devait les protéger de toute invasion étrangère. Gen d’Hiroshima, c’est la guerre vue au niveau des hommes et des femmes qui ont souffert pendant la guerre, qui étaient bien loin des préoccupations des gouvernants.
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Gen d'Hiroshima, tome 1

EXTRAIT "Manga de référence, indéniablement, sur cette période de la seconde guerre mondiale. Rien d'étonnant à ce qu'il soit préfacé par le grand Art Spiegelman.

Sous couvert de présenter la vie quotidienne des Japonais pendant la guerre, Keiji Nakazawa va beaucoup plus loin. Il peint le portrait du Japon militariste, endoctriné et jusqu'au-boutiste, celui-là même qui, officiellement, décidera Truman à utiliser la Bombe Atomique."
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Gen d'Hiroshima, tome 1

Ville d'Hiroshima, Japon, été 1945.

La guerre bat son plein et la propagande est incessante pour justifier l'effort de guerre et l'enrôlement des jeunes dans l'armée. La famille Nakaoka est pauvre et a bien du mal à joindre les deux bouts. Heureusement, grâce à l'ingéniosité de Gen, le quotidien est moins difficile. mais le père de Gen est contre la guerre et il le fait savoir.

Catalogués traîtres à la patrie, Gen et sa famille voient leur vie devenir encore plus compliquée.

Jusqu'au matin du 6 août, où la vie de tous les habitants d'Hiroshima bascule dans l'horreur...



Basé sur les souvenirs autobiographiques du mangaka, Keiji Nakazawa, "Gen d'Hiroshima" ne parle pas seulement de la guerre, mais aussi de la violence et de la haine qu'elle provoque chez les hommes.

Profondément noir, malgré le soleil éclatant d'Hiroshima et celui qui ponctue comme un métronome les journées de Gen et de sa famille, des pousses d'espoir germent cependant ça et là, allégeant le propos. Gen et Shinji, son jeune frère, sont de drôles de petits diablotins, capables des pires bêtises mais aussi des plus grands élans de cœur.



"Gen d'Hiroshima est dans sa forme un manga classique : le style de dessin est clair et précis, les sentiments sont exacerbés, la violence également. La difficulté de lecture de la droite vers la gauche, ainsi que la mise en page des textes dans les bulles est rapidement dépassée par la puissance du sujet.

On est submergé dès la première page et anéanti à la dernière.



Je ne saurais trop conseiller cette lecture, pour deux raisons principales : d'une part pour convaincre tous ceux qui n'ont jamais lu de mangas et qui croient, à tord, qu'il n'y est question que de mutants ou de filles pré-pubères à grosses poitrines. Et d'autre part pour donner à réfléchir aux personnes qui pensent que "grâce à la bombe, la guerre s'est arrêtée". "Gen d'Hiroshima" va donner à ceux-là un nouveau champ de réflexion.



Tout simplement indispensable.
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Gen d'Hiroshima, tome 2

Alors que le premier volume de Gen d’Hiroshima se déroulait sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, le deuxième volume voit le temps se ralentir. Pour un peu, on croirait presque qu’il se fige…





La bombe atomique vient d’éclater au-dessus d’Hiroshima avec les conséquences que l’on croit connaître. S’il s’agit du nombre de décès, on peut trouver des chiffres : 70 000 habitants sur 250 000. Hélas, et bien qu’ils représentent déjà une réalité monstrueuse, ils ne disent presque rien de l’horreur véritablement vécue par les habitants d’Hiroshima. De la part des autorités, on ne peut pas attendre grand-chose, surtout lorsque l’on sait que la première décision prise à Tokyo suite à cet évènement fut de l’occulter par tous les moyens au reste de l’archipel. Il fallait bien qu’un survivant s’empare d’un moyen trivial –le manga- pour rétablir une parcelle de vérité.





Il faudra dorénavant cheminer avec quelques personnages en moins –et pas des moindres. Le père, la grande sœur et le petit frère de Gen ont disparu sous les décombres de leur ancienne maison. Morts ou non ? Malgré l’improbabilité d’une survivance, ni Gen ni sa mère ne semblent pouvoir reconnaître leur disparition. Au détour de plusieurs pages, leurs fantômes réapparaissent au milieu des ruines d’Hiroshima. Formidable incarnation de la puissance de la vie, la mère de Gen donne bientôt naissance à une petite Tomoko. Préservée ( ?) des conséquences immédiates des radiations, elle représente l’espoir d’une génération qui essayera de se développer à nouveau sur les bases d’un territoire hostile. Mais fragile, elle nécessite des soins et des attentions de chaque instant, ce qui relève de la gageure lorsqu’il est déjà difficile de trouver pour soi-même un peu de riz et de confort.





La survie de chacun s’oppose à la survie d’autrui. S’ajoute à l’hostilité du territoire l’hostilité de l’autre qui ne représente désormais plus qu’une menace : menace de contamination lorsque les effets secondaires de la bombe atomique semblent se propager à la manière d’un virus ou menace de famine lorsque les vivres se comptent au gramme près et que leur rationnement ne permet pas à toutes les bouches survivantes d’être comblées.





- Si on t’apporte du riz, tu t’ouvrirais le ventre ?

- Faites-moi confiance ! Apportez-moi du riz !





La folie des survivants menace aussi Tomoko, et combien de mères désormais esseulées n’essaient pas de voler ou de blesser l’enfant par jalousie ?





Sans s’attarder sur des images monstrueuses, par simple évocation des quelques heures qui ont suivi l’explosion atomique –heures consacrées à la survie-, Keiji Nakazawa nous propose une nouvelle compréhension de l’évènement. On ne sait plus si les survivants sont vraiment les plus chanceux de l’histoire, et on ne peut déterminer ce qui est le plus tragique, des conséquences dispensées par la bombe en elle-même ou des comportements funestes des survivants. Vers, pourriture, lambeaux de peau ou folie meurtrière ? Le choix ne se limite heureusement pas à ces alternatives peu réjouissantes et Gen, puisqu’il en est le représentant, semble tirer à lui le peu d’énergies positives encore présentes dans cette population, blessée par la violence et la méconnaissance de la situation. Il est toutefois permis de se demander si cette force pourra s’étendre encore longtemps…
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Gen d'Hiroshima, tome 2

EXTRAIT "Un tome 2 difficile à soutenir. La fin du premier volume l'était aussi, mais là, c'est 250 pages qu'il faut tourner dans cette antichambre de l'enfer. Keiji Nakazawa ne nous épargne rien. Il ne nous cache pas les souffrances physiques, les effets terribles des radiations sur l'homme, mais il ne nous cache pas non plus les violences morales subies par les survivants."
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Gen d'Hiroshima, tome 2

Alors que je trouvais que le premier volume était assez dut notamment dans la description des mentalités, ce deuxième volume est plus dur encore car il décrit les conséquences de l’explosion de la bombe atomique. Les survivants sont livrés à eux-mêmes. La rare présence de l’État se caractérise par le ramassage et la destruction des cadavres. Les corps brûlés, la peau fondue, les organes qui se liquéfient, c’est l’horreur absolue.



A côté des conséquences physiques, il y a l’indifférence voire la haine des habitants des villages avoisinants à l’égard des survivants.Les villageois vivent dans leur bulle et feraient n’importe quoi pour voir disparaitre ces gens qui viennent leur demander une poignée de riz.



Dans une guerre, l’inhumanité peut venir de l’ennemi mais celle-ci est encore plus difficile à supporter lorsqu’elle vient de son propre camp.
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Gen d'Hiroshima, tome 1

Nakazawa s’est largement inspiré de sa vie pour réaliser ce manga, il a vécu à Hiroshima et lui aussi il a perdu une partie de sa famille dans l’explosion de la bombe atomique.

Ce qui m’a marqué à la lecture de ce premier volume, c’est la virulence de la dénonciation de l’aveuglement des militaires et des autorités durant la guerre. Ils avaient réussi à embrigader toute la population et s’il y avait une voix discordante, elle se préparait à vivre difficilement.

La dénonciation m’a marqué parce que il me semble que les Japonais ont une relation difficile avec leur passé. Il n’y a pas si longtemps un Premier ministre visitait un monument célébrant des militaires convaincus de crimes de guerre.

Nakazawa alterne entre des passages humoristiques et des passages plus émouvants. Une alternance de tonalités qui me fait penser à l’Histoire des 3 Adolf, cela permet d’avoir des touches de légèreté mais le l’ensemble du récit reste empreint d’une grande gravité.
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Gen d'Hiroshima, tome 1

Art Spiegelman avait lu pour la première fois Gen d’Hiroshima un jour au cours duquel la fièvre l’avait cloué au lit. L’histoire lui avait semblé géniale. Plus tard, il avait voulu la relire pour avoir la confirmation que son appréciation dépendait bien du livre en lui-même, et non pas de l’état second dans lequel aurait pu le placer la fièvre. Conclusion : fièvre ou non, Gen d’Hiroshima est bien une lecture géniale.





Pour ma part, j’ai lu cette histoire dans mon enfance et je l’avais aussi trouvée exceptionnelle. Comme l’enfance et la fièvre sont, à peu de choses près, identiques, j’ai voulu la reprendre aujourd’hui pour avoir, comme Art Spiegelman, la confirmation du talent de Keiji Nakazawa.





Je retourne donc prudemment, volume par volume, dans la série Gen d’Hiroshima qui s’étend sur plus de 2000 pages au total. J’ai retrouvé le jeune garçon –personnage inspiré de Keiji Nakazawa-, avant-dernier d’une famille composée de cinq enfants au cours de l’année charnière 1945, à Hiroshima. Ce premier volume expose au lecteur les conditions de vie quotidiennes au Japon en temps de guerre. La famille de Gen est étonnement moderne et semble guidée par le pacifisme du père, soutenue par l’approbation de la mère et prolongée par l’éducation des enfants. A cette période où chacun doit soutenir l’effort de guerre et où le sacrifice personnel prévaut au-delà de toute compromission individualiste voire familiale, le pacifisme revendiqué du père fait figure de provocation suicidaire. Autour de lui et de sa famille, les voisins, les instituteurs et les marchands forment un bloc de haine massive, lâche et sournoise. Les brimades injustes s’abattent sur les enfants, les champs sont pillés alors que la famine fait des ravages, et toute tentative de vivre dignement et légalement est rendue impossible par l’acharnement d’une population qui n’aime pas voir remettre en question ses convictions. Et pourtant, aucun membre de la famille ne reniera le pacifisme du père. Cette valeur leur permet de rayonner, quelle que soit la quantité de malheur qui leur parvient quotidiennement. Elle fédère les enfants et les parents envers et contre ceux qui défendent le plus ostentatoirement possible les valeurs de l’Empire.





Dans la description de ce quotidien, j’ai retrouvé avec plaisir les personnages au caractère bien affirmé de cette famille. Leur joie et leur bonne humeur alternent souvent avec leurs emportements colériques ou leurs impulsions démentes, comme le bonheur d’une vie de famille soudée est sans cesse remis en question par les conséquences du rejet social et de l’ostracisme dont elle fait l’objet. Hiroshima en 1945… Même si la bombe n’a pas encore été lâchée sur la capitale, Keiji Nakazawa est impressionnant de sobriété et de courage. La force vitale qui émane de cette première partie du récit éclipse presque la suite inéluctable des évènements que nous connaissons pourtant. Mais dans les dernières pages de ce premier volume, la bombe finit malgré tout par s’abattre sur Hiroshima le 6 août 1945. Le dessin, naïf et simpliste, s’enflamme et sert cette fois à représenter des corps dégoûlinants, flambés par la force de l’explosion.





La fièvre ni l’enfance ne permettent de justifier la force véhiculée par Gen et l’admiration que l’on est en droit d’éprouver pour Keiji Nakazawa. Parce que cette histoire n’est pas seulement un récit historique, on a beau se souvenir de la suite des évènements, il apparaît indispensable de poursuivre la lecture de cette série pour le plaisir de côtoyer ses personnages et de se sentir amélioré par leur force et leur courage.
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Gen d'Hiroshima, tome 5

Les aventures de Gen Nakaoka et sa famille continuent.



Dans cet opus il découvre que les Américains se servent des rescapés de la bombe comme de cobayes mais ne les soignent pas. Et pire encore, les médecins japonais sont complice de cela !



Les thèmes et les motifs de la narration sont les mêmes que dans les précédents. Pas de grande nouveauté donc dans ce 5ème tome.
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Gen d'Hiroshima, tome 4

2 ans ont passés depuis que la bombe est tombée sur Hiroshima. Et qu'est-ce que cela a apporté à la population japonaise ? Hé bien : la malnutrition ! Le vol de la nourriture devient quasi vital pour la famille Nakaoka, et les autres... Et forcément, les yakuza en profitent pour accroître leur puissance sur les marché noirs !



Les soldats américains profitent de leur statut de vainqueur pour faire vraiment ce qu'ils veulent, et se donnent bonne conscience en distribuant des chewing gum (trop cool ces diables blancs ! )



L'originalité du tome a été pour moi, une fois de plus, des personnages secondaires, deux orphelines qui luttent pour survivre. Malheureusement, deux jeunes filles n'ont pas les mêmes armes que les petits garçons vus dans les tomes précédents...
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Gen d'Hiroshima, tome 1

Une amie m'a prêté Gen en me disant seulement qu'il s'agissait d'un manga sur Hiroshima... En fait ce fut un véritable choc, je ne suis pas une grande lectrice de manga mais là... je le mettrait au même niveau que "Maus" de Art Spiegelman, que je place très haut dans mon estime.

Ce manga nous permet de mieux comprendre l'histoire du Japon pendant la 2nde Guerre mondiale, la notion d'enrôlement, de propagande...etc... Bref à faire lire à tous les lycéens.
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Gen d'Hiroshima, tome 3

Dans ce 3ème tome, Keiji Nakazawa se focalise sur la peur de la contamination du "poison de l'explosion" dans la population japonaise et le sort réservé aux rescapés.



Nous voyons les heures qui suivent l'annonce de la capitulation du Japon par l'empereur à son peuple. La population est exsangue et désabusée. Dans un tel contexte, difficile de faire preuve de compassion pour les victimes de la bombe atomique.

Une fois de plus, le mangaka donne un visage à ces rescapés presque plus malheureux à cause du regard de leurs proches que de leur dégradation physique.

Gen, pour gagner de l'argent qui servira à nourrir sa famille accepte un emploi que tout le monde refuse : celui de s'occupé d'un rescapé d'Hiroshima. Seiji est traité comme un pestiféré par sa propre famille. Il est isolé dans la maison et ne reçoit aucune visite. La seule chose que les membres de sa famille attende : c'est qu'il meure !



Notre courageux protagoniste n'a pas fini d'être indigné par l'hypocrisie de certaines personnes et la détresse d'autres qui mettent en place d'impensables stratagèmes afin de pouvoir se nourrir.



Le fait de faire passer Gen et sa famille en second plan dans ce tome est une stratégie narrative intéressante qui permet de garder le lecteur en alerte pour les épisodes à suivre !
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Gen d'Hiroshima, tome 2

Je ressors de ce second tome avec les mêmes sensations que dans le premier.



Ici, Keiji Nakazawa met en scène la journée qui suivit l'explosion de la bombe. Et les scènes qu'il décrit sont toutes aussi apocalyptiques que celle des flammes qui embrasaient Hiroshima, car cette fois, Gen découvre (impuissant et effaré) les effets des radiations. Les scènes de panique se succèdent avec les chaires brûlées qui se détachent des corps, des flots de cadavres ambulants qui réclament à boire, les soldats chargés du ramassage des corps qui meurent de dysenterie, des mères qui restent près du cadavre de leurs enfants et sombrent dans la démence, ...

Et dans tout ce chaos, Gen doit chercher du riz pour nourrir sa mère et sa petite soeur qui vient de naître.



Le tome 2 se focalise aussi sur le deuil et l'absence de solidarité et de compassion dont la population a fait preuve après le drame. La pauvre famille Nakaoka est bien accablée et traitée comme des pestiférés... Les ennuis ne font hélas que commencer.

A aucun moment Keiji Nakazawa ne nous livre une version angélique ou romancée de cette population. Une fois de plus, il donne un rôle au voisin coréen, Monsieur Pak, à qui, même après ce drame, on fait sentir qu'il est différent et inférieur aux Japonais. Révoltant !



Encore une fois, ce tome donne un visage à la catastrophe nucléaire. Mieux qu'un grand cours d'histoire, on se demande s'il était vraiment nécessaire de sacrifier tant de victimes civiles pour arrêter cette guerre. Quand on pense que l'armée américaine se justifie en disant que sans cela la guerre aurait duré un an de plus et aurait entraîné la mort de plusieurs soldats américains et japonais.... Mais, n'est-ce pas le risque de leur métier ?



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Gen d'Hiroshima, tome 1

Dans la série "je me cultive en manga", j'ai emprunté le premier tome de Gen à la bibli. Quel choc! Cet épisode raconte l'enfance de Gen et sa famille à Hiroshima, juste avant l'explosion de la première bombe nucléaire en 1945. Une vie rude, sans joie, dans un monde en guerre où les gens meurent de faim et où le patriotisme japonais, exacerbé à l’extrême, ne souffre pas de contestation... Le tome se clôt sur l'explosion, les gens errant dans les rues, en lambeaux, et sur le dilemme de Gen qui doit se sauver pour ne pas périr dans les flammes mais qui ne veut pas abandonner sa famille, coincée sous les poutres de leur maison. Un manga violent, dont il ne faut pas rater la préface, rédigée par Art Spiegelman, et qui dit, en bien mieux, tout ce que j'ai pensé de ce premier tome...

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Gen d'Hiroshima, tome 1

6 août 1945 : c'est la date que nous avons tous appris en cours d'histoire.



Ce jour-là, l'aviation américaine a jeté une bombe atomique sur la ville d'Hiroshima - première d'une série qui devait amener à la capitulation sans condition de l'empire du soleil levant.



Au final, même si on se rend compte qu'il ne s'agit pas d'un évènement anodin - sinon quel est l'intérêt de l'enseigner -, difficile de se rendre compte de l'impact qu'a eu cette journée. De simples chiffres sur un calendrier qui ont pourtant bouleversé et blessé d'une façon à peine imaginable, la vie de milliers de personnes.



Ce premier tome montre bien sûr des images cauchemardesques de cette tragédie humaine, mais pas seulement. Keiji Nakazawa dépeint ce qu'était le quotidien des Japonais pendant la guerre. La privation, les humiliations, l'intimidation avec le spectre du sacro saint "patriotisme", la méchanceté des petits chefs de quartiers et des officiers, ... Mais il y a aussi le courage, la générosité et la loyauté de Gen envers sa famille qu'il aime et qui l'aime aussi.



Famille Nakoka que l'on voit devenir victime de la communauté dans laquelle ils vivent à cause des idées pacifistes du père de famille. D'autres souffriront de cet impératif d'honneur pour la patrie, et le prix nous semble bien disproportionné à nous petits occidentaux du 21ème siècle !



Il peut paraître maladroit de dire que l'histoire contée par ce manga est belle, tant elle est tragique. Quelque part, elle me rappelle ce qui m'avait touché dans Le Tombeau des Lucioles, dont j'ai envie de lire la nouvelle maintenant (pour cela je remercie kuroineko ).



On pourrait décrire chaque vignette de ce manga, et n'en avoir rien dit pourtant. Alors, pour faire un peu justice à son auteur, qui s'est inspiré de sa propre expérience pour réaliser Gen d'Hiroshima : je vous conseille de découvrir cet oeuvre dès que possible. Pour les aficionados du Japon et/ou de la Seconde Guerre mondiale. Et pour les autres aussi.



A signaler aussi, la préface d'Art Spiegelman à ne pas "zapper".
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Gen d'Hiroshima, tome 2

Même remarque que pour le tome 1.
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